A 576261 Aa Jow. [ENTO It I9 H6o5b T34 -e.1x IIv ~~ojk" I L4 - C-0/ OMMEN T ON DEVFIENT J+[OMIt EcTPATI-U PAR Le Dr Alphonse TESTE AnCion prdsident do, la Sociftc1 m6dicalo hommoopaLhiquc doe France 11 fault Presque du g~lic poutconilpreuldre Ien ic. -LIBRAtIIIE8 DE LONDRES, ''ereOLTE 13 ILL LCq 4, IPu 13 BE EiT FILIS, l,*r3\,DE.M1l IMP1EFI3IAL.E DE MEDECINE Rue Ifaulerelahle, 11), C. Di~ NEW -'O n K, C 0 MM EN T ON DEVIENT H OM OEO0PAT HE OUV I'A (Y ES D U Alý MEE ýuTrE U R: SYSTEI1ATI'SATtoN PIIATIQUE DE FA MA~rliP mitE MDICALE HOMOEO0EPATIIIQUE. Paris, 18;')3, in-8, do 600 p. 8 fr. Cat ouvrage coniprend:1P des consid6rations g~n~rales de lorire le plus cloev6 sur Flaction physiologrique et Ouerapetuique des niddicaments; 2o une class ifica tion ossentiellement pratique do ces derniers, fondi~e sur ceurs rapports pathogdnftiques; 3o enlin, I'hustoiro des applications th~rapeutiques do clijacun doeux depuis l'antiquitc jusqu'ht nOS jour-s, misc, en regard des applications qu'ert font aujou rd'hui les homo'opathies. TRAI'rl" IIOMOEO71PATIQUE, DES MALADIES AIGUES ET MALADIE-S CHILONIQUES D)ES ENFANTS. Dcttxic'me e'dition, revue. et augment&e. Paris, 1856, in-12 de 416 p. i t. 1'. 0 iniprirnerie dc L. TOINON et CIE, h Sainit-Germai~in CO0MM EN T ON DENTI IFEN T HO Md-I( 0 P.AT HE V A It Le Dr Alphonse TESTE A i ci6iu pr~sident de la Soci6LO, m~dicalc homaceoj hicrue d6 Frandfc~ II fault preEque du gdeiu pour comprendre le guifie o.0 PARIS J. BAILLIiE'tE Ei, FILS LIBRAI[BBS, FB L'ACADLM I IMP'R IA LB DEB; E I Rue H;Iutcleuillec Iý LONDRES MADRID NENV-YORI% HIPPOLYTE BAILLItRE C. BIAILLY-BIAILLIERE L;AILLIi1RL BRutHERho L~pzG E. JUNG-TrREUTTEL, QUERSTRALL-E, 10 1 8 Go T'ow" droi Is 1.Scrv~s. M. LE PRINCE PIERRE GAGARINE A ODIE SSA Mon cher Prince., En 6crivant ce petit livre j'ai bien des fois pense 'a vous: bien des fois je me suis rappel6 nos bonnes et intimes causeries sur l'homceopathie, que vous comprenez si bien et que vous propagez avec tant de M~e. Permettez-moi donc d'inscrire ici votre nom. comme t~moignage de la grande estime que j'lai pour vous et du prix extre~me que j'attache 'a votre amitie'. Aipli. TESTE. Paris, 25 octobre 1 86!. CO0MM EN T ON DEVIENT Finira-t-elle un jour par pre'valoir dans le monde m 'dical cette pauvre doctrine de Samuel Hahinemann, tant me'pris~e'e tant bafou~e'e tant ridiculise'e depuis plus d'un demi-siecle? Non-s.eulement je 1'espe're, mais je n 9en saurais plus douter. Si, en effet, i'on parvient h pe'netrer la pensee intime des maitres les plus accre'dite's d e I'e'cole officielle, on reconnait aise'ment que la. plupart d'entre eux admettraient sans re'pugnance le simi ilia, sim libus, principe fondainental de Il'homioopathie, et (lue, s'ils le repoussent encore ostensiblement, ce nest que pour sauver le de'orumi. Ils protestent. ý la v("rit(" et de bonne foi, je le suppose., contre niotre posologie., mais, tout en protestant, ils simplifient leurs turmules et atte'ntent keur (losage, contforni imeiit zb nos preceptes. 9 9 LES. NEDECINS ALLOPATII 1S D'autre part, si tel jeune docteur, tout fier encore de son dipbo'me acquis d'hier, et plein des illusions de son age, de~clare reso1Ciment qu'il ne croit point et ne croira jam ais "a Il'horo-,opatliie contre laquelle il dede'bite au. besoin de ces plaisanteries use'es qui ne font plus rire personne,- les vieux praticicils, qui ne savent qu trop ýi quoi s'en tenir sur les ressources the'rapeutiqlues de leur e'cole, mnais qui ne se soucient plus de rien apprendre, degou'te's qu'ils sont de leur mt~tier, disent tout bas et en riant sous cape que, en fin de compte, l'liomceopathie ne saurait valoir momns que le gal~nisine, l'nmonoisiflC, le soliclisme, le brownisme, le 9ctsorisme,, le broussaissismne, etc. Les gens du monde, qui nont aucune raison de se passionner dans le de~bat, mais que le hasard a rendus t6moins de quelques succb~s des homceopathes, pensent qu'il y a du bon partout, et que, si allopathes et hoinoeopatlhes parvenaient "a s'entendre, le public nie pourrait qu'y gagrner. Pour mepondre aux exigences du malade qui veut avant tout Ctre gue6ri, et qui a entendu vanter les vertus de quelques-uns de nos me'dicaments, des me'deciDs de lancienne e6cole, tout en accablant de leurs railleries notre matiebre in(-dicale, dont ils n'ont pas lu uric ligne, ne la issent pas que d'y puiser "a pleines mains, et avec une incroyable audace, sur la foi de simples on dit. Des me'dicaments oublie's depuis plus HT L'11.IIOM(IPAT1-ILE d'un sie~cle,mais justeinent et uniqucinent r&'iabilite's par Halinernann, tels que 1'aconil, 1'arnica, etc., ont de'sormais linsigne hionneur de figurer dans leurs formules. A notre exemple encore, ils prescrivent la belladorie contre la me'ningite,ce qui, du point de vue allopathique, devrait leur sembler absurde; mnais, en de'pit du seiis communi, la belladoiie nous re'ussit., pourquoi ne leur re'ussirait-elle point? Assure'ment ii ne fau drait demander, ni aux coryphe~es ni aux coinparses de lallopathie, sur quels principes reposent ces pue'riles con'trefa~ons, car pas un ne pourrait le dire: mais elles nen prouvent pas m-omns une tendance m-anifeste. Enfin les pharmaciens al lopathistes qu in quiete justement la vogrue toujours croissante des infinite'simaux, contrefont, de leur c64te' et -a leur manie're, les procedWs Halinemanniens; uls inventent les gramii cs pour faire pie'ce aux globules, de telle sorte que le public, s'il en croyait les apparences, pourrait s'imaginer que, entre homoceopathes et allopathes, il n'y a plus de'sormais qu'Iune querelle de mots. De tout ceci, il re'sulte que labimie qui se'parait autrefois la doctrine d~e Hahinemiann. de toutes les anciennes doctrines niedicales, semble sdc~re insensiblement re'duit aux proportions d'un C'troit fosse' que le premnier' Aenu poui'iait a son gre enj amber sans, effort. Mais, regardonis-y de plus pre's et (lcfions-11Ous du I LES MILDECINS ALLOPATIIES HT T,'IIIMIEOPATHIE mirage. Pour moi 1'abime existe encore et je soutiens que, pour passer d'un boyd " alautre de plein saut, et sans en eprouver iii ktonnenient, ni trouble, ni de' faillance, ii faut eitre doug d'une puissance de conception et d'une absence te prejug's tiue je declare n'avoir jamais rencontr'es chiez peisol]1e. Mais on verra dans ce rcit de me s impressions personneiles5 par juelles successions de circonstances, de faits et de deductions la ve~rit6 s'impose. Plus d'un de nos collegues, sans doute' et peut-etre aussi plus d'un 4de nos adversaires reconnaitront des traits de leur propre histoire tians la mienne. Et si je suis assez heureux pour qu'il en soit ainsi, je nWaurai pas perdu nion temps, en 6crivant ces pages, car elies auront leur enseignement. Je suis sceptique par teinpe'rament et chercheur par instinct; la nature mna fait ainsi. be docteur Frapart, qui etait giand phre'nologiste, ne me connaissait encore tine tres-jpeu, lorsqu'il mne dit un jour, en explorant mon cr~ne: ( Vous avez plus d'aptitude pour les sciences exactes tiue pour les oeuvres de pure imagination; l'id~aliM vous fait defaut. Vous pourrez devenir un tckrivain; vous ne serez jamais ni un artiste ii un pokte. Les faculte's qui, dans votre tate, doininent toutes les autres, sont la ca'usa1Wl et la m&e'mirooj)e des faits: tUchez de vous en servir. )) Cet loroscope, tout eii me faisant sour-ire, ne laissa pas que de LA CRITIQUE ET LE MERVEILLEUX 5 me surprendre, car il concordait si parfaitement avec ma propre appreciation de moi-meme que, dans une certaine mesure au moins, il m'a fait croire au systame de Gall. Si je consigne ici ces details., qufon pourra trouver puerils sans que je m'en offense., ce n'est pas, qu'on le sache bien, pour satisfaire a une niaise envie de parler de moi, mais uniquement pour montrer combien je fus et suis encore peu dispos6 par ma nature "a m'enticher de merveilleux. Et cependant, par une apparente contradiction, dont j'ai parfois souffert plus qu'on ne pourrait le penser, une grande partie de ma carriere scientifique ffht, sous la pression de circonstances aussi fortuites qu'imperieuses, consacree a la recherche et h lexarnen de phienomenes rdputes merveilleux. Mais qu'est-ce que le merveilleux? Si l'on entend par la une infraction patente aux lois 6ternelles de la nature, le merveilleux des lors est pour moi limpossible; et je ne crois point au merveilleux, parce que je ne crois point a lFirnpossible. Mais ces lois de la nature. qu'on admire d'autant plus qu'on les approfondit davantage, qui a la certitude de les connaltre assez pour affirmer. d priori, que tel fait nouveau qu'on signale leur est contradictoire? Ignorer et apprendre, apprendre encore et ignorer toujours, n'est-ce pas le lot de l'humanit6? N'oublions 6 LA CRITIQUJE ET LE MIERVEILLEUX pas d'ailleurs que, dans les conquetes de l'esprit humain. la constatation des faits a toujours et necessairement prcrede la decouverte des lois qui los regrissent. Et cependant, tous taut que nous sommes, nous 1u'sitons rarement 'a rejeter, de prime abord, comme entach6 de merveilleux et partant comme finpossible, tout. ce qui sort plus ou moins du cercie do nos halbitudes et do nos connaissances. Lorsquo surgit ftn fait nouveau, pour peu que sa constatation exige un certain effort d'attention, pour pen surtout que nous clprouvions-quelque difficulte i le faire entrer dans la cahgoroie des faits connus, notre premier mouveement est de le nier jusqu'h co qlu'on nous l'explique, ou, plus souvent encore, jusqu'a ce que, h force de se reproduire, ii n'ait plus rien (1e nouveau lour nous. Alors, notre conviction faite, nous nious etonnons et nous nous irritons ineme des doutes que nous partagions nagu're et qui subsistent autour do nous; taut est juste cette penseo do Montaigne Ii est aultant de difference do nous "a nousmmine que do nous h aultruy. La crooyanco au niorveilleux n'est plus guere do notro tomps: la saine critique en a fait justice. Or, j'aime la saine critique, autrement (it la critique sav\ante; c est le crible qui separo la vWrit6 do l'errour. Mais, pour noe point ftaillir "a sa mission, pour assurer le prog1'es sans jamais l'entraver, la critique doit so LA CRITIQUE ET LE MERVEILLEUX 7 garder, autant que cela est humainernent possible, de prejuges et de parti pris. L'e'rangete' d'un phe'nomene, sur lequel elle est appehi'e a se prononcer,n'est jamais une raison pour qu'ele le repousse sans contro'le, surtout lorsque ce plienome'ne n'otfre rien en soi de contradictoire, et qu'il est attest6' par des hommes cornpetents et dignes de foi. Autrernent, bien des re'alite's nous kchapperaient sous le voile du merveilleux, et d'utiles verite's seraient traite'es de chiimneres. Les premiers hommes qui virent la nuit de petites fiammes bleues errer sur le sol d'un cimleti~re ou "a la surface (lull mare'cage, crurent, ce n'est pas douteux, assister 'a un prodige. Ils raconte~rent enl frissonnant ce qu'ils avaient vu:c'etaient des farfadets ou les Atmes des tre'passe's, et on les crut sanls peine, je le suppose, parce que les peuples, enfants sont cre'dules. Mais que fcit-il arrive si, confond~ant avec le fait lui-ine'ne 1 interpre'tation fausse qu' Onl lui doiniait, uiie critique orgueilleuse se ffit coniteiit~ee (de nier celui-lh, pa~il cette seule raison qu'il e'tait unipossible, et sanis mcaine prendre la pein~e (Faller s'assurer de v isa sil existait ou nexistait point'? C'est que, pendanit bien longtemps- peut.-etre, le p)lus simple et le, plus reel des plicnoinicnes phiysiques eiut passe' pour une fable absurde. Eli bien t aut-il le dire, cc ii'est pa avec momns de; 8 LA CRITIQUE ET LE MiIERVEILLEUX 1egerete" que la critique medicale de nos jours, si fiBre et Si Sure d'elle-meme, a trait6 et traite encore plus d'une verite' dont 1 importance est bien autre, ma foiI que celle des fettx follets. Quelle pr'e'ention, quelle injustice, queule haine aveugle et sans motifs n'a-t-elle pas montrees, par exemple, ' legard de Hahnemann et (e sa doctrine I Est-il possible que les prejuges et la passion egarent h ce point des hommes intelligents I Serait-ce donc une miicessite' que toute grande verit6 scientifique comme toute grande verit' mornale ne puit briller de tout son 6clat et 6'clairer 1'hunianitW, qu'apres avoir subi 1'epreuve du martyre? Cest, du momis, ce que semblerait prouver lFhistoire de presque tous les hommes de genie et de la plupart des grandes d6 -couvertes. Les miclecins qui ont jug6 Halinemaun avalent lu, tout au plus, quelques pages deses livres, et je lourrais certifier au besoin, en me prenant moi-meme, hielas! pour exemple,, que plusieurs d'entre eux au mom-s Wen avaient pas lu une ligne. Quant ' sa doctrine, loin de lavoir soumise, comme c'etait leur devoir avant de se prononcer str elle, au controlle d'une expe'rinientation re'gulie're et sufisammnen t prolonge'e, ils nen connaissaient clue vaguerent et par ouf-dire les donnees generales. Aussi rien de plus miserable et de plus 6trangement burlesque que les jurrenents qu'ils en ont portes et qu'ils en portent encore aujourd'hui. LE DOCTEUR FRAPART9 9,Et quand jesonge quemoi aussi, pendant des ann6es., j'aijug6 de cette fa~on Ilahnemann et son 6'cole! et que cette opinion que j'avais de 1'liomceopathie et des homce~opathes n'etait fondc'e absolument sur rien; -que je l'avais sottement, h l'exemple de tant d'autres, ramassee toute faite dans le courant bourbeux de la voix publique qui charrie tant de sottises, je sens le rougre de la honte me monter au visage! C'Gest singulier comme., h1I'age' des passions, nous faisons, presque tons, aussi bon inarch6( de la probit6' que de l'intelligence d'autruitI On- en revient, Dieu merci! et j'en s uis Ila preuve, de cesl opinions primesautieres et de ces d6 -(luctions inconside'r~ese, mais on en revient toujours trop tard; car ((1'expi'rien--ce, dit un e6crivain c'l~bre, est une fiamme qui ne nous 6C'laire qu' en nous de'llorant ~ Les premiers me'decins honioeopathes avec le-1squels le hasard inc mit en relation., furent. dans l'ordre -suivant:Frapart, Giraud et Pe'troz. Frapart avaiL, h l'epoclue oh je fis sa connaissance (18U1), pr's- (du double die mion agre; ii approchiait de la cinquantaine. Mais ii conservait, sous ses chieveux grisonnants et toujours e'bouriff~s, loeil ardent, V activite' d'esprit, la verdleur inorale et peut-Cetre aussi (quelques-unes des illusions de l'adolesc-ence. C''tait I. M. Guizot. likmoires pour serL'ir d I'hisloire de mzoi temps. 1. 10 10 LE DOCTEUR ERAPART l'apo~tre chevaleresque du progr~s en tout genre et ipt toute matie're. Phre'nologiste, mnagnetiseur, homoeo--) pathe; re~vant tour "a tour re'forme sociale, moteur e'lectrique., navigration, ae'rienne; plus sa-vant qu Ierudit (sa ine'noire e'tait me'diocre, et souvent, comine ii nous le disait dans son laiigage pittoresque, son cerveau ma'clait a vide); mais observateur attentif,. p)atient et fin; homme de lutte par-dessus tout - 'tait un rude jouteur, - kcri-vain serre, logique et mordant (ses Lellr~s sur le magmOizsme sont d.Iun. pole'mniste de premier ordre), Frapart joignait "a ces faculte's brillante'; le culte du vrai, et, par contre, une sahite horreur dIit mensongre. Anst're dans sa vie priW~e, 1pauvre et hier de sa pauvrctie comme un riche de sa fortune, vivant, de pe pour Citre siir, comme ii. le di~sait, (le viv-re inidepenidant, ii prccliait despotiquement l6galite', tout en se reconnaissant peu d'egaux. Son intbirieur &tait une sorte de re'publique spartiate, oil tout le mnonde inangeait h la menie table et au besoin le brouet noir.) mais dans laquelle ii eiie't pas fait 1)011 li contester la dictature. On le trouvNait eni toute circonstance d'une iv-racite minuitiense et dunle loyante' candide; droit jusqlu'h la raideur: franc. jusqu' limpolitesse; enlfin, car ii taut tout dire, orguelileux de son esprit presque jusqu aý la sottise. Ce simugulier me'langre de qualite's et de detfauts faisjait du (locteur Frapart un. type des plus originaux, LE DOCTEUR FRAPART 1 11 et que n'oublieront j amais ceux qui P'ont connu. On laimait tel qu'il e'tait, peilt-e~tre 'a force de lestirner; car, bien qu'il filAt, au fond, affectueux. et serviable, son humieur omnbrageuse le rendait peu maniable et difficile "a vivre. 1i lui manquait la tolerance et ii e'tait malaise' de laborder sans se heurter aux aspe'rite's de sa vertu. Frapart avait e'te l'ami de Broussais et se vantait, ce qui eltait I a ve'rite pure, comme je m en suis assure depuis, d'avoir amen6' ce grand re'formateur h faire, pour son propre compte, pendant le cours de la maladie "a laquelle ii uinit par succomber, et cela durant quatre mois conse'cutifs. 1'essai de la medication homom opathique: cc qui tout simplement;me re'voltait. IBroussais, le fondateur et le chief intraitable de I'ecole p)hysiologique, le lporte-dralpeau du mnaterialisme, A'~t, dans, ce temps-h, momls ftonn6, j'en sui8 certamn, en espe'rant sa ryuer1i--oii (lune neui-aine ou d'un p'lerinagre, qlu'el si'administrant des globules. Et cependant, je le re'petle, le fait e'tait exact, la parole seule de Frapart niaurait pas dci. m'en laisser douter, -et je m-iy reporte aujourdlini sans en eprouver la plus hegCire rsurprise, ccar,) en homne (le ge'nie q-u'il e'ait, Broussais; avait, juste cc qiu'iI fallait pour coinprendlre Hahineinann du l)reminer coup. Mlais-, Si Frlapart avait "a soni service (lei raisois, asscz puissantes et assez pcr-euiptoiires pour qu'elles, aient 12 LE DOCTEUR FRAPART convaincu Broussais, pourquoi d~daignait-il d'en faire usage avec nous, ses intimes, au lieu denous ennuyer ou de nous impatienter., comime ii le faisait si souvent, par les re'cits naffs, et sans preuves hi l'Iappui, des cures, fantastiques pour nous., qu'il preteiidait devoir aux infini tesimaux? Les infinite~simauxI voil h tout ce que je connaissais de Il'homoeopathie, parce que c'e3tait lit lunique point qu'on mien eci4t inontr6, sanis me l'expliquer, etee premier point me paraissait tellement absurde, tellement extravagant., quej npu is pas le moindre d fSir d'en. apprendre davantage. Combien pourtant ii ecit &6te facile h Frapart de triomphier de~ines pre'ventions et de me faire toucher du doigt une re'alit6', h la place du fanto~me ridicule qu'il s'obstinait "a me laisser voir, et dont les continuelles exhibitions I']nissaient par m'inspirer un invincible dego ut. J'e'tais avide de ses paroles, et ii me consacrait volontiers ses loisirs:qu'est-ce qui l'eiuit, par' exemple,enmp~chie de me parler ainsi ((Vous me connaissez et Yous avez confiance en mnoi, parce que vous me connaissez. Je ne suis ni un. fourbe ni un niais, vous le savez de reste. Malade depuis plus de vingt ans 1, j'ai frappe' a toutes les 1. Erapart 6tait atteint. d'une affection organique du cmur, qu'il savait parfaitemeMi Wh~rc point gu~rissable, et qui, en efiet, rnalgi-O 1'emploi des mindilcarenis ics ruicux clioisis et le rgifrno le, plus rigoureux, finit par lemporter. LE DOCTEUR FRAPART 13 portes pour obtenir, non point une guerison impossible, mais du soulagrrement; ihomoeopathie seule m'en a donne'; je lui dois le pen de sant4 qui me reste. Enfin, apre's en avoir bien et dciment constake personnellement les effets, voila plusieurs annees que je la pratique, sans cesser de m'en applaudir, et cela seul devrait vous porter " croire qu'elle W'est ni une jonglerie ni une absurdite. Qu'est-ce donc qui vous choque dans ses principes? Est-ce la loi de similitude? Elle est -vieille comime la medecine: Hippocrate la formule; Paracelse, en lenveloppant de mystere, en fait le fond de sa doctrine; Stahl s'y arrjte avec complaisance: beaucoup d'autres y reviennent apres lui; Jenner en fait, (lans la vaccine, une application curieuse mnais exceptionnelle. Enfin, si, pendant i-ingt-cinq siedles, cette loi de similitude est restee lettre morte, c'est que son application nec'essitait pre'alablement 1'exlpernientation physiologique de plusieurs centaines de me'dicainents: ceuvre immense, colossale, qui est et qui yestera toujourss, comme vous le comprendrez plus taid. la grande gloire (e IIahnemann. ))Serait-ce donc, par hasard, que vous reg"rettcriez la polypharinacie, - les formules magistrales et officinales, - les mne'langes aux cent drogues dont Faction (e pas tine n'Ctait connue, et qui. souvent et hieureusenient peut- Arc. se neutralisaliet rekipro it LE DOCTETJR FRAPART quement dans ces monstrueux me'langes? Dans ce cas, mon cher amii. prenez-en votre parti, car Broussais, -et c'est la" le seul vrai service qu'il ait rendu "a la inedecine, - Broussais a fait justice dp ces e'normit6s, et plus rien ne subsite aujourdlini (le l'ancienne, pour iie pas dire ignoble, pharmacope'e de nos Peres. )) Vous parlerai-je maintenant de la the'orie de la psore? A quoi bon?2 Ce-st pourtant une grande question que celle qui embrasse l'he'redite' des maladies, les transformatlions qtu'eues peuvent subir en passant d'une g'ne'ration "a tine autre, etc., etc. Mais comme, en de~finitive, on pent de'veniir liommcopathe, sans accepter expliciteinent ]a doctrine de la psore, telle que I-ahinemann Fa con~ue, ne vous en preoccupez pas (jia1nt -' l)1'sent; et faite-s-en, si boni vous semble, une (juest ion re's-erve'e. ))Reste (donec la question (les doses hifinit6lsiniales, comple'ment ne'cessaire de la loi de similitude: (question capitale, delicate, un pen abstrait~e petit-tre, mais au fond beaucotip momDs imjpe'nctrable quo vous ne le suilposez. )L a peste, le chohe'ra, l a fi evre j aun e, la 11 Civre des inarais. la variole, la scarlatine, ]a coqueluchle, le croup,, etc.. ei tin inot totites les e'pidemnies; je (lirai pitus', totites les maladlies, A lCxcejptioi do celics quLi 6rclsulteiit do causes) phiyiqucs, chimi( u es on trauma LE DOCTEUR FRAPART 15 tiques, sont chacune le produit d'un ni~iasme. Mais, u'est-c q'un miasme, sinon un agent mat'rie1, sub generis, divis6', rare'fie', dynamis par la nature; d'une incomparaWe subtilite, aussi insaisissable et imnponderable que l'6'lectricit6' qui lui sert peut-e~tre de e'hicule:bref, un mniasne, est un agent in fin it sbmat. Et ceci, remarquez-le bien, presque personne ne le conteste, parce que ce n'est gue~re contestable, et, ce qui est plus fort, presque personne ne s'en e'tonne, par la grancle raison, direz-vous, que presjue personne n y pense; mais aussi parce que i'on ne saurait s'6'tonner de ce qu'on Koit tous les jours. Or, c'est en me'ditant sur ces phenoin~nes que llahnemann, le grand penseur, en -vint sans doute 'a se dire: A itprincipchifitqitWsimal morbi/ique, c 'est un agent in/Thfia~sina1 caratif qu/'il est n~cessaire d'oppose'r; magnifique conception, adnmirable the'orie Imais qui n'etait qu'une th~luoric; car, oji trouver clans la nature le similaire dunimiasm~c, et s'il exist~ait, commen t le saisir IEh bien Ice grrand prob1e'me, Hahinemann 1 'a re'solu. ))Si, conforme'ment aux plates et jirritantes plaisanteries, qui, depuis beaucoup trop longtemps, tiennent lieu d'arguinents 'a nos, de'tracteurs, ii s'etait aviste. pour atte~nuer ses agents t~he',apeutiques, de jeter un grain de ceux-ci dans le courant d'un fleuv'e on dans une cuve de ve'hicule, on aurait pu dire avec raison que le fondateur de I'ihonicopathie n'e'tait lu'un iLLu 16 16 LE DOCTEUR FRAPART mine' I Mais Hahnemann n'6tait pas homme hi entacher sa gloire dune au~ssi monstruouse ineptie. Les proce'des que, pour atteindre "a son but., il ernploya et dont ii ne dut peut-e~tre la de'couverte qu'a. un lioureux hiasard, rnais "a un de cos hasards que les homimes de sa trempo ont seuls le privile'ge de roncontrer, sont aussi sirnI)1os qu'ingrenieux. Je ne vous les d'cr-irai point; vous-. losi trouverez partout; et vous verrez quo c'est eni passant successivernent par des mnilieux inertes, mais auxquols A F~e nehlang(e par ]a trituration, ou la succussion, de la. fa~on la. plus intimo., que le me'dicamont so rare'fio et so subtilise,, a I 6gal des effluves toxiique.s qui se degagrent do certaines plantes, do cortamie~s inatie~res animalos, ou de cortains de'tritus. Conmment cola se fait-il? Pourquoi en est-il ainsi? Les ininponiderables jouent-ils un role dans ces manipulations successives9 CoGst ce que j'ignoro absolumont. Tout ce quo je pui~s affirmor, coI st que lo me'dicanient., trait6' do cette fa~on., acquiert une diffusibilite' ot une p)romlptitude d'action sur l'organismo qu'il no possedait 'Point sous sa forme primitive; coest quo tolle sub)stance., inerto a% son kat, naturol, pout (lOvenir ainsi un jprecioux me'dicamont. M~ais, a present, moes bons amisk, (lonnoez-votl) ]a pol noed 'eudier et d 'expe'ri mien tor vous-memonis ot ta~clhe (10 voir par' vos yenx. Lisez surtout Halmomiann, iisez-Jo et relisex-le sans cesse:11l vous apprendra. en LE DOCTEUR FRAPART 1 1-1 quelques jours, plus de v~rite's que ne vous en ont jusqu'a pr~sent enseign6' tous vos maitres. Eli bien I oui~j'en suis certain., si, avec, la conflance quil m'inspirait, avec, lautorit' que lui donnaient sur moi sonl Age, ses talents et son caracte~re, Frapart e^t bien voulu miexprimier ces simples Wdes qui, d'ailleurs, cussenit p1ris dans sa bouche une formie tout autrem ent saisissante, ii in'e At vivernent in rs sionnie. Je iye dis pas qu'il ecit, tant s'en taut, de'termnine' ma conviction, - une conviction, chez les natures telles que la mienne, ne se fait pas en un jour; -mais iliim'eut (lonfle' le de'sir de voir et mn'ecit appris 'a vowr sans pre'veintioin. Maliheureus-emnent, lins-inuation 6'tait rarement son fait. Entour6' qu'il e'tait de pauvres diables qu'il prote'geait 'a sa fa~on, qui le flattaient "a tout prop os et dont ii eltait liclole, ii e'ait trop liabitu6' "a etre cru aveug~lmeinet sur parole pour se. lonner jamais la pehie de de'moitrer quoi que ce MCt. aOe crois -"tllionincopathie, donc vous (levez y croire. Que ni'iinporte, d'ailleurs, que vou-; y croyiez ou que vous ny croyiez pas ie naque faire de vous pour vivre, etc. ))Telle 'tait ou peu s'en faut la forme hiabituelle (le.-a prop)ao-awle qui, on le croira sans lpeine, faisait peu (le pros'l-ytes. Aussi, mnon opinioni sur Frapart, apre's deux ans dunie assezgrane inIunt., ari-elle pu se traduire aillsi Frapai't est un hionime (le bien et un hionme d'es is LE DOCTEUR GIRAUD prit; un caracte~re e'leve', tailki a lantique; mais, comme beaucoup d'autres hommes, h certaiDý e'gards superieurs,... ii a son grain de folie. Je ne sais plus au juste en quelle annee je fis fa connaissance de Giraud. Ce fut lui qui me co'nvertit 'i 1honiceopathie (je dirai ci-aprs comnNc u fait que je garderai *toujours un bon souvenir des rares et courtes relations que jai eues avec lui. Une jeune femmne de la province., atteinte d'une mOiile chrowtique, pour~ laquelle elle avait d'j~h subi cinq on six atimees' de traitement, avait, sans- grand profit pour elle., je dois lavouer.. paf e an e Lisfranc clans les miennes. 11 y avait environ deux mois que je lui donnais mnes soins, lorsque, bien convaincue de n eprouver aucune amelioration, hm bout de patience, en de'sespoir de cause, elle prit un beau jour le parti de se confier 'a un homoe~opathe. Je ne sais qui lui avait hidi(Iue' Giraud; elle mnen parla. ((Va pour Girancl, lui re'pondis-je; ))ajoutanit 'a part moi: (Tons les homowopatlies se v~alenit. ))Et je mn'offris de la conduire rnoi-mn'me chiez le docteur Giraud, ce qu'elle accepta. Giraud me parut fort convenable, tout loiomoopathe ('il fcit. 11 'tait impossible d'avoir un ext'rieur plus simple, unpailer plus naturel, nne pliysioinomnie plus hionn~t~e. I1 6'couta avec, attention le resume" cue je lui fis des antecedents de sa. nouvelle cliente; puis, ýt LE DOCTEUR GIRAUD 19 son tour, il l'explora et l'interrogea longuement, bien longuemeut, me sembla-t-il. Enfin il lui fit une prescription tr&'s-courte, sur laquelle je ne daignai pas mime jeter les yeux, et lui recommanda de s'abstenir de caf6, de the, de condiments, de vin pur, de salade et de parfums. Cinq jours aprs., nous devions nous retrouver ensemble chez la malade, aux Neothermes, h dix heures du matin. Nous fcmes exacts au rendezvous: la malade allait mieux, mais sensiblement mieux. ( Bon! me dis-je, il faut croire que je la traitais bien mal, puisque, pour amnliorer son etat, il ne s'agissait que de ne pas la traiter du tout. Combien de fois, depuis vingt ans, n'ai-je pas, en pareille occurrence, entendu ce beau raisonnement! Nous sortimes ensemble, Giraud et moi, et, chemin faisant, car nous allions du mieme cote, il etireprit ma conversion, mais, sans doute d'une faý.on maladroite et qui, loin de me persuader, ne fit pour ainsi dire qu'irriter mon incredulit6. En geniral, les homoeopathes convaincus de vieille date out le tort d'oublier leurs anciennes repugnances et de ne pas tenir assez compte des prejuges de ceux qu'ils veulent gagner h leur doctrine. Ils prennent trop 'a la lettre ce paradoxe de Fontenelle: ( La ve'rit6 est un coin qu'il faut faire entrer par le gros bout. ) Quoi qu'il en fft, au reste, des arguments de Giraud, un autre, moins prlvenu et de meilleure composition que je ne 20 LE DOCTEUR PtiTROZ le'tais., aurait e'e force' d'avouer que sa medication 6tait bonne et Tie consistait pas, comme je le supposais., dans une pure expectation, car mon ex-malade se r'tablissait 'a me d'ceil. Mais n'&~ait-ce pas lh. tout urlimeInt le re'sultat de son regime? He'las? Inon, puiSqu le r~gime, prescrit par mon confre~re, e'tait precise' mnerit celui que lui avalent conseille" tous ses anciens me'deciiis et qjueule suivait depuis cinq ans. Je me voyais done au. pied du mur, oblige" de me rendre, et ]ln a n'cessite' de convenir.... Eli bien I non, je n~e convins dle rien. En trois mnois, tout au. plus, notre inalade e'ait entie~remenlt gue'rie; mais, loin cl'attri-buer cette gue'rison "a ]a ne'dication homnceopathique, je trouvai plus rationnel d'en glorifier la seule nature. 1I y avait de'jh longtemps que j'a-vais perdu de vue Ie docleur Giraud, lorsque, au. mois de janvier ou. de 1e'viier 18-114, je vis pour la premiere fois Pe'troz. Norts deviou-s n-ous rencontrer aupre's du lit d'une jeunie (lame., fort gravemnent mnalade, (lont il 6'tait Ie me(deciti, et pour laquelle., par~ suite (le circonstances SPteciales qufil serait superflu. de rapporter ici, 11 avait demianiie6 mon intervention. Mais, comme les adversaires (Ie Fliomiceopathie sont toujours pre~tsh~ supposer qute nous navon-s affaire qu'a' des niais on h des ignorants, il est bon de faire connalitre dans quel milieu ceci se passait. Le pe're de la malade, con-seiller en cassation, etait une (les lumie'res de la magistrature LE DOCTEUR PftROZ 2 ')j son oncle, un jeune pair de France, orateur (listingue, instruit et avide de savoir, spirituel et sceptique, et qui, peut-e~tre, aujourd'hui, serait comble' d'honineurs sans l'pre ostentation de sa foi politique; sa me're, le mode'le des mn'res,. une femmne adorable, unique, superieure entre toutes les femmnes; joignant 'a toutes les qualite's du coeur tous les charmes de lesprit, ayant tout appris et sachant tout, voire mime~i la me'decine mieux que plus d'un me'decin. Des savants en tout genre, des magistrats, les orateurs en renomn des deux chambres, des historiens ce'le'res, des artistes, des po~es et des gxens de lettres, comme Rossini, Euge'ne Delacroix, Alfred de Musset, son fre"re Paul, le charmiant conteur, Paul deMole~nes, etc.Tels e'taieiit les habitue's et les intimes de la inaison. 11i ny eut peut-6tre jamais, dans Paris, centre plus intelligent. Eh bien t tous ceS gens-lh' etaient litth'ralemient ens-.orcele's d'homoeopathie: pour eux Pe'troz 6'tait uni (Iieu I On conq~oit qu'ici mon role dlincreldule ne pouv'ait C'tre bien brillant et que ce que j avais de mnieux 'a faire 'tait de me tenir sur la r"serVe. mo dapean clans mia poche, et de garder pour moi soul ines convictions, ne~gatives. Mlais combien il me tardait do you>ý eii chair et en. os,le pei-sonnagc surhumain, saiis aucuin doute, qui, dans une telle niaisont, avait l)u (evellir l'objet d'une semblable idoladrie I Je ni>A'ais trouV6,) 22 LE DOCTEURZ NETROZ comme de raison, le premier au rendez-vous. Mais,, juste 'a i'leure convenue, on sonna: c'e'tait Pe'troz. J'avoue que je ne pus me d~fendre d'un sentiment de respect, 'a la vue de c~et imiposant vielillard (Le'troz avait alors 62 ou 63 ans). Ce'itait, au physique, le type ide~al et par excellence du me'decin: mnagnifique prestance, noble et beau visagre tout empreint de bont6, front rayonnant d'intelligence, tin de ces -fronts devanit lesquels tout phrenologiste (et je le'tais un peu) se sent pret ai s'incliner. Pe'troz qui avait lu de moi piusieurs e6crits, pour lesquels ii voulait bien temoigner queleque estime, me fit l'accueil le plus cordial. Nous causaimes assez longteinps, bien qu'il fcit, "a cette epoque, excessivemient occupe6. Puis, nous fimies ensemble l'examen (le sa malade et je fus tout d'abord frappe' de sa penetration, de son coup d'oeil, en un mo1t, de son hiabilete' praticjue. 11 y avait d'ailleurs, dans ses proce'des d'in-vestigation, quelque chose qui sortait 6ntire~rement de rues habitudes. Non-seulemnent ii explorait a-vec grande attention les organes qui 'taient le sie'ge apparent de la mnaladie, mais il s'enquerait minuticusement de l'6'tat de tous les autres organes et de fonctions qul, ve'ritableruent, ne rue paraissalent avoir aucun rapport avec elle. Les plus vagues srpomnes serublaient avoir 'a ses yeux- leur valeur propre et ii les 6non~ait corure s'il leur efi t trouve6 un sens. 11 interrogealt la rualade sur la nature LE DOCTEUR PLýETROZ 2:3 de ses douleurs, sur ses dispositions morales, ses d~sirS, ses appe'tences et ses decgo^ ts, e nmo u ses moindres sensations, donit parfois ii pre'cisait les nuances, avec une sagacite' et un bonhieur d'expression qui me surprenaient et souvent beaucoup mieux qu'elle-rrn'me ne parvenait 'a le faire. Puis, cette sorte d'analyse acheve'e, ii proce'dait "a la syntlu"se; c'estm-ý dire que de la reunion de tous ces menus symptolmes dont, pour ma part, j'aurais certainement ne'glige le plus grand nombre, ii se form-ait, disait-il, liniage exacte de la maladie; sorte d'entite' patholog-ique, que je n'aurais su ni de'nommer ni mettre h sa vraie place dans nos vieux cadres nosologriques; mais dont il pre'tendait de'duire, presque avec, certitude, le choix du medicament le plus propre 'a lInwter la guerison. Tout ceci m'intriguait fort, etje me demiandais, avec une sorte d'anxie~tt', en regardant et en e'coutant Petroz, si je n'avais sous les yeux qu'un v-ieux ine~decin a manies ou si re'ellem-ent je devais voir en lui un homme en possession d'une nme'thode neuv'e et savante. Le lendemnain, croyant comuprendre, je me hasardai ai lui dire Le nmedicament que vous chierchiez, monsieur Pe'troz, et que doit vous suggm'rer ce que vous nomnmez limiage comph e~e (le la nialadie, ce me'dicanient, si je ne mime tromupe, serait unl specifmque? 2 4 LE DOCTEUR P1I"TR0Z, - G ui et non, me re'pondit-il de cette voix pleine et magistrale que nous nious rappelons tous et que je crois entendre encore, un spe'cifique contre e'~tat actuel, non contre la rnaladie. -Ceci pour moi nictait pas clair, et Pe'troz, (uil s'en.aperpuL sanis doute a l'expression de mon visage, s'einpressa d'ajouter SCela vNeut dire tout siniplement, qu'un seul i-nedicament ne suffit presque jamais, bienl que cela ait lieu quelqluefois, pour gue'rir une maladie grave. Si done le mot specifique, vou~s offusque, dites modificateur. Or, messieurs les me'decins de I'tecole de Paris,ceqiou mianque et ce que nous avons, ce sont des m-odificateurs. Et voila pourquoi, soit dit sanss vous offenser, continua-t-il en baissant la voix et en me prenant le bras amicalement, vous faites presque toujours (le si mauvaise besogne. ) 11 taut croire quc ces paroles, au fonid si simples, mi'avaient iinpresisionn6, car elles mie sont reste'es daus lesprit et j'ai ]a certitude que je viens de les reproduire sanis la plus le'grere alte'ration Vous n'avez que trop raison, monsieur Pe'troz, lul' dis-jc "a Flinstant oh' nous allions nous quitter, nous niavonis pas de modilicateuri; nos me'dicamnents mie me'ritent pas ce norn; nous ii Iavoris quc des pcrturb~alteurs. Mais cornpteZ-vous assez sur lesi v6tres pour esperer gue'Tir notrc pauvre mialade? Je confesse quo pour moi ce serait une partie perdue? )) - ((Je ne re'ponds de LE DOCTEUR PI~TROZ 2.5 rien, )) r6pLiqua Pe'troz, et nous nous separames 1. be lendemain, les jours suivants, puis, plus tard, deux ou trois fois la semaine, nous nous retrouvions a heure dite. Cependant, apre~s 111 mois de douloureuses alternatives, e'~tat de notre malade s'&~ait, contre mes previsions,de-beaucoup ame'lior6'. Jen notais, jour par jour. les lentes mais, incontestables transformations. 11 est clair qaunue affection momns grave mnais plus aigru6 et partant "a. marche p lus rapide, aurait laiss6', quant a linfluence du traiternent, momns de prise "a mes doutes; car, personne ne le sait mieux que moi, les m'decins peuvent 'tre dupes de singrulieircs, illusions, touchant les effets des remeides qu'ils prescrivent, s'ils oublient un instant de, tenir compte de ce que les anciens nommaient la force in~~icaotricc de la -natu~re. Or c'es-t surtout dans les maladies chroniques, quelque intensite' de syptmes qu eues pre'sentent, qu'il est parfois Nien difficile de faire la part de cette force inhe'rente 'a tous les corps vivants et celle des moyens qu'on met en ceuvre pour lui venir en aide. 1. Je regi-ette qu'un sentiment de ddlicatesse, peut-ktre exagt~rte, m'lait enap~ch de, faiis ici I'histoire de cette formidable mialadie. Mais la malade et tous les siens son~t encore de ce mionde, Dieu merci Ileur amiti6 m'est bien ch~re, et j'ai quelques raisons de penser que, malgrd les dix -sept ou dix-huit ans qui se sont deoukes depuis I'Opoquo dont it soagit, les dt~ails dans lesquels j'aurais Ow, fored d'entrer (car je sais qu'ils firont ces pages) lour auraient cýter p~nibles, m~me encore aujourdinui. 2 26 26LE D9CTEUR PfETROZ Je dois dire ne'anmoins que, dans le cas dont ii agi,, ertaines particularit's, quelquefois tr&'s-saiIlantes,-venaient de teinps en temps atterster energiquemient I intervention d'un agent curatif tie~s-distinct (les re'actions spontane'es de l'orgaiiis~me Plus d'une fois, par exemiple, tin Symptcrne inlsolite, tel qu'uni acces d'odonitahcie, l'aglutination suIbite des panpieres,,un prurit in~comm-ode hi telle on telle partie du corps., etc., etc.., apparaissait "a point iqomme", ayant ete pre'dit la veille, comime chose possible sinon lprobable et dans laquelle nous devions -voir un averti ssenient de suspendre le m'd icanient en voie (1 administration. Force mi'etait donc de reconnaitre ]'action de ces nioditicateurs dont n7'avait parle' Pe'troz. Et cependant, ces niodificateuis quels 6'taientils, grand DieunI De la chtaux carbonaide, antrement dit (in mnarbre 'a la trewlihmc dilation! du soitfre, de la silice, (In lIcopode (nne pondre inerte I) "a la menic (lilutiont Et leimal, anquel on opposait de tels rcmedcs, C6tait -si gurave quc j'en avais de'sespe're6 et le inedecin qni les prescm'ivait, L"tait incontcstalblement un homme instruit.. un praticien consonmme. e'~tait 'a confondre et, par~ instant,, ili me sembl)ait assister "a une fantasmagrorie qu'h- certainis 'gards il il'6tait. impossibl)e de ne pas f rendIre an se'rieux. et dans laquelle pourtant je mec seiitais hontenx. de jouer un r6le. Eli 1.monsieur Pe'troz. iii c'riai-je un jour, ii v a LE' DOCTEUR PIýTR0Z 2 des millions de fois plus de carbonate de chiaux dans un verre d'eau de la. Seine, des millions de fois plus de silice dans un. verre de vin blanc qu'il nentre de ces deux substances dans les potions oii vous les prescrix'ez. Eli? Icest possible, re'pliqua Pe'troz, sans s'6InIouvoir de l'apo-strophie. iMais qui vous assure que ces deux substances existent dans nos potions, au imnole ~tt honle rove une dans l'eau de la Seine. lautre clans le vin blanc;? De'fions-nous de nos j ugemcents, mon chler confreree. de's. qu'il s agit (les mimfinient petits comme des infinimient grrands, car les lois qui les r~gissent se (lcrolbent e'galemient et an nie~ine titre "a notre esprit borne'. Depuis (juandi soupq~on ne-t-on. le ro~de imminense que les iinpollie'rables jonent dans lunivers? Depuis tin sie'le h peitie, et., cest depuis qnelqnes anne'es seulement, (jUC lions coninineions 'ai entrevoir l'iiniense parti qu'on en pourra, tirer. Deinawdez au chiiniste le pluls habib (le de'termniner, "a. laide (le ses re'actii's., quclic (lifbirecl(e existe entre uric lamie aiinante'e et uric lamie jioii ainiante'e. 11 aura beau fa~ire, il ii'eii trouvcra aucune. Or, la mnanipulation toute particulie're (to nos Im~licanients hioniceopathiques lie pro(dni'ajt-elle pu()iit. h notre insu, quelque lple1Ioine1Ic e'lectro-miagii't i1l uc qni serait la. vraie cause (ICo leur punissance'? Je n'eti sais absoinment rien; mins je rie mie sentirais aLIuICut 24S LE DOCTEUR PEýTROZ repugna nce a I'admettre 1. Conten tons-nous donc, croyvez-m oi., de constater les faits que la. nature met a notre porte'e. L'explication en )viendra plus tard... Si elie (1oit venir jam-ais. )) En finl cle coilnpte. le mieux se soutenait et se conSolidlait chiez notre jeune malade; tant et si, bien. que le jour de la gu'ri.son ne se fit plus gue~re attendre et que ce fut pour PC'troz une W~ritable ovation, tine des ovations auxquellesi ii semblait d'ailleursý accoutume. Lui et moi nous nIous serra~mes la main en nous quittaut. 11 m'avait temoigne' beau coup de sympathie et lestimle qu'Iillmiuispiraif allait jusquha la vene'ration. (Y oila' certes tin homm-e d'hon-neur, mec disais-je, car janiais ]a nature n'a coul6" d'imposteur dans uni semiblable moule. Cest enl outre, honmccopathie 'a part. un mnedccin (le premier ordrc. Comment donc. concilier son caracte~re et son savoir avec sa foi eni des billevese'es? Je sais quc Ia, nature offre parfois le bi zarre assemblage (lune intelligence supe'rieure et d tine cre'dul ite pue~rile. Mfais si pourtant 1'lhomocopathie (liait tine re'alite'? Suis-je ell droit d'affirmer le couttaire. parce qtie le rationalism-e, la condamne? Eli!I qluest-ce donc que, le, rationalismle sinon la doctrine terre 'a terre. dlu sens corn miu, autremlent dit celle des hommes me'diocres qtii., formlant la majorite' clans 1. P61,roz revenait souveni a cette id~e. PREMIERES LECTURES 2 29 le monde, y tranchient toutes les questions, rnt'ine les lplus de'licates, en les aIbaissant 'a leur riveau et, le cas echle'ant, se posent impudlelnmenet en arbitres du g6In ie? Que de choses, absurdes) en apparence out cesse' de letre avec le teinps I Et s'il devait un jour en arriver ains-i de f'lonrnoeopathie? N'es:t.-il pas hionteux a moi de lajuger sanls la connalitre? ))Et, avant dle rentrer chiez ino0i, j'allai faire lacquisitioni de la Mlaliere in.Micalc pitre (de Hahinemann. Eni 18111, cet ouvrage, dont ]a publication reinontait pourtant deja a pres de (lix ais-, ni('tait encore que tres-pen le'paiidu.Le'diteur s'en plaignait: (Cest un boll ]ivre) (lisait-il, les honimes coinpe'tents l'affirlinent, niai je crains que ce ne soit pouir moi une assez mnechante affaire ~.Six ou sept cents exeinlplaires an plus s 7en &taient 6conle's., achete's la plupart pa, (les disciples de Hahineinann, (les grens du nioiide, (les curieux, des bibliophilesi 6trangers- aux scien ces 'di~cales, tre~s-peu pal, (les; niedecins. 11iiny eni avait (lou1c, parmi ces dlerniers. que deux on trois cenits, au plus qni eus--sent "a leur (li';poiition le seul ouvra-ge clans lequel onl put.-('ricnsenieiit 'tdier ]a inaticYe in-leicale loionoopathique. Enicore lavailent-uls In? lavalent-ils compris? ne sYtaient-ils lpoint d"colli'ag&;rc~ avant la clixic'mne pag,-),e9. Toutes questionls quill 1. L'ediion a cependant fini par s'cpuiscr, nais avec beaucoup de lenhcur. 30 30PREMIIPRES LECTURxEis, est permis de se faire. Mais, ce qu'il y a de tre~s-positif, c'est que, sur les quinze mulle me'decins traiiais, quatorze mdlle sept cents au momns ne savaient pas le premier mot de l'lniomopathie, ce qui ne les empe^chait pas d'en parler (d'estoc et de taille, ))commne., dit Sosie, repe'tant pour Alcni'ne le re'cit de la bataille de Th6e'lbe, de la. jugper en dernier ressort., et finaleinent de se prononcer re'solC'mcnt contre elle. La viejille et savante Aflemagne serait-elle doncen droit de nous accuser d'&'re un peuple le'ger 9 La premie~re chose qui me frappa, quand jouvris le livre, ce fut le nom du traducteur J.-L. Jour~dan,) memibre de I'Acade'mie royale de me'decine. Ce nom ini'tait une garan~tie de la valeur scientitique de l'ceuvre (le Samuel Hahinemann. Je navais jainais eu de rapports personnels avec Jourcian; mais je le connaissais pour un hominne de grand ine'rite, un savant consciencieux, travailleur in fatigrable, Iplus philosophe que mnedecin, iiappartenant 'a aucune coterie, et incapable, h tous C6gards, de se faire aveugh'iment le coryphe'e d'une doctrine quelconque; cc qui naturellement devait donner a mces yeux un grand poids h son jugrement touchant 1'honicozopathic. La pre'face de sa traduction, qui porte le sceau de son esprit 1ouinete et re'scrve. commnence par une phlrase cqui, tout d'abord, inc mit en garI-e contrc mes propres l)1ventio11s. Cette l)Irase est amnsi coniue PREMIERES LECTURES 3 31 II est naturel qu'h son apparition dans le monde intellectuel, toute ide'e qui s'e~carte de la route battue trouve peu de sympathie, et que la de'fiance contre elle redouble lorsque, loin de se concentrer dans le cercie des conceptions purement sp'culatives, elle nianifeste, au contraire, une e'nergrique tendance 'a se glisser jusque dans la vie pratique, lorsqu'elle aspire ai changer le miouvement machinal dont limpulsion regle laction de la plupart des hommes, non momls Iu'a bouleverser les principes qu'une longue hiabitude les Porte "a reg~arder comme autant de ve'rite's solidement e'ablies. Un peu plus loin, Jourdan me re've'ait (car c'e'tait pou moi une ve'ritabl e re've'lation) 1 imiportance que Fl'omio.-opathie avaiL dejah acquise dans le inonde. Apre's avoir parle' de ((la revolution dont elle menace la plus importante des branches de la miedecine. celle qui la constitue art de gue'rir. ))il ajoute Cest un dev ir aujourd'hui, pour tons les esprits e~claire's, d'examiller les prc-'tentions dun~e nouvelle 3~cole devenue assez inffluente pour que plusieurs g~ouvernemients dient cru devoir favoriser son (leveloppemient par des mlesures b'k-goislatives, etc, etc. Mlais cc qui mnit le coinble 'a ma surprise, ce fLit la de'claratioii suivaiite b( e temips niest (leja Plus oji des plaisanterie s relatix'es aux doses infinite'simiales p)ouv-aient seinbler d'a.ssez bons argumients contre 1'lhoniceopathie. Des MATIERE AIPDICALE PURE, faits inC71cestabies sont 1A qui cloivent imnposer silenceau raisonnement pur. Ces closes minirnies agissent, exercent me"Me ullc act ion puissante, surprenancte. Le, doute n'est pluts perinis 'a cet ýgard. )) 11Ctaiti mnpossible d'6tre plus- explicite. Vroila' done Jourdan affirmant prerneptoireinent, con-ine me lavaient affirime' de'jh Frapart, Giraud et Wetroz, la re'alit6 d'un fait qui choquait ma raison et (JUCje reg-ardais comine ]a pierr~e d'achopliemieit de la nouvelle doctrine, en admettanlt que toiis ses autres principes fussent vrais. Cepend ant j'etais-- force' de me (lire:Ce fait., si 6trangre qu'il puisse se-,mbler it priori, n'toffre rien en soi (le eonitradictoir-e, autrenient (lit d'absnide, surtout si on lexpli~que coinmie me Fexpli(uait Pe~troz. Que le t.6moignage de quatre observateurs intelligents soit insuffisant pour' m'y fair-e er~oire, il ne de'pend *pas de moi qu'il en soit, autrement. Mais, en delfini tive, toute la questioni se rekluit h quelques expelrience.-; a faire nioi-rniC.mne et que cci'tainement je ferai. Cette b~onnie rc3-ohition prise, iv'.olution Ch laquelle j'eus le tort impardoiniable de iie donner suite que beancoup plus tard, je cont~inuai mna lecture. Je Ins pM'emque (lulie seule traite les quatre on cinq petits met'ln-oires qui, clans le'dkition oi~~riginale, se trouvent dlis-serniiucs dans le cor-p)s de louvi-age., et que Jour-dan a en ilicureuse ide'e de re'.nnir et de placer, IPREMIf~RES IMPRESSIONS 3 33 sous le titre de proldgornvInes, en tate de sa traduction. Ces me'moires.) comme le savent tous les hiorneopathies, re'Slument de la manie're la plus saisissante et la plus claire presque toute la doctrine de Hahnemann. J'en fus eineiweille':11l y a, me disais-je, dans ces quatrevingts page-), plus de vraie pitilosophie me'dicale que Wen contiennent tous lesi traite~s de pathologie g6n6'vale luc j'ai lus jusqu'a' pre'sent. Hah-nemiann est de'cide'ment un des plus grands, penseurs et des plus grands observateurs qui aient jamais ve'u. Tout, en etfet, dmns sa doctrine, proce'de de lobservation pure, et tout y est logiquement de'duit. Et 11)01 qui, avec, tant (lantres, m'itnagin ais sottement qu'elle ni tait qu'uiic utopic! Puis, mnon cerveau se inontant. h mesure que je re'capitulais les principes de Hahneni'ann. et que je ine les a-)sim-ilais clavantagre, moni admiration allait jusqu'h lenthousias.me. Je ne puis mi'cmpyicher (le sourire en me rappelant que, pr~ de deux henres apre&; avoir ferine' mi-on livre. je me. promenais encore 'a gnrands pas (lans mon cabinet. m&(litaiit. gesticulant, de tenip,- en telnl),s- parlant tout baut. lie mi'apercevant pas,, dam.s mon exaltationi, que la unit e'tait venue et quo j''tais p1res(1ue a% jeuni. Je szerais curicux, jonL conviens. do liric aujourd'hui cet in.oieohreut inonologTue, Si qnclquc t'imoim invisible le~it e'coute' et se fc't amnus6 "a le reeneillir. Au surplus, je snis 'a peu p1'eS siir que voici, quant. an fond, cc qu'il devait Ctre 34 34PREMIERMES IMPRES.S1IONS La me'decine est aussi ancienne que la souffrance dans le monde, ou, ce qui re-vient au meme, aussi ancienne que 'ihumanite. Soil origine renionte, a coup stir, bien au delh des temps historiques; car, ante'->rieurement "a toute espeke de civilisation, Fihomme malade dut cherelier, n'importe coniment. a. recouvrer la. sante'. Le ii gre, le Cafre, le Hottenltot., le B~ushman., le Malais, le Bedouin nom-aele, le sauvage des Pampas, celui des montagnes bleues,etc., de's (juilS se~entent malades, se traitent 'a leur fac~on. Leurs pratiques supei'stitieuses excitent notre de'dain, coninnie si nOUS avions le droit detre si tiers (les n6tres!l L'instinct du momns les guide et doit les servir quelquefois, taiidis que nous, rien ne nous 6claire. Aussi Boerhaave, vers la fin de sa carriere, se (lelnandte-t--il avec, angoisse sil n'aurait pas mnieux valu pour I'hlumanit' qulil ny, eut jamnais eu de me'decins dans- le mondle. Or, que penser d'un art (Juil apr's plus de Ving(t Si cles de pre'tendus perfectionnements., peut encore inspirer de 1)areils doutes au plus illustre (le ses re})re'sentants"? Si ion porte au bilan (de la ne'decinie inoderne toutes les sciences accessoires que comprend son etude, ]a physique. ]a chiniie, laniatoin-ie, lanatom-ie pathologique, et par suite Fart (in diagnostic., la physiologie et 1mimn-e la nosographie, etc., le progre's est in con test able et les plus humible's praticiens de nos jours sont, je nie'site point "a le reconi~aitre, plus sa PREMIERES IMPRESSSION-S:13 vants que ne le'taient les Asc1e~piades. Mais si 1' on nentend par m'decine que l'art de gu'rir les maladies, nous nii'aurions pas vingt pages de bon aloi 'a ajouter aux. traites d'Hippocrate. De quoi se composent nos annales? Des reveries creuses des faiseurs de syste'mes et des tormules incohe'rentes des chercheurs de spe'ifiques. Tons les systemes sont morts et bien morts, Dieu merci I uls dorment en paix, comme les momies diEgypte., dans la poussie're de leurs se'pulcres. Les amateurs d'arche'ologie peuvent les exhumer s'ils ont du temps 'a perdre; mais je de'fie qui que ce soit de leur rendre la vie. Qu'est-ce qu'un syste'nne, en me'decine? Une fiction; une se'rie de deductions plus ou momns logiques tire'es d'une simple hypothe'se, "a laquelle on donne gratuitemient la valeur dun axiomie; un jen d'esprit., enifin, au moyen duquel on rattachie tous les faits pathologriques 'a une seule cause,, englobant ainsi toutes les maladies en une seule. C'est ihiIstoire des aichimiiistes,poursuivant le grand oeauvre (le la transmutation et s'evertuant follement a reduire toutes les substances inate'rielles de lunivers aX une substance unique. Mais, si tons les syste'ines sont tombe's en de'suctu(le, Vesprit de syste'ine existe encore., et tre~s-probablemient existera toujours; car il y aura toujours., soit dles, hionmnes dimagination toujours pre'ts zi senvoleir. sur 36 PREMIftRES IMPRESSIONS les ailes de l'abstraction, loin du mondle des re'alite's; soit de ces esprits orgueilleux et cassants qui e'cras-ent les questions au lieu de lesj re'soudre, (jUl ne tiennent pas compte des- faits, qui nient ceux qui les ge~nent et en inventent au besoin, ou bien encore qui les faus-sent et lei deiiaturent pour les soulnettre violeninment 'a leurs v-aines speculations et les faire entrer bon gre mal gre' daiis le cadre e~troit de leur entendement. Eh I mon Dieu, que l'homiceopathie vienne, a prevaloir, et certainement elle prevanulra, et je iie garantis pas~ que, dans un temps donne', l~sprit de systeme ne s y fasse jour. Non celtes Irien ne me surprendrait momns que de voir quelque transfuge de lallopathie, encore tout imbu des prejuge&. de son Pcle s'emparer audacieusement du drapeau de Phoninoopa(.hie, se poser fierement en novateur, en. inventant des vielflieries, et gater l'o uvre de Hahneniann, en voulatit la re'foriner sans avoir su la comprend~re. Car c'est kcrit,, pauvres grands hommes, ii y aura toujours des pygme'es pour danser sur vos toinbes. Quant aux cherchieuis (le sp~cifiques, combien en. ont-ils trouv6' depuis plus de deux mille ans qluils en cherchent? Trois on quatre, assurent-ils, et inoi je dlis: Pas un seul1 Car, si le inercure e'tait, (his le sens absoin oi i" on persiste -%- lFen tendre, lespdc i/ique (le la' mnaladie v~ne'rienne, si le sulfate de quinine e'ait le specihique de la I" vre palud'enne,. le fer le spi'cifiq.ue PRIEMIkRE IMPRESSIONS 37 de la chlorose; le mercure, le sulfate de quinine et le fer gue'riraient constanvimeul: le premier, la, maladie venerienne; le second, la fie'vre palude'enie, et le tr-oisie'me, la chilorose. Or, chiacun sait qu'il ni'en est poinit ainsi et personne lie nous dit la cause (le ces pretendues anomalies. Et cependant elie existe cette loi providentielle, soup~oniiee par Sydhienhamn, qui presque toujours, dans la nature., place le remede 'a cote du mal, et met ainsi a notrve porte'e les agents les plus propres h-gue'rir nos maladies. Mais quel parti en a-t-on su tirer? Aucun; nos annales le prouvent. Comment se fait-il, par exemple, que les quatre h cinq cents substances domit s'occupent nos anciens traite's (le matie're me~dicale, dont chiacune eut parmii les cliniciens ses apologistes enthousiastes, dont les hauts fails, enregyistrc"s par les piaticiens les plus eC.'I'bres, remplissent los huit volumnos de l'Apparatus qneclicani~inton do Murray et Gmilin comment se fait-il que ces substances qui, dans certaimis cas, guCrissaient si bien, aient peu "a peu co,-ss. (le gue'rir, ai tel point qu'auj our-d'hiu i presque touites sont entielremnent abandonnees? Alit I.c sieurs. lisez Hahuomiaimi car lul seul a jusqu'ici rcpohldu 'a ('Otto (lustioll. C'est., vous dira co g)rand hoinno, quo p)our recgler l'adniiniiistrationi ('1 OS vosnedicamnonts. vous n 'avez janiais eu clautre priiicipo quo le taXtonneioment et le hasard cost quo, deux cas pathololgiqtios, do tolis 3 38 POURQU0I LES 2\19DICVVMENT-S GLUIýRISSENT points identiques, ne s'tetant peut-e'tre jamais Yus, it n'y avait rion "a conclure ab usu 'in morbis, et que ce C''tait donc point de l'experience clinique, la grande trompeuse (experie nt ia failax), lu'il fall ait attendre un crilerium; c'est quo vous ne vous etes-ij -tmnais dernand6' quel rapport devait exister entre le in(dicament et ]a maladie; c'est que tous vos pre'tendu; i mnIdicarnents no sont autre chose que (des poisons, attenclu que toute substance qui trouble lorganisme, sans porter en soi aucun agent do gue'rison, ne m6rite pas d'autre norni c'est enfin,) messieurs les chercheurs de sq~lcifiques, que ce (lull tallait chercher, cc n etait point des sp6icifiques fatalemnent introuvables, car ii Wen existe aucun,) mais la seule chose hi laquelle vous n'Iayez pas songe', Ile pourquoi les mnedicaments g0.9rissewt quand uls gu~rissewm, autrement (lit la loi de spkci/icild. Et cepeudant elle creave los yeux cette loi de similitude'I qui ouvre une 'ere nouvelle hi la the'rapeutique 1. Loi de similitude, loi des semiblables, sirnilia simnilibus curantur-. Jo regarde comine tru~s-fhcheux que ces expressions aient 6W adoptoes datis le langage, scientifiqu-,. Elles semblent impliquer et terident certainernont d propa,:r uie Wde fausse, car, ainsi quo Ilahniemann mui-mAine le fait observer, le mot grec e0JWuOV, racine du mut htowaupaithie, signiflo analogue et non semblable. La similitude. nest relative qju'aux symipt~mes conipares do lagont niorbide et de l~agenti Cruratif, mais non Ai ces agents eux-mt~mes. On pr6 -vient la ranwle au moyen dui vaccin, inais le principe de la variole et ile prinicipe dii vacein no Qont point idontiques; uls no. sont point semblobles; les sympt6mes seulement des deux maladies ont entre POURQUOI LES MEDMICAMENTS GUEIMSSENT 39 et fera bt~nir h~ tout jainais le grand nom (le Ialahemann. Qui d'entre nous, en effet, n a inaintes fois- C' frappe' de la. ressemblance (jUl existe eutre certains ulce'res ve'neriens et certains ulceres mercuriels? ressemblance telle qu'eue n'a que trop souvent donne' lieu aux plus funestes nn'prises '. Mais ce n'6'tait rien que (le de'couvrir ]a loi de similitude aupres de ce qu'il y avait 'a faire pour la rendre applicable. Car cette Joi de similitudle, sans l'expe'rimentation pre'alable des niedicainents sur Fl'oinme samn et h (loses non perturbatrices, n'est qu'unevaineformule; de m~nme que l'cxpe'rimentation physiologrique des me'dicaments, sans la con naissanc~e de la loi de similitude, n'efit 6t6' qu'unc recherche oiseuse, sans objet et partant sanis utilit6'. Eli bien I Cest apre~s avoir consacre' vingt ans (le sa eux. la plus grande similitude. S'il en 6tait autrement, on pr(,viendrait la variole en inoculant la variole: ce qu'on faisait autrefois, et I'on traiterait la syphilis en inoculant la syphilis, cc qu'on a vu faire de nos j oursI 1. J'ai mis plus dc six mois h~ reparer chiez un de ines malades, une m6prise de ce genre commise cependant par un spcitaI sle en renom. Ce praticien, croyant avoir affaire h on chancre de la gorge, et ignorant que ce prdtendu chancre s'&tait mniaiifesto pendanit que son malade, ant6rieurement traitt6 pour une gonorrhve, probablement non vinirienne, prenait des pilules de Bl~eloste (queule thi-rapeutique 1), prescrivit a son tour des frictions iiercuriel les hi la face interne des cuisses. Or, ii survint de tels accidents que, sans lintervention fortuite de Al. Serres, de li'nbtitut, qul fit suspen(Ire le traitement, Ic pauvre malade y eiit peut-~tre perdu la vie. 40 POURQIJOI NOS PRI'NCES DE LA SCIENCE v'ie h cette wuvre imimense que Halinemaun se, pre' sente 'a nous; et nous, sans lui tenir comipte de son admirable perseverance, sans soumiettre ses assertions au. creuset de 1'expe'rience, que dis-je, sanis me'me daigner 1le lire, c'est par (les risees que nous l'accuejiions, exactelnent commne les contemporains de Williami Harvey et de Jenner ont (ce qni nous re'volte encoreI ) accuejilli ces (leux grands initiateurs. Mlais nos inaftres, nos princes de la science, comme, nous les noinmions, les Cliomlel, les Re'camier, les Boujillaud, les Andral, les Trousseau, Trousseau surtout, un admirable esprit; pourqiioi tous ces mnedecins, emninemmieilt intelligents, qui out d A lire Halinemiann, et qui n'ont pu manquer tie le comprendre, ne se sont-ils pas empresse's d'adopter sa me'thode? pourcjuoi ne se sont-ils pas mis 'a l a ta~te du mouvemient? pourquoi lie sont-ils pas tons homiceopathes? Pourquoi?... Question naiveI( Les savants, dit JeanJacques Rousseau, out mnoms de pr'j~ug--es que les ig'norants, inais uls tiennent davantage "a ceux qu'ils out. Et nos maitres, en leur qualite' de savants que personne ne leur coiiteste, tieflhieft essentiellement h leurs prejug&'s; ils y tiennent d'autant plus que leurs ante~cc"dellts, leur position ac~quise, 1'autorit6' dont uls jonisseilt, leur amiour-propre surtout enigagre dans la. (question.) leur font, pour ainsi dire, U11 point dliollneur de ne s'en pas de'partir. Que Broussais, adoptant NE SONT PAS HOM&EOPATHE S 41 la phre'nologie, se tasse re'sol Uiment l'adepte de Gall et de Spurzheim, ii n'y a rien la' qui puisse surprendre, car la phre'nologrie n'est nullement contradictoire 'a la doctrine de l'irritation. Mais que le professeur Trousseau, qui a publie' un trait6' de matie're me'dicale et de the~rapeutique, auquel ii dolt une partie de sa re'putation; qu'un Boulillaud, 'a qui ses e'leves out offert tine 'ndaille "a son effigie, et portant h l'exergue cette arnbitieuse le'gende:Au chef de la 2n~decine exacte; que les Andral, les Louis, les Cliomel, etc.; que tous ces hommes enfin, qui sont ou se croient chci'.3 d'e'cole, abdiquent pour se mettre "a la remorque d'un me'decin h peine connu, du momns en. France; qu'un beau jour, soit 'a leur cliniique, soit 'h l'amplihi'thre de la Faculte', uls s'en viennent faire hleurs '1'vscet eourageuse de'claration (La thc'rapeuti(Jue, que, (lepuis vingrt aiis, nou s -vous enseignons commne la mciileure de toutes, est une tlie'rapeutique fausse, parce quuees dn~edebae une thierapeutique baroque, brutale, qui tourmente les malades sans les guerir et qui, par consequent, n'a aucune raison d'e~tre. La seule vraie therapeutique, que nous nous) re'servons de vous enseigner lorsque nous laurons nous-mme~ne apprise, est celle dtin me'decin allemand, nomine6 Samuel Hahinemann. ))Non I hi momns d'Ctre fou,, personne ne supposera que pareille chiose s-.oit possible!I 42) 42 DES PATH0G12NEtSIES Au surplus, de toutes les raisons qu'Iavaient nos maitres pour perseve'rer dans leurs vieux errements, je ne connaissais point encore la plus de'terminante. Ce fut le lendemain sealement que j'en fis l~a d6couverte. Le lendeniain,) en effet, je repris ma lecture --j'en 6'tais arrive' aux pathog~n~sies. Comine elles sont classe~es par ordre alphabe'tique, la premie're qui me tomnba sous les yeux fut celle de l'ace'tate de chaux (ter-ra calcavca acetica.) Elle me parut bien longue pour un mn'dicamnent d'aussi peu d'importance. J'eus la curiosit6" de voir ce que-disaient de, l'ace'tate de chaux MM. Me'rat et de Lens, dans leur Dictionnaire, antiversel dA inatie're inMdifale, et de th~'rape'utique, et je trouvai cc qUi suit: ((Ac~atae de chance. - Ce sel, tr~s-soluble, amer, etc., a e'te recomniande' h la dose de I h 3 scrupules commne excitant, fondant, incisif, diure'tique et particulie'remen t vantti, conmne ihydrochiorate, conire les engorgements scrofuleux et l'orchioc~le. A la bonne hieure, pensai-je, voila qui est simple et concis, un peu v ague peut-e~tre, mais facile ht retenir, et, ne le retiendrait-on pas, que le mal ne serait p~as grand:qui se sert aujourd'hui de lace'tate de chaux? 