Lae) HAF REA \ te Larchey, Korédamw, \851 402, ECCENTRICITIES OF THE FRENCH LANGUAGE i DICTIONNAIRE | oF DE - LARGOT PARISIEN \ | | [| | Ë INCLUDING ALL RECENT EXPRESSIONS WHETHER OF The Street, the Theatre, or the Prison ALSO THOSE ENGLISH SLANG WORDS Which have been adopted by the Parisians LONDON JOHN CAMDEN HOTTEN, 74 & 78, PICCADILLY : aay 1] re - DICTIONNAIRE BEY HISTORIQUE, ETYMOLOGIQUE ET ANECDOTIQUE UARGOT PARISIEN INTRODUCTION I, Ce que nous entendons par argot parisien. — II. L’argot considéré dans ses éléments de formation. — IT. Ses richesses. — IV. Ses rapports avec les mœurs. — V. Notre méthode. — VI. Comment le be- soin de ce Dictionnaire s’est fait sentir de plus en plus. — VII. Ce qu’en pensaient nos pères. I. — Ce que nous entendons par argot parisien. Bien qu’il fût éprouvé déjà par cinq éditions, nous avons cru devoir modifier le titre de cet ouvrage : nous l’avons appelé Dictionnaire de l'argot parisien, Dictionn. de l’argot parisien. IVR. 1, 404 - DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. Aucune dénomination ne saurait lui mieux convenir, aucune ne répond d’une façon plus précise, et à son caractère, et à son ensemble. - Beaucoup s’imaginent que l’argot n’est que le langage des voleurs, La vérité est. que son domaine est beaucoup plus grand. Son étymologie en fait foi. ; Arcor dérive (du moins pour nous) du vieux mot argue, et ne signifie (comme argutie qui a la même origine) que : ruse, finesse, subtilité. Parler argot, c’est user d’une subtilité de langage. Pas autre chose, Et à ce compte les salons lui ont autant donné droit de cité que les tapis francs, les précieuses en ont usé comme les voleurs, Chacun a son argot. Si j'ai qualifié mon dictionnaire de parisien, c’est qu’au point de vue du langage, comme à tout autre, Paris est le grand rendez-vous. Là, se fabriquent ou affluent tous les mots nouveaux : ceux du bagne comme ceux du sport, ceux du boudoir comme ceux de l’atelier, ceux de la caserne comme ceux des couloirs de l’Assemblée , ceux de la halle comme ceux du collége, comme ceux du journalisme. C’est, dis-je, dans le grand torrent de la circulation parisienne que tous ces nouveaux venus viennent se confondre, se retremper et s’abandonmer au courant qui doit décider de leur fortune. À Paris seul appartient le privilége de les laisser mourir ou de leur donner la vie, car Paris fait la mode des mots, comme il fait la mode des chapeaux, Toutefois, ce n’est qu’un premier pas, Du caprice de la mode à la consécration de l'usage et surtout à l’adoption de la langue régulière, il y a loin. Nous ne saurions trop l’avouer. Ici, plus que jamais, c’est le cas de répéter : « Beaucoup d’appelés, peu d’élus ». Et, cependant, parmi ces élus, combien en est-il dont vous ne soupçonnez point la récente origine. Laissez-moi vous en rappeler quelques-uns. On ne s’en souvient plus assez. S’imaginerait-on qu’en 1698, les adjectifs haïneux, désœuvré, respectable, le substantif impolitesse, etc, n'étaient pas français (1) ? S'imaginerait-on qu’en 1726, on passait pour parler argot quand on disait: défresse,scé- lératesse, encourageant, érudit, inattaquable, improbable, entente, naguères (2) ? Auriez-vous jamais pensé qu’en 1803, Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, faisait deux grands volumes tout exprès pour solliciter l’admission de mots aujourd’hui fort bien portés, tels que : fusion, fureter, franciser, flageoler, etc, etc. (3), mots que ses confrères de l’Acadé- mie n’avaient pas encore acceptés ? Nous en passons, et des meilleurs, mais les exemples que nous venons de donner suffiront pour montrer qu’il ne faut pas trop se presser de flétrir les nouveaux venus. Peut-être en est-il encore que le dictionnaire de l’Académie ne jugera pas indignes de ses faveurs. Toutefois, redisons-le bien, les élus ont été, et seront toujours, en petit nombre dans la foule croissante des néologismes. Sans nous en exagérer la valeur, bornons-nous donc à la considérer comme une réserve d’enfants perdus qu’on peut utiliser à l’occasion, et que, dans tous les cas, il imparte de con- naître, — ne fût-ce que pour savoir ce qu’il faut éviter. II. — Les sept éléments de l’argot. Autant que notre travail nous a permis de le voir, l’argot n’est pas une langue, mais un langage de convention, dans la formation duquel nous n’avons pas constaté plus de sept. éléments. Nous les désignons ainsi: 1° vieux mots français ou mots de langue romane ; (1) Voyez Caillières dans son livre des Mots à la mode (2) Voyez l’abbé Desfontaines dans son Dictionnaire néologique, (3) Voyez sa Néologie, DICTIONNAIRE DE L'ARGOT PARISIEN. 3 2° substitutions ; 8° modifications ; 4° harmonies imitatives; 5° jeux de mots; 6° souvenirs; T° importations. ‘En dehors de cette nomenclature, que nous avons faite aussi -peu scientifique que possible, nous n’avons rien trouvé. Nos lecteurs pourront en juger par eux-mêmes en lisant les courts aperçus que nous allons consacrer à chaque classe. I. VIEUX MOTS, Cette classe constitue la première couche, le noyau de l’argot. Elle se compose des vieux mots de langue romane, c’est-à-dire de langue d’oil on de langue d’oc, dont nous avons retrouvé trace dans trois dictionnaires spéciaux bien connus : ceux de Du Cange, de La- combe et de Roquefort. Ces vétérans sont plus nombreux qu’on ne le croit. Ainsi un verbe dont nous nous servons souvent dans la langue familière, le verbe ficher se rencontre dans nos vieilles chroniques. Nous voyons, au quatorzième siècle, un maréchal de Boucicaut contraindre les Sarrasins à battre en retraite et à se ficher dans des jardins ; il les poursuit et fiche en prison ceux qu’il attrape. Rutebœuf, un poëte qui rimait du temps de saint Louis, et qui aimait fort à dormir, trouve déjà que le réveil est une chose fannante, Si Rabelais, qui est contemporain de François I”, n’écrit pas piquer le renard, il écrit escorcher le regnard, ce qui n’en diffère pas trop. S'il n’écrit pas caner (avoir peur), il écrit très-souvent /aire la cane, ce qui est absolument la même chose. Il sait aussi ce que c’est qu’un œ:l au beurre noir. Non moins que Victor Hugo, Rabelais, ce grand facétieux, aurait défendu le mot de Cambronne, car il le met sans vergogne à toutes sauces, absolument comme beaucoup trop de nos contemporains, ‘qui n’ont, hélas! conservé de Rabelais que ce mot-là. Vous nous dispenserez de l'écrire, n'est-ce pas? Ce sera bien assez tôt quand, avec la lettre M, son tour viendra. Comme ficher, truc (rouerie, malice) se-retrouve dès le qnatorzième siècle, dans une chro- ‘nique du duc Jean de Bretagne. L'usage d’appeler anglais son créancier est constaté au quinzième siècle. A part ceux que nous venons de rappeler, presque tous les vieux mots que nous offre encore l’argot sont en usage dans les classes dangereuses, Là semblent s'être conservées les anciennes traditions, comme dans certains villages où le patois d’aujourd’hui n’est au fond que le bon français d’il y a quatre cents ans, maintenu en dehors de toutes nos modifications. Ainsi les voleurs qui disent arpion pour pied, ne font que ce que faisaient nos pères quand ils disaient Rarpion pour griffe. Leur abèquer (nourrir) n’est autre que l’ancien verbe abécher, qu’on retrouve dans nos dictionnaires de l’ancien langage ; arnache (tromperie) descend en droite ligne du verbe karnacher (tromper); copain (compagnon) de compaing. Estrangouiller (étrangler) est un mot de langue romane qu’on devinerait rien qu’en pen- sant au latin strangulare, qu’on prononçait strangoulare, De même, cadenne (chaîne) et pecune (argent) sont des formes presque pures des mots latins catena et pecunia, Lie carle et les pimpions nous rappellent des monnaies historiques, Ici comme plus bas, nous citons quelques exemples seulement, et nous sommes loin de tout donner. II. SUBSTITUTIONS, Les substitutions,— qui consistent à remplacer un mot par un autre pris arbitrairement, — composent une classe considérable, formée par divers procédés dont les conceptions, bizarres au premier abord, finissent par sembler beaucoup plus raisonnées qu’on ne se le figure, rr Il y a les substitutions du mot qui représente la partie au mot qui représente le tout : cadran pour montre.… Les substitutions de l’effet à la cause : casse-gueule pour bal; pitroux pour pistolet, muse- cien pour haricot, pleurant pour ognon, rude pour eau-de-vie..... Les substitutions de la fonction : avaloir pour gosier, palpitant pour cœur, pique en terre pour poule, fauchant pour ciseau, raclette pore patrouille, cabe pour chien, fourne autour pour tonnelier, foguante pour montre... Il y ales substitutions de Taspect : 4 ouée pour dentelle, moricaud pour broc de vin, bleu pour vin, noir pour café, prune de monsieur pour évêque. DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN Une variété de substitutions non moins intéressantes est celle des analogies, Les analogies sont ou animales, ou végétales, ou matérielles. Presque toujours ironiques, les analogies animales ne respectent rien. Avant Grandville, elles ont signalé tout ce qui pouvait leur offrir quelque prise dans le roi de la création. Nous le montrerons tout à l'heure, en parlant des rapports de l’argot avec nos mœurs. Si de la description de l’homme, on passe à la désignation des types, on trouve le sot repré- senté par le daim et le dindon ; le niais, par le serin, le buson et le blatreau ; l’avare, par le chien ; l’inconstant par le papillon; le méchant par l’aspic ; l’agent secret, par la mouche ; l’usurier par le vautour; le pingre, par le rat; le superbe, par le lion, le misanthrope, par l’ours ; l’homme emporté, par le cheval; le bon compagnon, par le lapin ; l’homme arriéré, par l’huître et le mollusque ; la femme légère, par la biche, la cocotte ou le chameau. Le castor, le canard, la bécasse, le merlan, l’ourson, le veau, la vache, le tigre, le loup, la couleuvre, la chatte, la vipère, le cloporte, la dhouetle, le crapaud, la grenouille, viennent encore à la file. La sangsue, le phénix, l'âne et la mule sont classiques et nous les rappelons pour mémoire. On connaît enfin le rôle que jouent mon chat, mon chien, mon bichon, ma bichette, mon canard, ma poule, mon rat, dans le vocabulaire de l’amitié, et aux oiseaux, dans celui de l’admi- ration. Non moins remarquables sont les termes de comparaison demandés au règne végétal. La dent gâtée est un clou de girofle, et la perruque est un gazon; le chiendent symbolise la difficulté ; le cœur d'artichaut, l’inconstance ; les pruneaux sont la mitraille ; les noyaux, l’ar- gent ; la pelure est l’habit; la cologuinte, une tête énorme ; le cornichon, le melon, le canta- loup désignent un niais d’air biscornu, à dehors épais. L'homme sans consistance est une fenasse ; le prête-nom, un homme de paille, et le dédaigneux fait sa poire. Le chou entre dans la composition de six mots d’acception différente. On sait ce que veulent dire tirer wne carotte, et donner une giroflée à plusieurs feuilles, Les navets et les nèfles jouent un grand rôle dans les refus. Mon trognon est amical. Les pommes, les petits ognons et les truffes fournissent trois expressions aux gens satisfaits — Enfin il y a /agots et fagots, et la fashion a sa fleur des pots. Les analogies prises dans le monde matériel s’attaquent à tout indistinctement. Dans la maison, elles font d’une capsule ou d’un tuyau de poêle, votre chapeau ; des pancettes, vos jambes ; d’une salière, votre creux d’épaule; d’une fourchette, votre main; d’une anse de panier, vos bras. La pioche est le travail : la scie, une mystification ; le raisiné, du sang; la dragée, une balle. Avec tout ce qu’on a demandé de comparaisons à la musique, on pourrait composer un grand orchestre : musette, quimbarde, flageolet, trompette, tambour, cornet, gui- tare, harpe, flûte, sifflet, grosse caisse, Cela ne vous semble-t-il pas complet ? Dans cet ordre DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN, 5 de choses-là, on peut aller encore bien loin. Seulement, prenez garde aux tuw:les en sortant, et méfiez-vous des ficelles / III. MODIFICATIONS. Les modifications des mots obéissent visiblement au désir de ne pas étre compris par un importun. C’est un français de convention. La première syllabe de chaque mot reste généra- lement seule intacte ; les autres sont modifiées de la façon la plus arbitraire. Ainsi dit-on crebler pour crier, connobrer pour connaître, coltiger pour colleter, valtreuse pour valise, insolpé pour insolent, encible pour ensemble, galuché pour galonné, baluchon pour ballot..... : Les uns affectionnent la désinence AR ou MAR : guichemar (guichetier), épicemar (épi- cier), arpagar (arpagon)..... Les autres tiennent pour le MONT, et disent ÿ#/mont (gilet), brigmon (briquet), cabermont (cabaret), promont (procès), paquemont (paquet)... Ceux-là sont à l’ANCHE : boutanche (boutique), préfectanche (préfecture). Ceux-ci sont à l'IN : madrin (madré), paquecin (paquet), burlin (bureau), orphelin (orfévre)..... L’o est en faveur : cigo (ici), Versigo (Versailles), Pélago (Pélagie), sergo (sergent de ville), tringlo (soldat du train), moblot (mobile), ?nvalo (invalide), exeuso (excusez), labago (là-bas). Demi-stroc (demi-setier), vioque (vieux), pastiquer (passer), ramastiquer (ramasser), sezière (soi), mezières (moi), Arnelle (Rouen), C'anelle (Caen), offrent d’autres variétés du genre, Rococo (rocaille) est un des rares exemples à citer en dehors du peuple. Quelquefois, mais très-rarement, on dénature aussi la première syllabe, en ne laissant sub- sister de l’ancien mot que les consonnes initiales, Exemples : trèfle (trou), trèpe (troupe), La Mine (Le Mans), Brutus (Bretagne). Mais c’est exceptionnel. Dans le chapitre des Modifications, n'oublions pas les patients qui soumettent leur parler à un procédé de modification uniforme. Tels sont ceux qui parlent en /em et qui disent lonbem pour bon, Ceux qui parlent en luch diront lonbuch. Ceux qui parlent javanais diront bavon. — Et ainsi de suite pour tous les mots possibles, Mais ces modifications qui vous rendent inintelligible pour les profanes (si elles sont exé- cutées rapidement), ont l'inconvénient d’allonger démesurément la phrase, ce qui est un grand obstacle à leur popularité. Les abréviations, qui sont aussi des modifications de mots, sont plus faciles à reconnaître, Sauf deux (cipal pour municipal, et croc pour escroc), elles portent sur les finales, Voici des exemples presque tous bien connus : Autor (ité), — achar (nement), — aristo (crate),—bac (carat), — bénéf (ice), - - cabot (in), can (on), — champ (agne), — comm (erce), — consomm (ation), — démoc (rate), — émos (ion), — dégui (sement), — es (croc), — estom (ac), — from (age), — job (ard), — lansq (uenet), — liquid (ation), — méphisto (phélétique), — occas (ion), — paf (fé), — pante (inois), — perpette (uité), — photo (graphie), — poche (ard), — réac (tionnaire), - rata (tonille), — sap (in), — topo (graphique), — typo (graphe), — zouzou : zouave (celle-ci est redoublée)..... IV. HARMONIES IMITATIVES, Considérons un moment comment I’harmonie imitative préside 4 la création de certains 6 DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. Fanffe et fonfe (prise) simulent bien le reniflement du priseur ; bouis-bouis (polichinelle) imite le cri de la pratique ; cr2-eri celui du grillon ; frou-frou rend le bruissement de la soie ; faffe, celui du billet de banque ; foquante rend le toc-toc de la montre en marche ; fric-fracle bruit produit par une effraction; gilbocq celui de la bille qui va en frapper une autre en rou- lant sur le tapis du billard ; brangue rappelle le braîment de I'dne; foc rappelle le son mat du doublé ; tam-tam et fla-fla font une allusion retentissante aux coups de grosse caisse et aux coups de fouet dont ne sauraient se passer ceux.qui abusent de la réclame et ceux qui aiment à faire grand bruit. Humble et doux au contraire est le bruit de la larme qui dégouline le long de la joue, Dégouline… On croit presque l’entendre tomber. V. JEUX DE MOTS, Oui, le calembour lui-même s’en est mêlé, et de bonne heure encore. Auber (argent) n’est qu’un calembour du moyen âge, temps où la maille était une monnaie, et où le haubert était une cotte de mailles, — Avoir de l’aubert, c’était donc être couvert de mailles, ou d'argent si vous aimez mieux. — Ne disons-nous pas encore d’un enrichi : 71 est couvert d’or? Comme jeux de mots nécessitant moins d’explications, citons l'habillé de soie (cochon), le cloporte (portier), le pendu glacé (réverbère), la salade (réponse), le billet de parterre (chute), le numéro 100 (latrines), le tèrant radouci (bas de soie), la fièvre cérébrale (accusation entraî- nant la perte de la tête), l'amendier fleuri (régisseur de théâtre, chargé des amendes), le mon- seigneur (fausse-clé), devant lequel s'ouvrent toutes les portes, On peut encore rattacher indirectement à la classe des jeux de mots, quelques anagrammes comme linspré (prince), nibergue (non, bernique), sans oublier arsowille, dans lequel nous avons retrouvé le souëllart (art-souille), qui, au moyen âge comme aujourd’hui, avait absolu- ment le même air canaille. à VI. SOUVENIRS. C’est une classe importante que celle des mots formés par nos souvenirs, Ils sont de tout genre et de tout âge : historiques, politiques, dramatiques, littéraires. Bazar, smalah, razzia, fourbi, gourbi, mazagran, sont par exemple des produits de nos con- quêtes d’Afrique. Comme Cavour, Bolivar et Morillo, Garibaldi introduit la politique dans le domaine de la chapellerie. Antony, Bertrand, Macaire, Demi-monde, Camélia, Benoîton, Calmo, témoignent de l'in- fluence du théâtre moderne. Du théâtre ancien nous avons conservé Basile, Tartufe, Polichinelle, Arlequin, Carline et Pierrot. Victor Hugo a produit pour sa part Pieuvre, Gavroche, Quasimodo, Mayeux et Chauvin rappellent les gloires de la caricature. A la mythologie on peut renvoyer Pallas, C'erbère et Cupidon, Faire sa Sophie est de l’hellénisme pur. Aux temps bibliques remontent Balthazar, Philistin, faire son Joseph, putipharder ; — à l’antiquité remontent Laius, Romain, Bucéphale. À la politique nous devons gauche, droite, voltigeur de Louis XIV, frère et ami, démoc-soc, aile de pigeon, centre et juste-milieu, ventru et satisfait, communeux et communard, purs et pourris, blancs et rouges, badinguiste, henriquinquiste, gambettiste, thiériste… Et Dieu sait ce que nous lui devrons encore ! - w DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. VII. IMPORTATIONS. L'argot a toujours pratiqué sobrement le libre-échange, sauf toutefois dans le Sport, qu’on peut considérer comme une colonie anglaise (V. dandy, turf, rider, betting, ring, handicap, flirtation, cab, racer, four in hand, mail coach, et une foule d’autres). L’industrie a subi depuis longtemps cette influence étrangère. Le journalisme lui-même paraît trouver plus drôle de dire racontar que racontage, et reporter que chroniqueur. Dans ces nobles étrangers, on reconnaît de temps à autre de vieux Français qui ont conquis les Saxons avec les Normands de Guillaume. Entre notre funnel de chemin de fer et notre tonnelle de jardin, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille. Le mess de nos officiers est aussi de gauloise origine. Les Italiens, amis des arts, nous ont donné brio, piano, rinforzando, in petto, in fiocchi, a giorno, bravo, bravi, brava! ete, ete. Mais que les langues vivantes ne nous fassent pas négliger les langues mortes ! L’argot a aussi sa classe de latin. Æ'# ce n’est pas dommage, comme on dit à Belleville et autres lieux où le quebus jouit de la considération qu’il mérite. , Aussi avons-nous recueilli avec respect les latinismes qui ont le plus cours, II. — Les richesses de l’argot. Nous venons de montrer comment l’argot était beaucoup moins un langage composé de mots nouveaux, que d’interprétations nouvelles de mots connus déjà. Si la matière n’est pas neuve, il faut du moins reconnaître qu’elle rachète ce défaut d’origine par des qualités d’originalité puissantes. L’abondance, la variété et, disons-le bien, la préci- sion de beaucoup de termes ne sauraient s’imaginer. S'agit-il, par exemple, de suivre tous les degrés de la soulographie, remarquez la progres- sion parfaite indiquée par les quarante termes qui suivent, dont nous avons justifié l’existence par de nombreux exemples, et qui, sans rentrer l’un dans l’autre, ont leur signification propre. -- Chacun indique, dans l’état, une nuance. Au début, nous rencontrons les huit verbes : être bien, avoir sa pointe, être monté, en train, poussé, parti, lancé, en patrouille. . Un peu plus loin, nous voyons l’homme légèrement ému ; — il sera tout à l’heure attendri, il verra en dedans, et se tiendra des conversations mystérieuses. Cet autre est éméché; il aura certainement demain mal aux cheveux, ‘ Pour dépeindre les tons empourprés par lesquels passera cette trogne de Siléne, vous n’avez que la liberté du choix entre : feinté, allumé, pavois, poivre, pompette, ayant son coup de soleil, son plumet, sa cocarde, se piquant ou se rougissant le nez. De la figure passons à la marche. — L'homme ivre a quatre genres de port qui sont tous également bien saisis, Ou il est rade comme la justice et laisse trop voir par son attitude forcée combien il lui en coûte de commander à la matière ; Ou il a sa pente (ce qui arrive souvent quand on est dans les vignes), et il croit toujours que le terrain va lui manquer ; Ou il /estonne, brodant de zigzags capricieux la ligne droite de son chemin ; Ou #/ est dans les brouillards,… tâtonnant en plein soleil, comme s’il était perdu dans la brume, Attendez dix minutes encore; — laissons notre sujet descendre au dernier degré de l’ivresse et vous pourrez dire indifféremment : 11 est gavé, plein, complet, bu, pion, rond comme une balle, humecté, pochard, casquette, il a sa culotte, son casque, son toquet, son sac, son affaire, J 7 8 : DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. son compte, soûl comme trente mille hommes, il en a jusqu'à la troisième capucine, — Ce n’est plus un homme, c’est un récipient plein à déborder. Presque aussi riche est le vocabulaire des veies de fait, — une des conséquences ordinaires de l’ivresse, Plus riche encore serait celui du libertinage, s’il était permis de franchir des limites que nous avons scrupuleusement respectées, tout en usant du droit qui sauvegarde toute recherche sérieuse. ; Voici quelques-unes des phases les plus intéressantes de la batterie Avec la peignée, on se prend aux cheveux, on se crêpe le toupet, on se fombe sur le poil, On se croche ensuite en s'empoignant à bras-le-corps ou en se passant la jambe. L’enievée, la valse, la tournée et la danse sans violons, décrivent les mouvements précipités de la lutte. ° Avec la dégelée, la torchée, l'étrillage, la brossée, la frottée, la brûlée, on a l’épiderme bien échauffé ; il est endolori après une raclée. La rossée vous sangle comme un cheval rétif ; la trempe, la trempée et la rincée vous tordent comme du linge à la lessive. Avec la cuite, il vous en cuira longtemps. Si l’adversaire vous tombe, gare à la roulée, à la trépignée, à la tripotée, à la pile, au travail du casaquin ! vous êtes à sa merci. Il vous pétrira de coups. Encore une seconde, ct vous voilà en compote ou démoli, — Tant pis si vos os ne sont pas numérotés, Il n’y aura plus moyen de les mettre en place. Notez que, contre tous ces termes, le langage du monde n’en a pas un seul qui exprime la même idée d’un seul mot. Et cen’est point là seulement que nous retrouvons une variété significative de synonymes. Prenons boule, ou balle, ou coloquinte, ou calebasse ! c’est la tête plus on moins ronde, Avec binette, trombine, facies, frime, frimousse, ily a quelque chose de nouveau : nous voyons se dessiner la physionomie. La sorbonne et la boussole désignent le cerveau qui conçoit, raisonne ct dirige. Le caisson a été fait tout exprès pour représenter le crâne éclatant à Pheure du suicide. La tronche montre la tête tombant sous le couteau de la guillotine. De la tête passons à la jambe : grosse, c’est un poteau; ordinaire, c’est une quille ; mince, c'est une flite, un cotteret, un fumeron, un fuseaw, un échalas ; plus mince, c'est une prncette, une jambe de coq ; plus mince encore, c'est un fil de fer ; tremblante, c’est un flageolet. Les jambes du danseur sont des gegues ou des gambilles; celles du marcheur forment un compas, une équerre. Cette finesse, cette précision se trouvent jusque dans les diverses manières de dépenser son argent. Le prodigue douille, la dupe casque, l'homme qui veut imposer la confiance éclaire, l’économe s’allonge, l’avare se fend jusqu’à s’écorcher, et cependant il est large... des épaules. La mort elle-même semble vouloir prêter un verbe à chaque état. Le pilier de café dévisse son billard, le cavalier graisse ses bottes, le bavard avale sa langue, le chiqueur pose sa chique, le fumeur casse sa pipe, l’apoplectique claque, le troupier reçoit son décompte, descend la garde, passe l'arme à gauche ou défile la parade, le pauvre perd une dernière fois le guûl du pain, l’agonisant tourne de l'œil, l'homme frappé à mort sue le sang, le Parisien, toujours logé haut, lâche la rampe. Mais il n’en faut pas déduire que l’idiome dont nous nous occupons soit facile à posséder. J - J 7 DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. 9 MN L’ABSINTHEUR Il fourmille, on l’a vu, de nuances faciles à comprendre, mais dont la distinction demande un certain acquis. Ainsi, déjà usité comme mot d’amitié, cocotte se dit ou d’un cheval, ou d’une femme, ou de deux affections très-différentes. Battant veut dire à la fois neuf, langue, cœur ou gosier, Plomb signifie gosier, gaz ou maladie, Blague a sept significations si différentes, qu’on peut y voir ou de la facilité d’élocution, ou une conversation spirituelle, ou un mensonge. Chic présente autant de sens non moins contradictoires. —Appliqué au crayon d’un artiste, il est un brevet de banalité ou de distinction. Il ne lui faut, pour cela, qu’être précédé ou de avec ou de de. — Il fait tout avec chic est un éloge, à fait tout de chic est une critique très-sensible. Faire a de même six acceptions ; ficher en à huit, — Chien entre dans la composition de Dictionn, de l’argot parisien. Live, 2, al 10 DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. neuf mots. — OF:l en forme douze. — Chose peut signifier indifféremment dignité ou indi- gnité. — Paumer veut dire prendre ou perdre. — Bachot s'applique indifféremment à un examen, à un candidat, à une institution, — Extra représente ou un repas, ou un invité, ou un domestique, TV. — Ses rapports avec les mœurs, Dans l’argot plus que dans tout autre langage, certains termes caractérisent un ordre d’idées, d’habitudes, d’instincts. Ce n’est qu’un malfaiteur qui a pu appeler le premier cafarde la lune voilée, et moucharde la lune brillante, qui encore a pu nommer coulant ou collier la cravate avec laquelle il vous étranglera an besoin, 11 a besoin de ses yeux, — On le devine en voyant qu’il les appelle ardents, reluits, clairs, quinquets et mirettes. 3 Que d'images il a trouvées pour répondre au verbe Assassiner : — faire suer, refroidir, dé- molir, rebâtir, connir, terrer, chouriner, expédier, donner son compte, faire r affaire, capa- huter, escarper, butter, coucher... Il semble n’avoir pas trop de yethed quand il s’agit d’exprimer une fuite : se la briser, se la casser, s'évanouir, se déguiser en cerf, se pousser de l'air, s’esbigner, se cavaler, se la courir, se la couler, tirer sa crampe, se cramper, lâcher, décarer, décaniller… Et quels noms significatifs décernés aux agents chargés de réprimer ses méfaits! Par balaz, cogne, racle*'e, raille, pousse et grive, il entend : Le gendarme qui balaye ou rencogne, à patrouille qui racle, l’agent qui éraille ou pousse, le soldat qui grève. Par ure exception bizarre, il a mêlé les idées de cuisine et de dénonciation. Lihomme qui le dénonce à la police est un cuisinier, un coqueur (maitre coq), une casserole; il casse du sucre, 71 se met à table, tl mange le morceau. S'il est arrêté, il dit qu’il est servi, Serait-ce parce qu’il se voit déjà fambé, cuit, fumé, frit, fricassé, rôti et brûlé par dame Justice ? La fréquence des équivalents indique mieux que toutes les statistiques morales, la place tenue par certaines passions, Niera-t-on que le peuple français soit susceptible d’enthousiasme en Foyint tous les syno- ‘nymes qu’il a trouvés aux mots bon et beau? — Chic, chicard, chicandard, chouette, bath, rup, chocnosof, snoboye, enlevé, tapé, ça, superlifico, aux pommes, numéro 1, aux petits oùgnons! etc. — Si on n’est pas content, ce n’est point parce qu’on manque des moyens de le dire. | Etl’argent, n’occupe-t-il pas dans le néologisme autant de place que dans les transactions de ce bas monde ? — Nerf, os, huile, beurre, graisse, douille, rond, cercle, bille, jaunet, roue de devant, roue de derrière, braise, thune, médaille, face, monarque, carle, philippe, métal, dale, pèze, pimpion, picaillon, noyaux, sonnette, cigale, quibus, quantum, sit nomen, cuivre, mitraille, patard, vaisselle de poche, sine quâ non, etc. Le manger et le boire, — le boire surtout, — ont à leur disposition une légion de syno- nymes. Le manger : béquiller, becqueter, tortiller du bec, chiquer, taper sur les vivres, pitan- cher, bouffer, etc. Le boire : étou/}er, siffler, flûter, renifler, pomper, siroter, licher, biturer, se rincer l'ava- loire, la dalle, le cornet, la corne, s'arroser le lampas, se pousser dans le battant, s’humec- ter, pictonner, tuer le ver, chasser le brouillard, etc, ete. DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN, ~ Le vin : picton, nectar, ginglard, ginglet, briolet, bleu, blanc, ete, Et l’eau-de-vie ! Combien de petits verres dans. ces mots : (rois-six, fil en quatre, dur, raide, rude, crik, chenique, schnapps, eau d'aff, sacré chien, goutte, camphre, raspail, jaune, tord-boyaux, casse-poitrine, consolation, riquiqui, eau de mort! Et pour l’absinthe,"cet autre poison, n’a-t-on pas inventé autant de noms que de manières de le préparer? : Apres la satisfaction des besoins matériels ou Iexpression d'une gaieté raillense, les miséres et les laideurs de cette vie sont largement, exclusivement, représentées, Chose remarquable ! On trouve vingt mots pour montrer le niais, la dupe ou le fripon ; — il n’y en a pas un pour dire : voici un honnête homme. La femme digne d’estime est inconnue ; — celle qu’on affecte de mépriser se trouve sous le coup d’un déluge d’injures. Enfin la somme des négations est énorme, et il n’y a pas une seule affirmation positive, Les moralistes pourraient tirer de cette inégalité des conclusions désolantes. De même, c’est un marlou, c’est un filou, se disent aussi bien d’un homme rusé que d’un souteneur ou d’un voleur. Avoir du vice, c’est avoir l'esprit ingénieux. Ces assimilations dégradantes en disent long sur le danger dans lequel se trouvent trop de consciences, L’admiration même se trouve, sur ce terrain scabreux, tout imprégnée de je ne sais quelle brutalité. — On n’arrive à l’affirmation de la qualité que par la négation du défaut. On ne dit pas : je suis bien fait, on dit: je ne suis pas déjeté ; on ne dit pas : je suis beau, on dit : je ne sus pas déchiré ; on ne dit pas : je sus jeune, on dit ; je ne suis pas trop piqué des vers — Vous êtes fièrement brave, rudement bon, se disent avec la plus douce intention du monde, Un dis- cours éloquent devient un discours tapé; une scène émouvante vous enlève, vous empoigne; une belle action épate le public. On dit d’une œuvre banale : Cela n’est pas méchant, cela ne mord pas. Le travailleur est un piocheur et le zélé est un féroce, Aussi, comme on s’animalise ! Votre peau, c’est du cuir, de la couenne; votre bras, un a’le- ron; vos pieds et vos mains des ergots ou des paturons, des abattis, des pattes, des arpions ; votre visage, un mu/fle; votre barbe, une bouquine; votre bouche, un bec, une gueule; vos cheveux, des crins ; le bas de votre échine est un croupion. Vous ne mangez pas, vous becquetez, vous béquillez, vous tortillez du bec, et votre estomac est une bauge. En toute justice, cependant, on ne saurait traiter avec une sévérité absolue l'élément popu- laire qui sert de base aux observations précédentes, Comment le peuple se piquerait-il de délicatesse en son langage ? Le labeur de chaque jour ne lui laisse apprécier que la satisfaction de ses gros appétits. Aussi, ne nous éfonnons pas en voyant ses néologistes si brutaux. Ces rudes chercheurs ont fait des mots accentués comme leurs ragoûts favoris et faits pour traverser les palais plébéiens que n’effraient pas les fortes épices, : Si on veut donc bien ne pas se choquer de la rusticité de cette forme, l’étude de l’argot pari- sien fera découvrir, au degré le plus éminent, certaines qualités de couleur. Comme il est bien nommé brutal ce canon qui, après avoir /grondé de sa grosse voix, cul- bute tout sans dire gare ! Et béguin, cet amour terrestre qui vous isole au milieu de la vie mondaine avec les extases du cénobite ! Combien les mots richesse, crédit, fortune paraissent fades à côté de cette annonce ma- gique : lla le sac! — Il a le sac, c’est-à-dire ses écus sont en tas sous sa main ; d’un geste, il peut rouler à vos yeux ces belles espèces sonnantes,. - 12 DICTIONNAIRE DE L'ARGOT PARISIEN. & Nous avons dit que l’argot forgeait en réalité peu de mots ; — ce sont des acceptions nou- velles qu’il invente de préférence. Parfois ces sortes de travestissements sont plus raisonnés qu’on ne se le figure. Ainsi, pour n’en citer qu’un, — foguante, ognon ou cadran sont bien plus expressifs que montre. Toquante fait allusion au mouvement de l’objet (toc, toc); ognon, à sa forme ; cadran, à la figure tracée sur sa paroi. Ces synonymes offrent l’avantage'd’une allusion directe à la chose ; ils se gravent mieux dans la tête, tandis que montre est, pour la mémoire des simples, beau- coup plus énigmatique. — Cet exemple est loin d’être le seul, mais il suffira, je l’espère, pour affirmer les tendances mnémotechniques de l’argot. Selon nous, il doit être aussi beaucoup pardonné aux licences du langage populaire, en raison de la souffrance, de l’amertume profonde, que décèlent ses termes. Ainsi la plèbe parisienne a trouvé un nom saisissant pour désigner certains quartiers où la misère a fait élection de domicile ; elle les appelle quartiers souffrants. Je me rappellerai toute ma vie le jour où j’entendis prononcer ce nom pour la première fois. C’était en omnibus. Le conducteur, un gai compagnon, égayait de son mieux la monoto- nie du devoir qui l’obligeait à décliner tout haut le nom de certaines voies. À l’instant où son véhicule quittait la sombre rue des Noyers pour traverser la place Maubert, autour de laquelle rayonnaient alors vingt ruelles noirâtres où grouillait la plus misérable population, — voilà notre homme qui s’écrie : « Place Maubert, rue Saint-Victor, Panthéon! Il n’y a personne pour le quartier souffrant? »— Et une pauvre vieille hâve, déguenillée, se dressa péniblement et descendit à cet appel comme une justification vivante de l'épithète . C’est, dans le même esprit, qu’on a trouvé des expressions presque gaies pour des choses lugubres. Un faubourien qui se casse la jambe dira par crânerie : C’est un détail. Une femme abandonnée par celui qu’elle aime, dira, en étouffant ses sanglots : (‘a n'est pas drôle, ce qu'il a fait la. Vous pouvez d’ailleurs leur prêcher la philosophie, à tous ces pauvres diables ; ils connais- sent le mot, ils l’ont pris pour synonyme de mësère. Quelle haute ironie ! Ils ont même dé- coré leurs savates du titre de philosophes. Peut-on mieux montrer, — je vous le demande, — la théorie foulée aux pieds par la réalité ? Les synonymes significatifs de dur, raide, rude, trois-six, tord-boyaux, casse-poitrine, di- sent assez que, si les malheureux en sont venus à nommer consolation un verre d’eau-de-vie, ce n’est pas à cause de sa douceur. Ce n’est pas la boisson en elle-même qu’ils recherchent, car ils en connaissent les tristes effets; c’est un étourdissement momentané, c’est une consolation fictive. Et la pipe, cet autre palliatif non moins populaire, y a-t-il une seule des cent satires rimées ou non rimées faites depuis cinquante ans contre son abus, qui vaille tout le sens critique de ce seul mot : — brüle-gueule ? N'être pas méchant et ne pas mordre sont également deux expressions cousines qui valent un livre sur le moyen de parvenir dans ce monde mêlé. Vous voulez arriver, faites-vous craindre! — N'être pas méchant, ici, est être bête. Le naïf qui ne mord pas, qui n’est pas méchant, reste sans valeur aux yeux du prochain. Avoir du vice n’est pas un défaut chez nos argotiers, c’est être ingénieux. Si vous avez du vice, vous saurez exploiter ceux des autres, C’est une garantie d’avenir. A ” DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. 13 V.— Notre méthode. Cette édition présente, à exemple de ses ainées, des remaniements et des additions consi- dérables. Comme tous les sujets mal définis, celui dont nous nous occupons était difficile à bien trai- ter du premier coup. Les curieux assez patients pour comparer ce volume aux précédents, verront que nous n’avons cessé de chercher des définitions courtes et une explication naturelle des causes qui ont déterminé l’emploi de chaque terme. Les exemples font notre grande force. — Aussi sont-ils aussi multipliés et aussi variés que possible. Sans leur aide, on ne se ferait pas idée du mot, si bien expliqué qu’il fût. Nous y avons joint des dates toutes les fois qu’elles étaient utiles pour constater l’ancienneté d’un mot, ou le moment précis auquel il avait eu cours, car beaucoup de mots ne durent guère plus que la mode avec laquelle ils sont éclos, Le désir naturel de recueillir le plus possible ne m’a pas conduit cependant à donner comme ayant cours des mots qui ne sont ni de l’argot, ni du néologisme comme averndre pour atteindre, avesprir pour faire nuit, avertineux pour difficile à vivre, amicablement pour amicalement ; destrier, palefroi où coursier pour cheval; golgother pour poser en martyr, ou [unérailliste pour partisan de Vacquerie, etc, ete. Nous citons ces mots parce qu’on les a donnés dernièrement dans des publications s’annonçant plus complètes que la nôtre. Les uns rentrent dans la cacographie, les autres sont des caprices individuels qu’un dictionnaire sérieux ne saurait admettre. Autrement, cent tomes ne lui suffiraient pas, Ce qu’il lui faut, c’est le mot de tous et non celui de chacun. À ce point de vue éssentiel, l'exemple nous a paru encore le meilleur moyen de contrôle et de justification, le passeport de tout néologisme. Nous avons rejeté sans hésiter les mots dépourvus de sa sanction qui ne paraissaient pas avoir réellement cours. Ces derniers sont moins rares qu’on ne le croirait ; ils ont été acceptés par plus d’un auteur qui a cédé à la fantaisie de mettre en circulation un mot nouveau, ou qui a pris lui-même au sérieux la fan- taisie de ses devanciers, ou qui surtout a désiré paraître en donner plus qu’eux, Tout à l'heure j'attribuais à ce dernier motif la présence des mots relativement imagi- naires, Je sus forcé de lui attribuer de nouveau la présence de mots trop connus, tels que déconfiture, dégaine, dégingandé, déchanter, dégringolade, démantibuler, démonétiser, déta- ler, dévergondée, donzelle, ete, ete, introduits dans des livres récents qui affichent la préten- tion de révéler l’argot du peuple et des bourgeois. À ce compte, le Dictionnaire de l’Aca- démie serait un recueil argotique, car il donne ces faux irréguliers que nous ne nous sommes pas donné beaucoup de peine pour relever dans une seule lettre. On jugera par là du reste. En ce qui nous regarde, nous avons collationné avec soin notre texte avec celui du livre académique et nous n’avons pas hésité à sacrifier tout double emploi. Le dictionnaire de l’Académie a fait, en effet, la part fort large au langage familier. Nicodème, croûte, pigeon, filou, lui appartiennent. On y trouve même : Je m'en bats l’œil ! Et, puisque nous venons de parler de l’Académie, croirait-on que de pisiondus argotiers révélateurs ont, après Vidocq, donné arche de Noé comme signifiant Académie française dans le jargon des voleurs? Arche de Noé me paraît, comme (our de Babel (Chambre des députés), inventé par des mystificateurs qui ont été bien aises de railler l’Institut et le Corps législatif en essayant de représenter, comme étant dans la circulation, les mots qu’ils désiraient y glisser, En ce cas, ils n’ont pas trop présumé de leurs imitateurs. Non-seulement on les a reproduits, mais on a continué leur tradition inventive, en donnant comme synonymes d’académicien, Se 14 DICTIONNAIRE DE L'ARGOT PARISIEN. - dans la langue du peuple parisien, les mots enfant de la fourchette, mal choisi et cul à fauteuil, que le voyou le plus inventif n’a jamais soupçonnés, Ici, nous sortons du domaine de la lexicographie, qui doit produire, avant tout, des livres de bonne foi: Nous tombons dans la farce. : De tels dictionnaires se moquent du public qu’ils prétendent instruire, et qui, une fois éclairé, n’ose plus même accepter d’eux ce qui est acceptable. Je n’ai pas voulu non plus spécialiser, c’est-à-dire borner l’usage de tel mot à une classe plutôt qu’à une autre. Il en est, et c’est le plus grand nombre, qui sortent de toutes les bouches et qu’on ne saurait attribuer aux unes plutôt qu’aux autres. — Où, pour citer un exemple, entre cent, ne dit-on pas blague et blaguer ? Où ne dit-on pas chie ? - D’autres portent avec eux un cachet d’origine suffisant. Tel mot sent a, comme tel autre sent le voleur ou l’artiste. : , Il n'est pas besoin d’annoncer que blaireauter (peindre avec trop de fini) vient d’un atelier de peinture, et qu’accrocher (consigner) sort de lacaserne, — cela va de soi, —tandis que faire le poivrier (voler un ivrogne) sent son grinche d’une lieue. En spécialisant, on reste fatalement au-dessous de sa tâche. Chaque corps de métier, chaque atelier, chaque collége, chaque café, chaque quartier à son petit argot à lui. Si vous donnez l’un, il faut les donner tous. Vous vous noyez alors dans l’infini et dans le puéril. Si vous donnez l’argot des marbriers de cimetière, comme l’a fait un lexicographe de notre temps, pourquoi ne pas donner celui des marbriers de cheminée, des praticiens, des sculpteurs, des carriers des Vosges ou des Pyrénées ? C’est pour cela que nous avons tenu, autant que possible, à ne prendre que des mots déjà imprimés n’importe où, dans le gros livre comme dans la chanson des rues (1). L'exemple a encore un grand avantage : c’est d’offrir une base certaiñe à la recherche de l’étymologie et de vous débarrasser des anecdotes douteuses qui ont pullulé en ces derniers temps sous prétexte d’éclaircir certaines origines. C’est ainsi que Joachim Duflot, — qui était un grand fabricant de ce genre, — à propos de /aver (vendre), met en scène le vaudevil- liste Théaulon et sa blanchisseuse qui n’ont évidemment rien à y voir, car une citation du dictionnaire de Dhautel, qui date de 1808, prouve que l’expression, déjà populaire alors, était antérieure à Théaulon. - - Pour expliquer expression avoir son jeune homme (être gris), le même auteur a imaginé je ne sais quelle histoire de Lepeintre jeune se grisant à des repas offerts par un jeune homme ami des artistes. Malheureusement avoër” son jeune homme s'explique beaucoup plus (1) Ce cadre était déjà restreint. Nous I’avons restreint encore en nous bornant à Paris. La tache elit été bien plus grande sans cela. Chaque province a son argot et celui des canuts lyonnais défrayerait à lui seul un volume aussi gros que lé nôtre. M. H. Nazet n’écrivait-il pas dernièrement à l’ Éclair, pour lequel il suivait à Lyon les débats de l'affaire de la rue Grôlée : « Rién de typique comme l’argot canut. « MM. les tisseurs ont transporté dans la vie privée le langage de leur profession; c'est un parler étrange qui ne manque pas de pittoresque. « Quand une affaire est difficile, on dit qu’elle fwre au peigne, expression qui provient de ce qu’elle se dit lorsque la soie ne passe pas facilement dans le peigne du métier et que le travail est dur. « Tenir tirant est une autre formule, qui se traduit assez bien par « s’entêter ». On tient tirant, au métier, pour empêcher la soie d’être trop serrée. « Enfin, une dernière phrase, toute pittoresque, dérive de ce que, quand la chaîne devient claire sur le rouleau et laisse voir le bois, au moment où la pièce touche à sa fin; le canut dit alors que son rouleau rit de derrière, et applique cette Formule au monsieur qui perd ses cheveux, « — En voici un dont le rouleau rit de derrière! « J'en passe des meilleures. » - = DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. naturellement quand on sait qu'un jeune homme est une mesure de capacité contenant quatre litres. Et ainsi de beaucoup d’autres que nous aurions citées, si c’était ici une œuvre de critique. I argot des classes dangereuses est, comme dans notre dernière édition, confondu avec celui de toutes les autres, Il a fait, de notre temps, le sujet de plusieurs dictionnaires spéciaux. Si nous en avons relevé tous les mots, le lecteur doit être néanmoins tenu en garde contre l’ac- tualité de leur usage, Dans le but de gonfler leur livre, les gens de lettres chargés par Vidocq de la préparation de son vocabulaire y ont glissé tout le vieux jargon de la Cour des Miracles, dont une bonne moitié n’était plus en usage. Tous les glossateurs qui ont suivi n’ont pas voulu donner moins que Vidocq, dans la crainte de paraître incomplets. Si j'ai cédé moi- même à cette appréhension, — qui permet d’ailleurs plus d’un rapprochement utile, — je me suis efforcé d’en prévenir le mauvais effet en donnant à la fin du livre une liste spéciale des mots hors d’usage. Je ne saurais aussi me dispenser de faire remarquer que l’argot des classes dangereuses ne se parle pas en réalité comme on s’est plu à l'écrire jusqu’ici. Se modelant sur des textes argo- tiques, — que je regarde comme des exercices beaucoup plus que comme des reproductions fidèles, — beaucoup de romanciers ont fait parler à leurs personnages un argot trop complet en ce sens qu’il n’y entre pas assez de mots de la langue usuelle. Qu'on le sache bien, nos argotiers ne sont pas si exclusifs, et tout en forgeant des mots de convention, leurs phrases admettent encore 50 pour cent de francais intelligible. Pour ce qui regarde la partie étymologique, nous avons toujours marché avec une pru- dence extrême, préférant en tout ce qui nous paraissait le plus simple, le plus clair ; n’hési- tant pas à corriger au besoin l’opinion émise dans nos précédentes éditions, et à nous abstenir plutôt que d’émettre une douteuse hypothèse + Bien qu’on nous ait reproché le contraire, nous avons fait le moins de science possible, Nous n’avons pas fait dériver archi-pointu (archevêque) du latin archiepiscopus; nous nous sommes contenté de rappeler les pointes de sa mitre. Nous n’avons pas fait venir briolet (piquette) dn latin ebriolus, mais des vins de Brie qui avaient encore en 1820 la réputation un peu acide du Suresnes, Nous n’avons pas non plus avancé qu’avoir son casque (être gris), venait de ce que « li- vresse amène naturellement une violente migraine, celle que les médecins appellent galea, parce qu’elle vous coiffe comme un casque. » Non ! avoir son casque, comme avoir dans le toquet, comme être casquette, nous a paru tout simplement faire allusion à l’état de réplétion de l’individu qui a du vin par-dessus les oreilles, comme on dit encore, c’est-à-dire dans son casque (chapeau), sa casquette ou son toquet. Et cela est si vrai qu’au siècle dernier on disait encore s’en donner dans le casque (1). Si nous venons de faire ressortir le ridicule du latinisme à outrance, on voudra bien nous le pardonner. C’est à peine une représaille. T1 y a dix ans que le coupable essayait de discréditer notre travail en représentant nos étymologies «comme un simple exercice d’imagination ». L'attaque était peu prudente de la part d’un auteur qui nous avait beaucoup trop pris, sans en rien dire, pour avoir le droit de nous reprendre si haut. Et, puisque nous parlons de science, ajoutons que nous avons éliminé de parti pris dans nos explications les dénominations très-françaises, mais qui nous ont paru trop scientifiques, (1) Voir ce mot à la lettre C, - 16 DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. pi Nous avons préféré abréviation à apocope, vieux mot à mot de langue romane, harmonie ümi- tative à onomatopée. On nous excusera en faveur de l'intention. Quand on veut expliquer certaines choses on ne saurait rien ménager pour se faire com- prendre sans effort. VI. — Comment le besoin de ce Dictionnaire s'est fait sentir de plus en plus. Tl est un besoin très-vif et très-répandu que nous appellerons le besoin de savoir ce qui se dit, — par opposition au besoin de savoir ce qui doit se dire, — Ie seul que nos lexiques satisfont généralement. On ne saurait en effet négliger la connaissance de ce qui se dit. — Non pas que nous en recommandions le moins du monde l’adoption ! non pas que nous voulions porter la moindre atteinte au respect de la langue officielle! Mais il est toujours bon de se rendre compte des choses, ne serait-ce que pour les mille nécessités de la vie sociale, à Paris surtout où un puriste pourrait se trouver exposé au risque de ne pas comprendre certains Français. Depuis quarante ans, en effet, l’argot parisien a gagné bien du terrain. Le fameux Vidocq sonna le premier la cloche d’alarme. Son livre les Voleurs contient cette sortie indignée. Bien qu'elle soit signée de son nom, je n’oscrais garantir qu’il en soit l’auteur; mais elle fixe une date, ce qui est l’essentiel : « La langue argotique semble aujourd’hui être arrivée à son apogée; elle n’est plus seulement celle des tavernes et des mauvais lieux, elle est aussi celle des théâtres ; encore quelques pas et l'entrée des salons lui sera permise. » Ceci était écrit en 1837. En 1842, la même remarque était faite par un homme d'esprit, qui était mieux en mesure que Vidocq de suivre les progrès de l’argot dans les salons, Nous vou- lons parler de Nestor Roqueplan. Il constate l’invasion prédite par Vidocq (qui l’a certaine- ment causée, en partie, par le succès de son livre), et il en badine en ces termes ironiques : « Il s'opère depuis quelque temps une révolution sensible de mœurs et de langage... Le langage surtout - a subi d’heureuses altérations, des gallicismes raffinés et polis qui feront pester l’Académie et sourire agréa- blement les femmes élégantes. C’est tout profit pour les gens de goût. » Presque en même temps que Roqueplan, Balzac s'émeut. Mais il prend la chose plus au sérieux. L’argot a séduit son instinct analytique. Il l’admire presque quand il écrit ces lignes: « Disons-le, peut-être à l’étonnement de beaucoup de gens, il n’est pas de langue plus énergique, plus colorée que celle de ce monde. L'argot va toujours, d’ailleurs! Il suit la civilisation, il la talonne, il s’en” richit d’expressions nouvelles à chaque nouvelle invention. » Si les lecteurs doutaient encore de la marche ascendante que nous venons de suivre pas à pas, deux citations nouvelles achèveront de les éclairer. L’une est de 1862, et vient du Figaro. C’est M. A. Morel, l’un de ses rédacteurs, qui parle : « En lisant la nomenclature des termes jadis propres aux conversations du brigandage et de la filouterie, on devine d’une part qu’un certain nombre de ces termes ne subsisteront pas longtemps, et, d’autre part, on aperçoit que beaucoup ont pris droit de cité dans l’usage publie. Quel Parisien, même rangé, même prude, ignore absolument que l’eau d’affe, c’est de l’eau-de-vie; la bou/farde, une pipe; la dèche, les ennuis de la misère; que balle veut dire tête, etc. Où n’entend-on pas ces mots-là ? Les gros railleurs ont com- mencé par s’en servir, pour se donner un air de finesse et de liberté ; mais bientôt ces mots narquois seront comme les doublures naturelles des termes correspondants et peut-être prévaudront-ils? » À 7 DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. 17 LES BAQUETS INSOLENTS La deuxième citation, datée de 1872, nous est fournie par le Paris de M. Du Camp, qui dit à propos de la Préfecture de police : « Les voleurs ont un langage pittoresque, très-imagé… c’est l’argot… Il est de mode aujourd’hui, tant nos mœurs ont subi de dépression, de se servir de ces termes sales et violents. » Tout en constatant l’invasion, on ne cesse pas d’examiner les envahisseurs, et de reconnaître la nécessité de s’édifier au juste sur ce qu’on entend. L'auteur, qui avait constaté ce besoin le premier, était bien plus vieux que Vidocq. Dès 1750, Zacharie Chastelain écrivait dans la préface du Dictionnaire comique de Philibert | Le Roux : | Dictionn, de l’arçsot parisiere Livr, 3. oO DICTIONNAIRE DE I/ARGOT PARISIEN. « Il est bon de se faire des notions claires des choses quand on le peut... Il y a une longue listé de termes populaires qui n’est pas à dédaigner comme elle pourrait le paraître d’abord. Combien de per- ‘sonnes distinguées qui ne sont jamais sorties de la cour ou du grand monde, et qui se trouvant quelque- fois obligées de descendre dans de certains détails avec les gens du peuple, ne comprennent rien à ce qu’ils leur disent ! D Je ne sais si ce fut à cause de l’avertissement qu’on vient de lire, mais ce Dictionnaire comique eut un grand succès. Toutefois, il faut avouer que Le Roux et ses imitateurs (il en eut beaucoup) ne se piquèrent jamais d'approfondir les choses. On donnait le mot, on don- nait sa traduction et on passait bien vite à un autre sans l'expliquer davantage. Il y avait plus à faire, et l’Institut lui-même le reconnut en couronnant le mémoire de M. Francisque Michel sur l’argot. Docteur ès lettres, professeur de faculté, correspondant de l’Académie, le lauréat eut le bonheur d’inaugurer, officiellement pour ainsi dire, une ère nou- velle dans l’étude argotique, Son mémoire parut, en 1856, sous la forme d’un gros volume. intitulé Ærudes de philologie composée sur l’argot, Mais il n’était pas suffisamment connu sans doute, car un autre rédacteur du F:garo, M, Albert Monnier, écrit encore deux ans après : « Il en est de l'argot comme de certaines îles de la Polynésie t on y aborde sans y pénétrer; tout le monde en parle, et bien peu de personnes le connaissent. Nous qui ne sommes ni l’un ni l’autre, et qui ne possédons que notre curiosité pour passe-port, nous avons vainement fouillé les géographies sociales pour nous instruire,, Par-ci, par-là, un voyageur traverse ce Tombouctou parisien, et en ressort la tête farcie de mots bizarres qu’il répète sans les comprendre. » Et, après M, Albert Monnier, un philologue estimé, M. Marty Laveaux, ne craignait point d'encourager les commentateurs futurs en rétablissant leurs droits & la considération des lettrés : ¢ « Quelque mérite qu’on ait, dit-il trés-finement, quelque érudition qu'on déploie, il est bien difficile, en étalant les mots hideux du vocabulaire des forçats, de ne jamais soulever le cœur, et, en rapportant nos lazzis populaires si usés, de ne pas exciter parfois un sourire de dédain; mais quand il ne s’agit plus de notre propre langue, tout change d'aspeot : les expressions repoussantes deviennent terribles, les locutions vulgaires, spirituelles, et l’on est porté à croire, bien injustement d’ailleurs, qu’il faut plus de savoir pour recueillir et expliquer ces termes étrangers que pour commenter ceux qu’on entend répéter chaque jour par les charretiers ou les manœuvres. » VII, — Ce qu’en pensaient nos anciens. Argot, mots à la mode et nouvelles façons de parler, — tout cela peut être utile et n’est pas à dédaigner. Nos anciens auteurs tombent d'accord sur ce point, et nous ne saurions négliger leurs té- moignages ; ils seront notre égide. Montaigne l’a dit un des premiers, et Montaigne est une autorité : \ « Le parler que j'aime, tel sur le papier qu’à la bouche, c’est un parler succulent et nerveux, court et serré; non tant délicat et peigné, comme véhément et brusque; plutôt difficile qu’ennuyeux; déréglé, dé-- cousu et hardi; — chaque lopin y fasse son corps! — non pédantesque, mais plutôt soldatesque, comme Suétone appelle celui de Jules César. » 1 est vrai qu’alors on ne s’innovait volontiers en fait de langage. — Ainsi voyons-nous que J DICTIONNAIRE DE L'ARGOT PARISIEN. L x le poëte Voiture raillait quelquefois son ami Vaugelas sur le trop de soin qu’il employait à sa traduction de Quinte-Curce : « Il lui disait, rapporte l’abbé Raynal (Anecdotes littéraires), qu’il n'aurait jamais achevé ; que pendant qu’il en polirait une partie, notre langue venant à changer, l’obligerait à refaire toutes les autres, À quoi il appliquoit plaisamment ce qui est dit dans Martial de ce barbier qui était si longtemps a faire une barbe qu’avant qu’il l’eût achévée, elle commençait à revenir... » a Un auteur que nous avons déjà cité, Caillières, fit, en 1693, un petit livre sur les Mots à la mode et les Nouvelles façons de parler, Fn voici un passage qui convient parfaitement à notre sujet : 3 « Pour m’expliquer mieux, je vous dirai qu’il y a deux sortes d’usages (de mots nouveaux), le bon et le mauvais. Ce dernier est celui qui n’étant appuyé d’aucunes raisons, non plus que la mode des habits, passe comme elle en fort peu de temps. — Il n’en est pas de même du bon usage. Comme il est accom- pagné du bon sens dans toutes les nouvelles façons de parler qu’il a introduites en notre langue, elles sont de durée à cause de la commodité qu’on trouve à s'en servir pour se bien exprimer, et c’est ainsi qu’elle s’enrichit tous les jours... » L’opinion de Caillières devait être vulgarisée plus tard par l’écrivain le plus éminemment français. Les Voltair:ana nous racontent que, dans une séance particulière de l’Académie, Voltaire se plaignit de la pauvreté dela langue; il parla encore de quelques mots usités, et dit qu'il serait à désirer qu’on adoptât celui de tragédien par exemple. « Notre langue, ajoutait- il, est une gueuse fire; il faut lui faire l’aumône malgré elle. » I anecdote est populaire, et nous ne la rappelons que pour mémoire. Au commencement de ce siècle, trois hommes distingués ont soutenu la même thèse. Le premier était Mercier, qui la développa en deux grands volumes intitulés /Véologie, Mercier est un enthousiaste du genre, On le sent en lisant ce passage : « Écoutez ces hommes à imagination pittoresque dont le discoursest un tableau qui amuse, ou une pein- ture qui échauffe; ils éprouvent des sensations étrangères à l’auditeuret créent leurs mots. Les phrases ou les circonlocutions promettent beaucoup et donnent peu; mais un mot neuf vous réveille plus que des sons et fait vibrer chez vous la fibre inconnue. Quand une idée pourra être exprimée par un mot, ne souffrez jamais qu’elle le soit par/une phrase, » Dans une autre préface, celle d’une traduction nouvelle d’Hérodote, Panl Louis Courier rappelle que « Malherbe, homme de cour, disait : « J’apprends tout mon français à la place « Maubert » ; et Platon, poëte s’il en fat, Platon, qui n’aimait pas le peuple, l’appelle « son maitre de langue... » Faut-il rappeler encore ce que le disert, mais prudent, Nodier n’a pas craint d’avancer en tête de son Dictionnaire des Onomatopées (1808) : « Si la manie du néologisme est extrêmement déplorable pour les lettres et tend insensiblement à dénaturer les idiomes dans lesquels elle se glisse, il n’en serait pas moins injuste de repousser sous ce prétexte un grand nombre de ces expressions vives, caractéristiques, indispensables, dont le génie fait de temps en temps présent aux langues. Il n'appartient à personne d’arrêter irrévocablement les limites d’une langue et de marquer le point où il devient impossible de rien ajouter à ses richesses, » Enfin, M. de Jouy, lui-même, de Jouy, l’académicien, l’avouait en 1815 : « Quelque ennemi que je sois du néologisme, il faut bien créer ou adopter des mots nouveaux quand Lo # ; : 0 20 DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. : S on n’en trouve pas dans la langue qui puissent, à moins d’une longue périphrase, rendre l’équivalent de votre idée, D : Ce dernier aveu clora notre galerie ; elle nous paraît assez complète pour montrer au lec- teur, qu’un travail du genre de celui que nous entreprenons n’eût pas déplu à nos meilleurs écrivains, Puissent nos contemporains avoir hérité de leurs dispositions favorables ! Paris, ce 29 août 1872, LORÉDAN LARCHER. PRINCIPAUX AUTEURS CITÉS Les noms marqués d’une % indiquent des emprunts faits non à des volumes, mais à des articles détachés ou à des chansons, About. — A. Achard. — Alhoy. — D. Alonnier, — Alyge (l'Art de ponter, 1854), — Ambert *. — J. Arago, — Aubert *. — E, Aubry *, — Aubryet. — Augier. — A. d’Aunay. Aycard. Balzac. — Banville. — Barbey d’Aurevilly. — Barrière. — Comtesse de Bassanville. — Bataille. ( Physiol. du perruquier. Bar-le-Duc, 1843). — Bayeux. — Beaufort. — Becquet *, — Belot. — F. Béraud. — Ch. de Bernard. — Bertall *. — Berthaud * — Beyle. — De Biéville. — Ch. Blanc. — E. Blavet. — C. Blondelet * — De Boigne. — P. Borel. — Boucher de Perthes. — Boué de Villiers. — Bourget *, — Brazier *. — Buchon. Cabassol, — Cadet-Gassicourt. — A. Cahen * — A. Camus. — Canler. — Capendu, — Carmouche.— Castillon *— Chabrillat *, — Caillot. — Champfleury. — Chasles (Philarète).— Chenu. — J. Choux *, — Claretie. — G. Claudin. — Cogniard. — C. Coligny *, — Col- mance *, — Colombey (I'E'sprit des voleurg, suivi d’un Dictionnaire d’argot. Paris, Hetzel 1862). — Commerson. — M. Constantin. — Cormon. — Couailhac. > Dales *. — Debraux *, — Decourcelle *, — Delahode, 1850. — Delongchamps, — T. De- lord. — Deriège.— A. Delvau. — Désaugiers. — Deslys.— C. Desmoulins.— I.. Desnoyers,— Dhautel (Dictionnaire du bas langage. Paris, 1808, 2 vol. in-8). — G. Droz. — A. Dubuis- son. — M. Du Camp.— Du Cange et Carpentier (Glossaire de la langue romane, tome VII, Paris, 1848, in-4).— A. Duchesne *.— J. Duflot. —V. Dufour.— Al Dumas. — Dumas fils. — Duméril. — Dupeuty *. — P. Durand *, — Durantin. — Al. Duval *. — Duverny *, Favart. — Feré, — Festeau, — P. Féval. — E. Foa. — Marc Fournier, — E, Frébault.— Fries. : Gaborian, — Gangam. — V. Gaucher * — Th. Gautier. — Gavarni. — F. Georges *, — Gérard de Nerval.— Gilbert. — De Goncourt. — L. Gozlan.— Grandval (Cartouche, poëme, Paris, 1827, éd. nouv, (La première édition est de 1723), in-12. — Guéroult (Ad.), — Guinod *, — Halbert d’Angers (Nouveau dictionnaire complet de l’argot. Paris. Le Bailly, sans date (1840), petit in-12.— Hardy *.— Hébert (le Père Duchêne).— D’Héricault. — Hilpert *— L. Huart. -— Ch. Hugo. — V. Hugo. Jaime fils, — De Jallais. — J. Janin, — Joliet. — E. J ourdain. — De Jouy. A. Karr, — J. Kelm. — Paul de Kock, — Krettly (Mémoires, éd. Grandin). - J is DICTIONNAIRE DE L’ARGOT PARISIEN. 21 R. de Labarre. — La Bédolliére. — Labiche. — La Cassagne. — Lacenairé. — Lacombe (Dictionnaire du vieux langage, Paris, 1765-67, deux vol. in-8).— P. et J. Lacroix. — J. La- dimir *. — De Lafizelière, — Lagarde (Je Bonhomme Popule, Pau, 1836). — Lamiral (Mé- moires, 1838). — Layale *. — L’Ecluse. — Le Duchat. — Lefils *, — P. A. Léger. — Lemercier de Neuville.—E. Lemoine.—Ph. Le Roux (Dictionnaire comique, Amsterdam, 1756, in-8). — Lespes.— Letellier * — De Leusse. — De Leuven. — Liorat *, — Littré,~ J. Lovy. — Lockroy. — Lubize. — A. Luchet. — De Lynol. V. Mabille. — Mahalin. — G. Maillard. — Mané. — Mansion * — Marcellin. — Marco Saint-Hilaire. — Marty-Laveaux. — A. Marx, — Mauricault *, — Melesville. — Ménage, — Mercier. — De Mériclet. — Méry. — Métay * — Michel * — Fr. Michel. — Michu, — Mirecourt. — Cél. Mogador. — Moineaux, — Moisand. — A. Monnier. — H. Monnier. — Monselet (Son immortel dialogue les Voyous, nous a beaucoup fourni. V. Le Musée secret : Pa- ris, Lévy, in-32), — Montaigne. — De Montépin. —- Monstrelet. — Moreau Christophe. — Lady Morgan. — Mornand. — Mouret *, — Murger. Nadar. — Nadaud. — G. Naquet* — A. Naviaux, — C. Nodier. — V. Noir. — Noriac. — Nugent. R. D’Ornano. — Oudin. Paillet. — G. Pélin. — De Péne. — Max. Perrin. — Philipon. — Pollet *. — Ponson du Terrail. — De Pontmartin. — A. Pothey. — Privat d’Anglemont (Paris Anecdote, 1860) — F. Pyat. Quitard (Dictionnaire des Proverbes, Paris, 1843, in-8°). Rabelais. — Randon*.— Madame Rattazzi. — Michel Raymond. — Remy. — Rétif. — L. Reybaud. — Ricard. — J. Richard. — Robquin *. — Rochefort. — H. Rolland. — Roque- fort (Dictionnaire de la langue romane du onzième au seizième siècle, Paris, 1808-20, trois in-8).— Roqueplan. — J. Rousseau. — C. Rozan (Petites ignorances de la conversation, Pa- ris, Lacroix, 1857, in-12). — Rutebœuf. Saint-Simon. — G. Sand. — A. Scholl. — A. Second. — Signol * — Th. Silvestre *, Fr. Soulié. — E. Sue. — A. de Stamir (Corsaire de 1867). Tallemant des Réaux. — E. Texier, — Thiers, — Thuillier * — Tourneur *, -— Miss Trol- lope (Paris en 1835). Vachelot *. — Vadé, — Vanecke *, — J. Vallès, — Vermersch. — L. Vidal et le capitaine Delmare (a Caserne, Paris, 1833, deux in-8), — Vidocq (les Voleurs, Paris, deux in-8). — H. de Vielcastel. — E. Villars (les Précieuses du jour, comédie, 1866; la Vie Parisienne), — De Villemessant. — Villon. — Villetard, — P. Vinçard, — Virmaître. — A. Vitu. — Voizo. Wado *, — M. Waldor, — A. Wolff. Zompach *, ——— COMMUNICATIONS MANUSCRITES MM. Boyer, Cadol, Demarquay, Fey, Le Pileur, Lombard, Ch. Mehl, De Soye, Maurice Tourneux, O. de Watteville, À. B tgaro, Gaulois, Eclair, Vie Parisienne, Purt>-Jaurnal, Liberté, Moniteur, Semaine (1847) uermédiaire ne fr, Monde comique, Tintamarre, Corsaire, Rappel, Patrie, La OUVRAGES ANONYMES. i g : Tr Ç " Almanach du hanneton, 1866-7. — Les Cabarets de Paris, 1821, in-12. — Caquire, i’ parodie de Zaïre (Sans date, — dix-huitième siècle), — La Chronique scandaleuse, 1788, = in-12. — Cinquante mille voleurs de plus a Paris, 1830, brochure in-8. — Ces petites oof dames du Casino, 1860. — Commentaires de Loriot, Auxerre, 1869, in-12. — Le dernier jour d’un condamné, drame philosophique (Bruxelles, 1864). — L'Écho français, 18338. — - Les étudiants et les femmes du quartier Latin, 1860. — La maison du Lapin blanc (1857), typographie Appert, in-12. — Paraboles de Cicquot, 1593, in-12. — Parnasse satyrique, Bruxelles (1863), in-12. — Petit dictionnaire d’argot (tome 2 des Petits mystéres de Paris, 1844, Desloges, in-12). — Pétition des filles publiques de Paris, 1830, brochure in-8, — Physiologie du protecteur, Paris, 1841, — Physiologie du parapluie, Paris, 1841. — Rienzi, - parodie, 1826. — Souvenirs de Saint-Cyr, in-8. — Vocabulaire à l'usage des débiteurs (Almanach des débiteurs, 1851, in-12),— Voyage de Paris à i par mer, 1754, — - Boursicotiérisme et Loris. Paris, 1858, in-12. La collection des chansons imprimées conservées au Dépôt de la Bibliothèque N ationale a servi beaucoup nos recherches, grâce à l’obligeance de M. le conservateur Olivier Barbier. \ les marches. DICTIONNAIRE DE L'ARGOT PARISIEN | N.-B. Tous les mots dits VIEUX MOTS ne sont pas postérieurs au soizième siècle ; ils ont été relevés par nous dans les glossaires de Du Cange, de Roquefort et de Lacombe. — Tenir toujours compte des renvois (V) qui complètent nos explications par d’autres exemples. — Pour les expressions composées de deux mots, chercher le second, si on ne trouve pas le premier. -A ABADIS.,— Foule, rassemblement. -~- « Pasti- quant sur la placarde, j'ai rembroqué un aba- dis du raboin. » (Vidocq.) ABATIS, ABATTIS. — Pieds, mains, — Allu- sion aux abatis d’animaux. — « Des pieds qu’on nomme abatis. » (Balzac. )— « C’est plus - des pieds ; c’est de la marmelade... Ils me coûtent joliment cher, ces abattis-là. » ( Com- mentaires de Loriot, Auxerre,1869.) — « A bas les pattes ! Les as-tu propres, seulement, tes abattis, pour lacer ce corsage rose? » (E. Vil- lars.) ABATTAGE (VENTE A L’),— Vente sur la voie publique que les objets exposés couvrent comme si on les y avait abattus. ABATTIS, V. Abatis, ABATTRE. — Faire des dettes, (1851, Alma- nach des débiteurs,) ABBAYE. — Four (Vidocq). — Un four est voûté comme un cloître d’abbaye. ABBAYE RUFFANTE, — Four chaud. (Idem. ) — Mot & mot : four rouge de feu. Ru/ant semble dériver du latin rufus : rouge. ABBAYE DE MONTE A REGRET. — Échafaud. (Idem.) — Comme une abbaye, l’échafaud sépare de ce monde, et c’est à regret qu’on en ABÉQUER. — Nourrir, (Idem.) — De l’an- cien mot abécher: donner la becquée. ABÉQUEUSE. — Nourrice, (Idem.) ABLOQUER, ABLOQUIR. — Acheter en bloc. (Idem.) — Du vieux mot bloquer, ABOMINER, — Hair. V. Bosco. ABOULAGE. — Abondance. (Idem.) ABOULER. — Arriver. Mot à mot, bouler à. Du vieux mot bouler : rouler. — La langue ré- gulière a dans ébouler le pendant d’abouler, — « Maintenant, Poupardin et sa fille peuvent abouler quand bon leur semblera. » (Labiche. ) Voyez Bocson, — « Le pantre aboule ; on perd la boule, puis de la tole on se crampe en rom- pant. » (Lacenaire, Mémoires, 1886.) ABOULER. — Donner. — « Mais quant aux biscuits, aboulez. » (Balzac, Père Goriot.) — « As-tu de l’argent ? (Je fis signe que oui.) Aboule, Je lui donnai cent sous. » (Commen- faires de Loriot,) -— « Allons, allons, vieux crocodile | ne faisons pas tant d’esbrouffes et aboulons simultanément aux voltigeurs les chameaux qu’il a besoin. pour sa consomma- tion. (Légende d’une caricature de 1830 sur la prise d’Alger.) ABOULER DE. — Venir de. V. Mômir. ; ABOYEUR. — Crieur de bazar ou de vente ACA — 94 = ACC publique, canardier (V. ce mot), homme chargé d’appeler les prisonniers au parloir. — Allusion au retentissement obligatoire de sa voix. ABRACADABRANT. — Merveilleux, magique, d’abracadabra, mot employé dans les an- ciennes conjurations cabalistiques. — « Le flûtiste Gerold doit exécuter les variations les plus abracadabrantes. » (Figaro, 1867.) — « C’est écrasant, renversant, horripilant, abra- cadabrant, de plus fort en plus fort. » (A Ima- nach du hanneton, 1867.) ABSINTHE (FAIRE SON). — Mélanger l’eau avec l’absinthe, selon certaines règles. « Il y à plusieurs manières de faire son ab- sinthe : — La plus ordinaire est la hussarde (en versant goutte à goutte).— Les militaires de l’armée d’Afrique ont inventé la purée. La purée se fait très-rapidement, presque sans précautions, et par le simple mélange d’une quantité d’eau égale à la quantité d’absinthe, — L’amazone se fait comme la hussarde, seule- ment on ajoute deux cuillerées à café de sirop de gomme. — La vichy (V. Bavaroise, Suissesse), moitié absinthe, moitié orgeat, et quantité ordinaire d’eau — La bourgeoise (appelée aussi panachée), dans laquelle l’orgeat est rem- placé par de l’anisette. (Almanach du hanne- ton, 1867.) ABSINTHÉ (ÊTRE). — Être ivre d’absinthe. ABSINTHEUR, ABSINTHIER. — Buveur d’ab- sinthe, débitant d’absinthe. V. Perroquet. ABSORPTION. — Repas offert à la promotion ancienne de l’École polytechnique par la pro- motion nouvelle. On y absorbe assez de choses pour justifier le nom de la solennité. — « L’ab- sorption, c’est la réunion annuelle dans laquelle anciens, conscrits et antiques fraternisent aux lueurs du punch et aux glouglous du vin de Champagne. Elle a eu lieu le jour de la ren- trée des anciens.» (G. Maillard, 1866.) ACADÉMICIEN. — Littérateur suranné. — Injure inventée par les romantiques échevelés de 1830 qui avaient pour principaux adver- saires les membres de l’Académie française res- tés fidèles au genre classique. On ne se doute plus aujourd’hui de la fureur grotesque qui animait les deux partis. V. Mâchoire. Et cet exemple, des plus curieux, donnera . une idée des luttes dans lesquelles on se jetait à la tête le mot d'académicien, Nous le prenons dans une brochure d’Alexandre Duval, aca- démicien et chef du parti qui rendait M. Vic- tor Hugo responsable des passions roman- tiques. « Ce que je rapporte ici, dit-il avec une « singulière naïveté, je l’ai vu, de mes propres « yeux vu. À certaines représentations, on se « trouvait environné d’hommes effrayants dont « le regard scrutateur épiait votre opinion, et € si, par malheur, votre figure indiquait l’ennni c ou le dégoût, ils vous attaquaient par l’épi- « thète d’épicier, mot injurieux selon eux, qui « signifie, dans leur argot, stupide, outrageuse- « ment bête; mais si vos cheveux étaient blan- « chis par le temps, alors vous étiez des acadé- «© miciens, des perruques, des fossiles, contre «lesquels on vociférait des cris de fureur et « de mot. Je vous assure, monsieur, qu’il n’y a « rien d’exagéré dans ce tableau d’une première « représentation romantique. Tout Paris vous c'en attestera la vérité.» (De la littérature dramatique, lettre à M. Victor Hugo, par Alexandre Duval, Paris, 1833.) AccENT. — Crachat, signal convenu entre voleurs (Vidoeq). V. Argon. AccrocHE-c@®URS. — Favoris (Vidoeq). Se dit des favoris courts qui affectent la forme des accroche-cœurs féminins. V. Arçon. ACCROCHE-CŒURS. — Mèches de cheveux bouclées et collées sur la tempe. Cet orne- ment a des prétentions galantes. Le mot le fait assez sentir. Sur mes nombreux admirateurs Dirigeons nos accroche-cœurs. (Festeau.) AccrocHER. — Mettre au Mont-de-Piété. — Mot à mot : accrocher au clou. V. ce mot. — « Ah! les bibelots sont accrochés. » (Monté- pin.) ACCROCHER. — Consigner un soldat. — Mot à mot : l’accrocher à son quartier, l'empêcher d’en sortir. ACCROCHER (8’). — Combattre corps à corps, en venir aux mains, Nos braves, s'accrochant, se prennent aux cheveux, (Boileau, Satire 3.) x À ACR — 25 — ADU BOULEVARDIER ET BOULEVARDIRBRE ; 8 ; V oO) @ = == ACHAR (D’). — Sans trêve. Mot à mot : avcc | conservé par la langue régulière dans acräno- acharnement. — Abréviation. | nie: violence. Et d’autor et d’achar, | Ap HOC, — Spécial. Mot à mot : fait, insti- Enfoncé le jobard. (De Montépin.) | tué pour cela. — Latinisme. — « Les déclara- ACHATE. — Ami fidèle, — Latinisme. — | tions sont lues par un comité ad hoc. » (A lma- « Roqueplan et son Achate, » (Villemessant.) V. | nach des débiteurs, 1851.) Fidus. AD UsUM DELPHINI (N’ÊTRE PAS). — Ne ACHETOIRS, — Monnaie. — Avec elle, on | pas convenir aux jeunes gens. Mot à mot : achète. — « Il y a des lorettes qui nomment | N’être pas digne de figurer dans la collection les achetoirs quibus. » (Alhoy.) classiqueimprimée jadis par Barbou pour l’édu- Aces. — Fort, violent. (Vidoeq.) Vieux mot, | cation d’un Dauphin de France, et où chaque = | 2 Dictionn, de l’argot parisien, LivR. 4, 1 AFL — 26 — AIR titre de livre portait la mention ; Ad usum Del- phini, — Ce latinisme se dit.& propos de tout : — «Vous le voyez, le bal Chicard n’avait pas été créé ad usum Delphini, et, cependant, voilà ce qui pendant six ans fit tressaillir tous les provinciaux et tous les étrangers. Les mères le redoutaient pour leur fils à l’égal de l’enfer. » (Privat d’Anglemont.) ADDPITION, — Carte à payer. Mot à mot: addition des prix de chaque consommation. Arr, — Affaire. — Abréviation. — « Quant à moi, je maquille une a/, après laquelle j'espère me débiner. » (Patrie, 2 mars 1852.) Arr, — Vie. (Grandval.) Arr (EAU D’). — Eau de vie. — Abréviation de paf qui désignait l’eau de vie autrefois, comme le prouve cet exemple : « Voulez-vous boire eune goutte de paf? — J° voulons bien. — Saint-Jean, va nous chercher d’misequier d’rogome. » (1756, l’Éeluse.) Il y a évidem- ment parenté entre le paf du dix-hnitième siècle et l’eau d’aff de l’argot moderne. — « Tu vas me payer l’eau d’aff, ou je te fais danser. » E. Sue.) V. Paffe. AFFAIRE (AVOIR SON). — Être ivre-mort. — «Je propose l’absinthe… Après quoi j'avais mon affaire, là, dans le solide. » (Monselet.) AFFAIRES (AVOIR SES). — Avoir ses mens- trues. AFFRANCHI (FAGOT). — Forçat ayant fini son temps. AFFRANCHIR. — Pervertir. Mot à mot : affranchir de tout scrupule de conscience. — « Affranchir un sinve pour grinchir : pousser un honnête homme à voler.» (Vidocq.) AFFURAGE, AFFURE. — Profit de vol. V. affurer.— « Eh vite ! ma culbute ; quand je vois mon affure, je suis toujours paré. » (Vidoeq.) AFFURER. — Gagner en volant. (Vidocq.)— “Du vieux mot furer : dépouiller. AFFUT (HOMME D’). — Malin, roué. Mot à mot : toujours à l’affût de ce qu’il désire. AFFUTER LE SIFFLET (S’). — Boire. mot: se réguiser le gosier. à Mot a Faut pas aller chez Paul Niquet Six fois l’ jour, s'affuter le sifflet. (P. Durand, Chansons, 1836.) AFLUER. — Tromper. (Colombey.) Mot à mot : flouer à. à la coiffure conservée par les émigrés à leur AGENT DE CHANGE (QUART, CINQUIÈME, SIXIÈME D’), — Propriétaire pour un quart, un cinquième ou un sixième d’une charge d’agent de change. On peut continuer comme cela in- définiment, car de telles propriétés se subdi- visent en un grand nombre de parts, M. de Mé- riclet a fait paraître son livre sur la Bourse, sous l'égide de ce titre : Huitième d'agent de change. ‘AGONIR, AGONISER. — Insulter. Mot à mot : antagonir, antagoniser. Ces verbes manquent à notre langue qui admet cependant antago- nisme, — « Je veux t’agoniser d’ici à de- main. » (Richard.) — « Si bien que je fus si tourmentée, si agonie de sottises par les en- vieuses. » (Rétif, 1783.) Acour. — Eau à boire. (Halbert.) — Mot ancien. V. Lagout. AGRAFER. — Arrêter. — « Le premier rousse qui se présentera pour m’agrafer. » (Canler.) AGRAFER, — Consigner. Mot 4 mot : agrafer le soldat au quartier. — « J'ai jeté la clarinette par terre, et il m’a agrafé pour huit jours, » (Vidal, 1833.) AIDE-CARGOT. — Valet de cantine. — Cor- ruption d’aide-gargot. — « Aide-cargot, un dégoûtant troupier, fait semblant de laver la vaisselle. » (Wado.) AIGUILLE. — Clé, (Vidocq.) — Elle coud la porte. AILE, AILERON. — Bras. — Allusion orni- thologique. — « Appuie-toi sur mon aile, et en route pour Châtellerault! » (Labiche.) — « Je suis piqué à l’aileron ; tu m'as égratigné avec tes ciseaux. » (E. Sue.) AILE DE PIGEON. — Suranné, — Allusion retour en France. V. Mächoire., AIMER COMME SES PETITS BOYAUX.— Aimer comme soi-même ; « Elle m’aimait ! Autant que ses petits boyaux. » (Parodie de Zaire, 1732.) AIR (SE DONNER DE L’, SE POUSSER DE L’, JOUER LA FILLE DE L’). — Fuir. — Les deux premiers termes font image ; le troisieme date de la Fille de l'air, vne ancienne pièce du bou- levard du Temple. — « La particulière vou- lait se donner de lair. » (Vidal, 1833.) — « Dépéchez-vous et jouez-moi la Fille de air ALL ALL avec accompagnement de guibolles, » (Monté- pin.) V. Ballon. — « C’est donc gentil de faire des poufs au monde et de se pousser de lair! Ah! mais, on ne me monte pas le coup. » (Almanach du hanneton, 1867.) AIR DU TEMPS (VIVRE DE I), — Être sans moyens d’existence. Terme ironique. — « Tous deux vivaient de l’air du temps. » ( Balzac.) AIRS (ÊTRE A PLUSIEURS). — Être hypo- crite, jouer plusieurs rôles à la fois, ALARMISTE. — Chien de garde (Vidocq.).— Il donne l’alarme. ALEA JACTA EST. — Le sort en est jeté. — - Phrase prononcée par César lorsqu’il passa le Rubicon pour marcher sur Rome. — « Le fa- meux alea jacta est qu’on a répété tant de fois depuis César. » (Rozan.) ALENTOIR. — Alentour, — Changement arbitraire de la finale, ~ ALIGNER (s’), — Tomber en garde pour se battre. Mot à mot : se mettre sur la même ligne que son adversaire, — « Ils mettent par- fois le sabre à la main et s’alignent, » (R. de da Barre.) — « À la suite d’une bisbille, ilssont descendus pour s’aligner.» (J. Arago, 1838.) NV. Aplomb. ALLER DE (Y). — Fournir, — «On y va de ses cinq francs, ou de sa larme. » (Monselet.) — « Elle a tourné de l’œil sans dire: Ouf !.. Pauvre vieille ! j'y ai été de ma larme. » (About.) ALLER (Y). — Se laisser tromper. — Fallait pas qu'il y aille! dit-on d’un homme malheu- reux par sa faute. V. Faire aller, ALLER A N1ORT. — Nier, — Jeu de mots. — «Je vois bien qu’il n’y a pas moyen d’aller a Niort. » (Canler.) V. Flacul. ALLER AU DIABLE AU VERT, — Faire une ex- cursion aventureuse. M. Rozan explique ainsi ce mot : « Auvert est une corruption de Vauvert ; on disait autre- fois : Aller au diable Vauvert. Le V a été man- gé dans la rapidité du discours, et il à fini par disparaître si bien, qu’on a été amené à couper en deux, pour lui donner une sorte de sens, le reste du mot : auvert, — Le château de Vau- vert ou Val- Vert, situé près de Paris, du côté de la barrière d’Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommumication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons, Saint Louis, pour désensorceler ce château, le donna aux chartreux en 1257, » : Rabelais parle encore de ce diable fameux : — «Je vous chiquaneray en diable de Vau- vert, » dit le chiquanous Rouge-muzeau, dans. le chapitre 16 du livre IV de Pantagruel, On dit maintenant au diable vert, ce qui s'éloigne encore plus de la forme primitive. « J’ai déjà parlé de celui d’Alexandre Dumas, qu’on veut reléguer à Charonne, au diable vert. » (Liberté, 26 juillet 1872.) ALLER GAIMENT (Y). — Agir sans se faire prier, mais que la gaîté soit précisément de la partie. Allons-y gaiment ne signifie rien de plus que allons-y. — Les amateurs du langage en mar ont imaginé de varier en disant allons-y gaimar, V. Mar. ALLER OU LE ROI NE YA QU’A PIED. — Faire ses besoins, — Ce rappel à l’égalité est de tous les temps, On disait au dix-septième siècle: — < Aller où le roi ne va qu’à pied, C’est à mots couverts le lieu où l’on va se décharger du superflu.de la mangeaille… » (Scarron.) V. Numéro 100. ALLER SE FAIRE FICHE, V, Ficher, ALLER SON PETIT BONHOMME DE CHEMIN. — Aller doucement. ALLER (FAIRE). — Tromper. — « Te v'là, charbonnier de malheur. Quoi ! il y à là une voie de charbon? Tu nous fais aller,» (Fort en gueule. Imprimerie Stahl, 1820,) — « Essaie d'en faire aller d’autres que Florine, mon petit.» (Balzac.) ALLEZ VOUS ASSROIR. — 'Taisez-vous. V. Asseoir. ALLEZ DONC (ET). — Locution destinée à augmenter dans un récit la rapidité de l'acte raconté. — « Quand il a vu ça, y s’est esquivé rapidement... et allez donc !...» (Lamiral, 1838.) — € J'avais mon couteau à la main. et allez donc!.. j’entaille le sergent, je blesse deux sol- dats.» (E. Sue.) — « L’école du bon sens met le Théâtre-Français en interdit. Émile Augier porte Philiberte au Gymnase. et allez donc ! » (Mirecourt, 1855. ATLONGER (8). — Tomber de son long par terre, — « Mon capitaine, en cet endroit, s’est AMA il QB de i ‘AME allongé. Il est tombé de cheval. » (Commen- taires de Loridt.) ALLONGER (s’). — Faire une dépense qui n’entre pas dans ses habitudes. La faire plus forte encore, c’est se fendre. V. ce mot. Termes d’escrime. ArLumé. — Échauffé par le vin. — « Est-il tout à fait pochard ou seulement un peu allu- mé? » (Montépin.) Ty ALLUMER. — Regarder fixement. Mot à mot : éclairer de l’œil. Mot très-ancien. Se trouve avec ce sens dans les romans du treizième siècle, — « Allume le miston, terme d’argot qui veut dire : Regarde sous le nez de l’individu. » (A/manach des prisons, 1795.) ALLUMER. — Faire éclore l’enthousiasme. — « Malvina remplissait la salle de son admira- tion; elle ‘allumait, pour employer le mot technique. » (L. Reybaud.) V: Boutonner. ALLUMER. — Activer, enflammer ses che- vaux à coups de fouet. — « Allume! allume! » (H. Monnier.) ALLUMEUR. — Compère chargé de faire de fausses enchères dans une vente pour allumer les vrais acheteurs, — « Dermon a été chaland allumeur dans les ventes au-dessous du cours. » (La Correctionnelle, journal, 1841.) ALLUMEUSE. — Dans le monde de la pros- titution, c’est un synonyme de marcheuse. V. ce mot. Dans ces acceptions si diverses, l’allusion est facile à saisir. Qu’il s’applique à untête-à-tête, ou à un spectacle, ou à un attelage, ou à un re- pas, ou à une vente, ou à une provocation charnelle, allumer garde au figuré sa significa- tion incendiaire. ALTEQUE. — Beau, bon, excellent. (Vidocq.) — Du vieux mot alé : grand, fort, élevé (qui nous est resté dans altitude), accompagné d’une désinence arbitraire, comme dans /éodec, Frangine d'alièque : bonne sœur. Früme d'altèque : charmante figure. V. Coquer. ALTER EGO. — Autre moi-même, — La- tinisme. — « M. Chivot occupait la stalle voi- sine de la mienne , applaudissant de tout cœur l’amusante folie de son heureux alter ego. » (I. Blavet.) AMANT DE CŒUR. — Les femmes galantes nomment ainsi l’amant qui ne les paye pas ou -qui les paye moins que les autres, La Physio- logie de l'amant de cœur, par M. Constantin, à été faite en 1842. Au dernier siècle, on disait indifféremment ami de cœur ou greluchon. Ce dernier n’était pas, comme on le croit aujourd’hui, un soute- neur. Le greluchon ou ami de cœur n’était et n’est encore qu’un amant en sous-ordre auquel il coûtait parfois beaucoup pour entretenir avec une beauté à la mode de mystérieuses amours. — « La demoiselle Sophie Arnould, de l'Opéra, n’a personne. Le seul Lacroix, son friseur, très- aisé dans son état, est devenu l’amz de cœur et le monsieur. » (Rapports des inspecteurs de Sartines, 1762.) Ces deux mots avaient de l'avenir. Monsieur est toujours bien porté dans la langue de notre monde galant. L’ami de cœur a détrôné le gre- luchon ; son seul rival porte aujourd’hui le nom &’ Arthur.) ; AMARRER. — Manœuvrer de façon à duper quelqu’un. Mot à mot : jeter l’amarre sur sa crédulité. AMATEUR. — Dans le monde artistique et littéraire, on appelle amateur l’homme du monde qui se fait artiste ou écrivain à cer- taines heures seulement. — Peinture d'amateur, musique d'amateur et littérature d'amateur sont des termes souvent ironiques par lesquels on désigne des œuvres peu sérieuses. AMATEUR. — « Rédacteur qui ne demande pas le payement de ses articles. » (1826, Bio- graphie des journalistes.) AMATEUR. — Dans 'armée, on appelle ama- teur l'officier qui s’oceupe peu de son métier, AMATEUR sert aussi dans l’armée d’équiva- lent au mot pékin. Un officier dira : Il y avait là cinq ou six amateurs ; comme un soldat ou un sous-officier ‘dira : Il y avait là cinq ou six particuliers. AMATEUR (CLERC). — Dans le notariat, un clerc amateur travaille sans émoluments, AMBIER. — Fuir. (Grandval.)— Vieux mot. On disait au moyen age amber. AMENDIER FLEURL — Régisseur. — Jeu de mots expliqué par l’exemple suivant ;-- « L’a- mendier fleuri, comme disent les acteurs en par- rt de cad te At lant du généreux distributeur d’amendes qui surveille la scène.» ( Vie parisienne, 1865.) AMÉRICAIN.— Escroc feignant d'arriver d’A- mérique. Pour plus de détails. V. Charrzage. AMÉRICAIN (ŒIL). — (Bil scrutateur.— Al- lusion à la vue perçante prêtée par les romans populaires de Cooper aux sauvages de l'Amé- rique. — « Ai-je dans la figure un trait qui vous déplaise, que vous me faites l’œil améri- cain? » (Balzac.) — « J'ai l'œil américain, je ne me trompe jamais. » (Montépin.) AMÉRICAIN (œur). — Œil séducteur. — «L/œillade américaine est grosse de promesses, elle promet l’or du Pérou, elle promet unc ardeur amoureuse de soixante degrés Réau- mur. » (E. Lemoine.) AMÉRICAINE. — Voiture découverte, à quatre roues. — « Une élégante américaine attend à la porte. Un homme y monte, repousse un peu de côté un tout petit groom, prend lui-même les guides et lance deux superbes pur-sang au galop. » (Figaro.) AMÉRICAINE (VOL A I"). V. Charriage. AMOUR. — Aimable comme l’Amour. — « Armée de son registre, elle attendait de pied ferme ces amours d’abonnés. » (L. Reybaud.) — « Comme jai été folle de Mocker, quel amour de dragon poudré. » (A. F émy.) “ Amour à fini par s'appliquer dns le sens de aimable à la première chose venue. — « Quel amour de mollet! Il faut que je le baise, » (E. Villars.) — « Je mourrais d’ennui par ici, moi. J’ai trouvé, rue de la Paix, un amour d’appartement. (Dumas fils, le Demi- Monde.) AMOUREUX DES ONZE MILLE VIERGES. — « Dans le sens où l’on entend ce proverbe, dit M. Charles Rozan, aimer les onze mille vierges, c’est aimer toutes les femmes, c’est croire, dans le feu de la première jeunesse, que toutes les femmes sont également dignes de notre amour.» — Ce chiffre énorme de onze mille, adopté ainsi pour terme de comparaison, a frappé les incrédules, et ils ont mis en doute ce que rap- porte une tradition sur le martyre de sainte Ursule et des onze mille vierges, ses compagnes, mises à mort par les Huns, près de Cologne, vers 384. — La tradition est fort discutée, mais ce n’est pas ce qui doit nous préoccuper ici, AMO — 29 — ANG ses te me nt tee ANCIEN. — Mot d’amitié. Il peut se dire à un jeune homme et signifie : ancien ami, Mon vieux offre la même idée. ANCIEN. — Vieillard. V. Asphyxié. ANCIEN (L’). — Napoléon I”. Mot à mot: l’ancien souverain. — Une caricature de 1830 porte cette légende : « Vive Napoléon II! — T'ais ta langue, patriote, n’parle pas du fils de l’ancien; ce n’est plus qu’un Autrichien élevé à l’école d’un jésuite. » ANCIEN. — Élève de première promotion à l’École polytechnique ou à l’École de Saint-Cyr. V. Absorption. ANCHOIS (ŒIL BORDÉ D’). — Œil aux pau- pières rougies et dépourvues de cils, — L’allu- | sion sera comprise par tous ceux qui ont vu des | anchois découpés.en lanières. — « Je veux avoir ta femme, — Tu ne l’auras pas. — Je l’aurai, et tu prendras ma guenon aux yeux bordés d’an- chois. » (Vidal, 1833.) ANDOSSE. — Échine, dos. (Grandval.) ANDOUILLE, — Personne sans énergie, aussi molle qu’une andouille. ANE DE BURIDAN (ÊTRE COMME L’). — Ne savoir que décider, — Bur‘dan est un dialecti- cien du quatorzième siècle. Pour prouver le libre arbitre des animaux, il supposait un âne également pressé par la soif et par la faim, le plaçait entre un picotin d’avoine et un seau d’eau, également distants, faisant sur lui la même impression et il demandait: « Que fera cet âne ? Ou il demeurera immobile comme un corps sollicité, en mécanique, par deux contraires et parfaitement égales, et alors il mourra; ou il se dirigera d’un côté plutôt que d’un autre, et alors il aura son libre arbitre. » M. Rozan, que nous citons encore, ajoute : « Ce dilemme avait des allures trop convaincantes pour ne pas faire événement, et les générations se transmirent d’âge en âge cet exemple saisissant. De nos jours, quand un homme hésite entre deux ob- jets ou deux positions qui ont à ses yeux un attrait pareil, on le compare aussitôt à l’âne de Buridan. » ANGLAIS. —OCréancier, — Mot ancien. On est d'autant plus porté à y voir, avec Pasquier, une allusion ironique aux Anglais, que les Français se moquaient volontiers de leur per- pétuel ennemi, — Ainsi, milord et goddem n - \_ ANG — ANT employés ironiquement dès le moyen âge. V. Milord, Goddem. Malgré des avis contraires, mais appuyés se- lon nous par des exemples trop peu concluants, d'est encore l’opinion de Pasquier qui nous semble préférable, Il fait venir ce terme des ré- clamations des Anglais qui prétendaient que la rançon du roi Jean, fixée à trois millions d’écus d’or, par le traité de Bretigny, n’avait pas été entièrement payée. Oncques ne vys Anglois de votre taille, Car, à tout coup, vous criez : baille, baille. (Marot.) On trouve des exemples d’Anglais dans la Légende de Pierre Faifeu. M, Fr. Michel a re- levé cette mention dans les poésies de Guil- laume Crétin (quinzième siècle) : Et aujourd’hui je faictz solliciter Tous mes Angloys, pour les restes patfaire, Et le payement entier leur satisfaire. « Assure-toi que ce n’est point un Anglais, » (Montépin.) ANGLAIS SONT DÉBARQUÉS (LES).—Oes mots qui désignent une incommodité périodique chez la femme, font allusion à la couleur favorite de l’uniforme britannique. ANGLAISES. — Longues boucles de cheveux pareilles à celles dont se coiffent volontiers les dames britanniques. Elles ont été surtout à la mode en France vers 1840.—« Une femme aux anglaises blondes lui heurte le bras. » (Mon- selet.) : ANGLAISES. — Latrines à l’anglaise, c’est-à- dire munies d’une cuvette à soupape. ANGLUCE. — Oie. (Vidocq.) ANGOULÈME (SE CARESSER L’). — Boire et manger. Mot à mot: se caresser le palais, mettre en goule, du vieux mot goule (gueule). Nous avons encore goulu et goulafre (glouton). —« Il y en a qui ne se sont pas encore caressé l'angoulème depuis la veille, » (B. d’Hervilly.) ANGUILLE. — Ceinture, (Vidocq.) — Une ceinture de cuir noir gonflée d’argent ressem- ble à une anguille. ANGUILLE DE BUISSON, — Couleuvre. — « Il vend des anguilles de buisson, comme on dit en lingage populaire, à certains gargotiers qui en font d'excellentes matelottes, » (Privat d’An- giemont.) ANSE, - - Bras, — L’anse est le bras du vase. V. Arque-pincer, — Offrir son anse, offrir son bras. ANSES (UNE PAIRE D’), — Une paire de grandes oreillés écartées. Vues de face, elles ressemblent aux anses d’un pot. ANSES (PANIER A DEUX). — Homme ayant une femme à chaque bras, ANTIF (BATTRE 1°). — Marcher. Mot à mot: battre le grand chemin. — Antif est un vieux | mot qui signifie antique, et se rencontre sou- vent dans les textes du moyen âge uni à celui de chemin. — Un chemin antif était un chemin ancien, c’est-à-dire frayé. ANTIFLER, ENTIFLER.—Marier. (Vidocq.)— Vient du vieux mot antie, église. — La se fait la célébration du mariage. Æntifler est donc mot à mot : mener à l’église, — cAh! si j'en défouraille, ma largue j’entiflerai. » (Vidocq.) ANTIFFE. — Marche. (Grandval.) Mot à mot : action de battre l’antif. ANTIFLE (BATTRE L’). — Cafarder, dissimu- ler. Mot à mot : hanter l’église. ANTIPATHER.— Avoir de l’antipathie.—« Pas une miette ! Je l’antipathe. » (Gavarni.) ANTIQUE. — Élève sortant de l’École poly- technique. V. Absorption, ANTONNE.— Église. (Vidocq.)— Changement de finale du vieux mot antie, église, ‘ ANTONY. — Jeune romantique. — Nom du héros d'un drame d’Alexandre Dumas qui fut fort goûté en 1831. — « Apres les succès d’An- tony, les salons parisiens furent tout à coup inondés de jeunes hommes péles et blémes, aux longs cheveux noirs, à la charpente osseuse, aux sourcils épais, à la parole caverneuse, à la physionomie hagarde et désolée. De bonnes âmes, s'inquiétant de leur air quasi cadavéreux, leur posaient cette question bourgeoisement affectueuse : « Qu’avez-vous donc? » À quoi ils répondaient en passant la main sur leur front : « J'ai la fièvre. » Ces jeunes hommes étaient des Antonys. » (E. Lemoine.) — « D'ici à quelques années, il y aura moins de chance de voir les jeunes Antonys plonger leur dignité dans le fossé bourbeux de la réclame. » ( Figaro, 1865.) ANTONYQUE, ANTONYSME, — La pose funèbre dont nous venons de parler, fit créer également PERLE À ARA ig 1 = ARC les mots antonyque et antonysme. — « Ce scu- rire est mélancolique ou antonyque, ce qui est un. » (Lemoine.) — Quant à l’antonysme, il mourut sous les épigrammes des loustics... les- - quels ne voient plus une demoiselle de comptoir sur le retour sans lui dire : « N’êtes-vous pas ma mère? » et ne vous dévorent plus la moin- dré côtelette de mouton sans pousser la fa- meuse exclamation : « Elle me résistait, je l’ai assassinée ! » (EH. Lemoine.) ANTROLER. — Emporter. (Vidocq.) — Des mots entre roller : rouler ensemble. APLOMB. — Droit au but. Sus c’coup-là, je m’aligne. L’ gonse allume mon bâton, J’allonge sur sa tigne Cinq à six coups d’aplomb. (Aubert, Chansons, 1813.) Ah! fallait voir comme il touchait d’aplomb. (Les Mauvaises rencontres, chanson.) APÔTRE. — Doiet, (Vidocq.)— Jeu de mots. Le doigt du voleur happe souvent. APPAS, — Seins, Madame fait des embarras. Je l’ai vue mettre en cachette Des chiffons pour des appas. (Matt, Chansons.) APPELER AZOR.— Siffler. V. Azor. APPUYER SUR LA CHANTERELLE. V. ce mot. A QuiA. — Acculé dans une situation déses- pérée. — Latinisme. — S’est dit d’abord des logiciens pris en défaut, qui, ne sachant plus quoi répondre, donnaient un parce que (quid) pour toute raison. Régnier, le satiriste, met ainsi en scène un donneur de fausses raisons : Par hazard disputant, si quelqu’un luy réplique, Et qu'il soit à quia : «Vous êtes hérétique. » AquiGER.— Prendre, dérober.— D’oùle vieux mot d’argot aquige-ornie, maraudeur, Mot à mot: voleur de poules, AqUIGER. — Palpiter. V. Coquer, AQUIGER. — Blesser, battre, AQUIGER LES BRÊMES. — Entailler, biseau- ter les cartes. (Vidocq.) ARAIGNEE DANS LE PLAFOND (AVOIR UNE). — Déraisonner. — La boîte du crâne est ici le plafond, et l’araignée-folie y tend ses toiles, V. Plafond. ArIA. -— Embarras. —V. Haria. ARBALÈTE. — Croix de cou, bijou de femme. (Vidocq.) — L’arbalète détendue ressemble à une croix. ARBALÈTE D’ANTONNE, — Croix d’église. ARBI. — Arabe pour Arabi, argot d’Algé- rie. — «Sobres les Arbis, une poignée de son, un peu d’eau, le coin de leur burnous, voilà leur repas dans les haltes. » (Commentaires de Loriot.) ArB100.— Petit Arabe. — Diminutif d’Arbi, —« La Maghrnia, une école de petits Arbicos, un hôpital et un magasin. » (Commentaires de Lortot.) ARCASIEN, ARCASINEUR. — Celui qui monte un arcat. ARCAT (MONTER UN). — Écrire de prison, et demander une avance sur un trésor enfoui, dont on promet de révéler la place. — Vient d’ar- cane, mystère, chose cachée.— La lettre qui sert à monter l’arcat s'appelle lettre de Jérusalem, parce qu’on l’écrit sous les verrous de la Pré- fecture. Vidocq assure qu’en l’an VI, il arriva de cette façon plus de 15,000 francs à la prison de Bicêtre. ARCHE DE N0É.— Académie française, disent les dictionnaires d’argot qui ont précédé le nôtre. Je n'hésite pas à soutenir que le mot est de pure invention, que les argotiers des dix-sep- tième et dix-huitième siècles ignoraient l’exis- tence de l’Académie, et qu’aujourd’hui un fau- bourien ne sait pas du tout ce que veut dire arche de Noé, Cette mystification philologique est due sans doute à l’esprit malicieux de quelque homme de lettres chargé de surveiller l’impression d’un vocabulaire que tous les autres auront copié, Vidocq, ou plutôt celui qui travaillait pour lui, en a fait tout autant, De là une erreur partout reproduite. ARCHE (ALLER A L’),—Chercher de l’argent. (Vidoeq.) — Du vieux mot arche, armoire, qui a fait archives. ARCHE (FENDRE L’).—Ennuyer.