11 n'y a peut-e~tre pas en France deux mnedecins qui le prescrivent une fois lan, et vraiment c'est grand domimageI un medicament qui DES PATH0G2 NLSIES 4 43 possede de si precieuses proprid6ts I excitant, fondant, incisif et diure'tique, I Mais voil"a le maiheur!I c'est qu'en th'rapeutique tout est affaire de mode, et chaque medicament a la vogue a son tour. D'ailleurs, qui pourrait nous dire pourquoi et dans quels cas, parmi tant d'autres drogues qui ont aussi la reputation d'ltre excitantes, fondantes, incisives et diure'tiques, l'ace'tate de chaux me'riterait la pre'f~rence? Personne assurement: c'est, en pareille rnatie're, la fantaisie qui decide. Mais ii parait que Hlahnemann n'est nullement'fantaisiste, et traite les choses beaucoup plus a fond, car ii ne consacre pas miois de dix-neuf pages a la pathoge'nesie de l'ace'tate de cliaux; et encore cette pathoge'liesie, tre's-incomplete ii est vrai, ainsi que Hahneniann a le soin de nous en pre'venir, ne demontre-t-elle pas bieii clairement que l'ace'tate de chaux soit excitant, fondant, incisif, nimme constamment diure'ique. Je nie dissiniulerai pas au reste que j'en trouvai la lecture passablernent aride; puis elle ne, repondait pas entie'remnent 'a lide'e que, tre~s "a tort sans doute, je m'e'tais faite d'un travail de cette espe'ce. Je m'etais attendu, je nie sais pourquoi, 'a la description miniutieusenieit de'taille'e d' une m ala die, rni~dicanteiteuse, a yant, commne toute autre maladie, ses phases, ses traits saillants et caract~ristiques, ses phe'nome~nes accessoires, sa dure'e, en un mot, son1 44 44 DES P A T 1-0G Fý,TjPS IES type; et, au lieu de cela, je n'avais sous les yeux qu'un entassement de syrnptolmes, e6nonices clans un ordre arbitraire et par consequent sans lien. entre eux. Mais e~tait-il possible qu'il en fc't differemment? Je ne le crois pas. Et cependant., pourquoi n'en ferais-je pas laven?ý cette question, mneme apre's vingt aim de re'tlexion, je me Fadresse encore de templ1s enl temps 1. 1. Toutes los maladies ni-dicamenteuses qu'on obtient en- expdrimentant, sur des sujets sains, des substances en dilution., sont, aussi bien que les 6.pid~mies, les r~sultats d'intoxications dynamiques, et je cherche vainement ' h saisir-la diffhrenceju'on pretend voir entre les unes at les autrcs. Tout ce que ja puis accorder, c'est qua ]a maladia m~dicamaenteuse ost ordinairernont trop faihia pour e tre bien appriicitee dans son ensemble. 11 en ast d'ello comme do ces scarlatines amorplias qui, en temps d'6pid~mie vcarlatineuse, passaraient inapercues, si la fait mhme do. Iepidemiie, lbian plus quo la log~re angrina et los qnelilues tachos 'a paine visibles qui constituent tous lours symptdmas, ne gruidait la pratician pour las faire reconna-i-_ tra. Lorsque, d'ailleiirs, des parsonnes d'une sensibilit~exceptionnel Ia veulent bien so pre'ter h~ l'exp 6ri mentatLion physiologriqua, ii nest pas trý.s-rare do voir los maladies m~dicamaenteusas reve'tir one telle intensitt6 do sympt~mes, qu'il deviant impossible d'y mifconnailtre do v~ritables types. Qu'on so donna ]a paine do lire dans ma Syst0 -matisaliomn do la matie're 7n~dicale hoiowpopthique, h l'articlo Ctdron, lubservation d'une dame qtji, expurimientant ce m6dicament ti la sixibn~e dilution, out, pendant vitigt-deux jotirs, avec un ensemble do sympt6mes parfaitemont accusts, un acc~s quotidicn do fivre sUtermnitteite prt~sentant los trois stadcs do ]a fitvre des 'marais. Or, si la fivre des marais est uno Writable maladia, jo demande qti'on veuille bien m'expliquer pourquoi la fitvre dut QCdron nan sorait point un. aussi. Jo potirrais citor encore, en favou r do ma these, l'espkce de chto~rose proda ite par le far, Fi souvent ohserv~e dans las valles ofd los caux sont ferrugrineuses; l'espece do DES PATHOG2 NftSIES 45 Quoi qu'il en soit, plusieurs choses me frappe'rent vivemient dans cette pathogc~nesie de l'ace'tate de chaux. Je remarquai, en premier lieu, que les 336 symptolmes dont elle se compose embrassent h peu pres dans leur ensemble l'organisme tout entier, ce qui me fit mieux comprendre pourquoi j'avais vu Pe'roz, "a la recherche du me'dicament qu'il avait h prescrire, interroger minutiensement des orgranes qui ne me semblaient nullement en jeu dans la maladie qu'il traitait. La verite' est que lorsqu'on apporte un soin e temie 'a explorer un malade quelconque et qu'on recuejille, parl le menu, toutes les sensationis qu'il accuse, on est presque toujours surpris (Iu grand nombre de symptolmes accessoires qu'il faut ajouter Sceux qui emamient directement du sie'gce organique de la maladie, pour se faire de celle-ci une imnage compI~te. Je constatai., en second lieu, que tons les experimnentatenrs navraicut pas e~prouve. des sensations comple'ement identiques, bien (jue, relativemient 'a certains orgranes, il y eu't entre leurs rapports une reniarqnable concordance. Jen concins avec raison qne la senisibilit6' "a Faction initdicamienteus'e, fl~vr-e inierrnitteu I, avec vertiges et lIcmorrhagies passives, que prodUi ent queiquefois, dans les manufaciu res de tabac, les Oima nilIions de cette plante en fermentation et (Lue gu~rit larnica-, la phI hisie des scuipteurs, le tremblernent des itaameuxs, etc.., etc. MIais cela rn'entralinerait trop loin. 3. 46 SYMPTOMES MORAUX ou peut-etre specialement h laction de 1'ac'tate de chaux, ie pouvait 'tre la mn~me chez tons, et qn'il devait y avoir lh une question d'idiosyncrasie, question que Halnem-ann a, en effet, si merveillensement r6solue, relativenent h un assez grand nombre d'agents medicinaux. Enfin, a liste des symptomes moraux devint pour moi l'objet des reflexions suivantes Quel beau livre ii y aurait h faire sous ce titre aussi piquant que nouveau: Symipoidmes moraux des mnaladies! L'esprit philosophique, l'observation medicale et la physiolorrie transcendantale ponrraient largemient s'y donner carrie're. Mais, va-t-on s'6crier saiis doute, qu'entendezvous par ces paroles: syinptomes moraux des raladies? Tontes les maladies seraient-elles donc pour vous des affections mentales? Car nous ne voyons pas trop pourquoi, en deliors de celles-ci, le me'deciii aurait ' tenir compte des caprices, de la maussaderie ou de la gaiet6 de ses malades, non plus que de toutes les chiineres qui peuvent leur traverser lesprit. Cest bien assez dejh de nous occuper de leurs maux physiqlues; le reste ne nous regarde point et nie saurait nons interesser a aucun titre. Qu'un malade soit triste, morose" voire m~inne imipatient et irritable, ii est cans son droit: ce n'est pas rjouissant de souf-. firi; (lu'il soittaciturne etpref'fela solitude h. lasoci&tO SYMPTOMES MORAUX 477 de ses semblables, tous les animaux malades en sont lh. Enfin, qu'une pusillanimit6 naturelle, accrue encore par l'puisernent, lui suggere de folles apprehensions, des remords de conscience, une certaine exaltation religieuse, la peur de mourir, d'aller en enfer, etc.; ii n'y a rien Ita qui puisse surprendre: c'est ce que nous voyons tous les jours, sans nous en preoccuper jamais. - Et c'est le tort que nous avons, mes tres-honores confreres, car je suis convaincu que toutes ces choses n'ont guere moins d'importance que les enduits de la langue et la fre'quence du pouls. Et d'abord, je soutiens qu'il n1'y a rien dans les dispositions ou les propensioins inorales de nos malades, qui soit conforme " votre logique. Tous, tant s'en faut, ne sont pas tristes, mem e parmi ceux qui, selon vous, auraient le plus de sujet de l'Ftre 1; tous ne sont 1. J'aisoignd, pendant quelques semaines, douxou trois ans avant sa mort, le celebre poete allemand Henri Heine. La maladie h laquelle ii finit par succomber, un ramollissement de la moelle e'pini~re, avait fait d&ji chez lui de grands ravages. 11 y avait paralysie presque complite du mouvement dans les menbres abdoninaux, qui 6taient to siige de douleurs atroces, que d'ýnormcs doses d'ac6 -tate de morphine (30 h 40 centigraninies par jour) ne parvenaient point i' calmer. Eh bien, maigrOi cet 6tat dcplorable, sur lequel ii ne se faisait aucune illusion, H-leine conserva jusqu'a son dernier soupir sa verve, son esprit putillant, si diabolique gaiet6. Moims d'un mois avant dc mourir, ii 6crivit, pour la Revue des Deux-Mondes, un article iblouissant ayant pour titre les Dieux en cxil. II ne6tait pas possible h ses visiteurs de s'apitoyer longtemps sur son sort au 48 48 SYMPTOMES MORAUX pas inoroses, et los plus inorosos sont raromont Ceux qui souffrent le plus; noen de comimun commo do voir les plus pusillanimes noe se preoccupor ni de la mort nii de lenfor. L'e'tat moral, (lans les maladies', a donc sa raison d'etro danis la nature me'me de celle-ci., et coest h ce titre qu'il minrito l'attetition du m'decin. Tout le monde sait que les affections morales engendrout assoz souivont des mal adies organiq uos; mais, ce qu'on sait beaucoup momns bien, coest quo celles-ci sont subordonne'os., quant "a lout si'ge eta' beun nature, "a l'spe'ce particulie're do collesJ~t. Do m~nme quo'n piquant do son scalpel la face superiouro on la base du cervelet, M. Claude Bernard a pu determiner, h~ son gr6', chez des aniinaux lalbuminurie on be dIiab eto, on a pu voir chez I'ihonmo: Ila col "re provoquer une diarrhe'e bibiouso; la pour, des 6-acuations se& rouses; Fihumibiation, uno sorto d'he'morrhagie intostinabe; une grando joie, de copiousos 6'missions dcI urine.; un chiagrin prolonge', la constipation, l'alte'ration (10 Il'aloi no, Ili'hpatito chronique., etc. Or, s'il o-st demon01 -tre' quo cortainos causes morales pouvont produiro certai nes affections organiques, nest-il pas tre's-admisplus fort do ses douleurs, ii los faisait nrir par ses saitlies. Or, qu'at lieu do la mialadie dont 11 so niourait, Henri H-eine elth eu souternont une affection chronique do ]a prostate, et s-t gaiiot aurait fait p~lace a une hargneuse tristesse. SYMIPTOMES MORAUX 49 sible que ces derni~es, lorsqu'elles preexistent h ces causes, doiVent, par une re'ciprocit6' bien le'gitirne, modifier, Mchawu selon son espece, nos idees et nos sentimnents'. et cre'er en nous un e'tat moral plus ou momns analogue h celui qul, si elles n'existaient poin-t, aurait Pu les faire nalitre. Le caracte're d'un hioime malade est donc, comme celui d'un homme ivre, un caracte~re factice, offrant pour ainsi dire lempreinte de ]a inaladie, caracte~re fort souvent tout oppose a celui qu'aurait ce me'ne homme, s'il 6'tait bien portanit. Tel hiypoconidriaque qui, 'a toute heure du jour et de la nuit, n'est occup6" que de sa sant6', qui n'a qu'une peur, celle 'de miourir., est pourtant obse'de par des ide'es de suicide. Beaucoup de goutteux sont irritables et cole'res, imnme quand uls sonifrent peu; la jeune thue chilorotique pleure sans savoir pourquoi; ihyste'rique s'exalte h tout propos, crie., sanglote., extravague., a des jalousies folles et des goiits de'sordoliiies; le plithisique, dont la mort est certaine. s'illusionnie sur son eta, ju~squ'a sa dernie're heure; ii formn-e mulle p)rojets pour un avenir 6loign-ne, se fait faire des veotemients qu'il ne portera pas, etc., dle telle sorte qu'un plire'iiolo~giste pourrait dire, avec quelique apparence, de raisoni, que la foiite tuberculeuise (lails les pouinoins surexcite danis le cerveaui lor ~an de, iesp)()ancc. Eli bien I tous cesi faits-lht soidt caractecristiq Lies; et cci'taineiient Halinemann nous ouvre, en patholog )ic bo 50 DPLC0TJRAGEMENT aussi Nien qu'en thdrapeutique, une nouvelle voie d'observationi, dans laquefle ii est int~ressant pour nous de le suivre, lorsqu'il insiste, comme ii le fait, sur les symptolmes moraux produits par les m~dicaments, Nonobstant ces re'flexions, je suis force' d'avoner que mon ardeur pour l'&tude de la mati~re me'dic'ale homoeopathique, n'6'galait point, h beaucoup pres, mon admiration pour Ilahnemann. La pathoge~nesie de terr-a calcarca acelica avait jet6' du froid sur mon enthousiasme. Je ]us pourtant, mais non sans efforts et non sans m'y reprendre hi phisieurs fois, celle de 1'ace'tate dA mangctn~se, celle de 1'ac ide. rnzriatiquc, celle de 1'acide phosphorique. Puis, enlin, je commenpai celle de l'acoriil. Mlais j'e'tais A bout de patience: h la dixie~me page de celle-ci, exc'd', nWen pouvant plus, hors de moi, je fermai he lijre et le jetai avec le de'pit d'un enfant qui brise un jouet dont ii ne parvient pas hi saisir le mecanisme. - Non m ~'6criai-je, je ne lirai pas cela: ce nest, pas tin livre; c'est un grimoire. Toutes ces pathogene'sies se ressemblent. Je me perds dans cc fouilhis de syptmes, dont pas un lie me rese dans lesprit; j'aimnerais mieux apprendre par coeur he Chou-King, les lois de Manon, Ics Veddas et tous les livres sacre's de lOrient. Au diable I-ahinemann et ses reveries I Fasse de l'homccopathie qui von D8COU RAGEMENT 51 dra, moi j'y renonce, j'en deviendrais fou I - Puis, ma bile 6panch~e dans cette puerile boutade, je me mis h reflNchir et h raisonner plus froidement. -- 1i est clair, me dis-je, que, faute d'habitude sans doute, je ne retiens pas grand'close de ces patliog6n6sies. Peut-etre faudrait-il consacrer beaucoup de temps h clacune d'elles, avant de passer h la suivante. Peut-etre melme ne parviendrais-je h me faire une notion un peu precise de chaque midicament qu'en l'expe'rimentant sur moi-me1me 1. Mais alors, bon Dieu I combien d'ann~es mettrais-je " apprendre la mati8re medicale2 Ah i je congois maintenant que les Chomel, les Andral, les Recamier et tutti quanti, ht qui la clientele laisse h peineletemps de dormir, aient recul6 devant une pareille besogne, si jamais ils ont eu (ce qui au reste est fort douteux), la velleit6 de lentreprendre. Ii est decid6ment bien plus facile de se moquer de l'homolopathie que de devenir homceopathe. Admettons qu'il faille seulement une semaine pour 'tudier h fond une pathoghe',sie, et je suis scir que Petroz y consacrait plus de temps, les pathogenesies faites, se comptant de'j par centaines, c'est doiic tout simplement un travail de deux on trois annees au moins, que j'aurais en perspective. Et tout cela, pour arriver h quoi? A me miet J. Co quo jo fis los anndos suivantes. 52 ~DfCOURACTEMENT tre au ban de la majorite' des me'decins et. h prescrire a mes malades des de~cillionie'mes de gouttes I Non certes, je nen ferai rien; mna foi dans les infinitelsimaux n'est pas telle encore que je sois pre~t, pour la confesser, 'a aifronter le m-artyre; le plus saqe pour inoi est de ne pas quitter la route battue, celle que suiwent mnes nafitres, et qu'ont snivie les leurs. Leur ekemnple prouive assez qu'ele peut conduire h la renomimee et 'a la fortune. be public (ml, heureusemient, nenitend rien aux questions inedicales est de si bonne composition!La grande allaire eskde savoir attirer son attentioni. Pour cela faites du bruit: brochures, lijres, cours publics, mn'moires 'a lnstitut, tout est bon; inais du bruit, car ii attire la foule, comime ii attire les abeilles, et le me'decin qui en fait le plus, est he plus g-rand mtkldecin, sans que jamais persoimie se. demanlde s'il gue'rit mnieux que ne. gue'rissent les autres. Quant. hla inedicatioii que je pre'tends adopter, en ve~rite" cela ne inerite pas que je prenne la. peine d'y reflechir. Entre to t es nos medications al Iopathiiques, je. donnerais he chioi.-, pour une 6'pingle: saigme'e, sangsues,) -vsicatoires, caute~res an besoin, bainis mnedicainenteux (dont he hprincipe, par pareifthise, n est jamais absorbe'), caute'risation de la gorgre et de l'ut3'mus seulement., parce quit ji'eSt pas possible de canfte'iser lestomac; imbrocations inercunielles ou iodu DIECOURAGEMENT 53 rees, quelquefois dangereuses; sulfate de quinine, contre la fi'vre, qu'il aggrave quand il ne la guerit point; belladone contre l'pilepsie, ce qui reussit rarement; opium contre le tic douloureux, ce qui ne reussit jamais; purgatifs contre la constipation, qu'ils font cesser un jour pour laugmenter ensuite; ou bien encore purgatifs contre tout, ce qui est radicalement absurde, tout cela se vaut et ne vaut pas grand'chose. Notons d'ailleurs que si les homreopatbes, il faut bien leur rendre cette justice, proc&dent, dans tous les cas, en vertu d'un mnme principe, il n'en est pas de msnme des allopathes qui, presque sur aucun point, ne s'accordent pas mieux entre eux qu'ils ne s'accordent avec les disciples de Hahnemann. Dans nos hlpitaux., par exemple, ciaque chef de service se pretend en possession d'une therapeutique particuli're, la meilleure possible, bien entendu; et la statistique (autre chimere de notre vieille ecole) donne h peu pres, pour tous, les mimes resultats nigatifs. et c'est sur ces rnsultats qu'on bataille h outrance? Oh I que Frapart avait raison de dire: Medecine, pauvre scienceI Mludecins, pauvres savants? Alalades, pauvres victimes I Pauvres, pauvres malades I en seriez-vous done re'duits 'a dire de nous autres nidecins, ce que Figaro 54 54 DItC0URAGEMENT disait des grands- seigneurs: uIs nous font assez de bien, quand its ne nous font pas de mal ))? Eli bien!I soit. Je mi'arrangerai pour faire aux miens le momns de mal possible. Pour e~tre pluss sfr de ne pasleur nuire, je ne les traiterai pas du tout; aussi bieii aucuns disentuls, parmii nos vieux allopathes, que caite me~thode est encore de beaucoup la plus sci~re et la ineilleure de toutes. Et l'Academie de m6decine elle-nie.ne ne parle-t-elle pas de decerner un prix at celui qui de'montrera le mieux les avantages de la viethode expectante? Et voilh oii nous en sommes, apr~s vingt-cinq sikcles de lpelfectionhlementS,) ap'porte's 'a la ni'decine d'Hippocrate IQuelle pitie' I queule honte? Imais qu'7y faire? "11 faut en prendre son parti, mieux vaut encore haisser la nature re~agir liIbrement contre les maladies, que de contrecarr~er ses efforts. Pratiquonsdonclam&' decine expectante, puisque la tradition ne nous en a pas be'gue' de plus satisfaisante. Faisons du momns de l'hygrie'ne, puisqu'il n'existe point de vraie thderapeutique. Et pourtant, une voix hinterieure, celle de ma conscience, murmiurait une sourde plainte, quelque chose commne le cri de de~tresse de Galilee, re'duit h confesser des erreurs que condamnait son g'nie epur sic 7rn'uove, ))et cependant elle existe lavraie thdrapeutique 1 0 HalinemaunnI indiff~rence, paresse et 1I cliete', voilh les iveritables ennemis de ta de'couverte. LES EAJX AIINkRALES a3 J'tais, h cette 6poque, medecin de F''tablissement thermal de Bagnolles, en Normandie, et, vers la fin de mai, je quittai Paris, comme je le faisais chaque annee, pour me rendre "a mon poste; mais ii etait dans ma destin6e que l'homceopathie m'y poursuivrait. Cest une singuli~re me'decine que celle qui se pratique dans les stations therm-ales; si singul~re, qu'apr' s m'y etre personnellement livre pendant cinq ans, j'en suis encore " me demander parfois Si c'est une medecine quelconque. Tout naturellement, les malades qui s'y rendent y viennent avec une intention arret e, celle de prendre les eaux. be m'decin n'a donc pas autre chose h faire qu'a les leur prescrire ou a les renvoyer, ce qu'il fait quelquefois, mais le plus rarement possible. Ce n'est pas que les me'decins des ktablissemeints therinaux ne soient presque toujours des hommes parfaitement honorables, instruits et souvent melme tre's-distingu's;;mais le cercie e'troit et monotone dans lequel ils sont forces de se niouvoir, c'est-hdire lobligation, qui leur est en quelque sorte impo~e'e par leur position, de restreindre leur tlhterapeutique ' 'ernploi de leurs eaux, manque rarement de les ainener 'a se faire, sur les vertus de celles-ci, les plus singuli'res illusions. Beaucoup dentre eux, comnime me le disait plaisamment un malade. se grisent avec leurs caux de la meilleure foi du nionde. Ils les croient 56 56 LES EATJX MINI2RALES, propres hi tout gue'rir, en boivent eux-rnernes avec, amour et les conseillenit, presque dans tous les cas, commne un rem~de souverain. Et cependant que de choses 'a dire contre une semblable medication I Iiide~pendamiment de ce que bon nombre d'eaux therinales, n'etait nullernei nt minraiis es, ie different, a leu pre.s que par leur temperature des autres eaux potab~les et ne doivenit qu'h une sorte de superstition la renomme'e donit elles jouissent; inde'pendaimnent (le ce que 1 albsorlption cutaue~e (lull lprhwlle me'dicameniteux, (lans unibain h i 'imiporte quelle tempe~rature, est aujourd'hui contesteie et senible'en effet coiltestable'; hide'penidamminet en tin de ce que (de longues series (le bahi s, "a (liverses temp~ratures,0out, relativeineiit 'a l'iminenise majorite' des cas, des effets jusqu'ici c~oinpictemnent hide'ermhins; je pose en principe que la re'uiiou de deux. ou trois mulle itidividus des deux sexes, de tout "ae, de toute constitution, affecte's des mnaladlies lies plus diverses, les lplus dissenmblables, lies plu-s disparates.,et se gorgeant pour se gud'rir, pendant des semainies ou des mois, d'une seule et me~me eau, plus ou moiiis me'dicameiiteuse, ne pre'sente "a la raisonl qu'un spectacle burlesque. 1. 1l r~sult~e, d'expt~riences rkcentes, que des bains satur~s d'acide arsenieux ou de sulfate d'atropine ne produiraient aucun des effets auxquels donnerait lieu la plus faible dose d'un de ces poisons, introduite dans les voics digestives. LES EAUX MNRLS57 Est-ce h dire pour cela que je nie la puissance the' rapeutique de certaines eaux mine'rales? Loin de moi cette pensd'e. Je suis sc~ir, au contraire, qu'7un grand nombre d'entre el les pourraient deven ir de precieux in'dicameints. Mais ce que je soutiens. c'est que Femnpirisme en fait un abus de'lorable; c'est que la plupart des me'decins qui les conseillent 'a leurs mnalades n'en connaissent ipas plus les vraies proprie'te's qu'ils ne connaissent celles de tous les autres agrents th6(-' rapeutiques; c'est que tant qu'on ne se d&'cidera pas 'a 6tablir me'thodiquement, "at la faý.on de Halinemnann, la pathog~n~s'ie de chacune dle nos eaux mininr'ales, de nianie're 'at ce qu'eues pusen tre ensuite aciministrees, conforme'Inent 'a la loi de simnilitudle, litydrologie ne sera pour les me"decins, et surto ut pour les inalades, qu'une immnense mystification. I. Mais qui donc, grandi Dieu, s'avisera jamais (le Ipublier ces patiog-e'ne'sies des caux? Quoi! Yon vielldrait avouer cuue ces sources si bienfaisantes (cetle (pitliete 1. Le professeur Marjolin, consult6 un jour par un rhumiatism-It, liii conseille, sans I~s~iter, et en hommi-e scir de son fait, los caux d'Aix. en Savoie. Notre rhurnatisant, qui so, voit dGj; gu-ri, paie sa consultation et se retire fort satisfait. Mais voilia quo touit it coup Marjolin, se ravisant, court apr~s son malade, qui vtait &j~h ati has do lescalier, le rappelle, ct, de la porte do bon cabinlet, lui crie, avec cette adorable bonhomnie qui nappartenait qlu',:i lui 1)Ditesdonc, monsieur, si los caux d'Aix vous font du bien, ayez la hontd de me le faire savoir, parco que, mnoi aussi, J'ai un rliumatisme, et, ma foi, j'irais h Aix. 15S BAGNOLLES est partout coiisacre'e) sont pourtant susceptibles de causer une toule de maux I eli! juste cileI qui de'sormais en voudrait boire ou seuleinent s'y baigner2 Non, non, c'est bien assez de~jh d'I noncer sonimairement, le plus sommairement possible, les circonstances, toujours tre's-rares, oii elles p"'uvenit n'etre pas salutaires. Les r6sultats heureux (quluze ou vingt par inille mialades) ont un grand retentissement. Quant aux faits ne'gatifs-, on se garde bien de les compter., et comme on. n.'a pas de raison d'en parler, on~ n'en panle jamais; et voila' just ' hmei-t, soit dit sans nulle malice, comnment s'est e'tablie la vogue, quelquefois im-mense, de certaines panacees qui re'voltent le sens commun, qui onit fait danis le monde plus (de ravages que n'en ont cause' la lpeste et la famine, et qui celpendlant Wiont jamais manqu6" de s41ce~res apologistes. Ainsi que dans tons les autres ktablisseinents du nieme genre, on -voit 'a Bagnolles, pendant la saisonl des bains, des malades de toutes sortes:(lartreux, gastralgiques, rhiumatisanits, chiorotiques, parapl&' giques. ht~mipIe'giques, etc. Quelques per.sonnes riches (les environs s'y rendent en pure et simple villCi -ure. parce que le site est chiarmanit. Parfois enifin, des co~nfre'res mal avise's v euivoient des malades hi qui ces eaux seraient evidermnent contraires; ce qui met le m6decin. r6;idant danis une situationi delicate et LE SEIGLE ERGOTE 5 59c souvent maine assez embarrassante; situation (lailleurs avec laquelle j'ai aujourd'hui la satisfaction de pouvoir me dire que ma conscience n'a jamais transig6. Une dame de Versailles qui nous arriva vers la inijuin appartenait 6videmment i cette categorie de malades auxquels nos eaux ne pouvaient, suivant moi, apporter aucun soulagement. Elle avait cinquanitedeux ans, 6tait obese, et se plaignait (lune affection de l'uterus, donnant lieu h des pertes (de sang; pertes passives, presque incessantes et, de temps en temps, d'une abondance alarnante. Autant qu'il m'en souvient, il n'existait chez elle d'autre affection organique qu'un leger prolapsus avec turgescense et ranollissement du col. Il ne s'agissait, en an mot, que de ces accidents si fr'rquemment inlucrents h la menopause, chez les femmes d'un temperament lymphatico-sanguin. Mais pourquoi cette dame avait-elle lpre'fcre Bagnolles, oii elle ne connaissait personne, h Eugliieii, h Pierrefonds, i Aix-la-Chapelle, 'a Luxcuil, ' Luchon, i Saint-Sauveur, etc., etc.? Ni elle, ni son nim'decin, ni personne n aurait pu le dire. Mlais eiifiti, elle etait h Bagnolles, et, en (l6pit (IC toutes ines objections, elle y voulut rester. Elle prit, les preimiers jours, quelques verres d'eau thermale et nie se trouva pas mieux; puis un peu d'eau ferrugrineuse, aver 60 60 LE SEIGLE ERGOTE4 quel~ques hamns frais,- en piscine et se trouva beaucoup plus inal. La voila' donc (lans son lit, sans fie'vre, sans grandes douleurs, miais avec une ve'ritable mietrorrhiagie. J aurais donne" beaucoup pour la sax Gir 'a Versailles, et je niavais plus qu une ide'e, celle de la mettre en C'at d y retourner au plus vite. Je lui piescrivis done, inde'pendamment de la die'te, d'un repos albsolu, des boissons aciduli",ezs et des compresses froides sur i'hypogastre., quatre pilules., par 24 heures, (le seigle ergote', conteniant chiacune environ cinq centigramimes do ce inedicament. ((Oh Imonsieur, me (lit la nialade, en lisant mia prescr~iption, on mia donne' bien djes fois cc miedicamnent-lat et toujours sants succes; jamiais il nie mna fait de bien que lorsqu'on mce Fa prescrit hiniceopathiquem~ent. -Alit I quvoila' bien, pensai-je, un prejuge' d'liyste'riqlue I (pee tonjours mies pilules, miadamie, et nous v~errons enisuite. ) be lendemnain, 25i juin, mnmeni 6t~at que la veille; nuit agrite'e., louls un peu plus frh'quent; la perte allait s-on train. La mialade insistait sur son scigic ergolM Iomwopathiquec El oomonsieur mnc dit-elle, -oil't la copic do lordonnance qlu'a trois rep~rises dilkerenteson in4a faite. depuis (Icux ans, en circonstances pareilics, et iLE SEIGLE ERG0TOTI(31 (3]. qui, chaque foi.s, m'a remise sur pied, presque du jour au lendemain. ) Cette ordonnance, qui n'e'tait pas sigrnee, puisque ce n'6tait qu'une copie, etait ainsi conpue Secale co?-nut., troisi~me trituration. - I gramme. Sacch. tact. Q. S. pour six doses. A prendre trois doses en 24 hieures. ((Eli bien, madame, dis-je, ii sera fait selon votrve de'sir. Mfais comme nous ne pouvons avoir votre m&c'dicamient que dans deux jours au plus Ptot, colltiImez en 1 attendant mes pilules. Elle y consentit, en prit nie~me une en mia presence, et je joignis ce jour-ha a ma prescrip~tionl des injections au tannin, une tisane de racine de bistorte (quel ga'cliis?) et un peu de bouillon froid pour alimientation. Eni quittant m-a malade, je mie rendis aupres du directeur de l'&tablissement ct lui soumiis le cas, ce qui lui fit hausser les e'paules. Ni lui ni notre pharinacien nie comprirent rien d'ailleurs a lordommance., enl langage hybride, moiti6' latin, moitic' tianý.ais, que je leur pre'sentai; ii fut de'cide' (ju'elle serait iniiiii'diatemnent expe'dhce 'a Paris au pliarnmacien imoincoulpatimiste de la rue du Holder, avec priwm2e de nAous famire parvenir, par le retour du courrier, les six doses forniuule's. Quant "a moi, fort ennuye6 do la tournure quo pie4 62 LE SEIGLE E RGOTI~ nalent les) choses et passablement inquiet sur le compte de ma malade, j'(tais d'autant mnoms rassure6, par 1 a procehaine arriv~e du se igle crgot homwcropcihiqte, que le peu que j'avais lu (le Halinemann suffisait pour me faire comprenidre ce que c'6tait qu'une tro isievi e tri.tural ion. Uu gramme d'un me'dicamient 'a la troisie'me trituration me repr~sentait, le calcul en 6'tait tre's-siniple, U74 DIX-MILLIEME de gramnme de ce mne^ ndicament en nature. Ce'tait donc un dix-- mi11ie~me (le gramme de seigle ergrot6 que ma mialade lprendlrait en 48 hieures. Or, j'avais beau me repe'ter la tlie'orie de Pe'troz sur la puissance e'1ectro-mnagnetique coinmunique'e aux drogucs par la trituration, ce dix-millie'me de grramnme me troublait la conscience et me paraissait, (lans tin cas qui menapait de (levenir grave, si-lne l~tait de'j'h, une pauvre planche de salut. be 26 juin, la perte est exactement cc (juelle 6'tait la -veille; mais le pouls est plus de'pressible; la mnalade a sensiblement pa'i. be 27, meme e'tat. 11 est eivident que les pilules ne produis~eit aucun effet. La paleur est plus grande qu'elle ne le'tait la veille;- les 1evres et les g-encives sont d'colore'es. La mnalade 6prouvc ce sentiment d'anxie'te que provoquent los pertes de sangr. Comme j'ai vu quel(juefois, en circonstances pareilles, une de'coc tion concentre'e de grande consoude donner lieu h de bons re'sultats, je me demande s'il ne serait LE SEIGLE ERGOTk6 63 pas opportun de recourir h cette preparation'. Je m'en abstiens toutefois, dans cette pensee que, si le pharnacien de Paris y a mis de l'exactitude, la preparation homceopathique, si impatiemment attendue par la nalade, devra me parvenir dans quelques instants. En effet, " neuf heures, le facteur de la poste me remet, contenues dans une lettre, les six doses de seigle ergote, troisie'me trituration, qui nous sont envoyees de Paris et dont la malade prend iinmmdiatement une premiere dose dans une cuilleree d'eau. A mnidi, amehlioration notable: est-ce leffet de l'imagination? c'est d'autaiit plus admissible qu'on a vu souvent des e~motions miorales determiner instantanelment des pertes ute'rines. Il n'y anrait done rien d'etonnant h ce qu'une action morale d'une nature approprie'e produisit un effet oppose' G a va mieux, pa va mieux, me dit en souriant la inalade. Le sang ne coule presque plus. Demain, je serai hors de mnon lit. ) A 6 hevires du soir- (une deuxie',me (lose a ktt6 prise h deux heures,) la perte est do'cide'mient arre1te'e. La malade prend un pen de bouillon froid et une aile de poulet sans pain. Je crains, je l'avoue, que ce petit repas ne soit pre!mature et qlu'il ne ranie'ne les acci1. La grande consoude, symnphytumn o/ficinale, est, dynamis~e, Un m~dicament pr~cieux dans certains cas de pertes passives. Je 1'emploie de la,ixieme a la douzi~me dilution. 64 64 LE SEIGLE ERGOTE dents. Mais ii itI'en est rien. be pouls se re e~ve et voilh tout:le sangr ne reparaft point. 28 juin', 9 heures diti watin. La mnalade s'est tenu parole-; je la trouve en robe de chiambre., assise dans un fauteilil. Nulle apparence de perte. 11 y a eu pen(lant la nuit quatre "a cinq hieures de bon sommneil. be 29. Elle fait plusieurs repas-, et se proine'ne dans le pare.Elle se sent encore un peu faible mais, 'a cela pres, tre's-bien. be 30. Elle manige hi la table commune, se prome'ne pendant plusieurs heures, et passe une grande partie de la soiree au salon. Enfin. le 2 juillet., elle procede elle-me~ine h ses preparatifis (le depart et part en effet le lendemain pour Versailles, au grand &'onnemnent de tout le inonde, car sa maladlie, (lont on nia pas manque, comme de r'aisoin, (Ie s'exagrerer le daniger, a fait e've'ement "a Bagrnolles. be directeur de e'3tablissement, quelques baigneurs et moi, nous lavions reconduite h sa voiture, puis ons'tait dispers6. INloi seul, absorb" (lans mes r' flexions, j'&'ais reste' sur la grande route, h lombre d'un des frc'nes qui la boi'dent, le dos appuye' contre le tronc (Ie cet arbre et suivant de iceil mnachinalenient ]a voiture (qui s'e'loiognait (lans la forkt. La voix de notre directeur me tira de cette re'verie. - Eli bien, docteur, me dit-il en riant, I tes-vous LE SEIGLE ERGOT2t6 65 done en extase, et comptez-vous rester la' douze heures, comme Socrate au siege de Potide'e? -Pardon, re~pondis-je sur le meme ton, Socrate e'tait reste en plecm soleil, et j'ai eu, comnme vous le voyez, le soin de me mcttre ht lombrc. - N'importe, vous avez lair contrit et hiurilie'. - Et de quoi donc, s'il vous plalit? - Eli I inais, (locteur, clavoir e't6 lattu par l'homnceopathie; car ii n9y a pas 'a dire, vous avez C'e battu.... Je souris, et ii continua: - Vous allez voir que ces charlatans d'homicopathes vont 'venir de'sormnais nous relancer jusque chez nous. Au fait, voyons, docteur, que pensez-vous de tout ceci? Je commence par vous declarer, quant h moi, que mon opinion est faite. Car, de quoi s'agit-il? d'une perte qui, apre~s avoir dure' trois jours, finit par s'arre~ter.... d'9elle-mie~me. 11 n 9y a ricii d'I terncl dans ce monde. L'admninistration des doses hioinoeopathiqucs a-t-ellc e'te'pour quciquc chose dans cc resultat? Eli Imon Dicu oui, pour lbcaucoup peute'tre; mais uniqiucinent, soycz-cn suir, en agissatit sur l'imaginatiou (le la niala(Ic. NYC'tes-vous pa emon avis? - Je ni'cn sais rien., relpliquai-jc. Atais qu'oun mie fas-se voir enicore trois fait.,-; coimnie celui (10111~j vcieins dI'etrc te'mohin, et je proclaine "a la lace (ILt ciel (Iuci cei charlatans) d'homowopathces ont raisoni couticr nious et 4. 66 LE SEIGLE ERGOTE que les infinitolsimaux valent mieux que nos medicaments. Que la cessation presque immn6diate de 1'h&. rnorrhagie, des que la premie~re dose honceopathique a 6t6 administree, soit le r'sultat d'une coincidence fortuite, c'est ce qui est peu vraisemblable, mais enfin c'est ce qui est loin d'itre, je le reconnais, math~matiquement impossible. Le hasard produit parfois des effets plus surprenants. - Mais l'imagination, docteur, 1'imagination? - El! monsieur, on ne voit pas pourquoi l'imagination servirait les homceopatlies mieux quIelle ne nous sert nous-inienes. Et ce que jadmets difficilement, c'est que trois fois, dans 1'espace de deux ans, Ia menme medication, que vousct moi nous tenons pour negative, ait pu donner lieu aux mines r'sultats positifs. - Trois fois I cest ce que nous ne savons point. - Quel intlere~t cette pauvre femme avait-elle h nous induire en erreur? - Bravo!I docteur, bravo I je vous vois d'ici ' trespeu de temps distribuer des globules "a vos malades. - EhI pourquoi pas, s'il m'est demontr6 que les globules gue'rissent? Mon digne interlocuteur etait un homine instruit, mais il C'tait phal'acien; cest pourquoi ]a seule ide'e des globules le faisait bondir. I1 se prit (lonic " rire, d'un grros rire amer, et nous nous se'par~nmes. LA BRONCHORRHI2E ET Il. TROUSSEAU 6 67 Mais on' verra biento~t comment, ht mon e'gard, sa prophe'tie se r6alisa. Chacun de nous puise surtout en soi, relativement a toutes choses, les ve'ritables l6m6nents de ses croyances ou de ses- ne~gations. Car nous avons beau faire, nos impressions intimes subordonnent notrve logique. Jamais ce qu'on noiis dit, ce que nous lisons, ce que nous eiitendons, ce que nous voyons meine ne laisse dans notre entendement une empreinte conmparable par sa profondeur et, partant, par sa dur~ee a celle qu'y font, si je puis parler ainsi, nos sensations inte'rieures. C'est donc particulie'rement dans le re~cit que j'ecrirai tout 'a iheure qu'on trouvera., pour peu qu'on s'y inte'resse, la vraie de'termiination de mies coniviction~s ulte'rieures ýt I1) gard de 1'homoeopathie et de la direction deofinitive de ma carrie're me'dicale. Quelques semaines apr~s le depart de notre mnalade de Versailles, c'est-a-dire vers la fin de juillet, bien quo le temps ffit sec et chaud, et que je iieusse pas souvenir de m'e~tre refroidi, je resseiitis les preminires at teintes d' une a tiec tion des bronchies, tr's-l'.gere au de'but, niais qui, peu a peu, tre's-1eitetnient, auginenta d'irnteiisit6' et unMit, "a la longrue par devenir inquiectanle. Etait-ce un r-hune? une bronchite, un caiarr/ic sec j)uis )'nttqwux? N'dtait-ce inc'me pas un catarrhce -sa/focant? (mon pe're avait cette inmaadie) ou pis encore, unc phihisie ItibcrculL'ase en voie do d3e'veop 68 LA BRONCHORRHftE ET M. TROUSSEAU pernent? Les hypoth~ses que fait le mn'decin sur le, mal dont Ai est personneflernent atteint sort rarenient couleur de rose. Ce mot de rhnme qu'emploie le vulgaire, est, ii faut en convenir, terriblement 61 astique, car ii embrasse, (lans l'acception qu'on liii donnie, la presque totalite' des affections des voies ad'riennes, depuis le plus ephe'inere catarrhe nasal, h la plithisie inclusivement, puisque, sur (lix phthisiques qul succombent, neuf au momns passent, pour e~tre morts d'un r-hwne, vm~glige'. Mfais le mot de broiichite que le." nin'decins de toutes les 6coles ont emprunte' h la nomenclature broussaisienne, est-il 1 ui-mn'ime irrelprochabl e? La bronchite, nous dit-on, est l'inflammiation des bronches, ce qui nous donne claireinent l'idee d'une seule et invariable espe'ce de bronchite. Mais on ajoute: elle est aigu6 on chronique, ce qui peut faire supposer (leux espe'ces de bronchite. Enfin on n'hlesite gue're h dire que, lorsqu'elle est intense ou inal soign~e' la bronchite pas die Fe'tat aigu a e'6tat chronique, ce tini re'duit 6videiinment les deux espe~ces h tine -.-)eule. Telles soiit les niaiseries qu'on nous ralache depuisi un bon tleii-siecle, que AL. le pi-ofesseut- Grisolles a grand soi (IC reproduire d~ans son~ Trait Ai pathologic mbacroc et (lui, seloii toute apparenice,, ne sont pai pivs die (lisp arait~re de lenseigvnemneit offic-iel. Laennec, ocnie lplatiqlte et protbnde'nient observa LA BRONCHORRHgE ET M. TROUSSEAU 6 69 teur, pr~ffre le nom de catarrhe pulmonaire h. celui de bron chite. C'est que L aen nec n'6'tait point d e ces hommes qui, pour satisfaire h l'esprit de syst~me, volent les faits h travers une folle abstraction, pour les entasser ensuite pe'e-me'e sous une etiquette de convention. ((Les catarrhes pulmonaires, dit-il, pre'sentent un grand nombre dA varie1~s sous les rapports de la nature et de la quantite' de la matie~re expector~e'e de e'~tat aigu ou chronique de la maladie ou des circon stances concoinitantes 1. ))Puis, avec. un art admirable, ii de'crit: 10 un catarrhe muquoutx aigat; 20 un calar~rhe mu tqucuix chr-owique; 30 un catarrhe piluiteux; 4o un calarrhe sec, inde'pendamment de ce qu'il nomme les inflamnmatiorts plastiqacs ou COitenniteses, et les inflammnations ulc~rettses des bronchies, car, pour lui, ii n'y a pas qu'une seule sorte d'inflammnation. De son propre aveu, d'ailleurs, Laeniiec aurait pu de'crire encore bien des espebces de catarrhes et, s'il ne l'a pas fait, cest qu'il sentait peut-re que, vu la pe'nurie (les ressources the'rapeutiques de son temps, cela niecit servi h rien. M. le professeur Trousseau donne le noi (le bronchorrhUe et aussi de blennorrhMagie puimhonaire au catarrhe inuqueux de Laennec. ((Sans forcer aucunement l'analogie. dit-il, on pent dire que les affections I. Traih de lauseultation midicale, t. 1, p. 152 et suiv. 70 LA BRONCI-IORRI-ItE ET Al. TROUSSEAU catarrhales des voies respiratoires, celles du momns qui sont accompagnedes de flux muqueux abondants, sont comiparables aux affections catarrliales des organ es genito-urin aires, auxquels nous doDnnons le nom. de bleninorrhagies. Or, ces blennorrhagies sont de diverses espe'ces 1. ) M. Trousseau proce'de 'a I'6num&' ration de ces espe'ces, en compte au momns dix, puis ii ajoute: ((En appliquant cette de'nomnination de blennorrhagies aux s'cre'tions catarrhales mucosopurulentes qui se font h la surface des autres membranes muquenses, de ]a membrane muqueuse oculaire, par exem-ple,.vous en reconnaitrez, cim pour les organes genito-urinaires, dle differentes "spces, ))et, en effet, l'6minent professeur d'crit somm airement quatre espkces d'oplithalmies catarrhales. Mais pourquoi seulement quatre? pourrait-oii demander h~ M. Trousseau, si lanalogie qu'il invoque W'est point une chime're. Pourquoi pas dix especes d'ophthalm-ies catarrhales, aussi bien que (lix espe"ces de bl ennorrhagies? Ce W'est pas h nous de re'pondre. Enfin, M. Trousseau, poursuivant son ide'e et abordant de front son sujet, mentionne, mais sanis les 6nutneirer ni les decerire, di/fdrentes cspe'ces de catarrhes ou de ble unorrhagies pulinonaires. A la bonne hieure,) nous voila' bien loin de la bron1. Clinique sn~dicale de I'HMtel-Dicn de Paris, t. I, p. 558. LA BRONCHORRHIEE ET M. TROUSSEAU 7 -41 chile des broussaisiens et, pour le praticien,ces esp"ces multiples de catarrhesi pulmonaires sont conformes aux faits journellement constate's aux lits des malades. Mlais ces recherches de~icates, ces fines distinctions (lespe'ces multiples pour une m~me maladie noniinale, distinctions qui te'moignent (lune observation (le'ao-'e despr de sLsteme supposent enite'rapeutique une re~forme radicale. Nkcessai'remeizt, chaque espece de mnaladie re'clarne son trailemeut spe~cial, et cest par la", sans doute, que M. Trousseau va conclure. Etrange illusion! commne s'il s'agissait jamais en allopathie d'e'tablir, entre le reme~de et la maladie,, uiecorlation quelconque!I Laissons plut~t parler M. le professeur Trousseau L'administration. des preparations balsamniques (lans le traiteinent des affections catarrhales des organes ge'nito-urinaires, chez ihlomme et chiez la femmne, est une medication aujourd'hui tellenmen t vulgari-see, que non-seulement ii est peu de praticiens qui n'y aient recours, mais encore lu'il est peu d'individus atteints de blennot-rhagl-ie qui, avant de prendre aucun avis me'dical, ne se souinettent d'eux-nim'ies "a lusage de ces he'dicaments et plus particulierement 'a lusage du copahiu. ))En vertu de quoi, M. Trousseau, pre'conise liardiment le copahu contre les blecnn-orrha-giespntilm~onaires. Et voila' dans toute sa splendeur le ge'nie de lallopathie!I voilh la, logique du plus 'mnineiit de ses adeptes I voil"I 72 LA BRONCHORRIIH~E ET M. TRZOUSSEAU la the'rapeutique qui a cours (jusqu'h ce que la mode en soit use'e) h F'Hotel-Dieu de, ParisI Mais d'abord, M. Trousseau, vous n'avez pas le merite de l'invention; et Veussiez-vou, qu.Ientre nous ii n'y aurait pa de quol vous en montrer bien tier. Ainsi que Van Helmont en avait fait la reinarque, votre me'decine uiavance pas; elle tourne sur son axe. et, par le fait de cette e'volution, elic reinet pe'riodiquement en lumiiere certaines vieilleries, abandonnees en leur temps et pour cause. Laciniec, en effet, reconji-ande, contre le cataTrhle inuqueux. chronique, c'est-ai-dire contre votre bleun orrhagrie, pulmon aire, les balsainiques et notamment he bauine de copahiu,,Klorsque l'estoinac du inalade peut les supporter '. ) Vos malades out-uls lestomiac plus robuste que ne lavaient ceux de Laennec? Je ne, idarre~terai pas h vous chicaner sur de semblables i-tihles, les objections que j'ai "a vous faire. etant de toute autre porte'e. Permettez-moi d'abord de v%,ous faire observer que si, comino vous he dites, et comnie noen nest plus vrai d'ailleurs, beaucoup d'indiv-idus, atteints (le blennorrharie, s'adiinistrent, sans consulter ni vous ni personne, le bautne do copahu, exactement comnie, en dFautres circonstances, ils s'adminisirent aussi do hour chef',) tel ou tel purgatif, le purgatif Leroy, par 1. Loc. cit., p. 188. LA BRONCHIORRIILEE EOT M. TROUSSEAU 3 exemple, les grains de sawe', les pilules antigoutteuses de Bair, ou telle autre drogue plus ou moins dangereuse, uls n'ont pas toujours lieu, ii sen faut bien, de s'applaudir de leur te'merite'. Mlais reprenions votre raisonnement qui, au fond, se re'duit "a cec~i:Le copaliu gue'rit les blennorrhagies uetaedn ldi guerir de me~me les blennorrhagies1- pulmonaires. Peut-e~tre le donc ici n'est-il pas tre's-rigoureux, car ii n'est pas pre'cise'ient de'montre' qu'un nie'dicament qui agit d'une certaine fa~on sur la muqueuse de l'ure'tre n'agit pas tout dilf6remmnent sur la muqueuse des bronchies. Mais e&es-vous bien sumr, M~. Trousseau, que le copahu soit apte hi gue'rir toutes les varie'te's de blennorrhagies ure'trales que vous mientionnez, un peu l6ge~renient ce me semble, h l'appui de votre th ese, ou, pour parler plus net, ii'ktes-vous pas s An du contraire? J'affirmne, quant h mol, et vous avez h ]a fois tirop d'expe'rience et trop tie loyaute' Pour n1ell pas convenh-l, qu ion traiterait en pure perte et sanms la moindre chance de succe's, par le copahu h~ toutes doses:10o la blennorrhagie syphililique ou symplomzatique d an chancre dans l'itr'trc; 2o la bcicnorhaie rhurnatismale,; 30 la blcun~orrhagi.e herp~ipiqe; 40 cntii, la blennor-rhagie cles enfants en travail de de-wilion, dernie~re varie'te que, par parenthe'se, les lmoinolopaties font inv-ariablement cesser, en deux ou trois jours au plus, avec queiqucs grlobules de inercure 'a la 74 IA BRONCHORRIIIE E T M. TROUSSEAU trentie'?w dilution 1. Or, si, sur les clix e.;peces de blennorrhagies que vous signalez, ii y en a quatre au moins que ne gue'rit point le copahu, sans compter d'autres encore dont vous ne parlez pas et qu'il ne guerit pas mieux, comment pouvez-vous conclure, de lpareilles dounces, h l'efficacit6 de cc medicament contre los blennorrhagies pulinonaires? En ve'rite, M. Trousseau, c'est de lemipirismne quo vous faites, toujours de lempirisme, et c'est 'enipirisme que vous enseignez, ce qui nest pas digne de vous. Que personne, au reste, naille s'imaginer que, pour me donner plus aisement raison contre M. le professeur Trousseau, j'aie malicieusement choisi dans son livre le seul point qui y ftAt attaquable; j'affirme qu'il n'y a pas dans les deux volumes de sa Clinique do 1'Hdtel-Dieu, une seule page qui ne tombe sons le coup ie la memne critique. Et cependant notons ceci que, de tons les onvrages du me1me genre que l'cole officielle a produits, depuis cinquante ans, celni de Al. Trousseau est de beaucoup et sans comparaison le mneilleur. Nons voilh done fixes. Tons les efforts des nosographies pour multiplier los types en pathologie et pour determiner parmni les maladies des distinctions de genres, d'especes et de varietes, sont des efforts 1. Je poss~de, pour ma part, 14 ou 15 observations de ce genrc. DES TYP~ES EN' PA-\TLIOLOGLE - sans but et qui n'offr-ent d'autre inte'ret qu'un int~re~t (10 pure curiosit6. Les maladies se traitent en mase., et leur de'signation ge'nerique, souvent elle-mmelh fonde'e sur de grossie'res et fausses analogies, sert seule de base 'a la medication "a laquelle on los soumet; tant pis pou los especos qui so de'robent h." cette '~dication ou bien encore que colle-ci exasp'rc. ((l1 faudra bien que la. petite v~role shlabitue aux saignees,a) disait un fanatique de la doctrine de Broussais; or, tous les allopathes en sont la' plus ou momns. Un botaniste serait tout aussi logique, si, pour de'duire de sa science des pre'ceptes d'hy gie'ne, ii 3crivait r'solfi ment: FAMILLE DE VEGETAUX COMESTIBLES, en tate (10 la fcunille des citcurbilac~es, qui contient en offet la citrouille et le mielon, mais aussi la coloquinte, poison assez violent; ou bien enicore: FAMILLE DE VIEGETAUX VENE'NEUX, en tete de la famnilic des solane'es, oubliant, pour genclraliser plus hi laise, que la pomime (le terre vient ici prencire sa place entre le tabac et la stramoine. Quant aux lionnicopathes, ils acceptent d'autant plus volontiers les types traditionnols et los dc'nominations usite'es qu'ils y attachent momns d'iiportanco. Ce n'est jamais le nom de la maladie (jui (ictorininie icur me~dication. C'est pour eux, somblorait-il, (lu'un culebre philosophe a 6crit cot adag-e: La ve'rite' ost tout entie're dans, los nuances. aLos c-Irconslanccs '76 DES TYPES EN PATHOLOGIE concomitanrtes, dont parle Laennec, pouvant varier h l'infini et modifier "a lavenant la me'dication, ii s'ensuit que, pour le veiritable liomowopathe (abstraction faite peut-etre des grandes influences epidi-niques qui, pendant qu'elles r'gneiint, tendent h imprinier aux affections pathologiques une physionoomie commune), ii y a pour ainsi dire autant de maladies que de malades. Mais ii est temps de clore enfin cette longue digression. Existe-t-il quelque fobrine de blennorrhagie analogue hl affection des bronches, doiit je fus atteint h Bagnolles et que je vais essayer de decrire? Cest, je le confesse humblement, ce (que je ne me suis jainais delanide'. Un pen de chaleur et en mine temps uii vague sentiment de'constriction et de ghie h la gorge, cominme si la muqueuse pharyngienne efit 6te imperceptiblement boursoufhie et excoriee; enfin, de temps en temps, une le'gere titillation, mais trop faible encore pour provoquer la teux; voila tout ce que j'dprouvai pendant himit ou dix jours an moins. Apre's quoi, la titillation augmnentant, survint uie toux s-che, qui apparut et se maintint sans frisson, sans chaleur "a la peau, sans nulle trace de coryza, en un mot sans aucun des symptcmies precurseurs ou concomnitants de la grippe on du catarrhe aigu. Cette toux 6tantt d'abord faible et de courte (inree. M2 DECIN MALADE 7 77 je n'y fis aucune attention, mais insensiblement, elle augmenta de fr'equence et d'intensite' et force me fut bien d'y voir une maladie et, qui plus est, une de ces inflammgations prim itivernient chroniqutes, comme les avait nomme'es Broussais; ce qui e'tait peu. rassurant, pour moi. Quel est le me'decin qui, une fois en sa vie et pendant huit jours au. momns, ne se soit~cru. tuberculeux? La sensation qui ~m'obligeait "a tousser &tait comparable h celle qu.on ceprouve en aspirant dc la fum~e' de bois vert qui a peine h brc-Uler,, on micux encore une vapeur Acre, lacide sulfureux, par exempie, avec, cette diffifrence que la muqueuse nasale n'"tait le sie'ge d Iaucune irritation et qu'il n'y avait. pas de larmnoiement. Les choses dure'reiit ainsi pendant piusieurs semaines, car ce ne fut gue're qu'h" la fin du mnois- d'aout que l'expectoration cominenC~a "a s'e'tablir. Au reste, inenme apyrexie, tehte parfaitemeiit libre, nul trouble du c(^te' des voies digestives, pas dle douleur danis la poitritie, pas dle se'cheressc h la peau. ni de sueur insolite; bon appe'tit et bon sominmeil; je ne toussais pas la nuit. L'expectoration augmienta lentement cotmme avait fait la toux. Mais celle-ci, loin de s'aniender par' le (leveloppement de lantre, poursuivait an contraire sa inarche ascen~dante, si bien que, vers le milieu de selptembl'e, je mec trouvais at pen pres (laiS IC-tat (Jue voici 78 78 ME2DECIN MALADE Toux d'une violence, extre~me et presque incessante, dans la matiri6e, c'est-h-dire depuis linstant oji, quittaut mon lit, je mettais pied 'a terre, jusqu'au milieu de la journue. La fraicheur du matin, la plus imperceptible trace de fumiee dans l'appartement, toute esp~ce de mouvement: parler, marcher, rire, fumier, mangrer, tout provoquait les quintes. Celles-ci s'accompagnuiajient d'un spasme de la. glotte, mais qui, h l'inverse de ce qui a lieu dans la grippe ou. dans la coqueluche, se manlifestait exclusivemeut pendant Finspiration., de telle sorte qu'il miiarrivait rapement de commencer un repas sans que, une quinte survenaut, quelques parcelles d'aliments fusseut entraine'es dans les voies ae'rieuues. Alors ii me fallait quitter la table, car c'6tait une demii-hieure (le veritable arigoisse et dle toux 'a me rompre les cloisons interve'siculaires. Accusaut "a tort peut-e~tre, lusage du ci dre, que j'Iaitnais mais auquel je nii dais point accoutume, j 'avais cesse dcii boire; j'avais aussi presque eutierement c es se (le fumier, ce qui me privait beaucoup, ct de imonter "a chieval, cet exercice, (lout j'avais poui'taiit utie tres-g"rande habitude, me (levenant impossible. Les quintes s'6'loigniaieut sen'siblement dans l'apre'smidli et pl)us encore daus la soiree, si ce nest "a ihleure du repas. Elle inauiquaieut totalement daus la premi ire 1)artie (dc la nuit; inais elies me re'veillaient MftDECIN MALADE W9 invariablement entre trois et quatre heures du matin; apres quoi je me rendormais et ne toussais plus jusqu'h l instant oh" je me levais. Expectoration tresabondante de mucosites opaques, epaisses, agglom6 -rees et non filantes, comme dans le catarrhe suffocant, douleur de brisement et, de temps en temps, tines e lancees, ýA et lh, dans les muscles du thorax et dans les membres, autour des articulations. Du reste, pouls a 70, pas d'amaigrissement, pas de sueurs nocturnes, pas de douleurs fixes sons les clavicules; ni palpitations, ni menme d'oppression, si ce n'est parfois en montant; ligere constipation; bon appe'tit, que je souffrais de ne pouvoir satisfaire. Enfin, malgr6 de facheuses conjectures sur mon 6tat, moins triste qu'irritable, et mime port' h la cohwre, ce qui n'est pas ma disposition normale. Yingt fois peut-eitre, il m'arriva d'allumer un cigare, puis de le jeter et de 1'Icraser (Lu pied, avec une absurde tureur, en me sentant pris d'une quinte " la prernire aspiration de funime. Je tis mime mieux un jour: je brisai, ayant grand'faim et ne pouvant manger, ma tasse de chocolat encore pleine; ce qui me fit rire, linstant apr's, et aussi tousser de plus belle; un vrai plithisique, aurait eu lesprit beaucoup plus conservateur. Heureusemient la saison approchait de sa hin. Coniptanit un peu, miis, helas I sanis raison, comnme on le verra, sum' le benefmce d'un chanmgement (lair. so so MEDECIN MALADE souvent si favorable aux affections spasmodiques des broncbes, 'a ]a coqueluche, par exemple, ii me tardait de quitter Bagnolles. Les qninze, derniers jours que j'y passai me furent r~e'eement des plus pd'nibles. Enfin le Jer octobre je me mis en route pour Paris; je fis le voyage en chais--e dle poste, en, compagnie d'un de mes client,;,. Nous- couch~imes h Bayeux. Nuit exe'crable I L'air de Paris me gue~rirait-il? J'etais encore en droit do l'esperer; mais, pou sr, celui de Bayeux ne m'd'ait point, propice. Ne pouvant dormir, je mc levai de bonne hieure. 