-—c Ça com- mençait à me fendre l'arche. Je lui dis : Pas de bétises, mon vieux. » (Monselet.) J ArcHI. — Préambule dont la langue usuelle se sert à tout propos du moment qu’il s’agit d’inventer un superlatif. — Le Dictionnaire de l’Académie reconnaît, du reste, qu’on peut for- mer de la sorte un très-grand nombre de mots. Nous en citons un exemple entre mille :— « Je suis guérie... bien guérie… oh! archiguérie. » (Villars) “ ARCHIPOINTU. — Archevéque. — Même observation que pour arche de Noé, Nous ne croyons pas à l’usage réel de ce mot. Je ferai de plus remarquer que les dictiennaires où il se trouve ne donnent pas même le mot pointu pour évêque, ce qui devrait être en bonne logique, car pointu fait allusion ici aux pointes de la mitre, ARCHI-SUPPOT, — Voleur émérite. — N'est plus usité. ARÇON. — Signe d'alerte convenu entre vo- leurs. — Du vieux mot arcon, archet, petit arc. Du temps de Vidocq (1837), c’était un C figuré à l’aide du pouce droit sur la joue droite. — La courbe du C représente la forme d’un arc. ARCPINCER, ARQUEPINCER. — Prendre, ar- rêter. — Pincer au demi-cercle est très-usité dans le même sens. Il est à remarquer qu’arc et demi-cercle présentent la même image. — « Daignez arquepincer mon anse. » (A lmanach du hanneton, 1867.) ARDENT. — Chandelle. — Le mot a été bien porté, car M. Francisque Michel l’a trouvé quatre fois dans le Dictionnaire des précieuses, de 1660. » ARDENTS. — Yeux. (Dictionnaire d'argot moderne, 1844.) — Le verbe allumer, regarder, entraînait naturellement ce substantif. V. Allumer. ARGANEAU. — Anneau réunissant les for- çats dangereux. (Colombey.) ArGuCHE. — Diminutifs du vieux mot ar- gue, ruse, finesse, argot. — L’argot est une ruse de langage. V. Truc. ARGUEMINE. — Main. — « Je mets l’argue- mine à la barbue. » (Vidocq.) ARIA. — Embarras. — Du vieux mot arrie, obstacle. — « J’ai eu bien des arias avec la douane à cause de mes malles. » (Monselet.) Y. Hara, ARICOTEUR.—Bourreau. (Vidocq.) —« (est demain que Charlot fera un haricot de ton corps. (L'Écluse, 1756.) ARISTO. — Aristocrate, homme quelconque se trouvant en bonne situation. — Abréviation. — « C’est vrai ! tu as une livrée, tu es un aristo. » (D’Héricault.) ARLEQUIN. — Assemblage de rogatons achetés aux restaurants et servis dans les gar- gotes de dernier ordre. — « C’est une bijoutière ou marchande d’arlequins. Je ne sais pas trop l’origine du mot bijoutier ; mais l’arlequin vient de ce que ces plats sont composés de pièces et de morceaux assemblés au hasard, absolument comme l’habit du citoyen de Ber- game. Ces morceaux de viande sont très- copieux, et cependant ils se vendent un sou indistinctement. Le seau vaut trois francs. On y trouve de tout, depuis le poulet truffé et le gibier jusqu’au bœuf aux choux. » (P. d’An- glemont.) ARMOIRE A GLACE, — nt de jeu de cartes. — « Tenez sur galuchet, et de l’armoire à glace évitez la beauté. » (Alyge.) ARNACHE. — Tromperie. (Vidoeq.) — Du vieux mot karnacher > tromper. ARNAUD (AVOIR SON), — Être de mauvaise humeur. — D’Arnauder. : ARNAUDER. — Murmurer. Mot à mot : re- nauder à. V. Renauder. ARNELLE. — Rouen. (Vidocq.) ARNELLERIE. — Rouennerie. (Idem.) ARPAGAR. — Arpagon. (Idem.) — Change- ment de finale. ARPION, HARPION, — Pied. — C’est le vieux mot arpion, griffe, ongle. Harpon et harpon- ner sont restés dans la langue. — « J’aime mieux avoir des philosophes aux arpions, » (E. Sue.) ARQUEPINCER. — Arrêter. V. Arcpincer, ARRÊTER LES FRAIS. — Suspendre une chose commencée. — Terme emprunté au jeu de billard où on arrête les frais (de location da billard) dès qu’on ne joue plus. ARRIVER PREMIER. — Dépasser tout con- current. — Terme de sport. — Se prend au figuré. — «€ Vous êtes ravissante. Watteau et Boucher sont distancés. Vous arrivez première ARS au charme des yeux et des cœurs. » (À lmunach du Hanneton, 1867.) [ ARROSER. — Payer. V. Galons (arroser ses). ARSENAL, — Arsenic. (Vidocq.) — Change- ment de finale, ARSONNEMENT. — Onanisme. (Vidocq,.) ARSOUILLE. — lgnoble vaurien. — Ana- gramme du vieux mot souëllart qui qualifiait l’arsouille du moyen âge. La souillardaille était \ canaille jadis. V. Du Cange. — « C’étaient Dictionn, de Pargot parisien, se ee BEUGLANT ART des arsouilles qui tiraient la savate.» (ThGau- tier.) Arsouille se prend adjectivement. — « Je n’étais accusé que d’un mince délit et je n'avais pas l’air arsouille. » (Lacenaire, Mé- moires, 1836.) ART POUR L'ART (FAIRE DE L’), — Culti- ver les arts ou les lettres sans y chercher de lucre. V. Métier, « Nous avons connu ces types si étranges, qu’on à peine à croire à leur Live, à, al ART ASP existence ; ils s'appelaient les disciples de last pour l'art.» (Murger.) ARTHUR. — Amant de cœur, — « Sa con- duite lui semble la plus naturelle du monde; elle trouve tout simple d’avoir une collection d’Arthurs et de tromper des protecteurs à crâne beurre frais, à gilet blanc.» (Th. Gautier, 1845.) V. Amant de cœur, ARTHUR. — Homme à prétentions séduc- trices, — « Un haut fonctionnaire bien connu, membre d’une académie, Arthur de soixante ans. » (De Boigne.) ARTICHAUT (CŒUR D’), — Cœur inconstant, livré à autant de caprices que le cœur dé l’ar- tichaut compte de feuilles. — « Ton cœur est un artichaut. Donne-m’en une feuille, » (AZ manach du Hanneton, 1867.) ARTICLE (FAIRE 1). — Faire valoir une personne où une chose comme tin article de commerce, — « Malaga ferait l’article pour toi ce soir. » (Balzac.) — « Examinez-moi ça! comme c’est cousu! — Ce n’est pas la peine de faire l’article,» (Montépin.) ArTrots (frre A 17). — Etre sur le point de mourit, Mot à mot t dl’article de la mort.— « Il est en l’article et dernier moment de son décès. » (Rabelais, Pantagruel, liv, III, ch. 21.) ARTICLE (PORTE SUR 1° où FORT SUR L’). — Luxurieux. ARTICLIER. — « C’est un articlier. Vernon porte des articles, fera toujours des articles, et rien que des articles, Le travail le plus obstiné ne pourra jamais greffer un livre sur sa prose, » (Balzac.) - ARTIE, ARTIF, ARTON, — Pain, — On écrit aussi lartie, lartif, larton. V. ces mots. En cette piolle On vit chenument; Arton, pivois et criolle On a gourdement. (Grandval, 1723.) ARTIE DE MEULAN. — Pain blanc. ARTIE DU Gros-GuiLnAUME. — Pain noir. ARTILLEUR A GENOUX. — Infirmier mili- taire. — Allusion au canon du clystère et à la posture que réclame sa manœuvre. — En 1718, Ph. Le Roux nomme déjà mousquetaires à genoux les apothicaires. On dit aussi : Canonnter de la pièce humide. ARTIS (LANGAGE DE L’.)— Argot. ( Vidoeq.) = ARTISTE (TROP). — « II est trop artiste, a dit madame Lecœur. Être artiste veut dire : je- ter l’argent par les fenêtres, le dépenser à tort et à travers sans compter, boire de ci et de là, courir la fillette, chanter, rire toujours. » (Pri- vat d’Anglemont). ARTISTE. — Vétérinaire, — Abréviation du titre connu : artiste vétérinaire. Mot à mot : Maître en l'art vétérinaire, ARTON. — Pain. V. Artie. AS DE CARREAU. — Officier de place. — Al- lusion 4 Paspect lozangé de ses revers rouges. AS DE CARREAU, — Havre-sac d’infanterie. == Allusion & sa forme carrée. — « Troquer mon carnier culotté contre l’as de carreau ou l’azor du troupier, » (La Cassagne.) As Du PIQUE (FICHU COMME UN), — Mal bâti, mal vêtu. —Jadis on appelait ds de pique un homme nul.— « Taisez-vous, as de pique!» (Moliere.) . As-Tu FINI ?—Locution employée pour mon- trer à l’interlocuteur qu’il ge met inutilement en frais pour convaincre. — C’est une abrévia- tion de : As-tu fini tes manières ? qui est em- ployé dans le même sens, — « Rires, cris : As- td fini ?… À la porte !…. Asseyez-vous dessus!» (Marquet.) ASPHALTE (POLIR I,) SE BALLADER SUR 1’ASPHALTE.— Flaner sur les trottoirs (asphal- tés) des rues et des boulevards, = « Ÿ en a qui vont l’après-midi se ballader ‘sur l’asphalte. » (Alm. du Hanneton, 1867.) ASPHYXIE, — Ivre-mort. Mot & mot : As- phyxié intérieurement par les émanations du liquide absorbé. Charlet a représenté un trou- pier contemplant un invalide penché sur une table de cabaret, avec ces mots : « L’ancien est asphyxié. » ASPHYXIER. — Boire. — C’est un synonyme d’étouffer, qui est employé dans le même cas. Asphyxier le perroquet : Boire un verre d’ab- sinthe. — Les perroquets les plus communs sont verts comme l’absinthe. V. Perroquet. Asphyxier le pierrot : Boire un verre de vin blane, — Allusion de couleur. — Pierrot est blanc, — « J’étais-t-allé à la barrière des Deux- Moulins, histoire d’asphyxier le pierrot. » (La Correctionnelle, journal.) Aspro. = Calomniateur. (Vidocq.) — VE + ir [7 AST — 85 — = ATT sion au venin du serpent. L’aspic des voleurs n’est que la vipère des honnêtes gens. ASPIQUERIE. — Calomnie. AssEoIR (s°). — Tomber, c’est-à-dire ironi- quement : s'asseoir par terre. ASSEOIR (ALLEZ VOUS). — Taisez-vous. — Allusion à la fin obligée des interrogatoires ju- diciaires, — A. Dalès a fait en 1857 une chan- son intitulée : Allez vous asseoir. ASSEYEZ-VOUS DESSUS. — Imposez-lui si- lence. : Asseyez-vous d’ssus, Et que ¢a finisse. Asseyez-vous d’ssus, Et n’en parlons plus, (Dalès, Chansons.) « Ici un enfant se met à pleurer. — Donnez-y donc à téter ? — Asseyez-vous dessus ! Une grosse voir. — N’y à donc plus d’Pa- pavoines ? » (Marquet.) Agric. — Epée. — Le mot doit être ancien, car il nous a laissé le verbe as/icoter : faire de petites piqûres. V. Astiquer. Agric. — Tripoli, mélange servant à l’asti- ‘quage des pieces de cuivre. Et tirant du bahut sa brosse et son astic, T1 se mit à brosser ses boutons dans le chic. (Souvenirs de Saint-Cyr.) Asricor.— Vermicelle. (Vidoeq.)— Allusion de forme. ASTIQUAGE, ASTIQUE. — Nettoyage. — Le second terme est une abréviation du premier. « Au retour de la manceuvre, on endosse sa toi- lette d’astique. » (Vie parisienne, 1866.) AsTIQUE. — Reluisant de propreté, bien tenu. — « Peste! maître Margat, vous avez Pair d’un Don Juan... — Un peu, que je dis ! on à paré la coque… On s’a pavoisé dans le grand genre ! On est suifé et astiqué propre- ment. » (Capendu.) ASTIQUER. — Battre. Mot à mot : frapper a coups d’astic. V. ce mot. — Au moyen Age, estiquer signifiait frappér de la pointe, On dit encore d'estoc. — « Sinon je t’astique, je te tombe sur la bosse. » (Paillet.) ASTIQUER. — Nettoyer. — « Quand son fu- sil et sa giberne sont bien astiqués. » (1833, Vi- dal.) — « Il n’a pas son pareil pour astiquer les hl » (Éclair, juillet 1872.) ATIGER. — Frapper. V. Attiger. ; ATOUSER. — Encourager. (Vidocq.) Mot à mot : donner de l’atout, du courage. * ATOUT. — Coup grave. — « Voilà mon der- nier atout. Vous m’avez donné le coup de la mort. » (Balzac.) Expression de joueurs de cartes qui ont ap- pliqué aux accidents de la vie le nom de l’en- nemi qu’ils craignent le plus — En voici un exemple superbe qui prouve l’influence de l’ar- got parisien sur la triomphante Allemagne. Il nous est fourni par la Gazette de Lorraine, or- gane officiel (prussien) du 2 août, mi-français mi-allemand, mais rédigé en entier par des Allemands : « Tous les atouts sont dans les mains de l’Allemagne. Elle en donne et n’en reçoit pas. » ArouT. — Courage. — « Je ne me plains pas. Tu es un cadet qui a de l’atout. » (E. Sue.) Même allusion que ci-dessus ; seulement elle est retournée. L'homme a ici l’atout dans son jeu. ATOUT (AVOIR DE L).—Avoir le poing solide. (Colombey.) ATTACHE. — Liaison galante. — Abrévia- tion d’attachement. — « Le troupier ou la bonne d’enfant disent en changeant de quar- tier ou de garnison : Ça m’embête parce que j'avais une attache. » (J. Choux.) ATTACHE. — Boucle. (Vidocq.)— Effet pris pour la cause. — « J’engantais sa tocquante, ses attaches brillantes avec ses billemonts, » (Vidocq.) V. Chêne. ATTAQUE (D’). — Vivement, spontanément. Un homme d'attaque est un homme d’action. ATTENDRIR (8). — Se griser. Mot à mot : g'attendrir sous l’empire d’un commencement d’ivresse. Dix minutes avant le buveur attendri n’était qu’ému. — « Le capitaine qui avait re- ligieusement vidé son verre à chaque mot, s’at- tendrit. » (Th. Gautier.) ATTIGER. — Frapper, saisir. (Vidocq.) — Ce doit être un vieux mot, car l’attingère (attein- dre) des Latins s’y retrouve presque entier, ATTRAPAGR.—Vive discussion, dispute, pu- gilat. — «La femme de l’adjoint se fait re- marquer au marché par ses attrapages avec les vendeuses, » (Paris comique, 1869.) ATTRAPER. — Faire un dessin bien sembla- À 7 { ee AUT — AVO ble au modèle. Mot à mot : attraper la res- semblance. — « Elle s’éprit de l’artiste qui m'avait si bien a/trapé et alla pleurer dans son sein sur mon indifférence. » (Marx.) ATTRAPER.— Critiquer vertement, reprocher, injurier, — « J'en suis encore à me demander en quoi cette phrase blesse la morale ; ceux qui l’ont attrapée,—style de théâtre, — devraient bien me renseigner là-dessus, » (Dumas fils, 1866.) ATTRAPER (S’). — En venir aux injures ou aux coups. ; ATTRAPEUR. — Critique acerbe.—« Ainsi les attrapeurs, francisons le mot, ne pouvant s’en prendre à une scène hasardée, s’en prirent-ils aux mots. » (AL Dumas fils, 1866.) ATTRIMER. — Prendre. Mot à mot : faire trimer à soi, attirer. - ATTRIQUER.—Acheter. (Vidocq.)— Mot an- cien, car Du Cange lui donne un vrai pendant dans attrosser : vendre, AUBER.— Somme d’argent. (Vidocq.)— Jeu de mots. — La maille représentait jadis en même temps une petite monnaie et une maille de haubert (cotte de mailles), — Au point de vue financier comme au point de vue militaire, l’auber était donc la réunion d’un certain nom- bre de mailles. V. Fouillouse, Chêne. AUMONIER. — Voleur à la détourne. V. Dé- tourner. AUTAN.— Grenier. (Vidocq.)— Du vieux mot hautain : élevé, — Le grenier occupe le haut de la maison. ; AUTEUR, — Père. Mot à mot : auteur de - mes jours. — « 11 est impossible de voir un au- teur (père) plus chicocandard. » (Th. Gautier.) AuTOR (D’). — D'’autorité. — Abréviation. — Un coup d'autor et d'achar est irrésistible. On joint d’ordinaire ces deux*mots, V. Achar, Liquid. AUTOR (JOUER D’), — Jouer d’autorité, sans demander des cartes. — « Ah! vous jouez d’au- tor?— Yes, d’autor et d’achar.» (Boué de Vil- liers. ) ’ AUTRE (L’), — Napoléon 1°", c’est-à-dire l’autre souverain. Usité sous Louis X VIII. — « M. de Saint-Robert était, du temps de l’Autre, officier supérieur dansun régiment de lav?e:/le,» (Couailhac.) AUTRE COTE (FEMME DE L').— Les étudiants appellent ainsi les lorettes habitant la rive droite, c’est-à-dire l’autre côté de la Seine. — « C’est Annette. C’est une femme de l’autre côté. » (Les Étudiants, 1860.) V. Goîtreux. AUVERPIN, — Auvergnat. — Changement de finale, — « Est-ce qu’il n’y a pas, dans ce quartier, un brave Auverpin qui a fait des af- faires? » (Privat d’Anglemont.) AUXILIAIRE, — Détenu faisant les fonctions de domestique. —« L’auxiliaire est l’homme de ménage du prisonnier politique. Il fait son lit, balaye la cellule et vide ce qu’il y a à vider. » (G. Guillemot.) : AVALE-TOUT-CRU. — Voleur de diamants. V. Détourne, AVALER LE LURON. — Communier. (Colom- bey.) — Allusion & la forme ronde de l’hostie. AVALER SA CUILLER, SA FOURCHETTE, SA LANGUE, SA GAFFE — Mourir. — L'homme qui meurt ne mange, ne parle et ne navigue plus. — Le dernier terme a été trouvé, comme on s’en doute, par un marin. AVALOIR. — Gosier. (Vidocq.) — La fonction est prise ici pour la chose. — « Quand vous rincez votre avaloir, vous êtes prié de quitter le comptoir.» (La Maison du lapin blanc, 1858.) Caillot, dansson Dictionnaire proverbial(1829), écrit avaloire (gorge, gosier), et donne cet exemple, sans préciser la source : « Jele vois. Quelle avaloire ! » (Théâtre italien.) Avancé, — Voulant le progrès quand même. — « Il se distinguait par des idées avancées. » (Villemot.) On dit aussi : C’est un avancé, AVANTAGES, AVANT-CŒUR, AVANT-MAIN, AVANT-SCÈNES. — Seins. — Quadruple allusion à leur saillie, à leur avancement naturel. — « De l’avant-main, petite bouche et lèvres de carmin. » (Belot.) — « N’étouffons-nous pas un petit brin? lui dit-il en mettant la main sur le haut du buse ; les avant-cœur sont bien pressés, maman. » (Balzac.)— « C’est trop pe- tit ici : la société y sera comme les avantages de madame dans son corset. » (Villemot.) Avarcor. — Œuf. (Vidocq.) AVOIR A LA BONNE, AVOIR CELUI, AVOIR DANS LE VENTRE, AVOIR DU BEURRE, DU CHIEN, ete, ete. V. Bonne, Celui, Ventre, BAC Beurre, Chien, etc, ete. Le verbe Avoë nous a paru ici l’accessoire et non le principal. Azor. — Sac d’infanterie. — Son pelage lui a fait donner ce nom de chien. —« Le mau- vais drôle avait vendu son havre-sac, qu’il ap- pelait son Azor. » (Vidal, 1833.) — « Lorsqu’il s’estagi de mettre Azor sur les épaules, j'ai cru qu’on l’avait bourré de cailloux. » (Commen- taires de Loriot.) A cheval sur Azor— Sac au dos. — Un fan- tassin en route dit qu’il part à cheval sur Azor. Azor. — Chien. — On dit : Madame et son BABILLARD. — Confesseur. (Vidocq.) — Allusion aux efforts persuasifs des aumôniers de prison. BABILLARD, BABILLARDE, BABILLE. — Livre, lettre. — Le dernier mot est une abréviation. Comparaison de leur lecture au babillage d’une personne qui cause sans s'arrêter. —« Ma largue part pour Versailles aux pieds de Sa Majesté ; elle lui fonce un babillard pour me faire dé- fourailler. » (Vidocq.) | BABILLER. — Lire. (Vidocq.)— Même com- paraison. Bac. — Baccarat. — Abréviation. — « La musique n’arrivant pas, on a taillé un petit bac pour prendre patience. » (A. Second.) BACHASSE. — Galère, — Augmentatif de bac : bateau. — « En bachasse, tu pégrenneras jusqu’au jour du décarement. » (Vidocq.) BACHE. — Enjeu. V. Bachotteur. BacHo. — Cette abréviation de bachelier dé- signe indifféremment: 1°le bachelier; on dit, je suis bacho. 2° L’examen du baccalauréat. On | dit : prépare son bacho, il passe son bacho, B 37 — Azor, quand même il s’appellerait de tout autre nom, tellement celui-là s’est répandu, sans doute à cause du succès de l’ancien opéra de Grétry, Zémire et Azor. Azor (APPELER). — Siffler un acteur sans plus de façon qu’un chien, — « Dites donc, ma- dame Saint-Phar, il me semble qu’on appelle Azor.» (Couailhac.) AzvkquE. — Petit et chétif comme cette peuplade de l’ancienne Amérique. — « Péreire m’a fermé la porte au nez. C’est un Aztèque. » (About) 3° L’aspirant bachelier. 4° L’école préparatoire au baccalauréat. V. potasser, cornichon, BACHOTTER. — Escroquer au jeu de billard. BACHOTTEUR.— Filou chargé durôle de com- père dans une partie de billard à quatre, Il règle la partie, tient les enjeux ou baches et paraît couvrir la dupe de sa protection. Les deux autres grecs sont l’emporteur chargé de / lier conversation avec la dupe pour l’amener dans les filets de ses compagnons et la bête qui fait exprès de perdre au début pour l’allécher, (Vidocq.) BacLERr. — Fermer. (Vidocq.) — Vieux mot. Bacon. — Pourceau. (Idem). — Vieux mot encore usité dans nos campagnes de l’Est, BADIGEONNER (SE). — Se blanchir artifi- ciellement la figure. Mot à mot : se badigeon- ner comme un mur. BADINGUISTE. — Partisan de Napoléon III. —Du sobriquet de Badinguet ou Badingue, qui lui fut donné dès les premières années de l’Em- pire. Badinguet était, paraît-il, le maçon sous la blouse duquel le prince avait fui sa prison de yy, — 88 i. Ham. Quoiqu’il en soit, ce sobriquet devint fort populaire. Si on s’en servait par ironie dans l’opposition, on l’employait, sans y attacher grand sens, dans le peuple et dans l’armée. En 1870, lors de la singulière démonstration qu’on fit sur Sarrebruck, je demandais à un soldat resté en gare de Saint-Avold si l’empereur était à Forbach : « Oui, me dit-il, Badinguet est ar- rivé. » V. Capitulard. BADOUILLARD. — « Pour être badouillard, il fallait passer trois ou quatre nuits au bal, déjeuner toute la journée et courir en costume de masque dans tous les cafés du quartier Latin jusqu’à minuit. » (Privat d’Anglemont.) — Le badouillard fut de mode de 1840 à 1850. BapouILLE. — Mari qui se laisse mener par sa femme. (J. Choux.) BADOUILLER. — Faire le badouillard. BADOUILLERIE. — Art de badouiller. — « La badouillerie est la mort des sociétés de tempé- rance, » (1844, C'atéchisme poissard.) BAGATELLES DE LA PORTE. — Parade des- tinée à faire entrer le public dans une baraque de saltimbanque.— Désigne aussi : toute chose accessoire donnée comme insignifiante à côté de celle qui doit suivre. — « S’amuser aux bagatelles de la porte ; c’est regarder les parades d’un polichinelle. » (Caillot, 1829.) V. Postiche. Bagou, BAGOULT. — Verve, faconde, volu- bilité extrême. — Du vieux mot bagouler, parler. — Nos différents auteurs ne s'accordent guère sur la signification précise de ce mot. Nodier trouve dans le bagou une «langue factice dont le secret consiste à former des phrases composées de mots étonnés d’être ensemble et qui ne présentent aucune espèce de sens, » Il est défini ainsi par Balzac : « Ce mot (bagou), qui désignait autrefois l’esprit de répartie stéréotypée, a été détrôné par le mot blague. » M. Francisque Michel se contente de dire : « Bagou : bavardage, jactance. » Auguste Luchet paraît être de l’avis de Nodier dans cet exemple. « Tout un argot enfin, tout un bagou bar- bare et vieux même à Bobino.» (Luchet.) Bagou, BAGUE. — Nom propre. (Vidocq,) Baxvr. — Petit logement. — « Et moi je ne 1 | lui paye peut-être pas son bahut, à Milie? Quoi qu’elle a à se plaindre? » (Monselet.) Banvr. — Pension, institution académique. — « Je te croyais au bahut Rabourdon, Jamais j'aurais pensé qu’ t’étais devenu potache. Et Furet, as-tu de ses nouvelles ? en v’là un bahu- teur. Il à fait la moitié des bahuts an Marais et une douzaine au moins dans la banlieue. » (Les Institutions de Paris, 1858.) V. Potasser. BAHUT PATERNEL. — Quelques fils de famille disent, par extension : nel, en parlant du logis de leurs auteurs, BAHUT SPÉCIAL. — École spéciale militaire de Saint-Cyr. — « L'École de Saint-Cyr ! j'ai le bonheur d’être admis à ce bahut spécial. » (La Cassagne.) BAHUTÉ. — « Ceci est bahuté » veut dire aussi : «Ceci a le chic troupier, » V. ci-dessus, BAHUTER. — Faire tapage. Terme propre aux élèves de Saint-Cyr. BaxvTEUR.— Tapageur. — Vient du vieux mot bahutier. — « Quand un homme fait plus de bruit que de besogne, on dit qu’il fait comme les bahutiers. Car, en effet, les bahutiers, après avoir cogné un clou, donnent plusieurs coups de marteau inutiles avant d’en cogner un autre. » (P. Le Roux, 1718.) — « Cette écorce rude et sauvage qui allait au bahuteur de Saint-Cyr. » (La Barre.) BAHUTEUR. — Écolier nomade, coureur de pensions ou bahuts. V. ce mot. BAIGNEUSE. — Chapeau de femme. — Du nom d’une coiffure à la mode vers la fin du siècle dernier. BAIN DE PIED. — Excédant de liquide versé pour faire bonne mesure ; il déborde et fait prendre à la tasse ou au verre un bain de | pied dans la soucoupe. De là le mot. BAIN DE PIED (PRENDRE UN). — Être dé- porté à Cayenne. BArssrEr. — Homme spéculant à la Bourse sur la baisse des fonds publics. — « Les bais- siers ont fait répandre le bruit que M. Thiers est très-souffrant. » (Liberté, 7 juin 1872.) — « Voici comment opèrent les baissiers. Sans avoir d'actions, ils en vendent des quantités plus ou moins considérables, suivant le crédit dont ils peuvent disposer. Or, plus une mar- chandise est offerte, plus son cours À le bahut pater- - 7 BAL Quand les actions sont descendues & un cours inférieur à celui auquel ils les ont vendues, ils les rachètent et gagnent ainsi la différence. » (Calemard de Lafayette.) BAiTE. — Maison. — « Jorne et sorgue, tu poisseras boucart et baite chenument. » (Vi- docq.) BALADE, — Flânerie, promenade. — On dit : être en balade, BALADER. — Chercher, choisir. (Colombey.) BALADER (SE), ÊTRE EN BALADE. — Flâner. — Du vieux mot baler : se divertir. — « Je suis venu me balader sur le trottoir où j'at- tends Milie, » (Monselet.) BALADER. — Choisir, chercher. ( Vidoeq.) — Même racine. Le choix comporte toujours un déplacement. BALADEUR, BALADEUSE. — Fainéant, cou- reuse. — « Elle t'a trahi sans te trahir. C’est baladeuse, et voila tout. » (G. de Nerval.) BALADEUSE. — Voiture de bimbelotier fo- rain. Elle court sans cesse la campagne. BaLar. — Gendarme. (Vidocq.) — On ap- pelle de même raclette une ronde de police ; elle racle comme la gendarmerie balaie. BALAI (DONNER DU). — Mettre quelqu'un à la porte, Je Dictionnaire de P. Le Roux (1718) a dans le même sens : donner du manche à balai, > BALANCEMENT. — Renvoi. — « Le conduc- teur de diligence appelle son renvoi de l’admi- nistration un balancement. (J. Hilpert, 1841.) BALANCER. — Berner quelqu’un, lui faire perdre son temps. Mot & mot : lui conter des balançoires. V. ce mot, BALANCER. — Jeter au loin. — On sait que l’action de balancer imprime plus de force à une projection. V. Litrer, E'scrache. BALANCER, ENVOYER A LA BALANGOIRE. — Congédier, renvoyer. — «J’ai conservé provi- soirement les anciens employés ; quand ils auront formé les patriotes, nous les balance- rons, » (Delahodde, 1850.) — « Elle m’a traité de mufle. Alors il faut la balancer. » (Monselet.) | — «Là-dessus v'là mon Chinois qui se fiche... || Je l’envoie à la balançoire, » (1dem.) | On dit aussi exbalancer.—« Je vais les payer > BALANCER SON CHIFFON ROUGE, — Parler. Mot à mot : remuer la langue, BALANCER SA CANNE. — Voler, se mettre à voler. Mot à mot ; rompre son ban. V. Canne. BALANCER SES 0HASSES. — Regarder & droite et à gauche, V. Chasses. BALANCER SA LARGUE. — Quitter sa maî- tresse. BALANCER SES HALÈNES. — Cesser de voler, jeter ses outils de voleur, V. Halène. BALANCER UNE LAZAGNE. — Adresser une lettre. V. Lazagne. BALANÇOIR , BALANÇON. — fenêtre. (Vidocq.) BALANÇOIRE (ENVOYER A LA). V. Balancer, BALANÇOIRE. — Mystification, — « Le rap- pel des acteurs est devenu une mauvaise plai- santerie et dégénère en véritable balançoire. » (De Jallais, 1854.) BALANÇOIRE. — Mensonge, conte en l’air, — « Non, monsieur ! je n’avais pas fait un aceroc, — C’est une balançoire. » (P. de Kock.) V. Balancer. BALAYER. — Se dit des femmes qui marchent sans relever une jupe longue, formant queue ct balayant le terrain. BALAYEUSE, — Femme marchant comme ci- dessus — « Te verra-t-on au concert des Champs-Elysées ? 11 y a en ce moment unc collection de balayeuses. (E. Villars.) BALAYEUSE. — Longue redingote balayant la terre. — « Une redingote noisette, dite ba- layeuse, dont la jupe drapée en tuyaux d’orgue, ondoyait à chaque mouvement. » (Villemes- sant. ) BALLE, — Tête. — Comme boule et colo- quinte, balle fait allusion à la rondeur de la tête, — « Tu fais bien ta tête. Est-ce que ma balle ne te va pas? dit-il à la maîtresse du che- valier. » (Macaire, 1833.) Bonne balle. — Tête ridicule. Rude balle, — Tête énergique, caractérisée. Balle d'amour. — Jolie figure. (Vidoeq.) Barreau de BALLE. Franc. — Allusion à la forme ronde d’une pièce de monnaie. — « Je les ai payées 200 francs. — Deux cents balles , fichtre ! » (De Goncourt.) BALLE DE COTON. — Coup de poing. — Al- lusion aux gants rembourrés des boxeurs. les exbalancer à laporte. » (Vidal, 1833.) ad « Il lui allonge sa balle de coton, done qu’il lui - relève le nez et lui crève un œil. » (La Corree- tionnelle, 1841.) BALLE (ETRE ROND COMME). — Avoir bu et mangé avec excès, V. Rond. BALLON. — Derrière. — Enlever le ballon : donner un coup de pied au derrière. — « Inu- tile de faire remarquer l’analogie qu’il y a ici entre la partie du corps ainsi désignée et une peau gonflée de vent qu’on relève du pied, » — (Fr. Michel.) BALLON. — « Ce mot est du domaine de la chorégraphie, Le ballon consiste à s’enlever de terre avec une grande vigueur de jarrets, et à retomber mollement et avec grâce sur les pointes, si c’est possible ; madame Montessu est un des premiers ballons connus. » (J. Du- flot, 1865.) Bien que l’image présentée ici paraisse être celle d’un ballon s’élevant du sol, c’est dans la légèreté traditionnelle de M. et M*° Ballon, célèbres danseurs de ballet sous Louis XIV qu’il faut chercher l’origine du mot. Un Dic- tionnaire de la danse du siècle dernier le con- state bien avant l’invention des aérostats. BALLON (SE DONNER, SE POUSSER DU). — Porter une crinoline d'envergure exagérée, faire ballonner sa jupe. BALLON (SE LACHER DU). — S’enfuir avec la vitesse d’un aérostat. — « Tu te la casses, il se pousse de l’air ou il se lâche du ballon, nous fendons notre équerre ou nous affûtons nos pin- cettes, vous vous déguisez en cerf ou vous graissez le tourniquet, ils pincent leur télé- graphe ou ils accrochent leur tender, » (Villars. ) BALOCHARD, BALOCHEUR. — « Le balochard représente surtoutla gaieté du peuple; c’est l’ou- vrier spirituel, insouciant, tapageur, qui trône à la barrière. » (T. Delord.) V. Balocher. Pardon ! pardon! Louise la Balocheuse, De t'oublier, toi, tes trente printemps, Ton nez hardi, ta bouche aventureuse, Et tes amants plus nombreux que tes dents. (Nadaud.) BALOCHARD. — Personnage de carnaval. — C'était une variété du chicard, avec un feutre défoncé pour casque, À la mode comme lui de 1840 à 1850. & BALOCHER, — « C’est quelque chose de plus BAN = que fläner. C’est l’activité de la paresse, l’in- souciance avec un petit verre dans la tête. » (T. Delord.) — Augmentatif du vieux mot baler : se divertir. BALOCHER, — S'occuper d’affaires véreuses, (Vidoeq.) BALOCHEUR, BALOCHEUSE, V. Balochard, BALTHAZAR. — Repas plantureux. — Allu- sion au fameux repas biblique, — « Je vais me donner une bosse et faire un ba/thazar intime. » (Murger.) « Maria. Ah! voila le balthazar qui arrive. — Eole. Comment appelez-vous ça? — Maria. Un balthazar... et vous? — FEole. Moi, j'appelle ça un déjeuner, tout bonnement. » (Barrière.) BALUCHON.— Paquet. (Vidocq.) Motäà mot : petit ballot. V. Paguecin. BANBAN. — Personne de petite taille, aux membres noués. — Abréviation redoublée de bancroche : rachitique. — « J’entrai chez Di- nah, jolie petite brune un peu banban. » (Cé- leste Mogador.) BANCAL. — Sabre courbe. —- Allusion aux jambes arquées du bancal. — « Voila M. Gran- ger qui apporte le bancal. » (Gavarni.) BANCO, BANCOT, BANQUO (FAIRE). — Tenir tout l’argent placé par le banquier devant lui. — Terme de lansquenet. — « Certains joueurs arrivent avec dix louis ; ils font des banco de cent, deux cents, trois cents louis. » (A. Karr.) — « Ilse trouvait sans argent, et dit à M. de Maucroix qu’il faisait bancot sur parole. » (Du- mas fils, le Demi-Monde.) Un coup trop incertain fait soupirer le ponte, Mais un hardi banquo tout a coup le remonte. (Alyge, 1854.) BANDE (COLLER SOUS). — Acculer dans une situation difficile. — Terme de billard. — « Oui, nous voilà collés sous bande. Ah ! nous nous sommes bien blousés. » (I. de Neuville.) BANDE NOIRE. — Association occulte de spéculateurs réunis dans le but de morceler et vendre en détail de grandes propriétés. — « Alors la bande noire achetait vos palais pour les revendre au détail. » (Zenze, 1825.) BANNIÈRE (ÊTRE EN), — N’avoir qu'une chemise flottante pour vêtement. — Le mot date du temps où notre bannière était À ui on a | % BAN LE Banque. — Réunion de saltimbanques. BANQUE. — Opération dont la valeur réelle est déguisée dans le but d’exploiter le public. — De banc : tréteau de charlatan. — « Ah! c’est une bonne banque. » (Labiche.) BANQUE (FAIRE LA). — Allécher le client. Terme employé par les camelots vendant sur la voie publique. BANQUE (FAIRE UNE), — Imaginer une ruse pour duper. (Colombey.) BAP CANCAN Banque. — Payement des ouvriers impri- meurs. V. S'alé, BANQUETTE. — Menton. (Vidocq.) — La saillie du menton forme en effet banquette au bas du visage. BANQUISTE. — Faiseur de banques, saltim- banque. — « Adieu, z’agréables banquistes, je n° peux plus frayer avec vous. » (Festeau.) Banquo. — V. Banco. BAPTÊME (SE METTRE SUR LES FONTS DU) ” Dictionn, de l’argot parisien, Livr, 6, BAR — Se mettre dans Pembarras. — « Nous ne voulons enquiller chez aucun tapissier, c’est se mettre sur les fonts du baptême. » (Vi- - docq.) — En argot, parrain veut dire témoin à charge. On s'expose donc.au parrain en se mettant sur les fonts du baptême, V. Par- rain. | BAQUET DE SCIENCE. — Baquet de cordon- nier, — « Elle a été débarbouillée dans le ba- quet de science, où trempent le cuir et la poix. » (H. Lierre.) BAQUET INSOLENT. — Blanchisseuse. (Hal- bert.) Allusion au baquet professionnel. Les blanchisseuses passent pour avoir le verbe haut. Colombey donne baguet insolpé, avec un changement de finale. BARANT. — Ruisseau. (Colombey.) Il barre. BARAQUE. — Mauvaise maison, établisse- ment mal administré, — « J’ suis dans une mauvaise baraque, chez des avaricieux qui me coupent le pain pour mon dîner, » (Marco- Saint- Hilaire, 1841.) —« 11 y a longtemps que vous êtes au service de Madame ? — Un mois, — Est-ce une bonne maison? — C’est z’une vraie baraque, » (M, Perrin, 1847.) BARBAUDIER. — Guichetier, (Vidocq,) — Pour barbotier, V. ce mot, BARBE (AVOIR DE LA). — Vieillir, V. Pipe (casser sa), — On dit d’une histoire déjà con- nue : elle a de la barbe. BARBE (PRENDRE LA), AVOIR SON EXTRAIT DE BARBE. — S’enivrer. — « La Saint-Jean d'hiver, la Saint-Jean d’été, la Saint-Jean- Porte-Latine, le moment qui commence les veillées, celui qui les voit finir, sont autant d’é- poques où (pour les compositeurs d’imprime- rie) il est indispensable de prendre la barbe. » (Ladimir.)—« L’un d’entre eux, qui avait déjà son extrait de barbe, chancelle. » (Moi- sand, 1841.) BARBEROT. — Barbier. (Vidocq.) — Dimin. de barbier. … BARBIOHE. — Large bouquet de poils cou- vrant et dépassant le menton, — « En ce temps-là, Boudefer, lieutenant aux dragons, et possesseur d’une taille de guêpe et d’une bar- biche soyeuse. » (Marx.) BARBICHON. — Moine, (Colombey.) Allusion à sa barbe. BARBILLON, BARBILLE, BARBEAU. — Sou- teneur de filles. V. Mac. BARBISTE. — Élève ou ancien élève de Tine titution de Sainte-Barbe.— « Jurez, Lexoviens, Barbistes, Moinillons et Ludovicistes, vous viendrez célébrer en frères les haricots de Mon- taigu. » (Léger, 1819.) BArBoT, — Canard. (Vidocq.) — 11 barbote volontiers, . Barror. — Vol. — Allusion à l’action des doigts, fouillant dans une poche, comme le bec du canard barbote dans un trou. « Je fis le barbot et je m’emparai de quelques pièces de vingt et quarante francs, » (Canler.) BarpoTE. — Fonuille des prisonniers avant leur incarcération, BARBOTER. — Voler. (Vidoeq.) Mot à mot: faire le barbot. — « Tous deux en brav’s nous barbotions, d’or et d’billet nous trouvons un million. » (Paillet.) BARBOTEUR. — Voleur, BARBOTIER. — Guichetier ; il fait la bar- bote des détenus. BARBUE, — Plume, (Vidocq.) Allgsion a sa barbe. V. Arguemine, BARON DE LA ORASSE.— Se dit d’un homme mal bâti, habillé ridiculement, et qui se donne des maniéres de cour. (Caillot, 1829.) Poisson a fait une pièce intitulée /e Baron de la Crasse, BARONIFIER. — Donner le titre de baron. On peut appliquer à la formation de ce mot nou- veau la remarque que nous avons faite à propos d’archi. « D’Aldrigger fut alors baronifié par S. M. l’empereur. » (Balzac.) BARRE. — Aiguille. (Vidocq.)— Ironie. Bas BLEU. — Femme auteur, ou affichant des goûts littéraires. — Anglicanisme. — Au siècle dernier, lady Montague, dont le salon était des plus littéraires, aurait déclaré que les touristes pouvaient s’y présenter en tenue de voyage et en bas bleu. Selon d’autres, elle por- tait elle-même des bas bleus, ce qui lui aurait valu, de la part d’un amant congédié, le poète Pope, le sobriquet de blue stocking, bas bleu. — « Voyez-la donc dans la rue, trottinant les cou- des serrés contre la taille, la tête haute, le re- gard baissé, un bout de manuscrit sortant de son cabas ; voyez dans cette vieille chaussure = see 45 0e “ bas qui se déroule ; est-ce un bas bleu? (est un bas sale! Tope la! vous avez l’origine du mot. C’est la grande habitude des femmes de lettres de ne jamais s'occuper de ces minces détails de la vie de chaque jour. » (Jules Janin.)— « Mo- lière les appelait les femmes savantes, nous les avons nommées bas bleus. » (Fr. Soulié.) — Bas bleu a même droit de cité dans des sphères - plus hautes, si nous en croyons ces lignes : « La comtesse de Liéven, bas bleu politique de la “ plus haute distinction. » (H. de Viel-Castel.) - Bas pu c-L — Homme de petite taille. Bas Du pos. —Postérieur. BAS PERCÉ (ÊTRE). — Être dans l’indigence. — Du temps des culottes courtes, un bas percé se voyait, et il fallait être bien misérable pour ne pouvoir payer la ravaudeuse. BASANE. — Amadou. (Colombey.) — L’ama- dou ressemble assez à une vieille peau de basane. BASANE. — Peau humaine. — Animalisme, BASILE. — Fourbe hypocrite, calomniateur. — Du nom d’un personnage du Barbier de Séville. — « Après 1830, on se déguisait beau- coup en Basile. » (Privat d’Anglemont.) BASOURDIR. — Assommer. — (Vidoeq.) — Abrév. d’abasourdir. BassrN, BASSINOIRE. — Importun. Allons, vieux bassin, Avez-vous fini vos manières? (Becquet, chanson.) BASSINER —Importuner. Mot à mot: échanf- fer comme une bassinoire.— «Il me bassine, cet avoué. » (Labiche.) BASSINOIRE. — Grosse montre de cuivre. Moins le manche, elle offre un diminutif assez exact de la bassinoire classique. —« C'était une vénérable montre de famille, dite bassinoire en langage familier. » (Champfleury.) BASTRINGUE. — Scie à scier le fer. (Halbert.) BASTRINGUE. — Étui conique en fer d’envi- ron quatre pouces de long sur douze lignes de diamètre, contenant un passe-port, de l’argent, des ressorts de montre dentelés pour scier un barreau de fer. (Vidocq.) + Les malfaiteurs ar- rêtés cachent dans leur anus cette sorte de né- ‘cessaire d’armes, qui doit être introduit par le gros bout. Faute de cette précaution, il remonte dans les intestins et finit par causer la mort. ‘ Un détenu périt il y a quelques années de cette manière, et les journaux ont retenti du nombre prodigieux d'objets découverts dans son bastringue, après l’autopsie. SL (CHAPEAU EN). — Chapeau & cor- nes tombant sur chaque oreille. Mis dans le sens contraire, il est en colonne, — Terme de manœuvres militaires. —c Les uns portent d’im + | menses chapeaux en bataëlle, les autres de petits chapeaux en colonne, » (La Bédollière.) BATEAU. — Soulier énorme. — « Il chausse aussi cette excellente marquise. une frégate. Eh bien! ily à des jours où, ma parole, ce n’est guère plus grand qu’un bateau. » (E. Villars.) BATEAU (MENER EN), — Escroquer. BATEAUX. — Souliers. — Allusion de forme. —« Je lui dis: Antoine, t’as pris mes bateaux; je me jette sur lui et je trouve mes souliers. » (La Correctionnelle, 1841.) Barn.— Remarquable. — Abréviation de batif : joli. — « Nous avons fait un lansquenet un peu bath cette nuit. » (A. Vitu.) Barrr, BATIFONNE. — Neuf, neuve, joli, jolie. (Vidocq.) De battant avec finale changée. Barrr. — Être enceinte. (J. Choux.) — Mot à mot : bâtir un enfant. ; BATON CREUX. — Fusil. (Halbert.) — Vieux mot. — Au moyen âge les armes et bouches à feu s’appelaient bastons à feu, BATON MERDEUX. — Homme de relations difficiles, Mot à mot : homme semblable à un bâton merdeux qu’on ne sait par quel bout prendre, — « Bâton merdeux, homme brusque qui repousse tous ceux qui s'adressent à lui. » (Dhautel.) Barouse. — Toile. (Grandval.) BATTAGE. — Mensonge. V. Batterie. BATTANT. — Cœur. (Vidocq.) Mot imagé. — Le cœur qui bat est à son état ordinaire, Il ne mérite pas encore le nom de palpitant. BATTANT, BATTANTE. — Neuf, neuve. (Idem.). On a conservé l’expression de battant neuf. BATTANT. — Gosier. V. Pivois. — Se pousser dans le battant : boire. — Rien dans le battant, je suis à jeun. BATTANT. — Langue. Alen au battant de la cloche. — On dit d’une bavarde qu’elle a un bon battant. BATTANTE— Cloche. Elle bat les heures. — « Ho! les amis, sept plombes qui crossent à la battante d’Élisabeth! » (Catéchisme poissard, 1844.) BATTERIE, BATTAGE.— Mensonge, (Vidoed.) BaTTEUR— Faiseur de batteries. (Idem.) BATTEUR DE DIG DIG. — Voleur simulant une attaque d’épilepsie dans un magasin pour que ses compères volent plus à l’aise. (Colom- bey.) BATTOIR. — Main large, main de claqueur, sonore comme un battoir « Dieu! la belle tragédienne ! battoirs ! » (L. Reybaud.) En avant les Mais les battoirs du parterre Font un tel bruit de tonnerre. (Rzenz?, 1826.) BATTRE. — Faire une batterie. (Vidocq.) BATTRE L’ANTIFLE. — Battre le payé, mar- - cher. V. Antiffe. BATTRE LE BRIQUET. — Rapprocher les jambes en marchant, ce qui produit un frotte- ment analogue au battement du briquet. BATTRE COMTOIS, — Jouer le rôle de compère. (Colombey.) BATTRE COMTOIS, BATTRE JoB. — Faire le niais, (Vidocq.) V. Comtois, Job. BATTRE MORASSE. — Crier Morasse. BATTRE SA FLEMME. — Paresser. V. Flemme. BATTRE SON QUART.— Raeccrocher. V. Quart. BATTRE EN DUEL (SE). — On dit des yeux louches qu’ils se battent en duel. — Allusion à leur rencontre. — On dit aussi de petites por- tions offertes sur un grand plat, qu’elles se bat- tent en duel. — Allusion à l’espace sur lequel elles se meuvent par trop librement. BATTRE. LA PAUPIÈRE (s’EN). — Ne faire aucun cas d’une chose. — C’est un synonyme de s’en battre l'œil. — « Moustache ou barbe, je m’en bats la paupière. Il faut qu’un homme pèse deux cents ; s’il ne pèse pas deux cents, c’est pas la peine de se déranger. » (A. Scholl.) BAUCHER. — Se moquer. (Colombey.) 4 BAUCOTER. — Agacer, (Idem.) Baup. — Mal vénérien. (Vidocq.) — Du vieux mot baud: joyeux. — La baude serait donc la joyeuse, c’est-à-dire le mal de la joie. Bauprv. — Fouet. — Du vieux mot baudre: qui a fait courroze, baudrier. BauGE. — Coffre. (Grandval.) au secours. V. BAUGE. lisme. BAUME D’ACIER. — Instrument de chirurgie. — Moyen ironique de faire entendre que tous les baumes du monde ne peuvent dispenser d'une opération. — « Quant aux dents, si gi- tées qu’elles soient, il n’est pas de dentifrice qui ne leur promette de les mettre à l’abri du baume d’acier. » (Le Vil, journal, août 1872.) BAUSSE, BAUSSERESSE. — Patron, patronne. BAVAROISE AUX CHOUX. — Verre d’absinthe et d’orgeat. — « On nous apporte deux bava- roises aux choux. Nous en étouffons encore deux autres. » (Monselet.) BAVER. — Parler. Abréviation de abus, BayArE. — Pistolet. — C’est un vieux mot languedocien qui veut dire sow/fleur. Or, souf- flant veut dire aussi pistolet, V. Souflant. — « Orrpent remoucher les bayafes. Alors le taffe- tas les fera dévider et tortiller la planque où est le carle. » (Vidocq.) On dit aussi bayafre. BAYAFER.— Fusiller. (Colombey.) Bazar. — Maison chétive.— « Petit bazar entre cour et jardin. » (Labiche.) Bazar. — Mot contemporain de notre entrée en Afrique. — « J’ai vendu la moitié de mon bazar pour payer le médecin. » (E. Sue.) BAZARDER. — Vendre. — « J’ai bazardé mon pantalon. » (Les Tribunaux, journal.) Bzav. — Homme à la mode, — « Le beauxde l’Empire est toujours un homme long et mince, qui porte un corset et qui a la croix de la Lé- gion d’honneur. » (Balzac.) BEAU (VIEUX), EX-BEAU. — Vieil homme ayant conservé des prétentions a une grande élégance. BEAU Du Jour. — Élégant, homme à la mode. — Le beau du jour reçoit d’autres noms qui varient avec le temps. Depuis Louis XVI on l’a successivement appelé petit-maître, in- croyable, merveilleux, fashionable, dandy, mir- liflor ‘gant jaune, lion, gandin, petit crevé, ete. BEAU BEAUCE, BEAUCERESSE. — Revendeur, vendeuse du marché du Temple. BEAUSSE. — Riche bourgeois. (Colombey.) BEAUTE (LA). — Le sexe féminin, fût-il aussi Ventre. (Colombey.) — Anima- re- BEAUTÉ DU DI laidement représenté que possible. a Pre BEC —— 45 — BEL de la jeunesse et non de la beauté. Vénus n’y est ici pour rien. « Elles ont ce qu’il est con- venu de nommer la beauté du diable, ce qui veut dire de la jeunesse, » (P. de Kock.) BÉBE. — Poupard. — De Panglais baby. — — « Emma arriva, au sortir du bal de la Porte- Saint-Martin, en costume de bébé. » (Ces Dames, 1860.) — M. Gustave Droz a fait un livre in- titulé : Monsieur, Madame et Bébé, En adoptant ce mot, vers 1860, nos anglo- manes ont été plus Français qu’ils ne le pen- saient. On le verra par les exemples suivants : BÉBÉ. — Avorton. — « Ce bébé littéraire et turlupin tragique. » (Æpitre à l'Empereur, par une Muse villageoise, 1808, in-8.) Bébé. — Terme d’amitié. Mot à mot : petit- fils. — « Eh bien ! mon bébé, je t’avertis que je compte et compterai éternellement sur ton cœur. Bonjour, mon bon bébé, mon ancien et éternel ami. » (Sophie Arnould, Lettre à Bel- langer, 27 février 1793.) Voici un exemple plus moderne qui prouve que, si les mots changent, les besoins ne changent pas. — « Tu sais, mon petit homme, que je n’ai plus un sou, et que ton petit bébé ne doit pas rester sans espèces. » (Ces Dames, 1860.) Un mot dont on nous favorise, Mot aux nourrices dérobé, C’est (aurait-on la barbe grise) : Comment ça va? Bonjour, bébé. (Fr, de Courey.) Brc. — Bouche. — Animalisme — Le mot est de toute antiquité. Villon, dans son Zesta- ment, parle des commères « qui ont le bec af- filé. » Dans la ballade des Femmes de Paris, on retrouve encore : « Il n’est bon bec que de Paris. » Casser, chelinguer du bec : avoir mauvaise haleine. Passer devant le bec : passer sans répondre à l’espoir de quelqu’un. — « Il ne sera pas mal de profiter du brouillard pour leur passer de- vant le bec. » (L. Desnoyers.) — On dit souvent : Cela m'a passé devant le bec, Rincer le bec : faire boire. - River le bec : faire taire. Taire son bec : se taire. —« Pour lui faire taire son bec, mon homme s’est vu forcé de jouer du couteau. (M. Perrin.) » Tortiller du bec manger. Fin bec : gourmand. 5 BÉCASSE. — Femme maigre et guindée comme une bécasse. — « La femme a l’air d’une fameuse bécasse. » (Villemot.) BÉCHER. — Battre, dire du mal. — Du vieux mot béchier : frapper du bec.— « Je suis comme Je suis, c’est pas une raison pour me bécher, » (Monselet.) BÉCHEUR, BÉCHEUSE. — Médisant, médi- sante. BÉcHEUR. — Magistrat chargé du ministère publie. Mot à mot : bécheur de prévenu. Bécor. — Petit baiser pris du bout des lè- vres avec la prestesse de l’oiseau qui donne son coup de bec, — « Encore un bécot. » (Champ- fleury.) BÉCOTER. — Donner un bécot. — « Tiens, j'effarouche les tourtereaux.… On se bécotait ici. » (Cormon.) On écrit aussi : bécotter. Petit bossu, Noir et tortu, Qui me bécottes... De me baiser finiras-tu? (Béranger.) BECQUETER. — Manger. Mot à mot : tra- vailler du bec.— « Dis done, Boizamort, si nous becquetions une croûte? » (1842, Ladi- mir.) BÉDOUIN. — Dans un volume de souvenirs sur 1814, M. Labretonnière dit en parlant des bisets de la garde nationale d’alors : « Quel- ques gibernes se croisaient avec le briquet sur une pacifique redingote, et constituaient ce que nous devions, quinze ans plus tard, grati- fier du nom de Bédouins. » :; BEFFEUR, BEFFEUSE. — F'aiseur, faiseuse de dupes. (Colombey.) BÈGUE. — Avoine. (Idem.) BÉGUIN.— Passion. — Du mot béguin : cha- peron, coiffure. — Allusion semblable à celle qui fait appeler co?/ée une personne éprise, — « Ily a bel âge que je ne pense plus à mon pre- mier béguin. » (Monselet.) B£GurN. — Tête. — «Tu y as donc tapé sur le béguin. » (Robert Macaire, 1836.) BÉLIER. — Mari trompé. (Vidocq.) — Allu- sion aux cornes symboliques du cocuage, BELLE (JOUER LA). — Tout risquer d’un seul coup. — Deux joueurs jouent la belle (partie) À BEO lorsqu’après en avoir gagné chacun une, ils conviennent d’en jouer une décisive. — Pris souvent au figuré. BELLE (LA PERDRE). — Perdre une partie très-engagée. BELLE DE NUIT. — Raccrocheuse ne se montrant, comme la fleur de ce nom, que pen- dant la nuit. — Se dit aussi d’un visage flétri qui ne brille qu’aux lumières. — « La plupart de ces belles de nuit ne seraient pas présentables au grand jour. » (P. de Mairobert, 1776.) B£ner. — Bénéfice. — Abréviation — « Un billet, mon maître, moins cher qu’au bureau ! Deux francs cinquante de bénef ! » (A. Second.) BÉNISSEUR. — Se dit aussi d’un personnage . n’ayant de la morale et de la vertu que la ba- nalité. Il fait hors de propos des allocutions at- tendries. — « Cet ensemble donne au placide vieillard la physionomie consacrée d’un bénis- seur. Le langage onctueux complète l’illusion. » (L’Éclair, 1872.) BENOITON, BENOITONNE. — Digne (par l’extravagance de sa toilette, de ses mœurs, de ses dépenses) d’être confondu avec les types mis en scène par M. Sardou dans sa Famille Benoiton. — « L'Église et le théâtre semblent se donner la main pour flétrir avec indignation les mœurs benoîtonnes. » (Dupeuty, 1866.) — « Madame ***, très-connue par les audaces be- noîtonnes de son langage. » (Yriarte, 1866.) BENOITONNER. — Porter une toilette ridi- cule, c’est-à-dire : à la Benoîton. Et, le soir, les gandins sur vos pas s’étouffant, Croiront tous, à vous voir ainsi benoîtonnée, Que dans la bicherie une autre biche est née. Et tous, ceux du MOUTARD et ceux du MIRLITON, Avec leurs pince-nez et leurs cols de carton, Et leurs gilets ouverts sur la blancheur du linge,- Criront, en se pamant : « Quel adorable singe ! » (Vie parisienne, 1866.) BENOITONNERIE. — Genre Benoîton. V. ce mot. Béorien. — Bête, inintelligent. — Dans l’ancienne Grèce, les Béotiens passaient pour illettrés. — « L'entretien suivant, éminemment béotien, s’il nous est permis d’emprunter cette expression au très-spirituel écrivain qui l’a po- pularisée, Louis Desnoyers, auteur des Béotiens de Paris. » (E. Sue.) V. Philistin. BEQUILLARD, BÉQUILLEUR. — Bourreau. (Colombey.) — Il vous pendait a la béquille (potence). ; BrquinLe. — Potence. (Vidoeq.) — La po- tence ressemble à ne béguille monumentale. — BÉQUILLER. — Pendre, accrocher à la bé- quille, V. Farre. BÉQUILLER, BECQUETER. — Manger. Mot à mot : travailler du bec. — « C’est égal, je luiai envoyé un coup de tampon sur le mufle qu’il ne pourra ni béquiller, ni licher de quinze jours. » (Th. Gautier.)— « On béquille, on s'amuse, on s’ donne du bon temps, on oublie ga misère. » (HI. Monnier.) BÉQUILLEUR. — Mangeur. Berisoxo. — Nigaud. (Vidoeq.) BERLUE. — Couverture. (Idem. ) BERNIQUER. — S’en aller pour ne plus reve- nir. Mot à mot : agir comme si on disait ber- mque, Ce dernier mot se trouve dans le Dic- tionnaire de l'Académie, BERRY. — Capote d’études à l’École po- lytechnique. — « Toujours plus ou moins cu- lottée, veuve d’un certain nombre de boutons. » (La Bédollière.) BERTRAND. — Fripon dupé par son com- plice. — Le drame populaire de I’ Auberge des Adrets a mis ce terme à la mode. — « Il s’était posé à mon endroit en Robert Macaire, me laissant le rôle désobligeant de Gogo ou de Bertrand. » (E. Sue.) . ; BESOUILLE. — Ceinture. (Colombey.) BÊTE. — Escroc. V. Bachotteur. BÊTE A CORNES.— Fourchette. — Les cornes sont les dents, qui étaient au nombre de deux dans les anciennes fourchettes. BÊTE A DEUX FINS. — € Cet aimable époux prenait sa bête à deux fins (c’est ainsi qu’il nom- mait sa cunne, parce qu’elle lui servait à faire taire et à faire crier sa femme.) » (Privat d’An- glemont.) BêTises (DIRE DES). — Tenir des propos grivois. — Passer des paroles à l’action, c’est faire des bêtises. C’est à ce dernier sens que s'applique l’exemple suivant : « Elle est belle, ma Joséphine. Mais pas de bétises! a vous donnerait du mal ! » (Dernier jour d'un con- damné.) on — 47 — dit aussi BATTANDER. BETTERAVE, — Nez rouge comme betterave. — «Il a un nez de betterave, c’est-à-dire un gros nez, rouge et enluminé. » (Caillot, 1829.) BETTING-BoO0K. — Livre sur lequel on inscrit les paris de courses. (Paz.) — Anglica- nisme, — « Vous la trouverez inscrivant ses pa- ris sur le betting-book comme au bal ses valses sur son carnet. » (E. Villars. 1866.) BETTING-ROOM. — Salon ouvert aux parieurs de courses, (Idem). BETTING MEN.— Parieur. (Idem.) V. Cocot- terie. : BEUGLANT. — Café chantant. — « Nous al- lames au beuglant, c’est-à-dire au café chan- tant... Vous devez juger par le nom donné à cet établissement que les chants des artistes sont fort peu mélodieux. » (Les Étudiants, 1860.)— « Des caboulots de toute sorte, des beuglants grands et petits. » (Vie parisienne, août 1867.) BruaNE. — Coup violent. — Des vieux mots beigne, bigne. BEURRE. — Argent. — « Pas plus de beurre |" que ça, dit la Zoé au major qui lui remet une trentaine de francs, » (Jaime fils.) V. Graisse. Nous v’là dans le cabaret A boire du vin clairet, A c’theure Que j'ons du beurre. (Chansons, Avignon, 1813.) BEURRE (AU PRIX OU EST LE.) — Par le temps de cherté qui court. - BEURRE (FAIRE SON). — Prélever un béné- fice illicite. — Le terme aurait-il été primitive- ment à l’adresse des cuisinières faisant danser l’anse du panier? En tout cas, ces gras syno- nymes s'appliquent volontiers à l'argent mal acquis. On sait ce que veutdire : Se faire grats- ser la patte. L'argent est aussi appelé huile. Deux voleurs, mettant la main sur un riche - porte-monnaie, diront : // y a gras, — « Un fonctionnaire, puni pour avoir fait son beurre en prévariquant, trouve souvent ce même beurre un peu salé. » (Commerson.) BEURRE DANS SES ÉPINARDS (METTRE DU.) — Augmenter son bien-être. Car. les épinards sont la mort au beurre, chacun sait ça. — Brrranner. — Mendier. (Colombey.) —On + Dans l’espoir que l’or étranger mettrait du beurre dans les épinards de la famille, ‘Cha- mouillez père s'était payé un paletot de cent — francs. » (E. d’Hervilly.) fo BrurrE. — Chose agréable. — « On recevra un coup de canon comme on avale un petit verre. Ce sera un beurre. » (Lockroy.) — « A propos d’une sonate de Mozart, ce jugement résumé avec tant de grâce : c’est un petit . beurre. » (Aubryet.) an BEURRE NOIR (ŒIL AU). — Abréviation de : œil poché au beurre noir, dont la paupière est noircie de sang extravasé à la suite d’un coup. — « L’ouvrier a un œil au beurre noir ; le co- cher cherche partout un morceau de son nez, » (Sauger.) ; Terme ancien, Rabelais l’a employé : « I resta tout estourdy et meurtry, un œil poché au beurre noir. » (Pantagruel, liv. IV, ch. 12.) BEURRE SUR LA TÊTE (AVOIR DU). — Être couvert de crimes. — Allusion à un proverbe hébraïque. (Vidoeq.) Brurrrer. — Banquier. (Vidocq.) Mot à mot : marchand d’argent (beurre). ; BEZI, BEZIG, BEZIGUE. — Jeu de cartes. — « Ma femme est en train de jouer au bezi. ou bezig. » (De Leuven.) — « Au piquet, au bezigue…, je suis homme à donner leçon au plus malin. » (About.) BrBARD. — Grand buveur. (Dhautel.) — « Par rapport à ces vieux bibards d’invali- des. » (La Bédollière.) BiBassE. — Vieille femme. Pour birbasse. BIBELOT, BIBELOTER. V. Biblot, Bibloter. BrBr. — Petit chapeau de femme. — « Ma- laga portait de jolis bibis. » ( Balzac.) Brsr, — Nom d’amitié donné à l’ami ou à l’amie dont on est coiffé. — « Paul, mon bibi, j'ai bien soif. — Déjà? » (Montépin.) — « En- core à boire ? — Tiens, mon bibi ! t’as pas mal - au cœur? » (H. Monnier.) BIBINE. — Cabaret. Mot à mot : cabine à biberons, à ivrognes. - BrBLor. — Objet de fantaisie ou curiosité propre à décorer une étagère. — De bunbelot : jouet d’enfant. ; 7 « On nomme biblots, en style d’amateur, cet inimaginable amas de bronzes, chinoiseries, filigranes, ivoire, saxe, sèvres, bonbonnières, médaillons, éventails, cassolettes, écaille, laq n J 7 nacre, cristal, jade, lapis, onyx, malachite, marcassite, poignards, kangiars, bijoux, jou- “joux. qui doivent nécessairement orner, j'ai voulu dire encombrer, les étagères d’une femme posée dans le monde par sa célébrité ou sa beauté. Être sans biblot, c’est le dernier degré du discrédit et de la honte. Toutes ces dames du quartier Bréda ont du biblot ; les danseu- ses en ont ; ma portière en possède aussi. (F. Mornand.) BIBLOT (MON). — Dans la bouche d’un sol- dat, signifie : mon attirail militaire. BrBLor. — Bijou. — « Trouve-moi des den- telles chouettes, et donne-moi les plus relui- sants biblots. » (Balzac.) BiBror. — Outil d’artisan. (Vidocq.) BIBLOTER.— Acheter des objets de curiosité, BIBLOTER. — Faire sur toutes sortes de cho- ses de petits bénéfices, BrBLOTER.— Vendre.—<« Venir vendre ses vé- tements, s'appelait b7belotter ses frusques ; s’ha- biller, se renfrusquiner. » (Petit Journal, 1865.) - BIBLOTER. — Arranger avec soin. — « Je me munis d’une petite réclame que j'avais bi- belotée la veille à propos des toilettes de ma- riées. » ( Villemessant.) BICEPs. — Solidité musculaire de l’arrière- bras. — Terme scientifique vulgarisé par les étudiants en médecine. — « Mon frère Georges a raison. Il faut qu’un valseur ait du biceps. » (1866, Vie parisienne.) BICEPS (TATER LE). — Prendre par la flat- terie. (1851, A/manach des débiteurs.) BrcHE. — Lorette. — Abréviation de biche d'Alger, synonyme poli de chameau. — « Une biche, il faut bien se servir de cette désigna- tion, puisqu’elle a conquis son droit de cité dans le dictionnaire de la vie parisienne, se trouvait cet été a Bade. » (Figaro, 1858.) V. Be- noitonnée. - Forte biche, — Lorette élégante. BrICHERIE. — Monde galant. Mot à mot : réunion des biches. — « Madame Margue- rite V..., de la haute bicherie du quartier d’An- tin. » (Les Cocottes, 1864.) V. Benoitonnée. BICHE, BICHETTE, BICHON. — Mots d’ami- tié pour chaque sexe. — Bichette est comme biche la femelle du cerf. Bichon se dit d’un pe- tit chien du genre havanais. — « Viens ici, => BIC — 48 — BIG ma biche, viens t’asseoir sur mes genoux, » (Frémy.) — « Oui, ma bichette, oui, mon petit chien-chien. » (Leuven.) — « Mon bichon, tu seras gentil, faudra voir ! » (Gavarni.) BrcHor. — Évêque. (Colombey.) — Germa- nisme. — L’évêque allemand est un bischo//. Ber. — Ficelle transportant la correspon- dance des prisonniers enfermés à des étages dif- férents. (Vidocq.) C’est leur bidet de poste. Brpocxe. — Viande. (Vidocq.) BrpoNNER. — Boire copieusement. — Le bi- don est un fort récipient à liquide. — « Hier, J'ai bidonné et ce matin j'avais la bouche pâ- teuse. — Fallait repiquer pour te remettre, » (Ladimir.) Bren. — D’apparence distinguée. — « Elle aime à causer, surtout avec les bien. » (P. d’Anglemont.) BIEN (ÊTRE). — Être gris. Mot à mot : éprouver le bien-être factice causé par un com- mencement d'ivresse. — Ironique. BIEN MIS. — Fashionable. — « Ohé! ce bien mis, il vient faire sa tête parce qu’il a du linge en dessous. » (E. Sue.) BIENSÉANT. — Derrière. — Jeu de mots. — De toutes les parties du corps, c’est en effet celle sur laquelle on sied bien. Brzr.— Aller. (Vidoeq.) Abréviation d’am- bier. V. ce mot. Brrrer. — Manger gouliiment. (Vidoeq.) C’est bouffer avec changement de la première syllabe. : BIFFIN, BIFIN. — Chiffonnier. — « Ce nest pas le chiffonnier pur-sang, c’est celui qui a déchu d’une position meilleure. De là sans doute le nom de bifin : goulu, donné par l’ancien chiffonnier au nouveau venu. » — « J’ vois deux bifins et leurs femelles. » (Chan- sonnzer, 1836.) BrcarD. — Trou. (Vidoeq.) BIGE, BIGEOT, — Dupe. (Vidocq.) BIGORNE.— Argot.— Du vieux mot biquer : changer. troquer. L’argot n’est qu’un langage bigué, d’où le diminutif bigorne. — « _Rous- caillons bigorne. Qui enterver le saura, à part sézière en rira, mais les rupins de la vergne ne sont dignes de cela. (Vidocq.) V. Jaspiner. BIGORNEAU. — Soldat de marine. — Terme de matelot. Comme le petit coquillage de i messieurs BIG — 49 — BIL UN BONJOURIER nom, le soldat de marine reste attaché à la côte. BIGORNEAU. — Sergent de ville. (Halbert.) BrGorTEr. — Prier. (Vidocq.) Mot à met : faire le bigot. BrGRE.— Juron lancé dans les cas difficiles, Ah]! bigre! se dit comme ah! diable! Cest une forme de bougre ! \ BIGREMENT. — Superlativement. Forme de \ bougrement. — « (est bigrement embétant, allez. » (Gavarni.) BIJOUTIER. — Marchand d’arlequins. V. A7- lequin. BIJOUTIER EN CUIR. — bey.) — Ironie. BILE (NE PAS SE FAIRE DE). — Ne pas se tourmenter. — « Ne vous faites pas de bile, Savetier. (Colom- elle sera heureuse avec moi. » (Marquet.) À Dictionn. de l’argot parisien. — i Live, 7, z = BIL — 50 — BIN Aprés I’ service on peut sans retard... Venir chez ses parents, sans § faire de bile Savourer une bonne soupe au lard. (A. Cahen.) Ilnese fait pas de bile se dit d’un insou- ciant. : 11 se fait une bile se dit d’une personne qui se tourmente constamment. BILLANCHER. — Payer comptant. Mot à “mot : donner de la bille, BILLE, BILLEMONT, BILLON. — Monnaie. Billemont et Bille viennent de billon — « L’ar- gent au Temple est de la braise, ou de la thu- ne, ou de la bille, » (Mornand.) — « Nous at- tendions la sorgue, voulant poisser des bogues, pour faire du billon. » (Vidocq.) V. Attache, Flacul.— Billon se dit toujours pour monnaie de cuivre. BILLET A LA CHATRE. — Garantie illu- soire. — « Vous connaissez, sans doute, l’a- necdote qui a donné naissance à cette expres- sion tant répétée. Pour le cas, cependant où elle ne serait pas venue jusqu’à vous, la voici en deux mots ; — Le marquis de la Châtre aimait tendrement Ninon. Obligé, par un voyage, de la quitter pendant quelque temps, il s'était demandé si, pendant l’absence, Ninon l’aimerait toujours, Nous ne savons quelle idée le marquis se faisait de l’amour et de la fidélité d’une fille d’Êve, mais il voulut, pour mettre fin à ses anxiétés, que Ninon s’engageât, par écrit, à lui rester fidèle. Ninon signa, le mar- quis partit, et… Ninon qui n’aimait pas les en- tr’actes, oublia bientôt promesse et signature. Comme il était un peu tard quand son billet lui revint en mémoire, elle ne put s'empêcher de s'écrier : Ah! le bon billet qu'a la Châtre! C’est depuis ce temps ou plutôt depuis cette histoire, que le mot est passé dans la langue. Ayez dans les mains un billet sans valeur, un engagement peu sérieux, et l’on dira pour ca- ractériser votre situation : Le bon billet qu'a la Châtre ! » (Rozan.)— « Voilà M. Carteret tran- quille. Il a la parole de M. Marque. Oh! le bon billet à la Châtre !.. » (Æeclair, juillet 1872.) BILLET DE 500, BILLET DE 1000. — Billet de 500 francs, billet de 1000 francs. — « Te faut-il beaucoup? — Un billet de cing cents... » (Balzac.) — « Les ressources d’une lorette pour extraire un billet de mille. » (Idem.) BILLET (DONNER ou FICHER SON). — Certi- fier. Mot à mot : se déclarer prêt à signer un billet d’attestation. — « Rienzi ne la gobera jamais que de ma main. Je t'en donne mon billet. » (Rienzi, parodie, 1826.) — « Il ne faut pas avoir la goutte aux pattes dans votre état. Je vous en fiche mon billet. » (Cabarets de Paris, 1821.) Prendre un billet de parterre : tomber par accident. V. Parterre, BINELLE, — Faillite, (Vidocq.) BINNELLELOPHE. — Banqueroute. (Halbert.) BINELLIER. — Banqueroutier. (Vidoeq.) BINETTE. — Tête dans le sens de physiono- mie. — On dit souvent : « Quelle drôle de bi- nette ! » Pour arriver à rendre enfin l’œuvre complète, Nadar de chacun d’eux décalqua la binette. (A/manach du Tintamarre,) — « Vous demandez ma tête, monsieur le pro- cureur du roi. Je regarde votre binette et je comprends votre ambition.» (Dernier jour d'un condamné) Le Journal des Cotffeurs revendique ainsi l’origine de ce mot: « Binette, le coiffeur du roi, ne cédait jamais une de ses belles perru- ques pour moins de (rois mille livres tournois. Il est vrai que ce grand perruquier ne se con- tentait pas de mettre une simple petite bande d’implanté sur le milieu, et qu’il gar- nissait toute la partie frontale de /ine toile de crin, chose qui donnait à ses devants de perruque 2n-/0lio0 une légèreté extraordinaire. Aussi, comme les élégants de l’époque aimaient à parler toilette, parlaient-ils souvent de bznette (leur perruque), surtout lorsqu’elles sortaient de chez le grand faiseur. — Vous avez là une bien jolie binette! disait-on lorsqu’on voulait complimenter quelqu'un sur la beauté de sa perruque. Aujourd’hui, et sans savoir pourquoi, on dit souvent par moquerie : Oh! la drôle de binette !» (Journal des Coiffeurs.) — Nous devons toutefois faire observer que les exemples justificatifs de cette étymologie manquent tota- lement. Enattendant qu’on en trouve quelques- uns, nous verrions plus volontiers dans binette une abréviation de bobinette. V. Bobine. BINETTE A LA DÉSASTRE. — Tête du créan- cier impayé. (1851, Almanach des ge BIS = BLA BINÔME, — «€ Aux laboratoires, nous verrons chacun des élèves (de l’École polytechnique) manipuler avec un camarade qu’il nomme son binôme. » (La Bédollière.) — Allusion à la signification algébrique de binôme : quantité composée de deux termes, BIRBADE, BIRBASSE, BIRBE, BIRBETTE, BIR- BON. — Vieux, vieille. — Italianisme, — « Les dames des tables d’hôte ont adopté trois mots pour peindre la vieillesse : à cinquante-cinq - ans, c’est un bä-bon, à soixante ans, c’est un birbe ; passé ce délai fatal, c’est une birbette, On ne lui fait plus même les honneurs di sexe masculin. » (Lespès.) — Vidocq donne De basse. vieux, et birbe dabe : grand-père. BIRBASSERIE. — Vieillerie: (Vidocq.) Brrax. —V. Birbade. — « Monsieur le pré- sident, vous êtes un vieux birbe. J’em…. la cour, je respecte messieurs les jurés. » (Der- nier jour d'un condamné.) BrrurBIr. — Jeu de dés tenu par des filous dans les foires, (Vidocq.)— C’est l’ancien bir#b2, Brsarp. — Soufflet. (Vidocq.) Mot à mot : souffle bise, BrscayE. — Bicétre. — Changement de finale. Brscxorr. — Mélange de vin blanc, de sucre'et de citron ; la recette est, l’on s’en doute, d’origine allemande. — « René agite le bischoff avec une cuiller à punch. » (Frémy.) BISMARCK. — Couleur brune, dite aupara- vant aventurine. Elle fut à la mode en France après Sadowa, car, ne l’oublions pas, M. de Bismarck a eu sous l’Empire ses admirateurs. —- « Lia baronne est en bismarck de pied en cap. » (Vie parisienne, 1867.) BISTOURNÉ. — Cor de chasse. Allusion aux tours du tuyau. — Participe du verbe bistour- ner : tourner, qui se trouve dans le diction- naire de l’Académie. Brsser. — Répéter une seconde fois. — La- tinisme. — « L'usage de bisser un couplet, un air, un finale, ne remonte qu’en 1780. Made- moiselle Laguerre mit tant d’expression à chan- ter l'hymne de l’Amour à la première représen- tation d’Æcho et Narcisse, de Gluck, que le parterre voulut l’entendre deux fois. La partie intelligente du public eut beau protester contre cette innovation qui entravait l’action en sub- stituant l’acteur au personnage, ce fut en vain; l’usage du bis fut désormais introduit sur la scene francaise. » (J. Duflot.) Brrume. — Trottoir. — Du bitume qui le recouvre ordinairement. BITUME (FOULER, POLIR LE). — Aller et venir sur le trottoir. V. Asphalte, : “ BITUME (DEMOISELLE DU). — Raccrocheuse, V. Côtes en long. BITUMER. — Faire le trottoir. (J. Choux.) BITURE, BITTURE. — Consommation co- pieuse. — Du vieux mot boture : goinfrerie, — « N’aspirons-nous le grand air que pour l’inef- fable joie d’engloutir impunément du pigueton jusqu’au gobichonnage majeur, jusqu’à prendre une biture ? » (Luchet.) — « Le cortége fait halte pour une bittuvre générale. » (La Bédol- liere.) — « Je peux me flatter de m’étre donné une biture soignée. » (L. Desnoyers.) BITURER (SE). — Se donner une biture. BLACKBOULAGE. — Refus, échec dans une demande d'admission. V. Blackbouler. — «Le jockey-club devient de plus en plus sé- vère. Le blachoulage sévit impitoyablement, » (Virmaitre, 1867.) BLACKBOULER. — Refuser. — « Pour rejeter on dépose une boule noire. En anglais noir se dit black, Or, lorsqu’un candidat est repoussé, on dit qu’il a été blackboulé! Quel mot sau- vage ! » (G. Claudin.) BLAGUE. — Autrefois ce mot si répandu signifiait hôblerie. Aujourd’hui il a quatre sens : il veut dire causerie, ou faconde, ou rail- lerie, ou mensonge, Son étymologie a donné matière à bien des conjectures. On ne peut admettre celle de M. Albert Monnier, qui, dans un article du Figaro, fait dériver blaguer du braguer de Rabelais; ni celles de MM. A. Luchet et Fr. Michel, qui voient dans blague une acception figurée de la vessie employée par les fumeurs sous le même nom. Tlest à remarquer que le mot blaque (vala- que) désigne, dans le Dictionnaire de Ménage, les hommes de mauvaise foi (comme Grec : escroc), — M. Littré, qui rélègue blague et blaquer parmi les termes du plus bas langage, donne une étymologie gaëlique beaucoup plus ancienne. (Blagh: souffler, se vanter.) Mal- À = heureusement, nous manquons jusqulici des exemples qui pourraient prouver cette origine gaëlique dans la suite des siècles. Voici la série des exemples certains les plus anciens quenous yons pu recueillir. Le Dictionnaire de Dhautel (1808) admet les mots blaguer et blagueur avec le triple sens de railler, mentir, tenir des discours dénués de sens commun. — Cet exemple, des plus anciens que nous ayons trouvés, ne prend blague qu’en mauvaise part. L’année suivante, Cadet Gassicourt confirme 4 ainsi la définition de Dhautel, dans le récit de hey la campagne de 1809 (Voyage en Autriche):— « Les militaires ont, dit-il, znventé un mot pour exprimer un conte puérile ou ridicule, un mensonge, une gasconnade. Cela s'appelle blague, d’où l’on a fait dériver blaguer, bla- queur, blagomane. » - Comme Cadet Gassicourt, Beyle (Stendhal) dit dans sa Rome en 1817 (Paris, 1827), en par- lant du temps de l’Empire, où il avait servi dans l’administration militaire : — « Cette van- terie égoïste et grossière que nous appelions blague parmi les officiers subalternes des régi- ments, y est absolument inconnue. » Un peu après, nous trouvons blague avec le même sensen Belgique et en Champagne. — x Sei te L'auteur d’un vocabulaire langrois de 1823 - mentionne blague comme appartenant au lan- _ gage local. Enfin, on trouve black (hâblerie) dans ledictionnaire willon de Remacle. (Liége,1823.) De ces divers exemples, et en attendant mieux, on peut conclure avec certitude que blague était fort usité dans l’armée au commen- cement du siècle, avec le seul sens de häblerie, =: N ous allons voir cette signification se modifier “ complétement avec l'extension de son usage. Voici aujourd’hui les divers sens de blague : BLAGUE. — Causerie ordinaire. — On dit: ny fait deux heures de blague avec un tel, pour 1 ‘ai causé avec un tel, BLAGUE. — Faconde, verve, habileté oratoire. — « Un homme d’esprit et de bonnes manières, M. le comte de Maussion, a donné au mot = blague une signification que l'usage a consa- - crée: «l’art de se présenter sous un jour favo- «rable, de se faire valoir, et d’exploiter pour «cela les hommes et les choses. » (Luchet.) Un homme qui ade la blague est un homme doué d’une grande facilité d’élocution. Avoir la blague du métier : faire valoir cer taines choses en spécialiste consommé. Il a une fameuse blague : il a une grande verve, pas une valeur réelle. n'a que la blague : il parle bien, ies : BLAGUE. — Plaisanterie, raillerie. — « Je te trouve du talent, là, sans blague! » (De Gon- court.) — « Pas de bétises, mon vieux, blague dans le coin ! t’es malade. » (Monselet.) Bracus. — Œuvre littéraire sans valeur. On dit d’un journaliste médiocre : #2 ne fait gu 0 des blagues. oe BLAGUE. — Mensonge. — « En leur faisant avaler toutes sortes de blagues. » (L. Huart.) BLAGUE A TABAC. — Sein flétri. (Colom- 7) bey.) BLAGUER. — Causer. blaguer, » dit Léon de Lora & madame Nourris- son, dans les Comédiens sans le savoir, de Bal- zac. — « Et à propos de quoi choisis-tu ce beau jour pour venir ainsi blaguer morales >... (E. Sue.) BLAGUER. — Avoir de la verve. — « Enfin . = elle blague aujourd’hui, elle qui ne connaissait rien de rien, pas même ce mot-là. » (Balzac.) BLAGUER. — Railler. — « Si on te blague, ey = = « Nous venons fais semblant de rire. » (De Goncourt.) — «Ne blaguons plus! » (Cousine Bette, Balzac.) 2 Un homme blagué : un homme raillé, berné. BrLagvEr. — Mentir, Pour les exemples, v. Blague, BLAGUEUR, BLAGUEUSE. — Menteur, men- teuse. Mais qu’un blagueur me raconte Ses faits merveilleux, Quand j'en ai plus que mon compte, JP lui dis : Mais, mon vieux, Je n’ coup’ pas beaucoup Dans c’ montage de coup. (Aug. Hardy.) — « Mon beau-père, vous n’êtes qu’un vieux blagueur! dit Robert Macaire au baron de Wormspire ; et ils s'embrassent. » (Luchet.) — « En 1813, deux femmes, Vache et Louise la Blagueuse, 50,000 francs. » (Vidocq.) BLAGUEUR. — Railleur. — « I] ne wt faire des hibleries. || Pauline la | enlevèrent — yav oir : circonstance si grave qui empéchât ce blagueur fini de se livrer à sa verve. » (L. Des- noyers. )- 3 : BLAIREAU. — Conserit. — Animalisme. — « Moi, j'ai carotté un binireat... » (La Bédol- igre.) BLAIREAUTER. — Peindre avec trop de fini, ‘abuser du pinceau de blaireau qu’on a entre les mains. — « Aussi sa peinture est-elle fa- meusement blaireautée. » (La Bédollière.) : Braxc. — Vin blanc —« Allons, vivement ! - du blanc à un franc! » (La Bédollière.) — On dit aussi Petit blanc. ~ - Buanc. — Légitimiste désirant le retour du drapeau blanc. BrAaNc.— Pièce d’un franc. (1851, A/manach des Débiteurs.) — Allusion de couleur. «BLANC (N'ÊTRE Pas.) — Être en mauvaise passe. Mot à mot : être noirci par une accusa- - tion quelconque. — « La v'là morte, j’sis pas blanc. » (Rienzi, 1826.) BLANCHISSEUR. — Avocat. (Colombey.) ~ BLANQUETTE. — Argenterie. (Vidoeq.) — . Monnaie blanche. (Grandval.) ~~ BLANQUETTER. — Argenter. (Colombey.) BLARD, BLAVARD. — Chale. Mot à mot: grand mouchoir. — Augmentatif de Blave. BLAVE, BLAVIN, — Mouchoir. (Vidoeq.) — Dimin. du vieux mot bave : bleu. — Les mou- choirs à carreaux bleus sont encore fort en “Usage, surtout chez les priseurs. ~~ BLAVINISTE. — Voleur de mouchoirs. - V. Butter, Pègre, BrEv. — Conscrit. — Allusion à la blouse - bleue de la plupart des recrues. — « Celui des bleus qui est le plus jobard. » (La Barre.) BLEU, PETIT BLEU. — Gros vin dont les gouttes laissent des taches bleues sur la table. ew In franchise, arrosée par les libations d'un petit bleu, les avait poussés l’un l’autre à se faire leur biographie. » (Murger.) De ce vin, qu’à tort l’on renomme, Qui grise en abrutissant l’homme, Et qu’on vend pour du petit bleu, “ J’en goûte un peu. (H. Valère. ) BLEU.— Très-irrité, très- -stupéfait. — Allu- sion à la teinte que les sentiments excessifs amènent sur les figures sanguines, BLEUE (COLÈRE). — Colère violente, — Même allusion que ci-dessus. — « La littératur et la musique l’ont fait entrer dans des colères bleues. » (Vie parisienne, 1866.) ; BLEU (BAILLER TOUT). — Rester stupéfait. — Même allusion que ci-dessus. BLEU (PAYS, ROYAUME DU). — Pays imagi- naire et radieux comme le ciel bleu si contem- plé par les poëtes, — « La guerre même devient un spectacle agréable, et l'on nage dans le royaume du bleu. » (J. Richard.) Broo. — Prison.— On y est bloqué.—« Pre- 3 {| nez trois hommes et menez cette fille au bloc. » (V. Hugo.) BLOCKAUS. — Schako ancien modèle. Sa lourdeur lui avait valu cette comparaison. BLOND (BEAU). — Soleil. (Colombey.) — Al- lusion de couleur. Se dit aussi ironiquement d'hommes qui ne -sont ni beaux ni blonds. BLONDE. — Amante. — « Blonde s’emploie dans ce sens sans distinction de la couleur des cheveux, car il existe une chanson villageoise où, après avoir fait le portrait d’une brune, l’a- moureux ajoute qu’il en fera sa blonde, » on nier, 1831, Vocabulaire jurassien.) BLOQUER. — Consigner. — « Colonel, cest que je suis bloqué. — Je vous débloque. » (J. Arago, 1838.) BLOQUER. — Vendre, abandonner. (Halbert. }. V. Abloquir. Brot. — Bon marché. (Vidoeq.) — Corrup- tion de Bloc. Les marchés d’objets en bloc sont les plus avantageux. BLousE. — Terme du jeu de billard. —« Qu. dit qu’on a mis quelqu'un dans la blouse, quand on l’a mis en prison, ou quand on l’a fait tom- ber dans un piége. » (Caillot, 1829.)— Se blou- ser est donné avec ce sens par le Dictionnaire de l’Académie. : BLOUSIER, — Voyou, Mot à mot : porteur de blouse. BOBÉCHON (SE MONTER LE). — Se passion- ner. — Comparaison de la flamme du cœur à celle de la bougie. BoBINE. — Figure. — Du vieux mot bobe : moue, grimace, 2 Bosrno. — Montre. (Vidoeq.) BOBOSsE. — Bossu. Boc, BOCARD, BOCSON. — Cabaret mal fame, TR 2 fr os ; BOT | S. maison de prostitution —Du vieux mot boque: boue. Le bouc était l’emblème de la luxure et des querelles. On disait jadis boguer pour frap- per. — « Montron, ouvre ta lourde, si tu veux que j’aboule et pionce en ton bocson. » (Vidocq.) Bocau. — Petit appartement. — « Voyons si le susdit bocal est toujours à louer. » (Mon- tépin.) BocaL. — Estomac. — « Au restaurant, le bohème dit qu’il va se garnir le bocal. » (Lespès.) Dans les deux sens, l’allusion s'explique d’elle-même, et les logements parisiens conti- nuent de la mériter, Bocarp. — Café. — BOCARD PANNÉ. — Pe- tit café. (Petit dict. d'argot, 1844.) V. Boc. Bocarp. — Lupanar. (Colombey.) V. Boc. Bocartr. — Beaucaire. (Colombey.) Inter- version de l’i. Bock. — Verre de bière. — Germanisme. Baur. — Monstrueux, aussi énorme qu’un bœuf. — « Regarde donc la débutante. Quel trac bœuf ! Elle va se trouver mal. » (Ces pe- tites Dames.) Bœur (c'EsT). — (Pest chic. — Dans le vo- cabulaire de l’école de Saint-Cyr. Bœur (ÊTRE LE). — Travailler pour une chose qui ne rapporte rien. — Allusion aux tra- vaux de labourage du bœuf. On dit de même : se donner une peine de cheval. — Lors de l’en- voi de M. le général Le Bœuf pour la remise de la Vénétie aux Italiens, on fit ces quatre vers par allusion au rôle plus que désintéressé de la France, Ils ont été donnés par M. Jules Ri- chard dans sa chronique de l’Æpoque; 1866. Grâce au ciel! de Venise on règle les affaires. Ah | vraiment ! Là-dessus que savez-vous de neuf? Eh bien! l’on reçoit là-bas des commissaires Et naturellement le Français est Le Bœuf. BŒUF (SE METTRE DANS LE). — Tomber dans une situation misérable. — Allusion au bouilli qui représente l’ordinaire des cuisines modestes. — On lit dans une mazarinade de 1649 : Auprès de la Bastille Monsieur Elbeuf Dans sa pauvre famille Mange du bœuf, Tandis que Guénégaud Est à gogo. Baivr (AVOIR Son). — Être en colère, BOFFETTE. — Soufflet. (Colombey.) Bod, BOGUE. ter, Litrer, Billon. BOGUE EN PLATRE, EN JONC. — Montre d’ar- gent, d’or, — Allusions de couleurs, Boeursre. — Horloger. Boxñmr. — « La bohème se compose de jeunes gens, tous âgés de plus de vingt ans, mais qui n’en ont pas trente, tous hommes de génie en leur genre, peu connus encore, mais qui se feront connaître, et qui seront alors des gens fort distingués. Tous les genres de capa- cité, d'esprit, y sont représentés. Ce mot de bohème vous dit tout. La bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. » (Balzac.) La citation suivante est le correctif de cette définition optimiste : « La bohème, c’est le stage de la vie artistique, c’est la préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la Morgue... La bohème n’existe et n’est possible qu’à Paris,» (Murger.) Bourne. — Personnage menant la vie de bohème. — « Tu n’es plus un bohème du mo- ment que je t'attache à ma fortune. » (E. Au- gier.) — Comme on voit, le bohème du jour n'a de commun que le nom avec celui de Cal- lot. Saint-Simon a connu l’acception fantaisiste du mot. BOIRE DU LAIT. — Savourer une impression flatteuse. — « Cela s'appelle boire du lait, quand on lit de ces choses-là sur soi-même, » (Yriarte.) : BoIs POURRI. — Amadou. — Le bois pourri en fait parfois l’office. { Bors TorTU. — Vigne. — Elle a effective- ment le bois tordu. Montre. V. Toquante, But- Aussi le jus du bois tortu Sera mon but toute ma vie. (Ballard, Parodies bachiques, 1714.) BOISSONNER. — Boire avec excès. (Dhautel.) — « Dites donc, voisin, on a un peu boissonné chez vous hier ? » (Gavarni.) Borrz.— Logement mesquin. Borre. — Mauvais établissement. — « Je conseillerais à monsieur d’aller achever de sou- per au restaurant en face. Monsieur s’est Agr bo dead oa 3 adressé à une pure boîte. » (Claretie.) Borrk, Borron.— Voiture. — «€ Les gentils x À du ta ps te Crd ré aude À BON — 55 = won z 5 hommes et les gentilles femmes qui sepiquent de parler l’argotdes quartiers neufs demandent leur boîte ! ça veut dire leur voiture. » (A. Vitu.) BoITE A DOMINOS. — Cercueil. Mot à mot : boite & mettre les os (dominos). — « Toi, & vingt-cinq ans, tu seras dans la grande boîte à dominos. » (Petit Journal, 1866.) Boire A PANDORE. — Boite de cire molle pour prendre des empreintes de serrure, (Co- lombey.) — (Pest d'une mythologie bien raffi- née pour des voleurs. BOITE AU LAIT. — Sein; (J. Choux.) Mot créé sans doute pour les nourrices. BOITEUX D’'UNE CHASSE, — Borgne. (Colom- bey.) V. Chasse. BOLIVAR. — Chapeau évasé, dont la forme nouvelle en 1820, prit le nom de ce héros popu- laire, — « Le front couvert de son bolivar, » (Cabarets de Paris, 1821.) V. Morillo. “ Bomsr. — « Mesure de vin particulière non classée, Elle représente un demi-litre. » (/7- garo, 1867.) Bouse. — Entremets glacé, — Allusion. & sa forme ronde. Box. — Bon apétre, hypocrite. — « Vous n’êtes bons! vous... N’allons, vous n’avez fait vos farces ! » (Balzac.) Box (MoN). — Terme d'amitié. — Abrévia- tion de mon bon ami. — « Nettoyé, mon bon, nettoyé ! » (E. V. Villars.) — On dit aussi cher bon, ce qui est encore plus prétentieux. BoxN (c’EsT UN). — C’est un homme solide, à toute épreuve. — « Ce sont des bons. Ils fe- ront désormais le service avec vous, » (Chenu.) BoN. — Pour un agent de police, un homme bon est bon à arrêter. BON (IL EsT). — Il est amusant, il est co- mique. BONS (ÊTRE DES). — Avoir bonne chance. BONBONNIÈRE A FILOUS. — Omnibus. (Co- lombey.) Bonn. — Mal vénérien. (Halbert.)— Pour Baude. V.ce mot. Box-Drev.— Sabre-poignard. — Allusion & la croix figurée par la lame et la poignée. Box DIEU (1L XY A PAS DE). — Mot amot : il n’y a pas de bon Dieu qui puisse l’empêcher, Gn’y a pas d’ bon Dieu, Faut s’ dire adieu. (Désaugiers.) BONHOMME. — Saint. (Vidoeq.) — Allusion: aux statuettes chargées de le représenter. BONHOMME (MON). —Mot d’amitié.— Il est souvent protecteur. — « Oui, mon bonhomme, S’écria le loup de mer, j'ai fait une fois le tour du monde. » (A. Marx.) BONHOMME. — Personnage sans conséquence et bon pour une petite spécialité, — Allusion aux petits bonshommes de bois que l’enfance tripote à son gré. — « Son directeur était en- chanté. Il avait enfin trouvé un bonhomme. » (Claretie.) = BONICARD, BONICARDE. (Halbert.) — De Bonique. BONIMENT. — Discours persuasif, destiné à bonir l’auditeur ou l’auditoire. — « Vous vous arrêtez devant un magasin lorsqu'un commis s’avance et vous débite son petit boniment. Vous filez aussitôt. » (Fgaro.) BONIMENT. — Annonce de saltimbanque, V. Postiche, BoniquE.— Vieillard. (Colombey.) BONIR, BONNIR. — Avertir, affirmer, dire. V. Servir, Parrain, Criblage, Girofle. BONJOUR (VOLEUR AU), BONJOURIEN, BON- JOURIER. — « Voleur s’introduisant de grand matin dans les maisons où les bonnes laissent les portes entr’ouvertes et dans les hôtels garnis dont les locataires ne ferment pas leurs cham- bres. » (Canler.) — Allusion à l’heure matinale choisie par le voleur ; il vous souhaite en quel- que sorte le bonjour, — « Le bonjourien qui s’introduit le matin chez vous pour voler votre montre. » (Ph. Chasles.) Il y a aussi des bonjourières, V. Marner. BoN MOTIF. — «Vous ne savez pas ce que c’est que le bon motif? — Ah! vous voulez dire un mariage ?—Précisément. » (Aycard.) BoxNE. — Bonne histoire, bonne charge. — V. Mauvaise — « Ah ! par exemple, en v’là une bonne. » (Cormon.) BONNE (ÊTRE A LA). — Être aimé. BONNE (ÊTRE DE LA). — Avoir bonne chance. BONNES (ÊTRE EN SES). — Être bien disposé. Motä mot : être en ses bonnes heures, — « Vous ne poviez à heure venir plus oportune.… N'ostre maistre est en des bonnes. Nous ferons tantost bonne chère. » (Rabelais, Pantagruel, liv. 1v. ch. 12.) — On voit que le mot est ancien. — Vieux, vieille, 50 — BONNE (PRENDRE ou AVOIR A LA).— Pren- dre en bonne amitié. — « Je ne rembroque que - tezigue, et si tu ne prends à la bonne, tu m’al- lumeras bientôt caner. » (Vidocq.) BONNE AMIE. — Maîtresse.— « J’appris der- nièrement, vers trois heures de l’après-midi, que ma bonne amie me trompait avec un of- ficier de cavalerie, » (Marx.) BONNE-GRACE. — Toile dans laquelle les tail- leurs enveloppent les habits. — « Le concierge de l’hôtel a vu Crozard traverser la cour avec une bonne-grâce sous son bras. » (La Correc- tionnelle.) BONNET DE COTON. — Arriéré, mesquin, — « La gent porte-flanelle et bonnet de coton. » (A. Barthet.) BONNET DE NUIT, — Homme triste et silen- cieux. BONNETEUR. — Industriel tenant aux foires de campagne un de ces jeux de cartes aux- quels on ne gagne jamais. » (Vidocq.) BONSHOMMES. — Croquis d’écolier, dessin. — « Il couvre ses cahiers de bonshommes. » (Rolland.) BORDEAUX (PETIT). — Cigare de la manu- _ facture de Bordeaux. Avec un sou, tous sont égaux Devant le petit bordeaux. (Liorat.) BORDEE (TIRER, COURIR UNE). — Faire une absence illégale. — Terme de marine, — Allu- sion aux conditions danslesquellesles équipages vont à terre par bordées. — « C’est un brave homme à tirer une bordée de trois jours. » (Vi- dal, 1833.) — « Les joies et tribulations de la bordée qu’ils ont courue. » — (Phys. du Mate- lot, 1843.) BorGNE. — Derrière, — La comparaison n’a pas besoin d’être expliquée. — « V'là moi que je me retourne et que j’ li fais baiser, sauf votre respect... mon gros visage... Ce qui a fait dire aux mauvaises langues qu’il a vu mon borgne. » (Rétif, 1783.) Bosco, BoscoT, BOSCOTTE.— « Petit homme, petite femme contrefaits, bossus. » (Dhautel.) — « Et ta portière qui me demande toujours ou je vais l... Je l’abomine, c’te vieille bosco- la. » (H. Monnier.) 5 Bosse. — Exceés de boire et de manger. — garçon qui ne boit jamais et qui n’est pas Allusion à la bosse formée par la réplétion du ventre. — On trouve bosse dans le Dictionnaire de Dhautel, 1808. « Douze cents francs, allons nous nous en faire des bosses ! » (Vidal, 1832.) Se donner une bosse de rire : rire immodé- rément. - BOSSE (ROULER SA). — Cheminer. Nous roulons notre bosse Dans un beau carrosse. (Decoureelle, 1882) BOSSE (TOMBER SUR LA). — Tomber sur. quelqu’un, l’attaquer par derrière — Bosse est ici synonyme de dos, — « Je te tombe sur la bosse, je te tanne le casaquin. » (Paillet.) = BossmAR. — Bossu. (ue) — Change- : ment de finale. Bossorrs. — Seins. — Terme de marine. BOTTE DE NEUF JOURS. — Botte percée. Mot à mot : voyant le jour par neuf trous. — Jeu de mots. oe = Borrzr. — Convenir. Mot à mot: aller comme une botte faite à votre pied, — « Alors, si vous le permettez, j'aurai l'honneur de vous envoyer ma voiture à onze heures, — Ça me botte. » (Gavarni.)— « Bien que peu causeur, je l’avais assez botté pour qu’il me contât ses nombreuses campagnes. » (Marx.) _ BOUBANE.— Perruque. (Vidoeq. Doe : mot bouban : luxe, étalage. Bouc.—Mari trompé. (Vidocq. )— Allusion de cornes. BoucaN. — Vacarme. — De boue. Cet al mal querelleur était l'emblème des disputes — _ « Faire boucan : faire un tapage affreux ense | réjouissant. » (Dhautel, 1808.) — « Ils vont | faire du boucan, et la garde viendra. » (Vidal.) | BouCANADE. — Corruption à prix d'argent d’un juge ou d’un témoin. Coquer la boucanade : corrompre. Mot à mot: donner pour boire — En Espagne, la bou- canade est une gorgée du vin renfermé, selon l’usage, dans une peau de bouc. BOUCANER. — Sentir le bouc, puer. : Boucarn.— Boutique. V. Baite, Esquinteur. BOUCARDIER, BOUCARNIER. — « Voleurs dé- valisant les boutiques à l’aide d’un pégriot ou gamin voleur, qui s’y cache à l’heure de la fer- meture, et qui vient leur ouvrir. » (Canler.) BoucuE r’œrL.— Pièce de cing, dix ou ne) BOU BOU LE CARAPATA | ii I ili Hi [ta Rit francs dans l’argot des filles qui font allusion à la pantomime de certaines enchères. (J. Choux.) Boucuz-Trov.— Rédacteur ou article, dent la prose n’est bonne que dans les cas de néces- sité absolue. — « S. voyant qu’on avait placé très-mal un de ses articles dans la Revue, dit au rédacteur en chef : « En vérité, monsieur, « me prenez-vous pour un bouche-trou. » (Mi- recourt, 1855.) = Dictionn, de l’argot parisien. 3OUCHE-TROU. — Acteur jouant les utilités. BoucxEr, — Médecin. (Halbert.) — Ce serait plutôt le chirurgien. 30UCHER UN TROU. — Donner un a-compte. (1851, Almanach des Débiteurs.) : Boucxon, — Bourse. (Vidocq.)— Corruption du mot pouchon (pochon, poche), qui avait la même signification. BoucHoN. — Qualité, genre. — Allusion au Livr, 8, / / H BOU — 58 bouchon cacheté des vieux vins. — On a dit par extension : C'eci est d’un bon bouchon, comme : ceci est d’un bon tonneau, BOUCLER. Bouclez donc la lourde, hein. » (Dernier jour d'un condamné.) Le mot est déjà vieux, « Si, de mal encontre, n’estoient tous les trous fermez, clous (clos) et bouclez,» dit Panurge, an commencement du chapitre IX, livre 3, de Pantagruel. (Rabe- lais.) BOUDER AUX DOMINOS, — Avoir des dents de moins. (Halbert.) BCUDER A LA BESOGNE. — Ne pas travailler. Bouprr AU FEU. — Reculer devant l’en- nemi. BoupIN. — Verrou. — Allusion à la forme des verrous ronds qui ferment les grandes portes, BoupiN. — Estomac. — « Puisque tu en avais plein le boudin. » (Monselet.) BoUFFARDE. — Pipe. — Allusion aux bou/fées de tabac qui s’en échappent. Je tiens à toi, mon doux tendron, Comme un rapin A la bouffarde qu'il culotte. (Commerson.) BOUFFARDER, — Fumer. (Halbert.) BOUFFARDIÈRE. — Cheminée. — Elle fume, BoUFFER. — Manger avec excès, Mot à mot : se rendre bouffi de nourriture. Bouvcrx. — Canne. — Allusion de forme. — Elle éclaire aussi la marche de ceux qui n’y voient pas. BouGIE GRASSE. — Chandelle. — Ironique, BouaGoN, BOUGONNE. —Grognon, grognonne, — On dit dans ce dernier sens : madame Bou- - gon, Du vieux mot : bouquer, gronder. Car toujours madame Bougon Fait carillon, Et le torchon Brûle en tout temps dans ma pauvre maison. (Les vrais Rigolos, almanach chantant pour 1869.) BoUGRE. — Mot à noter comme ayant perdu sa portée antiphysique. Ce n’est plus qu’un sy- nonyme de garçon. On dit : un mauvais bougre, un bon hougre — « Lorsque nous aurons ici un millier de bons bougres, nous tiendrons la queue de la poêle. » (Delahodde, 1850.) — V. A BOUGREMENT. — Très, — Pris en bonne comme en mauvaise part. BOUILLANTE. — Soupe, (Haïbert.) — Les soldats donnent aussi ce nom à la soupe qu’ils mangent deux fois par jour. Rien de mieux choisi que cette appellation dans le temps où elle était servie dans des gamelles à cinq ou six hommes; car celui d’entre eux qui aurait attendu qu’elle refroidit risquait de n’en point manger. — La soupe est aussi appelée moul- lante. BouILLON. — Restaurant où on peut borner sa consommation à une tasse de bouillon de 20 centimes, — « Vous avez manifesté votre horreur pour les établissements que vous appe- lez des bouillons. (A propos des calicots, 1861.) Les bouillons ne datent pas de 1860. Une vingtaine d’années avant, un prédécesseur de Duval avait fondé à Paris des bouillons hoL- landais, mais il fut moins heureux. BOUILLON. —« Mot en usage dans la librairie pour peindre une opération funeste. » (Balzac.) — « Ce sont eux qui ont bu le bouillon que je destinais à mon libraire. Je croyais le ruiner et je l'ai enrichi. » (Biographie des Quarante, 1826.) BourLLoN. — Exemplaires non vendus d’un livre ou d'un journal, — « On appelle rendre le bouillon, en style de vente, rapporter au jour- nal les numéros qu’on n’a pu vendre, et que l'administration vous reprend. » (Vallès, 1866.) BovrLnoN. — Désastre financier. — « Il a bu un fameux bouillon : il à fait une perte consi- dérable. » (Dhautel, 1808.) — « La liquidation fut si complète qu’elle se changea en un parfait bouillon. » (Philippon, 1840,)— Le métier est rude à la Bourse, sans parler des soucis et des bouillons. » (Mornand.) BouUILLON. — Pluie torrentielle. — « Il va tomber du bouillon, pour dire une averse. » — (Dhantel, 1808.) — « Je sais ce que c’est qu’un bouillon, j'allons être inondé. » (Désaugiers.) BOUILLON (BOIRE LE). — Mourir. — Allu- sion au dernier bouillon que boit un noyé. — «Ce n’est pas la peine que vous essayiez de vous sauver, vous boirez le bouillon comme nous. » (Éclair, 28 juin 1872.) BOUILLON AVEUGLE.— Bouillon sans graisse, mot à mot : sans yeux. J BOU a Bou BOUILLON D’ONZE HEURES. — Noyade, em- poisonnement. ; : BOUILLON DE CANARD. — Eau. Jamais mon gosier ne se mouille Avec du bouillon de canard. (Dalès.) BoUILLON PoINTU. — Lavement. — Double allusion au clystère et à son contenu. — « Dieu ! qu'est-ce que je sens? — L’apothicaire, pous- sant sa pointe. C’est le bouillon pointu. » (Pa- rodie de Zaire.) Le meilleur looch et le meilleur topique, C’est un bouillon pointu. (Festeau.) - BOUILLON POINTU. — Coup de baionnette. — « Toi, tes Cosaques et tous tes confrères, nouste ferons boire un bouillon pointu. (Layale, 1855.) Bours. — Fouet. (Halbert.) ; Boursours. — Marionnette. — Onomatopée imitant le cri de Polichinelle, — « Le véritable magicien est celui qui ensecrète les bouis- bouis. » (Privat d’Anglemont.) Boursours. — Petit théâtre , tripot. — De bouis : cloaque, maison de boue, (Dhautel.) — « Le bouisbouis est le café-concert qui a pour montre un espalier de femmes. Le théâtre qui en étale est un bouisbouis. » (1861, A. Daunay.) M. Th. Gautier écrit bouig-bouig. — « Ces tréteaux sans prétention qu’on nomme des bouigs-bouigs dans un nom peu académique mais qui finira par prendre place au Diction- naire. » (Th. Gautier.) BoursEr. — Fouetter. (Halbert.) BOULANGER. — Diable. (Vidocq.) — Ironie de couleur. Il est aussi noir que le boulanger est blanc, et il met au four de l’enfer. BOULANGER. — Charbonnier. — Tronie de couleur. Le noir est ici mis pour le blanc. BOULANGER (REMERCIER SON). —V. Mourir. — Même allusion que dans perdre le goût du pain. V. Pipe (casser sa). Bourx. — Foire, fête. (Vidocq.) Boure. — Tête, — Elle est ronde comme une boule. — «Vu l’épaisseur de ces boules campagnes. » (Balzac.) — «Ils ont la boule noire comme de l’encre. » (Cogniard, 1831.) — « Bonneboule, n’est-ce pas? figure respectable. » (I. Reybaud.)—« Polissonne de boule, en fais- tu des caprices! » (Les Amours de Mayeux, 1833.) | | BOULE (PERDRE LA). — Perdre la téte, de- i venir fou. (Caillot, 1829.) — « Et six cents gredins prétendent changer tout cela avec une boule dans une urne ! C’est le cas de dire qu'ils perdent la boule ! » (Félix Pyat, 1871.) BOULE DE Loro. — Œil saillant et rond, comme une boule de loto. BoULE DE NETGH, — Nègre, — Ironie de cou- leur. BOULE DE SON. — Figure tachée de rous- seurs, qui sont appelées aussi laches de son. BOULE DE soN, — Pain de munition. — Il contenait autrefois beaucoup de son. BouLÉ JAUNE. — Potiron. (Colombey.) BoULENDOS.— Bossu. (Vidocq.) — Il semble avoir une boule dans le dos, BourEr. — Refuser, — Même étymologie que Blackbouler, « Le marquis. — Ne m’en parle plus... je lai boulé avec perte; tu seras la femme d’Oscar, Yseult, — Mon père, je connais mes devoirs, j'obéirai ; l’un ou l’autre, ça m’est bien égal. » (Marquet.) BoULER. — Battre. Mot à mot : faire rou- ler son adversaire comme une boule. Si tu dis mot, j’ te boule. (Chansons, Avignon, 1813.) BoULET. — Personne dont on ne peut se débarrasser, — Allusion au boulet traîné par les condamnés militaires — « Bal à la Re- naissance ce soir. Lâche ton boulet. » (Gavarni.) BOULET A QUEUE, — Melon. (Vidocq.) BOULETTE. — Petite faute. Un peu plus grave, elle devient une brioche, On appelle sale pâtissier, un homme peu soigneux ou tripo- tant des affaires véreuses, La pâtisserie est-elle redevable de ces acceptions aux soins minu- tieux qu’exige son exercice? En ce cas, il faut sous-entendre mauvaise avec brioche et bou- lette. V. Brioche, « Faut croire que j'ai lâche quelque boulette. » (Frémy.) — « Enfin, un quaker l’a prise en pitié, et dit : Fille, tu as fait une boulette. » (M. Alhoy.) BouLEVARDIER. — Homme qu’on rencontre tous les jours flâänant sur les boulevards, du faubourg Montmartre au Grand-Hôtel. — « Vous connaissez W.? un long sec, un boule- vardier fini.» (Figaro, 1867.) BouLEVARDIERE, — Femme galante fré- | £ Be. quentant os Volos En juillet à 1872, 5 ; té signale vertueusement la « tolérance on continue d’user à l’égard des boulevar- dières, devenues aussi nombreuses que les bocks t les sorbets du soir ». BOULINE, — Collecte. — « Les truqueurs des foires de village font ce qu'ils nomment une bouline, c’est-à-dire une. collecte entre eux, et ils chargent un compère de distraire le surveillant, de l’emmener à l’écart, de l’inviter … et de le griser. Alors, malheur aux pauvres pétrousquins (particuliers) qui s’aventurent à - Jouer ! ils sont rançonnés sans merci, » (Privat d’Anglemont.) ~~ BOULINER. — Faire un trou ou boulin i la muraille. (Vidocq.) — De boulinoire. BouLINER.— Voler en boulinant. (Halbert.) Bouurver. — Déchirer. (Idem.) - Bourivoirn. — Vilebrequin. (Vidocq.) — allusion à son mouvement circulaire et peut- être aussi à la boule de bois de sa poignée. BouLorTrEr. — Vivre à l’aise. Mot à mot : rouler sans peine dans la vie. — Diminutif de bouler. — « Ils boulottaient l’existence, sans | : chagrin de la veille, sans souci du lendemain. » - (De Lynol.) — « Pourvu que nous ayons de quoi boulotter tout doucement, je serai con- tent. » (Friès.) BouLoTTER. — tre en bonne santé. — - Même image dans ça roule, V. Rouler. BouLorrer. — Prospérer, fructifier, s’ar- rondir, — « Voilà deux cent mille franes qui ne rapporteront rien. Il resterait donc cent mille francs à faire boulotter. » ( Balzac.) BouroTTER. — Assister. (Vidocq,.) Bourorrmr. — Manger. (Halbert.) Boux. — Cri par lequel le garçon de café ‘annonce qu’il a entendu l’ordre du consomma- teur. — « Ces satanés garçons ! Avez-vous re- — marqué quel sourire narquois ils ont presque toujours sur les lèvres lorsqu'ils toisent là pra- ° tique et surtout l’habitué! — Va, mon bon- homme, ont-ils l’air de dire. abrutis-toi dans cette atmosphère délétère d'alcool et de tabac. » Prépare-toi une précoce vieillesse. Versez... - Boum! Ce boum! lui-même n’est-il pas une ronie ?. Boum! c’est comme la parodie du bruit du canon. Boum! cela fait penser aux grands me roue ee Défiez- oi café, c’est le tueur en détail! » (P. Vi Bouquin. — Barbe poussant sous ton comme celle du bouc. Une mazarina e 1649 (l’Hlustre barbe) fait un crime au ‘ca nal de sa barbe boucquine. BouRDoN. — Prostitué. (Hilbert) Bourczors. — Bourg. (Idem.) Bourczors. — « Les grands seigneurs, s toutefois vous voulez bien en reconnaître, com prennent dans cette qualification de bourgeois = toutes les petites gens qui ne sont pas né Le bourgeois du campagnard, c’est l’habitant des villes. — L’ouvrier qui habite la ville n’en connaît qu’un seul : le bourgeois de Patelier, son maître, son patron — Le bourgeois du cocher de ffacre, c’est tout individu qui entre dans sa voiture. Chez les artistes, le mot b geois est une injure, et la plus grossière qu puisse renfermer le vocabulaire de l’atelier. Le bourgeois du troupier, c’est tout ce qui ne porte pas l’uniforme. Quant au bourgeois proprement dit, il se traduit par un homme qui possède trois ou quatre bonnes mille livres de Ten (Monnier, 1580) tu fal? ? Des nerfs ! ! Est-ce à ton ses quo on se charpente le bourrichon ? » (Monselet.)