1I faisait frais et je tou-s-sai 'ai perdre haleine. De'sirant visiter la v'ille et surtout laisser quelque repos' h mon compagnon de route qui no pouvait manquer do m'entendre, sa chambre ne'tant se'pare'e de la mienne que par une mince cloison, je sorti-s. Mais ce'tait pitie' de me v7oirf Je ne pouvais faire dix pas sans, m'arreter pour tousser. Parmi los'- rares pa,ý,aits qui' allaient hi leurS affaires, les uns me regrardaient d'un air do compassion; les autres hochaicut la Roe d'une fii~on.qui (lisait clairement:Pauvro, diable. fin Was, plus longtemnp.- ~I rester (lans. ce miondo. Jo los com-prenais-, cc (fUi ine faisait sourire. AMais,a aon d, j'ctai~s- dc(pitc',et, sants avoir vn autre chose de ]a ville qu'une e'glise et ]a lplace (In marche', je rentrai 'a mon holtcl, pestant., Inaugrreant, jurant, et no ton ant nulloment "a vivrce plus longtemips si jO devais vivre ainsi. Enfin, vers MAEDECIN MALADE S 181 los neuf hieures nous remonta~mes en voituro, ot le soir, j'&'ais h Paris. Mais, dira-t-on sans douto, qu'aviez-vous fait pou vous guerir? n'aviez-vous re'clam6 l'aide d'aucun de vos confre'res 9 No vous 6'tiez-vous soumis 'a aucune espece de traitement? Car enfin, ii n'est gue~re dans les habitudes des me'decins de croire quo los maladies se gue'rissent doelles-meines. - E liI pluAt h Dieu, re'pondrai-je, qu'il en ff~t ainsi pour bon nombre d'entre oux! Ils e~pargneraienit (lu momns "a Jours malades les inutilos, tortures qu'ils ajoutent "a lours maux. Mais enfin, je m'6'tais traite' et je vais dire comment: Co Gst, pr~tend Hippocrato, dans l'emploi des inoyons simplos quo los grands me'decins diffeiiet surtout des autres; ))j'uisai donc d'abord des moyens, simples: tisanies de toutes sortes,,a~frailchissantcs,,iucilagifletses, d~iayaw es, calmnanes, pecborales, bWchiques, aflodi'fes,lpuis los pastilles et le sirop do Tolu!, dont j'appro'ciai la savour agreablo. Mai,;,. attoiidu, sans douto, quo je n'&tais pas un grand miedociin, le pere do la m6(loecino se trouva danis soni tort: tisanos,, lpastilles et sirop no me firent aucun bioni. Uni looch kei-?ictis me (lerallgoa lostoinac oni lptlf Po1'te. Un looch opiac6 noeut d'autro olfot quO (10 troubler moil sominmeil et (d0 me coiis-tipor poiilaiit (loux jours. 5. 82 52 TRAITEMENTS ALLOPATHIQUES be 92 septombre, un vomitif, autrement dit, un gramme ciniquanto centigrammes de racine d'ipecacuanhia en p oudre. Me~dication stupido, recommande'e Jpourtant par les prirwes de, la science! Je n'en tirai d'autre profit qunune matinele d'angyoisses, cinq on six vomnissemonts pe'nibles, un 6'tat nause'oux et, uno soif incommode qui dure~rent une bonne partie de lajourne'e, sans pour cela que la nuit suivante futt sensibloment moilleure que colle de la voillo. Et cependant, va-t-on s'ecrior, tout le monde sait quo los vom-itifs, et plus particulie~romnnt, l'ipedcacuanhia, so sont souxeimt lngntre's tre's-efficaces contro les catarrhes pulmonaires. - Je no l'ignore nullemoent, ot, pour donnor 'a l'objoction toute la valeur (u'LU 11 pout avoir, je citerai hm sonl appui le passage suivant (10 Laennoc: ((Parmi ces nioyens (coux dont les catarrhes muqueux chiron~iquos re'clamaient l')emploi) aucun n'est plus souvent utile que los vomnitifs re'pe'tes autant que le, pormottont la force du sujet et la manie~re dont ii los supporto. J')ai gue'ri par ce seul. moyen des catarrhos de~j'a fort anciens choz dos viejillards, of surtout chiez los adultes et los enfants. J'ai fait prendre, (lans loespac~e d'un mois, avec. un succe'l, comiplet, quinzo vomitifis "a uno damie do 85 ans-, maigre, mais qul d )aillours no rossontait aucune do,,hinirnnte's (10 la vieillesse, si co nWest un catarrhe TRAITEMENTS ALLOPATIIIQUES 83 muqueux qui durait depuis dix-huit mois et qui 'tait tellement abondant qu'elle rendait chaque jour environ deux lijres de crachats; elle a v~cu huit ans apr~s sa gue'rison. 1 )) Eli bien I nonobstant le lernoignage de tout le. monde, et nonobstant le temoignage de Laennec, plus imposant que celui de tout le monde, je maintiens que l'emploi des vornitifs dans le traitement des catarrhes pulmonaires, constitue une medication d6'plorable, uniquement fonde'e sur une confusion d'ide'es, c'est-h"-dire sur une des mulle grosses erreurs qui forment la base de lancienne the'rapeutique. Oui, ii est vrai, 1)arfaitement vrai, je le reconnais, qu'on a vu certains catarrhes pulmonair~es gue'ris, celui-ci par le kerme's, celui-lat par Il'mm'tique, un troisie'me par l'ip~cacuanhia, de me~me qu'Ion en. a vu grueris par larsenic, d'antres encore par le sonfre. etc., etc. Mais s'ensuit-il que le kerm-ies, l'e'metique et l'ipe'cacuanhia doivent en pareille occurrence leur efficacit' 'a la proprie'te commune qu'ils out dle convulser lestomac et (le provoquer les vomissements? PAS LE: M~OINS DU MONDE. Chiacun de ces me'dicaments, ainsi qiie le dcinontre l'expe'rimeentation physiologiquc corrobo ree par' lexpe'rieiice clinique. correspond et une forme, particuli~re de catarrhe pulnionaire 1. Laennee, Op). cit., t. 1, p. 187. 8-1 51 TRAITETMENTS ALLOPATHIQUES qu.il guhrit SPFCIFIQUEMdENT et nullement parce qu'il fait vornir. Je dirai plus:c'est qu'il est aujourd'hui surabondamment prouved que chacun de ces me'dicaments, adrninistre' non au. has-ard eta' titre de voinitif, mais rationnellement, c'est-ht-dire co iiform ement au. principe de similitude, agit cl'aitctat plus vile ct d'autaut pilus st-trem cut sur- l'offection br-onchiquc qu'il ne fait pads vomir.h Ni le kerme's ni l'ipe'cacuanha e'~taient donc des vomitifs approprie's 'ala. nature lparticulie're de ma maladie. Autrernment, lFun ou lautre, c'est-li-dire celui des deux qui se serait trouve' homceopathique "a celle-Ili, tout en me faisant vomir, 6e dont aprebs tout je me serais volon tiers passe', mi'eci apporte ni6cessairemen t un soulagement conside'rable. Car voilli comment s'explique lintervention Si vanitee, bien qu.'en 501 s1 repoussante et si pe'nible, (les vomilifs dans les observ~ations dle catarrhes pulmonaireSP, publi ies par Laennec et les autres auteurs. L'erreur de'plorable des allopathes est de penser que Iec; ine~dicaments auxquels uls do-nnent le noin d evacitants, n out d'action que sur les voics digrestives. La virtualit6 de. ces ine'dicameiits, si cule iie se pcrdl pas Clltib'rcenlet, c~esse au mom0hs (ic'tre aplpreciable au. milieu des violentes et hiufiuis pC1'tu1riatio~iis locales qu'ils- deltermi neiit, aux -to-ses excessives oii Yon a i'liabitude de les admninistrer. TRAITEMENTS ALLOPATHIQUES 85 Le 4 et le 6 septembre, je pris de l'eaut de, sedlitz.-, autrement dit une solution gazeuse (le sulfate de soude on de sulfate de magnesie, ad libitum; les allopatlies n'y regardent pas de si preos. Mais pourqnoi de l'eau de sedlitz? Je n'en sais vrraiment mien. Imbus, souvent h leur insu, des3 vieilles traditions grale'nistes, beaucoup de me'decins, et j'e'tais alors du iiombre, sont toujours pre~ts h attribuer un rolle capital aux hzvm ars dans toutes les maladies. C'est-hdire qu'ils con~fondent les effets avec les causes, et prennent pour la maladie de sa nature, purement dynarnique et par conse'quent insaisissable, les secretions surabondantes ou plus on momns viciees auxquelles eltle pent donner lien. Cette grossiere the'orie est d antanit plus accre'dite'e qu'elle a pour elle lassentiment Opon )ur mieux dire les pre'Jugres des malades. Ces (lerniers, en effet, sont toujours hunor isles. et tout ce (tui, en mnedecine, ne tombe pas sous leurs senss, nexiste point pour enx. Comment., par exemple, persuader "a un hydropique que le liquidese'renx, que lui font renidre en abondancee qnelques pilules de gommne-gutte, ne constitue pas la cause premiiiere et uniique de soni nial? Comminenlt lni faire coinprenidie Itme, p)our1 le gne'lir. ii s'agit b eaucoup mom~s (le le (lebIarrasser nic'aniquniewe. de I]a se'rosi te qui enicoinb-re ses visce'res) qne de rene'diei' an (iesordre dyna 86 56 TRAITEMENTS ALLOPkTHlIQUES mnique qui la. fait se reproduire h mesure qu'iIlLa rend? Quel malade nest pas tonjours dispose hi 6valuer, d'apre's le nomibre et labondance de ses 6vacuations, les bienfaits qu'il est en. droit d'attendre du purgatif qui lui a Rt' presenit? Cest par la me'me raison que beaucoup de plithisiques, he'las I se croient d'autant plus pre's detoucher h leur gue~rison qu'ils expectorent davantage. Les illusions des me'decins ne vont pas, Dieu imerci I jusque-lh', inais ils en out (lautres- de meme nature et presque aussi grossieres. Yoyvez, par exemple, dans les angin~s couenneuses, avec quelle ardeur uls con1centrent leur medication sur la. destruction des pseudo-membranies., comme si ces pseudo-membranes 6'taient pour eux la maladie culememe, au lieu d'en e~tre simplement le produit. Mais, dira-t-on, ces fausses membranes sont la cause de l'asphyxie? Dans quelques cas peut-etre; plus rarement qu on le peinse, et la. pireuve cest que (de l'aveu m(Ime de M. le professeur Trousseau, qtn nous a donne' de cette malaclie unc admirable description) de toutes les formnes de cilipte~rite, la plus grave, la plus fre'qucmiment miortelle, est celle oii linflamimation plastique se limite aux fosses nasales, en laissant libres., par coiisequent, le larynx ct la trache'e. Ce ne sont donc pas les fausses membranes qui, dans ce cas, de'term-inent lasphyxie. Qu'est-ce douc alors qui TRAITEMENTS ALLOPATHIQTES 57 la produit, puisque enfin elle existe? La maladie elleinme, qui stupefie le cerveau, annihile les fonctions des nerfs pneumogastriques, et frappe ainsi de paralysie les muscles inspirateurs. Mais, pour en revenir aux purgatits, ce que nous venons de dire explique assez limmense faveur dont ils ont joui et dont ils jouissent encore, malgre la guerre impitoyable que Broussais leur a faite tout le temps qu'il a vecu. Heureusement I'eau de sedlitz est un rem~de moins incendiiaire que ne le pr'tendait Broussais. ((be me'decin la conseille, disent MIM. Trousseau et Pidoux, toutes les fois qu'il a besoin de produire un effet purgatif doux'. )I1 est e'trange combien pour ihomne qui depuis vingt ans pratique exclusivement 1'ioomceopathie et qui a eu le temps d'oublier le vieux jargon de l')cole, le langage des grands me'decins de notre epoque ressemble h celui des nimdecins de Molie!r J'ai beau faire, je ne parviens point " garder nion serieux lorsque je me derande dans quel cas le medecin a besoin de pro(luire mu effet purgatif doux? Peut-hre cependant est-ce lorsqu'il s'ait de ce qu'on nommait autrefois 1'Flai sabur'ral des premCPtbCS voics, ou l'embarras gastriquc. L'eau de sedlitz, en effet, produit sur 'ihomnie sain, pendant un jour ou 1.. 77aiMW de Thiiapeuiique et dc Matibe nidicale, t. I, p. 670. 85 TRAITEMýENTS ALLOPATHIQUES deux, quel que chose d'Ianalogue h cette petite maladie, qu'ele a donc Pu quciquefois gue'rir homzwopatiquiement, ce dont certainement iie s'est jamais (loute' le niedec~in qni lavait prescrite. Mais, contre une affection. chronique des bronchies, 1'eau de sedlitz e'ait, je l'avoue, un ve~ritable non-sens. Le 10 septembre, je m'appliquai un ve'sicatoire de buit centir-netres de dian~tre sur la re'gion. sternale. Comme de raison, ii. m'irrita, m'empe~cha de, dorMir, me causa d'assez -vives douleurs et finalement ne me fit aucun bien.,. 4e dois dire toutefois, pour etre juste, que pendant deux jours pct-tre ii. me sembla diminuer un pen l'expectoration, mais nullemoot la toux, qui Weon devenait an contraire quo, pl)us fatigrante. Bref, an bout d'une semaine, ayant assez de l'expe'rience, et me disant avec Molie~re quo j Iavais tout juste assez de force pour supporter Mon mnal sans y ajouter 1'inc~ommiodite' du rei-nede, je supprna le ve'sicatoire, tre s-de'cide' cette fois "a ne plus me drog-uer d'ancune fa~on,et "a attendmr patiemiment (de la nature ce qu')elle voudrait bien faire de La nature cependant mce traitait en maratre. De retour 'a Paris (lepuis trois semiaines, je me trouvais exactemi-ent danis Fe'tat oii j'e'tais h la fin du mois de septembre:de~courage, nmorose et surtout irritable, euimuvC, de nioi et des antres, niangeant, h-pcine pour LA BRYONE 89 vivre, lisaut des roinans pour me distraire ou de ]a e'decine pour m'en mioquer, enfin passant dans mnon lit quatorze beures sur vingt-quatre, ce qui "t'ait odieux. La soci't6 de mes amis m'etait pourtant agre'able; mais ils m'impatientaient et quelquefois tout simiplement mce faisaient mettre en col "re en me' rptant sans cesse Vous devriez vous soigner, ii faudrait faire qucique chose, etc. ))Comme si je ne rn'eais pas, durant trois moi.s. morfondu h me soigner. J'en 6'tais donc lh, lorsqu'un matin, allant je ne sais plus oh", par le plus grand et le plus heureux hasard, car je ne sortais plus- que le mnoms possible,,je rencontrai presque h ma porte le docteur Giraud. Nous caus~mes, je lui exposai mon cas; 11 voulut bien monter chez moi, m'interrogea longuement, et je ne trouvai point cette fois que son exploration fht par trop minuticuse. A ce propos, je (lois faire un avcu:c est que, si de"g~oh~te que lou se croie de la vie, on ne laisse pas que d'y tenir encore. Tandis que Giraud mnauscultait, je scrutais h la di'robe'e, mais (inn owil avile, le jeu (le sa l)Iysiotiomnie, talcliant (ly) lire iiialgrr(' li. s'ii y avait lieu, cc quc peut-tre. ii craiindrait (lec me (lire. Jarnais les, re'sonnances (Ie Ia pcl'cussioi) tiavaieiit aussi vivemient captive' ma taculte" (lentendlre. Enfin, quand il eut fini, ce ne fut pas sans une secrvete aiixie'te que je lui adrcssai ce inot interrogateur (10 LA BRYONE -Eh hien? - Eli bien Iurn repondit-il avec un mouvernent (IcJ1)aules qui lbien certainernent n'avait aucun senls, ce qjui ne 1'emipe~clia pas de me paraitre louche, ell bien I je ne trouve rell. - Comm-ent! non? - Rien de grave, je veux dire... un peu d'engoueinetit au poumion. gauche, quelques ratles mluqueux et voilhi tout. - Est-ce gue'rissahle I - Je le crois. - Promptement? - Peut44rte. - En combien de temps2 - Oh! je W'en sais rien. - Et que dois-je faire? - Eiivoyer cliercher ceci, (lit-il en s asseyant, 'a nion bureau pour 6crire son. ordonnance. Vous en preiidrez seulemient trois.. cuillere'es par jour;puis, la potion achiev6e... iious verrons. Et ii me quitta. J~is(-ti peu satisfait. J'avais.- trouve' du vague (tails le diagntos-tic de mon. confre~re et plus dIe vagrue, encore, (lans son, pronostic. K Je le crois... peut-6tre... je, n'en sais rien... itRien Wi'~tait au fond plus raisonmiable miais Ics mialades. comilme les enfants, gocitent peu ]a raison. Ils voudraient voir dans leur LA BRYONE 91 mt~decin un oracle infaillible; s'il seinbie douter, c'est, un ignorant, ei s'il affirmne, c'est:;ouveiit, pis encore; on l'accuscra, s'il s'es-t t rompe, de n Ctre qlu'uui charlatan. La prescription de Giraud ktait ainsi conctie Prenez: Bryon. alb., 12 j. qt. Aq. stil., 150O gram. De la bryone, "a la 120 (dilution I Voilah certes, p~ensai-jc, qui iie mec fera pa~s mourir, bieni que les niais pretendeiit quc ics lionieopatlies soni (des einpoisonlneurs. S'ils emploient les poisons, uls ne les prodligueni pas. Prcndrai-je cette potion? une potion!I c'esi de l'eau pur'e. Est-ce qtie ce bon Giraud aurait compt6' sur laide de ii-on iniagination "? Cest vraiinent par trop be(^te; je ne prenidrai pas cela. Eli Imuon Dieu, esi-ce donc lbeaucoup plus be)Ute que toni cc (jUe j'ai farit jusqu'a presenit? Je ne comunais gu("re GirauI, nuais Halineinanmi, inais %P("tm'oz, mnais F'rapart sont de(s hounnies avec qui il faut complter. Et m-a rinalaIe. dec cet etc' avec son- sciqie erq6 ýz la.3e, lrj urat ton! La 3e (I ii ution passe enicore, lmais ]a 12c k1 la03, ht 120.... trai icliernett, qui adliflet lUi~e miest gute(111 (loit dle rejeter lautre. Qu'est-ce qjue j Iy risque eli son-ieli I de ruiettre l'loinw-opathie au pied (du nmur, ei voila' tout. Pui~sqie j (tai-s (lucidle h iie pl us rieti faire daiis le but de mie gue'rir, au pis aller., je ii'aurai fait (Jue 9? LA BRYONE de me tenir parole. Allons, vite en voiture; je, vais chercher ma potion, puisque potion ii y a. Giraud mnavait indiqu6 la pharmacie de la rue du IHelder et je m'y fis conduire. Mais, arrivd lh, je ne sais quelle zotte honte s'empare de moi; je me trouve ridicule et j'hesite. Ayant, je crois, peur d'etre vu, comme un voltairien pris de vel1eit6 d'entrer dans une Cgglise, on un devot dans un mauvais lieu, je me promene h grands pas, le coeur me battant, pendant (eux ou trois minutes, devant la porte de la pharmacic, an grand -',bahissement de mon cocher qui me suit d'un cel inquiet et senible se demander si ce ii'e t pas un fou (juil vient de conduire. Cependant, comme c'est I'leure des consultations et que les m'nalades affluent, leur nombre me decide etj'entreenfin ai mon tour; j'ob;erve avec curiosite, pendant qn'on execute Ia presription de Giraud, linstallation singuli ire mai. vraimient confortable de cette pharmacie, oh rien ne rappelle laspect des officines allopathiques. M'&tant fait connaitre an chef de 1e'tablissement, ii refuse de recevoir le prix de ma potion et se met "a ma disposition avec une cordialite sans affectatimnl, mai.i Jleine de convenance. Je me retire et retourne clicz moi. Dc la rue du Heider "a la rue de Grenelie-Saint-Germain, que j'habitais alors, la distance est assez grande. Aussi, ai-je, chemin faisant, (leux on trois fortes quintes et une autre formidable LA BRYONE 93 qui dure plusieurs minutes en montant mon escalier, 1)ien que je demeure au premier 6'tage. A trois heures et demie, je prends une premiiiere cuillere'e de mna potion, 'a laquelle je nie trouve d'ailleurs d'autre gocit que celui de l'eau ordinaire tre'sl6(gerement alcooliis'e. Est-ce illusion? mais ili me semble que j'en e'prouN-e presque iinmedi.alerneu1 un sentiment de bien-Utre. Au bout de, mobis c/un quart d'heure des mucosite's, qui semblent se de'taclier spontane'ment de mia gorge, mne donnent le besoin (Io cracher, et je crache, en effet, mnais sanis tousser. A cinq hieures, je n'ai pas encore loutss6 une sett/e fois. - Nouvelle cuillere'e de potion. Une heure encore s'ecoule sanis la plus Mghcgir quirae. 11 est six hieures, j'Iai grande envie de prendre une troisie~ine cuillere'e, mais c'est 'iheure die mion diner. Triste experience, qui sanis doute va rompre le charme.... Eli bienl non... je inangre sans tousser, cc qui ne m'est paS arriive depuis longrtemps. Je imose encore mie re'jouir, mais cela est 6'trange et j'en 6'prouve comme une sorte d'etonnement stupide. Une hecure se passe, deux hieures se pasient, la soire'e enitie~re se passe, et je nie tousse pas Imnais pas, une seule foisI A onze hecures, troisie~me cui11ere'e. Nuit excellentetI Nuit commne je ni'en ai pas cue depuis deux moistI 94 LA BRYONE % Ai-je touss6 en dormant? je l'ignore; ce qu'il y a de scir, c'est que la toux ne m'a pas reveille J'ai dormi d'une seule traite de onze heures "a sept heures du matin. Mais voici linstant que je redoute I Je saute hors do mon lit et j'attends la quinte... qui ne vient pas. Je crache Line ou deux fois sans tousser, comme je lai fait la veille, et rien de plus. Je m'habille, je me lotionne le visage) je m'agite, je me d&ilnlne, je prends un fleuret et je mIescrime; je me livre aux mouvements les plus desordonpes, je respire h pleins poumons, je declame, je crie, je ris de mes folies, enfin je fume... et je ne tousse pas. J'6tais gueri, mais bien gueri, radicalement gueri. Je jure sur ce que j'ai de plus sacr6 au monde, sur la tombe de mon pere et sur la vie de mon enfant, que ce que je raconte est la v'rit, l'exacte verit6, sans que je l'aie alteree d'un mot, d'une syllabe. Ah! que ne donnerais-je point pour que pareille chose ffrt arrivee h M. le professeur Trousseau 1 On assure qu'il y a dix-huit ou dix-neuf ans il n'a tenu qu a un fil qu'il se rendit a l vidence de la medication homceopathique! pourquoi ce fil s'est-il trou-V Ia"? Avec sa position dans la science et dans le monde, avec son grand esprit, son savoir, sa parole abondante et limpide, son style seduisant et son ardeur pour le travail, quelle impulsion n'ecit-il pas donnie LA. BRtY0NI7 ]i a de'couverte de Ilahnemann? I Monsieur Trousseau, -vous avez failli 'a votre (leStine'e I Dans cinquiante anls, votre nom, sans doute, iie sera point oubli6'. Les C6rudits auront lu vos livres et les citeront encore, comme uls citent aujourd'liui ceux de Sydheiina, de Baglivi, de Stoerk, etc.; mais soyez sfir (ju'il ne sera lplus question de votre the'rapeutiquel; car la v~rite' sonic est 6'ternielle. Qui se soucie, de nos jours, de la the'rapeutique. de Gui Patin? Qui saurait ine~ne qu'il a vecu, Si sonl esprit atrabilaire et sa -verve sarcastique ne s'etaient exerces sur des sujets 6trangers a la m6edecine. La ve'rite' est que Gui Patin aurait eu peu de chance de s'iininortaliser, s'il se ffit contiitejte de faire la gruerre "a lantim-oine. Mais vous, monsieur Trousseau, ne craigniez-vous done pas dFaccepter aux yeux de la poste'rit6' le rolle ochieux ou ridlicule de~s aniticirculationistes, en attaquant, cominme vous le faites, ha plus immense decouverte qui, (lepuis he~re de~s temps historiques, ait peut-h~tre kt6 fa-le clans les,sciences inedicales? Je n'avais qu'une Wde:voir Giraud et mne jetet dans ses bras, car on ne saurait concevoir l'exaltation (lans laquelle j'etais. Je sortis (done pui, ine rend(re cliez Giraud. Je inarchais dFun pas hprccipite'. ler doe pouvoir inarcher ainsi. Je crois que danis cc ionmelit le retour d'une quinte miiefit pouss6c au suicide. Dui Plus loin que j'avisais, dans ha rue, des personn les (Ie 9I6 LA BI.YONE ma connaissance ou meime que je connaissais h peine, je courais ' elles pour leur faire part du miracle de ma guerison. Les uns mue f6licitaient cordialement, inais sans partager mion enthousiasmne; les autres lie m'icoutaient qu'avec distraction et par pure politesse; d'autres enlin, dles esprits forts, semblalent prendre en compassion ma puerile credulite: ( CGest que vous deviez gue'rir, ) me disaient-ils en souriant d'un air qui signiflait clairement: ( Notre Opinion lh-dessus est faite et archifaite, et ii faudrait pour l'dbranler autre chose que vos cojites bleus. ) Je les aurais volontiers pris ' la gorge. Giraud n' tait point chez lui, ce qui me contraria. Le lendemain, je lui 6c'rivis; mais, par un inconcevable oubli, ma lettre lie fut pas mise h la poste, et je ]a retrouvai six semaines ou deux mois apres sur mion bureau. I1 s'ensuivit, circonstance fatidique, que Giraud lie sut jamais l'inappreciable service qu'il ni'avait rendu. Lui et moi nous lie nous rencontrAmes que plusieurs anne'es apres, c'est-h-dire en 1848, ' la reunion 4Mectorale des mne'decins, salle Montesquieu; et comme danis ce moment la politique travaillait exclusivem-ent toutes les t~tes, ii ne fut p~oint question entre nous de la Inaladie pour laquelle ii m'avait si henreusem~ent prete son assistance. Depit6 de n'avoir pas trouv6 Giraud et 6prouvant le besoin de inm'panclher, je courus chez Pe'troz, qui de LA BRYONE 9-1 meurait alors rue des Trois-r~res.: tout cela a* pied, sans fatigyue et sans toux. La voiture de Petroz 6'tait dans sa cour; on detelait son clieval, ii e'ait done ciez lui. En effet, on ni'annonpa et ii me requt iinmmddiateniemt tout en aclievant son dejeuner. ( Al! pour le coup, lui dis-je, en lui servant la main avec effusion, pour le coup, je suis des vdltres; puis je lui contai au long mon histoire, qui parut lui faire grand plaisir. 1i souriait en im'6coutant avec une extreme attention. Quand j'en arrivai ' la prescription de Giraud que je lui presentai, ii mit ses lunettes, la lut, me la rendit en me disant ( Oui, c'ctait bien cela, )) et ii se remit tranquillement t manger;;son peu de surprise me confondait. Mais songrez done, monsieur Pe'troz, lui dis-je, qu'hier encore, a pareille heure, ii mecit 6t6 impossible de venir cliez vous 'a pied, impossible de vous parley comne je vous parle. - Oh I dit-il, vous en verrez bien d'autres I P'troz mit " ma disposition ses conseils, ses livres et ses notes particulie'res, toutes choses dont je ne manquai pas de profiter dans la suite, car, a* partir de ce jour jusqu a sa mnort, ii ne cessa de ine te'moigner une ve'ritable amiti6. La premiere chose que je fis en rentrant ciez moi fut de chercher le pourquoi de ma guterison. Pour cela, us LA BRYONE je ]us cl'abord dans los livres classiques I'histoiro do la bryone, puis, clans la 21atiibe mn6cicale patre, la pathoge'ne'sie de co me~dicament. La bryone, ainsi que la coloquinto et e'~lateciriumi, formo un genire do la famille des c ucurbi tac (-Ils. Cello quo Ion emploie clans les officines, quanci on ly emplloie, car cule ne figure plus gtic.re aujourd'hui quo pour' la forme clans los traite's do matiesre ineclicale allopathique 1, ost la bryone lblanche, Bryonia alba ou vulgairement couleuvre'e. Jo me souvonais parfaitement d'avoir vu cotte plante trb~s-commilune dans nos haies, avoc SOS fonilles pali-nt'es at chinq lobes, sa tige grimpante, ses vrilles axillairos, sos flours en grappes et sa grosse racino fusiformoe, marquee do stries circulaires, blanchIcktre., ambre et nauseouso, co qui lui a valu do nos, paysans le surnom do navet du diable. Son histoire miedicitiale so rt~duit presque "a non. Murray lui cousacre 'a peine trois pages dlaus le premier volume de son Appai-atis ieclicam m-iumi, et ces trois pa,,gos sont ai peu pres entibr-eninot depourvuos (linteret; pour lui conmoe pour tous los auteurs qulil cite, la bryone est un drastiquc, un h'ydragogue, recommandl6 'a ce titre contro les hydrop)isies et au moyen cluquel Arnold doe Villeneuve aurait gue~ri des 1. Alibert et Giacomini n'en font pas m~mc mention. LA BRYONE 99 6pileptiques, ce qui est douteux sans e~tre absolurnent incroyable. Me'rat et de Lens, dans leur Dictionnaire universel cde mcti~re mndicale, traduisent et paraphrasent les trois pages de Murray, en y ajoutant quelques extraits d'une brochure public'e en 1783, et dont lauteur. Harmand de Montgarny, propose la bryone comme sutcceda~n6 do l'ip~cacuanha dans les affections clyssent6riques 1. Enfin, MM. Trousseau et Pidoux re'sument en quatre lignes toutes les vertus the'rapeutiques de la bryone: ((La racine de bryone, disent ces auteurs., est employe'e dans les in~mes circonstances que la coloquinte et 1'~1ate'rium:elle posse'de des propri'te's purgatives e'nergiques. Y) oilh ce qui s Iappelle traiter cavalie~rernent un sujet. Les traditions populaires ofirent peut-e~tre h' I'tegard de la bryone plus d'inte'ret que n'en pre'sentent les 6crits des me'decins. Dans Flest de la France, les habitants de nos campagnes se purgent avec le suc dIe sa racine, qluils recuejillent en pratiqiuant dans celle-ci une excavationt oh dans lespace d'7une nuit ii s'accumule en quantit6 suffisante. Mais uls font de cette racine un autre usage encore. uls la coupent en petits morceaux qu'ils., font I. N~ouveau, traitemen I des mialadlies dyssen t6riq ties, par Ifarmanad de Mlontgarny, jn-&O. Verdun, 1813. 100 LA BRYONE secher au four et qu'ils conservent precieusement, pour, les cas 6cheants, se gue'rir des hernics. Ce n'est pas ic~i le lieu de rechercher ce que cette croyance populaire pent offrir h la fois dejudicieux et d'absu~rde. Est-il jarnais arrive qu'Iune hernie ait 60 r 'duite par lusage interne et plus ou momns prolong I de la racine de bryone? Non-seulernent ce n'est point impossible, c'est an momns vraisemiblable. ((Beaucoup derreurs, dit d'Alembert, ont leur noyau de verit".. Mais- la question W'e t pas hý, et voidi le fait ohu j e vonlais en vel~ir: Je me souvenais parfaitenment d'avoir vu, dans un. village de la Colte-d'Or, ii y a de cela bien longternps, uine pauvre femme de cinquante ans, la. femme d'un vigneron, qui, pour se gue'rir d'une hernie apparemmient hicurable, avalait chaque jour, depuis quatre mnoics, de dix "a douze gramns de bryone. Or, de tons le-N de'sordreQs evidernment provoque's par cette longue intoxication, celui qui me frappa le plus fut l'existence d'un cat arrhe pseudo-memnbran cmx passe' ht l'tat chronique. II 1 y a des PEAUx daw ns IC crachats, me disait cette femme, f'en 'rends tons les mnatins, quelquefois de longs miorceatix, ct 'ii s'en dWtache mntme de. mon palais et de mna gorge. )) Ce qu'en effet je constatai. Et ce fut sur la foi de cette observation, corrobor~e d'ailleurs- par une etude approtondie dle la patlio"gi1iusie dec Ia bryoue, que *j'adininiistrai, avec succe~s, PLAN DT ~TUDE 101 ce m'dicament, d'abord concurremment avec l'ip~cacuanha, puis seul, dans la dipht1rite; traitement que j'ai consign6 dans mon Tiaite des mnaladies des enfants et qui, entre les mains d'un grand nombre d'homceopathes, dont je conserve precieusement les t6moignages, a maintes et maintes fois donne' les r'sultats les plus heureux. La pathogrn6sie de la bryone, qui, quelques mois auparavant, m'eit mis 'a bout de patience, 6tait des lors pour moi pleine d'inter't. Je la lus et la relus avec une sorte d'acharnement. Des sept cent quatre-vingt-un symptomes qu elle comprend, le plus grand noinbre ne me semblalent point se rapporter ý la maladie que j'avais eue; d'oh je conclus que la bryone pouvait convenir h bien d'autres affections morbides qu'aux catarrhes pulmonaires. D'autres symptomes me remettaient en memoire de fugitives sensations que j avais eprouvees, mais dont je n'avais pas tenu comipte. Dans d'autres enfin, je retrouvais une imiage fidede et parfois saisissante de ce que j'avais ressenti. Quoi qu'il en soit, je pris le parti (1 adopter ~ lavenfir, pour Ie'tude de chaque m'dicament, la miarche que je venais de suivre pour l'6tude do la br-voiie. C'est-h-dire que je me pioposai de re'direr, pour mon01 usage personnel, une sorte de compendium, ou, Si Yon "out, de registre 'a partic double et (lans icquel je 6. 10-9 PLAN Dt TUDE rnettrais en regard, pour chaque m~dicarneiit, d'un c't' le r6surn6 le plus complet (LU'ii me serait possible de faire des 6'le'tents fouriiis par la tradition, et de l'autre la patlhoge~nesic lpubliee par Halinemann ou ses disciples. Comine oni le voit, c'd'tait pour ainsi dire un pont que je concevais l'espe'raiice (le jeter entre lancienne matie~re me'dicale et la matie're rnddicale alianemannienne; convainen. que, parmi les docuiments the'rapeutiques que nous offrait la tradition., ii y en avait de prd'cieux et qui. pour acque'rir toute leur valeur, n'avaienit besoin que d'e'tre C'claire's par la 10i nouvelle. C'est de ce travail, poursuivi sans rela'che pendant plu~sieurs aunnes, que sortit h la fin le livre que j'ai publie' sous le titre de Syst~imatisatiou pratiqac de ila rnati~re rni.6icale homnwopalhiaute. Ce livre, qu'il ne 11n1appartient pa ejce, 1.6ti pas alplarelnrnent de'nue' de toute valeur, puisqu'on l'a jnge6 digne d'Ct4re traduit dans prsu toutes les3 langues de l'Europe. Et cependant les journaux- allopathiques, qui rendent corn jte journellement de tant (de pauvretes, se sont rig-oureuseinent albstenus d'en parler. Je constate le fatit sans m'en plaindre, car tonis les livres importanits qu'a produits notre e'cole, le Traite desvmaladies vene'riennes de M. Leon Simon fils, par exemple, et beaucoup d'autres, out tous en le me~me sort. C'e'tait. commne oni la dit, la conspiration cit silence, conspi VITALISIME DE HAHNEMA.NN10 103 ration qui dure encore, qui prouve chez ses auteurs plus de passion que de justice, mais qui, au fond, n'entrave que bien peu lessor de la v6rite' Tout en me livrant assidfiment 'a I'tude de la matiere m'dicale, je lisais l'Organion et le Traihi des mialadies cluoniques, en un mot, je in'efforCais de in'assimiler dans son ensemble la doctrine de Hahnemann. Les principes sur lesquels elle repose, tant en physiologie qu'en pathologie et en therapeutique, se lient &'roitement entre eux et forment un tout d'une incomparable harmonie. Cependant je dois avouer que mon esprit, encore p~ne'tre des ide'es de Cabanis et de Broussais, m-es premiers maitres, ne se pretait pas sails une certaine resistance aux speculations vitalistes de Hahnemann, bien qu'elles me parussent toutefois plus plausibles que celles de Stahl et surtout le Van Helmont. La force vitale de Halineniaun,- qui rappelle e6vi(leninient tin des plus anciens concepts de la netaphysique, 'a savoir un principe interm'cdiaire cntre le corps et I'Xnme, quelqlue chose comme l'csprit (spiritas), quie saiiit Paul distingue de Idnic (anii hu), coime la nature (iHippocrate. et le principe vital de Barthez,- ditfire pourtant de ces hypotheses, en cela qtie le foncateur de I'honioeopathie ne semble pas en faire tine sutbstanice distincte. L'orranisnime dit-il. est bien linstrument mate'riel de la vie; mais on 104 VITALISM.NE DE HAHNEMAYN ne saurait pas plus le concevoir non anim6 par la force vitale, sentant et gouvernant d'une inani~re instinctive, que cette force vitale ne peut etre con~ue inde'pendamment de F~organisme. Tous deux ne font qu'un., quoique, notre, esprit partage cette unitd en deua iddes, rnais uniqueinent pour sa propre commodi76' Cette proposition, me parut-il, de'grageait la doctrine de Hahnemann des subtilit6s de la imetaphysique pure, pour la, placer exciusivement dans le domaine des faits, cc qui re'pondait bien aux tendances naturelies de mon esprit.Toutes les grandes questions que cette doctrine emibrasse, tant en pathologie qu'en the'rapeutique, furent pour mioi IlIobjet de profondes me'ditations, que parfois, de loin en loin, dans- mes moments perdus., je re'suinais sans transitions et sous forme de note~s (lans un cahier consacr6' h cet usage. J'ai conserve, ce cahier: je lai la sous les yeux. Peut-Ctre ne trouverait-on dans cc qu'il contient rien de nouveau, et par const'quent rien de bien inte'ressatit. Peu-tre mneme mnes ide'es n'y sont-elles pas toujours en parfaite conicordance avec, les ide'es du miaitre; inais la science. Dieun mercil W nest, point une religrion. Et com1me, en1 de'Iinitive, le principal objet de cc petit 1. Orgainon, p. 110. NOTES DIVERSES 105 ouvrage est de montrer par quelles re'flexions, aussi bien que par quelles observations on peut 6tre conduit "a reconnaltre la, ve'rit6' de Fl'omneopathie, on me pardonnera de transcrire ici quelques-uns des pai'agraphes de mon vieux cahier de notes. La force vitale est pour le momns unie hypothse"S n6cessaire, et sans laqucile ii devient impossible de concevoir la vie organique. Mlais elle est lplus que cela, elie est un fait:elle est la vie elle-me~me (lont les faculte's de sentir et d'agir sont la double manifestation; la nier serait nier la vie. 11 Qu'on la de'signe comme on voudra; qu 9on lappelle dnie, esprit, nature, arch~e, principe vital; qlu'oi eni lasse un agrent immnanenit ou comfmunique") preexistant h l'individu et destin6 a lui survivre ou h v teindre avec, lui, ou lbieli encore une simple absti'action, une qualit6 propre at l'tre vivanit COrlimie le type et la forme.) on ii'eni est jMLS,, 111(11 foi-ce (de Ircoinnaitre qu.'elle existe. Un (Ie mes confre~res, le (locteur X. me disait, ii N.y peu (Ie jours.Je niei voti~e force vitale eii tait 106 106 NOTES DIVERSES qu'etre immaterie1. Je la nie parce que je vie puis nii la comprendre vii rn~me la concevoir. Si encore vous en faisiez une matiere quelconque, aussi subtile qu'il vous plairait, uvi fluide, vniminpond6rable, mm agent conire e'~lectricite', quelque chose emfin, peut-c~tre mon esprit se de'ciderait-il hi l'admettre, parce qu'alors ii la concevrait. Mais non, riem un e~tre abstraitI ni e'tre qui viexiste pa et dont vous pre'tendez mne faire accepter l'existence. -Ce at quoi je repondis: oLa pierre que vous lamcez et qui ni'a plus rien de commun avec vous, de~s linstant oh" votre main la laisse elchapper, cette pierre me se meut-elle pas par le fait d'un agent im-mate'riel qui, "a ce titre, ne serait rievi pour vous, et qui pourtant est qucique chose? Imagimez (ce qui ne peut e~tre, inais se com~oit h merveille) un coup de canon tire' dams le vide. be boulet coviservera, de toute, 6teriiiie, limpulsion et les divers mouvements qu'il aura repus de l'explosion de la poudre. Or, je vous de'fie de soutenir qu'il n'existera pas dams cc boulet deux principes distivicts et tons les deux aussi re'els inun que Pautre, bien que Finn soit iminate'riel, la force. ) IV La force vitale, la force en vertu. de lacqnclle se mneut mm projjectile lance' daiis lespace, ou bieni I a force complexe qui determine I evolntioni des globes NOTESi IIVERSES10 I UT eC lestes, sont-efles toutes3 identiques entre elles? Je ne le crois pas. Sont-elles analogues? Peut-e~tre. Sontelles de nmu~me catc'gorie? Je ii'en sais i'iem. V Mais, dira-t-on, qui vous assure que la force vitale, privil6,ge exciusif des C6tres organise's, nest pas ]a resultante des forces inhe'rentes aux molecules inorganiques dont ces etres sont composes? Qui vous assure, en un mot, que la vide orgranique, le type 6'tant donne', soit autre cliose qa'une transformation variable et coinpliqu~e de l'affinit6 atomique? Ce qui m'enassue, 'est 1'exp'rience. Les forces inhi'rentes h la matie're inorganique, la pesanteur, l'adh~sion, les affinite's mohe'culaires existent tout aussi bien daris 'ihomme -vivant que dans le cadavre. Pourquoi (lonc, nagrissent-elles pas aussi bien sur 'ihomime vivant que sur le cadavre qu'eues dissolvent en si peu dIe tenmps? Parce que (lans ihommie v-ivanit, cules sont neutralis~es et mai~trise'es par une puissanice (lun ordre supe'rieur, dont elles sont los antagonistes, mais les antagonistes subordonne's;, puissance qul nWest autre que la vie individuelle elle-niCAine, autrement dit la force vitale. V I La force vitale, inhe'rente au type, essentiellernent 108 NOTES DIVERSES individuefle, se d6veloppant avec l'etrc qu'elle anime, s'affaiblissant avec lui et disparaissant quand ii meurt, diff~re surtout en cela des forces brutes de la nature, qu elle peut e~tre nodifi~e" augmentee, diminuee, devi~e et ramenee ' sa direction primitive. Ses deviations cong~niales produisent les diffurmites individuelles, les mnonstres. VII Dans 1'6tat de sante', la force vitale qui animne dynamiquement la partie mate'rielle du corps, exerce un pouvoir illimit6. Elle entretient toutes les parties de lorganisme dans une admirable larmonie vitale, sous le rapport du sentiment et de l'activit6, de manie're que l'esprit dou6 de raison qni reside en nous peut librement employer ces instruments vivants et sains pour atteindre au but 61ev6 de notre existence ". )) VIII L'organisme inateriel suppose sans force vitale ne pent ni sentir ni agir, ni rien faire pour sa propre conservation. C'est A Y1e'tre imnmateriel seul qui l'anime dans Ve'tat de sant6 et de maladie, qu'il dolt le 1. Organon, p. 110. NOTES DIVERSES 109 sentiment et 1'accomplissement de ses fonctions vi'tales 1. ) Ix Quand ihomme tombe malade, cette force spiriiuelle, active par e11e-mime et partout presente dans le corps, est au premier abord la seule qui ressente l'influence dynamique de lagent hostile h la vie. Elle seule, apres avoir 6t6 de'saccord~e par cette perception, peut procurer h l'organisme les sensations desagrcables qu'il 6prouve, et le pousser aux actions insolites que nous appelons maladie. Jtant invisible par elle-meme, et reconnaissable seulement par les cifets qu'elle produit dans le corps, cette force n'exprime et ne peut exprimer son de'saccord que par une manifestation anormale dans la manieire de sentir et d'agir de la portion de lorganismne accessible aux sens de lobservateur et du nim'decin par des syniptomes de maladie 2 x Toutes nos maladies, sans exception, quelles qtue soient leurs causes, sont donc essentiellemient et exclusivement dynainiques, puisquC chacuIe (ielles ne co(nsiste que dans untrouble jarticulier de la force vitale. 1. Organon, p. 108. 2. Id., p. 109. 110 NOTES DIVERSES Mais ii ne s'ensuit pas que les causes qui les produisent soient toujours et necessairement de nature dynamique; car, si le de'saccord de la force vitale amene, ine~vitablernent dans les organo; des de'sordres appreciables aux sens, les lesions inate'iiolles de toute sorte auxquelles ces organes sont directeinont exposes, de'terminent, h leur tour, le desaccord do la force vital e. XI Nous pouvons conclure de Ih, que toutes les maladies, quelle que soit leur'origine, sont toujours ge'ne& rales, c'est-h-dire que toujours elles inte'ressent lForganisme dans sa totalite'; bien qu'1)on puisse dire en toute rigueur que celles qui re'sultent de Ie'sions mate'rielles soiit primitivemoent locales, et que celles qui sont dues "a des causes dynamniques, sont primitivemoent ge'uerales. XII Los causes- do nos maladies peuvent so partager en quatro classes distinctos, "a savoir: 10 Les cauises int'caniqpes (violonces exte'rieures, chutes, contusions,, blessures, etc.); 20 Lcs causes physiques (insolation, brciluros, congrlation, action do la foudre, d'une Iuminire excessiv-e. etc.);I NOTES UIVERSES11 III 30 Les causes chirniqes (pois1-ons corrosifs, Lets que les acides ou les alcalis concentres, etc.); Po Enfin les causes dynamiques (miasmes, emotions morales). Mais les causes de cette dernEie'e classe sont les seules qui, en agissant directement sur la force vitale, produisent d'embhle' la maladie; les autres ne la produisent que me'diatemeiit. Remiarquonis, en etfet, (jue la lesion mate'rielle, si grave qu'eue soit, et bien qu'eue puisse occasionner une mont iimmediate, par la destru'ction d'organes indispensables h la vie, Ile saurait pourtant ebtre conside're'e commie la mialadie elle-mebme. Cest le Iraumnatismie et non la blessure qui constitue la maladie: distinction que, de toute evidence,, comportent 6galemient les le~sions physiques ou chimiques et les reactions morbides qui leur succ 'dent. XIII Les maladies ont-elles leni' existence propre ou Ile sont-elles que des mnaniebres d'&'tre de lorganiisne Nvivant? Ne semble-t-il pas que cette questioni trailsporte, en pathologie, celle qui partagre encore les physiciens et les laisse inde~cis enitre la 11ueoric de lC'fiiisiofl et la Whorie decs vibrationis. TfouL (c (IU9Oil peut (lire h cet e6gard, c'est que, p)our lobseiwateur. la maladie et le inalade iie tonii qu'ui. 112 NOTES DIVERSES XIV Cependant j'admets volontiers que toute maladie a son germne, comme tout etre organique a le sien; mais avec cette reserve que ce germe n'est, dans un cas comnse dans l'aatre, qu'une FORCE PURE, dont la virtualit6 exige d'ailleurs pour se manifester certaines conditions nDcessaires. De me~me que le gland ne produira le cln~ne qu'autant qu'il sera place dans un milieu approprie 'a sa destination, de meme le miasme ne deviendra la maladie qu'autant qu'il rencontrera dans l'individu certaines dispositions h la contracter. De Ih l'immunit6 singuli~re dont semblent jouir hon nombre de personnes, relativement i certaines 6pid~mies. XV Les germes de nos maladies seraient donc des forces sp'cifiques, dont chacune jouirait de la propriet6 (e d( dsaccorder ]a force vitale d'une certaine faCon, plus ou moins variable neanmoins, etpour un temps plus ou moins determine (d'oii les types en pathologie). Ces germes peuvent nous venir du dehors. II nous sont alors trausmis par le contact, par lair, par (es effluves de diff~rentes especes, peut-itre Imnme par le'lectricite'. Mais nous pouvons aussi les avoir en nous, les avoir regus avec la vie, les porter 113 NOTES DIVERSES dans notre organisme, h l'6at latent, pendant des annees, pendant notre existence entie're. Ces gerwxes, enfin, peuvent traverser plusieurs generations Isans que rien prouve qu'ils existent, si ce n'est, d'interv-alle en ii~tervalle, la constatation. d'une mn'me inaladie (comme ]a goutte, la plithisie, l e'pilepsie, les dartres, etc.), qui semble se perpe'tuer inde'ifiniment, bien qu'avec des interinittences, chez les einebres d'une meime farnille. xv' De nuerne qu'il y a des plantes annuelles, bisannuelles et vivaces, il y a des mnaladies de courte dur~e'e de dure~e inoyenne et de longue dure'e. 11 y en a qui durent autant que, la vie. Peut-e~tre rneme en existet-il qui ne s'&'eignent qu'apre's plusieurs g~ne'rations. 11 y en a de le'geres, de graves, de fatalernent mortelles (celles, par exemple, telles que la rage et le cancer, dont ii n'exist e point un seul cas de gue'rison spontan6e). Mais parmi celles qu'on a vues souv-ent guhrir sans aucun traitement ou en de'pit d Iun traitement Plus nuisible qu'utile, beaucoup, dans certains cas, pourraient avoir une issue funeste sans le secours I. Comme ces grains de b16 trouvls dans Ics sarcophages ýgyptiens et qui, ainsi que, Ia prouv6 1'exp~rience, avaient conservd Pendant trois mille ans leur force reproductive. 114 114 NOTES DIVERSES d'un art intelligent: la me'decine a donc sa. raison (Iletre. xv"l SNotre force vitale &tant une puissance dynamique, 'hinfluence nuisible, sur lorganisme sain, des agents hostiles qui viennent du dehors troubler iharmonie dii jeu de ]a vie ne saurait donc l'affecter que d'une mani~re purement dyniamique. be me~decin ne peut donc. plus reme'dier h ses de'saccords (les maladies), qu'en faisanit agrir sur elles des substances douees de forces mi-odificatrices, 6gvalemen t dynamiques ou virtu~elles dont elle lperý.oit l'irpre,,-sion 'a laide de la.Cens.ibiit&e nervouse pre~sente partout. Ainsi les niedicamients no peuvont re~tablir et vie reltablissent re'ellemoint la. sante'et F'liarmnonie de la vie, qu'en agissant dyniami(luemient sur elle, apre~s que lobservationi attentive des changements accessible 'a nos sens davis l'6tat du sujet (ensemble des symptolmes), a procure' au me'decin des notionis sur la. maladie, aussi complktes qu'il avait besoin d'en avoir pour e'tre en mesure de la grue'rir'1. xviii Comnme ii nous est bien difficile de concevoir uiie 1. Orqanon, p. 11O. NOTES DIVERSES11 115 force sedpar~e de la matie~re oh" nous la constatons, ii nOUS est elgalement bien difficile de concevoir une force agissant directement sur une autre force, c'esth-dire sans 1'interme'diaire de la rnatie~re. Et cep~ndant c'est ce qui semble avoir lieu de la force virtuelle des medicaments relativemnent h la force vitale. En effet, la puissance modificatrice des me'dicaments3 mufnite'simaux ayant ke' des millions et des millions de fois constate'e, elle n'est plus contestable que pour ceux qui se sont obstines jusqu ici a ne pas vouloir expe'riinenter ces mnedicaments. Et si, d'autre part, on rffl6'chit 'a la prodigieuse attenuation de la matie're dans les infinit~simaux les plus ordinairement employe's par les niieulecins hiomcelopathes, il devient impossible d'attribuer les effets qu'ils en obtiennent hi Faction inecanique, physique ou cliiiique de cette inatie"re. L'action directe (leS m6dicaments (lynarnuques sur la force -vitale est done unie hypothe'se que nous soinies oblige's d'admettre. XIX Le.i moyens h laide (les(Iuels nous pouvons remec(her "a nlos mlaladlies soiit, ainsi qJUe les causes de ces maladies, de qutatre espe'ces dillkrentes: m'caiii~ptes, plhysiques, chhnMiqitcs et clyizami(]ues. Les moycns inca atqpes coniprennent:les IprocU(Cs 116 NOTES DIVERSES chirurgicaux I et orthop~diques, la gymnastique me'dicale 4- les frictions seches sur la peau 3, etc. 4. Les proctdfs chirurgicaux sont indispensables toutes los fois qu'il s'agit, comme dans les fracture.i, de rdtablir et de main tenir dans leurs rapports naturols des parties divisdes, de rdduire unc hernie qui menace de s'dtrangler, d'extraire un cotps 6tranger, d'arriter une h~morrhagie par ]a ligature de gros vaisseaux, d'amputer un mombrebroyd on frapp6 de gangryne, etc., etc. Mais ii faut convenir qu'on fait souvent, de ces procddes manuols, un abus ddplorable. L'extraction, par example, d'un vrai cancer, particuli&rementchez un sujot cachectique, est, dansl6itat actuel de la science, une de cos monstruositis gui devraient tombtr sous le coup de la loi. Et, d'autre part. quel mathiur que les chirurgiens, dans los cas ofi leur intervention est nkcess'aire, no comph~tent presque jamais ]eur couvro par ladministration intorne des agents propres a combattre dynamiquement le traumatismo I Que d'accidents, consinutifs aux opirations, l'arnica soul ne priviondrait-il past Certos, nous ne manquons pas de chirurgiens intolligents, habiles, ing6 -nieux; je les adjure done, an nom de leur art et de I'humanite, de mettre de c~t6 des prdjuge's, auxquels d'aillours Ia plupart d'entre eux ne tiennent gufre, pour faire I1essai tout au moins, ot, i difaut de mieux, do simples infusions rdpetios do fleurs d'arnica dans toutes los formes du traumatisme, y compris m6me le titanos. Ce n'est pas tout que de se servir, avoc plus on moins de dextdriti, de ses mains on de ses instruments, ii faut verir en aide i la force vitale qui, l'opdration faito, va se tronver seule en 2. La gymnastique medicalo, lorsqu'elle est bien entendue, pent, en diveloppant artificielloment des muscles atroplih~s, romidier ides difformitds, mdme fort ancionnes. La gymnastique fait, dailleurs, partie nicessaire de I'hygi:,ne des enfants. Je no saurais trop recommander, h ce propos, le gymnaso quo M. le docteur Brand a fonded e puis quelques annios (rue Saint-Lazare, ý7), et qu'it dirige avec antant do zle que d'habiletW. 3. Les frictions, moyen presque toujours innocent ot gui, cependant, pout, dans cortains cas, dans los asphyxies, par exemple, con. tribuor a ranimer la circulation. NOTES DIVERSES 117 Les moyens physiques consistent dans l'emploi des imponderables (calorique, 6lectricit6' 1), dans ihydrotli'rapie, les frictions avec la neige dans les cas de cong6lation 2, etc. Les mnoyents ch-imiques se re'duisent "a ladministration des antidotes dans les einpoisonnements. Enfin les nioyents dynamniques, dont ltoutes les maladies, les empoisonnements et les maladies dites chiirurgicales, aussi bien que lels affections miasm-atiques, 1. l.J'OectricitW s'est rnontrde particuli~rement efficace dans le s paralysies causoes par la foudre, c'est-ii-dire....par 1'6lectricit. Soii emploi, en pareil cas, n'est pourtauit pas htoiceopathique comme on pourrait le supposer, mais seuloment isopcthique, ce qui est tris-different. 11 en est de me'me des pratiques populaires qui consistent a approcher d'un feu ardent une partie 1wgrernent brhltie, ou h frictionnier avec do la neige un mrnenbre engourdi par le froid et menacd de conge~lation. 2. Un medecin de ma eannaissance m'adressa un jour cette ques tion: Que prescririez-vou-s it un homnme qui viendrait d'avaler vingt grammes d'acide sulfurique? - Soixante grammes de magmndsie, r6pondis-je sans h6siter. -Ali! vous convenez donc, s'cria alors mon confrere triorophant, qu'il ost aun ioin.3 des cas Ofi vous ne eroyez plui aux infhiitdsiinaux? - Pardon, r~phquai-je, j'y crois dans tous los cas, ot, bien certainornont, leur emploi trouverait son tour dans celni quo vous supposez; mais ne coufondons pas le r~le du m6decin avec colni du chimiiste. Avant de traiter la maladie, le plus pressi cst d'arrkter les ravagres du caustiquc en le neutrali~ant. Ce serait done au pois,;on ot nun au inalado qu,,'adressorajont mes soixante grrannimos do. iag~n~sio.- Hors lo.s cas analogues ii celni quo je viens do mentionner, l'application de la chimic an traitomont des maladies est uno, des plus grossi~res orreurs qui aient jamais envahii Ie domaino do ]a m~decine. 118 NOTES DIVERSES reclament lemploi, constituent presque h eux seuls toute la th'rapeutique. XX La puissance dynamique des medicaments est aussi incontestable que leur virtualit6. Car si cette puissance niexistait pas, il serait impossible de dire pourquoi leau n'enivre pas tout aussi bien que le -in; pourquoi une teinture alcoolique de belladone ou de digitale donnerait lieu h des effets differents de ceux que produirait de lalcool pur. Ce qui distingue particu lierement Faction dynamique de Faction chimique, c'est que la premibre ne se manifeste que chez l'&ire vivant, tandis que lautre s'exerce indifflremment sur les tissus vivants et sur les tissus morts. D'ailleurs, toute action chimique consistant dans une decomposition atomique d'ou r6 -sulte un ou plusieurs produits nouveaux, suppose necessairement entre la matiýre decomposante et la matiere decomposee certaines relations quantitatives, mathlmatiquement invariables. Or, sans parler des infinit'simaux, comment expliquerait-on par une reaction chimique les formidables effets produits chez Ilhomnie par une ou deux gouttes (lacide prussique ou de venin de vipere? 11 ny a done pas h insister sur ce point. Quant h la virtualile. autrement (lit ]a specificiue des agents medicamenteux, il me semble NOTES DIVERSES H 9 que personne ne la conteste aujourd'hui. Je dirai mneme que les expressions de poisons de I'estomnac, poisons dLa cerveau, poisons dm cmar, etc., expressions generalement usite'es en me'decine legale, en donnent une ide'e beancoup trop absolue. Mais toujours est-il qu'elles impliquent une reconnaissance formelle de la virtualite' des poisons et, par suite, des m~dicaments. xx' Les maladies mn'dicatuenteuses ont comme, les maladies d'origine, miasmatique leur dure'e de'ermin~e, bien quc toujours un pen variable, parce qu'eue est subordonne'e aux conditions physiologiques clans lesqueules se tronvent les sujets, 'a leur genre de vie hiabituel, an regime qu'ils suivent, etc. Les exce's de tout genre de ine~me que les tortes Cinotions morales suspendent on de'naturent Faction des ine'dicameiits. D'apre~s les observations de I-ahneinann, la dure'e des maladies in Cdicameiiteuseo- varierait, suiv-ant les m6edicaments, entre tin jour ou deux et six senahies, mais sanis jainais s'6'teiidrc beaucotip an dJelh'. Le raisonneinent et lexlp~ellece seniblent lplouve' lju'en geiie'ral les mn licaments 'a. courte durI'('e d aefti (,)1(Iirespolident plus spccialmewni aux mala(I is ailgu&S et les me'dieaments h longue (Lu re' (I action aux maladies chroniques. 