—« S'y/- via : Tu ne te montes pas facilement le bourri chon, mon chéri. — Dorante . Pas si pant (L. de Neuville.) BOURRIER. — Ordure, fumier, — Vieux mot. — «Je ne suis qu’un bourrier de la rue. » — (Balzac.) ; BOURRIQUE (TOURNER EN). — Abratir. = « C’est ce gueux de Cabrion qui l’abrutit… Il le fera bien sûr tourner en bourrique. » ÇŒ. Sue.) a BOURSICOTER. — Jouer à la Bourse. — 8 dit aussi pour: amasser une petite Somme, boursicaut. BOURSICOTEUR, BOURSICOTIER, BOURSIER-- Homme qui joue à la Bourse, — « Boursier hardi, coulissier intrépide. » (Festeau.) — « Tropi est inutile à un boursicotier ; ; de cœur, il n’en faut pas du tout ; d'argent, 0 peut s’en passer au besoin ; mais ce qu’il lui faut surtout et avant tout, c’est de l'audace, gain, 1 méme a des événements imprévus peuvent lui faire subir une perte. » (Benson > tidrésme. ) ~ BOURSICOTIFRISME. « Le boursicotié- - risme est l’art de jouer, de parier, de spéculer a en Bourse, quelquefois sans argent, comme ~ sans probité; en d’autres termes, le boursi- - cotiérisme est l’art de surprendre habituelle- “ment le bien d'autrui par un ensemble de moyens non prévus par la loi ou insaisissa- bles à la justice. » (Idem.) BOUSCAILLE. — Boue. (Vidoeq.) Diminutif du ‘mot Bouse. BOUSCAILLEUR, — Balayeur. BousiN. — Tapage. Quand on entend le refrain D’un infernal bousin, Cent fois pis que le sabbat. (Chanson de canotiers.) Bousrn. — Maison mal famée, lieu de dé- bauche. Mot à mot : maison de bouse ou de boue, — « Cette maison est un vrai bousin ; pour dire qu'elle est mal gouvernée et que cha- — euny est maître. » (Dhautel, 1808.) BOUSINER. — Faire du tapage, du bousin. BousiNEuR. — Tapageur, faiseur de hou- _ sin. — « Est-on bousineur dans ce bahut-ci? — Pas trop; le sous-directeur est sévère ! — Ça m’ lenfonce… » (Les Institutions de ‘Paris, 1858.) ; _ BoussoLE. — Cerveau. — Il dirige l’homme comme la boussole dirige le navire. — « J'ai ça dans la boussole. Ainsi ne m’en parlez plus, » - (Vidal, 1883.) - Perdre la boussole. — Devenir fou. BOUSSOLE DE REFROIDI. — Fromage de — Hollande, dit tête’ de mort. (Vidocq.) — Al- lusion à la boule formée par ce fromage. — On dit aussi : boussole de singe. BouTANGR. — Boutique. (Halbert.)— Chan- — gement de finale. Bour D'HomME. — Tout petit homme. On dit aussi bout de c-—I. (J. Choux.) BOUTEILLE, — Latrines. — Terme de ma- rine. or où sont exposés, aux foires de villages, BOUTERNE. —- « La bouterne est une boîte pipés. Il est tenu par une bouternière qui est le plus souvent une femme de voleur. » (Vi- docq.) ea BOUTERNIER. V. ci-dessus. BouriquE. — « Ce n’est pas une he, cest. un esprit de petit négoce, de profits troubles et de soigneuses affaires, qui ne recule devant rien pour arriver à un gain quelconque. Il y : la boutique industrielle, comme la boutique scientifique, artistique et littéraire. » » (A. Luchet.) Bis Boutique. — Maison mal tenue, établisse ment mal administré. — « Quelquefois le pio- cheur employé menace de quitter la baraque ou la boutique. On le retient, on le dears, > (Balzac, 1842.) BouriquE. — Ne se prend pas toujours en si mauvaise part que dans l’exemple précédent, et signifie simplement la maison, l’administra- - tion, le parti. — « Le portier est la cheville ou- vrière de la boutique, comme on appelle le — théâtre en terme d’argot. » (De Jallais, 1854.) — € Dans la polémique politique, il y a deux grandes divisions : la polémique de drapeau = (de boutique en style plus familier) et la polé- — mique individuelle. » (Joliet, 1860.) Il est de la boutique : il fait partie de la mai- son, de l’administration ou de la coterie. On dit d’une femme qui, en tombant, alaissé _ voir trop de choses, qu'elle a montré toute sa boutique. (Dhautel, 1808.) BOUTIQUER. — Fagoter, mal faire. BouriquiER. — Homme à idées rétrécies, parcimonieuses. Bouroaue. — Boutique. Bouton. — Pièce de vingt francs, (Colom- — bey.) — Allusion de forme et de couleur. BOUTONNER. — S'abstenir de ponter au pepe Mot à mot : boutonner sa bourse. — €Si la ponte boutonne et ne s'allume pas, il faut que le banquier flatte, chatouille, étrille.n » (Alyge.) #2 BouzINGOT. — « A la révolution de J uillet, les romantiques se divisèrent en bouzingots et en jeunes-France. Les premiers adoptèrent l’habit de conventionnel, le gilet à la Marat et les cheveux à la Robespierre ; ils s’armèrent de — A = gourdins énormes, se coiffèrent de chapeaux de cuir bouilli. » (Privat d’Anglemont.) — Du mot bousineur, tapageur. — Le bouzingot vou- lait bousiner le régime de 1830. Par extension, on a donné ensuite le nom de bouzingot à tout homme turbulent en actes et en paroles, — « Décidément, ce peintre est un mauvais sujet, un mal-appris, un bouzingot. » (A. Achard.) Box. — Stalle d’écurie. — Anglicanisme. — « Ces écuries étaient organisées à l’anglaise avec des boxes fort confortables. » (Montépin.) Boxon. — V. Boc. Boye. — « Le forçat qui fait au bagne l’of- fice de bourreau, est le boye, » (M. du Camp.) —Vieux mot. — Rabelais conte dans le voyage de Pantagruel en l’île des Papefigues, comment ceux qui ne voulaient pas prendre la figue au derrière de la mule étaient pendus. Les autres, dominés par la peur, tivent la figue et la mon- “trent c« au boye, disant : ecco lo fico. » Brac. — Nom. (Grandval.) BRAILLARDE.—Caleçon. (Halbert. )—Cesont nos anciennes braies, Débrailler est resté dans la langue régulière, BRAISE, — Argent, — Allusion à sa desti- nation de première utilité. Sans braise, on ne peut /aire bouilli la marmite, — « Pas plus de braise que dans mon ceil, » (Mornand.) V. Bille, Dans son Père Duchêne, Hébert appelle l’ar- gent de sa subvention la braise nécessaire pour chauffer son fourneau, (Vieux Cordelier, éd. de 1842, p. 115.) BRANCARD (VIEUX). — Vieille femme ga- lante. — Allusion aux chevaux de, elle réfor- més, qu’on met au brancard comme chevaux de trait. BRANCHE. — Ami aussi attaché qu’une branche à l'arbre, — « Allons, Panaris, le der- nier coup, ma vieille branche ! » (J. Moinaux.) BRANCHER. — Pendre. (Vidocq.) Mot à mot : accrocher à la branche. BRANDILLANTE. — Sonnette. (Vidoëq.) — Allusion au battant qui brandille. BRANQUE. — Ane. (Vidocq.) — Onomato- pée imitant le cri de l'âne. & BRAS, BRASSH, — Grand, grande. (Halbert.) BRI BRASER DES FAFFES. — Fabriquer de faux papiers. (Colombey.) BRASSET. — Gros, (Idem.) BravE. — Cordonnier. — Dans une confé- rence qui aeu lieu à Meaux, M. Guénin adonné l’origine du mot : — « C’était à l’époque de la Ligue. Henri de Navarre assiégeait Paris. La population ouvrière venait de passer en masse aux Guise, mais les cordonniers, indignés des récents massacres de la Saint-Barthélemy, re- fusèrent de se joindre aux ligueurs. Henri, ap- prenant ce refus, s’écria : « Les cordonniers « sont des braves ! » (Le National, 1869.) BREDA-STREET (DAME ou HABITANTE DE). — Femme galante. — Anglicanisme. — Bâtie en même temps que la rue Notre-Dame-de- Lorette, la rue Breda avait, pour la même cause, donné son nom aux lorettes du quar- tier. « En revanche, nous avons Breda-street, le berceau de la lorette. » (Pélin.) V. Lorette. BREDOCHE. — Liard, centime. (Colombey.) BRELOQUE. — Pendule. (Vidocq.) — Har- monie imitant le bruit du balancier. BRELOQUE (BATTRE LA). — Déraisonner. — Allusion aux sons brisés de la batterie de tam- bour dite breloque, qui est particulièrement saccadée. — « Ciel! papa bat la breloque. » (Rienzi, 1826.) BriMES. — Cartes à jouer. (Grandval.) — Allusion à la brème, poisson blanc, plat et court. Maquiller la brème : jouer aux cartes ou ga- gner en trichant. Persévérez toujours en maquillant la brème, Maquillez-la sans cesse et la remaquillez. (Alyge, 1854.) 3RÈME DE PACQUELINS. — Carte géogra- phique. Mot à mot : carte de pays. BREMMIER. — Fabricant de cartes. BRENICLE. — Non. (Halbert.) — Pour ber- nique, 3RIC-A-BRAC. — Marchandises d’occasion, objets antiques.— « Ces travaux, chefs-d’œuvre de la pensée, compris depuis peu dans ce mot populaire, le bric-a-brac. » (Balzac.) Bric-a-brac : commerce du bric-à-brac. — « Le fait est quaujourd’hui le brie-a-brac est une industrie formidable, que le gros marchand de bric-à-brac possède jusqu’à 500,000 francs de marchandises, » (Roqueplan, 1841.) Brrc-A-BrAc. — Marchand de bric-à-brac, CS —« de voleur e ‘bric-à-brac ne Silt me donner que quatre livres dix sous. » (Gavarni.) BRICABRACOLOGIE, — Science du bric-à- “ brac. — Remarquons en passant qu’une infi- ité de mots sont fabriqués tous les jours par le même procédé que ce laborieux néologisme. _ — € Sans célébrité dans la bricabracologie, » (Balzac) BrioArD. — Escalier. (Halbert.) ~ BrIcoLE, — Petit travail mal rétribué, BRICOLER. —- « M. Jannier bricolait à la Halle, c’est-à-dire qu’il y faisait à peu près tout “ ce qu’on voulait. » (Privat d’Anglemont.) — — De bricole : harnais qui fait de l’homme “une sorte de cheval bon à tout traîner. BricCOLER. — Faire effort. Mot à mot : don- ner un coup de bricole. — « Et bricolons tout plus vite que ça, car j'ai les pieds dans l’huile bouillante. » (Balzac.) … BRICOLEUR.— « Les bricoleurs sont des gens actifs, entreprenants, hardis, qui ne reculent - devant aucun travail, qui s'offrent pour tout faire, » (Privat d’Anglemont.) BricULE, — Officier de paix. (albert) BRIDE. — Chaîne de montre. Brine. — Chaîne de forçat. BRIDER. — Fermer. (Vidocq.) - BriDER. — Ferrer un forçat. ( (Colonies Brie. — Fromage de Brie. — « Un mor- cean du brie le plus gras de la ‘boutique de la must, » (Ricard.) BRIGADIER. — Gindre, premier garçon Yon langer. Il fait le four et remplit’ les fonctions de contre-maître. (Vinçard.) — Ainsi nommé ‘À cause de ses trois aides qui forment la brigade. BrrGAND. — Mot d’amitié. — Henri Mon- nier fait dire tendrement par une fille à son client : — « T’as chauffé l’four, pas vrai, bri- - gand? T'es n’en ribote?.…. J’connais ça; vu qu’'ça m'arrive encore pus souvent qu’à mon tour. » (La nuit dans le bouge.) BrimapE. — Épr euve vexatoire infligée aux nouveaux de l’École Saint- -Cyr, — « Point de ces brimades, qui ont longtemps déshonoré Saint-Cyr. » (La Bédollière.) BrrmEr. — Donner une brimade. ; BRIMEUR. — Faiseur de brimades. — Dans ; le Dictionnaire Blesquin, de 1618, Brimare si- - gnifie heure. ivre. Mot à mot : avoir trop bu à la santé d autres. — « Tiens, toi, t’es déjà dans les brin dezingues. » (Vadé, 1756.) a Ce terme vient du vieux Bik brinde ; toast. : — « Ces grands hommes firent tant de brindes à vostre santé et à la nostre, qu’ils en pissèrent plus de dix fois. » (Lettre curieuse envoyée au cardinal Mazarin par ses nièces, Paris, 1651.) | — Vient de briquet, Brivaus, — Femme de mauvaise tourne — « Allez trouver votre grande si de femme. » (Balzac. ) ; BRINGUE (METTRE EN). — Briser, attr en morceaux. — Ces deux acceptions du mot bringue sont déjà en 1808 dans le dictionnaire de Dhautel. x BRIQMANN. — Sabre de cavalier, (Halbert.) avec changement de finale. : BRIQMONT. — Sabre d'infanterie. (Idem. — =) Même origine. . wait Brro. — « Le brio, mot italien nteadaiesble Nin est le caractère des premières œuvres, C’est 5 eh fruit de la pétulance et de la fougue intrépide, du talent jeune, pétulant, qui se retrouve plus tard dans certaines heures heureuses, » (Bal- zac.) — « Le théâtre qui avait vu le luxe et le brio de ses premières années, » (Physiologie du théâtre, 1841.) BRIOCHE. — Acte sot ou maladroit. V. Bon lette, — « Bt vous alliez me faire faire une sot- tise, une brioche, une boulette. » (1826, Ancien Figaro. Faire une brioche : « C’est faire une fade en musique, et par extension en quelque chose que ce soit. Cette expression fut introduite à _ l’époque de la fondation de l’Opéra en France. Les musiciens attachés à ce théâtre avaient imaginé de condamner à une amende pécu- niaire celui d’entre eux qui manquerait aux règles de l'harmonie en exécutant sa partition, et le produit des amendes était destiné à l’achat d’une brioche qu’ils devaient manger ensemble | dans une réunion où les amendés figuraient i ayant chacun une petite image de ce gâteau suspendue à la boutonnière en guise de déco- ration. Un tel usage ne fut pas jugé propre à les rendre moins fautifs dans leur art, et le A grand nombre de repas qu’il amena ne fit pas F 4 BRO “ concevoir une haute idée de leur talent. Bien- — tôt ils se virent exposés à la raillerie du pu- - blie, qui prit le mot de brioche pour synonyme “de faute, bévue ; et 1'amour-propre alors l’em- | portant sur la friandise, ils décidèrent qu’ils - pourraient faire désormais autant de brioches qu’ils voudraient sans être obligés d’en payer aucune. » (Quitard.) BrrioLET. — Piquette. Mot à mot : petit vin de Brie. — C'était le Suresnes d’autrefois. — « C’est du vin de Brie, à fait danser les chèvres, pour dire c’est du vin âcre, dur, du casse-poi- trine. » (Caillot, 1829.) BRISACQUE. — Bruit, homme bruyant. — «Vous voulez faire du brisacque ici. Vous êtes un fameux pistolet, encore. » (Monselet.) BRISANT. — Vent. (Vidoeq.) — Augmen- - tatif de brise. Briscarp. — Vieux soldat à chevrons (brisques). — « Permettez-vous à un ancien, un vieux briscard de spahis, une petite cri- tique ? » (Vie parisienne, 1861.) BRISER (SE LA). — Fuir. — Abréviation de briser la politesse (partir sans prendre congé). — « Dans le beau monde, on ne dit pas : je me la casse, je me la brise. » (Labiche.) V. 7ru- meau, Rigolo. BRISER, BRISEUR, BRISURE.— « Les bréseurs sont tous Auvergnats etse prétendent commer- çants, Ils s'entendent pour inspirer la con- fiance à des fabricants qu’ils trompent pour une grosse somme, après leur en avoir payé “plusieurs petites. Les marchandises brisées sont revendues à 40 pour 100 de perte, et le produit dela brisure est placée en Auvergne.» (Vi- docq.) — Le briseur est ainsi nommé parce qu’il se la brise dès qu’il a fait son coup. Brisque. — Galon indiquant le grade ou l’ancienneté dans l’armée. — Un fourrier a quatre brisques sur les manches. — Une vieille brisque est le synonyme de un vieux briscard. - BrisquEs. — As et figures du jeu de cartes. BropècHE. — Liard, centime. (Colombey.) Broc. — Liard. (Grandval.) BROCANTE. — Bague. (Grandval.) BROCANTE. — Objet sans valeur. ; BrooaNTE. — Troc de marchandises de — BrocHET. — Souteneur. — Encore un nom de poisson. Nous en verrons bien d’autres. — V. Mac, — « Les brochets sont aujourd’hui fort connus par la police. » (Stamir, 1867.) BRODANCHER. — Broder. (Vidocq.) V. Æa- vignolé, BropEr. — Écrire. (Idem.) — Allusion au va-et-vient de la plume. BropEUR. — Écrivain, (Tdem.) BroquE. — Liard, centime. (Colombey.) BrOQUILLE. — Chose sans valeur. (Hal- bert.) Mot à mot : ne valant pas plus d’un broeque. BROQUILLEUR. — Voleurayant pour spécia- lité de voler les bijoutiers en substituant du strass au diamant. (Colombey.) — Le strass n’est qu’une broquille. “ BROQUILLE. — Bague. (Halbert.) BRrOQUILLE. — Minute. (Vidoeq.)— Ce di- minutif du vieux mot broque (petit clou, bro- che) fait sans doute allusion au petit signe indi- quant la minute sur un cadran. Brossr, — Formule négative qui veut dire: non, rien. — « Brosse pour lui! Zut pour lui ! Fallait pas qu’y liche. » (A. Dales.) Dès 1808, on disait: ('a fait brosse, pour : Rien pour toi! tout est brossé. (Dhautel.) — Une caricature de Machereau, publiée en 1830, porte cette légende : « Linge sale de M. de Bourmont. C'l’nge sale-là, père Escobard, y t’ chausserait bien ; mais ca t fait brosse, y sera trop beau pour nos blessures.» BrosséE. — Grêle de coups, défaite. — « Les Tures ont reçu une brossée. » (Ricard.) BrossER. — Battre. Mot à mot : brosser de Coups. BROSSER LE VENTRE (SE). — Se passer de manger. Mot à mot : se brosser le ventre pour lui faire oublier l’heure du repas. — « Le ré- giment a pris le café ce matin, mais le colonel s’est brossé le ventre. » (Commentaires de Lo- riot.) — «Et nous autres? Ah! nous autres, nous nous brossons le ventre. » (Sarcey.) Pris souvent au figuré pour se passer de n’importe quoi. — « Vous brosser le ventre faute d’un éditeur. » (Commerson.) hasard, — « Je vais faire des brocantes. » ( Bal- x : On dit plus simplement se brosser, — « On dit qu’il espère avoir la croix. il sera forcé, Page Missing Page Missing ei par ironie : = Het a aisance, Mot = mot honte retraite. — Ibérisme. - Sous l'empire d’un p’tit malaise Je cherchais, pour me mettre à l'aise, Un certain buen-retiro. ” Je pestais, je vous le jure. (Tantdt.) © Buquie. — Voler dans une boutique en demandant de la monnaie. (Vidocq.) BUREAU ARABE. — En Afrique, du vin “avec du sucre g'appelle un éfat-major. De l’ab- : sinthe mêlée avec de l’orgeat s'appelle un bu- reau arabe. : Burux. — Bureau. — Changement de finale. V. Parrain. BUSARD, BUSE, BUSON. — Inintelligent, obtus. — Ornithologisme, — « Et il ne sera on béotien et buson comme toi. » (Ricard.) Busriveux. — Hotel garni. (Halbert.) - BUTE, BUTTE. — Guillotine, — Elle butte les gens. V. ci-dessous. — « « Ta n’es qu’un Avec toi, on va tout droit à la butte » ler.) V. Zine. gr BurTé (fre), — “fire suillotinés (Grand val.) BUTEUR, BUTTEUR. — Assassin, bore BurTER. — Tuer, assassiner. — C’est I vieux mot buter : frapper, renverser, qui a fait culbuter dans la langue usuelle — « Voila done || | une classe d’individus réduite à la duré extr mité de travailler sur le grand trimar, de gou piner, de faire le bog et le blavin, de butter même s’il en était besoin. » (50 mille “voleurs de plus à Parts, 1830.) }— « Voilà pour butte le premier rousse, dit-il en iis un co teau. » (Canler.) BYRONIEN. — D'’allures à la Byron, podti- quement inspirées, V. Tartine, C C (frRE UN). — Être un imbécile, (Grand- - val.) — Le mot se dit encore très-souvent soit seul, soit avec les deux lettres qui le complè- tent. Au moyen âge, on disait conard dans le même sens, V. le dictionnaire du Vieux Lan- gage, de Lacombe. — Connerte, stupidité, et comfois, niais, en dérivent également. Ça (CEsr), UN PEU ÇA. — C’est superlatif. — « Ils sont laids que c’est ça. » (Pecquet.) — « C'était ça, presque aussi bath qu’au café.» (Monselet.) — « On me cognait, mais c’était ça. » (Zompach.) — « Restez, gendarme, mais ne remuez pas trop, car vous avez l’infir- mité des pieds, que c’est ¢a. » (Dernier jour “d'un condamné.) — « il tournait une phrase de manière à lui donner de Veffet, les tricoteuses applaudissaient ct s’écriaient : Là! c’est at» » (Lady Morgan, 1818.) 3. Ça (In A pr), — Il a de l’originalité, a talent, ou du génie. x, ÇA (IL A DE). — Il est riche. — Dans © ce sens, la personne qui parle fait ordinairement le geste de compter, ÇA (ELLE A DE), — Elle est riche d’appas, | Cap. — Cabriolet dont le cocher conduit par derrière, — « Là, il déjeuna à la hâte et demanda un cab, Le cocher du cab...., » tres son du Terrail.) — Anglicanisme. i ; CAB, CABOT, CABE.— Chien. (Grandval.) - __ Contraction des deux mots : qui aboie. — Les voleurs ont, comme ils le font souvent, CAB chién, ils ont dit : le qui aboie, et en abré- geant : le qu’abe, le qu'abo. — Ce procédé est fréquent. Voyez Chabin, Calvin, Combre, Capasser.—'Tromper. (Colombey.)— Vieux mot. CABERMONT. — Cabaret. (Vidocq.) — Cor- ruption de mot par changement de finales. V. Promont. CABESTAN. — Agent de police. (Vidocq.) V. Macaron. CABILLOT, — « L'ennemi naturel du mate- lot, c'est le soldat passager, plus souvent nommé cabillot, à cause de l'analogie qu'on peut trouver entre une demi-douzaine de ca- billots’ (chevilles) alignés au râtelier et des soldats au port d'armes. » (Physiologie du matelot, 1843.) CAB, CABOT. — Abréviation de cabotin. — Même signification. CABOTINAGE. — C’est le mauvais côté dela vie du comédien. — « La comédie de société, cet élégant cabotinage. » (Villemot.) CABOTINE. — Actrice médiocre ou nomade. — « L'actrice, sage ou non, est pour eux une cabotine. » (Ricard.) V. Cabotiner. ç Le Dictionnaire de l'Académie donne Cabo- tin. CABOTINER. — Faire le métier de cabotin, fréquenter les cabotins, et, par extension, dans n’importe quelle classe, tomber dans les dés- ordres de la vie d’artiste sans en avoir le beau côté. Un petit roman (les Comédiens ambulants, Paris, an VIT) nous donne l’étymologie du mot. « Je parle des troupes de comédiens qui sontobligés de courir de ville en ville, et, pour me servir de la véritable expression, de cabotiner.» Ce métier de courir 'de ville en ville donne la clef du mot. Le cabotin est à l’artiste ce qu’un navire caboteur est à une frégate ou à un vais- seau. — « Il a l’air artiste ; dans sa jeunesse, il a tant soit peu cabotiné; mais l’âge lui ayant mûri la raison, il a renoncé à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, » (Privat d’An- glemont.) CaBouror. — « Le caboulot est un petit café où l’on vend plus spécialement des prunes, des chinois et de l’absinthe. » (A. d’Aunay, - 1861.) — Une monographie des Caboulots de Paris a paru en 1862. — C’est aussi un ca- baret de dernier ordre. V. Camphrier. CABRIOLET. — Hotte du chiffonnier mâle. — Comparaison ironique. — Le chiffonnier roule (marche) avec son cabriolet comme le fantassin part à cheval sur Azor. Celle de la chiffonnière s'appelle cachemire. V. Cachemire d'osier. CABRIOLET. — Chapeau de femme. — Date du temps où les chapeaux de forme haute res- semblaient assez à la capote d’un cabriolet. CABRIOLET. — Petite corde attachant les mains des malfaiteurs amenés aux interroga- toires, Elle est tenue par l’agent. CACHEMIRE. — Torchon. — Ironie. — On dit : donnez un coup de cachemire, CACHEMIRE D’OSIER. — C’est la hotte de la chiffonnière. — « Lorsque vous voyez un de ces braves philosophes des faubourgs portant crânement son cabriolet sur le dos, ou une pauvre femme pliée sous son cachemire d'osier, vous ne pouvez vous figurer tout ce que ren- ferment ces hottes pleines, » (Privat d’Angle- mont.) — Même ironie que dans cabriolet. La hotte se met comme le cachemire sur le dos. CACHEMITTE. — Cachot. (Grandval.) — Les mittes n’y manquent pas. C’est un jeu de mots avec changement de finale. CACIQUE. — « C’était le temps où T'aine était un cacique, c’est-à-dire le premier de sa section (à l’Ecole normale), » ( D’Audi- gier, 1866.) CADAVRE. — Preuve d’une action répréhen- sible. : On dit : y a un cadavre, en parlant de deux personnes dont les relations ne s’expli- quent pas et qu’on suppose liées par leur com- plicité dans une mauvaise action demeurée inconnue. Savoir où est le cadavre est posséder la preuve de cette mauvaise action. — « P... n’a plus qu’à se taire. On sait où est le cadavre, Chaque fois qu’il voudra prendre la parole, on gécriera : « Et le débit de tabac? » (A. Scholl.) CADAVRE. — Corps vivant. — Nourrir son cadavre, c’est manger, — Tronie à l’adresse des ascètes. Ï = CAF -— 69 — CAI CADENNE. —- Chaîne. (Vidocq.) —— Vieux mot. — Cadenas nous est resté. CADET. — Derriére. Sur un banc elle se met, C’est trop haut pour son cadet. (Vadé, 1756.) CADET. — Pince en fer pour forcer les por- tes. (Grandval.) — Cadet a ici le sens d’aide, de servant. — V. ci-dessous. V. Caroubleur. CADET. — Apprenti maçon. Cappr. — Individu. — Pris souvent en mauvaise part. — Jadis le cadet n’avait, dans le monde, qu’une considération proportionnée à sa fortune; qui était nulle. — « Le cadet près de ma particulière s’assoit sur l’ banc. » (Le Casse-Gueule , chanson, 1814.) — Une caricature de 1830 porte cette légende : « C’est de fameux cadets. Ils ont trouvé moyen de faire de la panade avec du pain. » : CaproHoN. — Montre. (Vidocq.) — Dimi- nutif de Cadran. CADRAN. — Montre. — La partie est prise pour le tout. CADRAN SOLAIRE, CADRAN LUNAIRE. Derrière. — Allusion à la forme ronde du ca- dran. V. Lune. Est-ce l’apothicaire Qui vient placer l’aiguille à mon cadran lunaire ? (Parodie de Zaïre, dix-huitième siècle.) CAFARDE. — Lune. (Vidocq.) — C’est la lune voilée se dissimulant derrière un nuage avant d’être la Moucharde, c’est-à-dire de dé- voiler l’homme qui fait un mauvais coup. CAFARDER. —- Faire l’hypocrite, le cafard. — « En sorte qu’il cafarde avec sa malade. » (Balzac.) — Cafard est un mot déjà ancien comme le prouve cet exemple : « Un caphard qui eust oublié en son sermon soy recomman- der. » (Rabelais, Pantagruel, v. 4, ch. 46.) CAFÉ (FORT DE), FORT DR CHICORÉE, FORT DE MOKA. — Excessif, peu supportable. — On sait quelle irritation le café trop fort cause dans le système nerveux. La chicorée jouit des honneurs peu mérités du synonyme. Il semble qu'ici, comme dans le café du pauvre, elle tienne à entrer en fraude. En revanche, on sait que le moka tient le haut de l’échelle. — « On dit : c’est un peu fort de café, pour exprimer que quelque chose passe les bornes. » (Dhautel, 1808.) — « Oh! oh ! dirent Schaunard et Mar- = cel, ceci est trop fort de moka. » (Murger.) — € S’unir à un autre ! c’est un peu fort de chico- rée. » (Cormon.) : CAFE (PRENDRE 80N).— Rire, se moquer,--- Un dessin de Bertall fait dire à une bonne poursuivie par un troupier trop galant : « Ah! fusilier, vous voulez prendre votre café. » Carror. — Café faible. — Elle restait là tant que je n’avais pas mangé mon petit cafiot. » (Commentaires de Loriot.) CAGrTroN. — Hanneton. (Halbert.) CAGNE. — Mauvaise chienne, et, par exten- sion, mauvais cheval, personne incapable de montrer de la vigueur et du courage. V. Rosse. CAGNE. — Gendarme. (Colombey.) — Pour Cogne. CAGNOTTE. — « Espèce de tirelire d’osier re- cevant les rétributions des joueurs.» (Monté- pin.) — « Le lansquenet brille, la cagnotte est dans son plein. » (Lespès.) L’Intermédiaire de mars 1866 y voit avec raison une corruption du mot gagnotte, Mot à mot : lieu où se dépose ce qu’on gagne, Faire une cagnotte. — Mettre les gains du jeu en réserve pour une dépense profitable à tous. Cacou.— Voleur solitaire. (Grandval.) Cacou. — Maître voleur chargé d’instruire les novices. (Colombey.) CAILLÉ. — Poisson, Mot à mot : couvert d’écailles, Autrefois on disait caille et non écaille. CAÏMAN. — Mendiant. Vieux mot. La langue usuelle a conservé quémander, + + + + Ingrate frénésie; et caimande on voit la poésie, (Régnier, Satyre 4.) Puisque pauvre CAISSE (BATTRE OU DONNER DE LA GROSSE), — Louer très-bruyamment, — Allusion aux bateleurs qui attirent leur public à coups de grosse caisse, — «Il faut qu’Artémise réussisse… C’est le cas de donner de la grosse caisse à se démancher le bras. » (L. Reybaud.) — On dit plus simplement battre la caisse, pour : faire des annonces, CAISSE (SAUVER LA). — S’enfuir avec les fonds dont on est dépositaire. — À la mode de- puis le fameux mot de Bilboquet dans la pièce des Saltimbanques : Sauvons la caisse t—« Mais ç i CAL — T0 j'entends du bruit dans le bazar ; sauvons la caisse. » (Villars. — «On a des nouvelles de Miron qui avait sauvé la caisse, » (Claretie.) “ CAISSON (FAIRE SAUTER LE) — Faire sauter la cervelle d’un coup de feu, comme un cais- son plein de munitions. — « Quelle mort préférez-vous ? —Faites-moi sauter le caisson, » (P. Borel, 1833.) CALABRE. — Teigne. (Halbert.) — C’est calot avec changement de finale. CALAIN. — Vigneron. (Halbert.) — Ce doit être une mauvaise lecture. V. Calvin. ment de la marine, Ere calé, c’est avoir assez de biens pour en remplir sa cale ou sa maison. Donné en 1808 par Dhautel. — « Les jours gras! Dans cette saison, les plus calés sont quelquefois génés,» (E. Sue.) — «Je crois que nous auronsdu joli monde. des calés. (Jaime. ) V. Caner, Ezcuso. CALEBASSE. — Tête. — Allusion de forme. — « Faudrait pas gros de sens commun pour remplir une calebasse comm’ ça. » (Gavarni.) CALÉGE. — Prostituée élégante. — «La calége vend trés-cher ce que la ponante et la dossière livrent à des prix modérés. Sa toilette est plus fraîche, ses manières plus polies. Elle a pour amant un faiseur ou un escroc, tandis que les autres sont associées avec un cambriol- leur ou à un roulotier. » (Vidocq.) C'alége vient de cale, qui signifiait grisette au dix-septième siècle —«Gombault, qui se piquait den’aimer qu’en bon lieu, cajolait avec tine pe- tite cale crasseuse.» (Tallemant des Réaux.) CALER. — Faire. (Colombey.) CALER. — Ne rien faire. — Du vieux mot : caler, se cacher. — « La plus grande jouis- sance du compositeur d'imprimerie est de câler. » (Ladimir.) CALEUR. — Ouvrier fainéant. V. Ogre. CALEUR. — Garcon. (Colombey.) Canrcor. — Commis marchand. Mot à mot : vendeur de calicot. — « Triple escadron ! le calicot s’insurrectionne. » (P. Borel, 1833. Calicot dans le commerce de la nouveauté désigne les employés qui ne sont pas sérieux, qui s'amusent bruyamment. (Naviaux.) - Caurcorn. — Femme fréquentant un ou “ plusieurs calicots. — « Clara Fontaine est une étudiante, Pomaré est une calicote. » (Paris dansant, 1844.) CALIFORNIEN. — Riche. — Allusion. aux découvertes aurifères de la Californie (1849). — « La jeune fille regrettait de ne pouvoir garder pour elle-même cette bonne fortune californienne, » (Montépin.) CALIN0. — Homme ridiculement mail. — Une pièce du Vaudeville a vulgarisé vers 1858 le nom et le type. — Calino n’est, d’ail- leurs, qu’un diminutif du vieux mot calin (niais), On le trouve dans Tallemant des Réaux (t. 4, p. 351). — « L'artiste était fort ennuyé par une espèce de calino.» (Figaro.) CALINTTES. — Culottes. ( Petit Diction- naire d'argot, 1844.) — On a modifié les voyelles des deux premières yas de cu- lottes, Carnor. — Teigneux. ( Grandval.) Pour Calot. CALME ET INODORE (ÊTRE). — Affecter une extrême sévérité de manières. — Ces deux motsi ironiques ne vont jamais l’un‘sans l’autre, et parodient sans doute quelque manuel de civilité puérile et Honnête. — « Autrement, il restera calme &t inodore. » (Monselet.) Caroquer. — Chapeau. — Diminutif du vieux mot cale: capuchon. — Désigne n’im- porte quelle coiffure de femme en 1808. (Dhautel.) — S’est étendu ensuite aux cha- peaux d’hommes, — « V'là Tonnelier! oh ! c’ chapeau. Oh ! ce caloquet. » (Ourliac.) — « Achetez un caloquet plus méchant, le vôtre n’est pas trop rup. » (De Neuville.) CALOQUET. — Couronne. V. Dab, CALORGNE. — Borgne. CaLor. — Dé à coudre, coquille de noix. (Vidoeq.) — Comparaison de ces objets à la calotte qui est de même forme. CALOT, CALOTTE. — Teigneux. (Halbert.) Mot à mot, ayant une calotte de teigne, — «Voyez donc c’te margot avec sa tête à calot. » (Catéchisme poissard.) CALOTTÉE. — € Le père Salin rerneitte les asticots dans des boîtes de fer-blanec qu’on nomme calottées, et il les vend jusqu’à qua- rante sous la calottée, » (Privat d’Anglemont.) CALOTTER. — Frapper de la main sur la tête. Mot à mot : donner des calottes.— « Ca- rr : ltl, giflez-moi. » (J. Avago, 1838.) V. Escoffier. El - CALOTTIN. — Ecclésiastique. Mot à mot : “ porteur de la calotte cléricale. — « Ils ont cha- - eun un calottin. » (H. Monnier.) «Le mot est ancien. Dans le Déjeuner de la Râäpée, pièce publiée par l’Z'eluse, vers 1750, nous voyons une poissarde repousser un abbé en disant : « Adieu, monsieur la calottin ! » : CALVIGNE, CALVINE, CLAVIGNE. — Vigne. “ (Vidocq, Grandval.) Mot à mot : lieu qua l’vigne, qui a la vigne, qui est planté de vignes. Dans clavigne, il y a transposition de la première voyelle. CALVIN, CLAVIN. — Raisin. (Idem.) Mot à mot:qu’a l’vin. V. Cabe. CAMARDE. — La mort. (Grandval.) — Un squelette n’a pas de nez. V. Carline. Baiser la camarde, — Mourir. (Bailly.) _ CAMARO.— Camarade. — « Le café que deux camaros surveillent d’un œil paternel.» (Monde comique, 1870.) — Changement de finale. CAMBOLER. — Tomber. — De C'aramboler. — V'là qu’elle cambole sur son Prussien et feint de tomber de son digue-digue. » (Decour- celle, 1840.) CAMBRIOLLE. — Chambre. — Diminutif du vieux mot cambre. chambre. V. Pieu, L'squinte- ment, Rincer. CAMBRIEUX. — Chapeau. (Albert.) — Pour combrieu, V. ce mot. CAMBRIOLLEURS. — Voleurs s’introduisant dans les cambriolles par effraction ou par escalade. — Canler les divise en six classes. Vidocdq, sans apporter autant de méthode que Canler dans la classification des cambriolleurs, donne des particularités assez curieuses sur leurs costumes, où dominent les bijoux et les cravates de couleurs tranchées, telles que le rouge, le bleu et le jaune ; sur la manie singu- lière de faire faire leurs chaussures et leurs ha- bits chez les mêmes confectionneurs, ce qui n’é- tait souvent pas un petit indice pour la justice ; sur leur habitude de se faire accompagner d’une fausse blanchisseuse dont le panier cache leur butin. — Les plus dangereux cambriolleurs sont appelés nourrisseurs, parce qu’ils nour- ” une affaire assez longtemps pour en assurer l’exécution, et, autant que possible, Pimpunité. V. ce mot. V. Calége. ; CAMBRONNE (LE MOT DE). — M—de! — Cette allusion à un mot historique discuté, “sert aujourd’hui d’équivalent dun injure beau- coup trop populaire. Que Cambronne l’ait dit ou non, on ne lui en fera pas moins honneur. On peut consulter à ce sujet, un chapitre des Misérables de M. Victor Hugo ; un article de M. Cuvillier-Fleury, aux Débats, et enfin le journal Intermédiaire, du 15 février 1864, CAMBRONNE. — Scatologique, — Même origine. — « M. Vatout avait l’amabilité un peu Cambronne ; la chanson qu’il préférait était celle écrite sur le maire d’Eu, » (Com- tesse de Bassanville, 1866.) CAMBROUX, CAMBROSE, — Serviteur, ser- vante. (Grandval et Halbert. ) — Changements de finale du vieux mot : cambrier : valet de chambre. Chambrière est resté. CAMBROUSE. — Prostituée. V. Camperoux. Ce mot se trouve dans le dictionnaire de Caillot (1829), avec cet exemple : «Et que tu ne sois qu’une cambrouse.» (Théâtre-Italien.) CAMBROUSE. — Campagne. — « La rousse pousse comme des champignons, et même dans la cambrouse, ils viennent vous dénicher. » (Patrie, du 2 mars 1852.) V. Garçon, CAMBROUSIER. — Voleur de campagne. (Vidocq.) CAMBROUSIER, — «€ Au marché du Temple, les cambrousiers faisaient indistinctement commerce de linge ou de meubles, d’objets de toilette ou de ferraille.» (Petit Journal, 1865.) CAMBROUSIERS.— Gens de campagne. (Hal- bert.)—« C’est ainsi que les marchands forains nomment les paysans. » (Pr. d’Anglemont.) CAMBUSE. — Cantine, — « Dans la cour du bagne, ou au milieu de la longueur de chaque salle ou dortoir, se trouve un espace entouré ‘ de grilles, qui contient la cantine ou taverne, autrement dit la cambuse, lieu de la distribu- tion des vivres, du vin, du tabac. La cambuse est tenue par un forçat, et à son profit. (Mo- reau Christophe, 1837.) CAMBUSE. — Petite maison. ( Halbert.) Terme de marine. Cameror. — Voleur. — Acception figu- rée de camelot : mauvaise étoffe. V. ce qui en - 7 is oa = CAN est dit à Camelotte,— C’est ainsi qu’on a fait panné avec panne. CAMELOT. — Marchand de camelottes, ven- dant dans les villages ou exposant sur le pavé des rues. — « Camelot, c’est-à-dire marchand de bimbeloteries dans les foires.» (Privat d’Anglemont.) CAMELOTTE. — Objet de nulle valeur. — Le camelot était une si mauvaise étoffe, qu’on disait ressembler au camelot pour prendre un mauvais pli, — « Elle portait la peine de toutes les camelottes qui se débitaient à son ombre. » (L. Reybaud.) CAMELOTTE.— Réunion d’objets volés. — On fait attention qu’il ne refile pas la camelotte à un autre. » (Stamir, 1867.) CAMELOTTE EN POGNE, CAMELOTTE DANS LE PIED.— En flagrant délit de vol.—<« J’ai été pris la camelotte dans le pied. (La Correction- nelle,) — Même allusion dans pris sur le tas, CAMELOTTER. —Vendre, marchander. (Hal- bert.) CAMISOLE. — Gilet. (Colombey.) CAMOUFLE. — Chandelle. (Vidocq.) — «Ta en as menti. La camoufle était éteinte. » (La- dimir, 1841.) — Du vieux mot camouflet, fu- mée. CAMOUFLER. — Déguiser. CAMOUFLEMENT. — Déguisement. (Vidocq.) CAMOUFLET, — Chandelier. (Idem.) CAMP (FICHE LE). — Se retirer précipitam- ment, V. Ficher, CAMPAGNE (ALLER A LA). — Être enfermée à la maison de Saint-Lazare.— Usité parmi les filles qui lui donnent le sens suivant : « Elles ont disparu trois, quatre ou six mois. On les savait malheureuses. Elles ont été passer une saison à la campagne dans une maison de prostitution de province. » (Ces Dames, 1860.) CAmPEROUX, — Fille. — Corruption de Cam- brouse, V. Connerie, CAMPHRE, — Eau-de-vie. — Allusion à une eau-de-vie composée dont il est question dans l’exemple suivant. Le mot s’est généralisé en- suite, — « Le vinaigrier du coin nous servit, en parlant politique, deux demi-poissons d’eau- de-vie assaisonnée de poivre long et de cam- phre. » (Le Figaro de la Révolution.) — « Aux = buveurs émérites et à ceux qui ont depuis bien des années laissé leur raison au fond d’un poisson de camphre. » (Privat d’Anglemont.) —V. C'asse-poitrine; CAMPHRÉ. — Alcoolisé, « Dis donc, avec ton gosier camphré, tu fais bien des embar- ras. » (Catéchisme poissard, 1844.) CAMPHRER (SE). — S’adonner à l’eau-de- vie. CAMPHRIER. — Buveur d’eau-de-vie. —« En- tends-tu, vieux camphrier, avec ta voix enrhu- mée. » (Catéchisme poissard, 1844.) CAMPHRIER. — « Le camphrier est un sale débit de liqueurs atroces a un sou le verre et a dix-sept sous le litre. Le caboulot ne diffère du camphrier que par sa moindre importance comme établissement. C’est, du reste, le même breuvage qu’on y débite aux mêmes habitués. » (Castillon.) CAMPLOUSE, — Campagne. (Halbert.) Mot à mot : champ d’herbes, champ pelouse. CAMUSE. — Carpe. (Grandval.) — Elle a le nez camus, si on la compare au brochet. CAN SUR LE COMP (PRENDRE UN). — Prendre un canon sur le comptoir. Double abréviation. V. Canon. CANAILLE. — Rusé, malicieux, — Se dit ami- calement, — « Elle m’a dit qu’elle me donne- rait son adresse ; mais je ne la lui ai pas de- mandée. — C’est canaille ! » (T. Delord.) CANAGE.—Agonie. (Colombey.) V. Caner. CANARD. — Fausse nouvelle. — Récit men- songer inséré dans un journal. — « Nous ap- pelons un canard, répondit Hector, un fait qui a l’air d’être vrai, mais qu’on invente pour relever les /aits-Paris quand ils sont pales. » (Balzac.)— «Ces sortes de machines de guerre sont d’un emploi journalier à la Bourse, et on les a, par euphémisme, nommées canards. » (Mornand.) Le tome 1° du Dictionnaire de l’industrie (Paris, Lacombe, 1776), nous livre l’origine du canard dans l’anecdote suivante : On lit, dans la Gazette d'agriculture, un procédé singulier pour prendre les canards sauvages. On fait bouillir un gland de chêne, gros et long, dans une décoction de séné et de jalap; on l’attache par le mi- lieu à une ficelle mince, mais forte ; on jette le gland à l’eau. Celui qui tient le bout de la ficelle doit être caché. Le gland avalé purge le canard qui le A rz CAN Frans RYKEEU se H aussitôt : un autre canard survient, avale ce même gland, le rend de même; un troisième, un quatrième, un cinquième s’enfilent de la même manière. On rapporte à ce sujet l’histoire d’un huissier, dans le Perche, près l’étang du Gué-de-Chaussée, qui laissa enfiler vingt canards ; ces canards, en s’envolant, en- levèrent l'huissier. La corde se rompit, et le chasseur eut la cuisse cassée. Ceux qui ont inventé cette lustoire auraient pu la terminer par une heureuse apothéose, au lieu de la par un dénoûment aussi tragique. CAN = TE ATT > ES 4 UN ; ME Vi va Ti La grossièreté de cette histoire, comme dit notre Dictionnaire, l’a évidemment fait pren- dre comme type des contes de gazette. — On trouve « donner des canards tromper » dans le dictionnaire d’Hautel (1808). CANARD. — Imprimé banal crié dans la rue comme nouvelle importante. V. Canardier. CANARD, COUAC.— « Ces explosions criardes des instruments à vent si connues sous le nom de canards. » (A. Luchet.) — Le second mot est sad Livr, 10, CAN une onomatopée (couac) ; la comparaison d’une fausse note au cri du canard a fait former le premier. CANARD. — Sobriquet amical donné aux maris fidèles. Le canard aime à marcher de compagnie. — « Voici, mon canard, dit-elle. Or, le canard de madame Pochard, c’était son mari ! Il avait reçu de sa douce moitié ce -sobriquet d’amour. » (Ricard.) CANARD SANS PLUMES. Nerf de bœuf “ servant à la correction des forçats. (Colom- bey.) — Mot à mot : grosse cannequi n’est pas douce comme les plumes. C’est un calembour, CANARDER. — Tromper. — « On a trop ca- nardé les paroissiens... avec la philanthropie. » (Gavarni.) CANARDIER. — Crieur, confectionneur de fausses nouvelles — « Place au célèbre Édouard, le canardier par excellence, le roi des crieurs publics ! (Privat d’Anglemont.) CAxAsson. — Nom familier donné à leurs chevaux par les cochers de Paris, (Lem. de Neuville.) — « Dites avec un éclat de rire que vous avez perdu 20,000 francs au club, 500 louis à Vincennes, et traitez de canassons les chevaux de M. de Lagrange. » (Mars) On dit en abrégeant can’son. _ CANCAN. — Se dit d’une certaine manière de danser le quadrille, avec des mouvements de bras, de jambes, de tête et de croupe, non pré- vus par la chorégraphie régulière. Cette danse paraît être née dans le quartier Latin, sous la monarchie de Juillet; mais son nom existait déjà. — Le Dictionnaire du Vieux Langage de Lacombe (1766) explique ainsi le mot cancan: « Grand tumulte ou bruit dans une compa- gnie d’hommes et de femmes. » — Cela ré- pond assez exactement, on le voit, à la signi- fication actuelle. Messieurs les étudiants, _ Montez à la Chaumière, Pour y danser l’ cancan Et la Robert-Macaire. (Letellier, 1836.) « Nous ne nous sentons pas la force de bla- mer le pays Latin, car, apres tout, le cancan est une danse fort amusante. » (L. Huart, 1840.) — M. Littré n’est pas aussi indulgent. Il dit : Cancan, sorte de danse inconvenante des bals publics, avec des sauts exagérés et des gestes impudents, moqueurs et de mau- vais ton. Mot très-familier et même de mau- vais ton. (Littré, 1864.) V. Chahut.— « Nous avons le cancan gracieux, la saint-simonienne, le demi-cancan, le cancan, le cancan et demi et le chahut. Cette dernière danse est la seule prohibée. » (Alph. Karr.)— « On va pincer un léger cancan, mais bien en douceur. » (Ga- varni.) CANCANER. — Danser le cancan. — « J'ai cancané que j'en ai pus de jambes. » (Gavarni.) — «Il s’est trouvé que M... a tout bonnement prêté de l’argent à toute la jeunesse canca- nante du quartier Latin. » (Roqueplan.) CANCRE. — Mauvais élève. V. Piocheur. CANE. — Mort. V. Canage, — C’est l’heure où l'on a peur, oli on cane. CANELLE.— Caen. — C’est un diminutif avec transposition de la seconde voyelle. CANER. — Avoir peur, reculer, plonger, comme le fait la cane. — Vieux mot. — « Laurent de Médicis... voyant mettre le feu à une pièce qui le regardait, bien luy ser- vit de faire la cane, car aultrement le coup qui ne lui rasa que le dessus de la teste luy donnait dans l’estomach. » (Montaigne.) — « Par Dieu ! qui fera la cane de vous aultres, je me donne au diable si je ne le fais moyne.» (Rabelais.) — « Oui, vous étes vraiment fran- çais; vous n’avez cané ni l’un ni l’autre.» (Marco de Saint-Hilaire.) . .… . Madame prend son criard, Monsieur cane comme une victime, (Festeau.) CANER LA PEGRENNE, — Mourir de faim. (Colombey.) CANER. — Agoniser, mourir. (Vidocq.) — Les approches de la mort vous font peur, vous font caner. V. Rengracier. CANESON (MON VIEUX). — Terme d’ amitié, Mot à mot : mon vieux cheval. V. Canasson. CANEUR. — Poltron. CANICHE. — Ballot carré. (Vidocq.)— Vient de ce que sa couverture de toile d'emballage se prend par les coins qui forment des oreilles semblables à celles d’un petit chien. CANIF DANS LE CONTRAT (DONNER UN COUP DE). — Commettre une infidélité conjugale. — « Et puis ces messieurs, comme ils se génent pour donner des coups de canif dans le con- —_ — trat! La Gazette des Tribunaux est pleine de “leurs noirceurs, aussi nous sommes trop bon- nes. » (Festeau.) — « Elle avait tellement trépigné dans le coup de canif, que c’est à Ee peine s’il restait quelque chose du contrat. » - (Vie parisienne, 1855.) — « La poste restante agrandie, c’est la multiplication des coups de canif, » (Presse illustrée, 1866.) CANNE. — Surveillance de la haute po- lice. — Il y a la canne majeure et la canne a mineure. “Être en canne. — Habiter, après avoir subi “ sa peine, une localité déterminée par l’auto- .rité. Casser sa canne. — Quitter sans autorisa- tion la ville désignée, rompre son ban. — € Malheur à lui s’il a cassé sa canne. » (Sta- - mir, 1867.) CANON. — Mesure de liquide en usage chez - les marchands de vins de Paris — Vient de » canon qui signifie verre dans le vocabulaire des francs-macons, Les canons que l’on traîne à la guerre Ne valent pas ceux du marchand de vin. (Brandin, 1826.) x « Oscar : Prenons-nous un canon ? — Le marquis (hésitant) : Heu. heu… — Oscar : C’est moi qui paye. — Le marquis : Oh! alors. » (Marquet.) CANONNIER DE LA PIÈCE HUMIDE, — Infir- mier militaire. V. Artilleur à Ya, — La pièce humide est, comme on s’en doute, la seringue. CANONNIÈRE. — Derrière. Même allusion que dans pétard. | CANTALOUP. — Niais, — Synonyme de me- lon. — « Ah çà ! d’où sort-il donc, ce canta- loup ? Sur quelle couche M. son papa l’a-t-il ~ récolté, ce jeune légume ? » (Ricard.) - CANTER.— Galop d’essai précédant la course. ‘On dit d’un cheval qu’il prend son canter. » - (Paz.) — Anglicanisme. CANTON, — Prison. (Grandval.) — Du vieux mot canton : coin. C’est dans les coins qu’on est à l'ombre, On a de même appelé cognard le gendarme qui vous met dans le coin, qui vous y ren- Ë L \ > CANTONNIER. — Prisonnier, (Grandval.)— Ils sont cantonnés en prison. i : CANULANT. — Ennuyeux. — Mot inventé | par les ennemis du clystère. — « Le colonel fait des siennes. En v’là un qui peut se vanter d’être canulant. » (Commentaires de Loriot.) CANULE. — Homme canulant. CANULER, — Importuner. — « C’est canu- lant. » (H. Monnier.) CANUT. — « Ouvrier en soie de Lyon, pau- vre animal expiatoire du Rhône, à la face jaune et misérable. » (Ricard.) CAP. — Surveillant du bagne. — Du vieux mot cap : chef (caput). « Le commissaire du bagne a sous ses or- dres, pour la surveillance des forçats, un grand nombre d’agents. : € Ces divers agents sont divisés en agents de police et de surveillance intérieure et en gardes, Les premiers sont les comes ou comtes, au nombre de trois ou quatre, les argousins trois, les sous-comes dix-huit, sous-argousins dix-huit, et les caps, espèce de piqueurs, pour diriger les travaux.» (Moreau Christophe, 1837.) CAPAHUTER. — Assassiner son complice pour s'approprier sa part. — Du nom de Ca- pahut, malfaiteur coutumier de ce procédé. (Vidoeq.) Capn, — Écriture. ( Halbert.) CarrT, — Chapeau. — Vieux mot. Capel (chapeau) se prononçait capé au moyen âge, CAPHARNAUM. — Péle-méle disparate. — « Capharnaüm était une ville de la Judée, si- tuée à l’extrémité du lac de Génézareth, dans la province de Galilée. L’éloignement'où cette province se trouvait de la Judée proprement dite, la tenant en dehors de l’influence morale de Jérusalem, l’avaient souvent exposée aux troubles intérieurs, et lui avait fait donner par le prophète Tsaïe la dénomination de con- trée de ténèbres et d’ignorance (ce qui est rap- pelé dans l’évangile selon saint Mathieu, chap. 4, v. 16). C’est de là qu’on à dit par allusion en parlant d’une assemblée où le désordre et la confusion régnent : c’est un capharnaüm, » (Quitard.) CAPINE. — Heritoire. (Halbert. y CAPIR. — Écrire, (Idem. ) ’ CAR CAPITAINAGE. — Agiotage. (Vidocq.) CAPITAINER. — Agioter. — C’est capitaliser avec changement de finale. CAPITULARD. — Homme qui capitule. In- jure sottement adressée en 1871-72 par les en- nemis de l’ordre à'une armée qu’on ne pouvait accuser de nos malheurs. Comme le peuple, l’ar- mée est irresponsable. Tout dépend de ceux qui sont placés à leur tête. — « Lâche, capitulard, soldat a Badinguet, et autres aménités, al- lèrent leur train. » (Æclair, juillet 1872.) CaroN. — Filou. (Idem.) CArons. — Écrivains. (Grandval.) T1 s’a- git ici de ceux qui écrivent des lettres pour les autres. — On trouve capous dans Halbert. CAPORAL. — Tabac à fumer. — Il est plus fin que le tabac dit de soldat, ou de cantine, vendu à un prix moindre. — « Un fumeur très-ordinaire brûle à lui seul son kilogramme de caporal par mois : cent francs par an au bas mot, dont soixante-dix pour le trésor. » (A. Luchet.) CAPRICE. — Vive et subite affection. — « Tu es mon caprice, et puisque qu’il faut sau- ter le pas, que du moins j’y trouve du plai- sir.» (Rétif, 1776.) Le caprice ne dure pas longtemps, mais il est désintéressé. — « Plus capable de caprice que la femme entretenue , moins capable d’amour que la grisette, la lorette a compris son temps, et l’amuse comme il veut l'être. » (Th. Gautier.) CAPRICES (FAIRE DES). — Séduire a pre- mière vue, inspirer des caprices. — J’en fais - L'y des caprices ! Aussi, avec une balle comme ça, on peut tout se permettre. » (Lamiral, 1838.) V. Boule. CAPSULE (CHAPEAU).'— Chapeau d’homme affectant les petits bords et la forme cylin- drique d’une capsule de fusil. V. Carreau. CAPUCINE (JUSQU’A LA TROISIÈME). — Com- plétement ivre, — Veuillez excuser notre ami, il est gris jusqu’à la troisième capucine. » (Murger.) C’est-à-dire il en a par-dessus le menton. La troisième capucine est près de la bouche du fusil. CARABINE. — Maîtresse d'un carabin ou étudiant en médecine. — Vieux mot signi- fiant garçon barbier, du temps où les barbiers pratiquaient la chirurgie et s’armaient de la seringue, comparée dérisoirement à une cara- bine. V. Canonnier de la pièce humide. — « Sois tant que tu pourras étudiante en droit, Carabine. » (A/manach du Diable amoureux, 1849.) Son petit air mutin Plaît fort au quartier Latin, C’est Flora la Carabine. (J. Choux.) CARABINE. — Fouet de conducteur du train. — Allusion ironique à son claquement. CARABINÉ. — De première force. — Terme de marine. On sait qu’un vent carabiné est très-fort. — « On s'attend à une baisse cara- binée à la Bourse. » (Vie parisienne, 1868.) : Redoutez les veinards et leur chance obstinée ; Fuyez au loin leur veine: elle est carabinée. (Alyge.) V. Ringueur, Crevette. CARAMBOLAGE. — Chute, choc redoublé. — Ce terme de jeu de billard est passé dans le domaine des accidents et des voies de fait. — « Fixe! A ce mot survint un coup de roulis suivi de carambolages sur toute la ligne. » (Paris comique, août 1870.) CARAMBOLER. — Faire d’une pierre deux coups, culbuter. — « Leur père qui caram- bole, en ruinant son fils et sa fille. » (Balzac.) CARAMBOLER. — Tomber, faire tomber en ricochant. - CArANT. — Planche. (Halbert.) — Sans doute à cause de sa forme carrée. CARANTE. — Table. (Idem.) CarAPATA. — Marinier d’eau douce,— « Les carapatas sont les marins du canal de l’Ourcq, passant leur vie sur l’eau tout comme leurs confrères de l’Océan. » (A. Scholl, 1866.) — « Les mœurs des carapatas sont des mœurs à part. Ce sont les hommes de l’eau.» (Privat d’Anglemont.) V. Marins. CARBELUCHE GALICÉ. — Chapeau de soie. (Halbert.) — Allusion à la peluche de soie qui le couvre. CARCAGNO. — Usurier. (Vidoeq.) CARCAN. — Cheval étique, femme maigre, revêche, — « C’est pas un de ces carcans a quernoline qui balayait le macadam. » (Mon- selet.) CARDINALE. — Lune. — Allusion à la cou- A leur des menstrues (appelées jadis le card:- nal), qui reviennent avec la lune nouvelle. C’est comme si on disait la rouge. On sait que c’est la couleur des cardinaux, — M. Fran- cisque Michel cite à ce propos une poésie ma- nuscrite de son cabinet. Mon cardinal est paresseux Et ne suit pas sa piste. S'il ne vient, j'en suis aux abois, J’en tremble, j'en soupire. Quand on l’a perdu pour neuf mois, A-t-on sujet de rire? CARDINALISER. — Rougir. — « Exceptez les escrevices que l’on cardinalise à la cuicte. » (Rabelais.) — « Il buvait… de manière à se cardinaliser la figure. » (Balzac) CARE (VOLER A LA), CARER, CARIBENER. — - Voler un marchand en proposant un échange avantageux de monnaies anciennes contre des nouvelles. (Vidocq.) Care et carer sont des formes anciennes de charriage et de charrier. V. ces mots, C'aribe- ner est un diminutif. CAREUR. — Voleur à la care. V. Carreur. CArGE. — Balle. (Halbert.) Mot à mot : charge. La balle de colporteur est une carge. Carcor. — Cantinier. — Corruption de gargotier. V. Aide. CARIBENER. V. Care (voler a la). CARLE. — Argent. (Vidocq.) — Traduction de Carolus, ancienne monnaie qu’on commença de frapper sous le roi Charles VIII. — « Le cidre ne vaut plus qu’un carolus. » (OI. Bas- selin.) — « J’ay une verge d’or, accompagnée de beaux et joyeux carolus. » (Rabelais, Pan- tagruel, 1. 111, ch. xv11.) V. Bayafe.— On dit par corruption Carme. CARLINE. — La mort. (Vidocq.) — Allu- sion au nez camus de Carlin. Jadis on appe- lait la mort camarde, parce qu’une tête de mort n’a pour nez qu’un os de très-faible saillie. On l’appelle aussi camuse pour la même raison, CARLISTE. — Dévoué à la monarchie de Charles X. — On appelle de même Henri- quinquistes les partisans du comte de Cham- bord (Henri V). — « Ah ! ben oui ! carliste ! M. Péguchet? Ben du contraire, il méprise A trop les prêtres pour ça. » (H. Monnier.) ar > 0AR — «Il y avait alors à Sainte-Pélagie deux catégories, les carlistes et les républicains. » (Chenu.) CARME. — Miche. (Halbert.) — Le pain, c’est de l’argent. V. ci-dessous. CARME. — Argent. V. Carle. : CARNE.— Abréviation de charogne.—« Un morceau d’ carne dur comme un cuir. » (Wado.) CARNE. — Mauvaise femme. — Même éty- mologie. — « Jela renfoncerais dedans à coups de soulier... la carne. » (E. Sue.) CAROTTE.— De couleur aussi rousse que la carotte. — On dit des cheveux carotte. CAROTTE.—Demande d’argent sous un faux prétexte. —« Des carottes! combien qu’y en a des bourgeois, et des huppés, qui ne vivent que de ça ! » (Gavarni.) CAROTTE (TIRER UNE). — Demander de l’ar- gent sous un faux prétexte. — « Nul teneur de livres ne pourrait supputer le chiffre des som- mes restées verrouillées au fond des cœurs gé- néreux par cette ignoble phrase : Tirer une carotte,» (Balzac.) —Génin et Littré y voient une allusion à la facilité avec laquelle on tire les carottes d’un terrain suffisamment préparé. CAROTTE (TIRER UNE).— Faire un men- songe pour connaître la vérité. (Grandval.) CAROTTE DE LONGUEUR OU D'ÉPAISSEUR (TIRER UNE). — C’est la préparer de longue main, ou la tenter sur une grande échelle. CAROTTES (VIVRE DE). — Vivre en faisant des dupes. CAROTTE. — Dupé. — «.... M. de Rochegude, comme tous les petits esprits, avait toujours peur d’être carotté, » (Balzac.) CAROTTER, — Risquer peu. — « Un homme qui allait à la Bourse et qui carottait sur les rentes après s’y être ruiné. » ( Balzac.) CAROTTER. — Obtenir de l’argent en tirant une carotte : « Allons, va au marché, maman, et ne me carotte pas. » (Gavarni.) — « Cela ne vaut-il pas mieux pour un garçon de cœur que de passer sa vie à carotter ? » (E. Augier.) CAROTTER, CAROTTER L’EXISTENCE. — Ne vivre que de carottes, c’est-à-dire vivre mes- quinement. — «Il se dépouillait de tout. Il sera très-heureux de vivre avec Dumay en carottant au Havre. » (Balzac.) CAROTTER LE SERVICE. — Éluder sous de = 78 — i CAR faux prétextes les obligations du service mili- taire. CAROTTEUR, CAROTTIER. — Tireur de ca- rottes. — « Allons, adieu, carotteur?» (Bal- zac.)—« Joyeux vivant, mais point grugeur et carottier. » (Vidal, 1833.) — « Les missives carottières destinées aux banquiers que nous à donnés la nature.» (La Bédollière.) —« Les pratiques et les carottiers excellent dans ces honteux subterfuges. » — (Idem.) V. Repincer, CAROUBLE. — Fausse clef. (Grandval.) — V. Esquintement. CAROUBLEUR. CAROUBLEUR REFILÉ, — Vo- leur employant des caroubles fabriquées sur des empreintes livrées par des domestiques, des frotteurs, des peintres ou des amants de servantes. — « Le caroubleur qui va reconnaî- tre les lieux pour les dévaliser ensuite.» (Ph. Chasles.) Caroubleur à la flan, à Pesbrouffe. — 11 vole aussi avec de fausses clefs, mais au hasard, dans la première maison vente. Caroubleur au fric frac. —Voleur avec ef- fraction. — Il emploie au lieu de clefs un pied de biche en fer appelé cadet, monseïgneur, ou plume. (Vidoeq.) — V. ces mots. ; CArquoIs. — Hotte de chiffonnier. (Colom- bey. )— Ironie mythologique, car le chiffonnier est appelé aussi Cupidon. V. ce mot. CARRE, — Portion d’étage sur laquelle ou- vrent les portes des divers logements. — Sa forme est le plus souvent carrée. CARRÉ (FAIRE UN). — Voler avec effraction dans les divers logements ouvrant sur un carré. CARREAU, CARREAU DE VITRE. — Lorgnon monocle, — « M. Toupard, cinquante-deux ans, petite veste anglaise, chapeau capsule, un car- reau dans l’œil. » (Mémoires d'une dame du monde, 1860.) CARRÉMENT. — Franchement, sans formes obliques. — « Oh ! tu es rouge, et carrément, mon bonhomme. » (G. Droz.) CARRER (sE),— Se cacher. (Halbert.) Mot à mot : se mettré dans un coin. V. Carruche. CARREUR. — Formé ancienne du mot char- rieur. 11 a la même signification. — « Le car- reur qui escamote des pièces d’or ou d’ar- ent. » (Philarète Chasles.) CARROUBLE, CARROUBLEUR, — V. Carouble, caroubleur. CARRUCHE. — Prison. (Grandval,) — Dimi- nutif du vieux mot car: coin, (Roquefort.) V. Canton. ; CARRUCHE (COMTE DE TA).— Gedlier. (Id.) CARTAUD. — Imprimerie. (Halbert) CARTAUDER, — Imprimer. (Idem.) CARTAUDIER. — Imprimeur. (Tdem.) CARTE (FEMME EN). — Femme à qui la po- lice délivre une carte de fille soumise. — « La fille en carte est libre, pourvu qu’elle se pré- sente exactement aux visites des médecins. » (A. Béraud.) CARTE (METTRE EN). — Inscrire une femme parmi les filles soumises. Mot à mot : lui faire prendre une carte. CARTES (PRENDRE DEs).—Chercher mieux. Mot à mot : chercher des cartes plus belles, comme au jeu d’écarté. — Se prend au figuré et en mauvaise part. — «Tu me disais : bon ! bon ! s’il n’est pas content, qu’il prenne des cartes ! » (Vadé, 1744.) CARTE (REVOIR LA). — Vomir. — On com- prend l'ironie du mot en se rappelant qu’on entend par carte la liste des mets choisis pour son repas. CARTON (DE).—Sans valeur réelle. V. Ocea- sion (d”) (Miché.).— Il y a longtemps que le carton symbolise une apparence trompeuse. Saint-Simon appelait déjà le duc du Maine un roi de carton, c’est-à-dire un roi de cartes. CARTON. — Carte à jouer. — « Lorsqu'on a diné entre amis, il faut bien remuer des car- tons peints pour se dégriser. » (Abonut.) CARTON (DONNER LE).— Faire jouer. — « Je n’ai point parlé des tables d'hôte où on donne le carton, c’est-à-dire où l’on fait jouer. » (Lespès.) a CARTON (MAQUILLER LE). — Faire sauter la coupe. ; Céladon 5 De carton, Me prends-tu pour un’ lorette ? Dis’-j’ riant Du galant : Qui n’avait pas d’agrément. (H. Durand.) CARTON (GRAISSER, MANIER, REMUER, TRA- VAILLER, TRIPOTER LE).—Jouer aux cartes.— Il y en a, comme on voit, pour toutes les ne 5 cet Rs EM TE a = £5 > 79 — | sales ou non. — «Ces quatre messieurs qui tripotent le carton avec une grande habileté. » - (Villemessant, Paris au jour le jour, 1860.) __ CARTONNER. — Jouer aux cartes. — € Eh! eh! vous avez un coup de pouce. — Oui, je ne cartonne pas mal. » (E. Villars.) CARTONNEUR. — Joueur passionné. — « En- suite la ravissante cartonneuse eut un instant de veine, » ( Vie parisienne, 1866.) CARTONNIER. — Joueur de cartes. — « Pin- gaud sut le premier débrouiller l’art confus de nos vieux cartonniers, » (Alyge.) CarvEL— Bateau. (Colombey.) CASAQUIN (GRIMPER, TANNER, TRAVAILLER LE). — Rouer de coups. — L’habit est pris ici pour le corps. — « Je te tombe sur la bosse, je te tanne le casaquin. » (Paillet.) — « Le pre- mier ami de Pitt et Cobourg qui me tombe - sous la patte, je lui grimpe le casaquin et lui travaille les côtelettes. » (Lombard de Langres, 1793.) —V. Bosse, Sabouler. CASCADER. — Trébucher, faillir. Dis-moi, Vénus, pourquoi t’obstines-tu A faire ainsi cascader ma vertu? (La belle Héléne, 1865.) CASCADER. — Faire des cascades. — « Ma- demoiselle Leprévost a-t-elle appris seulement à cascader ? » (Jules Janin.) — « Je vais au couvent. Je suis fatiguée de cascader sur les planches. » (Villemot.) — « Qui done osa nous dire : J’aplatirai Hugo par un vers impossible ? — Je cascadais, fit Latygnes. » (Michu.) CASCADES. — Vicissitudes, folies. — « Sur la terre, j'ai fait mes cascades. » (Robert Ma- care, chanson, 1836.) CASCADES. — « Au théâtre, ce mot dépeint les fantaisies bouffonnes, les inégalités gro- tesques, les lazzis hors de propos, les improvi- sations les plus fantasques. » (J. Duflot.) — « «La pièce à paru insuffisante à un public habituellement moins exigeant en fait de cas- cades dramatiques. » (Monselet.) CASCADEUR, — F'arceur, faiseur de cascades, — € Je puis dire que je suis chaque matin environné d’une douzaine de cascadeurs. » (E. Villars.) CASCADEUSE. — Femme galante, farceuse. CASCARET. — Écu de trois livres. (Fr. Mi- chel.) CAS CAsquE. — Chapeau d’homme ou de femme, casquette. — Tronie primitivement envoyée à l'adresse des classiques qui abusaient du casque, c’est-à-dire des Grecs et des Ro- mains. CASQUE A AUVENT, — Casquette. ( Petit Dictionnaire d’argot, 1844.) — L’auvent est ici la visière. | ; CASQUE A MÈCHE. — Bonnet de coton. — Allusion à la mèche qui le termine. — « Il dévoilera les mensonges cotonneux de madame et apportera dans le salon le casque à mèche de monsieur. » (Th. Gautier.) — « Ces toi- lettes font un douloureux contraste avec le casque à mêche de notre cher malade, » (Élia- cim Jourdain.) CASQUE (AVOIR SON). — Être ivre. Mot à mot : avoir du vin plein la tête ou le casque, comme le prouve l’exemple suivant : — « 11 me demande si je veux m’humecter, je lui dis que j'ai mon casque. » (Monselet.) — « Ils furent ensemble dans un cabaret boire quel- ques pots de bon vin. si bien que ce mal- heureux Jean s’en donna dans le casque. » (L'art de plumer la poule sans crier, dix-hui- tième siècle.) CASQUER. — Donner dans le piége qu’on vous tend comme si vous aviez les yeux cou- verts par la visière d’un casque, CASQUER. — Donner de l’argent. — De cas- caret, écu. V. Cavé, Pognon. — « Lie petit Po- lonais casquera. Vive la Russie! » (Claretie.) CASQUETTE. — Chapeau de femme. — « Cré chien ! Loïse, t’as là une casquette un peu chouette. » (Gavarni.) CAsquETTE. — Ivre. Mot & mot : ayant du vin plein la casquette, c’est-à-dire la tête. — « Depuis ce jour, les auteurs lui confiaient les rôles d’ivrogne, — et lui recommandaient sur- tout d'être casquette, » (Duflot.) Ai-je manqué, soit à jeun, soit casquette, De t'apporter ma soif et ma chanson? (Festeau.) CASQUETTE. — ftre casquette a un autre sens : c’est manquer de distinction, c’est d’a- voir dans les manières quelque chose de rude, d’un peu brutal, comme les gens dont la cas- . quette est la coiffure ordinaire. (Mané, 1862.) CASQUETTE.— Argent perdu au café, — De casquer, payer « Le café Voltaire, créancier “<=; du réaliste pour des casquettes pyramidales, » (Michu.) CASSANTE. — “ docq.) CASSANTE, — Dent. (Halbert.) — Dans ces trois acceptions, l'effet est pris pour la cause. La noisette se casse et la dent casse. CassE. — Bris accidentel de verres ou de porcelaine dans un café ou un restaurant. — « Dans beaucoup de villes, le maître d’hô- tel marié prend des pourboires, une part pour sa femme, une part pour ses enfants, une part pour la casse, ete. » (A. Luchet.) CAssE. — Rognures et raclures de pâtisse- ries vendues à deux sous le cornet par les pâ- tissiers. CasseE (JE T’EN). — Ce n’est pas pour toi. (Halbert.) Mot à mot et ironiquement : je vais casser un morceau de ce que tu convoites pour te l’offrir. CASSE-GUEULE. — Bal publie de dernier ordre, où on se bat souvent. Noix, noisette. (Grandval, Vi- Veux-tu v’nir aux Porcherons, Ou j'irons au cass’-gueule à la basse Courtille ? (Duverny, Chanson, 1813.) CASSE-NOISETTES.— Tête dont le nez et le menton se rapprochent comme les pinces d’un casse-noisettes, La perte des dents donne assez souvent cet aspect aux figures de vieillards. — « Les flineurs du quartier les avaient sur- -nommés les deux Casse-Noisettes. » (Balzac.) CASSE-POITRINE. — « Cette boutique est meublée de deux comptoirs en étain où se dé- bitent du vin, de l’eau-de-vie et toute cette innombrable famille d’abrutissants que le peuple a nommés, dans son énergique langage du Casse-Poitrine. » (Pr. d’Anglemont.) — « Ces demoiselles n’ont plus.la faculté de se faire régaler du petit coup d’étrier, consistant en casse-poitriné, vespetro, camphre et autres ingrédients. » (Pétition des filles publiques de Paris, 1830, br. in-8.) Se disait autrefois du vin très-acide. V. Briolet. CASSER. — Manger. Mot à mot : casser avec les dents. — « J’avions déjà cassé trois ou quatre gigots, cinq ou six cochons de lait, et une pièce de bœuf à la mode. (Vadé, 1744.) CASSER. — Dénoncer. — Abréviation de casser du sucre, Voir plus bas. — « Part deux, ou je casse sur toi. » (Du Camp.) CASSER (SE LA). — Senfuir. — « Vous vous esbignez. Ils se la cassent. » (A. Se- cond.) — « C’est assommant ici. Je me la casse. Cassons-nous-la. » (E. Villars.) CASSER (A TOUT). — Avec emportement. — S'’est appliqué dans l’origine aux voitures qu’on menait grand train, au risque de tout casser. Se dit maintenant de tout. V: Rin- quer, — « Que tu es belle ! splendide ! à tout casser. » (BE. Villars.) CASSER DU BEC. — Sentir mauvais. — Cas- ser à ici le sens de couper, ce qui donne, mot à mot : couper de son bec. celui des autres, V. Couper la gueule, CASSER DU SUCRE. — Dénoncer. — « Il en est qui, pour amoindrir leurs peines, cassent du sucre sur leurs camarades. » (Stamir, 867.) CASSER LA GUEULE. — Frapper au visage ou ailleurs. Ts CASSER LA HANE. — Couper la bourse. (Halbert.) — Vieux mot. CASSER LE COU. — Manger. — « Chère belle, ne viendrez-vous pas casser le cou à un fricandeau ce soir? » (Lespès, 1866.) — « Viens-tu casser le cou à une gibelotte ? » (Nadar.) CASSER LE NEZ (SE), — Trouver porte close. Mot à mot : porte qu ‘on croyait ouverte. CASSER SA CANNE, CASSER SON PIF. — Dor- mir, — Allusion à la position d’un dormeur’ dont la tête perd son point d’appui et s'incline brusquement en avant. — € Ils cassent leur canne. Ils cassent leur pif. » (Villars.) V. Orgue (jouer de l’). CASSER SA CANNE. — Rompre son ban, quand on est sous la surveillance de la = tice. V. Canne. CASSER SON @UF. — Faire une fausse cou- che. CASSER SON PIF. — Dormir. canne. CASSER SON SABOT. -— Perdre sa virginité. CASSER UNE PORTE. — Voler avec effrac- tion. V. Casser sa : se casser le nez contre une — al CHA GOGUENOT EN N \: SNS . Ryekey leries lancées par les Francais contre les étran- gers. Charlet, en créant le conscrit Chauvin, fit justice de ces niaiseries de l’opinion. » (A. Jal, Paris moderne, 1834.) CHAUVINISME.—Patriotisme ardent.—« Le chauvinisme a fait faire de plus grandes choses que l’amour de la patrie dont il est la charge. » (Noriac.) — « Le chauvinisme est peut-être la dernière vertu que nous ayons possédée, » (Berthaud.) se = 89 CHE PROMENADE mm | i W HO ay CHAUVINISME, — Se dit par extension de toute exagération banale. — « L’honneur et l’argent, magnifique écho du chauvinisme bour- geois, » (Mirecourt, 1855.) CHAUVINISTE. — Patriote ardent. CHEF. — Cuisinier, chef de cuisine. CHEF. — Maréchal des logis chef. CHEF DE CUISINE. — Contre-maître diri- geant la fabrication d’une brasserie, (Vinçard.) Dictionn, de l’argot parisien, CHELINGUER. — Puer. À Livr. 12, y 2 docq.) — et une pièce de bœuf à la mode. CAS du réaliste pour des casquettes pyramidales, » (Michu.) CASSANTE, — Noix, noisette. (Grandval, Vi- CASSANTE, — Dent. (Halbert.) — Dans ces trois acceptions, l’effet est pris pour la cause. La noisette se casse et la dent casse. CAssE. — Bris accidentel de verres ou de porcelaine dans un café ou un restaurant. — « Dans beaucoup de villes, le maître d’hô- tel marié prend des pourboires, une part pour - sa femme, une part pour ses enfants, une part pour la casse, ete. » (A. Luchet.) (Asse. — Rognures et raclures de pâtisse- ries vendues à deux sous le cornet par les pâ- tissiers. CAssE (JE T’EN). — Ce n’est pas pour toi. (Halbert.) Mot à mot et ironiquement : je vais casser un morceau de ce que tu convoites pour te l’offrir. CASSE-GUEULE. — Bal publie de dernier ordre, où on se bat souvent. Veux-tu v’nir aux Porcherons, Ou j'irons au cass’-gueule à la basse Courtille ? (Duverny, Chanson, 1813.) CASSE-NOISETTES.— Tête dont le nez et le menton se rapprochent comme les pinces d’un casse-noisettes, La perte des dents donne assez souvent cet aspect aux figures de vieillards. — « Les flâneurs du quartier les avaient sur- “nommés les deux Casse-Noisettes. » (Balzac.) CASSE-POITRINE. — « Cette boutique est meublée de deux comptoirs en étain où se dé- bitent du vin, de l’eau-de-vie et toute cette innombrable famille d’abrutissants que le peuple a nommés, dans son énergique langage du Casse-Poitrine. » (Pr. d’Anglemont.) — « Ces demoiselles n’ont plus la faculté de se faire régaler du petit coup d’étrier, consistant en casse-poitriné, vespetro, camphre et autres ingrédients. » (Pétition des filles publiques de Paris, 1830, br. in-8.) Se disait autrefois V. Briolet. CAssEr. — Manger. Mot à mot : casser avec les dents. — « J’avions déjà cassé trois ou quatre gigots, cinq ou six cochons de lait, (Vadé, du vin très-acide. 1744.) CASsER. — Dénoncer. — Abréviation de casser du sucre, Voir plus bas. — « Part & | deux, ou je casse sur toi. » (Du Camp.) CASSER (SE LA). — Senfuir. — « Vous vous esbignez. Ils se la cassent. » (A. Se- cond.) — « C’est assommant ici. Je me la casse. Cassons-nous-la. » (E. Villars.) CASSER (A TOUT). — Avec emportement. — S’est appliqué dans l’origine aux voitures qu’on menait grand train, au risque de tout casser. Se dit maintenant de tout. V: Rin- quer. — « Que tu es belle ! splendide ! à tout casser. » (E. Villars.) CASSER DU BHC, — Sentir mauvais. — Cas- ser a ici le sens de couper, ce qui donne, mot à mot : couper de son bec. celui des autres, V. Couper la gueule. CASSER DU SUCRE. — Dénoncer. — « Il en est qui, pour amoindrir leurs peines, cassent du sucre sur leurs camarades. » (Stamir, 1867.) CASSER LA GUEULE. — Frapper au visage ou ailleurs. © a CASSER LA HANE. — Couper la hours, (Halbert.) — Vieux mot. CASSER LE COU. — Manger. — « Chère belle, ne viendrez-vous pas casser le cou à un fricandeau ce soir? » (Lespès, 1866.) — « Viens-tu casser le cou à une gibelotte ? » (Nadar.) CASSER LE NEZ (sE), — Trouver porte close. Mot à mot : se casser le nez contre une porte qu’on croyait ouverte. CASSER SA CANNE, CASSER SON PIF. — Dor- mir. — Allusion à la position d’un dormeur’ dont la tête perd son point d’appui et s'incline brusquement en avant. — « Ils cassent leur canne… Ils cassent leur pif » (Villars.) V. Orque (jouer de l’). CASSER SA CANNE. — Rompre son ban, quand on est sous la surveillance de la jus- tice. V. Canne. ; CASSER SON @UF. — Faire une fausse cou- che. CASSER SON PIF, — Dormir. V. Casser sa canne. CASSER SON SABOT. -— Perdre CASSER UNE PORTE. — Voler tion. sa virginité. avec effrac- CHE — 90 — CHE Chelinguer des arpions ou de l'orteil. — Sentir mauvais des pieds. Chelinguer du bec, — Sentir mauvais de la bouche. CHEMINÉE. — « Il est de bon ton de porter un chapeau de soie, vulgo cheminée. » (La Lune, 1867.) — Cheminée doit être pris ici dans le sens de fuyau de poêle, CHEMISES (COMPTER SES), — Vomir, — Allusion à la posture penchée de l’homme qui vomit. CHEMISE (ETRE DANS LA) de quelqu’un. — Ne pas le quitter, être au mieux avec lui. CHEMISE DE CONSEILLER. — Linge volé, (Colombey.) CHENATRE. — Très-bon, (Grandval.) — Augmentatif de chenu, CHÊNE. — Homme bon à voler, riche, — Abréviation de chenu,— « Qu’as-tu done mor- filé? — J'ai fait suer un chêne, son auber j'ai enganté et ses attaches de cé. » (Vidocq.) CHENIQUE, CHNIC. — Eau-de-vie. — Dimi- nutif de chenu : bon. — « Le perruquier de régiment rase sans rétribution, mais en avant le chnic, » (Bataille, 1843.) CHENIQUEUR, — Buvyeur de chenique, Être ch’niqueur, railleur, vantard, gourmand, Courir au feu comme à la gloire, Du troupier français v’là l’histoire. (Wado.) CxHENoc. — Mauvais, avarié, et par exten- sion vieil infirme. — C’est l’antithèse de chenu. — « Vous êtes un vieux birbe. — Comment ? un birbe,— Oui! vous êtes un vieux ch’noc. » (Dernier jour d'un condamné, ) CHENU. — Excellent. — Dés 1718, le Dic- tionnaire comique de Leroux dit dans ce sens : Voila du vin chenu. — Selon Dhautel (1808), chenu, signifiant an propre blanc de vieillesse, est appliqué au vin que la vieillesse améliore, et par extension à toute chose de première qualité, — « Ce doit être du chenu et du ficelé. » (Phys. du matelot, 1843.) — «Il met sur son nez une chenue paire de lunettes. » (La Bédollière.) — « Goujeon, une prise de tabac ?— Oui-dà, t’nez en v’là quest ben chenu. » (Vadé, 1755.) — € As-tu fré- quenté les marchandes de modes? c’est 1a du chenu ! » (P. Lacroix, 1832.) “= Chenu sorgue. — Bonsoir. — « Chenu sor- gue, roupille sans taffe. » (Vidocq.) Chenu reluit, — Bonjour. V. Fourgat, CHENUMENT. — Très-bien, — « Une ville a beau feindre de sedéfendre ch’nument.»(Vadé, 1755.) V. Artie. CER. — Rude, élevé. (Colombey.) — La cherté est prise ici au figuré. CHÉRANCE. — Ivresse, (Idem.) OHEVAL DE RETOUR. — Condamné conduit au bagne pour la seconde fois, — « C’est un cheval de retour, vois comme il tire la droite. » (Balzac.) 2 CHEVALIER DE I’AUNE, — Commis en nou- veautés, — « Il n’y a que ces chevaliers de l’aune pour aimer la boue au bas d’une robe.» (Balzac,) Chevalier du crochet. — Chiffonnier, Chevalier du lustre, — Claqueur. Chevalier du printemps, — Niais portant un œillet rouge à la boutonnière pour singer une décoration, Mot à mot : chevalier de l’ordre du printemps. OHEVAUX A DOUBLE SEMELLE. — Jambes, — « Tiens, apprête tes chevaux à double se- melle, prends ce paquet et valse jusqu’aux Invalides. » (Balzac.) CHEVELU. — Romantique. — Les longs cheveux étaient de mode dans l’école roman- tique de 1830, — « Il peuplait mon salon de jeunes célébrités de l’école chevelue, » (L Reybaud.) — « L’art chevelu a fait une révo- lution pour abolir les tirades de l’art bien peigné, » (Idem.) — « On connaît peu le res- taurateur Dinochau. C’est un homme que le commerce des littérateurs chevelus a rendu spirituel. » (Marx, 1865.) CHEVEU. — Inquiétude, souci aussi tour- mentant qu’un cheveu dans le gosier. — « Veux-tu que je te dise, t'as un cheveu. — Eh bien! oui, j'ai un cheveu. » (Monselet.) CHEVEUX (IL A DE BEAUX). — Il a mau- vaise mine. Se dit de n’importe quoi et de n’importe qui. CHEVEUX (AVOIR MAL AUX). — Avoir la tête lourde un lendemain d’ivresse. CHEVISTE. — Partisan de la réforme musi- cale de Chevé. — « Avant trois mois, les che- vistes seront sur les dents. » (S. Loudier, 187 2 CHEVRE (GOBER OU PRENDRE SA). — Se mettre en colère. — La chèvre est peu endu- rante de sa nature. — Le mot est ancien. — « Prenez que la raison lui eût mis de l’eau dans son vin ou que son amitié d’autrefois fût fâchée d’avoir pris la chèvre. » (Vadé, 1744.) CxEvron. — Récidive. (Vidocq.) CHEVRONNÉ. — Récidiviste. — Allusion aux chevrons qui marquent l’ancienneté du service militaire. - Cnrc. — Mot d’acceptions fort diverses et fort répandues dans toutes les classes. — Vient du vieux mot de langue romane chic : finesse, subtilité, qui a fait notre mot chicane. — «J'espère avec le temps que j'entendrai le chic, » dit du Lorens, un poéte satirique du seizieme siècle qui était en même temps ma- gistrat. Dans la Henriade travestie, Fougeret de Monbron écrit plus tard : La Discorde qui sait le chic En fait faire un décret public. Le chic était donc jadis la science du fin. 11 s'emploie aujourd’hui dans les cinq acceptions suivantes : Curc. — Distinction. — Le mot serait ancien dans ce sens, à propos de Reine Audu, la reine des halles, une des héroïnes de nos fastes révolutionnaires, le Père Duchesne dit : « Quel chic la liberté donne aux femmes! » (Intermédiaire du 10 octobre 1865.) — « Le port des ordres veut de l’élégance sans afféte- rie, de la tenue sans pose et une aisance qui ne soit pas du sans-gêne ; enfin ce qu’on appelait la race au siècle dernier ; le bon ton il y à cin- quante ans ; c'était moins et c'était plus que le chic d’aujourd’hui. » (Vie parisienne, 1866.) — « Petite friponne ! auraient dit nos, grands- pères. Elle a du chic, ou mieux encore elle a du chien, ou elle a du zing, s’écrient les gent- lemen, leurs petits-fils. » (E. Villars, 1866.) Crrc. — Élégance de toilette ou d’ameuble- ment. — « Vous serez ficelé dans le chic. » (Montépin.) — « L’officier qui a du chic est celui qui serre son ceinturon de manière à res- sembler à une gourde. » (Noriac.) — « Lam- bert fut enchanté de son gîte. C’est le dernier mot du vrai chic, dit-il. » (About.) — À l’école de Saint-Cyr, sous le premier empire, chic était ho synonyme d’élégance militaire, V. 77e. Cxrc. — Cachet artistique, originalité. — ; «I lui révéla le sens'intime de l’argot enusage cette semaine-là, il lui dit ce que c'était que chic, galbe, etc. » (Th. Gautier, 1838.) — « Une première série du Carnaval de Gavarni est loin d’avoir le chic étourdissant de la seconde. » (E. de Mirecourt.) Caro. — Facilité banale, n’ayant rien de sérieusement étudié. — C’est le contraire de la signification précédente. Il y a eu sans doute réaction contre l’abus inconsidéré du mot. De là, cette divergence complète. — « C’étaient là de fameux peintres. Comme ils soignaient la ligne et les contours ! comme ils calculaient les proportions ! ils ne faisaient rien de chic ou d’après le mannequin. » (La Bédollière.) — « Un paysage d’une délicieuse naïveté. Il n’y a là dedans ni chic ni ficelles. » (Alph. Karr.) Le mot chic, pris dans ce dernier sens, a fini “ par s’appliquer à la littérature, à l’art oratoire. — « Parleur de chic, comme disent les artistes, il fait de l’amplification. » (P. Véron.) CHrc. — Mauvais genre, genre trop accusé. — « Ce chic que le tripot colle à l’épiderme des gens et qui résiste à toute lessive comme le masque des ramoneurs. » (P. Féval.) CHIC, CHIQUE. — Distingué, opulent, qui a du chic. — « (a un homme chic! C'est pas vrai, c’est un calicot. » (Les Cocottes, 1864.) — « C’est chique et bon genre. » (Ricard.) — € Ah! voilà ma femme chic! Madame, j'ai l’honneur d’être. » (De Goncourt.) — « Ceux qui dansent ce sont des gueux. Les gens chic font cercle autour d’eux. » (Blavet.) CHICAN. — Marteau. (Halbert.) OHICANE (GRINCHIR A LA), CHERCHER CHI- CANE. — Prendre la bourse ou la montre d’une personne en lui tournant le dos. Ce genre de vol exige une grande dextérité. (Vidoeq.) CHICANDARD. — V. Chicard, Chicarder. . CHICANDER. — Danser le pas chicard. — « Chicard est français de cœur, sinon de gram- maire, bien qu’il ne soit pas encore du Diction- naire de l’Académie. L'homme de génie qui s’est fait appeler Chicard a modifié compléte- ment la chorégraphie française. Chicard existe, c’est un primitif, c’est une racine, c’est un règne, Chicard a créé chicandard, a a ¥ chicander ; l’étymologie est complète. » (Taxile Delord.) V. Chicarder, CHICARD. — Personnage de carnaval (à la mode de 1830 à 1850). Son costume, bizarre assemblage d’objets hétéroclites, se composait le plus souvent d’un casque à plumet colossal, d’une blouse de flanelle et de bottes fortes. Ses bras à moitié nus s’enfonçaient dans des gants de grosse cavalerie. Le premier qui mit ce costume à la mode était un marchand de cuirs ; son chze le fit nommer Chicard. Il in- venta un pas nouveau, dit pas chieard, — « Et puis après est venu Chicard, espèce de Masa- niello qui a détrôné l’aristocratie pailletée des marquis, des sultans et a montré le premier un manteau royal en haillons. » (M. Alhoy.) — « La sage partie du peuple français a su bon gré à maître Chicard d’avoir institué son - Tègne de mardi-gras. » (J. Janin.) CHICARD, CHICANDARD, CHICOCANDARD, CHI- CANCARDO. — Très-chic, remarquable. — « On y boit du vin qu’est chicandard, chicancardo. » (Vacherot, Chanson, 1851.) — « Une dame très-belle, très-coquette, très-élégante, en un mot très-chicandarde. » (Ed. Lemoine.) — « Un auteur plus chicocandard. » (Th. Gau- tier.) — « Un déjeuner chicocandard. » (La- biche.) V. Chocnoso. CHICARD (PAS). — Manière de danser imi- tant celle de M. Chicard. — « Mais qu'’aper- cois-je au bal du Vieux Chêne? Paméla dan- sant le pas chicard. » (Chauvelot aîné.) Le pas chicard s’est conservé jusqu’à nous sous le nom de chicorée. : CHICARDER. — Danser le pas chicard. — « Quand un bal de grisettes est annoncé, le vaurien va chicarder avec les couturières. » — (Deriège.)— « Le nom de Chicard est devenu célèbre. Enfin on a fait un adjectif de ce nom- là et même on en a fait un verbe : Homme- chiquart, habit-chiquart, chiquarder, chiquan- der.» (Jules Janin.) CHICARDOT. — Poli. (Halbert.) CHICMANN. — Tailleur. (A/manach des Dé- : biteurs, 1851.)— Allusion aux noms germani- ques qui abondent chez les tailleurs. CHICORÉE (FORT DE). — V. Café. CHIEN. — Chien, — Compagnon. « Tu pas- seras renard ou aspirant, après ça tu devien- dras chien ou compagnon. » (Biéville.) CHIEN. — Tracassier.— « Le chef est chien ou bon enfant. Le chien est dur, exigeant, tra- cassier, méticuleux. » (Balzac.) CHIEN. — Avare.— Horace (1.11, sat. 2) em- ploie le mot canis pour signifier avare. : CHIEN. — Flamme artistique, feu sacré. — Abréviation de sacré chien (eau-de-vie), pris dans une acception figurée. — « X... disait de mademoiselle Honorine qu’elle a du chien dans lavoix. — Du chien, fit Z..., c’est trop peu dire... C’est une meute!!! » (Marx.)—« Le style avait du flou, l’alinéa du chien. » (Michu.) CHIEN. — Eau-de-vie. Abréviation de sacré - chien. V. ce mot. CHIEN. — Originalité, cachet, feu, montant. Même abréviation, ‘ Qu'a donc, disait Chose à Machin, Ce laideron qui passe et repasse ? Du chien... C’est donc pour cela qu’elle chasse Si bien... (B. Villars.) « Quel chien! Tourne-toi un peu. Et il sif- flottait : c’est un Rubens. » (Vie parisienne, 1866.)— Elle a réellement du chien, cette fem- me-là. » (Droz.) V. Sacré chien, CHIEN (DE). — Excessif. — On dit: une faim de chien, un mal de chien, une soif de chien. CHIEN (N'ÊTRE PAS). — Être bon, de qua- lité supérieure. —« Voilà du pomard qui n’est pas chien. Il y en a six bouteilles. Je ne verse qu’une tournée. Nous boirons le reste à l’of- fice. » (Bertall.) : Nétre pas chien en affaires. — Aller gran- dement, sans chicane. CHIEN, CHIENCHIEN.— Mot d’amitié, — Le chien symbolise la fidélité. V. Chat, Bichette. CHIEN DE RÉGIMENT. — Caporal ou briga- dier.— Sa mission est un peu celle du maître d’études. CHIEN DE COMMISSAIRE. — Secrétaire de commissaire de police. : CHIEN DE COUR, CHIEN DE COLLEGE. — Maitre d’études.—« Ilya un sous-principal que les écoliers appellent chien de cour, parce que, semblable aux chiens de bergers, son emploi est de contenir la gent scolastique dans se CHI : — 4} ¥ x grande cour, jusqu’au moment de l’ouverture des classes. » (Mercier, 1783.) CHIEN DE FAIENCE (EN). — Aussi raide et immobile qu’un de ces chiens de faïence em- ployés jadis pour décorer les portes et les perrons. — « Je fus ébloui et je restai comme un chien de faïence à la contempler. » (Vil- lemessant. ) CHIEN NOYE. — Morceau de sucre trempé dans du café noir. —Plus petit et moins trempé, c’est un canard. CHIEN DANS LE VENTRE (AVOIR DU). — Être ‘de force à tout supporter. CHIEN (PIQUER UN). — Dormir pendant la journée, Allusion à la facilité avec laquelle le ‘chien s’endort dès qu’il est en repos. — On trouve dans Rabelais un exemple de dormir en chien. Sur l’étude passons. Il n’est qu’un seul moyen De la bien employer, c’est de piquer son chien. (Souvenirs de Saint-Cyr.) CHIENDENT (VOILA LE). — Là est la diffi- culté. — On sait qu’il est difficile d’arra- cher le chiendent, dont les racines longues et noueuses sont fort entrelacées.—Usité en 1808. — « Et c’est là le chiendent.» (Désaugiers.) Avarice, ladrerie. CHIENNERIE, — Luxure, passion bestiale, sans plus de retenue que celle des chiens en certaine saison. — « Oh ! la belle chiennerie ! Il ravale toutes les femmes au niveau des pros- tituées. » (Mismer.) On dit dans le même sens vacherie. CHIER DANS LA MALLE. — Faire affront a quelqu’un. Mot à mot : faire dans sa poche. Car aussi bien le monde a chié dans ma malle. (Dulorens, S'atires, 1846. ) — Autrefois malle signifiait poche. CHIER DU POIVRE. — S’en aller au moment où l’on a besoin de services, CHIFFARDE. — Assignation. (Halbert.) Mot à mot: vieille chiffe, vieux chiffon. CHIFFARDE. — Pipe. (Vidocq.) Currrz. — Commerce des chiffonniers. — Aussi y a-t-il une espèce d’aristocratie dans la chiffe, ils comptent leur noblesse par généra- tion ; il y a des chiffonniers de naissance et des parvenus. » (Privat d’Anglemont.) : CHIFFERTON. — Chiffonnier. (Vidocq.) CHIFFON. — — Mouchoir. CHIFFON ROUGE. — Langue. (Haïbert.) — Allusion de couleur et souplesse. V. Balancer. CHIFFONNIER.— Voleur de mouchoirs. V. Pè- gre. | CHIFFORNION. — Foulard. CHIGNER. — Pleurer.—« Ça lui fera du bien de chigner. » (Balzac.) Abréviation de rechi- gner. CHIMIQUE. — Allumette chimique. — Abré- viation, — « Ouvre la blague, prends une chi- mique, allume ta pipe.» (La Maison du Lapin- Blanc, typ. Appert.) CHINER. — Aller en quête de bons marchés. — € Remonenqg allait chiner dans la banlieue de Paris.» (Balzac.) CHINEUR. — Les roulants ou chineurs sont des marchands d’habits ambulants qui, après leur ronde, viennent dégorger leur mar- chandise portative dans le grand réservoir du Temple.» (Mornand.) — « Les chineurs sont ceux qui viennent à domicile offrir des étoffes à bas prix. » (Du Camp.) Curvors. — Cafetier. (A/manach des Débi- teurs, 1851.) CxINors. — Mot d’amitié. — « En mourant à Sainte-Hélène, Napoléon disait en parlant de ses serviteurs : « Mes pauvres Chinois! je « ne les oublierai pas. » (D" Antommarchi, Mé- motres.) CHINOIS, — Homme singulier, bizarre d’as- pect ou de caractère, — Allusion aux Chinois de paravent età leur aspect étrange.— « Parmi les badauds attirés à Paris pour le sacre de Na- poléon I”, on distinguait les présidents de cantons, bonnes gens pour la plupart, souve- vainement ridicules, avec un air d’importance qui amusait les Parisiens ; on les appelait des Chinois, en leur qualité de présidents de can- tons. Cette mauvaise plaisanterie eut du suc- ces.» (Lamothe Langon , Souvenirs d'une femme de qualité, 1830.) — « Chinois, amène les liquides. » (Balzac, Père Goriot.) —« V°là mon Chinois qui se fache. » (Monselet.) CHIPER. — Dérober de petites choses. — Forme de choper, prendre. — « En chipant les sept cent cinquante mille francs. » (Balzac.) CHIPEUR, CHIPEUSE, — Homme ou femme CHI — 04 — CHO qui chipe. — « Chipeur comme un gamin de Paris. » (Balzac.) Currie. — Femme acariitre, revéche, que- relleuse. CHIQUANDART, CHIQUART. V. Chicandard, chicard, chicarder. CHiquE. — Supérieur, distingué, V. Chic, CurquE. — Église. (Vidocq.) V. Momir, Re- bâtir. CHIQUE (COUPER LA). — Dérouter, — « De la réjouissance comme ça ! le peuple s’en pas- sera. C’est c’ qui coupe la chique aux bou- chers, » (Gaucher.) CHIQUE A QUINZE PAS (COUPER LA). — Se faire sentir de loin. CHIQUE (POSER SA). — Mourir. — À l'usage de ceux qui ont chiqué du tabac toute leur vie. CHIQUE ET FAIRE LE MORT (POSER SA). — Rester muet et immobile, — Acception figurée du terme précédent. Curiqué. — Ayant bonne tournure. — « Dis donc, Troutrou, nous ne sommes pas trop bien ficelés. — Zut! y en a de moins chiqués. » (1841, Ladimir.) — « Je leur en ferai des dis- cours, et des chiqués. » (Chenu.) CHIQUEMENT. — Avec chic. CHIQUER. — Faire avec “chic supérieure- ment. Auprès d’elle Eugénie Nu-bras,' Nous chique avec génie, Son pas. (1846, P. d’Anglemont.) CHIQUER. — Manger. — Vieux mot de langue romane. — « Je me dispose à chiquer les vivres. » (B. Carême, 1829.) — « Ne pour- rions-nous pas chiquer un légume quelconque? mon estomac abhorre le vide. » (Balzac.) CHIQUER. — Dépenser. — « Il m’a fallu tout mettre en plan. J’ons chiqué jusqu’aux reconnaissances. » (Dialogue entre Suzon et Eustache, 1836.) bl CHIQUER (SE). — Se battre. Mot & mot : s’avaler. Même racine que la précédente. (Grandval.) CHIQUEUR. — Glouton. — « On dit d’un homme qui mange beaucoup que c’est un bon chiqueur. » (Dhautel, 1808.) _ CHIQUEUR. — Artiste dessinant de chic, sans étudier la nature. \ Cunic, — Eau-de-vie. V. Chenique. CHOONOSO, CHOCNOSOF, CHOCNOSOPHE, CHOC- NOSOGUE, KOXNOFF. — Brillant, remarquable. — « Dans cette situation, comment dire ?... — Chocnoso... » (Balzac) — Dans Pierre Gras- sou, Balzac écrit Chocnosoff. — « Jem’en vais chez le restaurateur commander un diner kox- noff. » (Champfleury.) — « C’est koksnoff, chocnosogue, chicardo, snoboye. » (Bourget, Chansons.) — « Sa plume était chocnosophe, et ses goûts ceux d’un pacha. » (Commerson.) — « ‘Ce jeune provincial dont vous riez au- jourd’hui aura une tenue moderne, chicarde, chocnosogue. » (L. Huart.) CHOLETTE. — Demi-litre. lette : litre. (Vidocq.) CHOPER. — Voler. (Vidocq.) — Du vieux mot choper: toucher quelque chose pour le faire tomber. (Roquefort.) — Pierre d'achop- pement est resté dans la langue régulière. CHOPER. — Prendre. — Se laisser choper. Se faire arrêter. Cxorrn. — Vol. De choper. (Grandval.) — « Quand un voleur fait de la dépense, c’est qu’il a fait un chopin. » (Canler.) CHOSE, MACHIN. — On appelle ainsi celui dont on ne se rappelle pas le nom. (Dhautel.) — « Chose est malade, — Qui ca, Chose? » (H. Monnier.) — « Figurez-vous que le petit Chose écrivait un journal. » (Balzac.) — La coutume est ancienne. Tallemant des Réaux conte que « M. le Mage, conseiller a la Cour des aides, dit toujours Chose au lieu du nom.» CHOSE (MONSIEUR). — Le chemisier, dans l’argot des débiteurs. (1851, A/manach des Dé- biteurs.) CHOSE. — Dignité. — « Tu me feras peut- étre accroire que tu n’as rien eu avec Hen- riette? Vois-tu, Fortuné, si tu avais la moindre chose, tu ne ferais ls pas ce que tu fais... » (Ga- varni.) CHOSE. — Indignité. — C'est ce snontard d’Italien qui a eu la chose de tenir des propos sur Jacques. » (Ricard.) CHOSE. — Embarrassé, contristé. — Du vieux mot choser : gronder. (Roquefort.) — « Ma sainte te ressemble, n’est-ce pas, Nini? — Plus souvent que j'ai un air chose comme ça ! » (Gavarni.) — « Ce pauvre Alfred a À — Double-cho- / or CHO 0% crampe au pylore, ça le rend tout chose, » (E. Sue.) — « Mam’selle, v'là qu’vousm’rendez tout chose, je vois bien que vous êtes un esprit ‘fort. » (Rétif, 1783.) — « M. le prêtre, qui était tout chose de cette affaire, se scandalisa.» (Vadé, 1744.) Cxov. — Bête. — On dit : bête comme chou, CHOU (MON), MON CHOUCHOU. — Mot d’a- mitié. — « On dit : mon chou, comme on dirait : mon ange. » (E. Carré.) Se dit surtout aux enfants, par allusion au chou sous lequel on prétend;les avoir trouvés, : quand on ne sait que répondre & certaines de leurs demandes. CHOU COLOSSAL. — Entreprise destinée à tromper le public par des promesses ridicule- ment alléchantes. « Il y a deux ou trois ans, on vit à la qua- trième page de tous les journaux un éloge pompeux d’un nouveau chou... Ce chou était le chou colossal de la Nouvelle-Zélande, servant & la fois à la nourriture des hommes et des bes- tiaux et donnant un ombrage agréable pendant l’été. C’était un peu moins grand qu’un chêne, mais un peu plusgrand qu’un prunier. On ven- dait chaque graine un franc... On en achetait de tous les coins de la France. — Au bout de quelques mois, les graines du chou colossal avaient produit deux ou trois variétés de choux connues et dédaignées depuis longtemps. La justice s’en méla. » (Alph. Karr, 1841.) : Cxovan. — Légitimiste. — Allusion aux insurgés qui combattirent pour la .monarchie dans nos provinces de l’Ouest. C’était une guerre de bois et de haies qui fit donner à ses acteursle nom de Chouans, employé pour chats- ‘huants dès le moyen âge. CHOUCHOUTER. — Choyer tendrement. — « Tu seras chouchouté comme un chouchou, comme un dieu. » (Balzac.) V. Chou. CHOUCROUTE (TÊTE OU MANGEUR DE). — Allemand. CHOUETTE, CHOUETTARD, CHOUETTAUD, — Bon, beau. — « Not’ homme m'attend à la bar- rière pour faire une noce un peu chouette. » (M. Perrin.) — « C’est chouette, ça. » (J. Arago, 1830.)— « Elle est bonne, votre eau-de-vie, — « Oui, elleest chouette. » (H. Monnier.)—« Ah! vous avez là une chouette femme. » (Gavarni.) Voici peut-être un des premiers exemples du mot. Il nous en donne en même temps l’expli- cation : — « Ma femme sera coincte et jolye comme une belle petite chouette, » (Rabelais.) V. Biblot, Danse, Toc, Casquette, CHOUETTE (ÊTRE.) — Être pris. CHOUETTEMENT. — Parfaitement, Suis-je près d’un objet charmant, Pour l’allumer chouettement, Mon cœur est comme une fournaise, (Festeau.) CHOURIN. — Couteau. CHOURINER. — Donner des coups de cou- teau. — Formé des mots surin et suriner, usi- tés dans le même sens. CHOURINEUR. — Tueur de chevaux. (Hal- bert.)—Le type du Chourineur créé par E. Sue dans les Mystères de Paris est resté célèbre, CHRÉTIEN. — Étendu d’eau. — Allusion à l’eau du baptême chrétien, — « Une douzaine de drôlesses déguisées en laitières vendent du lait troisfois chrétien. » (Privat d’Anglemont.) CHUTER, — Faire une chute. — Pris au figuré, — « Si elle est bonne enfant, je la sou- tiendrai à son début au Gymnase. Ah! je puis faire chuter qui je veux, » (Balzac.) Cr-DEVANT, — Aristocrate dans la langue révolutionnaire, Mot à mot : ci-devant comte, duc ou baron, — Date de la suppression des ti- tres de noblesse, Cr-DEVANT. — Homme âgé, Mot à mot : ci- devant jeune. — « Le ci-devant de province n’abandonne jamais son rifflard. » (Phys, du parapluie, 1841,) CrGALE, — Pièce d’or, (Vidocq.) CrcoeNE— Préfecture de police. —« Railles, griviers et cognes nous ont pour la cigogne en partie tous paumés. » (Vidoeq.) V. Dab. CrNquièmE.— Mesure de liquide, cinquième de litre. — « Et quand, par hasard, il boit un cinquième sur le comptoir. » (Léo Lespès.) CINTRER. — Tenir. (Colombey.) — Accep- tion figurée. Pour cintrer dans une construc- tion il faut contenir. CrPAL. — Soldat de la garde municipale. — Abréviation. — « Les danses ont été légère- ment échevelées, mais, Le cipal n’a rien à dire Aux entrechats de la vertu.» (Naquet.) X Î coc tonnaire de l’Académie, qui admet cependant Claquer et Claqueur. CLAQUES (FIGURE A). — Figure qu’on souf- fletterait volontiers. — « Oui, ces figures à claques, nous les caresserons.» (Cogniard.) CLAQUER.— Mourir.— « Malheur du diable! mon pauvre adjudant s’est laissé claquer. » (Noriac.) (CLAQUER.— Manger, — Allusion au claque- ment des mâchoires, CLAQUER. — Dissiper. — C’est Manger pris au figuré. — « Quand on s’est permis cette gourmandise, plus rien à claquer, » (C’ommen- taires de Loriot.) CLARINETTE. — Fusil d’infanterie. — Du moment qu’on appelaitle fantassin troubadour (V. Troubade), on devait appeler son instrument clarinette. Les deux termes s'expliquent l’un l’autre. — « Quant au fantassin, il est obligé de porter un fusil de quatorze livres, aimable clarinette de cinq pieds. » (Vidal, 1833.) — « Tout à l’heure les feux de deux rangs déshi- reront la toile, et nous verrons si vos clarinettes ont de la voix. » (Richard.) V. Agrafer, Toile, CrAvIN. — Clou. (Halbert.) Vieux mot. CLAVIN, CLAVINE, CLAVINEUR, CLAVINIER. — Raisin, vigne, vendangeur, vignoble. (Hal- bert.) Formés de Calvin et de ses dérivés. CLÉ, CLEF (A LA). — Acception figurée de clé, qui signifie une marque réglant l’intona- tion de notes musicales. — « C’est bien cette grande queue de vache mal peignée. Trop de chignon à la clé. » (Villars.) — « Sa ville natale lui élève une statue; c’est fort naturel. Je trouve même qu’elle aurait pu le traiter avec plus de respect, et l’inaugurer tout seul, sans agriculture ni archéologie à la clef. » (Eclair, 1872.) CricHE, — Banal, connu. — Synonyme de Stéréotypé, et emprunté comme lui a la ty- A « Tel est le discours cliché que CLI CrrroN, — Note aigre. — « Trois citrons à la clef. » (Nadar.) CLAIR. — (Bil, = Allusion à l’éclat du re- gard. — « Allumez vos clairs et remouchez. » (Balzac.) ('LAQUE. — Réunion de claqueurs, d’applau- disseurs à gages. — « Oublié par le Dic- le vénérable baron a en réserve pour toutes les circonstances. » (Figaro.) On dit : c’est cliché, pour c’est immuable, c’est connu, — Cliché se prend souvent comme sub- stantif. V. Guitare. Bientôt de la prison pour dettes On sera, dit-on, affranchi. Gare aux histoires toutes faites! Ah ! que de clichés:sur Clichy. (1867, AI. Flan.) Criquor. — Vin de Champagne portant la marque de feue madame Cliquot. Elle boit beaucoup de cliquot ‘Et bat volontiers la campagne. (H. Villars.) CLOPORTE. — Portier. — Calembour : clôt- porte, — « Je connais le truc pour apprivoiser les cloportes les plus farouches. » (Montépin.) — «€ Qu’a dit le vil cloporte? — Le cloporte a dit : C’est huit sous. » (Champfleury.) Crou.' — Prison." — On ne peut pas en bouger plus que si l’on y était cloué.—« Je vous colle au clou pour vingt-quatre heures. » (No- riac.) — « Comme de juste, on ne vient pas se mettre au clou soi-même. » (E. Sue.) CLou. — Mont-de-Piété. Mot à mot : prison d'objets engagés. — « Il avait mis le linge en gage; on ne disait pas encore mettre au L'clone » (Luchet. ) : CLOU (METTRE AU). — Vora un objet. (1851, Almanach des Débiteurs.) CLOU DE GIROFLE. — Dent gâtée, dent noire et cassée comme un clou de girofle. — « Madame Cramoisi demanda à Santeuil com- bien ils étaient de moines à Saint-Victor. — Autant que vous avez de clous de girofle dans la bouche, dit Santeuil, voulant parler de ses dents noires et gâtées. » (Santoliana, 1764.) — CLOUER. — Mettre en gage. — De clou, d’où dérivent aussi accrocher, clouer, déclouer et surclouer. (Engager, dégager et renouveler au Mont-de-Piété.)— « Jeune insensé, oublies- tu que nous avons passé le 20 du mois, et qu’à cette époque les habits de ces messieurs sont cloués et surcloués ? »(Murger.) CocaNGE. — Coquille de noix. — Le jeu de cocange ou de robignolle est un jeu tenu par les filous qui courent les foires. CocANTIN. — Homme d’affaires, intermé- diaire entre le débiteur et le créancier, (1851, Almanach des Débiteurs.) À CAS 22°81 CAS CHEZ LE NS = AL <3 s berg, CASSEROLE (PASSER PAR LA). — Être en traitement pour la syphilis. — On disait au- trefois passer sur les réchauds de saint Côme. L’une et l’autre expression font allusion à la chaleur requise par les sudorifiques qui jouent un grand rôle dans la cure. CASSEROLE. — Personne cassant, c’est-à- dire dénonçant à la police. (Halbert.) — Il à noter que le dénonciateur s’appelle aussi Dictionn. de l’argot parisien. FOURGAT f Al A gh Liat “ i | li il fh 1 IN TN i HH ® I iti! | I A N HR \ \ i \ lh] M cuisinier, qu’on dit servir pour arrêter, et que dénoncer, c’est manger le morceau ou se mettre a table. CASSEUR. — Tapageur, prêt à tout casser. (Dhautel, 1808.) — « La manière oblique dont ils se coiffent leur donne un air cas- seur.» (De La Barre.) CASSEUR, — Dénonciateur, V. Casser du sucre, CASSEUR DE PORTES. — Voleur avec effrac- tion. (Halbert.) ioe) CASSINE. — « Ce mot signifiait antrefois une petite maison de campagne ; maintenant, il n’est plus d’usage que pour dire un loge- — Diminutif de Case, — « Ah! ben, vous sors de la cuisine, c’est à faire lever le cœur, un vrai fumier, quoi! !!» (Marquet.) CASSOLETTE (OUVRIR SA). — Vesser. Mot “ à mot : répandre des parfums trop connus. CAssURE. — Débit mordant. — « Le brio et la cassure (encore un mot commandé par la situation) avec lesquels elle (mademoiselle Silly) enlève à gosier déployé son rôle de Béatrix. » ( Vie parisienne, 1865.) || CASTE DE CHARRUE. — = Quart d’écu, (Hal- : bert.) CASTOR. — Officier de marine évitant les embarquements et les expéditions de terre ferme. — Le castor bâtit volontiers sur le ri- vage. J CASTORIN, — Chapelier. (Almanach des Dé- biteurs, 1851.) Mot à mot : marchand de cas- tors. CASTORISER. — Dans la marine, c’est éviter les embarquements, Dans l’armée de terre, c’est voyager peu ou point, et se perpétuer dans des garnisons agréables, — « Pélissier (le maréchal) disait : la garde impériale cas- torise. » (Cluseret, 1868.) CAsTROZ, — Chapon. (Grandval.) C’est cas- trat, avec changement de finale. On sait que le chapon est châtré. Casrv. — Hôpital. (Grandval.) — Vient de castel, comme castuc, à moins que ce ne soit une équivoque sur la grande phrase de l’hôpital : Qu’as-tu ? (que ressentez-vous?) C’est ainsi qu’on appelle les douaniers qu’as-tu là, Casruo. — Prison. (Vidocq.) Du mot castel, ‘château. V. Ravignolé. CATEGORIE (1°, 2°, 3°), — Ces divisions, - qu’une ordonnance (vers 1860) avait rendues officielles pour la vente de la viande de bou- cherie, ont un instant été adoptées par les 3 - gouailleurs, et leur ont servi à coter le degré || de distinction de celui-ci ou de celle-là. On à dit une femme de troisième catégorie, comme . “ment triste et misérable, » (Dhautel, 1808.) n’êtes pas dégoûté !.