120 120 NOTES DIVERSES xxii Inde'pendarnment de leur- action spe'cifique, certains 'ndicamnents exaltent la vitalit', tandis que d'autres la de~priment. Brown et Rasori, qui avaient constat6 le phe~nomene, en tir~rent lun et lautre des consequences excessives, sur lesquelles ils eurent le tort de fonder leur systerne respectif., en rele'guant pour ainsi dire au second plan, dans leur the'rapeutique, la virtualit6' rn&dicanienteuse. Mais toujours est-il qu'il resulte d'expe'riences nombreuses et notanmient de celle~s des Rasoriens, que tel poison doinn6 n'agit pas ht beaucoup pre's avec la rnme~ni energie sur les diff6 -rentes espe'es d'anirnaux. Quoi de plus naturel, dira-ton sans doute, que les carnassiers, les animaux h fibre se~che, h constitution robuste, h vie dure, en un mnot, resistent mieux au poison que ne le font les herbivores? Eli bien!I si spe'cieuse qu'eue puisse sernbier., cette induction du seiis commun se trouve pre~cisornent, pour certains poisons, reuversee par les faits. Car - s'il e-st ivrai que de grands carnassiers soient a pei incommod's., commile cela re'sulte des observ~atioiis de Reaumiur, par des dloses d'arsenic capables de tuer non-seulenient (les lie~'lres et des lapins, mais des, bceuifs- - ii est certain aussi que de petits aniinatix, tels que des che'vres et des pouleý; peuveiit nmanger imipun6nient dix fois plus de noix vomdqve FRAGMENT DE MEMOIRE 121 121 qu'il nWen faudrait pour faire perir des corbeaux. et des loups. Ii faut done en conclure qu'il y a des poisons qui tuent en exaltant la vitalilM et d'autres en la depr-imain.. Ces considerations, que j'ai de'j' presente'es et de'veloppe'es plus au long dans un autre ouvrage 1, sont de nature a de'errniner "a priori les relations de convenances ge'nerales qui existent, dans l'esp~ce humaine,) entre certaines constitutions et certains me~dicamnents. Un me'moire que je lus au Congre's me'dical homceopathique de 1856, re'sume assez bien les propositions qui dans mes notes prive'es font suite "a celles que je viens de transcrire. Ce nieinoire avait pour titre: Ylperp& de queiques lois qe'neraios de mnatib-e meclicalc et de th~rapeutiqae; en -voici les principaux passages: La constitution intim-e du corps huniaiu est, de merne que lest celle de tous les autres &etres vivants, iiecessairement subordonnee h la nature, toujours tre's-vari able, 'des mfilieux dans lesquels 11 se doe','loplpe. Incessamment pe'ne're des effluves clu nioinle ainbiant. ii s'assimile, en vertfi de certaines affinites electives, aussi r&'elles que pen cotinues dans leurn essence, mais dmns (les proportionis p11 IIC seinbient pas etre rigoureuseinent iInIuII~ables, toutes lei -subsI1 Voy. dans ma Sysibnatisation de la inaliie m~licale homceopathique, les arti%-,Is Noix vwinique, A ise'nic, Bryone, Belladone, etc. 1 ~2FR.AGMNENT DE MgM01RE *tances dont se compose le sol sur lequel ii se ineut oa. qui flottent, insaisissables et inapergues, dans l )air que nous respirons. ))Aussi bien, est-ce un des plus beaux titres de grloire de la chimie moderne, si incompletes que soient encore et que doivent rester peut-e~tre h jainais ses investigations sur ce sujet, davoir su retrouver dans le de'ritus, du cadavre humiain ce inombre dejat si conside'rable d'e'h'inents mine'raux, transforme's par le grand oeuvre de la -vie qrganique, c'est-h-dire indivi(luelle, en os, en muscles, en nerfs, en vaisseaux de toute sorte, en un mot, en tissus vivants. SCommienlt, en effet, lie pas tout d'abord induire de ces curicuses decou'vertes: 10 Quaune certaine proportion relative de ces, Me'inents iimineraux du corps humain est tre's-probablement indi spens,.zable 'a lexistence d'une sante' parfaite (chose d'ailleurs, hie'as! non mons, ide~ale en physiologie que le beau absolu en esthetique); ))o2 Que lalte~ration, sous, linfluence d'une, cause (quelccmque., de la proportion dont je parle, doit fiiiir par doinner lieu, soit "a ces pertui-batioins obscures de la. vitalite' qui nous seinblent inoms encore de v~ritables maladies que dle simples pre'dispositions morbides.ý soit au conitraire, en raison de Fiintewsite' (lc la cause alte'rante, 'a des maladies. flagrante~s,, mais de celles que tious pourrionss noinner., sumv ant l'heu FRAGMIENT DE Alt MOIRE13 123 reuse expression de Broussais, primilivement chroniques? DTelles seraient donc peut-htre les causes imm6'diates d'une partie au momns des nombreuses affections out predispositions morbides, qu'Hippocrate, dans son admirable Traiui des airs, des eaax et des lieux, rapporte exciusivemeit, priv6 qu'il 6'tait des donne'es de notre science moderne, aux inifluenices clirnate'riques et me'teorologiqnes. Nons allons voir du moins queule consistance semble donner h cette grande, hypothe~se 'iheureux et fre'queiit emploi des principales substanices minii -rales, (lonla Ia chcouverte de ce qu'on est convenu d'appeler la dynawiisalion pouvait seule reve'ler au imedecini lei vertus si souvent he'ro~ques. ))Les principes mine'raux que les chimistes ont jusqu'a pre'senit constate's danis la texture (le nos, organes, sans compter ceux dont ls- ni'ont aperqu que des traces douteuses, et ceux. encore qui Arraisemblablement ont ~c'happe' h icurs anialses.ý siit, pa oidie d'abondance ou a~ peu pres et ild~peiildatnlneiit des corps gazeux., tels que 1'lliydrogy'e 1oxygrýme. lazote et le carbonie qui se retiouvent presque Ipartout: le Ciciitifl et ses cotipos's. Ie soufre ot ses (Olilpoesi le phosphore et sC5 comnposei, le sodiuaii, lc j)ollsshiim. lalumuijuni, le silicinmi et, leurs, compose's, le cubI/c et ses conIIPOS6s; enfin le mal yan~se, le p10mib, le Zinc et 12)1 FRAGMENT DE ML, MOIRE Iefer, c'est-h-direles substances le plus g~n~ralement et le plus abondamment re'pandues dans la nature. Ccci assurerent ne doit surprendre personne, puisque tous les corps organiques ne sauraient trouver ailleurs que dans le milieu mnme ou" ils vivent ou vegetent les 6'Irents de leur propre substance. Mais si l'on admet que dans certains milieux occupes par des hommes (car dans sa lutte dternelle avec la nature l'horume ne semble pas reconnaitre des lieux inhabitables), ii y ait absence ou pe'nurie d'un on de plusieurs des Mements dont nous venous de parler; ou bien encore si Yon admet qu'en raiso-. d'une alteration primordiale de la vitalite, des inlividus aient 6ventuellemnent perldu la facult6" de s'assimiler ces elements, quels seront les rem des les mieux approprhcs aux maladies, produites par lune on lautre de ces deux causes? L'analogie me parait ici nous repondre d'une fa~on pereiptoire. De minme que le fer guerit incontestablement certaine variet6 de chlorose caracterisce par la rarefaction des globules sanguins, en d'autres terInes, par labsence on la diminution (lans le sang de hehlienent ferrugineux de in6ne la chaux, le soufre, le phosphore, le muriate de soude, la silice, llalumine, etc., devront faire cesser des 6tats patlologi(lues dus h labsence ou h la diminution de ces (livers 6h16ents dans lorganisme, on, cc qui encore uiie fois revient an ni~me quant au r'sultat, h linap FRAGMENT DE M2EMOIRE 125 titude de ce dernier h s'approprier ces e'le'ments 1. Au surplus, laissons de co^t6 toute idee speculative pour ne nous attacher qu'aux faits. Or, j'en appelle, messieurs, h votre exp6rience tons. En est-il un plus incontestable que celni-ci, at savoir: que, dans Fit-nmense majorite" desý maladies chroniques, les agents th6rapeutiques dont l'emploi es--t le plus souvent couronn6' de succ~s sont justement les principes mii neraux qui, dans l'ordre normial, font parties int6'grantes du corps hurnain. Mais ces agents, avons-nous dit, sont precise'ment ceux que la Providence a le plus abondamment re'pandus autour de nous. Que faut-il donc en conclure? Je vais vous le dire, messieurs, et cette deduction est loin d'C'tre 'a ines yeux d'une iniportance mn'diocre; la voici: ))Cest Parini les substancees le.ý plus oeommunes b& la surface dtt globe el ion parmii celles dout la r-arci fait le prix, que nous cievonis chercher les ireune'les auix m-aladies qui nous assiegent journellemient. Je le pre'lis avec con-viction: on aura beau dynamiser et expe'rimieanter, Sur Il'homme samn comine sur le malade, Ics diainants., les perles fines, les Cineraudes, la mnalachite et toutes les.LIest ai remarquer quo, dans l'upinion de la plupai t d(s pratic'ens hoic-eopathiistes, le soufre, ]a chaux, Ia silive, etc,agissent surtout, en tant pie m&~dicarnents, sur les organes o6 I analyse chimique a constat6 leur existence ht Ni'at normal, tels que le soufrc sur Ia peau, la chaux sur le syst~we osseux,. etc. 126 FRAGMENT DE MEMIOIRE pierres pre'cieuses; jarnais le i-nedecin n'en obtiendra, les services que lui rendent chaque jour, depuis un dem-i-siecle, les mnetaux les plus vulgaires, le sel de l'Oce'an, largile de nos chamips, le sable de nos rivie'res, le calcaire enfini que foule son pied A chacun de ses pas 1 ))Ces dernie'res considerations, messieurs, je mi'emiiresse do le declarer, ne s'appliquent pas momis bien au (4'taux, emlys coomine mnodificateurs de Forganisme soulirant, qu'aux agents tlu~rapeutiques que nous fournit le rtecrne mine'ral. Les plantes rares peavent tie loin en loin, je le suppose, trouver leurs applications en nmeclecine. Mlais je ne pre"sume point iu'elles deltrolnent. jamais la cam omille des chamnps, l'crnica, l'anmwioe des pr~s, laconii, la gramie ch~l'idoine 2, la cigOt~, l'hellbore blanc et toutes les plantes -vulgaires qui deviennent autant de tre'sors entre les mains du praticien habile. M)Aais si les inine'raux, par cela imime qu'ils nie vivent point, ont une existence immnuable; si, en 1. Est cc ht dire pour cela qu'il faille n~gliger l'expdrimentation des substances rares? Dieu me preserve de le penser. Des raret~s pathologiques peuivent rkclamer leur einploi, mais je crois fort qu'eles ne seront jamais que d'un usage exceptionnel. 2. Je cite ici ]a gi-aide ch~iudoine, 'parce que, depuis deux ou. trois ans, elle rn'a rendu, danls des cas si nombreux et si vari~s, que je ferai conn-altre en temps et lieu, de tels services, que je n'h6site point hi ]a mettre, sous le rapport de son utilitd, au. niveau. de nos nit~icaments les plus precieux. FRAGMENT DE ME~tMOIRE I~ 127 outre, ii en est parmi ceux que nous employons en m~decine que ion retrouve indistinctement dans toutes les contre'es du globe, ii n'en est pas de me~me des ve'getaux. Ainsi que la noltre, leur vie est e'phe'mere: us naissent et uls m-eurent. Comme nous. et plus que nous peut-e~tre, ils exigent, pour ne point p6rir ou pour ne point de'ge'nerer, certaines conditions d'existence parfaitement d~termine'es. 11 faut 'a chacun d'eux son terrain, son atmosphe~re, son climat:" celui-ci une terre se~che et aride, ht celni-ki. un sol humide et gras; tel exige du soleil, quand tel autre ne croIt bien. qu'a" lombre; Fun affectionne les sites escarpes, lautre les lieux bas et couverts: les w'ge'taux enfin ont une patrie, et de la' les manifestations spelciales, en ce qui les concerne, de la grande loi toute providentielle que j'ai la certitude (Fenltrevoir. SPermettez-mioi, messieurs, de vous rappeler, ace propos, une pagre du dernier livre que j'ai publie: Plus on approfondit les rapports gemn'raux des substances r~pute'es nie'dicaMeiiteuscs avec les.- maladies auxquclles l'liominc es.,t stijet. 1plus on est frappe' de cette circonstance curicuse, 'a savoir. (lUCe c est pre'cis~nicnt (lans les lietux oh rerlent ecndICSmiquemient certaiuics atfections 1) athl o1~t1CiI is (jtie, par une admirable pre'voyance du Createur., se reii I')s 125FRAkGMENT DE AMelMOIREV Scontrent en abondanco los produits de la. nature les plus capables de les guerir, PeUt-etre cette coincidence nest-elle que le re'sultat necossairo d'influences climate'riques-, hiygroinetriques ou tolluriques, qul, agi-ssant sirnultane'rnent sur los plantes, Stur los animaux et sur les hommes d'une me'me localit6', cre'eraient entre eux certains elements in)tfimes de similitudi~e, dont le sinzilia sirni~ibtis nous Sexpliquerait les conse'quencos dans l'ordre pathologique. Mais qu'on explique comme on le voudra cette coincidence, ce qui me paralit incontestable, c'est qu'ele existe. Ainsi, pour ne citer qu'un petit Snom-bre (lexeinpies, la douce-amb're, qu yon oppose Si souvent avec succb'S aux effets d'un stjour accidentel ou prolong6 dans une atniospWere froide et hurnide.) affectionne justement les lieux frais et humides. L'aconit, au contraire, qul crolit sur los ruontagnes, correspond surtout, comme on le sait, h la Sfiebvre inflainmatoire et aux philegmiasies franchies, Sauxquelles la vigueur habituelle de leur constituStion et leur tempe'rament sanguin exposent particuli brernent les habitants des re'gions montagneusos. Tandis quo la. noix vomtique, qui est si souvent d'un hoeureux emploi (tans los d 'yssenteries d'6t6' et los fib'vres biliouses, So re-colte dans linde, terre classique do ces sortes d'affections. Cost du nord-est do l'Europe, oii la. scrofule abonde, quo FRAGMENT DE Mfi'MOIRE 129 nous vient la pensde sauvage, dont on a Si fre'quemment constat6 l'efficacit6 contre cette maladie. Le "seul m~dicament peut-etre au moyen duquel on soit parvenu h guerir la plique polonaise, est le lycopode, nulle part aussi commun qu'il lest en Pologne. be cddron, ce merveilleux antidote des venins du crotale et du serpent-corail, ne croit guere que dans les contre'es labilees par ces dangereux reptiles, etc., etc. Mais faut-il conclure de ~ ces faits, qu'il me serait dIailleurs facile de multiplier presque h linfini, que chacun de nos rn'di~ caments est exclusivement approprie aux maladies endemiques dans le pays dont ii provient, ou tout au moins aux individue dont la constitution est "identique h celle que pr6sentent le plus communement les habitants de ce pays? Cette question, si 6 ~trange qu'elle puisse sembler au premier abord, est d'un haut interet 1. Voiki, messieurs, ce que j'6crivais en 1853. Or, je ne cramlis point de le dire, les deux anne'es qui se sont Ccoulees depuis n'ont fait que corroborer en inoi la croyance qu'une grande verite philosophique et une foule de v~rites pratiques etaient imnpliqu~es dans ces considh'ations. Je dirai plus, la meditatioii et surtout 1'expe'rience ont, i cet egard, singuli'rement 1. Sys1mnatisation de la mnatiere medicale homceopathique, p. 50. 130 130FRAGMENT DE M22\0IRE dIeargi et multiplie' mes apergus. Je suis AMl jusqu'h. me demander s'il n existait point quelque corr'lation entre l'apparition pe'riodique de certaines maladies et les saisons oii fleurissent certaines plantes, oh' mfirissent certains fruits me'dicinaux propres h combattre ces maladies; Si la violette de mnars, par exemnple (viola odorata), ne re"ussissait pas mieux au printemps qu'h tout autre m-oment de lanne'e contre les affections catarrhales, dont elle produit 'a peu pres les syptmes sur ihomme samn sill n.'en 6'tait pas de me~me du pi'ment (capsicumn awntuan), dont le fruit n'atteint qu'au 11101 d'aoft son entiere niaturit6, contre quelquesunes des dyssenteries qu Ion voit presque chaque annee se manifester vers le me~me mois,etcnr lesquelles j'ai eu maintes fois loccasion de le prescrire avec le plus grand succe"s; si, au contraire, enfin, les plantes dont la dessiccation ne fait qu'anginenter les vertus mnidicinales, telles que la camornille, l'artica, la ftvc Saint-Ignace, etc., ncetaient point (lestillees, en raison meine de cette proprielte, h nous servir dans toutes les saisons comme dans tous les pays, etc., etc.? ) Enlin, je terminais ainsi ))Presque toujours, dans la nature, le rernede est h c0t du mnal. Linstinct des animaux leur fait quelquefois trouv-er celui-lai sans effort, tandis que i'liomme FRAGMIENT DE' )MJ-'.IOIRE' 1.31 a toujours besoin de le chercher pour le decouvrir; mais Dieu lui a donne pour cela lintelligence. Tels sont donc,-a cela pr" s de quciques points que je ne'glige ' dessein pour ne point fatiguer mes lecteurs par un trop grand nomnbre de propositions abstraites,les principes fondarentaux de la philosophie me~dicale que je m'e'ais faite en devenant homnoopathe. Mais ce ne fut guere que l'6te suivant, pendant mon nouveau sejour a Bagnofles, que je conmengai A appliquer le peu que j'avais encore appris de la therapeutique hahnemannienne. Mes debutsfurent heureux, ce qui me donna de l'assurance. N'ayant d'ailleurs h traiter que des habitants de la campagne, je n'avais generalement affaire qu'a des maladies sinples et h des natures saines et vigoureuses, ce qui rendait ma tache incomparablement plus facile que ne lest celle du medecin qui pratique (lans une grande uille, oh" toutes les affections pathologiques ne sont que trop souvent defigurees, sinon rendues incurables, soit par des traitements allopathiques ante'rieurs, soit par la plus deplorable hygiene. Les observations qu omo va lire datent en grande partie de cette 6poque de mes premiers essais homceopathiques. 132 M]ýN INGITE OBSERVATION I M EN NINGITE be 7 juin 18i7, peu de jours apre's mon retour " Bagnolles, on vintme chercher pour un eccle~siastique, M. le cure de T., petite commune perdue (ans les bois, h deux lieues environs de notre etablissement; le cas etait grave, ine dit-on, et ii me parut tel, en effet. M. le cure de T. est un homme (le soixante-deux ans, de haute stature, bien muscl6, de constitution seche et vigoureuse, h ]a peau hal~e par le soleil et le grand air. I a d'epais cheveux bruns, les yeux de couleur fonceee, la voix grave et sonore (ce que je ne con3tatai que plus tard). On le dit intelligent et bon: ii parait adore de son vicaire, de ses confreres et de ses paroissiens. Sa maladlie date de sept h huit jours; en voici i'historique: be 29 ou le 30 mai, M. le cure de T., h linstant ott ii venait clachever son repas du soir, reput une lettre dans laquelle on lui annoncait la mort de sa vieille mere qu'il ne savait me~me pas malade. Cette nouvelle, aussi triste qu'impre'vue, 1'affecta profondement. I1 sentit le sang lui monter ' la tUtc, cut un 4tourdissement, pensa s'evanouir, ne s' vanouit pas pourtant mais vomit avec de grands efforts une partie des ali .A1IýNINGITE 133 ments qu'il avait pris. Il se mit au lit et avala une ou deux tasses d'infusion de feuilles d'oranger, ce qui ne le calma point. Vers les neuf heures survint un frisson qui dura quinze ou vingt minutes, puis, avec le retour de la cialeur, une forte celphalalgie frontale qui persista. La nuit fut agit'e, sans sonimeil. Le lendemain cependant, M. le cure essaya de se lever pour dire sa messe, iais ii ne put se tenir sur ses janibes, sa tate lul paraissait si lourde qn'elle lentrainait an point qu'il faillit tomber en avant. 11 se remit donr au lit, eprouva quelques naus'es mais sans vomissements, des bourdonnements dans les oreilles, de la confusion dans les idees, puis ii s'assoupit. Un oflicier de santd du voisinage conseilla des sinapismes aux janbes, de la tisane d'orge et un pnrgatif (leaa-devie allemanaade), ce qui fut sans resultat. Loin de s'amender, le mal s'aggravait sensiblemnent. Le dctlire qui survint mit le comble aux perplexite's de toutes les personnes qui entonraient le malade. Ont craignait pour sa vie on pour sa raison, et c'etait dans tout le village une ve'ritable desolation. Enfin voici daiis quel kat je trouvai ce pauvre pretre, lorsque je le vis pour la premiere fois: Il est dans son lit, couch6 sur le dos, la teote un peu chaude, le visage letgerement inject', la physioiiniie morne, le regard fixe; mon arriv~e ne lui cause aucune impression, il ne semble pas niine s'aper8 134 -A'TtNINGiTE4 cevoir de ma. presence; le pouls, m e-diocrerenet de'veloppe', donne quatre-vingt-ci nq pulsations par minute; peau s~clie et rude au toucher; langue verdAtre 'a la. base, un peu rouge 'a la. pointe, lhigeremeiit tremblotante; I'dpigastre et les diverses regions de labdonien iniseiisibles 'a la pression; pas de soif; le malade boit inachinaleinent et sans avidit6' la boi ssoii qu'ot lui predsente; pas de garde-robes depuis le purgatif pris 'a~vant-veille et qui a (lailleurs produit peu d'effet; lurinie qui a d'abord etd abondaute et aqueuse est maintenant Acre et rouge, sans se'diinent; sensi bilite' de ]a peau obtuse, niais pas plus dans une region que dans une autre; ht cela pre~s ilulle trace de paralysie; revasseries incessautes, "a voix sourde 'a peu pre's initelligible. Est-ce absorption delFin tell igence on ob tusi on du sens de l'ouie? be inalade redponid rarement ý la premieire question qu oil li adresse. Mais si on e6l6ve la voix en lui parlant, ii tressaille comme un homme revei~llen sraut, cesse de divaguer et rd'pond juste mais par monosyllabes. D'autres fois, au lieu de reponldrel, ii de'ourne la teate avec impatience en continuant %i r4asr Eurs, ce qui ressort le plus nettement de mion examen et de ses re'poiises, c'est qu'il souffie de la. teAte et que c'est la' Ie sie'gc unique de son mal. Aussi bien, par1 un mouveinent miachinial porte-t-il Sson front tant t unie maini tantd l'autre. Jajoute enfin que les pupilles mc seniblent sensiblement dila IA12NINGITE 135 tees et qu'eues ne se contractent que tres-faiblement at l approche d'une lumie're. Lensemble de ces symptdlmes ne in'offre rien de bien rassurant I La date de ]a maladie qui remonte deja at plus d'une semaine, la cause rmorale qui la de'termine'e, le fris;son suivi de vomissement au de~but, ne me permettent point de mi'arreter h l'ide'e d'une simple ne'vrose. D'autre part, e'~tat (le la langue et l'insensibilit6 du ventre excluent l'hypothe~se d une fie"re typhoide. 11 y a donc lh une meningrite, peu intense encore il est vrail, mais qui pout le devenir d'un moment "al'aufte. En conse'quence je mets en garde les assistants contre tout e've'nement et notammemit contre la possibilite' d'une aggravation subite, d'un deulire furieux, etc. Quant h moi, quo vais-je prescrire? formidlable qi,,ostion Icar lplus on m-e -t'mnoigne (le confiance et plus me semible lourde ma responsabilit6'. Si je poss~dais "a fond ma mnatie're me'dicale homiceopathique, je crois bien que je nh'h--siterais point., mais je suis force' de m-'av%,ouer qu'h cet kgard mon. savoir et surtout mon experience soInt loin do r~pondre hi ma conviction. 11 faut agir poutitamit! il y va (1e Ia vie (hinn liomme et de la vie dYun. homme (de lieti. Quo faire? AM si Peltroz C'tait "a ma place! mnaik l'troz est, a% Paris et jo noe puis pas me~ne mui (emam(etr uni coimseil... Une saigrnee. (les sangs ues au sie'ge, (1e Ia gliace sur la thte (oi" en trouver d'ailleurs), des rt'vulsifis 136 MPNINGITE sur les jam-bes? EhI! combien de fois n'ai-je pas employc" tout cela sans siucc~s I 11 me s-elfllle pourtant bien que j'ai sons les yeux les symiptolmes de la belladone: cephialalgie... de'lire... dilatation (les pupilles... bruit danis less oreilles... langue trembl)otante... urine aqueunse puis rare... Mais, la belladone a tant de sympto~mes et taut d'autres nmdicaments out ceuix de cette rnaladie I AlitI confre~res de Paris, qu'il est digne de niotre estime et souvent de notre admiration, le pauvre me'decin de camipagne qui, sans autre aide que ses livres, sans conseils, sans appui moral, seul contre tous, eu butte 'a toutes les tracasseries, h toutes Iles calomunies, sans compter le ridlicule; sous lIo.eil impit'-yable d'une censure aveugle, hite'resse'e, malveillante qui dehiature tous ses actesi; en guerre ouverte avec tous les prejuges, avec toutesi les passions, - ose pourtant, h force de con~viction et de fermete, pratiquer I'hDomeopathie I Et voyez quelle est souvent la recompense de son couragrel on ne le loue poiint de ses succes, on l'accable de ses revers. Quand ses malades gue'rissent, c'est apparemiment, (lisent ses de'tracteurs.,queles maladies nii'taient pas graves, puisque pour tout rem de ius n'ont pris que de i'eaat clair-e. Mais qu Iun malade sucConibe en de'pit de ses efforts... ii l'a tW6,cela panle de soi, car ii est connu que les homoeopathes n'ernploient que des poisons. Ainsi, inconis6quence, envie, MPNINGITE, 137 sottise, ignorance, ii a tout contre lui, tout except6 sa conscience. Quant h moi, Dieu merci, l'autorite' que me doiinait ma position spe'ciale in' aifranchissait presque entie~rement des jugrements des confreres des localite's euvironnantes dont je neus d'ailleurs, je suis hieureux de le ditre, qu'hi me louer en toute circonstance. Je suis meme convaincu que plusieurs d'entre eux seraient venus loyalemient ht ihomnceopathie si mon sejour hi Bagnolles ei't dur6 plus longrtemips. Ce n'6tait donc pas la crahite d'encourir un bhl'me quelconique qui mne fais~ait hicsitcr sur le choix tie la m6dicatio:) 'a presicrire 'a M. le cure' tie T. A la liii, et 1. Beaucoup do m~decins do provincee, surtont parmi ceux d'un certain 'age, et quo t'experienco a de3sillusionn~s hi I'O~gard do la mddecino officiotte, no sont nullement hiostiles hi Ihlomfeopathiie; scutemont its no ]a connaisseni, pas, et no savent comment s'y prendro pour letudior. J'ai traitd souvent, et jo traito encoro aujourd'hui, par correspondance, plusiours mcdcciris altopathevs atteints dc inaladios chroniques ot compl'-cment u]~go~tis des vieiltes pratiqimes do teur 6cole. Plusiours do mes loctours ont, sans (louto grarde. lo c~ouvcnir do la remnarguabte observation de Al. lo doctour Iluvet, do IBayeux, puhli~o par lui-nm'rn. Telto vtait, Iorsqu'iI ino fit thelnneur do mo demander mos conseits, la gra-vit4- do son (-tat, quo te ci.-H-re Weuamnier, qu'it aait commsinttiormi pen de umps auparavaiit. l'avait Ibrutalement envoye mourir dons sou pays. Or, non-semitemont ill Huvet no mouruut point, miais il recouvra en six On se~pt mincs one sant6 si parfdite, limit puit so rernitiroit pratifjuer Ia rn6 -dcCi no, a handonnele par 1 oi dIe pui Irois aims. A ujon rd mlii, 111 amil le. docteur Hovo~t, I'lhomune le plus consci envieux 110 je-, coum1ljaissv, et, de mes confre'res, Inun des plus d('vowus as Ionrsmailades, pratique, aParis, I'tmomnoopathic avee; UnC gramide- distinction. 8, MENINGITE sans laisser paraitre la perplexih' que j' Ioue je dernande re'sol fment un verre d'eau dans lequel je fais dissoudre quatre globules de, belladone h ]a douzie"me dilution. 4 Une cuillere'e de ceci de trois heures en troishleures, dis-j~e avec assurance; de I'eau d'orge pour boisson; de lair et un demi-j our dans la chambre, les fene'tres ouvertes et les volks ferm's; une seule personne aupr~s du malade: qu'on ne lui adresse pas la parole et qu'on- r(pond~e brievement h ses questions, s'il en fait. Demain matin M. le vicaire m.apportera le bulletin (le la. nuit. De retour hi Bagn~olles, je ne puis penser ai autre chose qu'h mon pauvre cure': sa maladie mabsorbe, me trouble lesprit et la conscience. Etait-ce bien la belladone qu'il fallait donner? L'aconit n'aurait-il pas mnieux fait? Dans le iloute n'aurais-je pas diu^ le saigner? Yoyons, m-edis-je, si au lieu de ce pr~tre qui Wiest pou moi qu'ui inconnu puisque je viens de le voir pour la premiiere fois, je n-'e'tais vui dans la neeeSSit (le traiter., abandonne' h inoi-me'ine danis un cas paireil, un (le nmes amis les plus chers., un (le mes procheC-s., mon01 p~e.r, parexeinpie, qu'aurais-je fait? Le sentimient, d'angoisse plite j'('pi~otve en me pos-ant Cete (Itiqestioni. me fait p~arler la sueur an fr~ont. inai's je nc sais quyi' repIondre. Apr~s tout. p~ensais-je,,:i demaini ii est pltts mial et si mc'me 11 nest pas mieux. IME1NINCTITE 139 je, le saignerai. Gui, mais j'aural perdIu vingrt-quatie hieures; et s'il vient h mourir, I... Aifteux me'tier que le mien taut que je ne serai pas s fir de moi La nuit venue, je me couche et ne puis dormir. Au moindre bruit que j'entends ou crois entenidre danis ]a cour de I'etablissement, je suis prc~t i'i sauter hi bas de i-on lit, mimagina nt qu'on vient me chercimer pour mon malade qui va plus mal. De'pit' (Ie cette albseice de sonimeil, je me decide h mi'habiller etje m'enfonce, derechief dans la mati("re medicale; mais en pure Jperte, camr chaque m(Iclicarneiit dont je hs la pathogr~niesie me paraft V~tre celui que j'aurais du' pm'escri'ie. Cepenidant le grandl jour commence h faire pallim' ]a flamme de ma bougrie, et comme apre~s tout persoimime W'est veiun de T., je mne sens un peu. mnois iiqu ict. Alai s ý sept hieures on frappe chez moi; c'estjiu stemejimt le vicaire en compagniie (bin autrve eccle'siastique; soii air parne avant sa bouche, ii est radieux: bonnie iou.V'elle, Dieu. mnerci I - Du mieuxI monsieum le (locteur. (Iu mieuxI beaucoup de ImietIX Jamais Iaram'ole ne ninest allh'e plus (Iroit au. u. ur. Je serre les mains (lu jeune pr(^1re et lemlibrasserais N1(don tiers. -Mfon sieur Iccurd.1 ('oiltine-I -ii. a ('ess6 'de di%!ag net pi'eS(j Lie aussitoIt UJ)I't.i1 aV-olr pi] Ila priem 'Te c iullnC de.:w) im'diraitiet. soni regar'd est ilevejim tout autre. 140 MPLININGITE Je crois bien qu'il n'a. pas dormi, mnais ii est reste' tre~s-calrne toute la nuit et m'a meiMe une fois dernande' iheure qu'il 6'tait. Enfin, ce matin, ii m'a demandei h boire, s'est plaint d'avoir tre~s-mal hi la to~te et vraimieut mn'a parle' de sa voix naturelle. Mais, suivant la. prescription de M. le docteur, je ne liii ai pas repondu. 01Oh1 monsieurJ' 9abbe', dis-je en souriantjvousavez peut-e&tre en cela pouss' 'a l'exces le respect de la, consigne. Quoi qu'il en soit, vous allez continuer exacteinent, aujourd'hui et la, nuit prochaine, ce que vous avez fait lijer, et je mlu rernis quatre nouveaux globules de belladonie. -Demain inatin j'irai 'a T... 9 jttbin. - Jttat geineral relativement des plus satisfaisants. Le malade, qu'on a pre'venu de mon arrive'e, mais qui ne lparalit pas avoir conscience de ma premie're vi-Site., me tend la main en me regardaut avec uniit irnt~ Amnl6 Cde curiosite'. Cependant, comme la inmi('_re seinbie 1 'impressionner pe'niblement., j e fais retermer 'a demi les contrevents qu'on a ouverts pouir me recevoir. Le pouls est encore a1 80, m-ais plus niou (jil ne lFtait lavanit-veille;le visao~e est nioiins rouge.. lutrinec plus abondanite;je constate umi pen de moiteeir "L la peau. 11 y a eu, pendatit la nuit, trois on (Juatre heuires (le boii somineil, awe dles re'ies pourlanit. dont le malade conserve Un1 souven~ir coufims,,; la lang-,ue est nmeilleure et niest plus tremiblotante. Enifini MLeNINGITE 141 M. le cure' me rend compte de son e'tat, de sa voix naturelle, selon la remarque du vicaire: J' ai la teate pleine et lourde, me dit-il, et j'y sens de temps en temps des ellancernents sourds et profonds; la melmoire me fait de'aut: je ne trouve pas les noms des choses1- et j'ai gr and'peine h rassembler deux ideles; ma vue aussi est trouble; je vois rouge. J'ai des sif/leiiients dans les oreilles quand je me mets sur mon seant et je n'entends pas clairement, Enfin, si je demande souvent h boire, ce n'est pas que j'aie bien soif, mais c'est pour m'humecter la bouche et la gorge que j'ai tre~s-se'ehes. ) Toujours pas de garde-robes, mais quelques borborygmes. Prescription: Aconit 192,4 globules clans un verre d'eau; une cuillere'e de trois en trois hieures. 10 juin. - Le bulletin m'est apporte' hi l'ttablissement. - Momis bien que la veille. be mal (le tete u'a pas diminu6. 11 y a une ve'ritable soif et le pouls a augmentA' de fre'queiice. Pas de de'lire, mais nuit sans sommeil. be malade seinbie ne -pouvoir rester un inistant clans la me~mie positioni. 11 y a (le laccablement. Je m'empresse dle reveniir a la belladone.It globules pour 10 cuillere'cs, uiie cuillere'e toutes Iles trois- hieures. 11 juin. - Je me reni(ls 'a T... v-ers le milieu du our. 142 )II~eNINGITE - Arrivez I(onc, monisieur le doteuiii, ine dii ell souriant le malade, tout en se mettant fi~remient sur son seant, de's qu'il me voit entrer dans sa chambre, venez jouir de votre triomphe. Encore quatre petits grains comme ceux d'hier et je crois, ma foi, que je suis gueri. Mais quant "a ceux d'avant-hier... ah I je vous en prie, ne men donnez plus. - Mais, monsieur le cure, vous avez Pu vOir que ceux d'hier ressemblaient exactement ý ceux d'avanthier. - Ah I d'abord, monisieur le docteur, je vous avoue que je n'ai rien vu du tout, mais qu'ils se ressemblassent ou ne se ressemblassent pas, je suis parfaitement suir qu'ils ne venaient pas de La mntne boite (ce en quoi M. le cure se trompait). A chaque cuillere'e du derniert verre, ma tete se degageait comme par miracle, h tel point que je me disais que le bon Dieu avait en piti6 de moi et vous avait inspire'. J'ai dormi, cette nuit, six heures au moins tout d'un trait, n'est-ce pas abbe B...?' Voyez mon pouls, monsieur le docteur? - Soixante et dix pulsations h la minute, monsieur le cur6; c'est presqfie un pouls niormal. - Et qu'est-ce tl:nc que j'ai pris? Dites-moi-le pour que je m'en serve ' aloccasion avec nos gens du village? - C'est de I'liomcopathie. monsieur le cure. I EN IIN G ITE 143 -AlitI tre~s-bien. Vous me redirez ce nom-1a'. C'est une plante, monsieur le docteur? -Oni, monsieur le cure, une plante vivace qui nous vient de l'Allemagne, inais que nous avons bien de, la peine h acclimater en France. Je lui expliquai dans la suite, ce qui le fit beaucoup rire, le vrai sens de ma re'ponse que de la mneilleure foi du monde lui et tous les assistants avaient prise h la lettre. Noublions point que ceci se passait il y a juste dix-sept ans, et que si, des cette 6'poque, Il'homoeopathiie avait de'jh dans les grandes villes ses partisans et ses de'tracteurs, (bien que ces derniers ne la connussent gruere mieux que ne la connaissait M. le cure' de T...) ii n'y avait rien d'etonniant h ce que son nom mimer fcit ignore" dans, un petit village de lOrne. 192 jamn. - L'amielioration se soutient;: pouls, 'a 65. Une garde-robe naturelle. L'appe~it se re'veille. Mmeni prescription;.9 pota yes. '15 jamt. - M. le cure', en pleine convalescence, se prome'ne dans son jardin. be920. - 11 vient, a pied, h Bagnoiles me reinercier de mes soins. Rflexions. - Admiliistre'e d'abord] le septic'ine jour de la maladie et reprise ensuite apre's Yacon it, ]a be]ladone, 'a la douzie'me dlilatioii. et "aIa (lose dle (fuiatrc globules pour '10 cuiller~eeS de ve'hicule, a 1)rOdtlit., "I eichaque fois., une ani(Ilioi'ation surprenalite et pour I44 AlkNINGITE ainsi dire instantane'e. La premni~re fois elle fait cesser le de'lire qui (lure depuis trois jours, et la deuxime"M fois, elle de'gage si -vite et Si bieri la tehtc que le malade est tcnt6' de croire h un miracle. L'admiinistration de l'aconit, motiv(-'e par la persistance (du mal de tate, dle la mioiteur ý la peau et une fausse appareuce de soif, 'tait tout simnplement une b'vue. Paut-il voir dans lagitation nrcturne qui la suivit un s 0ptm medicamenteux? Cest mon opinion, bien que cela soit contestable. Si maintenant on rue demande ce que s-,erait devenue la maladie abaadonne'e h elle-nieirie, je nie saurais re'pondre d'une inanieire precise 'a cette question. Mais ce qui sem-ble an momns probable, c'est que, si elle lie se fc~t point terminee par un- 6panchernent et par la mort, elle aurait de toute evidence dure' beaucoup plus longtemips. Remiarquons enfin que si l chioix dui me'licanient m'a vivemient pre'occup6, l'exiguit6" des doses lie mia jamais laisse' une mninute dinquietude, car les effets sur_ Moi-nn(_me d'une (lose aL peu pre's seinbiable de bryone m' avaient coinpletement e'dific' 'a l&'card des infinitk'sitilaux. Je reviendrai., an reste., sur ce point, eni traitant, "a la fin de ce petit livre, de la posologrie en ge~ne'ral. PEII MPI I YIU S13 145 OBSERVATION II P EMPH YGUS De tous les faits qu'il mi'a C463 donnt6 (lobserNvel danis ma carrie're medicale, c'est peu-tre celui que je ais raconter qui a produit sur moi la plus vive imipression. La raret6' de la maladie, son anciennet'. leffrayante intensite' de ses symtines, la rapidit6' inioufe de leur transformation, la si mpli cite' d'une me'dication h laquelle je cominen~ais "a peine "a m'accoutumer, enfin la. chance heureuse qui mne fit tomber juste et du premier coup sur le vrai mnedicament, tout conicourut h me le graver profondelmcnt (lans la 1nilnoire. Aussi, "a cela pre's des dates (111 n'oiit gruere dFijiportance et des noms pi'opi'es' (111 ilcf ont auctine, l)ui'.sque je n'ai pas I'intention de mi'eii servir, 1)aurais- -Je aucun besoin de coiisulter mes niotes pour cen rapporter tous les details avec la pl)us rigourcus.,e fi~i.Je (i'ciare que si, apres cc que j avais pcrsoniicllcmeiit 6prouv6', quciques doutes cussciit eciore im inc rester danis l'esprit, le fait (lout ii s'agit ics cu t jinfailliblement (lissipe's, car je ne crois pas (qu ii soiLt possi ble (le citcr uii cas oii la puissance (lulic nied cation quelAcoiiquc se soit inanifest~e (lunie manitire plus saisissante et plus irrn'fragrablc. 146 PEMPHYGUSI Le 13 juin 1847, juste h linstant oh" je venais de recevoir de Al. le cure de T... les nouvelles les plus satisfaisantes, le meunier dun villagre (le la Mayenne entra chiez moi avec. sa femme, pour laquelle ii de'sirail me consulter et qu'il avait, me (lit-il, Fmntention (le laisser -Ch Bagniolles pendant toute la saison si je jugeais, apre~s Favoir examine'e, que nos eaux fussent susceptibles de liii rendre la sant6". Cette femime, qui accusait trente-deux ans, paraissait en avoir davantagre. Son air de'bile, sa maigreur, ses cheveux roux ne'glige's; son visag~e fa tigue', ble~m e, terreux; son regard sans expression, presque sans vie; sa profonde tristesse; sa de'marche pe'nible; l'expression de douleur qui senublait contracter ses traits h chacun de ses mouvements, ne re~vd'aient que trop bien chiez elle des! soufifrances de vieille date, sinon quelque irreme~diable cachexie. Lorsque je mui demandai quelle 6"t~ait sa. maladie, elie liocha tristeinent la tate, et, aui lieu de me recpondre, se mit 'a se de~pouiller de ses vkenients awec lenteur et en seinblant apporter hi cette ope'ration des pre'cautioins excessives. Pour la laisser faire plus libremient, je miassis 'a mon01 bureau et je termiiiai uiie lettrc. Mfais lorsque, en mne retournant, je la vis nuLe de la te'te jusqu'aux hianchies, je ne lpus retenir une exclamiation de pitie", car ce que javais sons les yeux &lait quelque chose de navrant. Ses epauleS, ses bras, sa poitrine et surtout son dos n'I6 - PEMPHYGUS 147 taieint qu'une plaie hiideuse. Je crus, au. premier coup d'Iowil, 'a une 6'norme brfilure par l'eau boujillante. Mais cette premie're impression~ne dura qu'une seconde et je vis biento't distinctement ce dont il s'agissait. Car, dans ce repoussant foujillis de chairs de~nude'es et, par place~s siaignantes, de croi ites accumule'es, j aune's ou bruna~tres, i nfbrmies, fendille'es., de'chire'es ýa et ha par suite de leur adhie'rence "a la chemise et ressemblant assez bien "a des amas de mniel. commun desse'ehe, voici ce que je constatai: Io Des taches circulaires, sechies, rugueuses, d'un rouge violac6' et parfaitement analogues hi des cicatrices de v6sicatoires 902 D'autres taches de me'me forme, d'un rouge plus vif, dont le fond n'6tait autre chose que le corps r~ticulaire mis "a nu et au. pourtour desquelles adhe'raient des debris d'I piderme; 30 Eufin de grosses phlycte'nes parfaitement he'misplieriques ayant, "a leur base, de trois 'a cinq centiimitres de diame'tre, reinplies d'une se'rosite' incolore et limpidle ou (surtout les plus volumineuses) jauna~tre et opaque. Quelques-unes se de'tachaient nettemient et sans aureole sur le fond terreux de la peau; d'autres &taient entourees d'une le&gere lig-)ne rose'e. Sur les 6paules et sur les bras, ces amnpoules e'taieiit solitaires; inais, entre les e~paules et surtout hi la retgion lorubaire, elles 6'taient confluentes et semiblaient pour 148 PEMPHYGUS ainsi dire accuinuu1'es les unes sur les autres. Un certain noinbie 6~taient intactes; celics qui eltaient d&'l chire'es laissaitent sumnter de cette sehusiL6' qui, en se desse'ehant, avait forn6" les crou'tes. Plusieurs de ces ampoules existaieiit sur le ventre, aux grandes levres, sur les nineibres abdotninau.-x et intbne aux cous-depieds; nalis, jusqu'ha pre'sent, me dit la malade., ii.-e se &tait mnontr' Hii au -visage, -id au cuir cheeii hi la paume des mains, ni 'a la plaiite des pieds. Enfin, bien que les le~vres et la langue eussent aussi e'e respecttese.-, ces organes semblaient comme brucie's et de'pouillh's de leur epithe'lium. Nonobstant cet ktat de'plorable et dans lequel je naurais pas cra. qu oil pc^ t vivre longtem-ps, la sant&3 genc~rale s'k~ait relativemeiit maintenue d' unefao surprenante. 11 y avait uine soif habituelle; cette pauvre femmne manigeait un peu et digcU"rait passablement, bien (Jue ses grarde-robes fussent irre'gulieres et generaleinent diffikiles. Ses douleui's iitctaient mmehl pas, lorsqu'elle se tenait imimobile, d~une tre~s-grande acuite'. Circonstance enfiin plus e'tonnante, cule parvenait "ai dorinir chaque nuit pendant trois on. quatre lienres. Mais, commne les compresses enduites de ce'rat, dont elie e'tait couv~erte, in'einpechaient toujours q uimiparfaitement les parties de son corps sur lesquelles cule e'tait coucliee d'adhe'rer aux draps de son lit, son reiveil e'tait presque toujours un supplice. PEMPHYGUS 149 Tout en se rhabillant elle me conta, son marn aidant, I'histoire de sa maladie. Le 16 janvier 1846 (ii y avait done. quinze mois!) elle etait alle', ayant se-) regles, passer la journee chez une de ses parentes, h une liene environ de chez elle. I1 faisait froid; la terre &'ait couverte de neige. A cette epoque de 1'ann~e les jours sont courts. Elle s'attarda et ii e'tait nuit close quand elle se mit en route pour revenir au moulin. I1 n'6tait pourtant guere plus de six heures lorsque, suivant le chemin qui traverse une foret avant d'abontir au bourg, elle crut entendre un leger bruit derriere elle. Elle se retourna et vit fiamboyer daans les broussailes, ý vin;gt pas d'elle, les deux yeux (Fun loup. La peur la prit: ii y avait de quoi. Elle n'aurait pu, dit-elle, ni crier ni courir. Courir d'ailleurs eu3t e~te' dangereux; le sol (tait glissant, elle aurait pu tomber, et, dans ce cas, c'en e'tait fait de sa vie. ( Je me recommandai ý Dieu, dit-elle, je tachai an momns de marcher vite; mais ii me semblait que plus je voulais lihter le pas et moins j'avan~ais. ) Bient t pountant elle atteignit la lisi're de la foret et deux minutes apres le seuil (le sa maison; mais dperdue, haletante, les dents serr'es ot tellement hors d'ellc-m11Cme qu'clie nie put (lire, que c~s mots U11 loup I... un loup e... et s evanouit. Cette syncope fut de courte dureoe; inais le coup avait port(., le mal 6'tait fait. Un violent frisson la saisit quand elle 150 PEAMPHYGUS revint hi ello, ot cc frisson dura. plus de deux heuros, bion qu'on lui ecut fait prendro (les boissons chaudos et (jiel 11 so fc~t assiso devant un feu ardent. A la fin pourtant elie se rechiauffa; mais la Uwevr survint et (lura touto ]a nuit. Los rt~glos s'~t~aient d'ailleurs arre^te'os et dopuis cetto 4'oque olles n'ont jamais reparu, malgr6e (les hamns de plods chauds, des fumigations d'horbes arom-atiquos, des sinapismes et deux. applications do sangsues. be londem-ain,.'17 j anvior, courbature generale, disposition aux dci aillances, frilosit6 insolito, mais non suivie (10 reaction hibrilo; re'puglianco pour los alilments; p1 usiours selles diarrhieiquos; on fini, doulours sourdes, melces do vagues '1ancein-ents ht la region lombaire. Le 18 janvier, cos douleurs changont do caractere; ellos soiit mioms profon(1os, (lovionnont bra'lantes et semblont. so fixer hi la pean; (( c'e'tait exactement, dit la malade, la sensation de'sagre'ablo quo cause ui -v6 -sicatoire, ))et le soil', on effet, son mani constate qu'il s'ost forme6 lh (reg.oion loninbaire) unoc ampoule pleino (lune eau Ilmpide et parfaitoment semblablo "a. cello qu aurait lproduito mme br Aluuo. Pourtant la peau enviroinnanto iio"st pas onfi ammneo et n1est mcmo epas rouge. Pen-dant (tUatro ou. cmqi( jours, cetto ampoulo va giossissant et acquiert ainisi le volume (lun petit cieuf' de poule. Onl la porce alors avec ha pointo d'une aiLgouillo; elle se v'ide, s'affaisse, et ha inalade, qui n'on PEMPHYGUS 151 est que me'diocrement incommod~e', ne doute pas qu'elle ne soit guerie. Mais la cicatrisation est hi peine cominencee, que deux nouvelles ampoules, semblables "a la premiere, se montrent en Meme temps, l'une au-dessus de lautre ýi colte de la place que celle-ci occupait. Deux jours apres, une quatrie~me apparai't au-(lessous (le lomoplate gauche; puis ii en -vient d'autres au cou, ii en vient dix, ii en vNient cent. (( Enfin depuis quinze mois, dit en sangl~otant cette maiheureuse femmne qui d'abord &tait tres-calnel, et que le desespoir semble gagner au recit qu'elle me fait de ses souffrances; depuis quinze mois voifl ma vie!I Qu'ai-je donc fait pour la me'riter? Que je meure au mos, sije ne puis gu'rirt Je m'efforpai de la consoler, et quand elle fut un peu remise, je m'informai des divers traitements que sans doute elle avait df' suivre. Mais ses re'.onses h cet e6gard,- je m'y attendais bien, - e'aient sans; inte're't. Inde'pendamment des expedients inutilem-ent mnis en ceuvre, a% plusieurs relprises, lpourl raplpeler le flux menstruel, des purgratifs, dles tisanes insignitiantes (les onru ents, (les liniments dont on me lit voir les forinules et qui, pour1 la lpllpart, contetiaicut de lopium, sous cliff~rentes formies, entin (les )ahins ainidlolnnds, (les bains; au carbonate dle souwle (quteule n'avait pu supporter), puis (les bhams au foie de soufre. le tout sanis r~sultat. Voilh certes qui ne 152 PEMPHYGUS montrait pasi darn loe3 m.-dchins qui l'avaient soign~ie (et eile en avait con;ul t6 de notables), un bien grand e~ipritL d'inventioni. Maii mon tour e'tait venu:serais-je plus liabile on plus heurcux quc ne l'avaient e'te mres confre~res? Au momns avais-je peu de chance d'e'tre plus miaiheureux. Toutefois j'6tais embarrass6', et je lti eplsdn aon. Tout enivr6 de mon r'cent succes, j'avais; la tite nionte'e 'aIh l'rard de 1'homceopatlbie et ne concevai-3 plus d'autre me~dication. Mais comment conseiller un traitement homoceopathiqu e at cette femime qui ne'6ait venue hi Bagnolles que pour y prendre les caux, et qui en. delfiuitive ne me consultait que pour savoir si ces eaux. hui convenaient. e'~tais le m&Ieecin de le'tablissement et ii ne m'etait pas permis de 'oubl)ier. D'autre part, les caux de Bagnollesi, intvus et in catle, m'oifralent-elles-, en pareille circonstance, queque probabilit6" de succe~s? Eni verit6, je naurais pu' le dire. Jaurais voulu tout concilier; mais, comme le temp.'- de ]a re'flexion me manqualt, je biai;ai pour me le donneor: (Madame, dis-je 'a ma, Iu.-e meuniecre, je crois votre maladie gue'rissable. Dains quelques- jours vous prendrez les eaux, mais (lais (quelques jours seulement.. et je vous dirai comnine~it. Ailais je (le;ire. pour quelles soient plus efficaces, vo~~~~s y preparer par un indicaictqevu viendrez chercher ici doemain matin. car ii ine me serait pas possible de me le. procurer plus t6t. C) 'Aait PEMPHYGUS 1133 lii une supercherie hi laquelle j'e'ais honteux d'etre oblige' de recourir. Mais quel triomphe pour la doctrine de Hahnemann, me disais-je en manie~e de justification, si, au moyen de quelques globules, je guerissais cette aifreuse maladieI Cette maladie queje venais de voir pour la seconde fois de ma vie 6'tait le pernphigus chronique 1 Avant de proce'der ai ]a recherche du medicament homoeopathique que je m.'etais me'nage' le inoyen de prescrire, j'aurais bien voulu pouvoir e'tudier hi fond. dans les auteurs spe'iaux, ihistoire du pemphigrus. Maiheureusement, je niavais ýi Bagnolles qu'un petit nombre de liv-res,) et force me fut de me conteiter d'un article, d'ailleurs assez de'veloppe', sur ce sujet, par M. le docteur Rayer 2. Je lus avec avidit6' cet article, dans lequel je trouvai une excellente (les - cription de la maladie, mais rien de plus. Tout ce 1.Pet-tr mmederasje dire pour la premiý.re fois de ma vie, car le seul cas de pemphigus que j'eusse observO auparavant, WOWan encore quetudiant en medecine, Rtait le pemphigus aigu et Sbulle unique, pomipholyx solitarius des dermiatologistes. 11 gu~rit spontandment en quelques jours. ~iais queules bizarres coincidences produit parfois le hiasard ILe sujet de cette preniiere observation 6tait un garfon mieunier (de Ia Hauto-Sa~ne) qui atoit eu peur d'un loup. Je me demande quelles induetitions fatidiques on n'ek pas pas manque do tirer de ce r~ipprochonent au hean temips des stiperstitions mddicales. Peut-ktre eat-on nommInc; pe mnphigus la 111(ladie des mneuntiers ou. la niadadie des loups. ~.Dans le Dictionnaire de uiedecine, en 21 volumes,. 154 PEMPHYGUS (lul s'y rapportait ht la th~rapeutique et hi 1'6tiologie, mais surtout "a la the'rapeutique, &tait d'une pauvret6 de'sespe'rante. be-.) boisso us (ielayafltes, les antiphiogisliqites, les sanigsues! les, bains tie"des, les, bains alcalins (qIui, de l'aveu me'me. de lauteur, exaspbrent les souffrances. cc qui avaiL eu lieu chez ma malade), enfin la cli~o 1aci~e. Voila, 'a peu prebs, tout ce dont se compose le traitement pre'conise' par M. Rayer contre le pemphigus chronique. II est vrai que cet article est de 1826, et c'est merveille de voir comme toute la littc&'Tature mn~dicale de cette (-'poque est iinprE~gie'e de lespr~it (le Broussais IM(Aais, mnalgr(d cc traitement rationnel, flit naivelienet Al. Rayer, il est rare que les malades survivent auxi sonfifrances inouies que pro(luisent ces inflamnmations inultiplie'es (les philyctenes). ))Je n'6'prouvais donc pas la moindre tentaLiond(e mettre h lessai sur ma malade le rationalisme des boissons de'layantes, de~s antiplilogistiques, etc., ce qui, en soinme, avaiL e'te' fait de~j'a, et i'on a p voir avec. quel succe~s. Un. spe'cifique, voilh ce qu'il me fallait. Mais quel e'tait cespe~cifique? existait-il? et s'il existait, l'avais-je 'a ma dispositioni? Je pris la ilatiin-e -id'-icale pare et je lus attentivesoulire, celle de la jrnlsatille, celle dlu sumac, etc. Dans toutes, et cest bien la" ce qui faisait mon de'sespoir, un assez grand nombre de symptolmes sern PEMPHYGUS 155 blaient se rapporter h la maladie que j'avais en vue; mais aucune d'elles, en r~alit6, ne moifrait bien exactement les symptolmes cutane's du pemphigus, ce qui e'tait le point capital. Cependant ii me sembla que les symptomes suivants de rhus tocvicodendron s'en rapprocliaient singulie'ement: ((Les ampoules (ii y avait done des ampoules) qu contenaient pour la plupart un liquide lactescent, mais quelques-unes aussi un liquide clair comme de lean, deviennent confluentes: cet e'tat dura trois jours, apres quoi la peau se desquama. ))Eruption briilante de petites ampoules pleines d'eau et rougeur de la peau, par tout le corps, excepte6 au cuir chievein, au creux des mains et h la plante des pieds 1. ) Malhieureusement,ce n'6'tait pas de petite~s ampoules qu'il s'agissait; mais I'expeiim-entation physiologrique avait-elle e~te poussee assez loin pour en produiire de voluinineuses? En de'finitive, conside'rant que la plupart des 6ruptions cutane'es que le rhus de~terniine, chez 'ihomine saml s'accomipagnent (de doiticurs brulantes concordant., sous ce ralpport avec celles quIte ressentait ma nialade., et consid("Tant en outre. qnti'ni trbes- gran~d llonhlre (1 autres syinptoines pIVOV'O(ICS jai 1. Aiatib-e medicate pure, t. 1I1, p. 508. 156 PEAIPHYGUS 156 PEPHY0U ce n~dicament presentaient avec ceux qu'elle e'prouvait ou avait elprouve's la plus frappanite analogrie, je, me de'cidai pour rhus. 11 esst bien clair, me disais-je apr~s tout, que (Luatre globules imbibe's de la douzieme dilution de cette substance, s'ils ne font un. tr~s-grand bien, ne sauraient faire un tre~s-gYrand mal. Si dans trois jours l'effet est nul ce qui nest que troph~ pre~voir, ii sera bien temps encore de prescrire les bains d'eau thermale et, h lmnte'rieur, quciques verres par jour d'une de nos3 sources ferrugrin euses, dont en ve'rite' je ni'esspere pas merveille. J'allai donc, prendre h la pharmacie une fiole nouve de la contenance de deux cents grammes; je la riný,ai, pour plus do siuirete'; je la remplis d'eau distilh~,aigruise'e (le deux grouttes (lalcool, et dans laquelle je fis dissoudre mes quatre globulos de Rhus. Le lendemain) '14 juin, le Meunier (la malade 6~tant eficore au lit) vint, commie ii. z'tait convenu, chercher cc m(Idicament. Je lui indiquai de quelle mani~re ii devait eitre adrninistre' (quati-e cuillere'es par jour). J'ajoutai 'a cola queh~lues recommaildations sur le re'gime "a suivre et jo le conge'diai. Le '15, le 16, le 17, pa de nouvelles de mna malade, qui no logre pas 'a l'6tablis-seMent. JYen suis ý me domandler si, mnecontente cle mon h("sitation (lo1t iell s'eAi peut-c~tie apei',.uo, elle nies~t pas retouriule (lans son pays sans prendre Di MOn me'dicament ni los PENIPHYGUS 157 eaux. Mais le 18, de grand matin, mani et femme entrent chiez moi. Une W~ritable transfiguration me parait s'tre ope'ree chez la mialade. Elle a le teint repose, le-, 1e'vre.s rosies et humides, l ~acepu de~gagree. Du reste, tous deux ont l'air grave; uls me saluent avec une sorte de v'ne'ration; mais impossible de lire quoi que cc soit sur leur impas'sible physionomie. OhI paysans normandi! - Eli bien? leur dis-je. - Je n'ai plus rien,, me repond la malade. - Comment, plus rien? Vous n'Iavez plus de m~dicament? - Je lui ai donne', (lit le mani, la dernie're cuiller~e' ce matin. - Mais votre maladie? votre peau? Elle baisse les yeux et re'onid tre~s-bas: Je crois que je n'ai plus rien. - Yoyons! oh! voyons cela. Elle se c1~'shabille, ce qui va p~lus vite que la pr'etni~re fois. Mlerveille de.; merveilles! Cest a i nen pas crione inc- yeux! Rien! Ilien!I mais rieni I tout a (]isparui. Pas ve-fige dc phlycte~ies. C'est 'a peine s'il reste ~het Il" quelques roug"eurs et quciques de'bris de croites. en tie'remen t (lesseceheles. - Mais il mnc semhi le,, dis-je, tout hors, dc 111i hi cette femame, (lOtile flegle meecoofowld ii me scm ie qu yous devriez e~tre biell contenteI 158 PEAIPHYGUS - Oh I pour ga, oui. je suis contente, dit-elle en souriant enfin. - Si cela ne revient pas, ajoute le mani. Et tout ce machiavise, qui ne me donne pas le chiange, parce que je connais 'a fond les moeurs de Fen-droit, dans la crainte que je n'6valueah un trop haut prix le service rendutI - Faut-il maintenant qu'eue prenne les eaux? me demande le ineunier. - Non, et peut-etre ni'aura-t-elle pas besoin de les prendire. Le iMele medicament pendant trois jours encore. Je leur prepare, se'ance tenante, une nouvelle potion de rhuts et je les coiing.,e'die. Le 20 juin ics 'r~gles paraissent, sans trouble, sans (louleurs, aPl~e'S quatorze mnois de suspension. Le 2~5, la inalade prend un bain, un seul. Les taches rouges ont dis-paru. Elle s'en va guerie et gue'rie sans retour. ainsi que je l'appris le'te' suivant par une fenmme de son village. RNflcxions. Bien iie saurait ajouter., dans cette obser-- vationi, 'a he'loquence des faits: ii faut les niier ou les adImettre, avec toute leurs conse'quenices. be sutmac aurait-ill, dlans tous les cas de pemphiguts, lnicomnjarable efficacite' qu'il niontra daiis celtfi-ci? Cest, ce- que j'igrnore. Cest., du reste, uti des ine'dicanieints les plus sinrs et les plus usite's de, notre niali~ie ARTHRITE CHRONIQUE 159 m~dicate. It nWest pas d'hiomceopathie qui n'en ait obtenu do bonis offets (tans l'6rysipPie, la bri'Ilure a~u premier clegrý, I'arlhriic goaucttse, le lomhago, certaness ophihal-mies, cert~aineS parc lysies, la fie vre typhoi'de (pe'riode diarrlli(1iue., surtout torsque to pout;s presonte une tentour ret ativement exception nette), etc., etc. Enfin, on Fa tbeaucoup recommand6' dans to zona. Ehi bien I je dois avouer quo, dans cette derniiire miatadie, te r-hus no m~a jamais doDnn quo des result~ats e6quivoques. Dans cinq on six cas, au contraire, to croton ligliurnat a fait ces-.ser rapidement nonSeuletmniit tcrujption 1)UStulouso, mais 01)0010 ]a iie6 -vralgio qui t'accornpagne presque toujours et qui tr essouvont porsiste apre~s quo cette-th' a disJparu. OBSERVATION III ARTIIRITE CHIRONIQUE 'Mademoisetle B..., des environs (to Saint-Mfalo, ag~e do -vinigt-tiuit ans, btonde.. tyinplatique.. bnien ITrike mais sujette aux portes; btanctes, eit attointe., dopuis plusiours anne.O3, (11111 affection (10i g-eiioux, pour laquluott otto a deja t)ais-, six senialuos a," iotroeta ('Ialisseilent pendanit tote do 18'14. L-j'imflli(ratiofl qu'ele croit avoir 6prouvee (Los baiiis et suitout, (10s (10(10110 11Qus tFa rauien~e cot etc" ot dej)uis hrois semainos eni 160 160 ARTHRITE CHRONIQUE viron elle s'est remnise au rergiie des eaux. Mais j'avoue que 1'ame'1ioration, donit elle veut bien faire honneur "a la source thermale de Bagnaollei, me paralit s'effectuer avec une tefle lenteur qu'un esprit un peu pre'venu pourrait, sans trop dle malveillance, 1'attribuer aui temps et a' la seule nature. be genou droit, qui est surtout le sie'ge de la maladie, pre'sente en dedans et en dehors, mais principaLeinent en dedans, un gonflement qui n'existe pas aui grenoti gauche, bien que la mialade souffre aussi, mais lemyremeit d ceu-i g nfeent dur, i-nediocrement douloureux au toucher, lie s' accompagnant d'aulcun chancgeinent de couleur 'a la peau, et paraissaut inte~resser spteicialenient 1'extre'inite' articulaire du tibia. Loisqu'on Niit jonjer larticulation, c'est-a'-dire pendant le mouvemenent de flexion de la jambe sur la cuisse, Si inode"r6 que soit ce miouvemient, qui du reste est toujours pe'nibLe et dans Les miauvais momenits impossible, onl entend distinctement un bruit de ripe analogue 'a celui que produiraient deux Surfaces ingrueuses frotte'es Futne contre Lautre. Certaineinent,) IL y a la' de'faut (le synovie et tre~s-probablement, qui plusi eAt, aLte'ration plus ou mnomsi profonde des cartilagies; articulaires. Rien (de semlbla]le no, s Iobserve au genIou gauche. Mademoiselle B...., qui 110 souffre pas d'une mian icre continue, marche avec deux be'quilles sans LesqueLles. ARTHRITE CHRONIQUE 161 personne ne l'a encore vue h. Bagnolles et se promhne le plus qu'ele le peut. Mais (le temps en temps de violentes douleurs, dont les acce's durent une on deux minutes, la forcent subiternent "a s'arreter. Alors on la voit rougir; son visage et probablement tout son corps se couvrent de sueur; son e'nergie bretonne l'empe~che de laisser 6lchapper une plainte; mais, en de'pit de la contrainte lu'eule s'impose, les larmes lui viennent aux, yeux. Puis, l'acce's pass6;,e, elle sourit tristeinent, reprend le I'll de sa conversation si elle causait et poursuit- sa promenade, qui d'ailleurs ne s'etend jamais au delh des ilinites du parc. Mademoiselle B... a eu dans sa farnille des goutteux et des rhumnatisants. Elle-m(^m-e a fait une chute, je ne sai plus h quelle ~poque ni dans quelles condlitions. En de'finitive,, les ant'ce'dents de sa maladie m'ont Met' tr~s-vaguement racont's, dle telle sorte qu'il me serait, SMon tour, tre's-difficile d'en faire un re'cit bien exact; mais ceci n'6te absolument rien ýt 1importance du fait que j'ai cru devoir rapporter. Dans la soir~e du 2. juillet (18W7), le temps, etant humide et frais--, Mademoiselle B... est prise (lufle n'Vvialgie denitaire; ce qui lui eAt dcja arrive plusieurs fois- 'a Bagnolles. bien qutielle ait les deits lpartaitemfeiit saines. La douleui' est soulrle, conitinlue, pulsativ~e comme une douleur (labec~s, senisiblem-eut exas--p~kne par lair du dehors. Mademoiselle B... se retire dle 162) 162 ARTHRITE CHRONIQUE bone hur, se couvre I a ma^choire de coton card', se met au lit, mais passe une nuit de'testable. Le 3 au matin, la douleur qui s'est augmente'e pendanit la nuit sanis changer de car acte're., occupe toute ] a bran chle _gauche du maxillaire inf~rieur, sans qu'une dent parais'se plus speceialemeilt atteinite que les autres, se ramifie clans la parLotide corre.