… voilà une cassine, Je une femme du quart de monde. — « Docteur, — je t’abandonne Bacchante. Je la dépècerais — bien, mais les morceaux seraient de troisième : catégorie, et le veau est en baisse. » (Michu.) Le terme a fini par s’étendre à tout, en mul- tipliant à l’infini le nombre des catégories. —— « Les amateurs se disputent des croûtes ‘de sixième catégorie, auxquelleson a mis un faux nez, » (E. Frébault.) ! CATOGAN, — Chignon de femme volumi- neux noué au niveau de la nuque par un pa- ‘quet de faveurs, (Modes de 1866.) Quand j’apercois le catogan - De cette charmante personne, Accompagné de son ruban : s Dont le long bout dépasse une aune, (E, Villars.) CAUCHEMAR —Homme ennuyeux à l’excès. (Dhautel.) Mot à mot : vous oppressant _ comme un cauchemar. - CAUCHEMARDANT. — Insupportable. — « C’est cauchemardant. » (Jaime fils.) —« Pour en finir avec cette profession si affreusement cauchemardante. » (Paris-Étudiant, 1854.) CAUCHEMARDER. — Être cauchemardant. — « Pour abriter sa conscience contre cer- tains hommes noirs qui pourraient venir le cauchemarder, » (Physiologie du parapluie, 1841.) CAVALCADES, — Vicissitudes galantes. — « Ça fait des manières, un porte-maillot comme ça.— Et qui en avait vu, des caval- cades. » (Gavarni.) : CAVALER (SE). — Fuir avec la vitesse d’un caval ou cheval (vieux mot), — « Il faut se ca- valer et vivement, » (Chenu.) V. Feston. — « Nous nous cavalons, moi et Todore, du côté du Temple. » (Monselet.) — Cavaler est plus vieux qu’on ne le croirait. — « Ces pro- messes avaient cavalé mon esprit et mon cou- rage. » (Lettre mystique touchant la conspira- tion dernière. Leide, 1702.) CAVALLE. — Évasion. (Petit dictionnaire d’argot, 1844.) Mot à mot : action de se cava- ler. CAVE, — Dupe. Mot 4 mot : tombé dans un trou, une cave. — Méme image dans en- foncé, casqué. Cavéz.— Église, (Halbert.)— Elle est voti- tée comme la cave. . \ on. — Al v. Chine. : Tout de cé, — Très-bien, (Vidoeq.) Carr DE (AVOIR). — Avoir l’honneur de. Usité par moquerie des politesses exagé- ées de la petite bourgeoisie, où l’on avait à cœur de répondre : : J'ai celui de, ete, à l’inter- Jlocuteur qui vous avait dit : J’a: eu l'honneur de, etc. — « Mam’selle, aurai-je celui d’aller “avec vous?» (J. Ladimir, 1841.) CENT COUPS (FAIRE LES), — Commettre des actes de folie, de désespoir. — « Tu peux faire les quatre cents coups dans la cité. » (BE. Sue.) — CENTRE. — Nom. (Vidocq.) Centre a lestorque. — Faux nom. V. Fs- torque. _ . Coquer son centre. — Donner son nom, V. Ravignolé. s CENTRE DE GRAVITÉ. — Derrière. — « Il se risque... Ne frémissez pas, belle lectrice ; les don Juan sont tres-forts sur la gymnastique. Dès leur plus tendre enfance, ils se sont exer- cés à tomber sur leur centre de gravité. C’est - là dessus que don Juan est tombé, » (E. Le- moine.) “ CrnTRImR.- — Député du centre conservateur sous Jane Patins V. Ventru. — « Mo- reau ! Mais il est député de l’Oise, — Ah! c’est le fameux centrier. » (Balzac.) CENTRIER, CENTRIPÈTE. — Soldat du cen- tre, fantassin. CERBERE. — Portier malhonnéte et gron- deur comme le Cerbère de la fable. — « Misé- rable, disait-elle au cerbère, si mon mari le savait. — Bah ! répondait-il…. un terme de payé, ça aide. » (Ricard.) CERCLE. — Pièce d’argent. — Allusion de LE forme. — CERCLE (PINCER, RATTRAPER, REPINCER AU DENI-). — Prendre à l’improviste. — Terme d’escrime. — « Filons.. je connais l’escalier de service. Aie ! pincés au demi-cercle. » (Vil- bs lars. ) ~~ Ceront. — Tonneau. (Vidocq.) Allusion aux cercles retenant les douves, ~~ Crrr. — Mari trompé. — Allusion de | cornes. ; L'amant quitte alors sa conquête Et le cerf entre à la maison, (Béranger.) CERF (sn DÉGUISER EN). — Courir. — Al lusion à la vitesse du cerf, V. Ballon (se licher : du). CERF-VOLANT.— Femme dépouillant les en- fants mal surveillés par leurs bonnes. — Jeu de mots. Elle vole dans les jardins publics ou vole aussi le jouet dit cerf-volant, ee “ CERISIER. — Cheval aussi mauvais que les bidets qui portent des cerises au marché. — On dit d’un mauvais cavalier qu’il monte en marchand de cerises. (Dhautel.) - A. Crs, — Ce pronom à parfois une valeur ‘ironique particulière lorsqu'il est placé devant les substantifs, — « On a donné à ces dames | que voici le nom de musardines. » (Alb. Se- cond.) — Béranger a chansonné ces demoisel- les. COHABANNAIS, CHABANAIS. — Bruit. —« Il m’embéte, votre public. En font-ils du chaba- nais, » (Décembre-Alonnier.) Ah ! ça prend dans les rues? Le chabanais, ça mousse, (Sardou.) CHACAL. — Zouave, — Dans l’argot site taire d’Afrique. CHAFRIOLER. — Se complaire, — « L’at- mosphère de plaisirs où il se chafriolait. » (Balzac.) CxHAHUT. — Dispute. — « Je n’ai jamais de chahut avec Joséphine comme toi avec Millie. » (Monselet.) , CHAHUT. — Cancan populaire. — « La chahut comme on la dansait alors était quel- que chose de hideux, de monstrueux ; mais c'était la mode avant d’arriver au cancan pa- risien, c’est-à-dire à cette danse élégante, décemment lascive lorsqu’elle est bien dansée. Aujourd’hui le cancan en l’école moderne triomphe, la chahut n’est plus guère connue que des titis des Funambules, » (Pr, d’An- _ glemont, 1851.) ; . +. . Et pour se mettre en rut à pprsanent là du peuple à danser le chahut, ; (A. Barbier.) J’ vas prendre l’air innocent En dansant, J’ mets I’ chahut z’4 la retraite. Costes « Un caractère d’immoralité et d’indécence comparable at chahut que dansent les fau- bouriens français dans les salons de Dé- noyers. » (1833, Mansion.) G CHAHUT. — Mélée, remue-ménage. — « La cavalerie monte à cheval. C’était un chahut, un boucan général. » (Commentaires de Lo- riot.) CHAHUTER. — Faire tapage, danser le cha- hut. — € Ça mettra le vieux Charlot en gaîté… il chahutera sur sa boutique. » (E. Sue.) CHAHUTER. — Renverser, culbuter. Sur les bords du noir Cocyte, Chahutant le vieux Caron, Nous I fich’rons dans sa marmite, ete. (Chanson de canotiers.) CHAHUTEUR. — Tapageur, danseur de cha- hut. CHAILLOT! (A) — Allez vous promener ! Mot à mot : Allez à Chaillot ! Cette injure, fort usitée, daterait, selon M. Louis Ulbach, qui s’en est occupé dans le Figaro, de l’année 1784 où la construction du mur d'enceinte consterna tellement les habitants de Chaillot que le nom d’ahuris leur est resté. Pour notre part, nous avons constaté qu’en 1826 ce terme d’ahuri de Chaillot était encore populaire, car le Dictionnaire proverbial de Caillot lui donne une place : Ahure, surpris, étonné. On dit à Paris : les ahuris de Chaillot. Il convient d’ajouter que le village de Chaillot était autrefois le point de mire des mauvais plaisants. — Quand on parlait d’une Agnès de Chaillot c’était pour désigner une fille suspecte. — « Ah ! ciel ! disais-je en moi- même, cette Agnès de Chaillot serait-elle de ce pays-ci ? » (Voyage de Paris à Saint-Cloud, 1754.) « A Chaillot les géneurs! veut dire tout simplement : Audiable les ennuyeux!» (Mané, Paris effronté, 1863.) J” crois la proposition honnête En t'offrant mon cœur et ma main. Quoi! Tu m’ réponds, rêv’ de mon âme : «A Chaillot ! ton cœur et ton nom!» (Aug. Hardy.) CHAIR A CANON. — Soldat. — « L’homme ne fut plus, comme on disait sous l’Empire, de la chair à canon. » (D" Véron.) CHAIR HUMAINE (VENDEUR OU MARCHAND DE). — Proxénète. militaire. — Au dix-huitième siècle, on don- nait déjà ce nom aux sergents recruteurs. — Agent de remplacement CHALOUPE.— Femme au jupon gonflé comme une voile de chaloupe. — « Ote chaloupe! » ; crie un gamin de Gavarni derrière une été gante. CHALOUPE ORAGEUSE. — Cancan échevelé. — Comparaison de la danse au roulis d’une chaloupe.—cIls chaloupaient a la Chaumiére.» — (Ætudiants, 1864.) — « Ohé! les danseurs! qui est-ce qui veut du cancan et de la chaloupe à — mort? » — (E. Bourget, 1845.) — V. Tulipe. CHALOUPER. — Danser la chaloupe, faire débauche. ; Et je chaloup’rai Tant qu’ j’aurai De la vaisselle de poche. (Poinchoud.) CHAMBARDER. — Bousculer. — Terme de marine. ; . CHAMBRE DE SURETE. — Prison de la Con- ciergerie. (Stamir.) CHAMBRE DES PAIRS. — Bagne. — Côté des condamnés à vie. Les autres sont les députés. CHAMEAU. — Femme de mauvaise vie. — On dit aussi : Chameau d'Égypte, chameau à deux — bosses, ce qui paraît une allusion à la mise en évidence de certains appas. Cette épithète passe aussi pour dater de la campagne d’É- gypte, pendant laquelle nos soldats, profonds analogistes, auraient été frappés de la docilité avec laquelle le chameau se couchait pour re- cevoir son fardeau. Tel est du moins l’avis de l’Encyclopediana. — « Qu’est-ce que tu dis là, concubinage? coquine, c’est bon pour toi. A-t-on vu ce chameau d’Égypte!» (Vidal, 1833.) — « Cette vie n’est qu’un désert, avec un chameau pour faire le voyage et du vin de Champagne pour se désaltérer. » (F. Deriège, 1842.)—« II n’y à pas d'affront pour une femme appelée chameau! Cet animal est sobre et la- borieux. Quelle citoyenne du quartier Bréda peut en dire autant ? » (Commerson.) CHamrp.— Champagne. « Maria. Oh !… du champ... — Kole... agne. — Maria, Qu’est-ce que vous avez done ? — École. On dit du cham- Poe — Maria. Ah bah ! où av 6z-VOUS VU ÇA 2». (Th. Barrière.) : CHAMPAGNE, CHAMPAGNE (FINE). — Eau- \ “ de-vie fine. — Du nom d’un village de la Cha- rente-Inférieure, — « Nous lui ferons prendre un bain de fine champagne. » (Cochinat.) — On dit également : un petit verre de fine, ou de - champagne. … CHAMPOREAU. — Boisson très-goûtée en Al- gérie.— Tous les cabarets portent sur leur _ enseigne ce nom, qui est celui de l’inventeur. Le champoreau se fait en ajoutant une liqueur quelconque à du café au lait très-étendu d’eau ; il ya le champoreau au rhum, le champoreau au kirsch, etc. — « On y boit des champoreaux (du lait, du café et du rhum), ce qui n’est pas mauvais, » (Commentaires de Loriot.) CHANÇARD.— Favorisé par la chance. — « Chacun se sauve comme il peut. Je parle des changards. » (Commentaires de Loriot.) CHANDELLE. — Mucosité coulant du nez, comme le suif coule de la chandelle, — quand on ne la mouche pas. CHANDELLE. — Fusil de munition. — II est comme la chandelle, long, rond, et il en sort une flamme quand on y met le feu. Être conduit entre quatre chandelles, — Êitre conduit par quatre soldats. CHANDELLE. — Bouteille. —Nous allons chez le marchand de vin et je demande une chan- - delle à 12 sous. » (La Correctionnelle.) CHANOINE, CHANOINESSE. — Rentier, ren- tière. (Colombey.) — Assimilation de la rente à la prébende du canonicat. CHANTAGE. — Extorsion d'argent sous me- nace de révélations scandaleuses. — « Le chan- tage, c'est la bourse ou I'honneur... » (Balzac.) —« Le chantage existe partout. Et celui que l’on punit n’est pas toujours le plus dangereux. Il y a le chantage en gants paille, qui s'exerce dans un salon, qui prend des airs de vertu, qui, du haut de son équipage, éclabousse le passant ; celui-là, on ne l’atteint pas! Mais le tribunal -est la terreur de ces exploiteurs de bas étage qui proposent aux gens craintifs et aux pusil- lanimes une terrible alternative : la bourse ou le déshonneur ! Cette semaine, nous avons vu un de ces aventuriers à qui M. le procureur impérial demandait des comptes sévères. C'é- tait à Mabille, celui-là, qu’il exerçait sa pira- terie. Il vivait, lui et les siens (car ils for- maient une bande), an moyen d'impôts qu'ils | prélevaient sur le luxe des élégantes péche- resses. Il s’imposait dans les boudoirs les plus or \ du quartier Bréda ; il menaçait de faire - lement si tranquille du savant ; du scandale, de rappeler à lord B… ou au prince C... la liste de leurs prédécesseurs, sion ne lui payait point une liste civile convenable ! ou il découvrait une petite faute cachée,’ ou- bliée, et il menaçait de la faire revivre ; ou, au besoin, si dans le passé de la victime il ne trou- vait point la tache désirée, il I'inventait ! « Nous avons vu autrefois au Palais un vieux professeur, fort connu, savant éminent. Ce malheureux, depuis un demi-siècle, était | exploité par une bande de misérables qui Ini demandaient de l’argent sous peine de lui im- puter un vice ignoble. Le professeur avait craint le scandale ; il avait payé. Ce qu’ily avait de singulier, c’est que les premiers ex- ploiteurs étaient morts ou retirés avec leurs | rentes, et avaient cédé à des successeurs leur part dans exploitation de M. X... A chaque . trimestre, un coup de sonnette se faisait régu- lièrement entendre dans la maison habituel- ce coup de sonnette faisait tressaillir le pauvre homme : c’était la diffamation qui venait réclamer le prix de son silence. Et M. X... à payé comme cela environ 300,000 francs. « Enfin la justice a mis la main sur ces cor- saires de la vie privée. Les douze coquins qui vivaient sur la fortune de M. X... ne vivront dorénavant qu’aux frais de l’État. » (Figaro.) CHANTER. — Être victime d’un chantage. — « Tout homme est susceptible de chanter, ceci est dit en thèse générale. Tout homme a quel- ques défauts de cuirasse qu’il n’est pas sou- cieux de révéler. » (Lespès.) CHANTER (FAIRE).— Rendre quelqu’un vic- time d’un chantage. Mot à mot : faire chanter (résonner) ses écus. Chanter plus haut voulait dire jadis donner une plus forte somme. Le Dictionnaire de l'Académie le donne avec ce sens. — « Puisque l’argot court aujourd’hui les boudoirs, nous dirons que faire chanter si- gnifie obtenir de l’argent de quelqu’un en lui faisant peur, en le menaçant de publier des choses qui pourraient nuire à sa considération, ou qu’il a pour d’autres raisons un grand in- | térêt à tenir ignorées. » (Roqueplan, 1841.) — « Faire chanter, c’est faire payer une chose qu’on ne doit pas. » (Dhautel, 1808.) — Ce dernier exemple, qui est le plus ancien, ne }- semble pas donner au mot sa signification précise d'aujourd'hui. CHANTERELLE (APPUYER SUR LA.) — Tou- cher à un endroit sensible, ou serrer la gorge de quelqu’un à le faire crier. — Assimilation de la voix à la corde aiguë du violon. … CHANTEUR. — « Le chanteur s'est pro- curé un document important ; il demande un rendez-vous à l'homme enrichi, Si l'homme compromis ne donne pas une somme quelcon- que, le chanteur lui montre la presse prête à l’entamer, à dévoiler ses secrets. L'homme ri- che à peur, il finance. Le tour est fait. Vous vous livrez à quelque opération périlleuse, elle peut succomber à une suite d’articles : on vous détache un chanteur qui vous propose le rachat des articles. » (Balzac.) Vidocq déclare chanteurs : 1° les journalistes qui exploitent les artistes dramatiques ; 2° les faiseurs de notices biographiques qui les of- frent à tant la ligne ; 8° ceux qui proposent à des prix énormes des autographes ayant trait à des secrets de famille. — « Sans compter, ajoute-t-il, mille autres fripons dont les ruses défraieraient un recueil plus volumineux que la Biographie Michaud, » On donne enfin ce nom aux hommes exploi- tant la crainte qu’ont certains individus de voir divulguer des passions contre nature, Ils dressent à cette fin des jeunes gens dits Jésus qui leur fournissent l’occasion de constater des flagrants délits sous les faux insignes de sergents de ville et de commissaires de police, La dupe transige pour des sommes considéra- bles. » (Canler.) — Lacenaire était chanteur de cette classe, et a consacré à ce métier quel- - ques pages de ses Mémoires, 1836. (CHANTILLY. — Dentelle de Chantilly. — « J'ai là une confection de velours avec des “ Chantilly. » (Alm. du Hanneton.) ~ (HAPARDER.— Marauder.— De chat-pard . chat tigre. — « La veille, il avait chapardé dans le village une grosse bûche. » (A/m. du - Hanneton, 1867.) CHAPARDEUR. — Maraudeur, voleur. — « Si le sergent-major et le fourrier n'étaient pas aussi chapardeurs, nos rations nous suffi- raient. » (Commentaires de Loriot.) CHAPELLE (FAIRE, ) — Relever sa jupe pour : se chauffer à un feu de cheminée. Caron. — Moine. (Colombey.) —Aucion à la chasteté obligatoire. CHARABIA, — « Toutes ces affaires se trai- tent en patois d'Auvergne dit charabia, » ». (Balzac. ) oe CHARABIA. — Auvergnat. — « Que pense- riez-vous d’un homme qui n’est ni Auverpin ni Charabia. » (Pr. d’Anglemont.) CHARGE, — Ivre. Mot à mot : chargé de — boisson. à CHARGER. — Pour les cochers de fiacre, c’est prendre des voyageurs, Mot à mot :char- | ger leurs voitures, ‘CHARLEMAGNE (FAIRE.) — Se retirer du jeu lorsqu’on est en gain, sans plus de façon qu’un roi. — Il paraît que les rois avaient ce privilége sans manquer aux usages. > Ce terme contient en même temps un jeu de mots sur le roi de carreau, le seul dont le nom soit français. — « Le lansquenet fait fu- reur… Ah! c’est qu’il est commode de pouvoir faire Charlemagne sans rougir, et Charlemagne est le roi du lansquenet. On se trouve en gain, on quitte la table, et tout est dit.» (E. Arago.) — « Si je gagne par impossible, je ferai Char- lemagne sans pudeur. » (About.) 3 CHARLEMAGNE, — Poignard d’infanterie.— Allusion & l’épée du grand monarque, CxarLor. — « Le peuple et le monde des prisons appellent ainsi l’exécuteur des hautes œuvres de Paris. » (Balzac) Le mot est ancien. — « J’t’avons vu faire la procession dans la ville, derrière le confession- nal à Charlot casse-bras, qui t'a marqué à l’é- - paule au poinçon de Paris, » (Vadé, 1744.) — « Que Charlot vous endorme! Tirez d'ici, meuble du Châtelet. » (Idem.) V. Garçon. On disait Charlot casse-bras, par allusion à la roue sur laquelle il cassait les bras des condamnés. : CHARMANT, CHARMANTE. — Galeux, ga- leuse. (Halbert.) CHARMANTE. — Gale. — « La charmante y fait gratter bien des mains, aussi la visite était-elle rigoureuse. » (Vidal, 1833.) CHARON. — vole (Vidocd. )— Dintmtif de Clorrine - Dessus le pont au Chante Certain agent de change Se criblait au charon. (Vidocq.) ~ CARPENTER. — Tracer la charpente, le scenario d’une pièce. — « As-tu vu la pièce “ d'hier? — Oui, c’est assez gentil. — Est-ce bien charpenté ? — Peuh! couci-couci. » (La Fizelière.) — « Dans l’art dramatique, les gens de lettres ont bien voulu me reconnaître ‘une importante qualité, celle de charpenter ‘une pièce. » (Alex. Duval, 1833.) CHARPENTIER. — Collaborateur chargé de charpenter une pièce. — « Il n’est pas si fa- eile de se montrer un habile charpentier. » (A. Second.) : OHARRIAGE. — Escroquerie. — Action de charrier. V. Charrier. - CHARRIAGE A L’AMERICAINE.— « Il exige “deux compères : celui qui fait l’Américain, un x étranger qui se dit Américain, Brésilien et depuis quelque temps Mexicain, 2° celui qui lui sert de leveur ou de jardinier. Le le- - veur lie conversation avec tous les naïfs qui - paraissent porter quelque argent. Puis on rencontre l’Américain qui leur propose d’é- changer une forte somme en or contre une moindre somme d’argent. La dupe accepte et “voit bientôt les charrieurs s ’éloigner, en lui pres contre la somme qu’il débourse des - rouleaux qui contiennent du plomb au lieu d’or. » (Canler.) Avec le temps, l’Américain s’est démodé Il est devenu successivement un Brésilien et un Mexicain. : OHARRIAGE AU POT. — Il débute de la même façon que le précédent. Seulement l’A- | méricain offre à ses deux compagnons d’entrer à ses frais dans une maison de débauche. Par crainte d’un vol, il cache devant eux dans un _ pot une somme considérable. Plus loin, il se ravise et envoie la dupe reprendre le trésor “ après lui avoir fait déposer une caution avec laquelle il disparaît, tandis que le malheureux a déterrer un trésor imaginaire. CHARRIAGE A LA MÉCANIQUE. — Un voleur tte son mouchoir au cou d’un passant et le porte à demi étranglé sur ses épaules pendant - qu’un complice le dévalise, — riage s’appelle maintenant vol au père François, Ce genre de char CHARRIER. — Voler quelqu’un en le mysti- fiant, dit Vidocq. — Du vieux mot charter : mystifier. Mot à mot : mener en chariot. Tl est à noter que rouler à conservé un sens analogue. — CHARRIEUR, CHARRON, CAREUR. — Voleur pratiquant le charriage. — Même observation que ci-dessus pour le mot rouleur, CHARRIEUR CAMBROUSIER.— made. (Halbert.) 1 CHAssE, — Mercuriale. (Dhautel, 1808.) — « C’est pas l’embarras, faut croire qu’il aura reçu une fameuse chasse pour être remonté si en colère. » (H. Monnier.) pigs CHASSE, CHASSIS. — (Bil. — C’est un vrai châssis pour la tête. — « Je m’are-boute et lui crève un châssis. » (Vidocq.) V. Tome Balancer, Estorque. : : CHASSE-COQUIN, CHASSE-NOBLE. — Gue darme. (Halbert.) CHASsEPOT. — Fusil de munition se char- || geant par la culasse. — Du nom de son in- venteur, — « Dumanet, lorsqu’il ne fait pas merveille avec son chassepot, a de Tespis : comme quatre. » (V. Noir.) wg CHASSER DES RELUITS. — Pleurer. Mot À i mot : chasser les larmes des yeux. A CHASSER LE BROUILLARD.— Boire la goutte. | V. Brouillard. CHASSES D'OCCASE. — Yeux louches, Mot à mot : yeux mal assortis, achetés d'occasion, V. Estorgue. (Halbert.) CHASSUE— Aiguille. (Halbert.)— Son trou s'appelle chas dans la langue régulière. CHASSURE. — Urine. (Halbert.) : CHAT, — Guichetier. (Vidocq.) — Allusion au guichet, vraie chatière derrière laquelle on voit briller ses yeux, CHAT, CHATTE. — Sobriquet d’amitié. — « Alfred, mon gros chat! — Qu’est-ce que tu veux, Minette? » (Montépin.) — « Tu vas te trouver mal à présent, Fanny ! pauvre chatte chérie. » (H. Monnier.) CHATAIGNE. — Soufflet, — Allusion.— on bruit peut à la rigueur être comparé à celui de la châtaigne qui éclate au feu. CHATEAU DE I/'OMBRE. — Bagne. (Stamir.) CHATTEMENT. — Avec la câlinerie d’une Charlatanno- | — CHA chatte. — « Elle alla chattement à lui. » (Balzac.) CHATTERIE. — Friandise, câlinerie. CxHAaup. — Coureur de belles, homme ar- dent et résolu. — Autrefois on disait chaud lancier, — « Le chaud lancier arepris Son Al- tesse Royale. » (Courrier burlesque, 2° p., 1650.) CHAUD. — Artificieux, avide. — Forme dû vieux mot caut : rusé qui a fait cauteleux. — On dit souvent dans ce sens : c’est un chaud, ou vous êtes chaud, vous. CHAUD (ÊTRE). — Avoir l’œil au guet. (Co- lombey.) ; CHAUD (IL Y FAISAIT). — Allusion aux feux de l’artillerie et de la mousqueterie. — La ba- taille était rude. — « Ah! vous étiez à Wa- gram ?— Un peu.— Il y faisait chaud, hein ? — Oui, qu’il y faisait chaud. » (H. Monnier.) CHAUD (IL FERA).— Jamais. Mot à mot : il fera un temps chaud comme il n’y en aura ja- mais. — « C’est bien. Quand tu me reverras, il fera chaud/ » (Méry.) CHAUDE-LANCE. — Gonorrhée. (Vidocq.) — Allusion à sa cuisson et à ses élancements. CHAUDRON. — Mauvais piano, résonnant comme un chaudron. CHAUFFE LA COUCHE. — Mari trompé et content. Mot à mot : chauffant pour un autre la couche conjugale.— « Les maris qui obtien- nent le nom déshonorant de chauffe la couche,» (Balzac.) CHAUFFER. — Montrer beaucoup d’ardeur pour faire marcher une affaire. — « Isa vente des collections léguées par feu le baron Bruel, était chauffée à faire éclater les soupapes de la fantaisie et de la vanité. » (De Pontmartin, 1866.) “ CHAUFFER. — Presser le crédit. (1851, A/- manach des Débiteurs.) CHAUFFER, — S’animer, devenir très-ardent en parlant d’une bataille ou d’une entreprise quelconque. — « Il paraît que ça chauffe en Afrique. » (Balzac.) — « Oh ! tonnerre ! ça va chauffer ! » (E. Sue.) CHAUFFER LE FOUR. — Boire avec exces, de manière à se brûler l’estomac. — « Il me res- tait encore quatre francs. J’avais chauffé le four depuis samedi. » (Monselet.) CHAUFFER UNE FEMME. — Courtiser avec ardeur. — « Toutes ses lettres disent : je vous aime! aimez-moi!! sinon je me tue!!! Répéter cela pendant trois mois, cela s'appelle, dans la langue don juanique, chauffer une femme, » (E. Lemoine.) CHAUFFER UN ARTISTE. — Applaudir cha- leureusement. — « Elle recueillait les plaintes de son petit tronpeau d’artistes… on ne les chauffait pas suffisamment. » (L. Berhad) 2 V. Empoigner. CHAUFFEUR. — Homme d’entrain. — «C%- tait un bon enfant... un vrai chauffeur. » (H. Monnier.) ; CHAUFFEUR. — Amoureux. — « C’est Poffi- cier, le chauffeur de la petite. » (H. Monnier.) CHAUMIR. — Perdre. (Vidocq.) — C’est le verbe chômer avec changement de finale. CHAUSSER. — Convenir. (Dhautel.) — « Les diamants ! ça me chausse, ça me botte.» (Mé- lesville.) — « Cela rentre dans vos études... cela vous chausserait. » (L. Reybaud.) V. Brosse. At 3 CHAUSSETTES (ESSENCE DE.) — Mauvaise odeur provenant des pieds. Les raffinés disent: extrait de chaussettes, CHAUSSETTE. — € La chaussette est un sim- ple anneau de fer que porte à la jambe, comme signe de reconnaissance seulement, le forçat qui n’est plus accouplé. » (Moreat Christophe, 1837.) CHAUSSON (VIEUX.) — Prontituies avachie comme un vieux chausson, une vieille pan- toufle. — On dit, en abrégeant, chausson. (J. Choux.) CHAUSSON. — Science de se battre à coups de pied. De là le mot chausson. Dans le peuple, on dit savate. — « La savate que l’on appelle aujourd’hui chausson. » (Th. Gautier, 1845.) V. Savate. CHAUVIN — VINISTE. — Patriote ardent jus- qu’à l’exagération. — « Je suis Français ! Je suis Chauvin ! » (Cogniard, 1831.) — « Un spé- cimen du type Chauvin dans toute sa pureté. » (Montépin.) — Allusion au nom d’un type de caricatures populaires, comme le prouve cet exemple : «1825, époque où un libéralisme plus large commença à se moquer de ces éloges don- és aux Français par les Français, de ces * CoC a 97 COC COCARDE. -— Téte. — En prenant la coif- fure pour la téte, on dit taper sur la cocarde, sur le pompon. COCARDE (AVOIR 8A). — Être ivre, avoir le visage teinté comme une cocarde par un excès de boisson. — « J’y voyais en dedans. Todore ne parlait pas. Robert nous dit : « Vous avez « votre cocarde. » (Monselet.) 5 CocARDIER. — Homme zélé jusqu’à l’exa- Dictionn. de l’argot parisien. LE CLOPORTE IB pl Wi FN gération de ses devoirs. Dénomination spéciale à l’armée. Le cocardier croit toujours avoir l'honneur de sa cocarde à soutenir. — « Cette vie de camp reposée est quelquefois troublée par des généraux nerveux ou cocardiers. » ( Vie parisienne, 1865.) Cocassu. — Rusé. (Colombey.) COCASSERIE. — Drôlerie comique. CocHoN. — Ladre, avare. trees ro—— = Livr, 13 H | COC CoG CocxoN. — Libertin, polisson. CocHONNERIE. — Charcuterie. — « La viande de porc que lady Morgan, cette virago britannique, nomme de la sochonnetle, » (Ri- card.) COCHONNERIE. — Atlé indélicat. — « Le seul texte de ma lettre vous suffira pour répon- dre à toutes lescochonneries possibles ; je vous constitue donc pour mon défenseur officieux, » (Lettre de Beurnonville, ambassadeur de France en Prusse, à M. Besta, 1° germinal an VIII.) — « Oscar, s quis, vous me faites là une cochonnerie qui ternira à jamais votre blason. » (Marquet.) COCHONNERIE. — Salauderie, aliment dé- goûtant, préparé par des gens malpropres comme des cochons, — « Vous ne mangerez pas de ça, c’est de la cochonnerie. » (Chenu.) CockNEY. — Badaud. — Anglicanisme. V. Philistin. Coco. — Cheval. — « Ce grossier animal qu’on nomme vulgairement coco. » (Aubryet.) — « On entend la sonnerie de la botte, de la botte à coco, tu sais. » (Vie parisienne, 1866.) Coco. — Nom d'amitié. J vais te donner un p’tit becquau. Viens, mon coco. (Dialogue entre Suzon et Eustache, chanson, 1836.) Si l grand emp'reur d’yant vous défile Vous erirez tous : Eh! vale coco. (Les Violettes et les Œillets, chanson; août 1815) Coco. — Téte. — Allusion & la forme ovale de la noix de coco. Mais, de ce franc picton de table; Qui rend spirituel, aimable, Sans vous alourdir le coco, Je m'en fourre 4 gogo. (H. Valere.) Coco (DEVISSER LE). — Étrangler. Coco. — Œuf de poule. Coco.— Homme peu digne de considération. — « Joli coco, pour vouloir me faire aller. » (Balzac.) Coco (SE PASSER PAR LE.) — Manger. — Comparaison de l’estomac humain à celui du cheval. Le refrain populaire de la Botte à Coco en a donné l’idée à l’armée et au peuple. Cocopès. — Jeune dandy ridicule, — Dimi- nutif de coco pris en mauvaise part. — « Ohé ! ce cocodès a-t-il l’air daim ! » (L. de Neuville.) — Une Physiologie du Cocodès à paru en 1864. sS’approchant avec dignité : Mar- | CocopèrE. — Femme d’un dandysme ri- dicule. C’est la femelle du cocodès. —— « On s’y moque des cocodès et des cocodètes, » (Vilarte, 1867.) Cocoxs. — Camarade de premiére année l’École polytechnique. Mot à mot : co-conscrit. Ton ancien tu tutoiras, Et ton co-cons pareillement. (La Bédollière.) CocoTTE. — Jument. — C’est la femelle de Coco (Cheval). — « Les Garibaldiens tiraient, le commandant saluait au niveau des oreilles de son cheval. Mieux vaut que Cocotte l’attrape que lui. » (Vie parisienne, 1867.) Cocorrz. — Mal vénérien. — On lui a sans doute donné le nom de celle qui en est souvent la cause. V. plus bas. — « L’ai-je eue assez de fois, la Cocotte, à ce point qu’on m’appelait le roi des cocotiers. » (L. de Neuville.) Cocorre. — Mal d’yeux. — Sans doute parce qu’on a les yeux à la coque, c’est-à-dire couverts d’une taie blanchâtre. CocorTE (na). — Mot d'amitié. — C’est un | synonyme de ma poule. V. ce mot, Cocotte, — Femme galante. — Mot 4 met courant au coq. — On disait jadis poulette. — « Madame Lacaille disait à toutes les cocottes du quartier que j'étais trop faible pour faire un bon coq. » (Sabbat des Lurons, 1817.)— « Les cocottes peuvent se définir ainsi : Lés bohèmes du sentiment... Les misérables de la galante- rie... Les prolétaires de l'amour.» (Les Co- cottes, 1864.) Cocotte se dit aujourd’hui pour lorette. V. Machin. Cocorrerip. — Monde des cocottes. « Les courses ont fait de l’argent. J'y ai remarqué la plupart des bettings’men mélés à la fleur de la haute cocotterie parisienne. » (Figaro, 1867.) COENNE DE LARD.— Brosse. (Vidocq.)— Al- lusion aux soies qui garnissent la coenne. V. Couenne. C@EUR SUR LE CARREAU (JETER DU).— Vo- mir, — Ce calembour se trouve déjà dans) Le Roux (1718). — « La tête me tourne et j'étends mon cœur sur le carreau. » (La Correction- nelle, 1840.) CorrIER. — Tuer. (Halbert.) — Abréviation d’escoffier. COGNAC. — Petit verre d'eau-de-vie, dite de Cognac. — La dénomination est as | -- cob — 99 — aol ne. 5 fausse et ne trompe personne, mais on ne l’a conservée qu’avec plus d’amour. COGNAC, COGNARD, COGNE. — Gendarme. — - V. Cicogne, Raille.— 11 est & remarquer que carruche et canton (prisons) ont le sens de coins. V. ces mots. Le cognard serait donc, à proprement parler, celui qui vous jette dans le coin, mot à mot qui vous cogne. Notre langue a conservé r'encogner avec ce sens. C'ogne est une abréviation. Cognac est un jeu de mots. CoGNADE. — Gendarmerie. V. Garçon. CoGNARD, COGNE, — Gendarme. V. Cognac. CogNE. — Eau-de-vie. — Abréviation de Cognac. COIFFER SAINTE CATHERINE. — Rester fille, ne pas se marier. — Allusion à la coutume qui permettait aux filles seules d’orner, aux jours de fête, la statue de sainte Catherine, patronne des vierges. — « Il y a un préjugé générale- ment accrédité contre les célibataires qui sou- vent coiffent sainte Catherine par égoïsme. » (La Cloche, août 1872.) COIRE. — Ferme, métairie. (Halbert.) COL (sE POUSSHR DU).—Se faire valoir, pas- ser la main sous le menton, près du col, en ren- versant la tête, est un geste présomptueux. Toi qui te poussais tant de col, Nous t'avons pris Sébastopol. (Remy, Chanson, 1856.) Cou cassé. — Dandy ridicule. — Allusion au col droit cassé aux angles qui est à la mode en ce moment. — « Il y a là-bas une jolie pro- vision de cols cassés, escortés de toute une cohorte demi-mondaine. » (P. Véron.) COLABRE, COLAS, COLIN. (Vidocq.) — Cou, col. — Diminutifs et jeux de mots. CoLBACK. — Conscrit, — Comparaison de sa chevelure, qui n’est pas encore taillée militaire- ment, au bonnet à poil, dit colback, porté au- trefois dans une partie de la cavalerie. CouLaGE. — Liaison difficile à rompre. COLLANT. — Dont on ne peut se débarrasser. — « Nous sommes rabibochés. C’est une femme collante. » (L. de Neuville.) CoLLE. — Simulacre d’examen, examen pré- paratoire à un examen véritable. — Appelée ainsi parce qu’on cherche à y coller (embarras- ser) l’étudiant. — Il n’y a pas a Paris d’insti- tution sérieuse qui n’ait son colleur, — « On est toujours tangent à une colle, soit que le professeur vous interroge à l’amphithéâtre, soit que le sort vous ait désigné pour être examiné sur les travaux des huit jours précédents. » (La Bédollière,) — « La veille des épreuves, il leur poussait des colles. » (A. Marx.) CoLLÉGE. — Prison. (Vidocq.) — Le contact des prévenus en fait souvent une maison d’édu- cation pour le crime, COLLÉGIEN. — Prisonnier. (Idem.) CoLLER. — Examiner, faire subir une colle. CoLLER. — Prendre en défant. — « Voila ‘une conclusion qui vous démonte. — Me pré- tes-tu 500 francs si je te colle? » (E. Augier,) Abréviation de coller sous bande : acculer dans une situation mauvaise. — Terme de billard. — « C’est fini, ils sont collés sous bande. » (Robquin.) V. Bande. COLLER. — Jeter, mettre. — « On l’a collé au dépôt, envoyé à la Préfecture de police. » (Monselet.) V. Clou. COLLER. — Donner. Pas un zigue, mêm’ un gogo, Qui lui colle un monaco. (Léonard, Parodie, 1863.) CoLLER. — Contracter un collage. — « Ju- lia: Qu’est-ce que va devenir Anatole? — Amandine : Le monstre ! il est déjà collé avec Rachel. » (Les Cocottes, 1864.) CoLLEUR. — Répétiteur chargé d’examiner. « Un colleur à parler m'engage.» (Souvenirs de Saint-Cyr.) COLLETIN. — Force. (Vidocq.) COLLETIN. — Collet protecteur de cuir ou de tapisserie que mettent les forts de la halle pour porter leurs fardeaux sans se blesser. COLLETINER. — Porter des fardeaux à la halle. On abrége en disant coltiner. COLLETINER. — Arrêter. (Grandval.) — Di- minutif de colleter, prendre au collet. COLLIER, COULANT. — Cravate. — Mots ex- pressifs dans la bouche du voleur qui voit dans la cravate un moyen d’étrangler. COLONNE (CHAPEAU EN). — V. Bataille, CoLOQUINTE. — Tête de forte dimension. — Allusion de forme. — « Je crois que vous avez la coloquinte tant soit peu dérangée. » (L. Desnoyers.) = = COM CON 7 Donne vite un fauteuil : je perds la coloquinte. (Rienzi, 1826.) CoLTIGER. — Arréter. — Diminutif de Col- leter. — « J'ai été coltigé et trois coquins de railles sur mesigue ont foncé, ils m’ont mis la tortouse. » (Vidocq.) CoMBERGEANTE. — Confession. — On y compte (comberge) ses péchés. CoMBERGER. — Compter. (Vidocq.) CoMBERGO. — Confessionnal. (Halbert.) COMBRE, COMBRIAU, COMBRIEU. — Chapeau. — Même observation pour ce mot que pour cabe et calvin. Le chapean est ce qui ombrage la tête et, par contraction, ce qu'ombre. — Combrieu et Combriau sont des diminutifs. V. Tirant. CoMBRIE. — Piece d'un franc. (Halbert.) COMBRIER. — Chapelier. COMBROUSIERS. — « C’est ainsi que les marchands forains nomment les paysans. » (Priv. d’Anglemont.) — Pour cambrousier. CoME. — Surveillant de bagne. V. Cap. Comrorr. — Bien-être, aisance parfaite de la vie matérielle — Anglicanisme. — « Il y avait introduit le comfort, la seule bonne chose qu’il y ait en Angleterre. » (Balzac.) COMFORTABLE. — Qui a du comfort. COMFORTABILISME. — Pratique du comfor- table. — « Leur philosophie est sans doute soutenue par le comfortabilisme. » ( Balzac.) Comm. — Commerce. (Vidocq.) — Abré- viation. COMME IL FAUT. — De bonne compagnie. — « Elles hantent les endroits comme il faut.» (Lynol.) — « Il y a des personnes très comme il faut qui viennent chez elle. » (E. Sue.) — « Écoutez, je me connais en hommes comme il faut, celui-là en est un. » (Dumas fils, Le Demi-Monde.) V. Courir (faire). COMMISSAIRE. — « Depuis l’Ambigu jus- qu’au théâtre Beaumarchais et dans les quar- tiers voisins, un broc de vin ou une pinte s’ap- pelle un commissaire. » (J. Duflot.) CommopE. — Cheminée. (Halbert.) COMMUNARD, COMMUNEUX. — Partisan de l'insurrection dite de la Commune de Paris (1871). — « Presque tous nos communards réfugiés à Genève y occupent des fonctions en rapport avec leurs goûts. » (Z clair, 1872.) COMMUNARD se prend aussi adjectivement. — « Les Enfants du désespoir, tel est le titre d’une société secrète archi-démoc-soc-com- munarde qui vient de se créer à Genève. » (Éclair, 17 mai 1872.) Communiqué. — Communication officielle à un journal. — Le mot et la chose datent du second empire. — « La note suivante a, en effet, une couleur semi-officielle de commu- niqué qui n’échappera à personne. » (Éclair, août 1872.) COMPAS (OUVRIR, FERMER LE). — Activer, ralentir sa marche. — Comparaison des jambes aux branches d’un compas. COMPLET. — Complétement ivre. CoMPTE (AVOIR SON). — Être compléte- ment ivre, avoir absorbé son compte de liquide. COMPTE (AVOIR SON). — Mourir, voir finir le compte de ses jours. — « J'ai mon compte pour ce monde-ci. C’est soldé. » (L. Reybaud.) Son compte est bon. — Se dit d’un coupable à punir et dont on compte les méfaits. COMTE DE CARUCHE, COMTE DE CANTON. — Geôlier. (Vidocq.) V. ces mots. ComTE DE CAsTU. — Infirmier. (Idem.) Comre. comrois. — Niais. — € Sans doute qu’elle bat comtois. » (Decourcelle.) V. C. Conpé. — Maire. Demi-condé, — Adjoint. Grand condé. — Préfet de police. Copé. — Permission. — Du nom du maire qui la donne. — « On leur donne le condé de stationner sur certaines places. » (Stamir, 1867.) CoNDÉ FRANC. — Magistrat corrompu. (Vi- docq.) Mot à mot : condé affranchi. V. Af- franchir. CONDUITE (FAIRE LA). — Chasser avec voies de fait. — Mot à mot : reconduire. Les Français-Anglais vont te faire la conduite. (Layale, Chansons, 1855) CONDUITE DE GRENOBLE (FAIRE LA). — Mettre quelqu'un à la porte. — « Sa grande visite au roi pour l’engager à faire la conduite de Grenoble à Montmorin et à Duportail et à nommer d’honnêtes gens à leur place. » (1793, Hébert.) — « Le populaire l’a attendu à la sortie et lui a fait ce qu’en style d’atelier on appelle la conduite de Grenoble. » (Liberté, 16 mai 1872.) N 2 Mia a eu ES CON CONE, CONNE. — Mort. (Grandval.) — De Connir, tuer. CoNFECTION. — Vêtement sortant d’un ma- gasin de confections. — « Un homme bien couvert, tout ce qu’il y a de mieux en confec- tion. » (Marquet.) CONFÉRENCIER. — Personnage se faisant entendre dans les conférences publiques. Conrr. — Tuer. V. Connir. CoxsuNao. — Mariage. — Latinisme auquel nous devons déjà le mot conjoints. — « Un produit de son premier conjungo. » (Ricard.) — « Vous vous lancez dans le conjungo avec. | la fille d’une cabotine. » (Ch. Hugo.) — « Car faut toujours que le prêtre boute son conjungo à tout ce tracas et que l’amitié finisse par là. » (Vadé, 1744.) CONNAIS (JE LA). — Expression usitée pour dire : l'histoire que vous me contez n’est pas neuve, le tour que vous voulez me jouer m’est connu. — « La marquise : Oh! mon Dieu! que je suis malheureuse. — Ze marquis : Ah ! vous savez! à la fin. Pas d'attaque de nerfs. Je la connais celle-là. » (L. de Neuville.) V. Mettre (le). CONNAISSANCE. — Maîtresse. — « Ah ! vous avez uné connaissance, monsieur ! » (Leuven.) CONNASSE. — Femme honnête. (Halbert.) — Les femmes inscrites à la police donnent aussi ce nom à toutes celles qui ne le sont pas. CONNERIE. — Sottise. Si je gémis sous les verrous, C’est pour la conn’ri’ d’un’ camproux (cambrouse), -| Qui n’a pas su retenir son bagout. (Chanson de Mouchabœuf, 1865, manusenit.) CoNNIR.— Tuer. V. Sciage, Refaite, Trim- balleur. — Du vieux mot caunir : trépasser. CONNOBRER, CONOMBRER. — Reconnaître. (Vidocq.) — C’est connaître avec changement de finale. x Conscrrr. — Élève de première classe aux écoles Saint-Cyr et Polytechnique. — « Lors- que le faupin à été admis, il devient conserit, et comme tel, fangent à l’absorption. » (La Bé- dollière.) CoNscrIT. — Homme naïf, inexpérimenté. — Allusion & la gaucherie des conscrits. CONSERVATOIRE. — Mont-de-Piété. (Vi- — On y conserve les objets mis en gage. — 101 — cop CONSOLATION. — Eau-de-vie, — Ce mot dit avec une éloquence navrante ce que le pauvre cherche souvent dans un petit verre : — l’oubli momentané de ses maux. — « Bon, il entre dans le débit de consolation. » (E. Sue.) — Se- lon le général Trochu (L'Armée française en 1867), « la consolation est une liqueur douce destinée à consoler les entrailles du buveur des violences du tord-boyaux. » Consomm. — Consommation. — Rafraîchis- sement. — Abréviation de consommation. — « Ces dames doivent être altérées par la danse, ce dont elles ne disconviennent pas. Partant de là, il les supplie d’accepter une consomm. » (Mornand.) — « Ces messieurs ne jouent guère que la consomm en cinq secs, presque jamais en cinq liés (cinq points liés), » (Boué de Vil- liers.) CONTE BLEU. — « Conte sans vraisem- blance, comme ceux de la Bibliothèque bleue, ainsi appelée parce que les petits livres qui la composent ont des couvertures de papier bleu, et sont même quelquefois imprimés sur papier bleu, Cette bibliothèque, très-connue dans les campagnes, sortit des presses de Jean Oudot, | imprimeur à Troyes en Champagne, vers la fin du seizième siècle. » (Quitard.) CONTREFICHER (SE), — Se moquer d’une chose autant que celui qui a déclaré s’en mo- quer avant vous. — « Tant qu’à moi, je m’en contrefiche. » (H. Monnier.) CONVERSATION CRIMINELLE. — Flagrant délit amoureux. — Anglicanisme, — « Je l’ai répudiée de mon cœur après l’avoir surprise en conversation criminelle. » (Blondelet.) CoPArN. — Compagnon. Du vieux compain. — « Etre copain, c’est se joindre par une union fraternelle avec un camarade, c’est une amitié naïve et vraie qu’on ne trouve qu’au collége. » (H. Rolland.) — « Il me disait bonjour de loin, comme s’il avait eu honte de s’avouer mon copain. » (About.) CopE. — La cope était un des abus du petit commerce d’autrefois. Elle consistait à renché- rir sur le prix marqué. — « La cope tomba quand l’habitude de marquer les prix en chif- fres connus fut adoptée. » (Naviaux.) Corzau. — Ouvrier en bois. Mot à mot : fai- seur de copeaux. A 7 | COR ç x" 1105 — OR S CorEAU. — Crachat.— Expectoration chas- sée de la poitrine comme le copeau est chassé du rabot. Corzaux. — Effraction. — Allusion aux traces d’un bris de porte ou de serrure. — « Je suis sapé à dix ans pour un coup de vague avec copeaux. » (Stamir, 1867.) CoPIE (PISSEUR DE). — Journaliste par trop prolixe. — On appelle copie le manuscrit à composer dans une typographie. CoquacGE. — Dénonciation. V. Coqueur, CoQUER. — Embrasser. (Halbert.) CoQUER. — Donner, mettre. V. Rapignolé, Boucanade. . CoQUER. — Dénoncer. Mot à mot : cuisi- ner, apporter tout préparé. — Du vieux mot coc : cuisinier. V. Cuisiner, — « En province, il avait coqué quelqu’un de leur bande. » (E. Sue.) COQUER LE POIVRE. — Empoisonner. CoQUER LE RIFLE.— Mettre le feu. —« Gi- rofle largue, depuis le reluit où j'ai gambillé avec tezigue et remouché tes chasses et ta frime d’altèque, le dardant a coqué le rifle dans mon palpitant qui n’aquige plus que pour tezigue. » (Vidocq.) Coqueur. — « Le coqueur rien dénoncer les projets de vol à la police de sûreté. Le co- queur est libre ou détenu. Ce dernier est co- queur mouton ou musicien. Le mouton est en prison et capte ses codétenus. Le musicien ne révèle que ses complices. — Ce métier de dé- nonciateur s'appelle coquage. La musique est une réunion de coqueurs (musiciens). » (Canler.) COQUEUR DE BILLE, — Bailleur de fonds. COQUILLE DE NOIX.— « Napoléon met le pied sur une coquille de noix, un petit navire de rien du tout. » (Balzac.) CoquiLLoN. — Pou. (Vidocq.) Coquix. — Dénonciateur. (Halbert.) — Jeu de mots sur coqueur et coquin. CorAM POPULO. — En public. Mot à mot : devant le peuple. — Latinisme. — « Je gri- sais cinquante danaïdes chez Deffieux coram populo. » (Ricard. CorBEAU. — Ecclésiastique.— Allusion aux longues robes noires du clergé. — « Venez, vous que décore la robe du corbeau, » (A. Mon- témont.) CoRBEAU. -— Oroque-mort. — Double allu- sion à son costume noir et à son voisinage ha- bituel des cadavres. CorBucHE. — Ulcère. (Halbert.) CORDE (TENIR LA). — Avoir la vogue. — Terme de courses. — Le côté de la corde est un avantage pour le jockey qui s’en trouve rap- proché. — « Qui est-ce qui tient la corde en ce moment dans le monde dramatique? » (Figaro.) CORDES (FAIRE DES). — Être constipé. CorpER. — S’accorder. — Abréviation. CorNAGE. — Puanteur. (Vidocq.) CORNANT, CORNANTE. — Bœuf, vache. (Halbert.) — Allusion à leurs cornes. On écrit aussi cornaud et cornaude. CorwarD. — A l’École de Saint-Cyr on ne - mange que du pain sec au premier déjeuner et au goûter, et les élèves prennent sur leur dîner de quoi faire un cornard. —« Faire hommage de votre viande à l’ancien pour son cornard. » (De La Barre.) Faire cornard. — C'est aussi tenir concilia- bule dans un coin. CORNE. — Estomac. — « Si je me rince la corne quelquefois chez le mastroquet, c’est pour me consoler. » (Monselet.) CorNEr. — Puer. (Vidocq.) CORNET. — Gosier. — Allusion de forme. — « Je n’suis pas fâché de m’mettre quelque chose dans le cornet. » (H. Monnier.) CORNETTE. — Femme dont le mari est in- fidèle. Féminin de cornard. CorNicHoN. — Veau. (Vidoeq.) — Mot à mot : fils de cornante. CorNICHON. — Niais. (Dhautel, 1808.) — « Jour de Dieu ! Constantin, fallait-il être cor- nichonne. » (Gavarni.) — « Malvina se conten- tait de me qualifier de cornichon. » (L. Rey- baud.) — « Allons, pas de bétises! t'as l’air d’un cornichon. » (Rienzi, 1826.) CORNICHON. — Aspirant à l’École militaire. — « Une fois en élémentaires, il se bifurque en élève de Saint-Cyr ou cornichon, et en bachot ou bachelier ès sciences. » (Institutions de Paris, 1858.) V. Volaille, Potasser, CORNIÈRE. — Étable à bœufs. V. Cornanr. CORRIDOR. — Gosier.— « Vous lui proposez de venir avec vous pour écraser quelques ee — apa eh f lusques et se rincer le corridor d’une fiole de Moët au café Anglais. » ( Vie parisienne, 1865.) CORSET (PAS DE). — V. Quinze ans. : CoSAQUE. — Brutal, sauvage, maladroit. CosNE. — Auberge. (Halbert.) CosTE. — La mort. (Idem.) CosraL. — Souteneur. (Idem.) Corn (BTRE A LA). — Être à sec d’argent. — On est à flot quand la fortune sourit. — « Si vous êtes vous-même à ta côte, — quelles singulières expressions on a dans les coulisses pour exprimer qu'on manque d’argent ! » (A. Achard.) Coré (A). — Ne répondant pas à son sujet. — «€ M. Barbey d’Aurevilly a consacré le succès dans un article à côté très-flamboyant.» (E. Blondet, 1867.) Core DE B®UF. — Sabre. (Vidocq.) — Allusion de forme. COTELETTES. — Favoris s’élargissant au bas des joues, de façon à simuler la coupe d’une côtelette. COTELETTES. — Applaudissements. (J. Du- flot.) — Se dit dans le monde dramatique. CorErrE. — « Les tailleurs de pierres s’in- terpellent du nom de coterie. Tous les com- pagnons des autres états se disent pays. » (G. Sand.) COTES EN LONG (AVOIR LES). — Être fai- néant, refuser le travail. — Mot à mot : avoir un corps incapable de se plier à la tâche (puis- qu’il a les côtes en long et non en travers comme tout le monde). — Ironie populaire. — « Ces demoiselles de l’avenir et d’un pro- chain bitume, aussi inaptes au travail que si elles avaient les côtes articulées en long et non pas en travers. » (Th. Silvestre.) COTON (FILER UN MAUVAIS). — Se mal porter.