ý-pond~ante et clans la gi ancle sous-mnaxill1a ire qui est, particulibirement sensible et fortne une saillie prononce'e. Enfin, ii y a de la rougreur et du goniflemeiit "a la gencive, mais ii n'y en a point "a la jouc. Cet 6tat, qui persiste toute la journee et qui ne perm-et pas de manger, s ag--gra-ve encore ai la tombe~e de la nuit. Je propose alors "a la malade, qui a pris inutilement deux bains de piecis, d'essayer de la soulager avec un iinedicament homiecopathique. Elle y consent, et je lui apporte un verre d'eau. commune, dans-I lequel j'ai fait dissoudre zot semi globule de mnercure (nicre. sol.) hi la trentieme dilution, et dont je Jui recommande deprendre inmrvd jatement une cuiller~ ibouche. puis une cuiller~e de deux en deux lieurs silIa douleur se mi-ai ntient et si le somimeil ne vient pas. Or, Ie 4 au mnatin, je suis tout surpris de voir mademoiselle B... (lans la cour de l\('tablIissement, mnarchaiit sanis ses be'quilles et en s'aidaut seulemieut (1 mine peCtite canne. (lont elle a I'lialbitudle de se servir dans sa chambre lorsqu')elle n'a que queiquesI- pas hi y faire. Elle mi'aper~oit, et, souriant de mon air e'balii, ARTHRITE CHRONIQUE13 163 vient ht moi prestement, presque sans boiter, et me dit en me tondant ]a main - Oul, docteur, c'est bien moi: vous e~tes un magicien. J'ai pris, hier soir, vne seule cuille)Ye de votre m6dicamont et un quart d'houro apre'sje dormais. Jai dormi toute la nuit sans cotte incommode transpiration dont je me plaignais cos jours pass4~s. Je ne me suis re'veille'e qu'a sept heuros, no soulfuanit 1plus et mourant de faim. Mais voici lo plus oxtraordinaire: mon gonou ne craquc plus, je le sens h peine; j'ai Pu laisser mos be'quillos dans ma, chamnbre... et me voih. 11 y avaiL la" plusiours baignours et baigimouses, et. jo pus entendre, bien quo faites 'a voix basse, les re'flexioiis suivantes: - Yoilh co quo coest quo los eaux ILour offot so produit quelquofois tout d'un coup. - Cst le cliangoment do tompsI -Lo ronouvollomont (10 Ia luno -Elle ost bonno, mademoiselle 13.... avec sa cuilIor6o d'eautI -Cre'dulo commo uno Bret~onne quoello ost. -Qui sait, disait uno bonnie vielle, si co n,est pas uli miraclo op~r(! pa Notire-IDamie (10 igIoX'? Made11oiselle 13... ny eA-clle pas a~llee ii y a tr'ois junPS1? Oh Imoi aus~i, j'y suis alke, dit uncgouttoux, ot j Wmen souffre pas momns., etc., etc. 161 ASTEME Quant 'a moi, qui ne pouvais rn'empelcher de sourire en saisis:iant h la volee ce.- menus propos que j'entendais malgrr(1 rnoi, je recevai;, h (quelques pas de la', les confidences d'un pauvre paralytique qui venait de nous arriver et qui, lui aussi, me semblait-il, avait grand be-soin pour gue'rir de l~intervention de NotreDame de Ligrnoux. Mademoiselle B... n'avait plus, maliheureusement, qu quciques jours h~ passer 'a Bagnolles. Elle continua le mercure, le peu de temps qu'ele y resta. Je la revis ihiver suivant h Paris, o0 ý soZgan regrret, des affaires et sa position de fortune ne lui permettaient pas de sejourner plus d'une semaine. Elle iifetait pas entieirement guerie; mais l'ame'lioration vrai melit extraordi naire qu'ele avait obtenue en queiques jours, ou, pour mieux (lire, en une seule nluit, s'~tait inaimitenue. Jamais, depuis cette edpoque, elle miiavait eu besoin de reprendre ses be'quilles, et elle pouvait mincme inarcher sans canne. OBSERVATION IV A ST HME Mt. L..., marchand de bceufs, atge I urmned ails, bien con-titue, mnenant une v~ie active et c6mralernemmt sobre, se plaint d'eprouver., depuis citmq ou six ails, des acce~s de suffocation, faibtes et de courte ASTHME 165 durele dans le principe, mais actuellement (juillet 1847) tres-intenses et quelquefois fort prolonges; acces qui reviennent h des intervalles tre's-variables, surtout pendant les grandes chaleurs on les grands froids, le plus souvent sous linfluence d'un temps orageux ou d'une contrarie'te; niais quelquefois aussi sans cause appreciable, et qui le laissent, quand ils sont passes, dans un 6tat de sant6 parfaite. L'acces commence ordinairement v-ers les sept ou huit heures du soir, tant6t apres une journee de vague malaise et prec'd6 par un sentiment de geine dans la poitrine, tant t subitement, sans aucun symptdime precurseur, et se prolonge jusqu'h trois ou quatre hieures du inatin, sinon jusqu'au-grand jour. Tout le temps de sa dure'e, M. L..., en proie " un sentiment d'angoisse inexprimable, ne peut rester pendant une minute la tete sur loreiller. I1 est oblige' de s'asseoir, le corps penclne en avant et les C'paules rejetees en arrieire. I1 a la poitrine serree comme dans un 6tau et ( nze. rcepire que de Ia gorge. ) Il lui semble ell mehnie teinps qu' Ientro sa poitrine et soil estoniac une barre rigide enipkhclie ses poumonoos de so dilater par en bas (spasnie du diapliragne?) I1 ne tousse pas, mais il ost halotant; lair lui manque, ii sufibque: (luelle que suit la tempe'rature, il faut que la croisee dto sa chamibro suit ouverte au grand large, et souvont, inialgrr3 unt f1mid tre's-1i[, de grosses gouttes de sueur lui tonibent du visagre. 166 ASTFIME' Quelques quintes, do toux, accoinpagne'es d'nne, expectoration muquense pen abondante, et d'une on deuxemissions d'une urine aqueuse., marquent la fin de la crise. Alors iliinose pas se renicttre dans, son lit; mais ii s'acconde-sur une table et (1014 ainsi, pendlant une heure ou deux., la te'te appuye'e sur seo!s mains. M. L.so. n a jamais (1e fieVrle, memo an p~lus fort do s-es acce's, qui so renonvellent deux on trois nuits et jusqu~ a(lix nuits de suite; ce qni, dit-il, lui est arrive' lFail dernier j uste au mois oiui nous somines. Dans ce cas, la dyspn~e' noe cesse quo tre's-incornpletenient pendant le jour, s'accroit an mnoinxdro moui-ement, et, par coinseqnent, no permet point aun malade do vaquer a sos affairos. M. L... a subi dej~h diff~rent-S genres do traitemient. On lFa saign6' une fois, co qui, diL-il, lui a e'te6 funeste ot a aw-ngented la dure'e do 1'acceS. 1l a fume' des cigarettes do belladone, do stramoine et 1lesjusquiamoe. 11 a pris des pilules do toutes sortes. Accoutumnie do v~iejilo date "a lusag~e du cafe' 'a lean, ii s'en est prived pendant denx mois et le tout sans re'sultat. Enfin, ii viont 'a Bagnolles pour me consnltor et pour essayer do nos eanx, si 30 le jugo convenable, mai~s le voila' pris do son acces le jour mneme do son arriivee. 5juiltet. - Jo vois 31. L... pour la preminiro fois entre quatre et cinq hieures do 1'apre~s-midi. L'oppression est encore pen conside'rable. 11 pout, sans trop do difliculte, me fsaire ihistoire do sa inaladie et la des ASTHME~i 1677 cription de ses acces. J'explore avec soin sa poitrine et je n'y trouve absolument rien d'anormal. Le son rendu par la percussion n'a rien d'exagei'6 et ne denote aucune trace d'emphyse'me. Le volume du coeur est ce quil doit 'tre et cet organe me parait sami. Le mnalade n'a d'ailleurs jamais eu de palpitations. 1laisla poitri1ne est contractee; le inurmure respiratoitre nie s'entend qu'au sommet des pounions: linhspiration est fre&Iuente et l'expiration s'accompagne de ra~les sibilants qui semblent se produire principalement dans les grosses bronches et la trachee. L'oeil est saillant, les lewres sont le'grement cyanosees, le pouls donne 70. En sonme, le diagnostic nest nullement embarrassant: c'est l'Ast/nine nerveux de tous les auteurs. Mlais helas I point capital! le pere de M. L..., mort ii est vrai h un age avance (75 ans) 6tait asthimatique. - Prescription: ipeca., lymc dilution, deux globules pour un verre d'eau; une cuilleree " caf6 de deux en deux heures. 6juilicl. - Am'lioration douteuse; la nuit nia pas It aussi mauvaise que le inalade le pre'voyait; ii a pu la passer en grande partie daiis son lit, inais presque toujours sur son scant. - Beilad. 12. Deux glolbules pour la mnieme quantit6 d'eau, 'a piendide, coinme prec'deninent. 7juillet. - Huit heures du matin. Nuit dcetestable, pas un instant de repit, et, de plus, un inal de tete 168 ASTHIME insolite, qui clure encore. - Arsenic, 30nme, deux globules comme prn'cedemment. 8 juillel. - De's la premi "re cuillere~e, amnifioraiiout ciorme. L'acce's est termine'. Le inalade renonce h prendre les eaux et (( ne 'veut ])laS clauire remiwdc que ceai lout iliment de faire usage M. L..., apres m avoir chialeureusement exprime'sa reconnaissance, s'en retourne donic danis son pays (pre's de Carougres), eniportant avec lui -viingt globules darsenic, ý la 3Omne, avec. la recommnandation de les rnenager et de s'en servir, en cas d'acce's, coniforme3 -ment at ce qu'il in'a vu faire.,10 septeiibre. - M. L... vient me -voir hi Bagnolles et n-c dit que, depuis le 7 juillet, ii n'a eu, h sa grande satisfaction, qu'un commencemient d'acc~s qu'un seul globule a suffit pour faire avorter. Enfin, l'aune'e suiva 'nte, le '10 juini 1818, M. L. vint me revoir en m 'anienantuiie de ses parentes. 11 rue dit qulaps6un excellent hiver, qu'il lul reste encore plus de la mnoiti6' des globules (LuC je lui ai donne's et que, grace hi ceux dont ii a fait usage, il n'a pour ainsi (lire pas eu dlacce's; enfin que le'tat dans~lequel ii se trouve e'quivaut pour lui, ou pen s'en faut, h une ve'ritable gue'rison. J'ai trait' depuis cette 6'poque bon noinbre dastliniatiques. Et chez plusieurs d'entre, eux, notamment chez deux habitants (le pe're et le fils) de Villeneuve-Saint TEIGNE GRANULI~ýE16 169 Georges, larsenic h la trentie~me et me~me 'a ]a centie'me dilution, m'a donne' les mn~i-nes re'sultats. S'en suit-il ciue larsenic soit le sp6oifique. de lastnime? Pas plus que la bryone n'est le spe'cifique de la bronchiorr~ee le sumac le spe'cifique du peinphigus, etc.,ý etc. 11 y a des astliniatiques qui sont rebelles 'a larsenic et dont I'etat re'clanie un autre nmedicamnent, tel que le soufre, le corail, la spige'lie, etc. En re~sume': tout cas particulier exige l'enploi dWan sp~cifique ýt lui propre. Et voilh pourquoi la pratique de l'homowlopathie offre tant de difficult~s) et exige de la part de celul qui s'y livre une coinnaissance approfondie et une etude incessante de la mnatie're me'dicale. OBSERVATION V TEIGNE GRANULEE Un petit gaq~on de hait ans, Georges Al., ayant toutes les apparences d'une bonne sant6', blanc et rose avec des cheveux d'um blond tre's-clair, bien nourri et tenu proprement (ses parents sonL aubergistes et fort "a lear aise), porte cependant au soninmet, de ]a tk~e, et cela depais plusieurs semiaines, des p)ustales et des crociies de leiguic grciiwlL~c, inaladie iae M. Rayer et les autres dermatologiste-s attribuent principalenient 'a la inalproprete' ainsi ju aune iiuarr-1itare inalsaine ou insuffisante. La mnarche qju'a saivie 16Ct0 170 170 TEIGNE GRANULftE, ruption (de'veloppernent successit' de petites pustule'st jauntitres) des crouites irre'gulie'res, bossele'es, grisa^tres, ici abreuA-eesd dune serosite' visquense, 1a" ressem.iblant 'a dle petits mnorceaux de niortier desi'chie' mnais nulle part dcpri~inee en godet coinnie les crouites du favus; les poux qui fourmnillent hi lentour, bien que l'enfant soit peigne' tons les jouirs; enfin lodeur nanseabonde et caracte'ristique qu'elles exhalent, ne me permnettent point de mne tromiper sur la nature de la maladie. Jajoute que les ganglions du col sont tum&e' Ilids et douloureux, symiptolme qui du reste se rattache physiologiquernent hi toutes les excoriations du cuir chevelu. - Prescription:sulfur. 301,10 un seul globule dans cent v7ingt grammes d'eau - une demie, cuillere'e mnatin et soir. Je ne revois lenfant que huit jours apre~s. Or, depuis trois jours, ii est entie'rement gueri et les poux ont cesse' de se relproduire. Ainsi que j'ai pu le constater depuis, le soufre reussit presque toujours contre la teignc granuilee. Maliheureusemient ii s'en faut bien que cc me'dicamnent ait la medmc efficacite' contre le favus et la teigrne muqueuse, mnaladies contre lesquelles ii est pourtant recommiande', iniais qui, d anisla plupart des cas, exig'ent 1'emploi d'autres agents the'rapeutiques. ANiLEAIE11 171 OBSERVATION VI A NHE MiE be 5 novembre 1847, tine dame e'trange~re vint me voir 'a Paris, accompagrne'e de sa fille, pour laquelle elle (Icsirait me consulter et qui, me (lit-elle, avait les pdilcs coudlciwS. - Madem-oiselle Marie X..., ne'e h Valparaiso d'un pei'e ch-ilien et d'une me're irlandaise, est agrree de quinze anis et deini. Elle a la taille svelte et e'lance'e, les yeux bleus, les chieveux d'un blond dore', la peau fine et transparente "a laisser voir, surtout aux tempes, tout [e reseau. veineux, d'une excessive palleur et marquee ýa et lh d'imperceptibles e'phielides. Les le'vres et les grencives sont de'colore'es; mais les (lent sont saiines et blanches, non de cette blanchieur laiteuse qu'ont les den~ts de certains rachiitique.sý, mais (IC ]a nuanice mate (le ivoire neuf, signie ordinaire (lune oss-ification normnale. Form(--e a onze ans, madlemoiselle X. a (Labord eu pendant cinq ou six mnois) (ol; es n fr~es Zi jour fixe et assez abondantes., puis sanls cause appreceiable e-st survenue une suspensioi (le plusicuirs inois,, que fit cesser le fer re'duit par Il'hydiogln"e. Efinii, aj)1Us avoii' diiminu6 progreissiveineiit (labondalice, IC f1lux mnenstruel. s'est de nouv~eau supprime' de)UiS I le ilieu (leI C l'~, sails que cette fois le 1'ei,. sou-s diff6renites for 172) ANHtMIE, rues, ait produit autre chose que de la constipa'tion, quciques coliques et un peu de dyspepsie. Mlademioiselle Marie a (les palpitations, des bouffi~es de chalcur au visage,) des acce's de larmnes qui contras1tent C6trangement -a'vec son caractere enjoueb et sa. physionomie souriaute, des- appe'tit-i bizarres (elle mange se,) crayons, la mine (le plonib et le bois), m-iais') surtont, et C'est la cc qul inquie'te le plus3 sa mere, de fre'quentes syncopes qni d'ailleur.3 ne parai-;sent b'tre ni pr(ý"e'dees ni snivies- d'un tre's-grand malaise. be pouls estA faible, depressible, ass;ez fre'quent et irre~gnlier. Eiifin je conistate, en auscultant la re'gio-k (In cceur. un briti dle souffle peti prononce, mais pourtant diStinCt. Madlem-oiselle X., qui est liabituellement traite'e par lhomoiaopathie-, a pris, sans) arnelioration sensible, la pulsatille, le soufre, la chaux et le graphite. L'insucces de cette ii-idication Lilaquelle madame X. a de son chief et saris consulter de Me'decin sonmis sa filue, ne lais3se pas que (le m'embarrasser un peu. Je songepourtant aumangyanebseqne j'ai vui mainte fois re'ussir dans la chiorose, el. je suis sur le point de le prescrire, lorsqne, 114 force (tin terroger la rnalade, je dedx.-ýouvIr Un1 sympt6nie qui devient pour mnoi in trait de huiniibre et mec r6wble le vrai ine~dicaineiit:( 11 mie semble parfois, me dit mademoiselle X., soi t dans mnon lit, soit avant de me concher, que ma Ctbte grossit, ANH]kIIIE 1113 au point de devenir dnorme. L'illusion est si comnpIe~te que je m.'en suis toute effraye'e, et qu'il m,')est arriv6 de rallumer ma bougrie pour m.assurer, en me regardaiit dans une glace, que ce n'etait que pure imagrination et non une chose re'elle. SBovi staI m.'6criai-j e; ii n'y a que bov ista qui produise ce symptolme. Mademoiselle, vous allez gue'rir comme part enchantement. ) Et aussitolt je prescris: Lycoperdo'n. bovista, 12roe, une goutte pour cent cinquante grammes d'eau alcoolise'e,- trois cuillere'es en vingt-quatre hieures. Or, "a partir de ce jour, mademoiselle Marie X. n'eut plus de rougreur-i subites, plus de larm-es sans cause, plus do palpitations. plus de syncopes. Le 10 novembre lec bruit do souffle a disparu, lappe'tit est excellent, le teint mncomparablement mciiLe 111 les re'gles pai'aisisent, la mnalade est gue'rie. RN/lezions. On voit par cette obzervation qu'il suflit parfois d'un seul symptolmcl pour Iinettre le me~decin sur la voie du bon me'dicament et ainener ainsi la guerison. Bovisia, dont ii nexi.Ste qu'une patlioge'n6,sie t~rCs-- inconiplebtc, 11 1a jainais fait partic die lanciemne inntiero Lne'licalce, Quint. auix ho-in0oopatlies qui. par cettc raison peut-C'tlQ le, coiliaisscnt a-sscz p~euils seinbicat jujsqu' allescilt navoir tenu cunipte, j t0. 17 4 174 PNEUMONIFE CIIRON-IQUE ne sais pourquoi, que de ses syrnptornes cutane's. Cepen dant, induit par quelqutes cx pe'riences personnelles et par Faction si nette dle bovista da s. le. cas qu je N-iens de, rapporter, h prescrire ce me'dicamenit a un assez grandl nonibre, de jeunes filles chiorotiques, je n'h6site pa 'a le conside"rer comme un des modlificateurs les plus puissants et les plus surjs qu on puisse employer cantre certai nes form es d' anhe'mie. Une excessive pd'lettr (ce qui semlblerait donner raison a la v-iejile et absurde doctrine des sionatures), de su1)ites b~ouffr-'es de chaleur au. visag'e;de fre'quentes lipotliyiies;des re'gl es supprinlees, ou pa'les et irre'gulP~res;- des e'phe'ides-, h la peau; une, leucorrNhee Atcre;, enfin un coryza chronique qui excoriait ]a Ibvre superieure; telles sont les indications ge~nerales qui mnont fait lplusieurs fois prescrire bovista avec un giand succe's, ni'.ne daiis des cas oii n'existait ni le syin1to-me caracte'ristiqtie cu grossissoem et de la telte iii aticune affection cutane'e. 0O3SERVATION VII PNEUAIONIE CLIRONIQUE Le 7 av-ril 18,55, tiljetine oc e'vre de DunkenTLue Me siippliait dal ler v~oir son fre'te. tirCS-grraNveneit maladle.,t Ilonscichoote, sa N'due natale. "a dotize kilome~tres de Bergrues. 11 s'ag-issait., coinme on le voit, d'un de'pla PNEUMONIE CI-RONIQUE 175 cement considerable et qui me'ritait re'flexion. be malade, m. A., brasseur de son kat, e'tait Acre de 2ý ans. 11 avait en, trois miois auparavan t, une fluxion de poitrine dont ii 6'tait loin d'etre gu6ri. 1l toussait et crachait beancoup, 6'tait d'une grande miaigreur et si faible qu'il ne quittait plus son lit. Enfin il i attendait impatieminent et 'a'vait pluts d'esp~oir qit'eiz moi, ~popos plus alarmant que flatteur et que tout mele~lCull, 'a son jour, a le triste hIonneur d'entendre. Do tout ceci je concluais: be malade qu'on me propose d'aller voir est uii pauvre phithisique qui mourra (leux ou trois semaines al)1ts ma visite; revers hicvitable que los me'decuins de lendroit ne mianqueront pas5 de porter' au compto do Il'homceopathie. Jirais donc faire deux. cenits lienes pour constater un mal incurable; debiter h uno famille dedsolde de banalos consolations fond~es sur uni es-poir que je nl'aurais point; (le plus, enlin, j'anrais fait dedpenser en pure perte unie sommne assez 1(itore "a de braves gens qui probablemient nie sont p)as tiv's-fortune's. En ve'rite je no mne seiis nulle envie d entreprendre ce voy age. Je parlai dans ce senis au jouno orfe'vre; mnais celuiICi, iui aimait londreinent so11 fre~rc, mit daims sa 1equdto taut d'insistance et do sentiment quo jo mne laissai -Tiranler et que le lendemiain au soil je jpartis pour ioiidselloote. 176 PNEUMONIE CHRONIQUE Le 7 avril, entre neuf et dix heures dui matin, j'e'tais donec introduit dans la chambre dui malade que j 'initerrogeai etexplorai attenitivement avanit l'arrive'e des deux inn'decins3 du pays avec lesquels je devais me trou.ver en consultation et qul 6'taient convoque's, pour d ix hieures. M. A., qui est dans son lit, 6'tendu sur le dos, la tate appuy&eo sur plusieurs- oreillers, est tre's-blond, tre'smaigro, presque 6nacie" et pre'sente tout 1'habitus exte'rieur ('un phitii.3-iquo. 11 a le fond dui teint tre"sp'le, les youx agrandis par la maigreur, le nez effihi, les, poinmettes saillantes et, la gauche surtout, forteenctt injoctc~es, les le'vres se'ches et pulve'ruleintes. Oppress3ion conside'rable (de trenite-six hi quaranite hnspiration5,i par miniute), pouls -Ii cenit cinqc; voix faible niais noni casisie'. Une le'g),re tuss3iculationi accoinpagne presque chaque expiration et dev~ieit do di stanice, en distance une veritalble quinte suivie dunie expecto)ration- excessiivenent alboidante. La touK ii'est d'ailleurs lpoint caverieus~e. Elle a lieu surtout. le matini, mais eni re'alite' se rleproduit 'a toutes los hoeurei du jour. Quanit aux crachats, us3 sont opaquos, sanis coh6& sioa et pre".onitenit la te~nuit6' ot lodour fade ('iti ve'ritable pus; jo ii'y remarqme Hii stries de sang, iii tr~ace (10 iatie'ro strumouso; mais leur aboidaico est ce pPti mne frappe le plus., car je no puis o~stimor '," MfOMiS d'un domi-litre la quailtite' rendue (lopuis la voille au:o'. PNEUMONIE CHRONIQUE17 177 Malgr6' la maigreur qui, je le re'pete, est tre~s-grande, sans aller pourtant jusqu'au marasme, la conformation de la poitrine ne me prtesente rien d'anormal et les omoplates ne so dc~tachent point en forme d'ailes comme cela a lieu chez beaucoup de plithisiques; plusieurs -cicatrices r'ceyltes de ve'sicatoires couvrent presque tout le c6te gauche. A ma grande surprise, la percussion ne me donne iii le son depot f(W ni aucune matite' dans les regions sous-claviculaires. Loin de la, je ne constate qu'7une tre~s-franche sonorite' et qui plus est., peut-e~tre, une sonorit6' extra- normale, dans toute le'tendue du poumon droit et dans le tiers supe'rieur du poumion gaudlie; mais les, deux tiers miferieurs de celui-cidonnent un sonl aussi mat que celui qu'on obtient en perdutant la region h~patique. Les re'sultats fournis par lauscultation concordent parfaitement avec ceux que mn'a donne's la percussion. Absence de sou f/lc, de bronchophoni i, (le pecloriloqaie, de teintemient m?talUiqite. Murmiuro respi ratoire perceptible dans tout le cO t" droit et exag-ri'r dlans, la region sous-claviculaire gauche;- quelques ales niuquoux ht grross;es bullbs que je prouls- d'abordl pour' Ati gargrouilloinemmt, mais, qul so produisent C'vi(lemiinont dans les, lronclies, et cessont pour uni instant quand le malade a craci6; voila ce (111 jO cons-tate. Mais h partir du nfivoau do la quatriebmne c6te grauchie, 178 178 PNEU'MONIE ClIZRONIQIJE j'ai beau faire respirer le malade le plus profond6'inent qu'il le pent, le. faire parler, tousser, ii est clair que les deux lobe's inf~rieurs du POUMOfl corresponidanit sont cornpketemont irnperme'ables) "a lair. Les vribrationis du c-ceur sc propagrent avec uno, remarqnalble intensitt" et do telle faC~on quo le tact suflit pour les faire -percevoi r. Dou" j 'induis qne tre"S-probablemeint il existe cliez Al. A. une he'patisation plus on momns entiere des (leux tiers hinfericurs dnu pomi gauchec. Ccci mecxplique pourquoi lc malade qui dort (passablement) sur le dos et snr le cc6t' gauche, ne pent absolumenit se concher sur le c~te' droit, contrairenient (h son habitude avant de tomber mnalade, car alors le poi(Is (1 son corps en cornprimiant ce colte et en leii-pecbaiit (10 se dilater le prive presque totalemont (In seul l)ou1ion samn qni lui roste. Les ant'ce~denits ne jefttnt sur la maladie ancun jour fttchenx. 11 n'y a jamais en de phithisiqnes danis la famille (leAl. A. 1l a lpordn son pe~re d Iune inaladie airru6, sanis rapports avec colle donit il e:s-t atteint;,)a nle'e estA Aglo, mais, robns;to. Sa sceur, qUi est son aiimbe, et s'.on jeunoe fri'-re, quo j ai ITn, Paraissonit done's Innie et lantre (Innie bonne constitution. iM. A. tranispire la unit, mais, rarement assoz pour lobligrer 'a changrer do hugi~e. 1l porte d'ailleurs do la flanielle. L'app't-it lui manique totalernent: on le nour VNEUM0NIE CHRONIQUE17 179 rit avec du lait. En se forpant un peu, neanmoin3, i pourrait manger davantagre; mais on a remarque qu'ure alimentation plu.s substaw ielle augmien tait la toux et loppre.-sion. La Lmgcue e~st un petL sc'clie et recouveite d'un enduit blaneicii~tre. L' pigastre est senlsible 'a la piessioii, le ventre Lsunpie et dc1)1 ilfl1 pal' l'amaigrissemeht: une on deux -ielles pa vii~gt-(juatle heures, ordinairement de con sistance molle, quciquefois diar-rh6iques. Une particularite' donit je sui.s frappe' et h laqluelle j'attache de limportance, cest queN' A. Se trouve beau. coup plus mal dans la matineec que dans I apr4es-midi et meime que dans la soire'e. Presque jamais le pouls nia sensiblement, au gment6' de fre'quence dans los derni eres hieures du jour, be malade, S-a na Cre et Sa sceur out m~me cru remarquer que le plus csouivcut le contraire avait lieu. Onl me dit enlin que, pendlant plusieurs semaines, un fris-son suivi de soil', do chialour et de sueur s'est produit journ-Aellement vor.3 dix houros du matin, et qu'on y a mis fin re'cemmonnt avec quolques (loses de sulfate do quinine. Ceci no nin otunhi point, car, ainsi que je lai i'omarque' on arrivant ht Hondschoote, cette petite villo est _itUc'o au imilieu d'une plainie basso. et mar'cal.,eus,"C de tollo 'ýorto qu la fie'vre interniittente (Los mnarais (bit v Oretiloedernique et s'v me~er ýi toutes los maladios, ce qjui moe ftnt, en etfet, confirnio dans la suite. Aussi, tonant 180 180 PNEUMONIE CHRONIQtJE corupte. de cette circonstance, et craiginmt d'avoir pris une liypertrophie de ]a rate pour une, he'patisation du poumion, je percute de nouveau, et avec plus d'attention pie je, ne l'ai fait d'abord, le co~te gauche de M. A. Mlais la rate nest poinit hypertropjhiee;je puisen dediniiter nettenient le boid sup6rieur; ma prem-ie~re investigation n'e'tait donc point errone'e. Yen e'tais lIa de mon exploration lorsqu'Ion annonpa mes confre'res de Hondsclioote. L'un *'tait un officier de sant6', dont le nom flamand me revient d'autant moins que je ne suis pas sfir de l'av-oir distincteinent entendu lorsqu'on me le pre'senta; l'autre, beaucoup, plus Age', &tait M. le docteur Delaroye're, maire de I-ondschoote depui~s plus de vingyt-deux ans, et ve'neret "a juste titre de ses administret-S. Al. Delaroye're est, comme on doit le jpenser, Ia notabilite.3 inedicale du pays. Cest un hoinme instruit, lettre, uni esprit ouvert aux d6couvertes, commne on le, verra (ails la suite., tres-verse' dans le'tude de la inetaphysique et fort. au courant des controverses religieuses. 11 a accomnpagne",. de Lamartine dans son voyage eu Orient et a conserv6 avec notre grand po~te des relations amnicales; enfin ii est lauteur d'un livr-e iintuiressammt et sagenient ecrit dont ii vNoulut bien nile flaire hionimiarfZe lois d'un second voyage que, sur sa (lemande., je fis ýi Hondsclioote ciflq ou six inois plus PNEUAMONIE ('i-R(NIQUE Pii tard. Moi-nie'ne je liii fs (loll (lUll exeinplaire (le m~a Sysvieialisrilion. inais ii~anticilpols pas, car iious ni cIe soinies point encore "a (cS 'claiages deC politesse. Ales confre'res., je (lois 1 avouer, ninaccucilIi rent trý-sfroidement mnen voulaient.-ils (1 avoir ce'de' (ci ((tMait bien inalg-r6 noi) "a la fantaisie duni inala(IC (ont ius dlcsespe'raieilt I Ale trouvaient-ils, ioi-in Cnie., pett rievenant et pe coinmuilicati t. iht onieje1t tais par le troidl et par une nuit. pass.e en wvagon? Etait-ce enfin, chose lplus prob~able, pie ma (itialiteI. dlioinoelopatlme les ollusqua't'? foLIjOUiiS est-il (jU uls Mei traitaient, pour le nmomls, eii initrus. Nl. Delaroyere surtout, habitue' lu'il e'tait, sanis (Iloute (falls le rayoii (le sa cliente'e, 'a juger en (lernfier r-eS'SOrt tonteS leS (luestioins me'dicales, le prenaat avec mino sur un toil (1c(Iaigneux et (juelijue pe railleur, quci sonlcIIgc (jUl, dim reste, ne dikait miot et opuinait (dn boinnet., paraissait appuyer (lunl petit sonurie Ii aiq no.iS. Quanit 'a flhoi, j'ecoutai silciicieuseimicit' et Ics NVCux inodestenment 1)aisse's l'historiq nie uni j)CLi S;Oiiiiimau ic (Non01 voulut bien ime faire (le ]a inalad je. a'i nSi q11iW Iciluiiicration des Inoveils thi'ra peutuijIies (tJil avaicilt etc' iis enl euvie., sangsnes. vesic-atoire(s., potioni stiIiice, etc. J)pUis, poui nle pas (iis('Uter cil pr( Isciicc dut inalade, liols pasTaflnies (lals Ulic salle voksine. La discussion tnt conite, nil jicu s(ilic jcut4-reti, sailsi aigrcur, cepeiidaiit. At. Delarove"ie et iiioi iioiJ5 ell If 182 182 PNEUMONIE CLIRONIQUE f~imes seuls les frais. Sa conviction &'ait que le malade 'tait perdu:ii s'Iagissait, selon liii, d'une plithisie ai sa dernie're iz~riode. Mon opiiiion touchiant ce dernier p)oint (lifferait essentiellewient de la sicnne et lerd'sumc6, des conside~rations suir lesquelles je la fondais paitit l'inpressionner. NC'.aninioins son pronostic nonci hit point inodified. "( Tuberculeux ou flOfl, (lit-il en se levant, phithisique ou pneumonique, je re'pete que ce mialade na pour nous aucune chance de gue'rison. N'e'tes-vous pas de mon. avis, M. X.? ajouta-t-il en s'adressant -h l'officier de sant6'. M. X. hocha la te~te en signe d'assentiment. -Messieurs, dis-je hi mon tour, iliinest que trop clair que ce pauvre jeune homme est danis le plus gyrand (langer, et qepsun selm'eiiau mondIe ne repondrait de sa guedrison. Cependant, puisque vouis en de'sespe'rez absolument et que moi je coniserve, eni de'pit (de tout, une v'ague espe'rance de le sauver; puisque vous reconnaissez hautement l'impuissance de votre ne'dication, vous ne sauriez trouver umauvaisque flous ayons recours LIa mine -l AI volontiers ItreS-volontiers I s'ccrie M. Delaroyere en reprenant son ton goguenard. Et quels globules., mon cher confremre, allez-vous ordonner? - - Des glolbules de sout're, monssieur, r6pliquai-je gravemen t. PNEUMONIE CHRONIQUE 183 -A merveilleI Galien donnait aussi le soufre h ses poitrinaires, inais ii ne le donnait point en glob~ules. -Deux verres d'eau!I criai-je "a la servante et sanis mne soucier autrement (les innocenits quolibets de Al. le maire de Hondsclioote. Je mis dans chacun de ces verres qcliare ylobttlcs de sottfre 'a la troilitC))l dilation - Votre fils, dis-je "a madame A., qul venait, d'entrer (lans la chambre, prendra dle ceci seulement uiie cuil1ere'e toutes les quatre heures, et lorsque les (leux verres seront termin6s, Al. Delaroye're v-oudra bien me faire connaitre les effets obtenus. Lh-dessus j'allai prendre conige du mnalade; je rassurai sa me're dans la mesure de mes propres espe'rances; mes confre'res et inoi nous nous qu-itta'mes hL peu pre's aussi froidemient qu nous nous- 'ions abord's, et, quehjues heures apri's, je repris le chemin de Paris. Or, le 15 a-vril, je repus (leHondlsclloote la lettre sulvante: Monsieur et lionore' coiif'rere, J'ai ihlonneur dle vous faire savoir (jue., (lelpuiS; votre IVisite, un changemient notable s'est ope're (lans l''tat (lu jeune A... Les crachats out dimiuuý de 'uioitiY. Le l)OUlS a 6'galemient perdu de sa treq'-(uenice:ii est tombl6 (le 110 "a 90. Les garde-robes sont pllus naturelles; le nialade est momns faible. Mfais la miatite' subsisle an 51 P-NEUMONIE CIIRONIQUE ct& g),icauche. Les deux tiers iuf6ricur3 (de ce poumion ic;tcnt. impe1)eiiabllcs 'a Fair. Noui ni'avo-As plus de, medicamenet:que devonus-nous faire'? Agrrrez, etc. t)ELAROYLME. (Cette, Icttre., si r',scrv6e qluelle f *'t ne laissa pas (Iuc de me tairc 1)Iaisir; voidi ou a j)Cu prS) cc qite, j y re(V ous (levez continuer le, soufre, h Ia trentieuine diiwijion, attendu que c'est sous linfluence de ce, nndicainent, qlu. slest, op~re' le changement notable, que vous constatez dans I'kat dui jeune A... Voici (lone deux (loses de sucre de lait, contenan t chacune quatre globules- de soufre, 30fle dlilutioin, pour deux verres que 1le mala(Ie preii(I a par cuiii 1 rees comnme prece'demnient. ))Agre'ez, etc. be '22 avril, nouvelle, leltre de Hondschoote, ainsi concue: Monsieur et, honor6' confrehre, L'amnel joration est, incon testable. Nouvelle dimiinution (les crachats., qui pourtant sont encore trebs-abon(laits. Pouls "a 85. Du rAle cre'pitant s'entend distinc PNEUMON[E CIIIONIQUE' 18 "' tement entre la cinquie~me et la sixit~me c6te. Sera it,-ce une resolution? Je vous- en fais jugre. Le mala(1e dIem ande hi manger. Lui permettez-vous les pot~age~s1 Nous navons plus de in&Iicainent; vetdillez nous en envover. Agireez, etc. I)ELAnIOvi;E. Je lpernmets des p)otagoei, et., (lans leslpcrance (le i('1 -duire et de modifier la s~crelion brouclique, jCelvoie tici' comme on a fait (1u soufre. Mais. le 29 avi'il., je d'(15(e I-Ondlschoote ]a let~tre (jUe volci Mon cher confrere, Peu (le changenient depUis ma (lcl'llel lettic. till I)CU momns de niatit6', Me Semlble-t-il. TOUjOUrs (III rule crepitant. Pouls variant entre 82 et 85. Les pofluges p~assent biei-. Les forcesi ý-e miniitieu ient; inais, en solnnme, 6tat statioiiiaiie (lefpui six jouls. Le IaladeaI Croit (jue le soufre, lui eltait Iplu.; 1Ofavorabl (jtiv Ja silic~e. Jo ic cro is a i SS i. Vo us ~e re z (Iloin ic, )i s jaul,11 iiei 1 leur avis, (de IIous IeivO)yC (lU ioufrv. \o (tie d'voue' cccifirie. E-J1L A I10) 14, 111 A ]a bonneI~i liure!Iii (i iai-je enI lisaiit c-ette lettie. 186 PNEUIJONIE CI-RONIQUE Voi~la' eiiiiii noi medecin qui s'amrende et qui recommit forniellemenit 1' action des-- m'di caments minfii tesim aux. Parlez-moi des hommnes die boone foi:on fmiit toujours par s'eotendre avec eux. Mlais pourquoi faut-il (lulils soient en si petit nombre, I En si lpetit nombre? je le pensais ii y a dix ans; je iie le pense plus aujourd'hui. La plupavt des me'deemis soot desi hommes tie bonne foi, et si, ht IIcgrard die Ilhomcneolpathie, ils ne se rendeoit pas 'a 1 evidence, c'est (juilS fonmt pas IlIoccasion de voir les faits d'oi cell ressortirait pour eux. J'envoyai "a M. Delaroye~re trois doses num~lrote'es et ({ue le moalade d evait lprendre, conforme'ment "a leurs numeros clordlre. Les (leux l)1emnie'1es contenaient chiacume tjtiate globule~s de soufre, 12,1o dilution, ecrases tians du sucre de lait; la troisie~ne n'6tait que doi sucre dle lait sanls addtition (le medicament. Le 1~5 mal,. mon confi-c"re die Hondschoote in'ecrit: ((Grande ame'lioratioii; le maladle se le~ve et reste hors- (le son lit ]a plus, granide partie die la journiee'; l)ouls tie 72 ht 75; selles normales; la matifte a presque enitie'reminet (lisparu -Il ra'ie, chtpitaoit iie s'enteiid lplui; Ie j)ouon gauche est permeable "a lair (1011 ]a 1)1us grande partic (le son keteitue. Seulement le,.crachats restent eiicore assez abondanits. Le malade, (lui manige trýýs-bien et tie tout, voudrait preoidre dti cafe' -taut-il le lui permettre"? etc., etc. ) PNEUTMONIE CHRONIQUE 187 Je d6fendis le caf6 et prescrivis igai carbonicion, 301,1, deux globules par jour. Ce me~dicament modif'ia lh'gerement la nature des crachats et en re'duisit un peu l'abondance. M. A... prit ensuite hali ioduratam, 12'u, puiS snItlfUr,, Ire tritu ration, puis enfin quelques bouteilles d'eau bonne qui produisirent assez peu d'effet et je fis cesser toute medication. A la fin du mois de, juim, M. A... se conside'rait comme gu~ri et avait repris ses occupations hiabituelles. 11 vint me v-oir "a Paris dans le courant du inois d'aocit, et je fus e'merveille du changremeiit qui s'tait op~c'~ enl lvi. Je nie crois pas exage'rer enl affirmlant que, depuis I'epoque de, ma iisite "aHondschoote, ii avait repris de 12h 15 kilogrammes de chair. 11 vie toussait plus. Je l'auscultai et je trouvai sa, poitrine, davis le',tat le plus satisfaisant. Cependant ii crachait enicore, surtout le matiii. J'essayai, mais enl vaini, de. combattre, cette exsudation mnucoso-purulente. Elle persista et l'avnnee suivante, elle existait encore. Al. A..., qu'eue inconinmlodait peu. la traitait d'aillevirs fort cavalie~ren-ent, avec le cafe', la p~ipe et la bhe're, enl de'pit (le insconseils. Je crois avissi que, lair huinide de Hlowdschoote covitribuait beaucoul) "a 1'etreteiiir, et qe (tans, uii pays sec et cliavd, un rernie com-evial)le eiit suffi pour la faire (Iislparailtre. Mlallieureuseinetit la plupart des malades souL esclaves~des iicces 18ý 183 PNEUMONII3 CHRONIQUE site's de la vie et ne peuvent choisir a leur gre' le lieu de leur re'sidence. Quoi qu'il en soit, ma. conviction est que, lorsque j'allai voir M. A... le 7 ai-ril 1855, ii ne lui restait pas trois semaines h vivre. Telle. e"tait aussi I opinion de M. le docteur Delaroyeire qui, tout en reculant (levan le labeur qu.e ut exige' de Iiui une etude approfondie de la medication homoeopathique, ne laissa pas que de devenir un de ses ehauds partisans. Sur quelques indications que je lui laissai, ii essaya le plomb et larseinic (lans les fievres intermittentes et miassura clans la suite qu.'il avait obtenu de ces rn6dicarnents des resultats les plus- satisfaisants dans des cas oii le sulfate de quinine, me~me h fortes doses, &'ait reste' sans effet. Dans lespace de trois ou quatre aiis, M. Delaroye~re nf a fait appeler quatre fois tant 'a Hondschoote que dans ses environs: la premiei'e fois, pour une pauvr1e jeune fille atteinte de pe'rifonite aigue", que nous ne pu.mine sauver.; ]a deuxie'me., pour une turne-ar de i'ovciire chez une (lame de trente-luiit ans, qui gu'i~it en six mois; ]a troisieine, pourf uii phithisique, tin vrai p)ht.hisique cette fois, qui se re'tablit. incomlple'temeiit il est irai, mais qui ve('ut encore deux ans et mourutit je crois. un p~eu de sa taute... je n'ei lpuis (lire davantagre; la quatrie~me, enfin, pour un plithisi(1ue telleinent avance" que lorsque j'arrivai hi ]a station) de Bet-- Nlý,VRALGIE 189 gues3, j'aperý-us M. Delaroye~re qui veniait au-devant de rnoi et (LUi me dit ((Mon chier confre~re, je vous apporte vos hionoraires, le mnalade est mort cette nuit. ) Dans cette circonstance, je reprochai, bien qu'en termnei aimnables,, h mon coiifre're de Hond;chioote la conflance excessive qu'il mna-vait te'mogign'e. Iiest avere, en effet, que si lec malade ecit v&'eu seulement jusqu'h linistaiit de mon arrive'e, ii naurait pas manque de se trouver quelques Aimes charitables pour faire eiidosser 'a 1'hioninopathe de PariS la responsabilit6' de OBSERVATION VIII NE VI A LG I E Madame X., de Paris, algee d e Ving"t-six ans. d'une conistitution de'licate sans e~tre pre'cisc'mnent mnaladive, tre's-pa~le, presclue livide, frileuse., mangevant "a peinie. assz bien i~egcl'e pourtan t, mais hiabituellemen t conistipe'e, est en proic, delpuis plus do trois miois. 'a d'atroces douleurs,, irre'gculieremienit pt'riodiques et don t le sit(,ge cst Ia branche gauche (Iu maxillaire hii) trieui'. Ces) douleurs; out. un caractei'e partaiteminet arrc4It6 cc solit des clancemeinets pre'cipit(3s, excessh-eeinet aigrus et qu la mialade, compare h des d~chlarges e'lectriques. 11. 190 N 2- V R A 1, G IE Leur tiuree varie de quelques minutes hi une demiilieure. Elles se reproduisent. 'a temps in'gaux, six ou sept fois par jour et quelquefois beaucoup plus sonvent. soit, en mnangreant, eni) uvant on en parlant, soit datis le repos le plus compiet, par cons~quent sans cause apparente, mais presque invariabiement le soir enl so mettant au lit. L'acce's 6'ciate toujours avec ]a promptitude tie I'eclair, 'a tel point. que, s'il surlprenti la malatie pellilanit qu'eiie panle. ii lui coupe la parole, non-seuleinent aut milieu (lune phrase mais au milieu d'un mnot. Faible dFaboid. ii va crescendo (( comme un point d'Iorgue et dininmue (I.Cl in mt-le faqon. De's ]a premie're atteinte, ]a malatle porte vivemnent la main 'a sa, bouchie, ro ugit et. pIAlit sul)itemien t, laisse echapper (les g'm isseinents (pili (levienlient lbientt. ties sanglots et ties cris dt'chiranits. se roule sun sa chaise tongue on sur son lit. dans Ic phis1 indescriptilble de'sespoii'. Yingt fois., tlitce.le ]a tentation lui est venue de se de'livrer d Iun tel SupIplice enl Se precipitant tie sa fenetre:la religion seule la retenue. Plus (lune fois enfin, tiurant, la nuit prs(1i entic~re., los crises s't'taient si rapidernent suecc(j qu'elles n'avaient iplus semnbier n'~en, fornner qju'uti seule. coinme cela a lien dans iFiat Ac mat desý epil opt hques. IMad-ane 'N.. qui a (Ie la fotn, aru, depuis he comnmencemnent tie sa inaladie. l~es Soinrs assidus do-- NL4'VRALGIE 191 deux mddecins allopathes les plus en r6putation, Ul'u professeur, l'autre agre'g-6 libre de la Faculte', Des potions calnmanes dans lesquelles entraient surtout lopiuin et la belladone (bienl que cette dernie're se soiL toujours montrice particulie~remeneit nuisible), le fer r6duit par 1'l-lydroge~ne, le sulfate de quinine, le'6lectricit6, les i~vilsifs, les vesicatoires volants, les ve'sicatoires paiist's avec Illhy drochl orate dIc morphine, la codine et.,tels sont les agents the'rapeutiques (LUL out e'te mis en coluvre sans avoir produit un jour niais un seul jour d'anie'horation. Entin, dans unle (Icriiere consultation, il a ke' arre~te qluonl proce'derait 'a l'extraction d'une ou de l~lusieurs (lents, Ibien que Ia nialade W'en eU't pas une qui fC't atteinte de caie; puis, lu en cas de iiouvcl iiisucces, 011 aurait recoitis 'a I'll yd roth6rapi e. Or, c'est sur ces entrefaites ([uc madame X., qui peut-e'tre redoute encore plus l'cau froide qiue l'extraction de ses (len ts, inc fai L appeler le 18 ju in1 1856. Je la trouvai entre (Icux acce's; et rien alois, si ce ii'cst sa grande lialcur, ne pouvait faire sup~poser (Lu elle f'uit aussi soutlraiitc. Liicorc minIassura-t-elle que cette pa'lcur '6tait inde'pendante de ses (rises; que (deP~ui~s nonibre d'anuiues iele liii 6"tait hiabituelic; CV, (jui liet l'ciip~chait pa (Ie se IbiC porIter et (alaer beaucoup ilajis le mnonde. Madamne X. a les dlents blanches et sailies. Cepeii 192 NP,'VRALGIE dant elles sont friables; plusieuns molaires sont e'cor1nieeS; je constate mieine que l'une d'elles, la, troisie~me (m~tchoire inferieure) du colte droi t, c'estli-dire du cIt' oppose'? celui d'oj s'inradie la douleun, est obliquemenit casse'e (le dedanis en dehors de la couronne au. bord alv~eolaire. Cette dent s'est en quelique sorte de'lite'e comime aurait pu le faire une dent d'6m-ailI, pendant la. mastication (laliinents de, consista 1nee me'(liocre; la cassure est nette et ne pre~sente aucune trace de canie:- madame X. n'a jamais souffert de cette dent. Les grencives sont de'colorees, mais je n'y constate ni grontletnent ni erosion. Enfin, les glandes sousmaxillaires ne sont pas plus de'veloppe'es h gauche qu'a droite; cules ont leur volume normal. Celle de gauche cependant parait un pen sensible (Inaud on y tonche, cc qui d'ailleurs peut e'tne cause "a la, malade pl1us d'appre'hen sion que (de veritable douleun. 11 eAt donc bien clair pour moi que j yai affaire hý une nevralgie franche et qni jusqu'a' present paralit limit~e' an tronc, maxillaire de la. cinqui we"1e paine. La friabilitc6 des dents peut en e~tre, leffet, mais n'Ien est centainemient pas la cause. 1l se pent, enfin, qne ce syptme resulte tout simplement d'une icliosyncrasie panticul"iTn, san-, rapport (lauilune sorte avec ]a ne'vnallie qo i seule (dolt m-occuper. Mais, iude'pen dammnen t (les syi-npto'mes lplysitueC; (jue je viens (Ie dlcrire. nmadame X. pre'sente encore NEVRALGIE 193 NE 9RLG 19 des syinptomes moraux qui mnal heureuseinent mn'& chappe'rent h ma. preminire visite, car ils eussent 6te pour moi une indicationi de'tterminante. Madame X... joint h un caracte~re constaminent aiinable et bienveillant une incroyable mobilite" d'humeur et qui semble momns proc&'der (de ses faculte's c'r'brales que de son temp'rarneiit. Bile passe, sans. transition, de la gaiet' "a la tristesse, et re'ciproquement. 1Mais commne ii ne m'est pas possible de tenir compte de cette particularite' que j'ignore, je presct'is, en me basant uniquement sur le siege et le ca i act ere de la douleur: Cauisticumn, 30n,,3: une goutte pour 125 grammes d'eaa. distil1e'e, h prendre par cuillert'e h bouche de trois hieures en trois hieures. 19 juin. - Pas de chiangement depuis ifier, bien que madame X.., qui, pour sauver ses dents et s'eviter les douches froides, se cramiponne "a lhoiwceopathie, affirme que les crises ont e'te un pen moins douloureuses qu'elles nel l'taient pre'c~emmenent.Si sa famille, sans) etre pre'ci zemcnit hostile 'a la mc~e(lication hahuemrlnniennie -est lohin d'y croire encore, elle v-ent y croire h tout prix, ((Je suis pleine d'espoli> monsieur le docteur, rue dit-elle (le la laý.on la p)lus graciense et avec utie 1-ovte (YiCN~ifit:j tisure (LU1C vons inc, gurlelirez. Mlais 'ar peinec a-t-elle acheve' sa phra~se (pIle surIViellt uii acces. Alors.) ve'ritable coup de tIe6Atre: c'est uiie 194 Nn4 YRALGIE explosion dle pleurs, de sanglots, de cris, de tr~pigi-emieiits, U11 le'sespoir sans nom. Cela dure ainisi deux ou trois miniutes, puis 1'acce's passe, ii est passe' et miadame X, souriant a travers ses larmes, me panle exactemient commne elle le faisait auparavant. (( Ne vous mnoquez Pas de moi, clit-efle, je n'ai plus la t~e h inoi, quand la douleur me prend, mais n'est-ce pas que vous me guerirez? ( oilh mna femme! monsieur le (locteur, dit monsieur X. qui assiste h ma visite, c'est Jean qui pleure, et Jean qui int, et Si cela peut contnibuer "a vous su cggrer un bon reme'de, j'eni serai tres-charm' pou Eli Imonsieur., re'pliquai-je, cela pourrait bien ktre, car cette circon'mfauce a pour' moi beaucoup plus d'importance que certainemenit vous ne le penisez. Puis miiadressant 'a la inalade: ((Je serais fort surpris, maclame, si de's demaini nous n'en avons pas fini avec vos crises. ))Et je fais la prescription4 suivante: Igiualia awvara, 12,2. gouttes pour 150 grammes de -eicle une cuil leir&cl,,-e de trois eni trois hieures. 20Ojubi. - A certains 6gnards, lC'vi'uemenit a de'passe ines espi~rauces, c'est-a'-dii'e que pas uric seule crise II' a cit lieit depuis hinstant aic a 06 prise lajn-cmie've close clrpiguatia. L a jouryie'edu 19 et ILa nuit so 50111 ad mi rableiiei it p ass'cs.1,a iiialIatle a do iimi penidanit hu it lieures sanis s (veiller une seule fois, ce qui ne lin est Ipas N2 IrRALGLEI 195 arrive' depuis le mois de mars. La satisfaction qu'elle prouve est extremne et lui inspire, h mon C~gard, de touchantes paroles de gratitude. Cependant elle ne se croit pas gue'rie et je cramns qu'eue niait raison. S'il n'yv a pas eu de crises.) ii y a eu des velhe'ith's de crises, quelque chose comine des acce's avorte's. La douleur en un mot semble plutol comprinie'e que conjure'e; entre le mal et le reninede ii y a lutte (toutes les personnes qui ont eu des ne'vralgies connaissent cet 6a-Rh); qui (les deux lemportera? Je n'oserais le pr6 -dire. Je conseille,niianioins; de continuer ignalia. 21 fainl. - ie'diocremient satisfait de l'6tat clans lecjuel. j'ai 1aisse' hier ma inalade., et tiedoutant un de ces, retours su1)its au.xIquels sont si suijet~tes les nciif-algies, qui, clans certai us cas, seinblent pour ainsi dlire so de'rober "a Iaction du me'dicament en apparence le inieux indliqu', cc niIest pas sans inq icftudle (luej 'arrive chiez iadlaine X. Mais lieureusemient, cette 1'0iS, inles craintes 6'taient sans fondemient, ignatia a deceidecinent rmussi. Non-seuleinent ii ny a pas cu (lacce~s, inais les vagrues (louleurs qui (le temps eni tempjs se relproduisaient encore hier On I anjourdlllni coninjlcefeientI disparu. Je renouvelle done mia prescription, en 16 duisant "ai trois cuillere'es par 21, leicres l'adn~iinktiation dlu ninedicatnent. 21, juin.. -- Nulle apparence (to ne'vi-algie. - Uiic seule cuiller~e' do potioni par jour. 196 NEVRALGIE 30 juin. - be medicament est suspendu depuis lavant-veifle; madlame. X. a pris un bain., s'est promenene au. bois dIe Boulogrne. En resume' elle, est guer'ie. Mes deux illustres contre'res, qui, pendlan t trois mois, avaient eni vain prodigie' leuirs soins 'a leur inalade avant (luelle devint la mienne, out-ils eu. connaissance de ces faits? j'ai quelques raisons d'en (louter. Mais euhin, s'ils les ont connus, je, serais curieux (le savoir ce qu'ils en out pense', ou, ce qui est peut e~tte toute autre chose, ce qu'ils en out dit: sans doute que la gue'rison avait eu lieu parce que son hieure d'tait venue, et qu'enite cule et lintervetition de ihonunopathie, ii n'y avait eu qu'une coincidence, de hasard. A merveifle Imais voici ponitant (jul rendrait V'explicatiori moins plausible: Treize mois plus tard, c'est-hi-dire le 21 juillet 1857, madame X. est prise. 'a Plomibi eies, d'une nvrahcrie en tout semblable "a celle dont elle croit naivemenet que je l'ai gue'rie en juin 1856. Jen suis informm, par une d'p-^che te'legraphique. Jenvoic deux doses d'igguaua 12' dans (Iu sucre (le lait. Une seule dose suffit. La premieIe cuillere'e, prise eni plei 1ace~s, fait., et Piistan~t 7)01m1c, cc;Ser la douleur, (1011t ii West. plus (question le leunlemain. Nouvelle g~LwrisOll dont ii laudrait donc glorifier le. hasard be liasard est le dieu des Slots. GAST1{ALG IE 9 197 OBSERYNTION IX' GA STRALGIE Madame X 35 ans, me're de deux enfants, bien re'-- ghe'e, forteinent con sti tu~e, chieveux noirs, teint ol ivaitre, caracte're irascible, se plaint depuis plusieurs ann~es d'une affection de lestomac, qui va saggravant, surtout depuis quel(lues mois, et~ "a laquelle son me'lecmn a'. tre's)-impro1)rement selon moi, donne. le nom (le gastrite. Rien, en effet,n'indique chez la. nalade l'existence d'une philegmasie de lestomac. Elle n'a pas de fi~vre et nen a jamnais eu. Le pouts est ordinairement ýi 65, et, dans les plus mauvais moments, c'estli"-dire au plus fort des acces, ne donne pas plus de soixante-huit a soixante-et-dix pulsations par minute. 11 est., d'ailleurs, petit, cequi tientpeut-ectre au calibre (le 1'arte're radiale, car il nest que me'diocreinent (Ihpressilble, e parfaitement r'gulier. 11 ny a pas de ce'phalalgie, pas dechaleur "a la peau,pas (Iesueur. La paumiedesmnains n est jamais brcilante, conime cela a lieu dans le~s N,(ritables gastrites. Loin de la', les extru'init's sont hbaituellemenet 1ridO~eS et le sont (lautant pIlI(Us queiS symlpto-'nes (gastriques s.e 1)1(oImc)11een (lavalitage. La lan~gue est large, liumide et saws, enduit. Cependaia la nialadle se plaiiit d'e'prouver un sentiiiient (Ie s'ch1 - 198 GASTRALGIE resse tr e"s-incommode dans la bouche et dans la gorge. Cette senisation exist~e m~nme clans les, instants oii unle surabondante se'crc'tion de salive, qni force h cracher frcqunemmenit, porterait a faire supposer une sensation contraive. De lh r6sulte un besoin presque incessant sinon, de boire, car an fon d la soif est treis-mode're'e, mais de shlumecter la bouche avec uni liquide frais. L'appe'tit est capricienx sanls e~tre janiais excessif. Cependant la malade n'6pronve clue tre~sexceptionnellenienet de la repugnance pour les aliments. Elle mange volontiers et quelquefois nieme, dit-elle, niangerait beancoup sans la crainte de souffrir ensuite. Elle nia point, en rmatie're d'aliments, de oits p1'o1once's; mais les viandes grill'es et particnlic'renient les c6telettes de mouton sont ceux lu'elle digere le inieux. be lait et les legumes de tonte sorte, prilicipalemelit les farineux, lui sont funestes; et cependant ii lui arrivera de manger une 6-niorme salade sanis en ressenitir le moindre malaise. be vin mme^M pur ne lui fait aucun mal. be caf6, noir (je re-viendrai_ sur cc point) a paru~ quelquefois lui e&re salutaire; niai~s ii n'en est pas toujouls ainsi, bien qjuIen re'alite' elie ne, pense pas qu'il lui ait jamnais kt6 iiuisible. \Voici niaii teniant les syifiptomies saillants et caractl'risti(1ues cle la maladie. La miatine"e est gt'ne'ralement bonne. 11 y a meline presque toujours do l'appe'tit an re'veil et certains GASTRALGIE 199 j ours cet appe'tit devient rapidement une v~ritable faim, un impe'rieux besoin de manger. La plupart du temps, le repas du matin, si albondant qu'il soit, passe assez bien. Tout au plus ]a mialade est-elle olblig--ce (le recourir 'a quelques tasses de the' si la dligestion est pa hasarci difficile. Cela tient-il au mouivement, hi la distraction force'e que donnent les atfaires ( madame X, une de nos couturieres 'a la modle, a sous sa direction un nombreux personnel), je n'oserais me prOfloflcC h cet e'gardl. Tout ce que je puis dire, c'est que les, m~mes aliments et en. quantite' semblable que la ma - lade ne peut dige~rer le soir, elle les dige~re passablement dans la journm'e, et j'ai reinarqu6' la m~me sinmgularit6' chez bon nombre (le gastralg-iques. Cest hiabituellemien t une (lemi-hieure, trois qluarts d'heure, une heure au plus., api'~s d~imer. c'est-ac"-(lire vers les sept hieures du soir, que. inc-me apres un repas tre~s-leger, madame X commence "a soufifrir. L Cp igastre se gonfle et devient (louloureux. La inoindre re'ne. la mnoind re pression sur cette pairtie sont alors instippmortables:ii taut se de'lacer, se desserrer et `t la fin qutitter tous ses ve'teinents. Ii y a (labord des (luctat mois. (Ie simnples retiv(Jis de graz it1i1)pides et, illod mes. qui \:1)111 se rapprochamit; puis suriennieiiiit (1es relnvois aigres, (les re'gurgitations brcmlantes, quelquetuis cntin miiais tre~s-raremnemmt et touijours apr(%s d&iiumnttes efrorts, des -voniiissenmlents duim liquide aigr,,l.scrieux, a jpeimletei iite 200 GASTRALGIE de bile et tout aui plus Mele de quelques parcefles de matie'res alimentaires. La malade se trouvant encore, dit-elle, plus mal couche~e que Ieve'e, nle se jette stir son lit que pour se i'elever linstant, apres., manege qu ele recommence vingt fois dans une heure. Elle ne se..couche de'iuitixen-went que lors(Iue la crise touche 'a sa fin, c'est-h--dire ver.- minuit on une heure du matin. Alors elle se calme peu h peu, aprk'.s des acce"s de Ilarmes.) de d~sespoi r, de cole~re., de suffocation, etc., qui auraient Pu f Iaire croire hi une attaque d'hyste'rie. Mais elue ne (lort d'un sommeil paisible et reparateur que dle trois "a huit heures (lu ruatin. La dige~ition. intestin ale, inalgre' le troubl eperiod ique des fonctions, gastriques, paraits faire sans grande douleur et presque d'une fa~iýon nornmale: il y a rarement des borborygmes et peu de gaz par en bas. Cependant lei selles) sont marronne'es et difficiles. L'uri nie est presque toujours incolore: l'urine aqueuse des personn es n evralgriques. Lorsque je vis m~adlamie X p)our la lpre1mie~re tois, le It juillet 185.2, c'etait dans la soire'e: elle e~tait fort. soutfrantc et 'je fus vraiment alarm' (le son e'tat. Je nfinformai des traitemonts, qui avaient 646 snivis et, Yon me mit sous- loi youx une liasso (le prescr~iptionIS (lon1t~ oins I.seuleiment (-uelqlue.;-ui-es: tine. application. (10 sangsues 'a l'4igastre; tin v'-icatoire as avec V hydrochiorate de morphine. 6cgalemeiit h I epi GASTRALGIE 201 ga-Stre; du sOus-Carlbonate dle fer; du soils-nitrate de 1)islnutll; de lean de vichy; (les p)ilules (l0Ipiuln et (le Yahe'rianie; (les bains 'a la fleur de tilleul; etc., etc. Rien de tout cela-n avait produit un instant (de sonlagement. e'6tais le quatrie'ine me'decin que consultait cette' malade. Je ni'abstins de me prononcer. bien (1110n me pressa~t (le le faire, sur les ordonnances (le nrns confrne'rS et 'a ion tout- je prescrivis: Aux11 vow1.,1 112,ý 2 gouttes pour 150 granmnmes (Ieau alcoolise'e., trois cuillere'es par jour. 7 juillet. - La noix -vomnique nia pas re'ussi. PeutAtire les sympt~mes de lestomnac ont-ils un pen dIiminue". La mnalade le croit sains en e~tre certaine. Mlais elie a la teate lout-do, cc qu'ele navait pas anparavant; des vertiges, des elancemnents 'a la tempe droite; unie v-ague douleur dans le bas -ventre; des coliques sourdes, surtout damis la mnatiine'e; contre son hlabitu(Ie, elle a transpire' les deux units prece1entes; ellk se sent lpcutetre moins irascilble, mais plns triste, p)lus de'conrag6e, plus abattue:tout lenunie. Enfin depuis (leux joUrs son appe~tit dn matin lui fai-t dc61ant; elie a (tans la bouche un gocit de'aggre'able; tout cc qu'ele mange, (lit-elle, ((sent iec br!6ld pas (le garde-robe (lejuis trois jours. 11 niuest (lifficile, en rapprochant tons ces syinpto-_ tres, dene pab' y reconnai'tre les etfets patiofug'ii6tiques de nux vomi J'ai donc bien sous les ycux ýce qui (Lu reste 202 GASTRALGIE n'Ia rien de nouveau pouri inoi ) une de ces aggravations me'dicamenteuses que contestent quelques hiomceopathies. Si je n'en suis pas surpris, j'en suis encore momns contrari6. Assure'nent je prUfrri ~ret~fllc ust~e et. avoir ~~noter une am "lioration mais enfin 1la -seasibil it6 h 1'action me'dicamenteuse qeje constate, m'est une gar-antie que le vrai me'dicament, si je le trouve et, je iie doute guere que je ne le trouve 1proclhailnemle1t, 1)lodluira (lOS merveilles. En conse-quence, procedant h une nouvelle relcapitul ation de tous les syptmes anterieurs 'a ladmninistration (le la noix vomnique; conside'rant que le yin ne fait pas de mal; que les vian(Ies1 grilhe'os on r6ties sont mieux supporte'es que nie le sont les substances veg6 -tales; tenant, compte onlin de cette circonstance qui souventl, en cas paroil, a e'te' pour moi une pierre do touche que, le cafe, loin d'irriter, s'est mnai ate foisnmontre' salutaire, je prescris sans he'sitor: Causticain, 30.) une goutte pour une lpotion de 150 grammnes, trois cuillere'es par jour. 1112 jailici. - Ami'lioration 6iiorme ILes aigreurs et los spasmes ont presque entie'rement, cess6'. Les d-ispositions morales sont chiange'es du tout au tout; le sommoil. est excellent; garde-robes moule'es mais seulement, tous les deux jours: menie prescriptijvon. 16 juillct. - Etat prosque normal, "a cola pr-cs do quolqlues ronvois qui, de loin on loin, se roproduiseut GASTRALGIE 203 encore dans la soire'e. La mialade qui est me'connaissab~le et qni, (lit-elle, nese reconnait pas elle-mnme'n, a de la gaiet6', de l'enjonement, et Ion assure qn'elle lie se met plns que tres-raremient en colere. Bien ii'6g,,ale son enthonsiasmne pour l'lionincopatli ie: pi'escriptioii caust. 3Ome-,une goutte pour cent qnatre-vingtAs grrammies de ve'hicule, lu ullre a jour. 22. fiuillet. - La malade se tient lpour ogu("ie et lest en effet. Plus d'apparence de spasnies ni de renvois; selles normales et quotidiennes:pas dA prescription. 3O juillet. - Sant6' parfaite. Une on deux fois seulement, apre's avoir man~ge (les le'gun-es, madame X a en qnelqnes aigreurs. Elle les a fait passer en l)1enant. bien qn'elle fcut h peine sortie de table (lepuis une hieure, une cnillere'e de la dernie~re potion prescrite et dont le tiers h peu pre~s lui restait. RE'FLEXIONS. - La noix vomnique e'tait un in-ledicainent mal inidique"; voila' pourquoi elle a dIoinn& lieu hi une aggravation mionentane'e, dans laqluelle ii 't ait inipossible de me'connalitre plusicurs die ses symnpt,0 iles, priopres. be causticiom an contr~aire frappait juste: ii 6tait le v'rai qn~dicainent., licnu~icainmnt hImlnwopathiqit; ses symnltomnies convraient exacteinent ceux (le la mnaladie, aussi pas d'aggoravation; amnielioration ijistantanele et qni se soutient sansi interruption. La nialade 201 GASTRALGIE Ic prend en sortant. de table, elle le prend ayaut ses regles., co que jo ii appris que plus tard, et jamais ii ne fait que dIu Wien. Et "a ce pIr0p0s je ne crains poinlt d'affiriner, parce (1ue ma conviction 'a cet egIard ost assise sur l'expe'rience, que, lorsqu'on a la certitude de. conna Atre daus une lnaladlie quelconque le vrai qnw icamnicoli-c pot ttre aduiinistre' inditf~reinmeiit a touto lieure du jour ou de la nuit, itimin~diateineiit avanit comme im medi ateinont ap res lo repas, durant I'epoquo nienstruelle aussi Weon qu'oI e tout autie toiups:ii. no troublora jamrais aucune fonction. OBSERVATION X FLEVRE INTER1MITTENTE Le 20 juillot '1860, j'e~tais consult6 pour une jouno fommoi do Clichy-la-Garonne, attointe depuis trois niois d'une fie'vro intornittoute. Madame D., tonmmo (lun entrepreneur do pay ago, quo j ai autrofois solignle pour je no sais plus quelle maladie, dont ii assuro avoir e'e gue'ri tre's-iito, est a^g&reo do 22 ans. Ello laralait d'uno constitution d(-lýicato, quoiqu'olle affirmo s, tre toujours bion porte'o jusqu'a e'~poquo oii ollo vossoi-ntit los premie'res attointos do l'alfoction dont cile souffle actuolloinont. Son v'isage, marque' do iioibiouses 6pliu~lidos et d'une p~lour torrouso, oxpriino ]a FJkVRE INTERMITTENTE 205 [ri-stesse et le decourageeinet. L'ceil est abattu: les I evres sont dkeolore'es; lanigue humide et noin charg),e ýi1 est vrai que la mnaladle a miang6e depuis peu dle, temps)1; appe'tit "a peu pr&es nul; digestions lentes et penibles; apre's cliaque repas, la mialade 6prouve une pesanteur au creux de l'esoniac et a des renvois ayant le goAit des ailments; (louleurs.sourdes danis les hypochondres; le ventre est volumiineux ct rend pre-sque partout un son mnat "a la. percussion; le foie rue paralit avoir son volume normial, mnais toute la. region h6patique est sensible 'a la pression; la region sphe'lnique 1'est miois, bien que je croie ref-olnalitre une hypertrophie de la rate, garde-robes quotidiennes, moul~esC, inais incomple'es, c'eA -a - dire qju'apre's chaque selle, la mnalade croit avoir le besoin dFalle! encore et iie peut y satisfaire; uriines t~autit't aqueulses, tanto't rougres, troubles i 'alinstami de 1e'Iission et laissant de'poser un se'diment blanchliatre; mienstruation irre'gulie~re depuis plusieurs anne~es et comple'te-!Ueiit supprime'e (lepuis (luatle mois; iliinexi-ste (lailleurs aucun signe de g1rossesse; pas de flueurs lWanehies.; la n-arebe, surtout en munwtaut, pruvuque des ballementas de cw~ur (palpitations?) et (jueiquetuis de le'grers 6'lancemnent3 au ecuur. L'auscultation (le cet orgrane ne re've~e aucun bruit aniornial; pouls taible, tre's-de'pressible, hi 105i; peau se'che, htors le tenlps (des aece~s. 203 FIEVRE INTERMITTENTE Ainsi que nous l'av-ons dit., la maladie remonte deja ~iplusiecurs mois. Le premier acces a eu lieu le.16 avril, apre~s s-ept ou huit joutrs d'inappe'tence et d'ui vague malaise, pour lequel madame D. a Ote' purg~c Cc tut vers (u. licures du matin que lc frisson ]a prit le lpremuicr jour; ii C'1ai1 accompagmi Waune soif asseZ. vive et dura pre's d'u-ne heure, apre's quoi survint du mal (IC ta~te aNvec un grrand accablement, unle chialeur se'che, le iouls tre~s-Ire'quent et enfin, mais seulement vers les cinq heures du soir, une sueur, abondante qui dura Ip1esqlue toute la nuit. La. ialade avait pourtant fini par s'endlormir, inais d'un mauvais sommeil pend~ant lequel elle n Iavait cesse, que vers le point du jour d etre olse'dce tie re~ves effrayants. Toutetbis, h~ huit. heures du matin, hi cela prV"s d'un peu de fatigrue, elle ne se trouvait psto aS leva, se liNrra 'a ses occupationis, se reprochaiit d'edrc rest6e si tard an lit sans ctre lplus malade et dc'jeuna conime d'habitude avec iii plus ni momns d'appe'tit quc les- jourIs pr'ce'dents. iAlais "I dix heures et (lemie. N-oila' le frlisson qni rccommence; ii dure cette fois une lieure enitie~re et e~st sniv-i coinme celui de la N-eille de chaleur se'he. pUiS de sucur. be troisic~me jour, mc~imes syiniptomes, Si ce n'cst qu le frisson est avanc6 d~une demi-lIenre. On. ap) vFflýVRE INTL, RIITTE NTE?0 lpelle un me'dcecin qui presenrt (hi sultfate de quinine eni. pilule, j'ignore 'a (juelle (lo-e. Ce inedicamenet 1rait (qlelque bien; les acce's diininueiit et cc,ýseit. m(IffIl tout Ch fait peinlant quatre -"I cinq1( jouns. Mlais, cc laps de temps 6e'oul6', nouvel acces (lout on essaie (le pr3 -venir le retour avec iine (lose 1)115 %rte1 (IC SUlta (ICd qunn En effet l'acce's manque le Icleiueaiii, inais revient le surlendetnaii, ai onze hieures, (luoi( u( ) n'ait pas discontinue6 l'usage, (du niw(licaluclt. Cclui-ci est alors donne' sous une, autre fornme (en p)otion, avec (luelqlues gouttes (1 acide sulfuri(iqn), et. lpourl ic oup. sans autre re'sultat que (les COliques et uiie ou ilcux Le sulfate de quinine Wia done fait que modflliier le type (le la fic~vre, qui est (levenue tierce (lequotidlieline (ju'elle eltait dans le prinipe~e. Un inouveau iungralif (trente gramnies (le sulfate dle soudlc) etl 1iiiisc cen (ruvre de plusieurs necettes P(I)tllaircs fiat igucC lt a inaladle en pure perle. La 1ievre tien t bun; lesacs i'Cviciiueut de (Icux jouns I' uni avec. (jm ticli N"C ai-t tions quant "a Ihlenre dIu frissoni., (l1iii tait tot est aac taiit(It esl ncal(I ne Soite, dle SUlei ei ie S (l6eclopper, ct voilah daiis ((I I(tAt (iiiiA) i~iCil Panvrc nialade. Prescription:Plumb. we/al... 12. 1 iiV "gOutte pour ccent (iin(f nan Ict rgianiincs (I can distil bY41 La inalade dcvra preiniic anjon ird hui. jou r a yi quc., de deux heures 'a onze hcui'cs (Idun trois enill -)08 1 205FILEYRE INTERMITTENTE lere'es de sa potion; le lendemairt, de grand matin, deux cuillere'es en une seule dose; le surlendernain, =trois cuillere'es clans la journe'e; enfin, le quatrime'li jour, deux cuillerecs encore en une seule dose, le plus longtemps possible avant iheure pre'sume'e du hrisSOD. 24jaillet. -1l n'y a eu, le 21 courant, jour ott l'acce's etait attendu, qunhermlaise, sans frisson, daus 1'apre~s-midi. La jourrn~e du 22 a e'te excellente (appeitit.) selle naturelle, retour de la gaiet"); celle du 23, un peu moins bonne, mai,pourtant n-icilleure encore que ne la e6te celle du 21;: enfin aujourd'hui, 24, madame D. se sent mieux qu'eue na e'te" depuis six mois. Prescription:Plumb. m~tai., 124. Uite goutte pour~ cent quatre-vingts gramnmes, une cuillcre'e matin et soir. 3O0juillet. - Les re'g)l;,,es., api-c.s quatre mois de. retard, out reparu de la Areille et coulent as-Sez abondamnmen t 1(3 ien ire a dimhi on de moitiý; le visýaoe est tout autre qu'il e'~tait.. Ce'tait assure'l-ncit la guerisonl, et cepiendant, pour pitus tie sftrete', je fis) continuer le plom) "a la me'me dilution, imais lt a dose d'une settle cuiller~ee par jour, peiidait une semaine. Or, j'ai eu. depuis Mien (les fois- l~oecasioni (le voir ma~lame D. et ilusicuis meinbrcs deC -,a ffanille qui mei sont tous trc"s-attalch's et pour qui j'ai la p)lus gyrande estime. Janiais elle lie s'es-t ressentie dle sa fie'vre. RNflcxions. Je pourrais citer vinugt ob~servations ana FLEVRE PERNI!IEUSE, 20 9 logues h celle qu'on vient de lire. L 9usage du plomb dynarnis6 dans bon nomibre de fie~vres intermittenites est donc une de~couverte d'une certaine importance. Celle des proprie'tes f~brifugre; du quinquina a pris les proportions d'un eve'nemenit historique. MMl. Pelletier et Caventou ont acquis gloire et richesse avec le sulfate de quinine; mais le pauvre homceopathe (bit passer inaperpu avec ses globules de plonb: ainsi va le monde. OBSERVATION X-I FIEYRE PERNICIEUSE Bien que les observations que j'ai cru devoir rapporter ici h l'appui de la medication homceopathique soient en general classe'es, comme on a pu s'en apercevoir, d'apre's leur ordre de date, j'ai du^ enfreindre.cet ordre pour celle qu'on va lire, en raison de la concordance qu'ele prsen-,ete avec la pre'cedenite. C..., hionnkte et intelligrent ouvrier, (Ie long(ue date emiploy6 dans tine fabrique, an Port-~i,-lAmglais- oil ii est tres.--conside're', m'a bieni des ibis consult.0 (bepuis trois alis; d'abord pour' une fie'vre intermittenite qni (lu jour au 1idenmcain c6de au pflotib h ]a (doUZi("11e (lilutionl, et (lepti pour' une affection (les bronches (Iui exigrealFemploi (1e 1)usieurs nie'dicanents et dont 12. 210 FIk VRE PEI{NICLEUSE. ii n'est peut-e~tre encore qu'Incomple'tement re'tabli, car C..., qui est Arg6 d'une trentaine d'anne~es,) qui est actif et laborieux autant qu'on peut e'~tre, a besoin de toute son 6'ncrgie morale pour lutter cont~re sa mauvaise sante'. Je cramns qu'it n'abuse de ses forces. Mlais combien dhiommes de sa classe en sont lh Quoi qu'it en soit, it. y avait un certain temps que je n')a~vais pas enteudu parler de lul, torsque le 20 aouit (ternier (1861) sa femme vint m-iapprendre, tout e'plor.3e, qu'il etait trebS-Malade. C( est une fievre, meditelle, comme celle dont vous l'avez si vite gwh'ri, ii y a deux ans, mnais Mien autremient forte! Avant-hier encore, il allait trebs-hien, ne toussait presque plus, mangreait de h~on appe'tit, travaillait avec courage, lorsque vers tes sept hieures. en rentrant pour souper, ii se sent miat h l'aise. Je voutais qu'it prilt au moins sa soulpe, inais it refuse, me disant qu'il a froid, qu'it a soit', et pas le Inoindtre, appetit. II se couche done et boit un verre d'eau rougrie. Mlais ii ne t'a pas plus tclt 1111 qu'il est pris dun frisson terrible. Je le couvre. comime en hiver; je lentoure die b~outeilles dean. ('Iatide, non n'y fait; it grelotte ainsi pendant une. heure et (lemie,, apres quoi it devient rouge.. b~rila~t., so tptahit do Ia th'te, bat la cam)paguc et sue I monilter tmois chemises en mnoms die (loux hieures. Je me disais.quo je viondrais h Paris pour' vons consulter db'.S quo Ic lout sorait vcnn. M1ais to jour v'enu, le voith qui so Flk~VIE PERNICLEUSSE.21 12) 11 trouvre bien, qui se leve comme (libalitude et (jul va nnmnme h la fabrique. Cependant ii se sent plus lailble quil ne croyait l'~tre.. 11 ne peut pa~s travailici'; -ses jambes fle'chissent sous lui; eufiii ii rentre -h la inaison Sur les trois hieures. 11 essaie (le manger; mais 1'appc'tit ne va pas. 11 prend (leux cuiller~es de potagre et s'en tient lh. Cinq Iieure~ arrivent:ii a soif cunime la veffle et comme la veille bolt un verre (I eau r-ongie, et aussito~t..., non1, un quart (Ihleure ap)1's, uni frisSon), comme on n'en a jamais vu 1I1 a eu toutes les peines du mondle a se coucher:le courage.)u n u inanque pourtant jamais quianI ii fauit travailici', le courage Iui inanquait. Quelle nuit nous avons pass( feo 11 ne savait plus ott ii d'ait, ii de'raisonnait... Euuliu. monsieur, encore une nuit 1)areille, et je ne cruis pas ('il y r'siste - Et ce matin? (lefandlai-je. - Comme bier matin.... un pe faihie., voilit t(Jut. Ce re'cit, auqjuel j'ai prcte' une attentiou extrc"inle,, me laisse tout pei'jlexe. Yoir le inalade uie m1enlIl) prendrait pas (lavantage; ccla i nest, qute trop) ckliri s'agit ici (lune /icvre iflicim i/leen/ peCr)liCiCW. A cc soille t'oi..)ieme ae(c~s... q-ui jpeut ('ktre lilC QLW1C piS(Mile? Le sulfHate de (julin inc ah ban te (]( )se encMI ol cette pauvre f-enime ktait venne Iliele 'M hl eu (Iven ur au~jourd'hui; j'aurais euI du mm n)ilS IC tcuip~-s de1(j, Fie i('onnaitre. Je suis sutr q ue Ic iil u aiIcu -)12 212FILf'IRE; PEICN1C11ESE. lade... et je niose pas I Et pourquoi ne pas oser-1 - Ohi I mon Dieu, m-onsieur le docteur., dit madlame C..., qui sanls doute s'aper~oit de mon btsitation, c'est, je vous assure, la m-e~mie maladie qjuil y a deux ai.pius Torte et voi1' tout. Cest donc. bien le inm remiede qu'il luti faut, mais plus fort. aussi. Cette simple re'flexion me decide et au lieu d'e'crire comme j'allais le faire:Sulfate de quinine, deux grammnes, j'e'cris la. forinule suivante: Plumib., 6, l0gouttes; Aq. stil., cent quatre-vingts grammles. ((Une cuillere'e toutes les trois hieures d'id h ce soir; quatre cuillere'es demain, et revenez apre's demiain, cl is-je hi la femmne du mialade. Madamne C... ne revinit cjue le surlenidemnain, 2.3 0Aoft, ce qui, je ne le cache pas, me laissa fort inquiet. Le mnalade e'tait gue'ri. Ce fait est re'cent; il nla pu inanquer de faire impression dans une petite localite" commne le Port-ahl'Anglais. Bien que de'sigiie par une simple iniitiale, lc mnalade,--era reconnu non-seulement par, ses patronls,) mais par tou-s les habitants de son voishiage. Trente ou quarante perso~lnnes pouirraient donc, a besoinl, attester la rigrourcuse, exactitude dle mnon- re"cit. Et voilh la mnedication que lig-norancwe et la m-auivaise fbi pietlenclent assimiiler 'a la mi6dclcine expeclante! L' PILE P.SIE r21 - 21:3 OBSERVATION XII. 9P IL EPSIE. Le 926 janvier 1858, je recevais., dans mon cabinet, un mala-de dont la physionomie sombre, sinistre, presque farouche, re've'ait, au premier coup d'ceil, quelque profon de alteration des fon ctions ce'rebrales. 11 e'tait accompagne' de sa femme, tre~s-jeune encore, et de son beau-peure. Le mnalade qui, si i'on en jugre par la musculature, parIt avoir une constitution rol)Uste.) eta.~d 32 ans. Il a les cheveux- et la barbe noirs, leviag ple, miais marbr6 CA et lh, particuli'remient aux pomimnettes., de taches ecchymnosique; d'une teinte violace'e. Sa d~inarche est incertaine, sa parole bre've: ii re'pond laconiquement et comme mialgr6 lui aux questions qu'on lui adresse. 1l porte h la face plus-ienus cicatricei, notamment. une au sourcil (iroit qu'elle coupe h anigle aigu; unie autre assez ancienne et. peu apparente, qui se6tend obliquemient dit milieu de la 6'vre inf~rieure au clte' (iroit dlu ien ton; une troisiemnie enfin, toute re'cente et presqlue enicore saignante, qui traverse horizontalemient le nez par le milieu. Une des dents incisives, est casic'e un peu au-(1essus do la 214 f--,'P 11, E P S I gencive. Les yeux ont un aspect particulie~rement 'tranige: les lpupilles sont dilat'ces et semblelnt peu contiactiles; le regard est "a la. fois hiagard et incertamn le regard (Fun oiseau de nuit, re'veille' en pleini jour. La vue est en effet mnauvaise; une sorte de sciitillement emp~clie le malade de distinguer nettement les objets. Mlais ce qui me frappe le plus, c est I'6touln ante proe'ninence des globes oculal yes qui paraissent ýi moith3' sortis de leurs orbites, de telle sorte qu'oii se demiande si les paupien'es soiit assez lon1gues pour les recouvirir en entier. Ce pauvre bomme tombe du haut mat; ce que j aurais (levine', sanls peine avant qu'on me le dilt. 11 n'y a eu (lans sa. famille ni fous iii 6'pileptiques,. Son pa~re et sa mebre vivent encore tous les (leux et se sont toujours bien porles. Ce sont d'lioniictes cultivateurs, (lont ]a vie est 'a jour pour leurs v'oisinls. et qui 1)assellt Fun et lautre p0our' btre in~telligents. Lo mialade lui-me~me se croit en mesure (laflirnior qu fii na. jam ais eu do convulsions dans sonl ent'aiic et ajoute quill a toujours, joui d'une santo. paiklitei. Jusqilah h(poque ont, 6tant militaire, ii. cont ractca en Afriqluo, (labor(1 une dyssenterie. puis la fie'vre In tormittente our11 laqluelle i1 passa plusieurs inois a Illin.Ttal. Bien lu'il. avoue avoir fait, "a lexemple do ses ('aniaradles., en. Algri'rie, quelquespetds excds (lCeaude-vie et (1 absinthe, cest. 'a sa. (ysseliterie et "a sa fic'Vre 1ý P I 1, 14." P S I 215 untermittente, on pin t(4t aux. 7-emeWes v jolents qW ii aurait du' subir pour se (hbarrasser (de ces maladies. quilI n'luesite point "a attribuci' les accillents nerveux julil OJprouve actuelleinent. Mais comnie son opiiiion Licet 'ogard niest nullemnen-t niotiv~e et ne'repose que sur les plus vagues conijerture.i, je n'ai auICUIie raýiSOII pour ladlopter. Remarquoiis (lailleurs quc cesi accidents ni'auraient commnence' "a so nianit'e.tei (jUC plIus (Lun aan apre's sonl retour en France. be inalade est marie' depuis vingrt mois enivir~on. Ce fut pendant la nuit, '10 ou '12. j ours apre's celui (le soil maniage, (LU'ii eut sa premierTe atta(ILue: nuit terrible, je le suppose, pour sa pauvre jeune enimne. Mais, en re'alite', cette attaque a-t-elle lbiel itV la jpremne~re, coinme ii l'affinne (Ie lbonnie foi:? Assur6-', mnent ii me serait itnp'ossilble (de soutenir le contraire. et cependant ii se pouii'ait (Lu'ii eni fmt tout, ault'ilemmemt. PersonnDe nignore enl eiet qJue IeS ('jlejptiques ii oult pas conscience de leurs acce~s et que. par (cila mieMne, Hls non01t aucune raison pour en grardler le SOUVIivlIr' Les traces que ces acce'. laisseiit inmnc(Iiatelneitt apr".'is eux,tr-aces sign~ific atives pour11 Ic imIUIc(il) ex j)(I'rmi~it(It Sont (lautant plus decpourvues (de s(115 pour le imabmid lui-nm164me que le'tat (lhieJL'tudlC plus ou nijolis P110 -lon g(" dans leqluel ii se tl'(uve nie lui permnet gln(i'e (Jell rechercimer la cause. 11 s'ensuit quL'um f)ICtjuc conchant sexul (lans sa clamaibr et qu i ii'aurait ''acc'Is 216 IýPILEPSIE. que la nuit, pourrait en avoir pendant des anne'es sans se (louter qu ii en a eu un seul. Quoi qu'il en soit, cctte premie~re cri ie, noctAurnle fut b~ieito't suivie d'autres en tout semblables qui, d'abord, ni'ayant lieu qu'h plusieurs" semaines d'intervalle, alle~i'ent en se rapjproelhant, au point de s~e reproduii'e non-seulement plusieurs fois dans une m116me seinaine, ma is encore (dans certaines Co~n] itions atmo-sphieriques) plusieurs fois dans une mc4nie journ~e. Un peu v-ariables quanit 'a leur iiitensit6', quant It leur (lure'e et surtout pcu't-itre quant h la dure'e de I'6tat de cants 1ui leur succe'lait, ces crises, ainsi que je L'ai (lit, se ressemblaient entre elles et, bien que je n)iaie pas eu 1L9occasion d'en eItre tt~moin, la descrip)tion suivante qtie cii'e toat le beau-pere et la feimme dIi malade ne me permet pas de me me'preiidre un s-ýul instant sur Leur nature. Le inaladle e~prouve d'abord, queiquefois inai; 1ioii touijours* une, sorte de fr~iuisscmcnl., queliqueechose counIC 110 frisson au creux de lestoniac; puis iI pallit. Ipou-e, tin grandt cri, se raidit et toinbe comme uneC mass e. jrsue toujours en avant. D':i qu'il est tolinbe ii est sans connaiss3ance; ii ne respire plus; ii eMA comnme mort. Puis sesi muscles se durcisisent: ii serr-e se.; pouces avec ses doigtsr3; son bras grau~ohe se tornI (lelriicr sonl (dos; Son cou S-e gonfle; de p)ale qu'il 6tait.. sonl visagre Levient rouge, violet, cornme s'il OIai IýPILEPSIE. elrangle.l; ii a la langue hors de la bouclie et les veux iui sortent de 1( e 1te. Tfout cela ite dure qu'un instant et les convulsions commencent. Alors ii respire pi'6cipitarnrent,il rdle, a des soubresauts, se coupe la langue avec ses dents, rend par la bouchle une grande quan.. tite' de mnousse. me'lee de sang, laisse aller ses urines; enfin ii pousse un grand soupir et reste lpenldant unie denii-lieure, trois quarts dlieure, uiie lienie, sans parler, sans comprendre ce qu'on lui dit, abruti -.omme un homrne ivre-niort. I ) Ce maiheureux malade a plusieurs fois k6 pris (le ses acce~s hors de chez lui et mni~se loin (de sa de.ineure. Plusieurs fois on Fa rapport6' tout saignant (les blessures qu'il s etait faites en toinbant et ni'ayant encore que tres-incornpletement recouv re' sa con nais-,sance. Inde'pendamrnent (le ses graniies atta( ues. ii &prou ye (le temps en temnps ce que sa leninie et, son beaLI-jpCI' appellent ses faiisses crises. Ce sonL de petits cs dle vertige, (lurant au plus qu1CIquLes secoitdes et peti(lant les(Iuels ii rend, coup sur coup) et satns atitiv I. Cette description, cornre on doit le 1cn-er, tie ttinviit pas faite en pr~seiiee dui malade; j'avais eu soiti de le, reloguer uta iistatIt (lans ina biblliodihque oii, je I'avoue, j'avais graruIl eu r (pid ne Nit pris d'une attaque, tant, en l'examtiinatt, it ittavait patw sur Ii' lJoint d'en avoir une. 21's k P 11, rý" P S 114 -,. accidlent, deux ou trois grosses gorge'es de salive ecumeuse. Ce qui semble surtout faire le de'sespoir de sa jeune femme, qiii j usqu'ici a montre' la plus touchante re'signation, c'est que, "a mesure que ses crises ont augment6 de fre'quence, son caract-kre. autrefois ouvert et doux, a subi une deplor~able transformation. 11 est maintenant taciturne et irascible au dernier point. La moindre contrarkiete le met dans des cohw'es folles et que la presence de personnes e'trangeres ne contient pas toujours. Circonstance digne de remarque: il ne parait pas que ces cole'res aient jamais donne" lieu ~ des crises. Deux fois il a essaye' de se suicider, une fois entre autres en se coupant la gorge avec un couteau de table. 11 porte, en effet, au cote gauche du con, la cicatrice (lune blessure line'aire et qui-a dui inte'resser assez l1o Lou dme~inet le muscle sterno - cleido-mastoidieti. Enfin, il s'est vu dans- la ne'cessil6' de se de'faii'e. ii y a (lueliucs miois. dFun fonds (le commerce assez coniside.rable qu'il avait acliet6' en se mariant et qu'il nie se sent~ait plus en e~tat d'exploiter. Api'es avoir recuejilli les details qui pr'ce~dent, j'interrocre avec soin le mialade et je compl'te ahisi. a les syfli1toflles suivants, la liste de ceux~que j Iai ej a niote's La ttate est constamiment lourde et embarrass(-e; ii atoutes les nuits des raves plus ou momns d~sagrr'ables et quelquefois de la somnniloquie, tre's-rarement des palpitations; le pouls est irredgulier, nerveux mais peu frdquent (65 h 67); habituellemient, absence de sueur, z~i ce n'est au front, ai la racine des chieveux; fonctions digestives h I'6tat normal, langue nette, ni diarrh6e ni constipation; une garde-rob~e par vingt-quati'e heures; urine aqueuse le plus souvent;, sentiment de courbature ge'nerale, ce que la contraction musculaire pendant les crises explique suffisamment. En resume', j e constate ici ý peu Ipr'e5 tout ce que j ' ai (leja' observe' chez beaucoup d'autres elpileptiques. Cc qui pourtant distingue ce mialade (le la plupart (le ceux que j'ai eu h traiter, c'est la fre'quence (les crises et, cu egard h~ cette fre'quence,le pcu (l'he'b6tudc qluelles ont jproduit jusqu'h present, car., en de'finitiNve, les idle's sont nettes. be malade affirmne d'ailleui's qluil n'a jamais cu ni affection vermincuse, iii mialadlic vtN- n. rienne autre qu'un 6couleincnt (jul Waurait pas (lure' plus de trois semaines et aurait cenl (uichljucs jours, 'a deux ou trois doses (Ic cub"-bc. II s'agit (lonc kici scion toute vraiscmiblance, (lunie ('pilcpsic idiopathiquc, ni cong(nial (ai h~~iair dont ]a cause occasionnelle ne m echalpce pas nIioI)s que la cause predisposante. Une parcilic miala(Iic estelle gue'rissable? peut-krc; mnais onco-n(-oit que jI( 22. EýPILEPSIE. me g~ardorais bien d'en rd'pondre. Par cola m~me que je nWen apergois point la cause, je suis assez onclinl h l'attribuor 'a quelqu'une de ces alterations organiques, contre lesquolles toute me'dication est fataleinent irnpuissanto. L'existence d'un kyste ou d'un tubercule, dans le corvoau, par oxoinpie, une oxostoso 'i ]a base du cra'ne, un 4paississenient progressif do la dureme~re, etc., sont autant d'hypothe~ses e'videmmient admissiblos, bien quo, hieureusement, ii so puisse qu'aucuno doellesi no soit fonde'e. Au surplus, coest hIa un point quo le succe"S ou linsucc~s do la mdedication tardera pou ht Cclaircir. En consequence, tout en proniant sabornent moes resor~vos et sans miengagor on noen quant hi lissue do la mnaladie, je reconinmande un regimne auste~re, labstentionl nigourouse do toute boisson ferinenteo, le ropos du corps et do l'cprit, et je proscris pour niedicamont:Agaricus muscarius, 3111,, quatro gouttes pour cent quatre-vingFts rlaminnes d'eau di~4-i116oe, doux cuillere'es par jour. Le 5 wars. - La fomeDII et le bcau-pe~re du mialade viennnent me ronidre coinpto do son e'tat. 11 a eu, prosquo chaquc jour, un ou doux petits acce~s do vertigo; inais pas do grando criso. 11 ost momis irritable.Proscription:Aga'ric miscar, 61ne, deux gouttos pour' cent quatro- vingtls grammnes do vehicule, deux cuilicr6es par jour. EPILEPSIE. -).-) 14 mars. - Deux ou trois vertiges en tout dans la semaine. Le malade se plainf encore d'avoir la tAte embarrassee et un peu de confusion dans les idees en s'6veillant. Mais ii reave beaucoup moins, et ne parle plus en dormant. I1 est d'ailleurs incomparablement plus calme. - Prescription: Lcchesis 12, deux gouttes pour une potion de cent quatre-vingts grammes, a prendre comme les precedentes. 2% mars. - Le malade vient me voir 1ui-me're et sans trieaccompagn6. Je suis etonn du changementqui s'est oper6 dans tonte sa personne. Les ecchymoses du visage ont entierement disparu; ii est moins p Me qu'il ne l'6tait; sa de'marche est assur~e et sa voix naturelle. Enfin, les globes oculaires sont beaucoup momns saillants. Voila plus de quatre senaines qu'il n'a pas eu d'attaque et qui plus est, depuis plus de dix joul'S. ii n'a pas eu de vertiges. Cette espece de scintillement qui lui trouble la vue, voilh tout ce qui lui reste. I1 cause exacternent comme le ferait un hoinme bieti portant.Telle est sa confiance dans l'avenir qu'ilen est h regretter d'avoir vendu son fonds de commerce. Prescription: Bellad. 12, une goutte pour cent. quatrevingts grammes, deux cuillere'es pa"r jour. 10 avril. Le malade vient cette fois accomnipagpi de sa femme. Tous deux ont lair fort satistait. Pas dIC crises, pas de vertig-es. Les yeux se remetteit en place d'une faýon surprenante. Yoilh la premiere fois quc 049 ~~E-PI1LE PS IE. je coinstate ce bizarre phe'nom~ne. Le scuimlliement est un peu momns fort, mais ii existe encore. Je prie le malade d'essayer de m'en faire une description pr~cise et ii me dit:. (( Jai sans cesse devant les yeux ou pour mieux dire devant chaque ceii comme une aureole bigarre'e et 6clatante forme'e de lignes en zigzag, concentriques, de diverses couleurs tre~s-vives et jouaiit rapidement les unes sur les autres. D) - (( Tre~s-bienI lui dis-j~e,, je vous comprends; car je connais cette sensation pour 1'avoir e'prouv6e en experimentant sur moi-me~me le m6dicament qui la donnie et qui par consequent doit la faire cesser, )) et, sans me demander si de leur cote' rues deux auditeurs comprennent le momns du monde la dernie~re phrase qu'ils vienneiit d'entendre, je fais la prescriptioil suivanite:Ferrian niagncticurn, 12, une goutte pour cent cinquante grammes d'eau, une cuiller~e' mnatin et -soir. 25 avril. - Le scialillaiemenI a disparu de'sla troisieiine cuiller~e de la lernii"ere potion, et ne s'est pas reniouvele' depuis. be mnalade, un peu pre'mature'meit mie semble-t-il, se tient pour gue'ri et me remercie de ines soins. L'6ve~nement lui a donne' raisonii 3ai gueri. Je 1'ai revu. depuis et le revois encore de tempjs eni teinips. Or, depuis le 26 f~vrier 1858, jusqu'ýi pre'sent, ili ie s'est ressenti en aucune fa~on de sa terrible ma 1; 'ILEPSIE. ladie. Emnploye' dans une grande admniiiistr-atioii, ii s'y est acquis l'estiine de ses superieurs et s'y est fait une position couv1enable. Je suis le me'deciii (le toute sa famille ou pour mieux (lire (le la fainille de sa femine, puisque ses parents n'hiabitent point Paris. Mais lui-me~me a un enfant, un petit garý,on de cinq ans, qui lui ressenibie et qui parait avoir sa conistitution. Eli bien!I je dois le (lire, cet eiifaiit est tivessujet aux convulsions; i'lie're'dite' cominnencerait-elle "a lui2 RE"FLEXIONS. - Depuis dix-sept h (lix-huit ans que je pratique Il'hornoopathiie j'ai soignie un assez grald( niombre d 9epileptiques, les unis attehits (in gran(l?nai, les autres d ePiepsi~e pal'iielle. Or, chiez trois seuleineitt, la rualadie a i~nian(.ý(iatenient on pi'esque i V111111(1liateinent, commne cela a eu lieu danis le cas que je viciis (de rapporter, ce'de' 'a la niedicatioil iiiliuuite'simale et lie s $est jairiais reproduite. 11 est -vrai que je lie 1ais pa eiitrer en ligne (le compte de niotbreuix cas (IC verlige, jours, bien qu'ils ne soiciit le pins souivent (pie, les signies prelcurseurs de la *qrandc ailaque, qIite (de (ctte, rnaniii'e Onl lrevieiit. Enuiin, je nie 1oiutpte pas dlavaiitage plnsieurs cas (Ie crises C'pilelplifor'lncs,, Symtptotltatiqlnes d'aflections verininieuses et (lans ]a lthetiapie (lesquelles, j'ai presqne toujours vu 141aml PAM. erI -)-) I t, PILEPSIE. 0'le capital 1~. Mais, toute d6falcation faite, ii ne ni'ei reste pas momns d6montre' que 1'~pilepsie, et aussi bien lI pilepsie, partielie que le ve'ritable mnat comzitial ou le grand mnat, ne sont que trop souvent des maladies incurables. I En 1856 je fus appeld, pros de Paris, pour une. dame sujette depuispr~s dune annde ades accidents dpileptiformesqui, s'3tantmanifest~s d'abord A d'assez longs intervalles, revenalent maintenant deux ou trois fois la semaine. J e ne tardai point tý me convairicre en interrogeant Is malade que ces accidents dtaien.t symptomatiqucs d'une affection verminetise. Cette dame avait dans le rectum des oxyures guii lui causaient un prurit insupportable. J'6tais sur le point de lui prescrire sudlfwi' lorsque, me ravisant, je lui demandai si elle, avait Ihabitude de prendre du cafe d la crimýe? - Depuis trente ans, me ripondit-elle (elle en avait trente-trois). - Elibieni! madame, lui dis-je, veuillez le cesser, attendu que son action neu - traliserait celleda. medicament q'te j'ai lititention de vous administrer. Je dirai plus, ajoutal-je, it me serait tns-agriable de ne vous faire commencer ce midicament que huit ou dix jours apff~s que vous auriez enti~rement cess6 'lusagTe du cafe'. Ce dclai confraria d'abord la malade, mais enfin elle consentit 'a toit et la nouvelle visite que je devais Iui faire fut flxde hs huitaine. Or quand je revin, les oxynres avaient disparu, et ii n'y avait plus cu on soul acc~s. Tout naturellement je refusai de faire aucune prescription, malgrd les instances de la malade. Je la revis six semaines plus tard -les accidents navaient point reparu. Cette dam,. Otait gudrie, et ]a suppression d'un alimntn., auquel ellk dtait accoutumde dermis trente ans, avait suffi pour amener cette gu~rison. Assnrdmfefit le cafd a la cr'me n'a dtque bien rarement ddterminer des accidents aussi graves que des crises Opileptiformes, mais it a d'autres inconvdnients et. jP, conseille aux personnes nerveuses el dolicates, aux femnmes leucorrhdiques surtout, de s'en dMier. IIYDROCE'PHALE AIGUE.22 9..)5 OBSERVATION XIII HYDROCEPHALE AIGUE Le 16 juillet 1860, j'6'tais appele' rue de la Faisanderie, au bois de Boulogne, pour une petite fille atteinte d'une affection ce'rebrale d'une telle grravite' que les ne~decins dont elle rece-vait les soins avaient d6 -clare' lavant-veille hi sa famifle qu'il ne restait aucun espoir de la sauver. Ces me'decins e'taient d'abord nn bonorable confrere de Neuilly, dont le nom 1ne me revient pas, puis M. le docteur Blache qui avait e'te dernande' en consultation et qui avait -vu lenfanit deux Lois. Si le hiasard fait que cesý pages tomnbent sous les yeux de Al. Blache, riul doute pour moi qu'il ne se soulvienne du fait dont ii s'agit; car je ne pence pas que, dans le cours de sa brillante carrie're, ii ait eu. souvent loccasion d'observer des miiningiles plus ticcentu~es. J'ajoute, san-s craindre un de's-ave. (le sa part, qu'il n'a d U^ voi,*r que bien raremient, s'il en a vu jamais), un enfant aussýi mialade que 1l(t~ait la petite fille dont je panle, recouvrer la sant6'. Coinme on ne ni'avait point lis-simuiiih le filciteux proiloctic expinime sans- r~serve par ines conht'res, oit con~oit que je mie sentais fort pent lispos" ""I les reviplacer aupre's de la petite mialade. Mlai ii se trouva (jU UI des ainis de la fainille de celle-ci 'tait un de 13, 226 25IIYDR0C'I-"P1I-ALEF AIGUE., mes plus anciens clients qui, en sauvegardant de toutes les faC~ons ma responsabilit6, mit beaucoup d'insistance "a ce que je visse l'enfant; ce que je fis enfiui, mais mnalgr6' moi, je I'avoue. Cette petite fille est Age~e de onze mois. Sa. nire, qui a une trentaine d'anme'es, parait jouir d'une bonne sant6' et n'est point couperos~e. Je mentionne cette particularit6, parce que j'ai si souvent constat6' lexistence de la couperose chez des femmes dont les enfants 6taient atteints de me'ningite, qu'il m'est impossible de ne pas admettre une certaine correlation entre les deux faits. Le pe're est doue' d'une constitution hercule'enne et ite se souvient point d'avoir jamais etc mialade. Mfais ii est fort Age; bien qu'il montre a peine soixante ans, ii n'en a pas momns de soixante.quatorze. Existe-t-il quelque rapport de causalit6" entre son grand 'age et la maladie de son enfant? C'est douteux. N~amnmoins, Il'tiologie de la meningite est, la lplupart du temps, si difficile ht 6tablir, que j'ai cmu devloir tenir compte ici de ce document. La petite fille ressem-bie d'ailieurs "a son ph-e dune faqon surprenante. Elle a comme lui les yeux d'un bieu tres-clair (]a me're est brune), le front haut, ]a peau blanchie, les chieveux couleur de soie 6crue, la bouche tre's-grancle. Comme lui encore, elle lporte Lm Petit si~gne brun au colte gauche du col. Enlin.) ii est trves-grand maiigeur et la petite Pille aussi, aatd HIYDROCn-PHALE AIGUE.,)") tonber mnalade, elonnait ses parents par son excessif appitit. C'6tait une enfant robuste et pre'coce, aussi bien, dit-on, sous le rapport de lintelligence que du physique. Maiheureusement, ii ne reste de tout cela qu'un souvenir: cinq semaines de maladie en ont fait un petit spectre. Non, jamais je n'ai vu enfant dans un 6tat plus deplorable: ce qui me confond, c'est qu'elle vive encore. Elle est couche'e dans son berceau, tellement enaciele que bien certainement clans tout son corps ii nexiste pas une demi-livre de chair: les muscles sont litteralement reduits " leurs tendons. Un faible g&missement, des convulsions presque incessantes et un petit mouvement oscillatoire de la teate d'un cot6 e. lautre, mouvement autom-iatique, attestenit seuls qu'elle n'est pas morte. L'ceil droit est immobile, fortement convulse en deliors, lautre est 'a claque inistant agite' d'un mouvement rotatoire. be bras grauche et le membre abdominfal du minme c0tC sont daiis un etat permaiient d'extension forcte: on ne peut les 115'chiii. be bras et la janibe du cote' oppose, eprouvent seuls des convulsionts cloniqlues. II iie se passe jalnais plus dI'unie demi-heure saiis que ces convulsioms aicti lieu: elles coilcordent avec celles de l'wil gauche. Du haut du froiat an sihiciput. on aperý,oit uic lnucmr, oblwngc, cia vowittec dun'a CCllU/ dC eJOpCl; C'est.~ i~ 1'C,1 11YDROC'EIIIIALE MIGME pas douter, une hernie des me'ninges?k travers la tontanelle antkrieure. Cedte turneur est inolle et filuctuante. Pour pen qu'on y touche, on provoque instantane'ment les convulsions. Celles-ci sont telles, si onl appuie un peu, que le bras te'tanis6 1ui-me'm'e se sonIl"ve, mais tout d'une pie'ce et sans aucun miouvement de flexion, puis retombe lorsqn'on retire la main. Dans lintervalle des crises, Fenfant boit encore, mieux que je ne lanrais pens6. On ne l a pas sevree, mats elle a refuse" le sein depuis le commencement de sa maladie. Depuis trois semaines on la soutient en lui faisant boire h la cuillere'e un pen d'eau sncr('e teintt'e de lait. Elle a vom-i, mais ne vomit plus que raremient et, dans ce cas, rejette senlement lean laitenise qu'ele a prise. Le Yentre est fortement de~prime', et ses, parois sont tellement amincies qu')on pent ais6'inent 'a travers toucher la colonne verte'brale et percevoir les.- pulsations de l'aorte. Les garde-robes se re' duisent -,k I'emission (inn pen (de se'rosite' ronss'atile et qnuelquet'o is ne incolore. La petite mialade urinet-elle? Sa mere elle-nnme n en est pas tir'e; zmais ii est Iprol)ablJe que oum et que luirine se confoiid avec ]a serosite' rendlue. par le rectum. Tous- ces de'tails (onstate's. je 11e, song)(e nle~ne pas au 'innitoitner dIt traitement qui a 'tte snivi. Ce serait. de ma parnt ptuve ctiriosite' et sants le moindi-e iiitic'wt. -Je partage entie'reninent., dis-je 'a la ine'rc., l'opi HYDROCEPLIALE AIGUE.29 229 nion de M. le docteur Blache: le cas est de'sespe're pour moi comme pour lui; Ces-t un maiheur sans remede. II serait donc inutile que je revisse votre pauvre enfant. Cependant je veux bien lui faire une prescription. Et si, par imipossible, demain ou apres (lemain un cha.ngement favorable avait lieu, faites-le-rnoi savoir et je mn'emlpre)s~erai de relven i 1". Cela dit, j'e6-.ri,:,, beaupoup moins pour l'acquit, de ma conscience que par pure condesc--endance, la formule suivante: Belladono,. 12, une goutte; Aq. stil., 12~5 gramm-es. Une cuillcer'e "a caf6 d'heure en hieure. Mais h peine suis-je (lans ]a rue, que je ai'en veux d'avoir formuhe' quoi que ce soiL. (( J'al eu tort., pensai-je; cette potiori, pa n'esl-t pas douteux, ne produira aucun. effet. Lenfant mouri'a (lemain, cette nuit petite~tre,, et l'on ne manquera pas dle dire quil est mnort entre les miains d'un homcneop'athe.... Apres tout., oil sait d'jh que lesz allopatheS Font abandonne' onilir (1O'c ce que Ion voudra... h Ia garde (le Dieu. ) l7jaillet. - Pas; (Ie nouvelle. ce qui ne me surprendl pas. Mais le 18, une tante dle Ia petite maladle vient inhannoucer (LU 01oi remnarque Line amielioration sensib)1e, ([U les cotivnlioiis sovit moits fortes et surtoiit ill~illts t'rCmjueites '? eiliii., cc (111 Ct( )i H le pl us. (1lie la Itunflur de la ide a co/uph'tlelCio disparit. et, quttot 220 HYDROCEPHALE AIGUE. inc supplie de revenir dans la journ~e. Je me rends en toute 1Iatte h cette invitation et je constate, en effet, que les choses sont telles qu'oni me les a rapporte'es. Ell presence de cette modification inespe'ree, je me demande quelle cause, en dehors de Faction me'dicainenteuse, aurait pu la produire, et je n~en trouve aucune. Je nligniore pas queule influence le'@at de l'at-. i-nosphiere est susceptible d'exercer sur la. narchie des meningrites; inais aucun elhangeinent de temnperature nie s'est produlut depuis le 16 juillet. Loin de Iat, le teinps, qui est oragreux depuis la seconde semiaine (Lu inois, Vest plus que j amais lepuis deux jours. L'anin&lioration incontestable que j'observe est donc bieii l'elfet de la belladone. Au surplus, ht cola pre's (1'une re'sorption notable do 1lcpancbemieit ine'ningien et, par suite, de la'diminution (lei convulsions cloniques, rien iie inc parait chianige dans l'etat de leiifant. be strabismle perinanieitt de lulil (iroit, aussi bien que la comvulsion toniqu du bras et do la jambe gauche, nie sont pas mohis pronouce's. qu' ils noe l'~taient 1'avant-veille. Existe-t-iI un ýpanchiemniit dans le vontricule droit? Cola nest "tue~re douteux. La ine'nincrite est-elle ici comnpliqutieo dFence'pha lite?ý Quolque travail de ramnollissoentei, soil. (tails les couches optiquos, soit danss queique, auti-c point dle la base du cervean, est-il en. vole de s'accotitpjii. -? Cos-t, pour. le momAts it craindrhe. Daiis cc cas, le IfYDROCErIIALE, AIGUE. 231 mnieux ne serait qu'apparent et ne se maintiendrait pas. Je crois de mon (levoir d'exprimer 'a cet egard mnes appre'hensions avec une entie're siinc'rit., car je ne. veux pas qu'on puisse un jour in' accuser d'avoir encourage, par ignorance, des espe'rances sanis fondement. Toutefois, je prescris de nouveau la belladone, a la, me~me dilution, une cuillere'e h caf6 (le deux en deux heures. 20 juillel. Peu de changement appre'ciable, si ce niIest une nouvelle diminution dans la, fre'quence et l'intensitd' des convulsions cloniques. Lenfant parait dormir de temps en temnps (lun somnneil assez cainme, et a urine' plusieurs fois. Dans les premiers temjips (le sa alaieet in~me plusieurs jours avan uon la crcmt malade, elle ne nianquait janlais (de pohissel', en s'6veillant, un cri aiga, ce oni do ia menibgito que lplusieurs auteurs, sinon nnhnie tous, mneiitioniienit lparlfli les symnj omnes caracte'ristiques (Ie cette ninaladie. Depuis plusieurs semnaines, ii n'en c4 p~lus aiiisi: iinais ii est vrai de dire que' lenfant nia pAluS la force dle crier. Je recommande (1 augmnenter un peu la prop)ortion du lait dans l'eau sucre'e qju'on lui fait boire, et je renouvelle, sans y rien changrer, ama prescription dle lavant-veille. 2'4juiliot.- Peu de cliaiigemenit, bieti (fli ]a nin" assure que l'ame'lioration a fait (de noivi~~~Ix j11"grCS. Elle a le pi-essentiment q uc soni enfanit iie nioiorra 232ILYDROCEPHALE AICIUE. pas, et l'exprime avec une. confiance contre laquelle je m'efforce doucement de la premunir. Merner~gimne, Menme prescription. 296 jullet. - 11 y a dans lensemble des symptomes uiie amelioration dont', an premier coup d'oil, ii est difficile dlese rendre compte; mais l'aspect ge'ni'ral est 6videmment meille ur. 1I y a plus de force ou, Si Fion veut, moins de faiblesse. be geh-is'sement presque continuel que fait entendre lenfant lors,-qu'elle nest point endormie a pris du tim-bre et de Fampleur, et devient, de temps en. temps, un ve'ritabl e cri. Elle boi t, avec une certainie avidite', 1'eau coup('e de lait qu'ot liii met dans la b~ouche et elle digere ce me'lange. 11 niy a pas de vomii.-sements, mais de temps 'a autre desi r(Igurgitations de lait caille'., conmne en ont tous les enfant,; qu'on allaite; le ventre est moins ch'prim6c. Elle a des gardle-robes completement liquides encore, mais noiraitres-, f~tides et mehees de caillots laitetux., nd ige'res. Les convul sions- cloniques devien-nent rares:pour la premie're fois, ii n'y en a pas en ma pre'serice. Le strabisme., bien qu'il existe encore, me parait moin(lre cependant. et ion ni'asF~ure qu'il n-iest, pins constant. be bras et le menithre ab~dominal gauiche sont (lans- le. ine~me e6tat de roideur et d'extenision. le. remarque neamnnoins, avec une granide satisfaction. que cett~e roideur est beaucoup momns proiionc~e' dans-' le bras qu'eI le ne IlI tait ii y a quelques jours-, Si je iw, HYDROCE'PHALE-, ALGUE. 233 puis encore fle'chir la jambe sur la duisse, je flchis aisd'ment, ce que je n'ai Pu faire jusqu' ) present. lavant-bras sur le bras et je n'6prouve presque aucune resistance "a e'tendre les doigts, contracte's sur it pouce. Inutile d'aj outer que l'inteiligence semble jusqu'ici entie'rement abolie et que le m-ou'vement automatique de la te'te dont j'ai parid' continue corume pr~c6dernment. - Madame, dis-je hL la mere, je commence hi partagel' un peu votre esperalnce; mais ce qu'il nous faut maintenant et hi tout prix, c'est une nourrice. Madame **me re'pond qu' elle en. a sous la main une excellente et toute de'vou~e. -Ahqrs, (lis--je, il faut qu'h partir d'aujourd'hui meme efle donne le sein "a votre enfant deux ou trois fois par jour seulement, pour commencer... et nous verrons ensuite. Pour ce qui est de la medication, je me demande s'il ne serait pas opportun d'insister encore sur la belladone. mais, toute e'~flexion faite, et me re'ervant de revenir "ai bellad., s'il y a lieu, je prescris caicar. ccirb. 18, une goutte pour cent vingrt-cinq grammes, quatre 'a cinq cuilIerkes hi caf6. par vingt-quatre hieures. 28 juiliet. - Lenfant tette parfaitement. L'ceil (Iroit s'est remis en place; t~res-rares convulsion,--; le bras, gauche se fle'chit de 1ui-mne~me; la jambe seule conserve de la roideur. Les g-arde- robes un pct plus coni 234 224 HYDROC~ePHALE AIGUE. sistantes, n'ont au reste pas chang6 de nature. Toujours me'me mouvement de la tbte; aucun signe d'intelligence. Prescription: Calcar. carbon., 12, une goutte pour cent grammes, "a prendre comme pr'cdemment. 30 jaillet, - L'enfant reprend de la vie. Pas d'autre chantgerent notable qu'une rqption rouge (taches planes et de formes irre'gulie'ies) h locciput, h la nuque et sur les c6tes du col. Est-ce un signe favorable? est-ce un effet de calcarea? Dans le doute et en tout 6tat de cause, je fais continuer ce mt'dicament pendant quatre h cinq jours. 4 aolth. - Tout est peripetie dans une maladie d -e cette gravite' L'enfant (qui a huit dents) a rnordu sa nourrice. La plaie s'est envennime. Deux petits abcbs se forment h l'entour. Ce contre-temps est fticheux; car la suppression du sein pourrait tout corprorettre. Cependant je fais pratiquer sur le sein malade de f'r@'luentes lotions avec de lean tibde coup~e par roiti6 de teititure mbe're d'arnfica. Heureuserent cela rdussit; le lendeniain 5 aouit la nourrice n'a pas de fievre; le sein nalade est douloureux; mais elle don nera h tetter de lautre. Tout est donc pour le inieux. Quant " l'6tat de lenfant, il est aussi satisfaisant que possible. Les garde-robes sont plus consistantes, moins noires et moins f~tides. L'eruption de la nuque se prononce de plus en plus. Les taches sont confluentes et, dans IIYDROCEýPHALE ALGUE. 233 une &tendue de sept " huit centimetres en tous sens, elle n'en forment qu'une seule d'un rouge vif et 1 -gerenent suintante. Persistance du rouvement machinal de la tate et de la roideur de la jambe. Prescription: Sacchar. tact. pendant trois jours. 8 aolt. - L'eruption est dans le mime 6tat. Les forces reviennent " vue d'oeil. Quelqies petites convulsions limitees aux yeux. Pas d'autres changements notables. Bellad. 18, 2 gouttes pour cent vingt-cinq grammes; trois cuillerees h caf6 par jour. 15 aoiAt. - Les convulsions ont cess6. be strabisme ne se reproduit plus que de loin en loin; le bras gauche est apeu pres libre; la sensibilite parait y exister au minme degr6 'que dans le bras droit; la jambe gauche est moins roide, mais elle lest encore; 1'6ruption ie la nuque a sensiblement pa'i; le mouvement de la ta4te n'a plus lieu que par instant; ]'enfant tette avidement et continue h reprendre de la chair, de telle sorte que laspect general est change' du tout au tout. Je suis maintenant "a peu pres- stir de la guhrison. Mais lintelligence reviendra-t-elle2 Question alarmante q ue me pose ]a pauvre m~re et que je n'ose resoudre. Ce qu'il y a de positif, c'est que, sous ce rapport. ii ne semble pas quejusqu'h present nous ayons rien gagnr6. Or, si cette petite fille devait rester idiote, autaiit vaudrait assureinent ne lui avoir pas sauve la vie. Heureusement, ii s'en faut bien qu'a' cet 6gard tout espoir soit 236 ~?36HYDRO(EPHIALE AIGUE. per'du. Les garde-robes, au lieu de noires qu'elle-s etaient, sont 'a present verdaltres: le foie a donc repris ses fonctions. Ne'anrnoins, comme ii y a des gaz, et probablement des trancheles, je prescris:Charino. vatly. 12, deux gouttes pour cent grammes.) quati e cuillert~es h caf6 par vingt-quatre heures. 20 aollt. - Nouveau progre~s dans l'ensemnble. Les garde-robes sont meilleures et se rapprochent de plus en plus de l'6tat normial; la jambe gauche se de'tend; le mrouvement de la te~te n'a plus lieu que dle loin eni loin; la rnt're et la nourrice affirment que souvent il s'arre~te quand elles parleiit hi lenfant. Est-ce une illusion? L'expe'rience ne re'ussit pas en ma pre&senccw. Quoi qu'il cn soit... esperons. Comm-e le ciel est p~ur et P'air tie'de, je conseille de descendre lenfant au jardin et de la lai-,ser lý, dans, son berceau, h lombre (lun bosquet, pendant trois ou quatre heures au moins chaque jour, c'est-h-dire (Ie onze heures 'a trois. L'air pur et suitout lair duii bois est, COmm~e on le sait, un puissant modificateur: je nWen veux pas d'autre quant h present et je ne fai,. en con sequence aucune prescription. Jer septembre. - Le grand air a fait merveille. tin changement considerable s'est opere' depuis Ilmit jours. Plus de strabisme, plus de mouvement, (le te'te: appe'tit tel que lessein ne suffit plus et qu'on y joint dIe la bouillie deux fois par jour. La petite fille, bien quc! I{YDR0Ct4PHALE AIGUE. 23~ sujette encore h des absences, paralit coniprendre:iell a ineine souri et sa ni~re en a pleure' de joie. Li'up-IU) tion de la nuque a disparu. Seule la jamnbe gauche, bien que flexible et se ployant d'elle-mCnme, est encore paresseuse:nous soinmes en pleine convalescence. LPas de -prescription. 12 sepiembre.-be travail de dentition, suspendu par la maladie, parailt rel~rendre son cours. Quat~re moIhires, deux de chaque co^tel, soule'vent en maine teinps la gencive. L'enfant est grognon; les garde-robes, qui s'~aient mouldes, redeviennent diarrhe'iques; les paupieires s'agglutinent pendant la nuit. Calcarca carb. 30, It glob, pour cent grarnines, trois cuillere'es -L" cafdC par vingt-quatre heures. 16 septembre. - Calcar. a produit un caline sensible (it presque instantan6. Trois des dents sont sorties. Garde-robes jaunes et f~culeiites. Prescription:continuer caic. une seule cuillere'e pal vingt-(quatre hecures. jer oclobre. 1i lie reste absolunlent aucune trace (de ]a miie'ingite. La min're infexpriine linteiition (killer inontrer sa petite-fille 'a M. le docteur Mlacho. Je lv enlgage fortenIent et cela~je le jure, daiis uniiiiibet p)ureinent sci entifique, et sains aucuiie arriecle-penlsee. L'a-t-efle fait? je ne le crois lpas. Sil eii est ainsi~jc le reg('rette; il 111e ct e~tc personiiellemieiit agicreable (Ie placer sous les yeux de notre savalit cont're're un argunment aussi pe'reinptoire en fax cur de l'loiiwcopatiiic. .)3"IJYDROCEI-FIALE AIGUE. Riflexions. - Ce qui ressort, avant tout, du fait dont on vient de lire le re'cit, c'est qu'il est bon, sinon de ne jamais de~sespe'rer, du momns d'agir, dans les cas meine oh" ion n'espere plus, comme si I'on esperait encore. 11 est en effet hors de doute pour moi que, si, c 'daint h un premier mouvemient que je regrettais un inst~nt plus tard de n'avoir pas suivi, je m'&'ais abstenu de faire une prescription quelconque, l'enfant efi infailliblement et tre's-prochainement succomb6. Ii me semble que dans cette observation tous les me'dicaments ont porte' juste et ont contribu6' "a la gu&' rison; mais laction de la belladone a &6te decisive. De's le principe elle a provoqu6', et cela avec une promptitude surprenante, la resolution -du liquide rachidien. Plus tard, le 8 aofit, elle arre~te instantai-iment tine recrudescence de convulsions partielles. Cacdccrea modifie la iiature des garde-robes et determnine peuta-&re une eruption pr-obabiemient salutaire. Enhin, le 12 septemibre, le *meme medicament semble singulit'renient acce'lerer le'ruption dentaire ou tout au. mnois mnodi fie tre's-promptement et d'une maniiire incontestable les symptornes concomitants. Mais voici qui n'est pas momns 6~tonnant que tout le reste. Trois jours avant ma premiere visite, M. le docteur Blache axait, lui aussi, prescrit la belladone, nonl d (ose infinit'simale, mais 'a dose tre~s-minime, quel' qjie chose, m'a-t-on dit (ca-r je n~ai pas vui la forniutle), IIYDRiOCEý-lIALE ALGUE. 2~39 coinme une goutte de teinture dans une potion de cent granmes. Je ne deranderai point a M. Blachie dans quel but et en vertu de quel principe ii avait fait cette prescription. Ce n'&'ait pas en se fondant sur le Sinilia simnilibus curantur, puisque notre illustre confrebre n'est point, que je sache, homoeopathe. D'autre part, M. Blache connait trop bien, je nWen doute pas, les effets physiologiques de la belladone pour invoquer h l'appui de sa therapeutique le Contraria conlrariis. Chacun sait en effet que la belladone congestionne le cerveau et peut donner des convulsions. Laissons donc de cote toute question de principe. Le point avWr6 est que M. Blache avait prescrit empiriquenent la belladone " faible dose, mais en nature, et que la belladone sous cette forme n'avait produit aucun effet, tandis qu'on a vu les re'sultats que produisit trois jours plus tard le inbmne mn'dicament dy-?i~anaise' et l dose hainemannienne. Est-ce a dire que dans tous les cas il en serait ainsi? et que toujours la douzieuie dilution anincrait des resultats que la teinture mbi~re serait incapable de produire? Je me sells si peu dispose.' souteiiiir une pareille thbse, d'une manibre absoluc, que si j'avais connu dans le principe la prescription de Al. Blaclie, dont il ne me fut parh3' que beaucoup plus tard, ii est fort " presumer que j'aurais regard6' cominie inutile (le revenir " la belladone et (Ile, lie sachant plus que 24U 240 R1 CAPITULATION. formuler,je ni'aurais vraiseinblablement rien formule' (Iu tout. Toujours est-il que ce fait si bizarre qu'il puis separaitre prouve au. noins que, dants certains cas, les dilutions sont pre'f~rables aux teinitures ineres. Au surplus, jaurai biento't 'a revenir sur ce point, puisque je terminerai ce petit ouvrage par quelques consider'ations sur ce qu on est cunvenu d'appeler 1'Aggravation m~dicame~iteusc et sur la Posologic. RECAPITULATION Les observations qu'on vienit de lire, si iiicompl etes que soient plusieurs d'entre elies, te'moiglient hautement en faveur, non-seulenient du principe de similitude, base foridarnentale de l'honioopathie, niais encore de la mn'dication infinite'sinale. FJai lieu (le penser qu'eues ne causeront nlulle surprise aux we'decins liomweopathes, car ii ni'eii est probableninet pas un seul parini eux qui naiL eu Iloccasion de coilsLater persomnellement des taits analogues "a ceux que j'ai rapporte's. Je dirai lplus, mna crainte est qu,elles iie soient pour eux que d'un inLe'ret we'diocre, attendlu qu'h 1'exception du plomb dans les t" vres intermittentes, du lycoperdoi-f dans I'anlie'nie, de lagaric et du. fer inagiieLique dans le'pilepsie, elles n'ouvremit ell the'rapeutique aucun aperpu nouveau. Quant aux ine'decins allopatlies, - et c'est surtouti RE CAPITULATION. 241 RECAITULTION 2F pour eux,je le de'clare, que ce petit livre a ete, e~crit,-je miattends bien ht ce que plusieurs dentre eux suspectent la, ve'racite" de, mes re'cits. Pourquoi? je me le demande. Quel inte'ret ai-je 'a les troinper? Ne serais-je, pas en droit de leur dire cc quc Frapart nous disait autrefois: ((Que mnimporte apr es tout que NVm)s croyicz ou quc vous ne croyicz pa 'a lhoinceopatliie, ))et je pourrais mienc ajouter En quoi me scrait-il done S5i profitable h ce qu'il y eki dans Paris cinq ou six cents hiomocopathes au lieu d'une, centaine? ))Mais je mentirais et je me mentirais 'a inoi-me~ine en leur parlant ainsi. J'aime les hommes tels qu'ils soift, malgr6 leurs pre'juge's, leurs travers- et leurs faiblesses, parce qule moi aussi je suis hioinme, et je plains de toute mon tnie le mallicureux qui fait shincreinent proCession dc misanthropic, et ne trouve lien dans cc mnonde qui soit digne d'etre aiine'. Or, coinmne il i est impossible de ne pas penser, d'apres cc que j'ai vu et 6prouve rnoi-ni~nnc, qu'il serait d'ut ininnense avajitage pour l'hutnanite' quc Vhloninccopathic (levilit en peu d'anne'es la miedecinc uni'verselle K1 in'est C6galerucut im-possible dc ne pas le proclamier. Jc connais un grand noinbrc (le ne~deeiiis allopatiles; ii y en a beaucoup dont j'estinic le earactiere; 1l y en a quciqucs-uns dont j'admnire et j'envie lintelligence; plusieurs d'entre eux enlin soot (le ines vicux alnis; comment doiic n'aurais-je pas le dWsir 242) R1,CAPITULAT ION, de les voir tous partager ma foi scientifique? Mais la passion ne raisonne pas et la passion seule explique le don siugulier que nous possedons, de n'inspirer t nos adversaires que repulsion et mefiance. ((Les homoeopathes, disent les plus polis ou les plus charitables, sont des illumines ou pour le momns des mystiques ) Eli! messieurs, ce que nous vous deman dons ce n'est pas de croire, c'est de voir; et ce niest pas ainsi que proc~dent les mystiques. Quant au reste, avons-nous lair d'hommes en demence au lit de nos nalades? Ignorons-nous, messieurs, quelque chose que vous sachiez et ce qui pour Yous constitue toute la science me'dicale? Sur quoi donc nous jugez-vous? Sur nos actes? vous refusez de les voir. Sur nos ecrits? vous refusez de les lire. II y a Ih de votre part plus que de l'incons~quence. Mais on ne s'en tient pas 1i. Toute controverse est malais~e sur un sujet qu'on ignore; au lieu de discuter l'homoeopathie, on l'outrage:a Les homceopathes sont des charlatans, des imposteurs, ) argument de portefaix ivres, que nous serions en droit de retourner contre ceux qui s'en servent. Mais non; ce ne serait rien prouver, et je tiens, quant h moi, t prouvor, une bonne fois et sans replique, que ces grossie'rete's sont encore plus absurdes qu'elles ne sont ignobles. Quoi I messieurs, vous pretendez que nous sommies des imposteurs I mais alors, juste ciel!I convenez douc RECAPITULATION. 243 que nous sommes tels envers nous-memes, jusqu'h notre agonie, jusqu'A notre dernier souffle. Qui d'entre nous, messieurs les allopathes, avezvous jamais vu, ayant les siens malades, et je dis son pere, sa femme ou ses enfants, desavouer sa propre doctrine pour recourir h la v6tre? Bien des homceopathes sont morts depuis trente ans; c'est le sort commun. Quel est celui d'entre eux qui, sur son lit de douleur et tout pros d'expirer, a reclam6 votre assistance, celle de vos princes de la science? Je vous defie den nommer un seul. Gueyrard ain, Frapart, Giraud, Molin, Croserio, etc., etc., jusqu'a leur dernier soupir, protestent contre votre vain savoir et vos aveugles inedications, pour mourir du moins en paix, si l'on ne peut les sauver, entre les mains de leur collegues, homceepathes comme eux. Jaquemyns, atteint d'un anevrisme au coeur, ne veut d'autres medecins que Love, Petroz et moi. Morroche repousse toute autre assistance que celle de Chanet et la mienne. Tessier, des qu'il commence ý se defier de luimhne, s'abandonne aveugrlment aux soins de ses e eves. Gueyrard jeune, qui voit nettement sa position d6 -sesper6e et sent sa fin prochaiiie, me fait demander ines conseils et les suit exclusiveinent jusqu' l'instait 244 REýCAPITULATION. oh une ame~lioration passage're lui permiet d'allelmourir clans sa famille, entre les mains d'un autre homce~opathe, le docteur Chamaillard. Chamaillard, "a son tour, en proie h un cancer de lestomac, s'adresse-t--il pour son compte "a ses confre'res allopathes de La Fle~che? Nullemeiit, 11 se soigile lui-merne, et quand son 6~tat est devenu tel qu'il ne peut plus se soigner., ii appelle h son aide uni hornceopathe de Paris. Gabalda, frappe' de paralysie, -ne croit pouvoiir rnieux faire que de re'clarner les soins de ses amis, les docteurs Milcenit et Fredault. Pe'troz, enfin, poussanit, peut-e~tre, juq'tlelag ration la loi qu'il s'est faite et qu'il croit fonde'e Sul l'expe'rience, de ne traiter ses malades qu'avee le., hautes dilutions. nen veut pas d'autres pour luimerne, jusqu' alinstant supremne oii, se de'liant de se>ý forces et de son intelligence, ii laisse deux homceopathes, MM.L Cretin et Cabarus, I.e soigner h leur guise. Et voil " les hommnes que ion ne rougit pas d'accuser d'itnposturel Silence! messieurs, silence! Respect ý des convictions qui ne s'e'teignent qu avec nous. Chapeaux bas devant ces nobles tombes oii reposeit. honore's commne uls ont inerite' de Iletre, des hommje.dont toute la vie se resume en deux iiiots:de'vouemient', lo-vaut6', et doiit la. mort a confirme' Ia vie. Je reviens ~imes Obscrvationts RFkCAP1TULATIO'N. 245 Quelques-uiies d'Ientre elles, au moins, ne manquent pas, me semble-t-il, meme pour les plus difficiles, d'un certain caracte~re d'authenti cite'. Mlon 6'pileptique, par exemple, est connu de cent personnes; ma grastralgique de mulle. M. A. de Hondschoote vit encore et se porte bien; je viens de l'apprendre (le ]a lbouclle d'un de ses compatriotes. Vivent encore 6'galement les deux honorables confre'res allopathes qui out suivi, jour pal' jour, sa maladie et qui ont assiste' au mziracle (le sa gud'rison. Eli bien I qu'ils me dem'mentent, Si j'ai alte're la verite'. Je n'ai pas Ihonneur de connaitre pei'sonnelleeneit AL le doctcur Blache, mais j'ai foi entie're h` sa Ioyut. Or -t-il vu. oui ou non, ma petite Pille hydroce'phale de la irue de la Fai-sanderie? L'a-t-il condamne'e oui ou non. h une miort hie'vitable et prochaine? Elle vit poui'tant. elle v'it. Mlais vrainient c'en est trop, et dedfendre ainsi mia v~racite' est pour moi chose humiliante. Que nos confre~res allopathes tassenit taire au miois un instant leurs preventionis; c'est, biell le miois (jtl'ils, iOUS doivent ou pour mieux (lire qu'ils se doivent am eux-menies. Qu'ils imitelnt noti-e exemjiple, quils essaleiit flails les cas simnpies, oit lexp~ectatioii est. sanis dagrlacoimi t (lall la Iic~vie rpiime, la I elf ad4 me flais l'amygdal ite. la unix voluil tue (falls les en mfartmas gadltiiques. et~c., etc. (~e ser-ait ungrillaaids'I 246i DE UAGU-GR.\VITL0N If;EDICAMENTEUS-E. nle reussissaient pas au moins une fois. Ouefi serait suffisante pour leur faire comprendre ce qu'il faut savoir et ce. qu'ils auraient h apprendre pour reussir presque toujours. DE L'AGGRAVATION MEDICAMENTEUSE Lorsque Halineninan eut de'couvert et longuement verific' expe'ri inentalement la grande loi the'rapeutique S~inilia simnilibas cutrantur, il cherchia, ce qui C'tait bien nature!, 'a s'en rendre compte the'oriquement. Les m'dicaments gu'rissaient les maladies dont eux-m&mnes produisaient les sympt 6"mes sur i'homime sain. Cela C'tait ave're'. L'observation clinique le lrouvait a miien plus laisser douter. Mais pomrquoi eni 6tait-il ainsi? Que se lpassait-il entre la maladie naturelle et la maladie me'dicamenteuse? De prime abord, ]a coexistence dels tleux paraissait impossible, aussi imipossible que la simiultan6it' die vibrations de vitesses ditierentes dans umi mhnie corps sonore. Mais e'tait-il indispenisable, pou que l'une des deux maladies seteigmiUt, qu I 'autre lui sunrvecft. ne fci't-ce tine Pour un temnps tres-court.? be phe'nome~ne, enfin, consistaitii en tine suib~stitution tie la inaladie me'dicatnentetise a la inaladie naturelle'? Tout cela C~tait assurmemniet du phtis laiat iiite~ret. Hllanemnain y appliqua son grenic intditatil Ct tie ses r'llexioms sortit la th.3orie suiv ante: DE I'AGGRAVrATION 24II'~NTrSk -7 On n'aura plus de peine hi comprendre (1'apres queules lois de la nature s'ope~re et doit s'ope'rer la seule curation rationnelle des mnaladies., leur curation honioeopathique. La premi~re loi naturelle qu'on ne saurait ni&connaitre ici, est celle-ci:l'affectibiliul dA lorganismec vivant par les maladies natur-elles est, sans compqaraison, plus faible que celle par' les mediecoments. ))Tous les jours et hi chaque heure, une foule de causes excitatrices des maladies agrissent sur nous, mais n onit pas le pouvoir de de'truire notre e'quilibre, de rendre malades ceux qui se portent bien. L'activite' de la force vitale conservatrice qui re'side en nous resiste ordinairement h la plupart de ces causes, et l'hoinme conserve la sanite,. Ce n'est que qjuanid elles sont arriv6es h un haut degre' d'intensit6', et qu nous nous y exposons trop "a decouvert, que nious tonzbons malades; mais me~me alors nous ne le devenons gravemient que quancl, p)our finstanit, notre organisme a un cot6 faible et pre~anit plIus lparticulie~remenit aux attaques qui le rend( plus alpte h 6tre affecte' par ]a cause morbifique presente (simple ou composC~e), et "a c'tre nhis par elle eni desaccor(1. ))Si les puissances niaturelles, taut niorales, qlu Phlysiques auxquelles on (lonlne le uomn (le puissatices nhorbifiques. avaient uni pouvoir absolu (IC (lesaccol '-48 DE L'AGCGRAYATION Ni\IEDCAMENTEUSE. der lorganisme liumain, comme elles sont re'pandues partout, elles ne laisseraient personne en sant6'. Tout le monde serait malade, et nous n'aurions rnme^ e point l'ide'e de la sante'. Mais comme, generalement pariant, les maladies ne sont que des exceptions dans 16'tat des hommes et qu'il faut le concours d'un si grand nombre de circonstances et dle conditions diverses, 5de la part tant (le,; puissances ruorbifiques- que du sujet "a rendre malacle, p011r qulluie maladie soit r~ellement produite par ses causes excitatrices, ii. s'ensuit que ihomnme est si peu susceptible d'e~tre affecte' par de semblables causes, qu'n des nie penvent jamais, d'une manie're absolue, le renlire malade, et qu'au moins ne Jpeuvent.-elles de'saccorder son organisme an point de le plonger clans e'6tat de maladie, qu'autant qu'ii existe en lui une predisposition sp&' ciale. ))Mais ii en est tout autrement des puissances dynamiques artificielles que nous appelons me'dicanments. En effet, tout vrai medicamnent agit en tout temps, dans toutes les cii'constances, sur tousles corps vivants et aiiinims., et. excite dans ces deriiiers les ympomes qui I ni son t particuliers (m^nesucp tible dle tiapper les SCwi lorsque la dlose a (to assoz forte), do sorte qu 6vi'leinmvient tout organiismie hutmain vivant doit e~tre en tout temips ct (tunie mnauiiirol absioluel, saisi et, en qucique sorte fiffect ' de la niala DE L'RGGRXVATION MEDMICAME NTEUSE5. 24 2) 4 9 die ine'dicanienteuse, ce qui, conmine on saiL lii~st nullement le cas des maladies naturelles 1. Ii 1 suit incontestablement de toutes ces obsiervations, que le corps humain est beaucoup plus encl in h e~tre affecte' et modifi6' par les puissances me'dicinales que par les causes de maladies et les miasme.-S contagieux, ou, ce qui revient au me~m-e, queles puis,--ances me'dicinales out une vertu absolue (le de'saccorder lorganisme. bumain et que les affections morbifiques nWen out qu'une tre~s-conditionnelle, susceptible d'e~tre vaincue par lautre. sA la ve'rit6', il suit de'jAi dle l que les malad-ies peuvent etre gue'ries par des m-iedicaments-, c'est-h-d ire que l'affection morbide pent e'tre 6tehite dans, lorganisme malade, lorsqu'on lui oppose la m-odification. convenable, provoqu~e par un e sub~stance m Xl icamenteuse. Mais, pou que la Igue'rison ait lieu re'elle,mnent, il faut que la. seconde loi (le la iiature. soit e'galement observe'e. Cette seconde loi dut. qu'tne affection dynamique plus forte tehint, d'une, nanii~r~e dutrable, une autre affection dynamique mioms forte (lanis lorganisme vivant, lorsque la premniewe ress-eiuble -h la 1. Les maladies pestilenticiles elles-mL'mes ne sont la,,s contagieuses d'une mani~re absoluc, et n'attaquent point tout le mnotde. Les autres maladies- respectent tin bien plus grand nomibre uI'liomnmes, quoique ceux-ci s'exposent aux vicis,;situdes du eiiromp, Ai celles des saisons et a~ l'inliuence d'une foule d'autres impressions nuisibles. (Note de alahnimann.) 25) DE L'AGGRAVAT ION MDC\ETUE seconde, quant at 1espe~ce. En effet, je crois lavoir prouv6, la modification dynainique h espe'rer dui me'dicament-ne doit point ktre d'une autre espe~ce que la modification maladive; elle ne doit pas e~tre allopathique, afin qu'il nWen re'sulte pas un desordre plus grand enicore. ce qui arrive dans la pratique vulgfaire; elle, ne doit pas non01 Plus etre oppose'e ou. 6nantiopathique, afin qu'elle nait point pour effet une simple apparence de soulagement, une simple palliation, inevitablemnent suivie de l'exasp6ration du mal primitif; elle doit 6~tre semblable, c'est-h'-dire que le me'dicamnent, pour procurer une guerison durable, doit avoir la proprie'te de faire nalitre des symptolmes analogues chez ihomme qui jouit de la sante'...... VToji con-me notre organisrue vivant re'agit d'une manie're dynanuque et en quelque sorte spirituelle. En vertu d'une force active par elle-mneme, ii fait cesser dans son inte'rieur Une modification discor(lante plus faible (la. maladie), de's clue la puissanice plus forte dutinm'dicam-ent hiom-ceopathique lui procure une affection autre, m-ais tie's-analogrue. En d'autres tern-ies, 1'unite' d~e sa -vie ne peirmet pas qu'il puisse soufifrii simultane'nent (le deux de'saccords ge'neraux sem-blables, et ii faint que F'affection dynamique lpre'sente (maladie) cesse de's qu'une seconde puissance dyainiique (medicament), plus capable de le modifier. DE L'AGGRAVATION 21J~ýDICAMIENTEUSE. 1 agit sur lui et provoque des syrnpt6mies ayanit beaucoup d'analogie avec, ceux de l'autre. Quelque chose d'analogue se passe danis lesprit hiumain -1. N. lappui de cette analogie, Hahinemann, daiis unie niote annexe'e au. texte, e'inet des conside'rations discutables, peut-etre, niais ne'animoins trop ingbi'ieuses pour ne pas trouver place ici Une jeune filue, dit-il, affecte'e de la m-ort d'une corripagne, qu on mene aupres de pauvres enfauits dont le pe're, leur unique soutieni, vient de pe'rir, ine devient pas plus triste 'a la vue de ce tableau touchant, mais y puise uin motif de consolation; son propre malhieur &'ant plus faible, elle se trouve guerie (les regrets que lui inspirent sa compagne, lpalce que l'esprit, qui est un, ne peut etre agit6' que d'une seule affection de ineme nature "a la fois, et qu'une affection s'teinit en lui, lorsqu'unie autre, analogue mais plus forte, s'empare de lui et l'impressioinne 'a la mini~ie'e d'un medicament lionincopathique. Mais ]a jeune lille ne se consolerait pas, si sa mn're se miettait en cokt"Te contre elle (puissance allopathique);luini de 1~i. ce niouveau chagrin d'une antic natuire ne icrait que rendre son esprit plus malade encore. lDe ninw.Ie Lille fete joyeuse ii'agiri~at sur elle (LU cinie ('111Cui pal I at i t' qui la distrairait seutlement penldant quelqlues lieures, I. Proh~garnnes de la rnaiibre m~dicale pure, page 52 vt suiv. -) )- DE L'AGGRAVATION Mt-DICAMENTEUSE. parce que la nouvelle affection qui on re'sulterait serai t Ciian Liopathique, et, lorsqu'elle rentrerait dans la solitude, sa tristeosse nien deviendr-ait que plus profonde;, elle. pleurerait plus ame'rement que jamais la perte de sa compagne. Ce qui a lieu dans la vie morale arrive dans Ia vie organique. Notre vie, q~ii nest qu'une, lie peu Ctre en proie siniultane'ment 'a deux affections dylinamiques gehnerales- "a la fois; car, lorsque la seconde resseninble h la premie'e, mais qu'elle a plus do force, elle nie manque jamnais de l'6teindre et de la faire cesser. Enfin, dans l'Orgarion, Halinemann resume sa the'orie en une proposition que voici: ((Un miedicainent qui pooss' de 1'aptitude et la tenl(lance h produire une mialadie artificielle aussi seinblalble que possible 'a la inaladie actuelle contre laquelle onl l'emploie, et qu'on administre h juste dose, affecte. pecis'nment, dans son action dynamiique stir l a force vitale niorbidenient de'saccord~eo, los parties (to lorganisine qui auraient e~to jusqu'alors en proie at la mialadie nlaturelle, et excite eni elles la mnaladie artilicielle qu'il petit pioduire do sa nature. Or, celloci, e-i raison do Sa simhilitudle et do sa pre'ponderauice, se substitue C"I la nialadie naturelle. 11 suit do ELL quit (later (1e ce mnomiet li force vitale autoinatique noe souffre plus do cette dernie~re et niest plus atteinte que de lan Ire. Mais la dose du remaede ayant CAt' tre's DE L'AGGRAVA-TION MJkDICAMENTEUSE. 251 faible, la rnaladie m~dicinale disparalit b~iento~t d'ellemneme. Vaincue, comme lest toute affection m~dici - nale mode'ree, par1 e'5nergie de'veloppe'e de la force vitale, elle laisse le corps libre de toute souffrance, cest-a'-dire dans un 'tat de sant' parfaite et durable 1. ) Avant d'examiner et de discuter cette the'orie, cornmengons par declarer que, dans l'oeuvre de Hahinemann, elle ne constitue que la partie purernent spe3 -culative, et qu'on peut e~tre hornceopatlie et excellent hornoeopathe, sans l'admnettre explicitement. Appliquer son esprit ý la reclherche des causes qui se de' robent aux seiis, s'efforcer de de'ouvrir-, "a laide de lanalogie et du syllogisme, le comment et leponrquoi des choses que nous voyons-, ne saurait, dans aucuni cas, porter atteinte 'a lexistence me~me de ces choses. Toute thelorie est ne'essairemnent F)Ius ou momis hypothltique. Si les physiciens, les inatli'niaticiens, et surtout les chimistes en conviennent., de quel di-oit se moiltrerait-on plus exigeallt "a le'cgard de-sphysiologistes et des me'.decins? Aussi bien, la the'orie de Hahinemann serait-elle coinpie'tement fausse, (Ju'elle niii - firmerait en aulcune faý,oD les fait~s in~branlables- stir lesquels sa doctivine, repose et dont elle iie. serait, eli dd'ini tive, qu'une interpre'tation pre'lnaturl'e. Cette I. Organon, page, 203, proposition 1118. D5 1E L'Aý\GGRAVATION MEý,DICAMENT -UISE. delclaration faite, je n eprouve aucuii embarras- "a enoncer avec franchise les objections que la the'orie haineinannienne me parait soulever contre elle. lo Est-il bien vrai ptie i'afeclibilitM de l'orgartisme. vivant Par les maladies niaturelles soit, sans comparaisc~n, plus faibie que ceile par les me'diccunents? Au momns, la demonstration de Halinetanaim si de'monstration ii -y a, est-elle insuffisante et ne me convaincelle point. Quo les maladies naturelies soient touljourscondition nelles, c'e-st-h-dire que leur (leveloppement clans lorgranismne soit toujours subord~onne' h certaines predispositions physiologriques ou idiosyncrasiques, c'est ce que je me garderai bien de mettre en doute; mais nous verrons bientolt qu'il en est h poll pre"s de m~e 1 ~ ad e 'ctonmdicamenteuse. Sil est vrai que jusqu'a un certain point nouspuissions -vivre impuneinent dans une atniosphie"re impre'gnee d emanations pestilentielles, je suis convaincu quo cette immnunited ne pourrait durer qu'un temps et finiraitpar s'user Si 1 influence e'pideinique se pro] ongeait i nde'finiment. Qu'on visite los contre~es oh" la Iievre palude'enne est. ende'm-ique. par exemiple la campagne romaine, les inarais Pontinis, la Bresse. la Sologne, une partie de I'ancienne Flandre, etc., et clest h peine si Yon y roncontie unt visage sur lequel ]a fie'vre n'ait pas encoewe imnprime' son cachet. Com-bien peu des soldats do notre arme'e (iAfritjuo 6happont aux althintes (10 Ia DE LAGGRAVATION MAED[C'AAENTEUSE. 5 2 5 -ý') (lyssenterie ou de la fiu'vre intermlittente IM.Trousseau, ea racontant ihistoire d'une 'pid'mie de diphitherite en Sologne, cite u ne petite commune dont tous les habitants avaient succomb6', 'a la seule exception d'un v-iejilard atteint lui-me'me de la maladie et qui, dans son de'sespoir, refusait tous les soins qu 9on essayait de. lui donner. Remarquons d'ailleurs que pendant le courS des e'pide'rnies, en temps de chole'ra, par e-\emple, bien qu'un grand nomnbre d'individus sem1)lent e'chapper h la maladie re'gnante, ii n'est pourtaut presque personne qui n'en ressente plus ou momns linfluence. Je connais une (lame qui, ý chaque invasion du chole'ra, nia jamais manque" d'e're prise d'ui elmat vertigineux qui persistait tant que durait e'~pide6 -mnie. Pe'troz la guhrit en dernier lieu de ces v'ertiges, ai-ec queiques doses de vbratrun. Or, comnbien d'autres imidividus ont 6't6, comnme cette dame., impressionn s a leur insu par le miasmie e'pide'mique. Mfais quoiI dira-t-on sans doute, ces faits ne de'posent-ils pas justemient en faveur de lopimmion deHalinemiann? Ne lprouvent-ilspas que nos maladies sont, ainsi qu'illFaflirme, toujours condition nelles, et que le mniasmne qui les engrendre est iinpuissaiit hi nuire lorsqu'il nie mlencon0tre ipas dans l'organisme des dispositions favorahiles ih son de'veloppement? Eli Iqui (lonc s'inseirit en f~aux contre cette hypothiese? Mais cc que je souticims, ('est (,ue ces resistances de IlIorgainisme ýi 1invasion (Iu DE 1IIA.G(iRANVATION MIEDICAMENTEUSI~ mal, ii ne les pr'sente guere moins aux actions m6 -dicamenteuses qu'aux influences miasmatiques. Le tabac, tout le monde le sait, est un medicament, et, qui plus est, un poison, bien qu'il soit difficile d'en convaincre les fumieurs i'mierites. Mais que ceux-ci se rappellent leurs sensations lorsqu'il leur vint pour la premiere fois la fantaisie de fumer. Pour quelquesuns, elles dtaient atroces: c'6taient des naus6es, dles vertiges, une sueur froide, des syncopes, un malaise indescriptible; pour d'autres, elles se rdduisaient h une sorte de, vague ivrcsse qui n'dtait pas sans charme; pour d'autres enfln, elles etaient nulles. Eh bien I je le demande, comment faire concorder ces diff4 -rences avec une affectibilitd absolue et, partant, nion conditionnelle de lorganisne h l action mddicameiiteuse? Or, ces dif'tdrences extri-nes, on les retrouve partout. Dans les manufactures de tabac, les ouvriers cies deux sexes. soumis du matin au soir aux.rnanations non-seulemnent mnclicainenteuses, mais rdellement toxiques de cette plante en fermentation, en ressentent presque tous les atteintes, mais h des degres variables h lFinlini. Queiques-uns ne peuvent sy faire et doiv-ent quitter l'dtablissement sous peine d'y succomber; d'autres ont des maux de tate, des etourdissements, des nause'es, des defaillances, qui s'atte'nuent promptement avec i'habitude; d'autres encore con1 DE L'ACGRAVATION MIIDICAMENTEuSE-4, 257 tractent une sorte de fiebvre interiiiittente dont j'ai eu loccasion d'observer plusleurs cas h mon dispetisaire; bon nonubre, h la longue, devienmient astlitnatiques; des femmes enfin ont des palpitations, les pa'les couleurs, des h~inorrhagies passives, une chiorose, sui generis qu'on nomnmera si ion veut la chiorose du tabac. Mais, point capital: on peut voir, h la ninamufacture de tabac du Gros-Caillou, des ouvriers des deux sexes qui y travaillent depuis dix aims et plus, et (jul assurent n'avoir jamais eu "a se plaindre d'aucun trouble. notable dans leur sante'. Les ouvribres en dentelles, expose'es par leur e'tat "a respirem' le blanc de cdruse (sous-carbonate de plumnb) en 6prouvent, la plupart, i-ais noat pas toates, do la constipation, des migraines, et surtout (los ne'vralcries trebs-douloureuses, que gue'rit surtout l'ophian. Les e'tameurs de glaces eux-me~nes, et les (loreums su ntaux, par lancien proc'd', do tous los onvriens peut-b~tre los plus directoment expos6s 'a la vapour d'un agent subtil dont persomine ne coimtostera ln puissance me'dicamenteuse, ne somit lpotlmtamlt pas tous atteints du treinbiernent et des autros accidents mimercuriels. Emulin, los droguistes et los pimarinaciomus qui mnaIimiomt, triturent, tamisent, niaimipulent (10 toutos les fanomis les ine'dicamnemits, s'ex posenit du inatiii aim soi' h~ leurs 6mamuations, emn respirent fre'quenmmueit les 25S DE L'AGGRAVAT[ON M F"DICAM ENTEUSE. vapeurs on les poussi~res, les droguistes et les pharmaciens sont-ils done si souvent atteints de maladies m'dicamenteuses? L'exp'rience prouve le contraire. et j'affirme qu'ils sont pour le moims aussi en simret(", au milieu des effluves de leurs drogues qu'ils le seraient dans un air infecte' d'un miasme 6pidemique. Tout le monde la connait, et je la connais comume tout le monde, cette vieille histoire du pharmacieci de Tours qui ne pouvait deboucher son flacon d'ipe& cacuana sans ~tre pris d'un acce~s d'asthine. Eli bienl que prouve cette anecdote? sinon que les medlicamlents exigent tout aussi bien que les agents mnorbides naturels, de la part de l'organismie vivant. certaines conditions indispensables an de'veloppeinent de leurs effets propres, car tons les 1)harnmacienis, Dieu mnerci I ne sont pas pris d'acc~s d'astlime ein aspirant de l'ipe'ca. Pour mon comupte, je nie senis fort enclin h penser que si, en general, laction m&(icamenteuse est plus constante, comme le (lit IHalnemann, que ne lest celle des maladies, cela tient uiiiquemnent 'a ce que les procedes que lon met enl omlvre pour soumiettre Forganisme h ]a puissance iC,dicanienteuse sont incomnparablement plus directs et plus s^Irs, ce qui est fort heureux ponr nous, que mm le sont les moyens dont se sert la nature pour noui rendre malades. Mais qu'on ins"re sons I' piderined'un certain nombre d'hommes, n'ayant jamais etc vacci DE L'UAGRAVATION '_MEDICAMENTEUSE. 259 nes et n'ayant jamais eu ni la variole ni la syphilis, une simple gouttelette provenant soit d'une pustule variolique, soit d'un chancre recent, et lon verra si les effets obtenus, sans etre pourtant, je le reconnais, infaillibles, seront beaucoup moins constants que ceux que pourra produire lingestion dans les voies digestives de plusleurs gouttes d'aconit ou de noix vonique, Mla trentieme dilution. Que certains homunes senblent cuirasses contre toute infection morbide, cela est tres-vrai: j'en ai connu plusieurs qui etaient faits ainsi. Mais j'en ai connu aussi un certain nombre qui paraissaient bien peu sensibles B l'action Inedicamenteuse. Quelques-uns de ces derniers se soiit pret~s, h plusieurs reprises, avec autant de complaisance que de bonne foi, h mes experiences palhog&6 n'tiques. Ils auraient beaucoup d'sir' m'ii tre agre'ables, en mnapportant leur quote-part de symptomes des agents th'rapeutiques, qua ma priere us essayaient sur eux-me'mies, et malgre' tout leur de'sir, malgr6 la plus se'rieuse observance du regimie que r6clamiait 1'expe'rimientation, malgre 'lattention qu ils apportaient 'a recueillir leurs sensations, ils liC pal'venaient jamais h en eprouver aucune. (I1 v a des sujets r6fractaires 'a Faction des infinitesinaux,, D me disait un jour Pe'troz, et je crois que Pe'troz avait raison. Je tieis done pour contestable l'assertion de Hahuemian n. 260 DE L'AGcTRAYATIOIN MI"D ICAMENTEUSE. 20 Est-il plus dans le vrai lorsqu'il affirme que la puissance des mnedicameiits sur i'organisme vivanit est plus conisiderable que ne lest celle des maladies'? C ette proposition me paralit teiieeinet hasardie.e que, par respect pour les opinions de Hahinemia~in, je miabstiendrai de la. discuter, We'tant pas stir de la bien coinprendre. Comment, en difet, itnaginier un -nedicamienit dout la puissance sur l Iorgan~ismne soit plus granide qne iie lest ceile d'une scariatine, nialigne, ou. d'un choiera foudroyant? Au mnoms faut-il recoim aitre que iorslu'il s' agit de maladies pareilles, les plius puissants de nos inedicaments soiit, h6las I presque toujours vaincus. Et cependant j'ai vu sonvent (plusieurs des observations que j'lai rapporte'cs eni font foi), j'ai vu, clis-je, et beaucoup d'autres oit vu coinmne 11noi, des maladies terribles, qui faisaient craindre uiie mnort, sinonit himiediate, du momns 4~vitlemmieit prochaine, ce'der, comime par miiagie, 'a une dose tie ine'dicament qni souvent, sur- Ihlomme saiti. ii'eat pro;duit tine des efiets ai peine apprc~ciabies. Que, se passait-il donc alors? Phe-nomene. Iysterieux, qui en realite' seniible an preniier abord tloi-iner an imihficamient snr la mialadie la preponide'rance que ilalnemiann attribne "a celni-Et. mais qni, malgr6 Finterprtation tin maitre, nen reste pas mnoms ponr niol j usqu'a precsent iiiexpliqnc'. JYen arrive enfin 'a cette pre~tendue loi de la substi DE UAGGRAVATION TMEDICAMENTEUSE. 2-61 tution de la maladie me'dicamenteuse h la Ifaladlie naturelle et, par suite, 'a laggravation ini'dicarnenteuse. a 11 est utile et ni'cessair-e, dit Hahneuiain, de iie donner que la plus petite dose possible (lu lne(icamieut pour procurer la gue'rison, et la ne'cessite' de faire prelldlLe une dose tre's-faible ressort deja (de ce 'uici la puissance dynarnique du mi'dicament arrive au but,) non par la quantit6', niais pal la viraualit6 et la qualite' (appropriation dynaniique, holIRopafilie). Plus coiiside'rable, elle iie serait point utile, nlais nuirait, parce que, d'un co^te" elle ne gue'rirait pas la niodification dyna~mique de laffection niorbide, plus certainement qu'unie tre's-faible, et que, d un autre cote, cite produirait une mat~ladie nt~ticaitc,ettetise plus coinpliqu~e, (lui est toujours Unl mal, (Iloilu'ellc se dissipe dans un laps de teflllS de'teimnimie1. L'organisine est done foriremuent affect'.par la puissanice d'une tres-petiie (lose in&ic'e (lulle substance me'dicale qui peut comitre-halancei et ctein(Ire la totalite" des synijtomnes de la mualadie, par la tend~aInce ai provoquer des symptiones seinl)ables. Aiusi que je l'ai dit, il est de'livre' de l'afliiciiou inalad k~e aU U'lmnict ou l'af/ection. med(icawietcnlse s'cmSp/1Uc dc 10.1 ailed' )I1 par laquelle il est inlinimueut. plus echl CL sC" kissecu modifier que par lautre. mSi les puissauuces. me'diciuuales, tmnuei -,' tories 26? DI- L'AG(RANVATI0-N )ME,,DICA.MENTEU.SE. doses, n'affectent lorganisme en sante' que pendant un petit noinbre de jours, on con~oit qu'une faible dose, et dans les maladies aigru~s une tre~s-petite dose, coMme l'expe'rience a prouv6' qu'elle doit e'tre dans les traiteinents hornceopathiques, puisse n'afecter le corps que pendant tre~s-peu. de temps, pendant minelin quelques hieures seulement, puisque alors 1'affiection vi~dicaiieuteuse qui a pris la place de la inaladie, se dissipe inseiisiblenient et De tarde point h e~tre reinplac~ee par la sante' parfaite 1. ) 11 suit de lh qu'un me~dicamient parfaiternent 110 -inwopathique 'a la mialardie contre laquelle ii est aduninlistr(', fait eei.;er cette nialadie au vioment ot iR s cmnpare dA 1orgaamdsi'me; niais que cette maladie 6'teinte resle la )naladie in dicaineti~tettse apparemment, dans la pewsw'e (de Halniiemaiin, telle que ce nie'dicainiiemt letit 1)10(uite chez ihominie samn; nialadie mi6dicatriemiteuse dont la dure'e pourra se r&eduire a quebjues heures.. (onl ne comnprenid pas bien pourquoi 2) si la (lose a e'e tre's-;tfihle, mais qui pourra se comipliquer et se, prolongt-er plusieurs'! jours si la dose a he forte. D'ohii Il est logrique, rigroureuseinent logique de conl(lure lue, si la (lose admninistre'e a e'e excessive, la nialadlie ine'dicanienteuse dIurera bieni 1)1us longrteinps 1. Mabi~re miedirle pure, t. 1. p 57.N 2. Hahiiemann estime ht plusicurs sernaines Ia dur~e d'action do ht Idluja r des niedicamen ts. c- '.- e- -- -= c - C c, CDC -C Cf. CD -.C C ~~~~~r cr.5 ~~~ ~ C C5C CalD cr CDý P-0CD-,~-0 CCD ~ - C-11, COD -o C'74D D CD C ~C CD C ~CD 0 CDCD P- - ~ DC D cD CD~~C CDD - -z C CD C CD D Cf ~ CD-CC(D CD~0~ D~C ~C ~ CD CDO D-C CD CDD nC CDCDD CDCD~- C-C 0---jD - CD CD* C-0CDC n CD ~ Ft CD CDd C:,D P. CD- CD-C.0C D CD C- - - CD ~ C iC 6 ~ I~ D I~ 264, DE L'AGO RAVATION MIt4DICATMENTEUSE. apr~s elle, ne, fcit-ce que pendant une heure, la plus imipeceptible trace de mial adie inedicamenteuse? Au surplus, admettous que la. maladie ine'dicamnenteuse, produite par- unie dose infinit6simale, puisse 6chapper en certain cas ýt la plus fine observation, ii n'en sera plus de melie, je le suppose., de~s linstanlt oii ii s'agira non-seulement de doses ponde'rables, mnais de, fortes doses, de doses 6normes et qul plus eAt de d ses toxiques. Plaq~ons-nous donc sur ce terraini et interrogeons les faits. Avant d'e're hornowoathe, j'ai vu souvent traiter et j'ai traite' moi-mneme bon nombre de maladies, niais notamment des pneumonies aigue~s, par la ine'thode rasorienne. Cette me'thode, essentiellernent viciense en cela qu'elle nie proce~de qu'en vertu du vieux p1'~cepte emnpirique ab usu in morbis, a des inconiv%1-nients et des dangers graves qu'il serait hiors die prOPOS d'examinier ici. Ii est incontestable, netianmomns, que si elle nia pas compte' ses revers, elle a eu ses succes. L'6nie'tique h hautes doses, aux doses eniorines. d'un demni-graminie., d'un gyrainnie et metiine de plusleurs grammes, a guei1i des piuenmonies. O1, nious. le savons tous, les inedicanients niont pas deux maniii'res (de guerir; us n onit iu'une: ils gue'tisselit homceopathiquenient ou ils ne gutirisseiit pas. I1 suffit, au reste, de lire la patliogrentiie die letinielique, pour s 0expliquer les succes die cc inedicamoent -dans ceriaillws DE L'AGGRAVATL0N ME1DICAAME NTEIUSE. 465 pneumonies. Les disciples de Rasori, qui ne s'en doutaient gue~re, faisaient donc de l'lomnceopathie lorsque, un hasard heureux les ainenant "a frapper juste, uls 6teiginaient, sous des masses au momns inutilesde tartre stibi6, les redoutables symptolmes dle la fluxion de poitrine. Mais si ces gue'risons s-ope'raient tout simpleiiient, cominie ii iiest perinis "a aucun de nous d'en douter en raison de la granlde loi similia simnilibius, je me demande, non sans anxikti', quels re'sultats devait produire ici la substitution de la mialadie rn~icamnenteuse A la maladie naturelle. De toute 6videiice, I aggr-avation iie pouvait manquer d'e~tre la mort. Eli bien non!I s'il y avait tol~raiice (et ii y avait tole'rance quand le me'dicanient se trouvait etre hiomceopathiique), le mal s'apaisait sans grand trouble accessoire, et, si le -ine'decin savait s'arre~ter a temips, le nikalade g'uerissait sans pr~senter., sinon quelques effets iii'dicam-eniteu\., du momls de -v'i itables symipto'mes dWintoxication. J ai rccueilli personnelleineiit plusieurs faits de cette eipe~ce, et je veux en rapporter uni qui miia toujours semnbh3' tre~s-caracte'ristique. Je fus, un jour, appele pour une petite fille de trois arms atteinte de bronchite capillaire. Cette petite fl~le, iiele de lparents sainis et robustes,, 6tait elle-n16ine fortem-ent conistitue'e; on attribuait sa iialadie 'a un reIroidissenient; miais, quelle qu'en ff't la cause, le cas etait se'rieux. La toux RLait couiLe., se'lme et hi pe preoS 266 DE L'AGGRAYOAT ION mMEICAAMENTEUSE. continuelle. 11 y avait une forte t1i6vre, de la soil, unie sueur incessante, de loppression et de 1'anixi't'.Ln fant, dans les intervalles de la toux, respirait plie iblesnoult, la bouche ouv-erte et la ta4te ren verse'e en arri eIre. La laiigue eltait jautn atre, 'ihaleine f~tide. A la suite du frisson qui, l'avant-veille, avait mnarqu6' le debut de la inaladie, ii y avaiL eu des nause&,es et rnthne uni oudeux vomnissements de bile nm('lee "a des mucosite's filantes, puis deux ou trois petites selles diarrhe'iques, danis la journe'e. La percussion de la poitrine rendait 'a pou plies partout une sonorite' presque norinale; inais, "a 1 auscultation, on percev ait presque paitout aussiplus specialernent toutefois du colte6 droit et "a la base du thorax, un. rale sous-crepitant tres-prononce, bienl qu'il fY~t convert "a tout mioment par des r~ales dlautre nature,. sibilants, inuqueux, etc. Enfin, depuis 21 heures, lenfant niavait pas eu un seul instant do somlmeil, et, noe voulant pas rester dans, soil lit, avait passe la isuit entiere daus les bras de sa inere ou die sa bonne. Prescription.-Doux grains, '10 ceiitigramnnies) de tartre stibie', daiis 100 graninmes, (Leau distilko', le"g6 -remnen-t C"dulcorele, 'a prenidre, par deini-cuiller~e 'a boucele, (10 deuX en deux hieurei. be soir,, leniant est sensiblement mieux et le nijeux s'est inainifesste' prsque de's la preminire doini-cuil 1ortec: nicine pr1escr'iptioni. DE I'AGGRAVATLON M8 DICAMENTEUSE. 267 be lendemain, nouvelle diminution de tous les symptomes; meme prescription. be surlendemain, la petite malade a passe' les deux tiers de la nuit dans son lit. La toux et l'oppression ont presque entien'einent disparu. 11 n'y a plus de ra'le sous-crepitant, plus de soif, plus de fie"Are:lenifant demande "a manger. Comme ]a langue est liumide et,~ peu pres nette, j'accorde des potages et des os de poulet "a ronger, totit en faisant Continuter 116)itique, dont j'9ai dcA faire renouveler la potion, mais h doses plus 6'loignees. be quatrie~me jour enfin, apres une nuit de bon somimeil et sanS toux, leafant a une garde-robe, nalurelle:je la tiens pour gnuerie. Eli bien!I oi' trouver daiis cette observation la mnoindre apparence d'une substitution de mialadie miedicaineiiteuse hi une mialadie niaturelle9 iMais voici le complernent de mon re'cit, comphe'nient qui en fait ressortir singulie~rement la Avaleur: Un mois ou six semnaines plus Lard, mia petite ilialade jouant avec son jeune fivre dans une chiambre qui leur est consacr6e et dans laquelle oni a eu Viimprudence de les laisser seuls un insýtant., en profite pour nionter sur une chaise, preildre sur Rine conlsole, oji eie a C'te oubliee, la fiole qui conitenait la (lerniere potion d'ime'Lique et, daiis laquelle ii en reste encore une ou deux cuillere'es au plus que, par je lie sais (juelle fantaisie d'enfant. elie boiL et, fait boire "a son 2 I ' D,11 AGGRAVATLON ME DLUAMENTE USE. fre're. Or, Presque aussitolt, les deux enfants sont pris de naus~es, de sueurs froides, de vomissernents r6ite& res,) en un mot, d'un tel k~at de malaise qu'on les croit emipoisonn~s. Cela n'ktait pas, Dieu merci, et cela ne pouvait pas Th'te; mais elnfin, ce que produisait aujourd' hui Ieme'tique, pourquoi done ne 1'avait-il pas produit quelques semiaines auparavant, "a l'instait oji, seinparant de lorganisme, ii avait di2 se substitticr h. la bronchite capillaire? Un autre fait encore, h l'appui de celui-lh C'e'tait en '1837, je venais d'e^tre requ docteur, lorsque je fus alppele pour' un vieux pe~cheur, ivrogne de profession et qlui, apre',s quarante ou cinquante ans d'exces' de vini et surtout d'eau-de-vie, venait d'e Ire pris tout d'un coup de celeiviri tremens. Quand j'allai le voir dans son 6choppe, je le trouvai ~tpeu Pies sans connaissance, etendu sur son grabat., la face vultueuse, plong6' datis une sorte de comna et inartuottant de temnps en temips des paroles inintelligibles. 1l 6'tait ainsi depuis la veille et je crus d'abord( a une congestion cere'brale et hi un Opanchemnent. Mais je reconnus bientilt qu'il n'y avait chiez lul nulle trace de paralysie, car ii sentait fort bien qjuand on lui phig-ait ]a peau, re-nuait les b~ras et les jamibes, levant ciil l'air Wtan utine miain, tantot l'autre, mais,- en tremiblant dFune f'aý,on singulire. J1e constatai entlin, en 10. secouaiit uni pe et en mlu parlailt ti~ergi (I ue~neit. iij ti DE L'AGGRAYATION AMEDICAMEINTE USE. 29 de temps en temps au moins ii recouvrait sa connaissance, car ii put me~me tant bien que mal. re'pondre 'a rues questions. On m'assura que, depuis quelque temp., dej a ii avait commence' "a trembler, surtout des mains. inais que, depuis plus d'une semaine, ii n' avait pas fait d'exc~s. Ii 6'tait clair,-neanmoins, que le bonhomme payait son passe': son tremblement n'e'tait pas, "a coup sfir, le tremblernent des 6crivains. Je n'hiesitai donc pas a faire la prescription suivante: Exigrait gommeaw d'opium, huit grabis (40 centigragnmes). Poudre. 'merte et sirop sim~ple, quantilM stiffilsate, pour faire douze pilttles, A piremdre six dans la journie. e'~tais fort jeune alors et te'meraire coinme on lest quelquefois au sortir de le'cole. Le pharmacien trouva ]a dose si forte qu'il ne voulut remplir ]a formule qu'apre's avoir repu de rnoi l'assurance que je 1W me.3tis pas trompe'. Enlin, le inalade prit ses pilules. s'en troatva bien tout d'abord, alla de inieux en inieux et le surlendeinain e'tait sur pied '. Ma conviction profonde est qu'aujourd'liui., en pareille circonstance et sans avoir h redouter les consequences d~sastreuses d'une erreur de diagnostic. j'obtiendrais les mnemes re'sultats avec quelques gouttes 1. Avec un peu. de diarrht~e, seul effet qu'il Hfit permis dFattribuer h 1'opi11m. 2710 DIE L'AGGRAYATION MEDICAMIENTEIJSE. (le la troisiernie on metrne de la sixi~me dilution d'opiurn; mais la question n'est pas M~. Que serait-il done advenu. de mon pauvre vieji ivonje me (Lernande cec por Lopiurn, comme je me le (Lemandlais tout hi Iheure pour Il'6m'tique, si mes quarante centigrammes d'opium eussent substitu6 leurs effets propres au. deliriumn Ircm~ens? ju'il fC~t mior apparemiment. Aucuns disaient bien dans le pays que la perte n'ecit pas e'e tres-gcrande, mais on sent de reste que ]a question nWest pas encore. Si Lopiuni a gueri, c est qu'il se trouvait ehtre, et j'e'tais loin (ly penser., parfaitement honiozopathiqlue ai la iaLadlie. Et s'il n'a pas lproduit (Lans Lorganisme (Lu malade Les ravages qu'il ecit prodluits daiis un organisnie sain, c'est que la mnaladie e'tait la' pour contrebalancer la puissance du remede. Or., des deux faitsque je viens (le rapporter., comme de tous Les faits (Lu mnCnie grenre, que (levons-nous conclure, sinon que. conform-i'ment hi la maximie de Halineninan, detia, mnalcicies ayan-I lsics wims sympidmes, rnais de principes cli/fci'cw s, nep]etveil exister sininaliannd'ment (tans lorgan usmc, ()t j'ajoute:altendtat qu'elles s'y 'newiralisent RE'CIPROQUEMENT? Notons bien du reste qu'eii emiployant ici le mot uceutrauiser, je mne sers d'un mot commu pour caracte'riser un phlieioine~ne que je de'clarenle point connaitre encore, au momns dans, son essence: ii est de DE L'AGGRAVATLON MEIDICAMENTEUSE. 271 toute dvidence, en effet, qu'il ne saurait 4tre ici question de neutralisation chimique. Ce que je crois fermernent., c'est que, entre le ni6dicamelit et la maladie naturelle 'a laquelle ii est hioinceopathique, existe exacternent lein~c r'apport qu'entre une mnalad ic mddicamenteuse etI une autie maladie rnidica~nenteicse clont la premniere ( ce qjui d'ailleurs ne parait jamais pouvoir exister qu'imparfaiternent) couvrirait entie'reinent les syrnptoines. Or, quand ii s'agit dle cleux maladies inedicanienteuse's qui se neutralisent lanie par lautre I (antidotes), comment expliquer le fait par la the'orie hiahuemannieilnec? Les deux maladies 6tant ici (le min"De cate'gorie et,partaiit, niayaint pas plus Fune qu'e lautie (le pre'ponde'rance pour1~ seiriparer de Furgranisnie, en vertu de quelle loi celle-ci vieiidrait-elle 'a se substituer 'a ce11e-Ih? Ft cepenidant Hahniemianni adinet les antidotes dynamique.IN 22. PouIss-er plus loin le raison memeat, serait, je le crois, superflu; et je cunclus aimisi: Attendu qu'il Wiest nullemuent de.nomntre' que lorgaI. Toujours incompldtement, je le reconnais; mais cela tient t-videi11nmnt a. ce qu'it n'existe pas plus deux m~dicamcnts produisant exactement les ni~mes effets, qu'it flexiste ulcux mnaladies naturelies, mWme de sources dilfhrentes, ayant exactement les iint'es sympt6mes. 2. Une etude approfondie des antidotes et de l'antidotismne owe paraint seule capable de conduire h la vraie thtorie (1u simicia simidibus. J'avais autrefois entrepris cette 6lude et je la reprendrai peut6tre Un jour. 2 72> DE LIAGGRAVAT ION NIL4 D ICAMENTE USE. nisrue soit plus sensible h l'action me'dicamenteusc qlu'il ite l'est a celle (les maladies iiaturelles; Que si la gue'rison des maladies pat- les me'dicaments e'tait due, comime le suppose llahnemann, "a la prepond-6rajiice de 1Faction me'dicamenteuse, i1 n ty auirait plus moyen de s'expliquer ni la gue'rison d'uie maladie naturelle par une autre maladie naturelle, re qui so voit de loin en loin, ni ]a gue~rison d'une maladie me'dicarnenteuse par une autre maladie ine'licam1enteuse, ce qui se voit tous les jours; At~tendu, enfin, que le phe'nomehne bien ave're de la toi~ranco clans les cas oii un me~dicament parfaitem~ent homzceopathique ht la maladie a e'te adininistre' 'a dose excessive et meme toxique, prouve incontestablemenit que si le medicament, en pareille circonstance, dteinit la maladie, celle-ci, par une re'ciprocite' entie're., absolue, 6teint de son colt6 Faction me'dicamenteuse, de telle sorte que la sante' re'sulte de cette nieutralisation: je Wh'hsite point h declarer: 10 Quo Ia Whorie do la stibstitution do la mnaladicutm'dica'niwntouso ct la mnaladio ntat-trollo, no r-oposant quoe sttr uvne, hypoheh'so, quo dcnwentnt los faits, EST UNE Ti OIE"0Ar FAU55E; 20 Quo dans tous los cas OU LE ME'DICAMENT EST EXACTEMENT IIOMOEOPATHLQTIE A LA MALA1)IE, surttojut s'il Wao pas 'to don n4 l doso excessive, l'AGGRAVATION WMF'DICAMENTEUSE N'EST QU'UNE PURE CHIMEBRE. DE L'AGGRAVAT'I ON MI iD ICAMNIENTE USE. 2)73 Et, en verit6, n'est-il pas tbrt heureux qu'il en soit ainsi? Qui oserait, en effet, dans une inaladie tresgrave, dans un de ces cas, par exemple, oii le malade semble avoir atteint les dernieres limites de la vie, qui oserait, dis-je, faire une prescription, s'il devait n6cessairement en rdsulter une aggravation? Ne serait-il pas ddsolant qu'on ne p1"t sortir d'un mal, si horrible qu'il soit, qu'en passant fatalement par un nial plus grand encore? Mais largumentation ý laquelle je viens de me livrer me parait plus que suffisante pour rassurer, ' cet egard, tons les esprits logriques. Et cependant, rien de plus s ir qu'il puisse exister et que, dans une multitude de cas, ii se produise, de la fa~on la plus manifeste, ce pbenomene impropreinent dcsign6 sons le nom d'aggravation me'dicamienleuse. Tons les homceopathes - "a 'exception de M. le (locteur Cretin - lont mille fois constate, comme je l'ai mille fois constate' moi-ineime. Seulement, on s'est inepris sur sa nature et sur sa cause: c'est Ih un mnalentendu qu'il va m'etre bien ais6 d'eclaircir. Si deux maladies de sources difrflentes, mais ayant cxactemient les m~rnes symnptomes, ne peuvent exister simultan'ment dans lorgranisme, ii nen est pas (de Inhne, comme chacun le sail, d'aflections dissemnblaWles. Le rhumatisant pent sonffirir h la fois (le ses rhumnatismes et des vYsicatoiresqui lui ont Wt~ appliqu6s, 2704 DE L'AGGI-ZAVATION MEI)ICAMENTEUSE. le phithisique de sa poitrine ulce'r~e et du cantre qu'il porte an. bras; 'ihomme atteint de congestion c're'brale de sa teote et des sinapismes qu'on lui a haisses trop longternps sur les inollets, etc.., etc. 11 n'y a donc,Pas lieu de nous a lomner si un me'dicameint, tout en couvrant assez bien les symptornes d'une maladie pour la soulager et nieme pour la gu~rir, mais ne lui 'tant pas pourtant exactement et en tous points hoin zopathique, produit, en dehors des symptdrnes preexistants, et cela pour un laps de temps plus ou moins limit6' et avec une intensite" variable, les symptornes qui lui sont propres. Or, coinme nons sommes sonvent force's de n~ous contenter d'd pett pIres, voilh pre'cise'ment ce que nous constatons tons les jours et ce que nous nommons assez improprernent, je le re'pete, aggravation me~dicamenteuse. Mais cette agg~ravation, tre"S-dif&,rente, comine on le voit, de celle dont je nie 1'existence, M. le docteur Cre'tin ne ladmet pas plus qne lautre. ((Los mc~dicaments homwopathiques, dit-il, no peuvont d&tenminer aucun malaise l.) Et, par minedicaments homwopathiqucs, notre confre~re, qni s'en est pre'alablement explique', enteuid tout simplement, ici les me'dicaments ý rei s petites doses. Or, d'apre~s ccla, je SOnpý,onne fbr't M. Cr'tin d'6tre personnellemient tre~s-pen sensible, a 1. Bulletin de la SociWt m~dicale hoinwopathique de France, t. IV, no 12, p. 725. DE L'AG(3RAVAT IO-N ME DICAME.NrEUS.-: 7 l'action medic amen teuse, ce dont, ii faudrait, peutAtel ~lctr car ii m'a semble6 qu'en gryn~ral ce peu. d'aft'ectibilit6 tetmoignait dune sant6' robuste. Mais ii est, toujours fAcheux de -voir en soi le monde entier et, de fixer pour limites aux perceptions possibles celles de ses propres perceptions. Je ne doute pas un instant, quant h moi, que si M. Cretin, h l'exemple de Pe'troz, son malitre ve'ne~re, Se f~ imnpose' le deivoir, comme je l'ai fait moim~ e, de consacrer plusieurs anne'es de sa vie "a lexpe'rimeiitation physiologique des medicamenits infinite'imiaux, siir des su.jets choisis, la singulie're concordance des observations qui e A t ainsi recueillies, lui ecit fait (les convictionss tout autres que celles qu'il professe; "a mnois pourtant qu'on n'admette, et, lien n'est d'ailleurs plus admnissible, qu'on puisse e'tre tout ý la fois un hiomme de beaucoup d'esprit, un ecrivain de talent et, un observateur mn'diocre 1. Quoi qu'il en soit, commne les erreurs de I. Un des dcrivains les plus ýminents de la presse me'dicale se trouvait un jour dans une reunion de personnes instruites ofi lYon s~arusait h~ regarder des insectes au microscope. Pour linstant il s~agissait d'une puce, et sept ou huit observateurs avaient dej~l successiveinent constated sur le flane de cet insecte une tache oblongue que tous ddcrivaient de la iwnime fac-on et dont on se demnandait ]a raison d'~tre, quand vint le tour de notre e'crivain. 11 mfit sonfll a1 ~ la lentilip., regarda assez Iongtemps et declara lout net qu'il ne voyait point de tache et que cette tache nexistait point. Surprise gt~norale; on se regarde tout dbahi; nouvelles observations pourtant plus attentives encore de chacun, et mcrncs r~sultats potur bous, 276 DE I2AGGRAVATION AMIDCAMENTEt'SE. M. Crhtin sont d'autant plus regrettables et d'autlan plus danbereuses qii'il apporte plus d'ardeur et plus de talent h leur propagation, ii nest pas sans importance qu'elles soient de~montre'es, bien que tons les.homoeopathes sachent d'avance hi quoi s'en tenir sur ce point. Nous ne savons pas au juste h quelles doses ont e'te expdrimente's.,par Hahnemiann et ses e6le" es,los soixante-quatre medicamnents. dont les pathog'ne's-ies forment les trois volumes (traduction de Jourdan) de l a Aiati~'re mn.dicale putre. Cependant, les conjectures que nous pouvons faire ý cet e'gard s'e'loig;,ient pen de la certitude. Yoici, en effet, ce que nous hisons dans,.l'Organ on: Dans les experiences de ce genre ( les experiences pathoge'netiques), d'oui dependent la certitude de Fart de gue'rir et le salut de toutes les ge'ne'rations h N-enir, on n'emploiera que des medicaments qu'on connaissse bien, et h I'6gard desquols on ait la conviction qu'ils, sont pnrs, qu'ils n~ont point e'te falsifies, qu'ils poNss'dent tonte Leur e'nergie. ))Chacun de ces medicaments doit etre pris sons une forme simple et exompto do tout artifice. Pour ce pour dix ]a tacehe est e'vidente et pour un seul invisible I Eh bienI ce dernier eat-i1 remis cent fois son wi1 it la lentille que Wrs-pruhablement ii ne s'en fctt pas loiMsobstinO, et dle bonne fui, dims sa& negration. I)E LIAG(GRxVATI0N DIINIS. 27 qui est des plantes indig~nes, on en expritne le suc, que Y'on m21^"e avec un peu d'alcool, afin d'enpe2cher q'il ne se corrompe. A I'egard des ve'g'taux e'trangers, on les pulve'rise on bien on en prepare une teinture alcoolique qu'on meale avec une ceitaine quantit6' d'eau avant de la faire prendre. Les sels et les gommes, enfin, ne doivent e'tre (liSSOUS dans leau qu'au moment mnmne oim Yon va en faire usage. Si Yon ne peut se procurer la plante qu'h ie'tat sec, et que (Ile sa nature elle ait des vertus peu e'nergriques, on F'essaie, sous la formue d'infusion, c'est-hi-dire qu')apr e's lavoir hach6e menu, on verse dessus de 1'eau bouillante dans laquelie on la laisse pionge'e pendant quelque temps; linfusion dolt e~tre bue inmm'diatenmenit apr~s sa preparation et tandis qu'eue esst encore chaude; car tous les sucs de piantes et toutes les infusions ve'gyetaies auxqueis on najoute point dalc~ool, passent rapidernent h la fermnentation, la corruption et perdent ainsi leur vertu min'icinale )) Ce passagre est fort explicite et le (levielitt plusecore si on le rapproche des pre'iiminaires de iplusieU Is des pathogen~sies de la Mlatibre nidicale. pure, niotamiMnent do ceile do i'ace'tate de chaux et (IC lor. Nouspouvons (lonc en indLuire, sans crainte deC nous n-oinpequo les premiers me'dicamnents exp~liinient&p 1.0~mop. 191. 16 278 DE L'AGG~RAVATION DIAEES. Halinemaun Font 6te h petites dloses rncssit'es I.I1 est nm e- ' pre'sumer qu'h cette mea poque, le fondateur d6 'ihoinoeopathie n'avait pas encore delcouveit la loi de la dynaniisation des me'dicaments, loi surprenante Aue" vraiseniblablement ii ne trouva qu Ien cherchant, durant le cours inerne de ses expe'riences, h atte'nuer de plus en Plus les doses qu'il essayait. Cest au momns ý-e qui senible se de'duire assez naturellement (Lu paeagraphe suivant de lOrganon, qui se trouve deux ou trois pages apre~s celui qui vient d etre rapporte: ((Les observations les plus re'centes ont appris que les substances inedicinales ne manifestent pas 'a beau"oup pr s la totalite des forces cach es en elles, lorsquon les prend I ltat grossier, ou telles que la nature nous les offre. Elles nie de'ploient comple'temeiit leurs vertus qu'apre~s avoir ete' amene'es h un haut legre' de dilution par le broiement et les succussionis, node tre's-simple de manipulation qui d'veloppe, h an point incroyable, et met en pleine action leurs 1 6orces j usqu'alors latentes et en quelque sorte plongees tans le soimineil. 11 est reconnu aujourd'hui que la ineilleure manie're d'essayer, me~me une substance repute'e faible, cousiste "a prendre pendant plusieurs 1. Dose massive, c'est-Ai-dire dose pon~dhrable, par opposition h la (lose infinihsimale, qui ne peut ktre pesde. Exemple:10 goutte.s IJe 1hryone, T. Al., dose massive, t0 gouttes de bryone, 3m' dii., dose, DE L'AGGRAVATION MIU)ICAMENTEUSE. 7 279 jours de suite quatre "a six globules imbibe's de sa trentie'me dilution, qu'on humecte avec un peu d'eau ct qu'on avale a'jeun. ))Si une pareille dose ne produit que de faibles effets-. on peut, pour rendre ceux-ci plus prononce's, ajoutei chaque jour quelques globules, jusqu'h ce que hc changement devienne appreciable. Car le m'ddica - ment naffecte pas tout le monde avec, la menme force, etc., etc.1I) Nest-il donc pas infiniment probable que Hahnlemann s'est conforme at ce dernier mnode d'expe'rimentatiol), qu'il (lit e'tre le meilleur, au momns pour lplusieurs des medicaments clont les pathogrene'sies fig rurent dans son TraWt desnmaladies chroniques, tels que le lycopode, la sepia, etc., et cela d'autant plu-, qu'h 1l' gard de quelques substances, telles que la silie et le carbonate de chaux,) il est difficile d'imaginer comment il aurait pu proce'der d'une mani e"re ditfereate? Nest-il pas surtout infliuitnent prlobaIble quc ses disciples et passionn's- admnirateurs, Gross, Stapn*. ll'rirmmgHirl, Trink, etc., a% qui nous devoims d'excellentes pathogemlii(sies, telles (Iti celles dlu corail. de l'acide fluorique, du lacl16is, dlu crotal, etc., etc.. oit suivi de point en poimit (lans leurs recherches le:, pr~ceptes du miaitre? Je declare que., pour mtom, I1. Organon, p. 199. 280 DE~ L'AGGRAYATION MfiDICAMIENTEUSE. compte., mes expe'riences personn~elles inont depuis longrternps e'ditie' 'a cet e'gard. Mai s j'en arrive 'a Petroz, et nous passons ici de linfluiment probable 'a Fentie're certitude. Je puis af/irmer en toute assurance que les iii-dicamnens dora Pgtr~owz nous a laisse6 les pathog6 -976sies, out &t6 (ceix au moins queje vais citer) excits-iment expe'riment~s 4 t'tat de dilution. Et, sur ce point, Al. Cretin 1ui-nie"me, ne saurait e~tre mieux renseigne' que je ne le suis, attendu que j'ai contribuei pour iia part aux pathoge'ne'sies (IAIllutin sativuin, de gadits, et surtout d'Aslericms rub.; celle d'aU'iuum, telle que je 1'ai publie'e sur les notes wagnimscrites de PNtro..-, cornp16t'es par les miennes 1, a Ret' obtenue avec la sixibmmme (lilutio'il; celle de gadus, "a laquelle je im'ai fouriii que quel(ques syninptolmes, avec la trentibm.e; celle d'asicrias, 'a laquelle j'ai largemenet contribue" avec I'aide (le plusieurs de mes arnis et aussi, je crois ine le rappeler, de M. le docteur Molin, avec la vingt-qaatriiýmmte; enfin, celle de Mlurex purpmnea, me'dicanineit qu je ii'ai pas personnellernent experiment6, avec ia quatrie',nmc. Pour cette dem-ni"ere, l'ouvrage posthumne d'Aitomne Pe'troz vient 'a l'appui de muon assertion. Ouvrons, en efl'et, les Etudes de th~rapeulique et de inati~re in~dicale a* la pagre 66 des Pat hog~n6s'ies etnous trouvonls ' lam 'aticleMUREX PULWUREA -1. Systbitatisation de la matiure indicate homwupathique. DE L'AGG RAYAT ION MENfDICAMENTEUSE. 281 "Femme de quarante-six ans; constitution nerveuse,, tre's-impressionn able, mais de bonne sante. Une dose de murex, mm dkcigrainme QUATRLEME, a e't prise dans six cuillere'es d'eau; la premiere 'cuiblere'e le 5 janvier au soir, etc. ))SUIT LA LISTE DES SYMPTOMIES PATHOGEN 9TIQUES. 11 n'y a donc pas de milieu: Ou des medicaments 'a la quatri eme, "a Ia sixie'me, a la vingt-quatri'i-ne et "a la trentie~me dilution, out pu produire des eft'ets pathoge'netiques assez prononces porqil ait 't possible den induire a peu pres toutes leurs v ertus me'dicinales et, par consequent, sont susceptibles de donmer lieu, dans les conditions que j'ai pre'cise'es, hi laggravationi me'dicamenteuse, ainsi que Font constate' Hahnemann et ses e'leves, puis Pe'troz * Molin peure, Gueyrad ahie', Tessier, etc., MM. Quin, Nhiiez, Davet, Leon Simon pere et fils, Chanet, Milcent,.Jousset, Love., Serrand, Delavallade, Castaing, Dours, Malaper du Peux, et plusieurs centaines d'autres, car je cite au hasard parmi les praticiens dont shlonore le plus le'cole lloincelopatllilue; On les pathogeine'sies de, calcarca, de silicea, de corallia, de iacht~sis, d'allizvo, de gaduts, d'asicrias, de litareaC, etc., etc., * ne sont, que d Viisig-nes mystilicatiows et lions eii soinnies r~duits 'a gie voir (Ia iis leuits autou its (Inc, dineptes visoinualires, shion nn~ne pis encore. 1 6. 2822 DE LA POSOLOCTIE. Je livre ce dilemme aux me'ditations de M. le docteur Cre'tin. DE LA POSOLOGIE La puissance pathog~ne'tique des me'dicaments infinite'sirnaux est admise, comme. nous 1'avons dit, par limimense majorit6' des hoiniceopathes; leur action th~rapeutique est adi-nise par tous, sans exception. 11 y a donc lh une ve'rit6' expe'ri men tale, inde'pendante (le toute the'orie,, dont la constatation universelle exigera plus ou momns de temps, dont les avantages poulrolitt eitre discute's et imeme conteste's, mais que nous n'avons pa la crainte de voir pe'rir jamais. Cette de'couverte de lFaction me'dicinale des infinit6.,imaux., comparable aux plus inge'nieuses,- appli cations qu'oni alt jamais faites des agents imponderables, non momns surprenante que la photographie, le te'lh'graphe e'lectrique. etc.. et se rattachant pctetre aux nmcmes lois. est sans contredit la plus extraoi'dinaire (le toutes, celles que puissent revendiquer les sciences medlicales. A elle seule, cette (lecouvert~e serait dix fois sufffisante pour imrmortaliser le nom de Hahiem aimi. lEt cependaiit rien lie pourrait in oter de lesp~rit. (jil, si. au lien dIe la fairle conii-aitre de prime abordI hscs coii(einporains, i-alinemann Fl'et consignc'e. DE LA POSOLOGIE 8 I-N. 3 avec tous les documents qui s'y rattachaient, dans un manusci'it special dont ii ec~t prescrit la publication vingt ou trente ans apres sa inort, l'hoimeopathie serait aujourd'hui la m~decine universelle. Et je dis l'Iomoeopathie, ii peu de chose pre's, telle que la, conpoivent et la pratiquent les plus religieux olbservateurs des doctrines hahnernanniennes. Telle fut. en effet, devenue, je le pre'sume, en tre's-peu d'annees la popularit6' de son fondateur, telle euit 6W6 ]a diffusion de ses princilpales ide'es et surtout de sa rnatie're me'dicale, que, prote"gYee par l'immense autorit6 qu'il eiit infailliblement acquise, la loi des infinite'simaux qni, de's le principe, fut la seule cause des oragres souleve's contre l'ensemble dle sa doctri ne., euit 6,tevigtci ans apres sa mort, accuelillie avec 6~tonnement saiis doute, mais sans aucun e repugn ance. Si, d'ailleurs, on me pose cette question:La pratique de l'homoeopatliie et'it-elle 't' lpocsilble sanis le secours des ifi~nite'imanx? je n'h-tesit e pas -" I"("l)olwlre:Guti. Au momns faut-il reconnaitrbe que telfle (Ju'elle eU'%t e'te6. Si incompled.e (fuelle eu~t ('tc, elle eki encore constituin, une refom ra ial, nenise. et contre laquelle ni'aurait pa teiu (lix ails ]a plis acre~l~ite~e (les ancieillls (loctrilles. Le nmineiat(~t oni le sait. (l'autait pllus pl'oIice h( cette grande 11110 -vation, que le systef-me de BrouISSai, (liii uim-im-ieie Itait pa tic viable. avait lat~rgenhen t prear1 le 281 DE LA POSOLOGIE. voies h la niouvelle the'rapeutique, eni faisant table rase de lanicienne. 10 La loi d'analogie ou tie similitude, puisque le nhot est consacre, ayant ses racines dans la tradition, et iioifrant rien en. soi qui repugua~t "a la raisoni du commnun des hommes. n'aurait ea conitre elle que les protestations des esprits faux, donit l'expe'rimeiitatioii sur une granlde e6chelle e cit promptement fait justice. 20 La polypharinacie, tu'e par Broussainvi plus aucune chance de renalitre. 30 L'habitude des petites doses se serait propag~e' d'autant pl)us vite qu'on naurait pas mianqu6' d'en constater les avantages. D'autre part, labus des doses fortes, en. donimant iieu h des effets pathiog~ne'tiques', aurait du m-ioms coiitribu6' au perfectionnement de la watie'ie nie'dicale pure. 40 Enlifn, la de'couverte de la puissance, des iiifinitt'siniaux, publie'e en. temfps opportuii, au lieu dceiitraver coinine elic l'a fait ce granid mouveinent scientifique, icci trouve" aux trois quarts accomnpli ct 1Veu't coniphe'te', car ii est peu probable, je le re'pete, queuec ei alr e.cotr une opposition s'rieuse. IMhis e'tait-il possib~le qu'il en. ff~t ainsi? be fondateuir de I honiceopatliic pouvait-il schider son ceuxuce, et en ]a scindant ne risqiiait-il point ([e la grdtt'' Etions-nous, d'ailleurs, en (Iroit d'attendre dle miL quIIll reiioinii, dle son vivanit, at l'honneur d~avoir fait LUIt DE LA POSOLOGIE. admirable delcouverte pour iie s'ien reserver tiue la gloire postliume? Enfin,est-il bien sfir que les, choses se fussent passe'es comme je le sup~pose, si Hahnemann, se sacritiant "a lavenir de son ceuvi'e, e4it agi conform~ment hi mon hypoth& -e? Toutes questions qu'il serait aujourd'hui superflu. de de'battre. Acceptons donc la situation qui nous a e'te faite par' la force des choses. Les hommies de gre'iie ouvrent les voies nouvelles, la ta'che de leurs successeurs est de les ddblayer. Pionniers de la science, unissons nos efforts et luttons avec courage, sans regarder derrie're nous: le temps fera le reste. Je vais rapidemient examiner avec itnpartialite., au.trement (lit avec l'iide'pendauce d'esprit (but ili me serait impossible de me de'partir, cette question (les doses dont, autant (bie (jUi que ce soit., je recoumnaw l'importance, mais 'a laqueble, cependant, ii serait dangereux, seloii moi, de baisser jouer le priuncipal or Me (bans la doctrine homicopathique. Hahnemann ne se servait que des globules inhbib'CS (bela douzie'me h la trentie'nnc d ilution, Ile plus sou veuuit de la trentie~ine. 11 n'en donnait qu'uu seul. -('I l ois et, damis le Prinmcipe, ii lprosclivait ]a rlepetilion (les, (loses d'un rme~nne inlc~icalueunt. Cette inanie'e (Ie pro0 ceder concordait logiqucmnuiet avee sa th'orie de, Ia sub~stitution de la miala(lie mne~dicameneteuse it la mnaladie naturelle. Celle-ci mm'cxistant plus de~s I instant 286 DE LA POSOLOGIE. oh 1'autre s'etait emiparee de l'organisme, ii n'y avail plus qu'hi attendre la re'action de ce dernier contre la maladie n'clicanienteuse qui, elle-me'me une fois dissipe'e, ne devait plus laisser apres elle que la sante' parfaite. Mais cette the'orie de la substitution e'tait fausse:je lal de'montre' et j'y revriendrai enicore. Aussi Hahnemann. se vit-il oblige' de re'peer les doses, si ce nWest dans les cas d'affec~tiolis tre~s-16geres oh tine seule suffisait h amener la gue'rison. Dans le~s maladies chroniques, ii donnait le soufre 'a dix ou douze jours d'intervalle '1; le foie de sonfre calcaire, a quiume jours d'intervalle; la silice et la sepia zý des intervalles plus ion.2's encore. Dans les maladies aigue~s, dit-il, lintervalle a laisser entre les doses du reme~de convenableientt choisi, se regle (lapres la inarche plus on mo:is- rapide de l'affection, en sorte que l'on pent, s'il est necessaire, les re'peter au bout de v'Tingt-quatre, seize, douze, huit., quatre hieures, ou merne plus tolt, lousque le medicament amenlliore e'~tat sans obstacle, sans produire, de nouveaux accidents., mais ne le fait pas cl'une maniere assez prompte, en 6,gardl 'a la rapidit6 et au danger de ]a maladie; de sorte que dans la maladie la plus promptenient mortelle (Ju'on connaisse, le cholera, ii faut administrer an debut, tontes les 1. Mati~re m~dicale pur'e, t. 1, P. 91. DE LA POSOLOGIE.28 287 cinq minutes, unie h deux go uttes de dissolution ktendues de camphre, si ion vent procurer des secours prompts et certains, et que, dans le cholera plus avanc6, on doit prescrire 6'galement des doses de cuivre, d'elle'bore blanc, de phosphore, etc. (h la trentie'me dilution), souvent toutes les deux ou trois leures, me~me de larsenic, du cliarbon de bois., etc.. ~tdes intervalles non moins rapprocli's 1 Cette posologie, que de nios jours, surtout dans les oialadies chroniques, nie suivent plus gue~re les hoi uo3eopatlhes, semlble nn~me ktonner beauacoup quel(lues-ulls d'entre eux qui se trouveraienit pourtant,. je le suppose, assez embarrasse's peut-e~tre s'il leur hidlait dire pourquoi. 1-alinemami, avec ses globules piris ou mieme /lair~s ý quinze jours d'intervalle, danis les maladies (lironiques, obtenait-il re'ellement des succe's? Pour inoi, pa n'est pas douteux, attendu l'extre~me habilete' avec laquelle, nous le savons tous, ii choisissait le In~dicament. Cependant ses disciples ont pen tarde' zi recoinalitre qu'une semablable me'thode mettait ]a patience des malades "a de telles e'preuves., qu'elle n'etait gu~re praticable. Ajoutons que, pour tous- ceux qui ni'&aient point initie's h la pense'e intime du fon(lateur (IC 1hionmcopatliie, elie e'tait absurcie; je dirai 1. Aiafiire?n~dicale pure, p. 92. 28 D]E LA POSOLOUIE. plus: h l'exception d'un tres-petit nombre de penseurs assez profonds pour la comprendre, tout le monde devait ]a trouver telle. Ce fut en effet ce qui arriva, et sans d'admirables cures qui, si incomprehensibles qu'elles fussent pour le vulgaire, ne laissaient pas que de donner aux apparences d' clatants dementis, I'homoeopathie serait morte en naissant. Je n'ai donc point h me demander si, dans les maladies chroniques, il etait possible de faire mieux que ne faisait Hahnemann, puisque ses disciples ont depuis longtemps senti qu'il etait necessaire de faire autrement. Mais dans les affections aigues est-ilb on de s'en tenir, comme 1lahnemann le prescrivait, h l'usage exclusif des trentiemes dilutions? Je crois que peu de praticiens sont aujourd'hui de cet avis. 11 est bien clair que, dans les maladies aigu~s aussi bien que dans les maladies chroniques, le choix du medicament est le point capital. Il est bien clair, par exemple, que dans tous les cas possibles un seul globule imbihe de la trenti'me dilution d'un medicament parfaitement homceopathique sera toujours et de beaucoup pr6firable h cinquante gouttes de teinture mare d'un imidicament mal choisi. Mais ce point admis, qu'on a trouv' le vrai medicament, la teinture mere ou les basses dilutions de celui-ci sont-elles nIceisairement et invariablement, chez tous les sujets D)E LA POSOLOGIE. -V atteints de maladies aigu~s, prelferables "a ses hautes dlilutions? Pour mon compte, je le crois, sans en &~re irre'vocablement convaincn. 11 est rare, en effet., et non momns rare dans les mnaladlies aign~s- que dans les maladies chroniques, qu'on voie survenir une modification prononce'e dans I'etat du malade par le seul fait d'une simple modification de la dose. J'ai recuejilli neanmoins quelques observations de ce genre et je veux en citer nne: Au mois de juillet 1849, je ins subitement atteint du chole'ra, qui faisait alors dans Paris de'normes ravages. Vertiges, soif ardente, nausees, vomissem-ents, coliques atroce-s, selles r'pe'tees coup snr coup, selles blandlies, spumeuses, caracte'ristiques, froid gQrn'ral, suenr froi de, tei nt cy a Do0Se, ton l Ie S sy mp to^nes dnL c hol (,ra, e n un mot, m-oins les crampes que je n'ens pas, e'claterent coup sur coup, et avec une promptitude d'antant plus alarmante pent-e"'tre qu'il n'y avait en ancun pro - drorne. Je n'a~vais sous la main que de larsenic en globules h~ la trentieme dilution. On en mit une douzaine de globules dans un verre et je commnen~ai ým prendre de cette potion u ne cuillere'c 'a bonche de qnart ('iheure en quart dlienre. Mais, 'a chaque cniller'c qjne j,avalais, ii y avait un spasme de lestomiac qni p)1o\'oq1ait los nause'es, ce qni d'ailleurs noe durait ciuuni instant. Et ce spasme 6'tait bien Fetlet dln me'dicainent, car lean simple noe le d6termninait pas. Pl(troz (ju'on avaiL 17 290 DE LA POSOLOGIE. fait pr~venir arriva vers les six heures. Je lui expliquai ce que j'avais fait et ce que j'en 6prouvais. ~ L'arsenic, dit-il, est pourtant bien ce qu'il vous faut, mais vous le prenez h doses trop faibles. ) Ii prescrivit une potion avec deux gouttes de la douzieme, et, en effet, ii n'y eut plus de spasmes et, h l'exception de la diarrh'e qui dura deux jours encore, tous les syrnptomes s'eteignirent en moins de quelques heures. La dose eut donc ici une influence marqu'e. La sixieme on la troisi~me dilution d'arsenic se seraientelles montrees plus efficaces encore que ne l'avait et4 la douzieme? c'est possible, mais jel'ignore. J'ai vu, dans certains cas de cholera, le cuivre, et dans d'autres le veratrum h la troisi~me dilution, donner des resultats admirables. Mais, par contre, je me souviens tres-bien d'avoir vu un officier russe, grand partisan de ihomoeopathie, traiter son domestique atteint d'un choetra presque foudroyant, uniquement avec des globules de veratrum h la douzi8me et r6ussir h merveille. Le mialade, quand j'arrival, 6tait hors de danger. ( Pas autre chose que cela ), me cria-t-il en mauvais franpais, et en montrant les globules de son maitre: Je sens que pa me gu6rit. ) Et voilh ce qu'il en est ' peu pres partout pour les doses: chacun a ses faits ý I'appui de celles qu'i1 prefe're. Parmi les homocopathes allemands, par exemple, les uns assurent qu'on ne peut guerir qu'avec des DE LA POSOLOGLE. 291 teintures meres et des troisie~ine s triturations', tandis que les autres ne voient de salut que dans les six mullic'mes dilutions. Pe~troz qui formulait, contrairement aux habitudes de Hahnemann, lequel, frondant les lois en me~me temps que les prejuge's, distribuait lui-m-neme ses mn'dicainents, Pe'troz, sauf dans quelques circonstances exceptionnelles et tr~s-rares, ne s'e'loignait gue~re dans sa pratique de la posologie lialnemannienne. aSur la question des doses infinite'simales, dit Al. le docteur Cretin 1, Antoine Pe'troz n'avait qu'un but:atteindre expr' ntlmn a la pr&'cision; qu'un parti pris: celui de coinbattre hi outrance l'exage'ratioii dans un sens aussi bien que dans lautre. ))Or l'exage'ration. pour Pe'troz, c'e'tait d'une part l'emploi des teintures meres et des tre~s-basses dilutions, car ii ne descendait lu-mme que tres-exceptionnellement au-dessous de la sixie~me, et d'autre part l'emploi des millie'mes,) deux millie'mes, trois millie~m-es dilutions, etc., que, dans un certahii moment, quelqu es homowopathes prolnaient h outrance comme s'ils y avaient vu une e"re nouvelle pour la doctrine et la r~g.6ne'ration de Fart in~dical. Je sais tre~s-bien que, de's qu'on admet la trentie~me dilution, ii de-vient difficile de ne pas adrnettre e'galement ]a centie'Ine, la millie'Ine, etc.; car, 1. Introduction aux E~tudes de mtnoibre medirale et de lhh-apeulique, par Antoine, PMroz, p. 71. 992 292 DE LA POSOLOGIE. Si ioni se renid conipte, par le calcul, de la quantit6' de matie're me'dicamenteuse que contient tine teinture alcoolique 'a la trentie'me dilution-, oni sent que cette transmission de force me'dicinale de dilutioni eni cilutioni doit. se rattacher h" quelque loi inconnue (lont les conlsequcnces potliraiclit bien navol r point, de limite. Mlais enfiii Pe'troz, se fondant stir son exp(',ience et sur les re'sultats qtie lul avaien-t (donne's les dilutions hahnemanniennes, nie voyait point 1'utilit6' des dilutions excessives et pensait avec raisoni qtie le progres n'6tait pas la". ((Danis ses 6crits, dans ses discours, danis ses observations cliniques, continue M. Creltin, ii se maintient constainment danis cette reserve inflexible. Toutefois, j'ai haite de le dire, dans sa pratique, sa pre'dilection est acquise, surtout depuis 185i7, aux attenuations inifinite'sin-ales. 11 emploie (Itelcitefois la sixie~me, assez souvent la dotizie"me, prescque toujours la dixhuitie'me, la vingt-qtiatrienie, et enifin principalement la trentie'me dilution. A mesure qti'il avance en age, cette pre'ference devienit plus marque'e. II deplore ce qu'il appelle moni penchant pour les basses dilutions et les teintures alcooliques; ii le bame comme une tendance fAcheuse; ii. le regarde comme une concession aux prejtlges de moni 6ducationi ni'dicale; et d'un toni moitie' seve're et moitie' cbagrini, ii reproche Al. Cabarus de m~avoir crate'. Appcle' eni consultation. DE LA POSOLOGLE.23 293 ii prescrira encore dans la pneurnonie les antimoniautx et 1'iod-e; dans lastlime, l'ip~cacttaia et l'bn~tique "a la premie~re trituration au dixie'me, un de'cigramme par jour; dans les affections syphulitiques, les mnercicriatix et la salsepareille, comme je l'ai dit plus haut (les mnercuriaux en trituration au dixic'me, la salsepar~eille ende'coction),me~me l'iodmre. de potassium "a la dos-e de dix h vingt centigrammes par jour; dans les faiblesses consecutives aux maladies aigu~s, dans la convalescence difficile apre's le cholera, le quai-nqzbina en de'coction ou en sirop, etc. Mfais, rentre' dans son cabinet, et par une sorte de relaction contre l'entrailnement, auquel ii me voit ceder avec peine, ii se laisse aller avec une sorte de complaisance h sa propension pour les atte& nuations e'lelvees. Elles deviennent pour lui lobjet d'une preoccupation telle, j'allais dir'e si exclusive, il leur accorde un6 confiance si entie're, qu'il fait de'sormais de leur emploi une rý(gle ge'nerale souffrant de momns enl momns l'exception ~ Ce passage est 6'crit, je ii'en doute nulleinent, avec une enti~re since'rite'. Et cependant ii m~a cause', je ne saurais m'en de'fendre, une certaiiie surprise. Car on pourrait croire en le lisant, qju'a un moment avanc-6 de sa carrie~re avec I'aXge etses conseqiuences, Ant~ohin Petroz aurait peu h peu contracte', en mnatiet.re de I. Introduction aux I ludles de maliiic midicade et de the'rapeutique, par Antoine Pdtroz, p. 71. 294 DE LA POSOLOGIE. posologie, des opinions sensiblement diff-rentes de celles qu'il professait ante'rieurement. Or, sans parler de mes premieres relations avec hetroz, qui remontaient assez haut, comme je l'ai racont6, de 1848 jusqu'a' lFpoque de sa derniere maladie, je n'ai janais cess6 de le voir assidcmnent, de profiter de ses conseils, d'observer sa nanie're de faire, de le questionner sur tous les points de notre doctrine. Trente ou quarante fois peut-&re, nous nous sommes lui et moi trouve's en consultation. 11 m'est arrive'une ou deux fois de le remplacer pendant ses absences. J'ai suivi bon nombre de ses malades. Plusieurs de ses clients, auxquels ii portait un grand interet, sont meme devenus les miens et me sont restes sur sa recommandation expresse. Lorsque je preparais ma Systtrnatisationc de la matire Mticale, ii a mis h ma disposition non-seulement tous les livres qui me manquaient et qu'il posse'dait, mais encore toutes ses notes manuscrites. Etifin, ii m'a, dans l'occasion, soignemoi et les miens; j'ai donc pu connaitre a fond sa maniere de formuler. El bien I je declare que toujours, en 184.5, aussi bien qu'en 1848, aussi bien qu'a la fin de sa carrielre, PC'troz 6tait partisan exclusif, aussi exclusif (uj'il est raisonnablemient possible de l'6tre, de la me' dicat ion ifin itesimale et notamment des dilutions halinemanniennes. Et si dans les dernie'res annees de sa vie, si. "a partir de 1857, puisque notre confrere DE LA POSOLOGIE. 295 assigne cette date, Pe'troz, dans ses relations intimes avec M. Cretin, revenait sotivent et avec tine insistance partictilie~re sur la question des infinite'simiatx, c'est q'il 'tait s6rieusement afflig6, - et coinbien de fois, ai cet 6'gard, n'ai -je pas rept ses doheances confideiitielles I - de voir tin me'decin qu'il aimiait et qu'il estim-ait, M. le docteur Cre'tin, qtienotis airnons et qtie nous estimons totis, parce que c'est tin noble ecolur et une belle intelligence, s'engrager en tln'rapetitiqtie dans une voie qu'il trotivait deplorable. Quanit aux antirnoniaux, h 1'iode, hi loxydc noir do mner'curo, au sulfate do qwin'ine, au sirop de quiniquina, hi 1Nndt'ique att lOme, etc.., ii s'en servait, je iie lignore pas, comme nous nous en servons tous quand nous ne pouvons mietix faire, inais rarement, si rarement ltion pourrait coinpulser, j'en suis certain, les regristres dle nos pharmacies, non pas setilernentdepuis 185i7, mnais depuis 1836, et pie, stir mille ordonnances (le Peltroz, oni en trouverait tine oti deux, t~rois oti quatre au lpis aller de celles dont ii s'ag-it. Je Il'ai vui prescriiie (lalls tin cas de jmoumnonio aiguc*, le pliospliore h la 24111c, et cela re'ussit; dans til cas d'/Upatite aigu6, le inercure soluble & la 30110 et en globules., etcela reussit; cont ic d~es lochies ptirtilentes, chez tine jeulle teinnieacoile depuis six seinaines, le dluiw11.lma,'- la 12-m0(31 cl otflobules, et cela r6ussit. Gardonis-iotis (lone (de Xoil ICS regles liabituelles de sa posolugie daus d'inipercepti 2U6 DE LA POSOLOGIE. ibles exceptions. ((Mon pauvre arni, me disait-il un jour en me parlant (le ces dernieres, ii est des cas oht hbout (le moyens, nous nous laissons bon gr' mal gr6 glisser (lans lemipirisme; mais ce n'est pas la. faute de notre mnethode, c'est la noltre ýt nous qui ne savons pas toujours assez bien nous en servir, on, pour rnieux dire, (est la faute (le notre matie're nin'dicale qul est encore incomple'te et qui, telle qu'ele est, ne rclpond pas ý tous les cas patlhologi(qtes pour lesquels on reclame nos soins. A ce propos, je (lirai quelques mots de certains agents med ici naux que faute de mieux nous employons (luehinefois "a e'6tat Ibrut., pai'ce que, dynaniises, uls ne semlblent plus repondre aux indications qui mnotivent leur emploi, de telle sorte qu'on serait tente'dc croire, h. certaines lois (lexception, qui pourtant n'existen~t pas. Tels sont lc fer, Fl'uile de foie de morue, le sulfate de quinine, le inercure, liodure de potassium et le Seigle ergot6p. Je me de'fie dies ine'dicaments qui ne gue~rissent qu'h fortes (loses, ce ne sont que des lpalliatifs; le sonl'w'emen t qu'ils pro curent n'est. le plus souvent qu'illusoire; en re6alitc", ls, ne gu~rissent point; car les maladies contre lesquelles on les adlministre reparaissent p~resque iiifaillibletnent au bout dun temps donne'; je vais expliquer porui Toute maladie e'ant dynainique de sa nature., et ne. DE LA POSOLOCGII. 21d 7 pouvant eltre autre chose, puisque sans cela elle ne serait plus que la rualadie d'un cadavre, ce qui est de'nue' de sens, ne peut e~tre modific'e dans son essence que par un agent 6g"alement dynamique. Celui-ci, lorsqu'il lui est vraiment honiceopathiqfue, le'teintt dans sa cause preminire. Les autres me'licamients, au contraire, ceu:ý qui pour 1'mstant nous occupelit, ne 1'atteignent que dans quelques-uns de ses etfets organiques, ou si I Ion veut dans ses causes secondaires et contingentes, inais en en lais~sant sulbsister la cause premie~re. La chiorose que je prendrai pour exeinpie, mne servira, je l'espe're, "a faire bien comprendre ma pensee. be fer entre, commne on le salt, (lans- la composition atomique du corps humain. 11 s'y rencoimire en assez grande abondance, pour que, (lu 1)1odtit de qtielques saigne'es, ii ait CAC' possible, 'a laide de proc6de's chimiques, d'en extraire assez pour iraplpcr Ulle petite me'daille "a leffigie dlu mnalade qui avait 1ournii le sang 1. Le fer parait former, avec le mianiganese et. (Luelques autres corps simuples., la base (les globules sangruins. Cest la presence (de ces gl0btiles (IUi fait que notre sanig qui, pa-r lui-m~ne',i. est aussi iilcolore que lest celuides mollusques, 10us lpalait dlunimitroe I. Le malade Ritai Orfila, saign6 ht oulrancc pour une allaque dec cholira, cc qui prouve qu'il avaiL la vie dure. L'extractiorm du fur fut faite, par son savant priparaleur IBarruel. 17. 298 DE LA POSOLOGIE. vif quand ii provient des art~res et noiratre quand ii sort des veines. Plus le, globules sont abondants et plus le sang est color6. Yoilh pourquoi, le fer manquant ou n'6tant plus en proportion voulue dans le sang des chiorotiques, celui-ci est decolore, a perdu de sa densite, se rapproche en un mot plus ou moins du sang blanc des animaux inf6rieurs; de lh les pales coideeurs et tous les symptomes f~cheux qui les akompagnent. Mlais oh l'organisme prend-il le fer qui se trouve dans notre sang? I1 le prend et se l'assimile, en raison d'une force virtuelle qui est en nous (force vitale), dans les aliments que nous mangeons, dans les liquides que nous buvons, dans F'air que nous respirons; car partout il y a du fer et beaucoup d'autres substances encore, dont les plus habiles chimistes ne parviennent pas toujours h constater directement l'existence, le milieu dans lequel nous vivons 6tant tout compose d'infinitesimaux et les infinitesimaux seuls nous faisant ce que nous sommes. Mais, question qui au premier abord seinble tr~s-delicate et doiit la solution n'est plus, pourtant, des qu'on y re hGchit, que le corollaire de la precdente, pourqluoi le fer vieint-il 'a manquer dans le sang des chlorotiques qui se nourrissent des moines aliments, boivent les mmenis liquides et respirent le meine air dont s'accomniodel)t taut d'autres iidividus qui ne sont point DE LA POSOLOGIE. 21 q(T chiorotiques et ne montrent nulle tendance hi le devenir? Parce que, chiez les prenmiers, ii y a perturbation virtuelle de ]a force vitale, c'est-h-dire de cette force qui preside h lassimilation du fer, dans lorganisme samn, et qui, ainsi de'saccorde' (phe'nom ene primordial qui ht lui seul constitue la maladie), cesse d'agir ou n'agit plus qu'incomph~tement. Yoilh donc comment, selon le point de vue oii nous nous pla ýons, l'observation des me'mes faits patliologiques, autreinent dit, des me'nes symipto~ies, peut nous suggerer, h 1'e6gard de la chiorose et d'une fuule d'autres maladies, deux appreciations tre~s-ditkli'entes et par suite deux modes de traitemeut qui ne sauraient se resseinbier. Ou la diminution du fer dans le sang sera consid6re'e comme cause premie're de la chiorose et de tous les accidents qui s'y rattachent, et, dans cc cas, la the'rapeutique, d'une simplicite. sans egale, se re'duira hi introduire dans. lorgranisme du fer sous toutes les formies possibles et en aussi grande quantite' que les organes de la digestion pourront le supporter; Ou la diminution du fer dans le sangi dIes clilofoi(ILUCs ne sera coiisid~lrUC quoI Coinme11 Uu (lCS uta nieces-saires d'un trouble spkoiliquie do la force vitalec, cause prem-iere ou pour inieux dlire essence. mnwn (de ]a mnaladie. et) (lans cc cas, le Indc(Ioiw touaut compte de, tous les symptomnes de cette dernie~re et noni pas 300 300 DE LA POSOLOGIE. seulement d'un do ses phe'nomenes organiqueS, s'7efforcora, de de'couvrir dans la Mlatie~re m'dicale pure, iivre sacr6', comme dit Pe'troz, auquel ii faut toujours revenir, l'agreit corre'1atif et par cons6quent curatif de e'6tat morbide qu'il aura sous les yeux. Je sais bien que le choix do cet agrent curatif,1 subordonne at l'idiosyncrasie du sujet et h la forme particuli~re de la maladie, ne sera pas toujours sans offrir quelque difficult6. La pulsatillo quolquofois, quolquefois encore le soufre, plus souvent peut-e2tre le plomb, la bovista, le for lui-m16me mais dynamise', enfin d'autres me'dicanients encore pourront re'pondre ici., chiacun d'eux suivant le cas, hi la loi do similitude. Cost une nuance at saisir et par conse~quent uno 6'tudo 'a faire. Aussi, des deux modes (10 traitemont quo je viOUS (le signialer,) suis-jo Lien sfir quo la paresso et l'ignorancen n'luiteraientj amais ýh choisir lo premier. Du fer, toujours du'for, coest si facile "a formuler. Mlais quelle di1Ik~renco eiitre los r~sultats (los deux medicationst La promic~ro, ladm-inistration (lu for re'duit pal' Fhydrogre~ie, du lactate do for, ou do tout autro ferruyincux., lorsqu'ello no donne pas lieu h des accidents graves.. ce qui ni'arrivo quo trop souvont, I semble., 1. J'ai vu deux fuis, la prerni~re h Hondschoote, en consultationi ivcc.11. le docteur Delaruyý,re, la seconde en consultation avelK M. le docteur Milcent, une pt~ritonite mortelle, consecutive de I'ahuw des ferrugineux. DiE LA POSOLOGIE.:),-) dans beaucoup de cas, soulagrer assez vite. Mfais, At moins que, par un hieureux hasard, le fer lie s0 trouve Wte pr'cis'nment homincopatliiquo h lolls-mlble (10 la maladie, cette aime'ioration iie se maintiont pas. La cause preminire subsistant, le ineta1, artiliciellemen t introduit dans Forganismo, s'e'limine (lals un temps donne' et ne se r01)roduit p)oinlt; (le telle sorte qju'ol ne tarde pas 'a voir renaitro peu h peu tous les sympt6mes de la chiorose qu'on croyait avoil, guerie, syrnptdmes qui prosque toujours, cette fois, so mon01 -trent robolles ht la mecdication grossie're qui laraissait en avoir triomph6. Quidoentre nious nia vusouvent do ces pauvres j eunes flilies chiorotiques, ("I leur troisi Cmo11 ou (1uatrie'me rechuto, et plus chiorotiqutes (jue jamais, en de'pit des ferrugrineux de toutosorto dont on itavait l)1S~tlOP8s css de les gorger pendlant des ann'e entiwese La nn'dication lionlociopatllique, an contraire, loisqu'ele a uno fois re'ussi, a C'teint la lfaladlie (lais son principe me'me, et i'on nia pl1us le'sorulais hi craindre (le la voir re'cidiver. Des considirations analogues h cellos auxqjuollos jo viens do mne lijrer relativement au for ~t haute (lose, seraient e'videmnient applicables h lIhuilo (d0 110 (10 morue, au mercurol, 'a liodlure (10 1potassiumf et, (j~li 1plus est., au sulfate (10 quiuinie et au seigyle etgoVt". L'huilo do foie (10 morue contient, jo, le roconnais. 302 DE LA POSOLOGIE, certains agents medicinaux qui, parfois, ont Pu se trouver horceopathiques h la maladie contre laquelle on la prescrivait et la gue'rir dynamiquement. Mais administree au hasard et sans r~gres pr'cises, comme elle 1'est presque toujours, ii est extrelmement rare qu'elle agisse de cette fagon. Le plus souvent, ainsi que le fer h hautes doses, elle n'a d'autre vertu que d'introduire artificiellement dans 1'organisme certains 6l1ments qui s'y trouveraient d'eux-men~ es sans le trouble dynainique qui entretient une assimilation vicieuse. L'huile de foie de morue rentre alors tout simplement dans la cate'gorie de certaines substances alimentaires, telles que le lait d'cmesse, le racahout des Arabes, les vins d'Espagne, etc. L'experience ne prouve que trop conbien les toux qu'elle fait cesser sont le plus souvent sujettes ý retour. Le mercure est quelquefois, mais non toujours, le specifique de la verole, car je soutiens qu'il nexiste point de sp&cifique absolu. Lorsque, dans un cas do' termine, il se trouvre etre re'ellement homceopathique Ai la maladie veninrienne, il la guerit tre~s-vite, A toutes doses, et non moims bien 'a dose infinitesimale qu'a dose massive. Cela est si vrai que j'ai vu, " mon dispensaire, corosivits 30m, faire disparaitre, en moils de quinze jours, un chancre assez profond du glanid, accompyag~ d'un bubon bilob' tr's-caract'ristique. Lorsque au contraire le mercure n 'agiten quelquesorte DE LA POSOLOGIE. 303 que chimiquement et par consequent h. hautes doses seulemerit contre certains sympt Ames de la syphilis, on peut tenir pour certain que celle-ci repullulera. Melme observation pour liodure de potassium, relativeinent aux symptolnies seconidaires et tertiaires sur lesquels le meine medicament dynamise' est absolument, sans action. Aussi Dieu sait si les exostoses, les gommes, les syphulides, etc., sonit sujettes "a retourI be sulfate de quinine est quelquefois, mais assez rarement peut- e~tre, homceopathique h la fle'vre intermittente des marais; je dis assez rarement, car il i est difficile d'admettre que les varie'tes de fiNvres palude'ennes qui ce'dent en quelques jours h laction dynamique du plomb, de l'arsenic ou de L'ipe'ca 'a doses infinite'simales, soient aussi gue'ries dynamiqutcmen~t par le sulfate de quinine; celui-ci h hautes doses, miais "a hautes doses seulemiemt, jouit, je lie saurais dire pourquoi, de la propric~te de rompre la pe'riodicite' des acce's et de modifier seconldairemnent la cachexie palud~enne, commne le fer modulie la cachexie chiorotique. Mais si laction du sulfate de quinine dans la fie'Nre intermittente niest point une action dpymamique, el-Esurtout dants les colntr~ue:; i cageuses, doit C~tre fort sujctte "a MOMr; et c'est ent effet ce qui a lieu ((Les ie~vres que j'ai gueries., me disait re'ceniment uni excellent praticien rural. il. Laniglet de Barleux. nie revielmeld jamnais-, tandis- ([Ue 301 DE LA POSOLOGIE. celles qu'on a traities avec le sulfate de quinine reviennent presque toujours. Je suis bien oblige de croire que, dans certains cas au moins, le seigle ergot6 peut, h doses infinitesimales, arreter les pertes uterines, et, qui plus est, les arreter mieux qu'il ne le fait h doses massives, car c'est une observation de ce genre qui m'a, pour la premiere fois prouv6 la puissance des infinit'simaux. Mais depuis, l'experience m'a d6montre que le fait dont il s'agit 6tait exceptionnel, et qu'en general la puissance himostatique du seigle ergote en dilution est extreinement douteuse. Tout le monde connait 1'action physiologique de ce medicament sur 1'uterus; il provoque les contractions d@ sa tunique musculaire et arrete quelquefois, de cette fagon, les h6morrhagies conskcutives i l'accouchement, mais il nest pas possibledevoir Ih un phinomine lionkeopathique. Aussi les pertes arrete'es par le seigle ergote ne le sont-elles souvent que pour un laps de temps trbscourt. Au surplus, la pathogen6sie du seigle ergote est encore h faire h peu pres en entier. J. P. Tessier, medecin savant, diagnosticien de premier ordre, esprit de haut vol et essentiellement gen6 -ralisateur, mais venu tardivement h l'liomceop-athie, Tessier cherchait sa voie en matiere medicale, lorsque la mort I'a frappe. Dans ses formules, il parcourait, sans regles bien arretees, toute l'6chelle posologique, DE LA POSOLOGIE. 305 depuis Les teintures meres inclusivement, jusqu'aux milliemes dilutions, dont ii avait la certitude d'avoir obtenu des effets thterapeutiques. M Aais, me disait-il un jour, c'est ' la sixiere dilution que les medicaments donnent tout ce qu'ils peuvent donner. ) C etait Ia une de ces conjectures auxquelles ii ne faudrait pas attacher plus d'importance que, j'ai lieu de le penser, ii n'y en attachait lui-me'me. Ma conviction " cet 6gard est qu'il n'y a rien d'absolu. La pfissance medicamenteuse, a telle dilution donnee, semblevarier singulie~rement, non-seulernent suivant les m~dicaments, mais suivant les maladies et suivant les malades. Tessier adinettait l'aggravation me'dicamenteuse par les infinitesimaux, et il m'en a cit6 plusieurs exemples. Un fait de ce genre, dont nous fcimes te'moins lui et moi, m'est rest6 dans la me'moire. Un jour Tessier m'avait fait appeler en consultation daus une grande famille russe dont il &'ait le nmidecin, pour une petite fille atteinte d'une affection cer6ebrale. Cette enfant, qui e'tait Argre de quatorze mnois, bien qu'elle pariut h peine en avoir huit, tant elle e'tait fre~le et chltive, avait eu quelques convulsions des yeux, suivies de somnolence. Tessier, qui la traitait depuis trois jours, avait prescrit, contre cet 6tat senii-comatgux, stralfloniLton 31no, deux gouttes dans tine potion 306 DE LA POSOLOGIE. de 100 grammes, h prendre, par cuilleree h cafW, d'heure en heure. Telle 6tait la m~dication suivie, depuis lavant-veille, lorsque je vis lenfant pour la premiere fois. Bellad., je ne sais plus a quelle dose, avait 6tA dans le principe donnee sans resultat. Stramnonziw n'avait pas, il s'en fallait bier, produit d'amn8 -lioration. 11 n'16tait pas survenu, ii est vrai, de nouvelles convulsions, mais la stupeur persistait; ii y avait do frequents soubresauts, et, de temps en temps, la petite malade, qui 6tait d'une grande pa'eur (son teint habituel), ouvrait brusquerent les yeux, en poussant un faible cri et en agitant ses petits bras tremblotants, comme si elle avait eu peur de quelque chose. Du reste, pas de vornissements; sensibilit6 intacte; urine assez abondante; suppression des garde-robes depuis le commencement de la maladie. - El bien I me dit Tessier, lorsque nous nous ffimes retires seuls dans le salon qu'on nous avait rbserv6., que pensez-vous de ceci 2 - Rien do bon, lui repondis-je; nous avons I" une enfant cacochyme qui no tient h la vie que par un fil, loquel, ma foi, pourrait Iien so rompre sans mintonner beaucoup. Mais croyoz-vous fermoment h une nmgennrite 2 - Fermement? dit Tessier avec son fin sourire, vous en parlez tout h votre aise. 11 y a bien quelque chose DE LA POSOLOGIE.30 307 coinme cela, je le suppose, mais ou voulez-vous puiser en pareil cas des elements de certitude? -Ehibien, dis-je 'a mon tour, de deux choses lune: ou cette petite filue a une m-neningrite ou elle n'eii a pas; si elle n'en a pas, ii n1y a pas grand inconvi~nient a suspendre pendant un jour toute espe~ce de mn'dication; si elle en a une, l'incotnvenient est inoindre encore, car, avec sa constitution, cule est perdue sans ressource. A vous dire vrai, ajoutai-je, cette petite malade a tellement les sympto~mes de stramaoniurit que si elle ne lavait pris, je vous proposerais de le lui donner; niais corume elle vient de le preiidre et ht doses un peu fortes et surtout un peti rapproclie'es, je craiiis que nous n'ayons lh des effets ine'dicamenteux. -Ce nl'est pas 'impossible, dit Tessier qucj'ai toujours trouvd' en consultation ihoinmne he plus conciliant dumonde et qui, nonobstant son grand savoir ou pour micux dire en raison ineme de son grand savoir, savait au besoin douter, attendons les e'v'nbenients et retrouvons-nousici demaina' I'licure qu'il vous plaira. be lendemain ame'horation notable; 1''tat sol)oreux est rnoios prononc6'; l'eifaimt se re'veille h'&qucluiInent et sans cri; le trenllblenilent des inains nexis-te plus. Meme prescrilption quhlierm ltTsir u du premier coup d-wil constate l'ainulioratioim. 308 308 DE LA POSOLOGLE. - C'est ce que j'allais vons proposer. be suirlendemain lenfant est mienx encore:0 elle prend deux. fois de la bonillie. Nous conseillons le grand air. Bref, en qnatre on cinq jours, re'tablissement complet. ((Vous aviex. mis le doigi dessits, me dit Tessier, en me racontant cette gne'rison, cinq on six semaines apres; c'6'tait bieii, ma foi, je n'en saurais donter, de l'ag gravat io-flq Wdi~cLW ienteutse. D) Les e6le'ves de ce grand me'decinl, MM. Fre'danlt, Mlaillot, Jousset, Hermel, Milcent, Ozanam, etc., m6 -decins tre~s-distingnes eux-men~ies, ont franchement adopte' la posologie infinite'simale et paraissent s'en applandir tons les jonrs de plus en pins. Le doctenr Davet, qni a d6bnt6' sons les auspices do Pe'troz, est constamment reste' fid~1e h la posologie de, sonl maitre et c'est "ai lemploi excinsif des infinite'simaux qn ii doit, en grande partie, la nombrense clienlte'le qn'iI a depnis vingt ans. MMIN. Chianet, Charge', Blot, Bordet, Leon Simion pere et ills, Love, Le Thiers, Desprez, etc., etc., nci sortent gn "re dans lenr pratiqne des dilntions halinemiainiennes. Mlon ve'nerab~le amii Delavallade dAnbnsson, nn de nos mneilleurs praticiens et Il'honue le plns estiind de -sonl departemient, les docteurs Donrs, ht Amiens, Mfalaper du Penx, -," Lille, Castahirg, "a Tonlouse, etc., sont DE LA~ PosoLOCflE. w encore dans le's rnernes errements., ce qui ne les a pas empeches (l'lbtenir souvent (le magnifiques re'sultats. M. le doeteur Cabarus, esprit sag"ace et pratilue, se sert tantOt des dilutions, tantOt des teintures micreos, mais toujours aux faibles doses d'und- ou deux gouttes pour une potion. M. le docteur Cretin affirme (juO (( dans Finmmonse majorite' des cas, le me'dicament, pour Utre efficace, ne doit pas atteindre la dose patiogeindique, et qu'au-dessous de cette dose experirnentalement pr6 -cis~ee ii produit d'autant mieux ses eftots curatitis qu'il s'en rapproche davantagre. ))En conse'quence, M. Cr6tin, qui en de~finitive ne parailt pas avoir de parti pris, car ii emploie non-seulement les triturations mais encore les dilutions, leur pre'fere cepondant les teintures me~res, toutes les fois quo la nature du m6dicament les comporte, et les presenit h la (lose de 20 h~ 50 gouttes par potion. Cette pratique., quo jo ne saurais approuver, et 'a laquelle jeý ne (lesespe're point (le voir un jour notre excellent confre~re renoncer, se foude uhiiquornent sur la lausse ide'e que se fait M. Cretin de la dose pathogC'.n6'tique. Enlin, Al. le (loctour Curie, qui lui IIIfdonnoiait fort s'il changeait jamais (lopinion, atten(Ilu (jUCH touto iuatic~re il lie 1)a'ait ajouter foi (-U'a soii 10C 310 DE LA POSOLOGIE. temnoignage, M. Curie exag~re encore et de beaucoup la posologie de M. Cre'tin 1. Quant ht rnoi, je suis part isan exciusif et clan Wtos les cas des 'nfi/iM~sbmaux, ou, pou mieux dire: Je crois fermement que l'usagc exciasif et danis tous iCs cas des infiflite'simctux est L'IDE'AL vers lcqael nous devon~s teadre. Je v~ais (lire pOurquOi. Beaucoup de personn~es etranigeres aux e'tudes me6 -dicales et, qui plus est, beaucoup de me'decins qui nie possedent pas la moindre notion de la doctrine de Hahnernann, s'imaginent volontiers que F homoeopathie consiste surtout, pour ne pas dire-uniquement, dans l'emploi therapeutique des infiuiinent petits. C'est [h une erreur grossie're que nous ne saurions trop nous attacher hi faire disparalitre de l'opinioD publique. Celui-hI, pour inoi, fait de Il'homcc-opathie, sciernment ou sans s'en douter, peu importe, car M n'est pas la question, je De dirai pas qui traite mais qui gue'rit et qui gue'rit lpromptement Une contusion (le I a tate avec cinq ou six infusions de fleurs d'arnica; 1. Si, comme je nen doute pas, M. le docteur Curie poss~de le don de charmer ]a clienule, nous lul devons cette justice de recon"natre que ce nest point par ]a saveur agr'able de ses mddicaments. Cinquanle goultes, et at plus forte raison cent gouttes de teinture mn~re de noix vomique dans une potion, sont, ainsi que je m' on suis assurO, plus que suflisantes pour communiquer At celle-ci une saveur ex6crable. DE LA POSOLOGIE. 311 Une m6ningite aiguie avec 5 centigrammes d'extrait de belladone;' Un acces d'Iysterie avec une infusion des feuilles de la meime plante; Un embarras gastrique avec 30 grammnes de sulfate de magnesie; Une diarrhee bilieuse avec des infusions de camomille; Un 6tat coiateux avec 10 centirrrammes d'opium; Un delirium tremens avec 30 centigramimes du m~me m&'dicament; Une pneumonie aigue" avec 30, 40, et melme 60 centigrammes, un gramme, etc., de tartre stibie; Une fievre intermittente, avec 10 centigrammes d'acide ars6nieux, etc., ete. Je dis, ne l'oublions pas, qui guerit et non pas seulement qui traie, car, en se contentant de la tradition empirique, ii pourrait fort bien traiter, sans les guerir, et, qui plus est, en les aggravant de la fagon la plus desastreuse, la plupart des maladies que je viens de nommer, en administrant contre chacune d'elles, aux doses sus-mientionntes, le medicament juxtapos6 ý leur d6signation. Mais, avant d'aller plus loin et pour donner h mon id("e toute l'6vidence qu'elle pent avoir, qu'il me soit permis de revenir sur ce remarquable plieinomilne de la tohe'ranice dont les Irabdecins italienis, Rasori. 3 121 DE LA POSOLOGIE. Tomasinil, Giacoinini etc., nous owt lonn' (le si fausses explications. Je ne sais Iplus lequel des conitro-stim-ulistes qui, confond~ant, commne l'out toujours fait les m6dec~ins de toutes les C~coles, Yaction pliysiologique des in'iicaments avec leur action the'rapeutique, a, le premier, proclam6' que I'emn't~ique qui fait vomir 'a la dose de 5 centigrammes., ne provoqilait plus le vom-issement "a la (lose d'un demi-gramm-e. Accre'ditee par les faits emprunte's 'a la. chinique des rasoriens et qu'on vit se reproduire en France, cette bourde passa vite de bouclie en bouche eL ne tarda Agu. re ht prendre droit de cite, parmi toutes celles d Lt imenie genre dOl~t Se compose le bagTage de la viejile mnedecine. EL notez bien qu'elle n'&tait pas mneme justifie'e en pathologric par la cliniique des contro-stimulistes. Comment, eni effet, admin istraient-ils dans la pneumonie Ile tartre stibi6' h haute (lose? En faisalent-ils prendre an maladle un gramme ou seuleinent un demii-grammne d Iun seul coup? Ce n'est point du tout ainsi que les chloses se passaient, car des revers 6pouvantables eussent biento't discre'dite' leur me'thode. On prescrivaiL, et je l'ai fait moi-minme en mon temps, 10 ou 12 grains de tartre stibic' dans 6 onces d'infusion de feuilles d'oranger. Pourquoi de feuilles d'oranger? Je n'en sais rien: c'6'tait la mode. Mais de cette potion le malade devaiL prendre une cuillere'e de deux heures DE LA POSOLOGIE. 313 en deux heures, ou tout au plus d'heure en hieure, si la tolerance s'etablissait. Or, si la me~dication de-vait reussir, la tolerance s'6tablissait presque toujours de prime abord, c'est-ai-dire quqe souvent - je suis eii mesure de l'affirm-er parce qu je l'ai vu et bien vu - la premie're cuillere'e de potion qui, en (ichinitive, ne COD ten ait qu'un grain (5 centi gramnmes) IC'me'tique, ne provoquait pas de -vomissemnents, et, (tans quelques cas, h~ la ve'rit6' plus rares, pas mneme de nause'es. L' absence des ivomissenients chez les pneumoniques, traites avec succes par le tartre stibi6', ne tenait done pas, connie on l'a dit, "a l'6le'vation de la dose, puisque cinq centigrammes de ce medicament repre'sentent', tout aussi bien pour les rasoriens que pour les madeemns des autres 6'coles, une dosevomitive. Mais. si la tolerance ne s'e'ablissait point de"S la premie~re cuillerele de poti on, survenaient les voinissements et pen h peu la. diarrh~e': symptd~ies qt1 allaient s'aggrcvwan, at cha quo nouvelle fraction dlu 9rocmde adni'nistrc', de telle sorte qu'il fallait bientolt renoncer au traitement par lm'6mtiqne, et alors:sauve qui pent!I le pauvre malade, plus rualade que jamiais, s&en tirait connie ii le pouvait et s'il le pouvait. Ali I messieurs les contro-stimulistes, -vons avez fait cette admirable de'couverte:lI6mnetique 'a haute (lose ne provoque plus le vomissement I Mlais coniment se fait-il que vous n'ayez point ajoul6' que 1 opiumn qui. Is 314 314 DE LA POSOLOGIE. hce qu'on preltend, fait dormir, et qui, en r6alite', peut plonger un homme samn dans le coma, produit justement le contraire a doses 6'leve'es, puisqu'il gue'rit alors, sans lendormir, un ivrogne en proie au dcliriwhn tr-vemes? Comment se fait-il enfin qu'il ne se soit point encore rencontre' parmi vous quelque re'veur assez hardi pour soutenir qu' a dix centigrammnes par jour, larsenic na plus pour effet que (le'claircir le teint et d'aiguiser 1'appe'tit? La cliniique de Al. le doeteur Boudin, esprit 6mninent et me'decin en chief de notre arme'e, fournirait au besoin ht lappui de cette the~se des arguments spe'cieux. M. le docteur Boudin qui traite, comm-e on le sait, toutes les fie'vres intermittentes par lacide arsenieux, dont en somme ii n'obtient pas, nonobstant cette application beaucoup trop ge'nerale pour n'Cetre point abusive, des re'sultats bien inf6rieurs h ceux du sulfate de quinine, M. Boudin miinvita un jour h venir conistater, hi l'hiopital du Roule, les eff-ets de sa me'dicatioD. J'acceptai avec reconnaissance et je vis, dans les salles de notre savant conf -fere, exactement ce que je miattendais 'a y voir. 11 y avait 1i une douzaine de lic'vreux, de %~m Sg h eup nsais tout naturellement de constitutions diffhrentes, et qui, bien que tous atteilit's de la iin~me affection nominale, iie pre'sentaient pour-~ tant pas tule mme ensemble de sympto'mes. be type mi~me de la fi&evre, 'iheure des acce's, lilltensite DE LA POSOLOGIE.31 315 de I a soif, pendant ou apP es le frisson. etc., etc., varialent, sensiblement d'un malade "a lautre. Mais., malgr6 ces dissemblances, uls &~aient tous traite's par 1'acide arse'nieux. A la requete de M. Boudin, je les interrogeai et les examinai soigneusement Ilun apres l'autre, et voici ce que je constatai: Sur les douze malades, six on sept au moins pre'sentalent, de la fa~on ]a plus tranche'e, les effets pathog&e' netiques de lacide arsenieux (naus-ees, coliques, diarrhe'es, sueur froide vertiges, angroisse pre'cordi ale, etc.). Devaient-ils gue'rir hi ce prix de leur fie'vre intermittente? C'est ce que je m'abstiendrai de d~cider. Alais, Ai coup sfir, chiez eux ii n'y avait pas tolerance, et M. Boudin, qui le reconnut, prescrivit en ma presence la suspension du me'dicament. Quant aux autres, dont deux au momns, autant qu'il m'en souvient., avaient. pris le jour Meme dix centigrctmmes d'arsenic, uls ne pre'sentaient pas la moindre trace d 9effets m~dicamenteux. Leur fi~vre avait cesse': uls se sentaient hieureux; uls mangeaient, buvaient et dortinaent, comme uls leussent fait en bonne sant6; la tolerance e~tait comnp Ie"te..Vous le voyez, me dit Al. Boudin, voila comme larsenic gru'rit quand ii est support6f. Ce h q uoi je re"pondis - Cc W'est pas quand ii csl stipport qat'ii guh-ii,; c'cst qnand ii gu~rit qa'~il est satppo'rtcý.. 316 316 DE LA POSOLOGIE, R&lfexion qui, pour e^tre comprise, eiit exig c'Un1 cornmentaire. Aussi mon savant confre~re ne parut-il pas y prendre grarde et nous n'ecirnes pas danis la suite 1'occasion de revenir sur ce sujet. Eli bienI du rapprochement de tous ces faits et. de ceux que constatent tous les jours les me'decins qui font usage des infinite'simiaux, je conclus conire ii suit: Pour quo doux maladies, lVane natureile, l'autro mcedicamoentoase, s' eteigizon t reciproquo eat clans l'orgamsmoe, do man ie'w 4 r~tablir uao sante par failo, il Wecst nullomoent in dispenýisable, qu'elics aie, ut touics cleux la in~,me intensitM; it suffit quo lame el l'autre. aicut exaclemneat los m~mes symipidnios; d'oft ii suit: J0 Qiatno maladie naturolle, mn.mc d'intensit6 miýdiocro, pout Ct&ro suffisanto poutr annihilor compiq1mcviiU los elffos cl'n mindiCamnent aclmi-nistre6 (" trcs-foro close ci q'ui, sans loxislonco do cello ma-lacijo, prodairait in faithiblemoent des r~sultats d~sastreux) POURYU QUE CE MIEDICAMENT SOLT EXACTEMENT IHOMOEOPATLIIQUE A LA MALADIE DONT IL S AGIT: 20 Qau'n?n6dclioamnt, qn'ýmo a' doso excess imvome't faiblo, est prosquo tonjoars, siianonmeinto touijou'rs suffitsan pour CIcinciro uno mnaladie natarelle 9nemon iri's-forte, pomrva, comnme precdel,)emmnt, quo, 00 mnedicamont soil exaciomortt homceopathi'que 'a la m-aladie. J'engage les rndedecins hoionceopathes ou, pour iiieu. DE LA POSOLOGIE. 317 dire, les m6decins de toutes les kcoles h re'flechir sur ces propositions qui, selon'moi, contiennent une verite' capitale. eUtA-~te trouvera-t-on que la prerni "re semble, au. premier abord, justifier les partisans des fortes doses contre lesquelles protestent avec, raison tous les vrais liomceopathes. 11 nWen est rien pourtant., comme ii est ais6 de le de'montrer. Gui, sans doute,, si l'on avait la certiltude, mais je dis la certitttcd viath~natiqtue, que tel mn'dicarnent fa~t exactemient horn meopaihique h tel e'tat morbide donne, ii y aurait peu d'inconve'nient, je le reconnais, 'a prescrire ce medicament ht dose e'leve'e, pourvu toutefois qu'il ne fcut point de nature "a exercer sur les tissus mme action chiniique. Et cependlant. je mi5em-presse d'ajouter que, mai'nie en admettant la certitude dont je panle, je donnerais encore la pre'ftrence aux doses infinit'siniales, convainicu que je suis, qu'a1 leur &~at brut, les substances miedicinales ne posse'dent jamais, "a beaucoup pre'S, la diffusibilite' et par suite la promptitude d'action que de'Neloppent, en elles les proc'de's halinemanniens de la dynamisation 1. Cefle-ci, tout en rare'fiant la matie're nie'dicanmenteuse, semble en 1. Tdmoin la silice, le carbonate de chaux, lalumine et tous les scis en dissolution dans les caux potables et qui no sont plus, ae ccdtat, quo des substances assinniables, C'esL-ai-dire inoffensive~s, et par consequent nion m~dicarninteuses. ISO 318 DE LA POSOLOGIE. exalter La virtualite et la d6gager pour ainsi dire de celle-1h. Aussi, sans contester, ce qni serait absurde, les r6sultats heureux et quelquefois me'me brillants des doses massives administrees h propos, je doute fort qu'elles aient jamais produit de ces cures surprenantes, instantan'es, dont, j'ai rapport6 plusieurs exemples I et que les honlceopathes ont si souvent obtenues des infiijittesimiaux. Ce sont ces cures uclatantes, ne l'oublions jamais, qui, en depit des pre'juge's, en depit des apparences, en depit des honimes et des choses, ont soutenu jusqn'a present et soutiendront toujours la doctrine de Halinenann, en ce qu'elle a de plus important, c'est-ý-dire de plus vrai. Me'anmoins, lh n'est pas La raison principale qui mne fait repousser explicitement lusage des doses massives. Si je les proscris, dans tons les cas on presquc dans toas les cas, c'est que je tiens pour impossible d'arriver, dans la pratique, 'a la certitude qu'exigerait leur emploi. La nie'decine n'est point et ne sanrait Wtre une science exacte dans La rigonrense acceptioii de ce mot. La perfection des moyens dont elle dispose, pour guerir ou pour soulager, est toujours subordoniine "a la sagacit6 du mnedecin qui les eniploie. Et qui d'entre nons est infaillible? Ce n'estpas tout, d'ailI. COlWi, entre autres, de ma propre gue'rison par Ia bryone d ]a -)Mee DE LA POSOTOGIE. 319 leurs. Ii est des cas, je crois lavoir dJ h dit, o' lFadministration du mnedicament, exactem em horncopathilqze, est tout sinplement chose impossible, par la grande raison que ce medicament ou n'existe pas (ce qui est pourtant peu probable) ou tout au moins, ce qui revient au meme, nest pas encore connu. On comprend donc des lors qu'il n'y a plus de motif pour que les d peu pres dont nous sommes forces de nous contenter, rentrent dans la Ioi formule'e dans ma prein"ere proposition. De lh que resulte-t-il? Que des effets medicamenteux, toujours proportionnes h l'elIevation de la dose, viennent immanquablement compliquer et defigurer la maladie, en supposant meme qu'ils ne puissent avoir d'inconvenients plus graves; que le m'decin forc6ment s'6gare et, toute in'thode devenant desormais inutile, tombe, bon gre' mal grte, dans le plus triste erpirisme. ( L'homicopathie avec les hautes doses, me disait un jour Petroz, c'est de la mddecdiene a coups de hache! ~ Mais h quoi bon, grand Dieu I recouriir aux fortes doses, lorsque plus de quarante ans d'expe~rience et des fails par centaines de mille pronvent qu'on peut tout attendre des infinite'siniaux? Les aggravatioiis quils peuvent produire, sauf de rares exceptions idiosyncrasiqnes, sont tonjours ephetii'res et trop faibles pour masquer les vrais symptolmes de la maladlie et, pour peu que le m6decin napporte point (lans sa 320 DE LA POSOLOGIE. mtdication une hite inconsidtree, ii est au moins certain de ne jamais perdre sa route. Quant au cloix des dilutions?.., question non resolue et peut-6tre loin de 1'e'tre. Je me demande parfois, lorsque nous discutons sur ce sujet, si nous ne ressemblons pas h des medecins qui attacheraient une importance folle au nombre de piqcires qu'il faut faire en vaccinant pour prevenir le plus sfirement l'infection variolique.-six piqf'res, dirait l'un; dix, vingt, cent... diraient d'autres, la prophylaxie n'est qu'h ce prix. ( Eli Imessieurs, que le vaccin soit bon, leur dirionsnous, et une seule piqiAre suffit. ) Cependant je ie pretends nullement assimiler l'action tln'rapeutique des infinitdsimaux ' laction prophylactique du vaccin, et je tiens le choix des dilutions pour chose tres-controversable, mais ii faudra lien du temps encore pour que les praticiens soient lixe's 'a cet egard. En attendant, tenons pour certain que le point capital, en therapeutique, c'est le cloix du ne'dicamelit, et que, pour atteindre shrement au but, ii iniporte momis d'augmnenter la charge que de Viser juste. FIN TABLE DES MATIURES Les m6dccins allopathes et 'l'homceopathie................. I La critique et le merveilleux............................ 5 Le docteur F'rapart................................... 9 Le docteur Giraud.........4086................18 Le docteur PNtroz..........................20 Premieres lectures,.a0.....................29 Premieres impressions................ 33 Pourquoi les midicamnents gu6risscnt.............3 Pourquoi nos princes dc la science ne sont pas homccopathies. 40 Des pathoge'ndsies......................... 42 Sympt~mes moraux................................... 46 Do'couragement............................. 50 Les eaux mindrales................................ 55 Bagnolles....................................... 58 Le scigle ergoto...................................... 59 La bronchorrie et M. Trousseau.................... 00 67 Des types en pathologic..................75 Midecin malade..................................... 77 Traitements allopathiques............................. 82 La hryone.................................. 89 Plan d'dtude..............................10ot Vitalisnie de H1ahnemann............................. 103 .322 TABLES. DE MAT IP,4RES Notes diverses............................05 Fragmnent de me'moire...........................21 MWningite......................132 Peinphigu-s'............................... 44. -Arthrite chronique.........................159 Astlime.................................... 164 Teigne granul6e............................. 169 Anhdmie........................................1-4 1 Pneumonie chronique........................74 N6vralgie..........................................4189 Gastralgie..........................................4197 Fie'vre intermittente................................. 204 Fi~vre' pernicieuse......................... 209 E~pilepsie.......................................... 213 I-ydroc6phale aigui.................................. 235 Rdcapitulation............................. 240 De l'aggravation m~licamenteuse...............246 De la posologie...............................282 Imprirnerie L. TOmiNO et Cie, h Saint-Germain. 0 ~1 UNIVERSITY OF MICHIGAN 3 9015 05850 2454 I 9 * E &