— « Il file un mauvais coton. » (B. Jour- dain.) — On disait autrefois jeter un triste coton, comme le prouve cet extrait des Mé- moires secrets de Bachaumont : « 24 février 1781. Madame Bulté vient de partir pour Londres où vraisemblablement elle jettera un triste coton. Il est à craindre qu’elle n’y meure de faim.» — Cette dernière expression est dans le Dictionnaire de l'Académie. Coron. — Rixe, dommage. (Halbert.) — Abréviation de tricoter, — « Le chef de ser- GOT — 108 — | 5 vice leur recommande toujours d’éviter le coton, c’est-à-dire d’empêcher qu’il y ait des rixes, » (M. du Camp.) CoTTERET. — Forçat libéré. (Dictionnaire d'argot, 1844.) — Jeu de mots : le cotteret est un petit /agot. V. Fagot. Covac. — Fausse note. — Harmonie imi- tative. V. Canard. — « Il lui échappa un couac épouvantable au milieu d’un couplet. » (A. Signol.) Coucou. — Montre. (Colombey.) — Du nom des horloges de bois dites coucous, à cause du cri de coucou qu’elles simulent en sonnant les heures. : Coucou. — Cocu. — Redoublement du vieux mot cous : mari trompé. Une simple amourette Rend un mari coucou. (Chansons, impr. Chassaignon, 1851.) Ah! catau, tais ta gueule, as-tu le diable dans l’ cou De vouloir abîmer c’t engendré de coucou. (L’Après-Souper de la Halle, dix-huitième siècle.) Coucou (FAIRE). — Jouer à la cachette, jeu où l’on crie coucou en guise d’avertisse- ment. — « Je vais me placer dans ce coin, la figure contre le mur et la main devant les yeux, comme si je faisaiscoucou. » (P, de Kock.) COUDE (LACHER LE). — Quitter. — « Vous n’pourriez pas nous lâcher l’coude bientôt ? » (Léonard, parodie, 1863.) — Allusion à la recommandation militaire de sentir les coudes à gauche, en marche. CoUDE (LEVER LE), — Boire à longues rasades. — « Ça n’a pas d’ordre, ça aime trop à lever le coude. » (P. d'Anglemont.) COUDES A GAUCHE (SENTIR LES). — Mar- cher avec ensemble, avec régularité, comme à l’école d’infanterie. COUENNE. — Peau. — Se ratisser la couenne, se faire la barbe. V. Gratte-Couenne. COUENNE. — « On dit d’un nigaud, d’un maladroit, dun sot, qu’il est couenne. » (Dhau- tel.) — « Viens-tu ? — Ah ben! non. -- Ah ! que t'es couenne. » (Ourliac.) CourLLEÉ. — Niais, — De couillon. — « Un couillé j'ai remouché. » (Vidocq.) CoULAGE. — Gaspillage, détournement commis par des subordonnés, — « Quel est le négociant habile qui ne jetterait pas joyeuse- - 5 cou — 104 — COU ment dans le gouffre d’une assurance quel- conque cinq pour cent de toute sa production pour ne pas avoir de coulage. Eh bien ! la France ne paye que soixante millions, deux et demi pour cent, pour avoir la certitude qu’il n’existe pas de coulage. Le gaspillage ne peut plus être que moral et législatif. » (Balzac.) — « Le coulage est une mauvaise gestion des affaires du pays ; ‘il consiste à faire faire des travaux qui ne sont pas urgents ou nécessai- res, etc. » (Balzac, 1841.) COULAGE, surtout des petits dé- tournements commis par la domesticité d’une grande maison ou d’un magasin. — Allusion au liquide coulant par les fentes d’un tonneau au détriment de son possesseur. — « On ne se figure pas le coulage qui désolait notre cais- sier. » (Almanach du Hanneton.) CouLANT. — Lait. (Halbert. ) COULE (ÊTRE A LA). — Etre insinuant, sachant se couler entre les obstacles. CourEur. — Mensonge. — Il colore ou farde la vérité, — « Oh! les peintres ! il n’y a pas à leur monter d’coups, ça connaît les cou- leurs. » (Lamiral, 1838.) COULEUR. — Soufflet. — Il colore la joue. Je bouscule l’usurpateur Qui m’appliqua sur la face, Comm’ on dit, une couleur. (Le Gamin de Paris.) CouLÉ. — Perdu sans ressources. Mot a mot : coulé à fond. — Terme de marine. — « Non, les étudiants de seizième année n’exis- tent plus ; c’est une génération coulée. » (Privat d’Anglemont, 1855.) COULER (EN). — Conter des mensonges. — « Tu nous en coules, ma mignonne. Va! j'te connaissons. » (Catéchisme poissard.) COULER DOUCE (LA). — Vivre confortable- ment. — « Ah ! je ne sais pas quand il se pas- sera, mais j'ai un fier béguin pour toi. Tu la couleras douce avec moi, je t’en réponds. » (L. de Neuville.) COULEUR LOCALE. — Procédé littéraire fort à la mode depuis 1830. — « La couleur locale consistait surtout à faire dire au personnage le nom de toutes les fabriques d’où sortaient les objets dont il parlait età faire connaître de quellematière étaient faits ces objets, On di- sait : Ma bonne dague d'acier, mon pourpoint de brocart, mon justaucorps de Venise, absolu- ment comme si aujourd’hui on faisait dire à un acteur : Donnez-moi mes bottes de cuir, ma canne de bois. » (Privat d’Anglemont.) CoULIANT. — Lait. (Grandval.) CoULIANTE. — Laitue. (Halbert.) COULISSIER. — Spéculateur jouant à la cou- lisse dela Bourse, c’est-à-dire en dehors du parquet des agents de change. — Pre supprimé depuis 1860. COULISSIER. — De coulisses, théâtral. — « De là un besoin insatiable d’intrigues amou- reuses et coulissières. » (Ricard. ) CouLorR. — Bouche, gosier. — Synonyme de corridor. Même allusion. V. Plomber, Coup. — Secret, procédé particulier. — On dit à a le coup pour à a le dernier mot du sa- voir faire, et il a un coup, pour il a son pro- cédé à lui, CouP A MONTER. — Grosse ri a tenter, piége à tendre. — « Un coup à monter, ce qui, dans l’argot des marchands, veut dire une fortune à voler. » (Balzac.) V. Monter. Coup DE BAS. — Coup dangereux. — «Ces fats nous donnent un rude coup de bas. » (Chansons, Clermont, 1835.) CouP DE PIED (DONNER UN). — Aller jus- qu’à un endroit déterminé. CoUPS DE PIED (NE PAS SE DONNER DE). — Se louer soi-même. — Mot à mot : ne pas se nuire. CouP DE PIED DE VÉNUS, — Mal vénérien. CouP DE PISTOLET, — « Alléché par l’exem- ple et la perspective de quelques bénéfices énormes, un novice vient de tirer un coup de pistolet à la Bourse (c’est l’expression pour dé- signer une opération isolée, » (Mornand.) CouP DE POUCE (DONNER LE). — Étrangler. Cour DE POUCE (DONNER LE). — Ne pas donner le poids. Mot à mot : donner le coup de pouce à la balance. Coup DE SIFFLET. — Couteau. (Halbert.) — Pour coupe-sifflet. CouP DE SOLEIL (AVOIR UN). — « Être à demi gris, avoir une pointe de vin. » (Dhau- tel, 1808.) — On sait que le vin et le soleil ont également la vertu d’empourprer le visage. — «Ma foi, ça n’s’ra qu’à la brune qu’finira c’gueu- ts ae 3 \ Cour DU LAPIN. — Coup mortel, Le COU AT Ga cd N \ |! 7 CBS busy leton sans pareil. En parlant d’ça j’pourrais bien attraper un p’tit coup de soleil... Mais voyons si j'ai encore de la braise. » (Lamiral, le Savetier en goguette, 1838.) V. Soleil. Coup DE TEMPS.— Accident subit, surprise. — Terme d’escrime. — « Je mettrai le trouble là-dedans par un coup de temps qui ne sera pas trop bête. » (Le pot pourri, 1821.) Voir le coup de temps, c'est le prévoir. Solitaire, comme Dictionn, de l’argot parisien. 2OPOS DE JAMBES NC g on a de veste —— Sa see (On EN celui qu’on donne au lapin sacrifié à la cui- sine. CouPE. — Misère, (Halbert.) — Mot à mot : dans la coupe des vivres, g CouPE (ÊTRE SOUS 1A). — Être subor donné à quelqu’un. COUPE (TIRER SA). — Nager. — «€ Rodol- phe, qui nageait comme une truite. se prit à tirer sa coupe avec toute la pureté imagina- ble. » (T. Gautier.) Livr. 14, CoupE-CHOUX. — Sabre d’infanterie. — Avant de servir comme baionnette, cette arme £ était, même en campagne, des plus pacifiques. : — «Leur voit-on traîner d’une façon guer- rière le coupe-choux de caporal ?» (A. Rolland.) CouPE-FICELLE. — Artificier d’artillerie. — 4 oF ~ mée par ses fonctions. CouPE-SIFFLET. — Couteau. Mot à mot : coupe-gorge. V. Siffet. COUPE (ÇA TE LA).— Cela te déconcerte.— Abréviation de ça fe coupe la chique, cela te ‘contrarie, te déroute. (Dhautel, 1808.) — «Sous le premier Empire, M. de Beaumont annonça au cercle des Tuileries : « Madame la « maréchale Lefebvre ! »—L’empereur s’avänce et lui dit : « Bonjour, madame la duchesse de « Dantzick ! » — Celle-ci se retourne et dit au chambellan trop laconique ; « Ah! ça te la « coupe, cadet! » (Encyclopediana.) V. Sifflet. CouPER. — Donner dans un panneau, ac- cepter un mensonge, — « Ah! dit Marlot en faisant sauter l’or dans sa main, elle a donc coupé dans le mariage? » (Champfleury.) Abréviation de couper dans le pont, qui a le même sens et qui vient du terme : faire le pont (plier légèrement les cartes à un endroit déter- miné, de façon à guider la main de l’adver- saire dans la portion du jeu où elle doit cou- per innocemment). — « Laisse-la couper dans le-pont. » (Balzac.) COUPER LA CHIQUE. — Interdire. V. Chèque. COUPER LA GUEULE, COUPER LA GUEULE A QUINZE PAS. — Exhaler une si mauvaise odeur qu’on la sent à quinze pas. — Cette expression ne manque pas de justesse, car la bouche sem- ble souffrir autant que le nez en pareil cas. Quand elle a mangé du cerv'las, Ça vous coup’ la gueule à quinz’ pas. “(Colmance.) COUPER LA MUSETTE. — Couper la parole. — «Ta remontrance me coupe la musette. » (Chansons, Châteauroux, 1826.) COUPER LA MUSETTE. — Couper lasgorge. — « De Palzo j'ai coupé la musette, il ne peut plus te faire de mal. » (Le Solitaire, pot pourri, 1821.) V. Sifflet. CourLARD. — Couteau. CHalhett, ) Mot à mot : coupe-lard. ‘Allusion à la grande quantité de ficelle récla- ceau de poésie long d’un mètre, sur l’air des Comédiens ou de Vive la Lithographie. Feu Brazier et M. Clairville sont les maîtres és couplets de facture. » (J. Duflot.) = COURAILLER. — Courir les filles. —'« Vous l’auriez empéché de courailler, » (Balzac.) Courss. — Épaule. (Vidocq. ) — Elle se courbe souvent. X: CourIr. — Courir les filles. — « Monsieur n’est pas heureux quand il court. » (FL. Mon- nier.) —On dit aussi Courir la gueuse. A Courir, FAIRE COURIR. — Être propriétaire de chevaux de course. —c« Oscar : Tenez, cher! je viens du club. j'ai beaucoup parié… j'ai _ perdu vingt-cinq louis et deux saladiers de vin sucré. — Vous savez, je fais courir. — Le mar- quis: La jeune noblesse ne saurait avoir de divertissement plus comme il faut. » (Mar- quet.) COURIR (8H LA).— Senfuir. COURIR (SH). — Se méfier. (Vidocq.) — De l’ancien verbe se covrir : se couvrir, se pro- téger. COURTAUD DE BOUTANCHE, — Commis de magasin, voleur. (Grandval.) CoUYONNADE. — Sottise, lâcheté. — Coyon se trouve dans le Dictionnaire de l'Académie. : — On dit aussi couyonnerte. : CrAacHER. — Parler. Mot & mot : cracher des paroles. CRACHER.— la mitraille. : CRACHER, ‘CRACHER AU BASSINET. — Donner de l’argent de mauvaise grâce. — Allusion au bassin en forme de crachoir présenté à l’église pour les quêtes, et aux pièces de monnaie qu’on y lance. — «Tu dois faire cracher en- core 150,000 francs au baron. » (Balzac. ) CRACHER DANS LE SAC. — V. Raccourcir. CRAMPE (TIRER SA). — Fuir.— « Elle a pris ses grands airs et j'ai tiré ma crampe. » (Mon- tépin.) — À aussi un autre sens qui n’est pas de notre ressort. CRAMPER (SE). — Se sauver. Mot à mot : tirer sa crampe. V. Pré, Abouler. CRAMPON. — Importun aussi tenace qu’un crampon. — «Elle est assez jolie, cette femme. — Charmante ! mais quel crampon ! > » (L. Le- roy.) V. Lâcher. : = COUPLETS DE FACTURE.— « C’est un mor- Décharger.— Le canon crache - : Chicos (TENTR 5). — Tenir le dé de la conver sation, — Ironique. — « N’étudiant au- cune question & fond, mais se contentant de prendre de chaque chose une teinture super- ficielle qui permet de tenir convenablement un crachoir, — terme vulgaire, mais juste, — - d’une heure ou deux. » (Paris-Journal, 1872.) + CRAN (LACHER DUN). ~ tement.— «Nous vous licherons d’un cran, y— (Vidal, 1833.) ~ CRAN (FAIRE UN).— Tenir bonne note. Oraxe.—Hardi—« Est-il crane, cet enragé- | là » (P. Lacroix, 1832.) ~~ CrANE.— Beau.— « C’est ça qui donne une crâne idée de l’homme! » (Gavarni.) Mettre son chapeau en crâne. — Le mettre sens devant derrière, à la façon des tapageurs. CRANE. — Bon. — «Quand j'étais sur la route de Valenciennes, c’est là que j'en avais - du crâne du tabac ! » (H. Monnier.) CRANEMENT. — Supérieurement. — « J’ai | été maitre d’armes... et je puis dire que je ti- rais cranement. » (Méry.) — « Elle prenait la __ brosse chez un peintre, et faisait une tête as- sez crânement. » (Balzac.)—« Je suis crâne- ment contente de vous voir. » (BE, Sue.) COrAPAUD. — Homme petit, chétif. (Dhau- tel.) — Gamin. — Pris souvent en bonne part. — «Tiens ! Potier, je l’ai vu du temps qu’il était à la Porte-Saint-Martin. Dieux! que c’crapaud-là m’a fait rire! » (H. Monnier,) CrAPAUD. — Bourse de soldat. — Elle est inférieure à la bourse de la masse dite aussi grenouille, comme le crapaud l’est à la gre- nouille. CrAPAUD. — Cadenas. (Vidocq.) CrAPAUD. — Fauteuil bas. — « Une ber- gère. Avancez plutôt un crapaud ! » (E. Jour- dain.) CRAPULOS, CRAPULADOS. — Cigare d’un sou. Mot à mot : le havane de la crapule. — Ironic 4 adresse des noms pompeux qui distin- guent les cigares de la Havane, V. Infectados, CrAQUELIN. — Menteur. (Grandval.) — De : craque, mensonge. CrassE. — Indélicatesse, — « Elle m’a fait des crasses. Toi, tu m’inspires de la confiance, » - (Almanach du Hanneton, 1867.) — Abandonner subi- - ‘ Onésveun. = Pentre. (Vito > — sur I toile. ture. » (L. Huart.) — « Mon mari a eu l'in- famie de faire venir cette créature duns, a maison. » (Gavarni.) Creprey, CRELOTTE. — Jurons. — - Abré- — « La meilleure réponse, c’est de publier le credo politique du vieux Cordelier. » (C. Des- : moulins, 1790.) CrEME. — Superlatif, le meilleur ou la well leure. — « Excellent !... Dis donc que c’est li crème des oncles. » (Beauvallet, ) CR¥ NoM. — Juron. — Abréviation de sacré nom. V. ce mot. CREPER LE TOUPET, LE CHIGNON. — Pren- dre aux cheveux, battre. — « Nous v’là tous deux & nous créper le toupet. » (Letellier, 1889.) — Les femmes se crépent le chignbn. CRÉPIN. — Cordonnier. Mot à mot : en- fant de saint Crépin, patron des bottiers et des cordonniers. — « Je défie bien le Crépin de me faire des bottes plus justes, » (ra Correc- tionnelle.) CRÉPINE. — Bourse. (Vidoeq.) — De crépin. — C’est, comme le crapaud, une bourse de cuir. - Crérox. — « Des crépons, c’est-à-dire de ces petits paquets de crin que le beau sexe place sous ses cheveux pour les faire « bouffer.» (Éclair, 10 mai 1872. ) Crès. — Vite. (Halbert.) CRESPINIÈRE. — Beaucoup. (Idem.) “ ORÉTINISER. — Abrutir. — « Un Chazelle à vécu à vingt-deux sous par tête et s’est cré- tinisé. » (Balzac.) — « Tout le monde joue en France, dit-il; qu’est-ce que cela prouve? une seule chose : c’est que la France se cré- tinise au milieu de cette frénésie de spécula- tion. » (Boursicotiérisme.) CREUSE. — Gorge. (Idem.) -- La gorge est creuse. Crevszr. — Approfondir, en parlant de — l'exécution d’une œuvre artistique ou litté- — raire, — C’est creusé se dit d’une chose fort — of ORI > i — ns étudiée. — Creuser son sujet, c’est le préparer avec soin. ‘ CrREUX. — Logis, maison. (Grandval.) CREUX. — Voix méle et sonore. CREVAISON. — Mort, chute. — « Cette ren- gaîne du fiasco n’en dissimulait pas moins une crevaison spontanée. » (Michu.) OREVANT. — Ennuyeux à Se a crever. CREVE, PETIT CREVE. Jeune élégant poussant à un degré tout fant la pocherche de sa toilette. — « Petit crevé se décollette avec grâce, épile son menton et cire sa mous- tache. Son teint délicat connaît les douceurs de la poudre de riz et du blanc de perle. » (Yriarte.) — C'est de ce visage bléme quest venue selon nous l’expression de crevé, CREVER, CREVER LA PAILLASSE.) — Battre, - blesser, tuer. CREVER (TU T'EN FERAIS). — Formule né- gative. V. Cylindre, Mourir. CREVETTE. — Lorette. Mot à mot : fille à petits crevés. V. ce mot. — « Tous les esstims de vierges folles, biches dorées, co- cottes, crevettes. » (Michu.) — « Les nuits de “ cancan carabinées des grandes crevettes et des petits crevés. » (Blondelet, 1867.) CRIBLAGE. — Cri. — « On peut les pési- guer et les tourtouser en leur bonnissant qu’ils seront escarpés s’il y a du criblage. » (Vidocq.) CRIBLEMENT. — Ori. (Colombey.) CRIBLER. — Crier. — C” est erter avec chan- gement de finale. Cric. — Eau-de-vie. V. Crique. Crrc-Croc. — À ta santé. (Grandval.) — Harmonie imitative. Crr-Crr. — Grillon. — Harmonie imita- tive de son cri. — « Un cri-cri que l'habitude de me voir avait apprivoisé. » (G. Sand.) — « Je sens quet’chose qui trifouille dans mon estomac. Je crois que c’est un cri-cri. » (H. Monnier.) CRIE. — Viande. V. Criolle. CRIMÉENNE. — « Large et longue capote à collet et à capuchon envoyée de France pour le soldat en Crimée. » (Cler, 1856.) CRIN (ÊTRE COMME UN). — Être d’abord difficile. — Le crin est raide et piquant. CriNs. — Cheveux. — Animalisme. x CRINS (A mous). — Trés-chevelu, et ay: figuré : extrême dans ses opinions, — Allusion à la chevelure dont on ne veut rien retrancher, qu’on laisse pousser à tous crins. — « Les démocrates à tous crins, qui sont dans cette voie anti-catholique, ont-ils pris garde qu’ils se font ainsi les complices et les alliésdes plus mortels ennemis de la France? » (Valfrey, Moniteur, septembre 1872.) CRIOLLE, CRIE. — Viande. V. Artie. CRIOLLIER, CRINOLIER. — Boucher. — « Nous allons barbotter demain la cambriolle d’un garçon crinolier. » (Canler.) CRIQUE, CRIK. — Eau-de-vie. (Vidocq. )— « Un verre de criq’ ne fait pas de mal. » (J. Choux.) — « Si on a donné une gratifica- tion de crik (eau-de-vie), il y a un change- ment complet. » ( Vie parisienne, 1865.) CRISTALLISATION. — Condensation intellee- tuelle. — On sait que la cristallisation unit et solidifie les parties d’une substance dissoute dans un liquide. — « Un homme d’esprit, Stendhal, a eu la bizarre idée de nommer cris- tallisation le travail que la pensée de la mar- quise fit avant, pendant et après cette soirée.» (Balzac.) CRISTALLISER. — Paresser au soleil. Terme de chimie : La cristallisation est un effet de la chaleur. — «€ Permis à tous de se promener dans les cours, de fumer leur pipe, de cristalliser au soleil. » (La Bédolliere.) Cristi. — Juron. — Abréviation de sacristi. V. ce mot. — « Cristi! que mon panaris m’é- lance. » (Marquet.) Croc. — Escroc. — Abréviation. CROCHER. — Sonner. (Halbert.) — Pour crosser. V. ce mot. ; CROCHER (SE). — Se battre. — Abréviation de s’accrocher, — « Je grille de vous voir cro- cher avec le Maître-d’École, lui qui m’a toujours rincé. » (E. Sue.) Crocs. — Dents. (Grandval.) CROIRE QUE C’EST ARRIVÉ. — Se prendre trop au sérieux. — « Elle se disait regardant les vagues en courroux : Ce bon Neptune, il croit que c’est arrivé, » (Aubryet, 1870.) — « Au premier rang sont les gens qui croient que c’est arrivé. » (P. Mahalin, 1867.) CROISANT, CROISSANT, — Gilet. (Vidoeq.)— T1 croise sur la poitrine. A ide a i - CROIX. — Six francs. — Vieux mot qui fai- ‘sait allusion à la croix empreinte sur certaines “ monnaies d’argent. — « Le carreau du Temple | avait-son argot ; il parlait par pistoles, croix, point, demi-point et rond. La pistole valait dix francs; la croix, six francs; la demi-croix, “trois francs ; le point, un franc ; le demi-point, | cinquante centimes, et le rond, un sou. » (E. Sue.) : CroLuE. — Écuelle. (Fr. Michel.) Crome. — Crédit. (Halbert.) CROMPER.— Sauver. (Idem. ) Pour cramper. CromPrr. — Pomme de terre. (Fr. Michel.) “ —Germanisme. De Grundbirne : poire de terre. CRONÉE. — Écuelle. (Idem.) CROQUE-MORT. — Porteur employé par les pompes funèbres. — « Le croque-mort est d’un naturel grivois ; il aime le vin, le jeu, les “belles. » (Privat d’Anglemont.) CROQUER. — Esquisser, dessiner. —- « C’est un charbonnier de la grève que ce peintre a voulu croquer. » (Santoliana, 1764.) — « Si je croquais ce chêne avant de déjeuner ! » (Marcellin.) CROSSE, CROSSEUR. — Ministère public. (Vidocq.) — Son réquisitoire frappe ou crosse les accusés. — On sait que crosse» est pris ordinairement dans ce sens. CROSSE, CROSSER, — Rec:ler, sonner. V. Crossin.— Mot à mot : frapper, crosser l’airain. — «€ Quand douze plombes crossent, les pègres - Senretournent autapis de Montron. » (Vidocq.) CROSSIN, CROSSE. — Recéleur. (Fr. Michel.) _ CROTTED’ERMITE.— Poire cuite. (Grandval.) CROUPIONNER. — Remuer du croupion, faire bouffer un vêtement sur le croupion. CROUTE. — Homme arriéré. CROUTE DE PAIN (S’EMBÊTER COMME UNE) DERRIÈRE UNE MALLE. — Mot à mot : dessé- cher d’ennui. : > CrouTÉUM. — Collection de croûtes on de mauvais tableaux. — « Bientôt la boutique, un moment changée en croûtéum, passe au muséum. » (Balzac.) CROUTON. — Mauvais peintre. Mot à mot : faiseur de croûtes. CrouToN. — Vieil encroûté, — « Vous m’ap- pelez vieux croûton, quand je vous nomme ma mie. » (Cabassol.) — « Les maîtres d’armes de régiments étaient, en ces temps reculés, de vieux croûtons. » (Villemessant.) CROUTONNER. — Peindre des croûtes. CROYEZ ÇA ET BUVEZ DE L'EAU. — Terme en usage pour se moquer des gens crédules. — Par allusion aux malades qui cherchent aux eaux la santé, et aux éloges exagérés de la vertu de chaque eau minérale. — « Croyez ça, puis buvez de l’eau. » (//enzi, 1826.) CRUCIFIX A RESSORT, CRUCIFIX. — Pistolet. — Comme le crucifix, il se montre à l'heure suprême. — « Godet, le limonadier, a aban- donné ses bavaroises pour jouer du crucifix à ressorts dans le bois de Vincennes. » (Calen- drier du père Duchêne, 1791.) Curr. — Peau. — « ("était aux nègres qu’il en voulait, à cause du coloris de leur cuir. » (JL. Desnoyers.) CUIR (TANNER LE). — Battre. CUIR DE BROUETTE. — Bois. — Ironie. — Des sabots sont des escarpins en cuir de brouette, CUIRASSER. — Parler en faisant des fautes de liaisons appelées cuirs. V. Velours, — < Frater au régiment, il en a conservé l’habi- tude du discours et cuirasse proprement. » (Bataille, 1843.) CUIRASSIER. — Homme fréquemment cou- pable des fautes de liaison appelées cuirs. CUISINE (LA). — La préfecture de police. — C’est le rendez-vous des cuisiniers, CUISINE DE JOURNAL. — Tout ce qui re- garde les petits détails et l'ordonnance maté- rielle d’un journal. — « C’est lui qui fait la cuisine du journal. » (L de Neuville.) CUISINER. — Travailler d’une façon quel- conque, au figuré. — « C’est ainsi que M. Jules Breton s’est ingénié à cuisiner le genre rus- tique, sans rusticité. » (Th. Silvestre.) CUISINTER. — Agent de police secrète, (Vi- docq.)— « Lui qui avait servi plusieurs fois de cuisinier à la police. » (Canler.) — « Mauvais signe ! un sanglier! comment s’en trouve-t-il un ici? — C’est un de leurs trucs, un cuisinier d’un nouveau genre. » (Balzac.) V. Coqueur, CUISINIER. — Avocat. (Halbert.) CUISINIER. — Secrétaire de rédaction. Mot à mot : rédacteur chargé de la cuisine du journal. Cursse (GA ME FAIT UNE pun — C’est un avantage illusoire pour moi. — Tqui- valent de : ça me rend la jambe bien faite. V. Jambe, — Villon fait dire dans le même sens à sa belle Heaulmière : j'en suis bien plus grasse. Curr. — Perdu. — « Cuits, cuits ! les car- listes, ils seront toujours cuits. » (Métay, 1831.) CurrE. — Correction. — Il en cuit à celui qui la reçoit. > CurvrE. — Monnaie de billon. — « T’as vu que ton cuivre déménageait. » (Ricard.) Cuu. — Homme bête et grossier. CurBuTE. — Culotte. (Grandval.) — Jeu de mots. C’est dans la culotte qu’on bute son cul, — Buter signifiait jadis pousser. V. A ffure. CULOTTAGE. — Action de culotter une pipe. — « Il va paraître. un traité théorique et pra- tique du culottage des pipes. » (Lespès, 1866.) CuLorTE. — Partie de dominos qui procure au gagnant un grand nombre de points. — « Le joueur de dominos préfère le double-six culotte avec six blancs dans son jeu. » (Luchet.) CULOTTE. — Perte qui englobe toutes les autres —« Un étudiant poursuivi par le gui-. gnon s’est vu mettre sur son compte toutes les demi-tasses consommées dans la soirée par tous les habitués du café. Cela s'appelle em- poigner une culotte. » (L. Huart.) — « Vous vous asseyez à la table de baccarat, et vous vous flanquez une culotte de 500 louis, » ( Vie parisienne, 1866.) CULOTTE (SE DONNER UNE).— Faire excès de boire ou de manger. — Donné déjà par le Dictionnaire de Leroux, 1718. — Synonyme d’un terme fréquemment employé : S’en don- ner plein la ceinture. — «Un ivrogne ferait bien mieux de s'acheter un pantalon que de se donner une culotte. » (Commerson.) CULOTTE se prend au figuré pour un excès de paroles. — «Nous nous sommes donné une fameuse culotte monarchique et religieuse, » (Balzac.) CULOTTE DE PEAU. — Vieux soldat. — « N’appelle-t-on pas un vieux soldat culotte de peau ? » (Gangam, 1861.) — « Habit boutonné militairement. Culotte de peau, au physique etau moral. » (A/manach du Hanneton, 1867.) & CuLorrÉ. — Aguerri, teinté. — « Oh! ma chère, je suis s enlottée, vois-tu. » (Gavami, yous vs Allusion au culottage de la pipe. > od : On dit un nez culotté pour un nez rougi par | l’ivrognerie, des yeux culottés pour des yeux cernés de bistre. CULOTTER. — « Culotter une pipe, c’est im- primer, grâce à l’action du tabac brûlé dans - son foyer, une couleur foncée à sa terre blan- che. » (Lespès.) — C’est le culot du fourneau de la pipe qui brunit le plus. De là le mot. CULOTTER (SE). — Se former, prendre une | tournure décidée, — Même allusion. — « Voici un pied d’Andalouse, se dit-il, ceci est d’une bonne couleur, et ma passion se culotte tout à fait. » (T. Gautier, 1838.) CULOTTER (SE). — Faire excès de boire ou de manger. — « Nous pouvons donc enfin nous culotter avec du vin du tyran. » (Chenu.) CULOTTEUR. — Homme qui culotte des pipes par goût ou par métier —« Tout culotteur un peu versé dans la partie métamorphose le pe- || tit fourneau où brûle son tabac en alambic pour cette production équivoque, la nicotine. » (A. Luchet.) CUMULARD. — « Fonctionnaire te cumule les émoluments de plusieurs places. » (Lubize. ) — « Le cumulard se recommande par son in- dustrie, Employé de ministère, il est musicien le soir, et le matin il est teneur de livres. » (Balzac.) Malgré l’autorité de cet exemple, je dois dire qu’on appelle surtout cumulard ceux qui ont plusieurs sinécures grassement rétribuées par l’État. On a fait jadis v un Almanach des cu- mulards. CuernoN. — Chiffonnier (Vidocq.)— Com- paraison ironique du carquois et du trait de l’Amour à la hotte et au crochet. : CURIEUX. — Juge, juge d’instruction. — Il est curieux par métier. — « Le curieux a servi mä bille (mon argent.) » (Vidocq.) Grand curieux. — Président. (Halbert.) CYLINDRE (TU T’EN FERAIS ÉCLATER LE). — Tu en mourrais. — Formule de refus. Une biche dit : Mon p’tit homme, Je mangerais bien des fraises, des p'tits pois, Paye-m’en |...» La scène était à peindre. Le cocodès dit en baissant la voix : «Tu t'en ferais éclater le cylindre. sa gs 3 Dark. — Dieu.— « Mercure seul tu adoreras “comme dabe de l’entrollement. » (Vidocq.) Dar. — Père. (Grandval.) : Darn.— Maître. (Tdem.) — « C’est notre dabe, notre maître. » (Balzac.) - DABE (GRAND), DABE. — Roi. — « Mais | grand dabe qui se fiche dit: Par mon calo- | guet. » (Vidocq.) — V. Dasbuche. DAB DE LA CICOGNE. — Procureur général. — « On vient me chercher de la part du dab de la cigogne. » (Balzac.) DABESSE. — Reine. DABIN. — Tambour pour fapin. (Haïbert.) | Dasor. — Préfet de police. - — Augmentatif “de Dabe. - Dasor. — Souffre-douleur, patito. — Ne se disait autrefois que de ceux qui perdaient au Jeu pour tout le monde. — Du latin dabo : je donnerai (de l’argent). DaBucAL.— Royal. (Halbert. x DarvcHE. — Maîtresse, mère. (Grandval.) : DABUCHETTE. — Jeune mère, belle-mère. (Vidoeq.) - Darm.— Niais, dupe, —« L’une des grandes finesses des garçons de restaurant quand ils servent un homme et une femme dans un ca- binet, est de pousser à la consommation. per- suadés que le dan n’osera refuser aucune dé- pense. » (La Fizelière). V. Cocodès. DAIM HUPPÉ. — Bourgeois riche. (Halbert.) ~ — «II y a de l’argent à gagner; c’est des daims huppés. » (E. Sue.) V. Coup. -_ Daum.—Argent. — Abréviation de rixdale ; ancienne monnaie allemande. — « Faut pas - aller chez Paul Niquet. Ça vous consomme tout vot’ pauv’ dale. » (P. Durand, 1836.) Dane pu cou, DALE. — Bouche.— Allusion ; à la pierre d’évier (appelée dalle) dans les cui- sines parisiennes; elle est percée d’un trou qui sert comme le gosier à l’écoulement des liqui- des. — « La seule chose qui me chatouille la — dalle, c’est la légume. » (Ladimir, 1842.) — « Avec ces messieurs je bois. Oui, nous nous = rinçons la dalle. » (Léonard, parodie, sans date. ). V. Rincer. DANDILLER. — Sonnet, (Idem.) DANDILLON. — Cloche. (Idem.) — Allusion a ses dandinements pendant la sonnerie. DANDY, DANDYSME. — « Cette fatuité com- mune à tous les peuples chez lesquels la femme est quelque chose, n’est point cette autre espèce qui, sous le nom de dandysme, cherche depuis quelque temps à s’acclimater à Paris. L’une est la forme de la vanité humaine, universelle; l’autre d’une vanité particulière et très-parti- culière de la vanité anglaise. Voilà pourquoi le mot dandysme n’est pas français. Il restera étranger comme la chose qu’il exprime. Bo- lingbroke seul est avancé, complet, un vrai dandy des derniers temps. Il en a la hardiesse dans la conduite, l’impertinence somptueuse J la préoccupation de l’effot extérieur et la va- nité incessamment présentes. » (Barbey dAu- revilly, 1860.) iF DANSE. — Gréle de coups. — Allusion ir ironi- que aux piétinements forcés de la lutte.— « Je prendslesabre... Cest dit, et 4 quand ladanse ? » (About.) — « Je veux l’inviter à une chouette danse. — Du tabac ?—Tout de méme.» (Moz selet.) DANSE. — Lutte. — À l’approche d’un com- bat on dit la danse va commencer, L’expression est ancienne : « Qu’il com- _ mence la danse contre la France s’il se veut ruiner. » (Le Trompette françois, 1609.) DANSER, DANSER DE. — Payer. — Faire dan- ser ses écus.—«C’étaient d’assez bons pantres. Enfin ils savaient danser. » (De Lynol.)—« Et je me mets à faire danser mes 300 francs. Ç'a été mon grand tort. » Hien) — « Je dunsals - DAR — 112 — DEB pour c’te reine d’un joli châle tartan.» (A. Ca- hen.) V. Lansq. DANSER (FAIRE). — Battre. — « Tu vas me payer l’eau d’aff, ou je te fais danser sans vio- lons. » (E. Sue.) DANSER (LA). — Être battu. — « Ah! je te tiens et tu vas la danser. » (Idem.) DANSER (LA).— Mourir. — « Ruffard la dan- sera. C’est un raille à démolir. » (Balzac.) DANSER (LA). — Être maltraité en paroles. — « Quiconque poussait les enchères était em- poigné, témoin une jeune fringante qui la dansa tout du long. » (Vadé, 1788.) DANSER DEVANT LE BUFFET. — N’avoir rien à manger. —« Nous faudra danser sans mu- sique devant le buffet, aux heures des repas. » (Chansons, Clermont, 1835.) — Se prend au figuré: « Je me suis lassé de danser devant le buffet de la gloire. » (Gaboriau.) DANSER TOUT SEUL, — Infecter de la bouche. (Grandval.) — On abrége maintenant en di- sant danser. “ DanTESQqUE. — Taillé comme l’œuvre ou comme les héros du Dante. — « Diable ! douze vers dantesques et une ébauche de passion per- dus, on regarde à cela.» (Th. Gautier.) — « Ô fortune ! pouvais-tu jouer un tour plus cruel à un jeune homme dantesque et passionné. » (Idem.) — V. Pifferari. Darpant.—I amour, — C’est l'archerot des anciens poëtes, c’est Cupidon dardant son trait. Ici-caille est le théâtre Du petit Dardant ; Fonçons à ce mion folâtre Notre palpitant. (Grandval, 1723.) DAR-DAR, DARE-DARE.— Tout courant. — Impératif du vieux verbe Darer, aller vivement. — « Qu’il vienne tout de suite !... Oui, dar- dar... » (Labiche.)—«Puis le ramena dare-dare en la ville. » (Balzac, Contes drolatiques.)— « Il part dar-dar en se rongeant les ongles de colère. » (E. Sue.) DARIOLE. — Coup. — Du vieux mot : lan- cer vivement. V'là que je vous y allonge une dariole Qui r’pare avec son nazaret ; Le raisinet coulait D’ son nez comm’ une rigole. (Casse-Gueule, 1841.) DARIOLEUR. — Patissier faisant la pitisse- rie commune ou dariole. — « Il y a même des darioleurs en chambre. » (Vincard.) DARON, DARONNE. — Patron, patronne. — « Il était maître de tout, jusqu’à manier l’ar- gent de la baronne. » (De Caylus.) DARON, DARONNE. — Père, mère. (Idem.) DARON DE LA TAILLE, DE LA ROUSSE. — Préfet de police. DARONNE DU MEC DES MEC.—Mere de Dien. V. Rebatir. DARONNE. — Prune. (Halbert.) DAsBUCHE. — Roi. (Grandval.) DAUFFE, DAUPHIN. — Pince à effraction. V. Monseigneur. DAUPHIN. — Souteneur. (Halbert.) V. Mac. DAUSSIÈRE. — Fille publique. (eu )— Pour dossière. ; DÉBACLER. — Ouvrir. (Vidoeq.) — Cor- ruption de Déboucler. DÉBACLER LA ROULANTE. voiture. (Grandval.) DÉBALLAGE (AU). — Au déshabillé. — cl est accablé de rhumatismes, ce qui le fait res- sembler au déballage, à ces statuettes quejvous avez sans doute remarquées dans la vitrine des bandagistes. » - DEBALLAGE (ETRE VOLE AU). — Reconnai- tre dans les charmes d’une femme ‘aimée au- tant d’emprunts décevants aux ressources de — Ouvrir une la toilette, — « Cependant, au déballage, j'ai été si souvent volé. » (L. de Neuville.) V. Ré- jouissance. DÉBALLER. — Déshabiller. — « On ne les confondra jamais avec la marchande de plai- sirs qui vient déballer en scène ses mollets et ses épaules. » (Villemot.) DÉBANQUER. — Faire sauter la banque. — «Ils pourront à leur aise, avec l’argent des niais, faire quelque bonne rafle et débanquer. si c’est possible, la grande et la petite boursi- coterie. » (Boursicotiérisme.) DEBARDEUR.— Personnage de carnaval dont le costume rappelait celui des débardeurs de bois des quais de Paris. Il y avait desdébardeurs mâles et femelles, — « Un don Juan fit au bal Musard la conquête d’un débardeur des plus coquets. » (E. Lemoine.) Qu'est-ce qu’un débardeur ?.. Un jeune front qu’incline Sous un chapeau coquet l'allure masculine, À = 115 — LA VISITE DU MAJOR Un corset dans un pantalon, Un masque de velours aux prunelles ardentes, Sous des plis transparents des formes irritantes, Un ange doublé d’un démon. (Barthet, 1846.) Délaissé aujourd’hui, le débardeur jouissait en ce temps-là d’une grande vogue. DÉBINAGE. — Médisance.— « Compliments désagréables, indiscrétions et débinages. » r Dictionn. de l’argot parisien, mea I Qu ie oh ; il) | is vs x “ DÉBINE.— Mot qui signifie déchéance, mi- sère, pauvreté. (Dhautel, 1808.) — « La dé- bine est générale, je suis enfoncé sur toute la ligne. » (Montépin.) V. Tic. DÉBINER. — Décrier, — « On le débine, on le nie, on veut le tuer. » (A. Scholl.) — « La robe était de taffetas recuit... — Trés-bien, dé- bine la marchandise a présent. » (Almanach du Hanneton, 1867.) sd Live, 12, DEBINER (SE). — Disparaitre. — « Quant à moi, je maquille une aff après laquelle j’es- père pour me débiner pour m’éloigner de la rousse. » (Patrie, 2 mars 1852.) DÉBINER (SE). — S'affaiblir. — «Je me dé- ‘bing des fumerons. » (Corsaire, 1867.) DÉBLOQUER. Lever une consigne. DYÉBONDER. — Aller à la garde-robe. DÉBOUCLER. — Faire sortir de prison. (Vi- docq.) DÉBOURRER. — Déniaiser. dégrossir, . DÉBOUSCAILLER. — Décrotter. DÉBRIDER. — Ouvrir. (Grandval,) — La chirurgie emploie ce mot dans un sens ana- logue. V. Temps. DÉBRIDOoIR. — Clef. (Vidocq.) DÉBROUILLARD, — Homme qui sait se dé- brouiller, DÉBROUILLER (SE), — Vaincre les obsta- cles. — Dans l’armée et dans la marine, un homme qui se débrouilleest un homme aguerri, Mot à mot : - qui sait son métier. —- « Ce débrouillez-vous est sacramentel dans la marine, et c’est à lui que les officiers du grand corps doivent leur personnalité. On donne n'importe quelle mis- sion à un officier, on lui indique à grands traitsce qu’il doit faire, puis on ajoute ; Au surplus, monsieur, faites comme vous l’enten- drez, débrouillez-vous. » (De Leusse,) DECANILLER. — Décamper, Mot & mot : sortir du .ghenil (canil), — « Ils ont tous dé- canillé des le patron-jacquette. » (Balzae.) DÉCARADE, DÉCARREMENT, — Départ. — - Jorne du décarrement : Jour de la mort. V. Ba- chasse. DÉCARCASSER (SE), — Agir activement, remuer sa carcasse, — « Mais ‘sapristi, mes enfants, il faut vous décarcasser un peu plus que ça. Vous avez tous l’air empaillé. » ( Vie parisienne, 1866.) DÉCARER. — Fuir. (Grandval.) Mot à mot : partir avec la vitesse d’un char. — « Faut dé- carer. Ces gens-là veulent m’assommer. » (Dialogue entre Charles X et le duc de Bor- deaux, 1832.) A DÉcArrER DE LA GÉOLE, — Être mis en li- berté par ordonnance de non-lieu. (Colombey.) Décarir (se), — S’user, s'enlaidir. — Al- + lusion au décatissage des tissus. — « Elle sen- tait la panne venir, elle se décatissait. » (Les Étudiants, 1860. ) DÉcAvAGE. — État du joueur décavé. — Un décavage affreux, signe de la déveine. # (Alyge, 1854.) Décavé. — Homme ruiné, n’ayant plus de quoi caver à la roulette. — « À Bade, les dé- cavés vivent sur l’espérance aussi somptueuse- ment que les princes de la série gagnante. » (Villemot.) — Se dit aussi des joueurs dela — Bourse malheureux. — « La Bourse raste at- tentive, Un peu plus, les décavés à la dernière liquidation diraient ; J'attends l’emprunt. » (Kelair, 1872.) Dhcxe, DÉCHET. — Ruine, misère, — « Elles se présentent chez les courtisanes dans la de- che, » (Paillet.) Sans argent dans I’ gousset, C’est un fameux déchet, (Chanson, Avig., 1813.) DÉCHIRER LA TOILE, — Comparaison du bruit de la fusillade à celui d’une toile qu’on déchire, Elle ést assez juste, — « Tout à l’heure les feux de deux rangs déchireront la toile, et nous verrons si vos elarinettes ont de la voix. » (Ricard.) DécLassé. — Bohème, homme he de sa classe, de son rang social, Valles a fait sous ce titre un livre fort connu, — « Ses bergères sont des couturières de banlieue, ou des dé- classées de bourgade ; grisebtes paresseuses et vaniteuses, cocottes en espérance, » (Th. Sil- vestre,) DECLOUER. — Dégager du Mont-de-Piété. DÉCOLLETÉ (ÊTRE). — Se conduire ou parler d’une façon plus que légère. — Acception figurée du décolletage de la toilette. DÉCOUVERT (ACHAT, VENTE A). — Achat ou vente opérée dans les conditions ci-dessous. DÉCOUVERT (ÊTRE A). — Spéculer à la Bourse sur des valeurs qu’on n’a réellement pas le moyen d’acheter ni de vendre. — « Quant au joueur à découvert, il est infailliblement perdu : il a contre lui la mauvaise exécution des ordres, les reports onéreux, le courtage, la nécessité de réaliser un bénéfice faible et la difficulté d’échapper à des reprises violentes ou à des baisses énormes. » (De Mericlet, 1856.) DÉCROCHE-MOI CELA. — Fripier, habille- # ment d’occasion, Allusion aux crochets qui ser- ‘vent à la montre des revendeurs, — « M. Au- guste s'habille au décroche-mor cela; ce qui veut dire en français : chez le fripier. » (Privat d’Anglemont.) DécRocHER. — Voler à la tire. Drcrocxer. — Faire tomber d’un coup de fusil. ; DrcrocHrr. — Retirer du Mont-de-Piété. V. Clou. — « Les révolutions m’ont réduite à mettre au clou les diamants de ma famille... Faudra que tu me décroches ça, mon chéri. » (Lefils.) DÉCROCHEZ-MOI ÇA. — « Un décrochez-moi (a est un chapeau de femme d’occasion. Que dites-vous du mot, madame ? n’est-il pas neuf ct expressif ?… Au reste, qu’il ne vous fasse pas peur. J’ai vu au carré du Palais-Royal (du Temple) des décrochez-moi ça qu’on eût pu facilement accrocher au passage du'Saumôn. » (Mornand.) DEDANS (METTRE, FOURRER). — Mettre en prison. (Dhautel.) V. 7rou, Sonder, DEDANS (METTRE), — Tromper, mettre dans l’erreur. — « Il met les gabelous joliment dedans. On à descendu plus de vingt fois dans sa cassine, — jamais on n’a rien trouvé. » (E. Sue.) — « Nous avons été mis tous de- dans... Nous ignorons tous ici qui succède au général en chef. » (Poussielgue, Lettre au gé- néral Vial, 12 fructidor an VIT.) DEDANS (METTRE). — Griser. — « Quand on trinque avec une fille aimable, il est permis de se mettre dedans. » (Désaugiers.) DEDANS (VOIR EN). — Être en état d’ivresse. S'applique aux ivrognes illuminés qui se tien- nent eux-mêmes de longues conversations. V. Cocarde. DÉDURAILLER. — Défortin, (Colombey.) DÉFALQUER. — Faire ses besoins, (Grand- val.) DÉFARDEUR. — Voleur. (Idem.) — Il vous soulage du fardeau de votre propriété. DÉrARGUEUR. — Témoin à décharge. DérrGER. — Réchauffer. (Colombey.) — Le froid fige. DÉFILER LA PARADE. — Mourir. — Mot militaire, — On défile quand la revue est ter- > 5 Il s’agit ici de la revue de la vie. — DÉFILER (SE). — Se sauver. . : DÉFICHER. — Cité comme synonyme de ficher par Grandval dans l’acception de donner, DEFLEURIR, DEFLOUER LA PICOUSE. — Voler du linge qui sèche sur une haie ou sur des perches dans les prés. (Grandval.) — Allu- sion à la couleur tranchante des objets étendus et aux épines de lu haie. DÉFOURAILLER. — Courir. (Halbert.) DEFOURATLLER, — Tomber, (Grandval.) DÉFOURAILLER. — Sortir de prison. (Vi- docq.) — Du vieux mot defors : dehors. V. Babillard. DÉFRIMOUSSER. — Dévisager. V. Frime. = Dérrisar. — Désappointer. — « C’qui les défrise, c’est un revenant qui vient en chemise couverte de sang. » (Le Solitaire, pot-pourri, 1821.) DEFRUSQUER, DEFRUSQUINER. — Dégha- biller. (Vidocq, Grandval.) Mot & mot : dter les frusques. Elle le poursuivait alors Pour lui ôter son justaucorps Afin de le défrusquiner. (Virgile travesti.) Déaen. — Mortalité. — « Il y aura un rude dégel. » (Watripon.) — On connaît les effets dissolvants du dégel. DÉGELÉE. — Volée de coups. — Méme allu- sion que pour cule. — « Nouns nous sommes battus jusqu’à la nuit, qui est venue mettre fin à la dégelée que nous avons donnée aux Autri- chiens. » (Général Christophe, Lettres, 1809.) DÉGOMMAGE. — Ruine, destitution, usure. DÉGOMMER. — Surpasser, — « Nous pour- rions très-bien jouer la revue de Bobino et dé- gommer les esbrouffailles avec leurs poses plas- tiques. » ( Villars.) DÉcommer. — Destituer. — « Réélu !. Dégommé! » (Gavarni.) 2 DÉGOMMER (SE). — Se faner, enlaidir. — Allusion au brillant de là gomme. — « Je me rouille, je me dégomme. » (Labiche.) DÉGOMMER (SE). — S’entre-tuer. Napoléon, c’ vieux grognard, D’ ces jeux où l’on se dégomme « Alors tout l’monde défile à ¢’te parade d'où ; À l’on ne revient pas sur ses pieds. » (Balzac.) En queuqu’s mots résumait l'art. (Festeau.) À DEM \_ DÉGOULINER. — Couler doucement. — Ono- matopée, — « V'Ià au moins la vingtième (larme) qui dégouline sur ma joue. » (Ricard.) — M. Fr, Michel a cité un exemple de ce mot au dix-huitième siècle. Décournr — Maladroit, engourdi, — Tronie. DÉcouTé (PAS). — Ambitieux. — « Se dit en plaisantant d’un homme qui, sans avoir l’air de choisir, prendle meilleur morceau. » (Dhau- tel.) — « Belle dame, vous êtes joliment jolie ce soir, Je souperais fièrement avec vous. — Tu n’es fichtre pas dégoûté. » (Gavarni.) DÉGOUTÉ (N’ÊTRE PAS). — Admettre des choses inadmissibles, n’être pas dégoûté quand on devrait l’être. V. Cassine. DÉGRIMONER (SE). — S’agiter, se débattre. DEauis.— Déguisement. (Vidocq.)— Abré- viation. DÉGUISER EN CERF (SE). — Courir comme un cerf, très-vite. DÉLICOQUENTIEUSEMENT. — Délicieuse- ment. — « Pour y retrouver un Arthur déli- coquentieusement séducteur. » (E. Lemoine.) DELIGE. — Voiture publique, (Vidocq.) — Abréviation de diligence. DEMAIN. — Jamais. — Terme ironique. — Demain ne sera jamais aujourd’hui. DÉMANCHER (SE). — Se donner grand air ou grand mouvement. Et d’la façon dont j’ me démanche, On nous verra r’quinqués à la papa. (Duverny, 1813.) DÉMAQUILLER. — Défaire. V. Maquiller. DEMARGER. — Partir, sen aller. — Du vieux mot desmarcher, qui a le même sens, DÉMARQUEUR DE LINGE. — Plagiaire. — « Nous sommes très-flatté que les journaux nous fassent des emprunts, mais nous aimons aussi, pour employer une expression consacrée dans le journalisme, qu’on ne démarque pas notre linge. » (G. Charavay, 1866.) DEMENAGER. — Faire des extravagances, mourir. (Dhautel, 1808.) DÉMÉNAGER A LA CLOCHE OU SONNETTE DE BoIS. — Déménager furtivement en tampon- nant la clochette d’éveil adaptée aux portes de beaucoup d’hôtels garnis, DÉMÉNAGER A LA FICELLE. — Déménager en descendant les meubles par la fenêtre à l’aide d’une corde. DEMI-AUNE, — Bras. — « Il y avait deux heures que je tendais ma demi-aune sans pincer un radis. » (Luc Bardas.) DEMI-CERCLE (PINCER AU). — V. Cercle. DEMI-FORTUNE. — Voiture à un cheval. — « S’y faire mener, non pas dans sa demi-for- tune, mais bien dans une bonne et douce ca- lèche. » (Privat d’Anglemont.) DEMI-MONDE (FEMME DU). — Femme née dans un monde distingué dont elle conserve les manières sans enrespecterles lois. Le succès d’une pièce de Dumas fils a créé le mot. — « On écrit en toutes lettres que vous régnez sur le demi-monde. » (A. Second.) DÉmoc-Soc. — Démocrate-socialiste. — Double abréviation. — « Messieurs les démocs- socs, vous voyez si vos menaces m’ont effrayé.» (Chenu, 1848.) V. Liquid, Communard, : Demi-Stroc. — Demi-setier. (Vidoceq.) — Changement de finale. DEMOISELLE. — Femme galante. — Se dit surtout au pluriel. — Béranger a chansonné Ces Demoiselles, DEMOISELLE. — Mesure de liquide, V. Mon- sieur. DEmorrr. — Maltraiter en actes, ou en paroles, ou en écrits — « Deux champions prononçant la phrase sacramentelle : Numérote tes os, que je les démolisse. » (Th. Gautier, 1845.) — « On démolissait Voltaire, on enfon- çait Racine. » (L. Reybaud.) “ DÉMOLIR. — Supprimer, destituer. — « Puisqu’on vous propose de démolir M. Amici, le ministre des travaux publics, de grâce, acceptez. » (Mires, 1858, Lettre a Pontalba.) Dfmourr. — Tuer. — « Ruffard la dansera, c’est un raille à démolir. » (Balzac.) — « L’ad- judant s’est fait démolir comme un héros. » (J. Noriac.) DÉMOLISSEUR. — Médisant implacable, cri- tique acerbe. — « Voltaire n’en reste pas moins le grand démolisseur religieux et moral du dix- huitième siècle. » (Asse.) DEMORGANER. — Se rendre & une observa- tion. Mot & mot : perdre de sa morgue. DEMURGER, — Sen aller, évacuer. (Grand- val) J DER 2 me 117 — DES ii DENAILLE (SAINT-). — Saint-Denis. (Co- lombey.) — Changement de finale, DENIER A DIEU. — Prime d’argent donnée au concierge par le locataire d’un appartement nouveau. — « C’est lui qui a décrété l’impôt de la bûche par voie, du denier à Dieu. » (Lamiral, 1823.) — Se prend au figuré. — « Par le mot amitié, je n’entends pas cette banalité traditionnelle que tous les amants s'offrent en se séparant et qui n’est que le denier à Dieu d’une indifférence réciproque. » (Dumas fils, le Demi-Monde.) DÉPENDEUR D’ANDOUILLES. — Homme assez grand pour décrocher les andouilles du pla- fond dans les cuisines d’autrefois, plus hautes et mieux pourvues que celles d’aujourd’hui. — « Regarde donc, Jérôme, vois done l’grand dépendeux d’andonuilles. » (Catéchisme pots- sard, 1840.) DÉPIOTER. — Enlever la peau. — « Si mon- sieur croit que c’est commode... on se dépiote les pouces. » (P. de Kock.) DÉPLANQUER. — Exhiber, déterrer des objets cachés. V. Vague. DÉPLUMER (SE). — Devenir chauve. DEPONNER, DEPOUSSER. — Faire ses néces- sités, (Halbert.)— Le premier vient de ponant ; le second s’explique de lui-même, DéÉror, — Dépôt de la Préfecture de police. — Prison où les gens arrêtés sont déposés en attendant l’instruction de leur affaire. — « Eune nuit... ¢’était hors barrière. on m’ ramasse. De là, au dépôt, » (H. Monnier.) DER. — Dernier. — Abréviation. V. Preu. DÉRAGER. — Cesser de se mettre en colère. — « Depuis le jour de son arrivée, il n’avait pas encore déragé. » (E. Chavette.) DÉRAILLÉ. — Déclassé, Mot à mot: homme jeté en dehors de la voie commune. — « Notre déraillé conçut le projet de faire des lectures à l’instar du grand Dumas. » (Michu.) DÉRALINGUER. — Mourir. — Terme de marine. DERNIER (AVOIR LE). — Avoir le dernier mot. V. Double. DÉRONDINER. — Payer. (Halbert.) Mot à mot : faire sortir ses ronds, V. ce mot, DEROUILLER (SE). — Recouvrer sa sou- plesse, se mettre au fait d’un service, = DÉROULER (SE), — Passer un certain temps, — « Maintenant quelle est à la préfecture, elle va se dérouler six mois, » (Ch. de Mou- chabœuf.) DÉSARGOTER. — User de malice, (Halbert.) DESARRER. — F'uir. (Idem.) DESATILTÆR. — Chitrer. (Idem.) DESCENDRE. — Jeter à terre. Mot à mot : faire descendre, — Une caricature de 1830 représente un soldat à cheval sur un cha- meau et criant : « À moi, Tatet, cte chienne de bête va m’descendre. » DESCENDRE, — Mettre hors de combat, tuer, — « J'ajuste le Prussien, et je le descends. » (Marco Saint-Hilaire.) DESCENDRE LA GARDE, — Mourir. Mot à mot: ne plus garder la vie, — « Ce vilain brutalme voulut un jour faire descendre la garde. » (Rienzi, parodie, 1826.) DÉSENFLAQUER. — Tirer d’un mauvais pas. DÉSENTIFLAGE, — Séparation, divorce. DÉSENTIFLER. — Se séparer de sa femme, (Vidocq.) V. Antifler, DESGRIEUX. — Personnage ayant les fai- blesses du Desgrieux de Manon Lescaut. DFSIDERATA, — Désirs, — Latinisme. C’est le pluriel du mot qui suit. — « Ces préoceu- pations toutefois ne l’empêchent pas de pré- senter un des nombreux desiderata du radica- lisme. » (Le Nord, sept, 1872.) DESIDERATUM. — Désir, — Latinisme, — « On manifestait pour la Pologne, cet éternel desideratum. » (Aubryet.) DESSALER (SE). — Boire. (Halbert.) Mot & mot : dessaler ce qu’on vient de manger, DESSALER. — Noyer. (Idem.) — On noie comme on dessale, en jetant à l’eau. DESSOUS (TOMBER DANS LE TROISIÈME, dans le TRENTE-SIXIÈME). — Faire une chute complète, en parlant d’une pièce théâtrale, et, par extension, tomber dans le discrédit, dans la misère la plus complète. — « Il existe, dans le sous-sol de chaque théâtre, trois étages. Le premier dessous est destiné à recevoir les ac- teurs qui apparaissent ou disparaissent dans les pièces à trappes. Les deuxième et troisième dessous ne reçoivent que les décorations qui s’effondrent. Quand on dit d’une pièce : elle est tombée dans le troisième dessous, il est aisé de J = - == 2 = = = oi DET =a = me . ne comprendre qu’elle aura de la peine à se rele- ver. » (J. Duflot, les Secrets des coulisses, Paris, 1865.) On voit par les détails précédents que /om- ber dans le trente-sixième dessous, est une simple figure. Drssous. — Amant de cœur. (Halbert.) — C’est celui qu’on cache. DEssus.— Entreteneur. (Idem.)— Il couvre la situation. DESSUS DU PANTER. — Ce qu’il y a demieux en tout. — Allusion au procédé des marchands qui placent les plus beaux fruits au-dessus du panier. — « Il arrive des nobles étrangers. La province et l’étranger se sont cotisés pour en- voyer le dessus du panier. » (A. Wolf.) Drsruc.—De moitié dans un vol. (Halbert.) — Pour d’estuc. V. Kstuc. DÉTAFFER. — Aguerrir. V. Tafe. DÉTAIL (C'EST UN). -— C’est un accident grave, — Ironie parisienne. — « S'il en- tend parler d’un assassinat ou d’un tremble- ment de terre, il dit : c’est un détail. » (Mon- selet.) DETAROQUER. — Démarquer. (Vidocq.) — Du vieux mot faroter : marquer. ® DÉTELER. — Renoncer à l'amour. Mot & mot : ne plus s’attacher au char de Vénus. Dérossr. — Misère. (Halbert.)— Motcom- posé du de privatif et de osse, argent. V. Os. DÉTOURNE (VOL A LA). — « Le vol à la dé- tourne se faità l’intérieur des magasins... Il est exercé surtout par les femmes. L'une occupe le marchand, l’autre détourne les coupons. » (M. du Camp.) DÉTOURNER. — boutique. DÉTOURNEUR. — Voleur à la détourne. — « Parmi les détourneurs on distingue : «1° Les grinchisseuses à la mitaine, assez adroites du pied pour saisir et cacher dans de larges pantoufles les dentelles et les bijoux qu’elles font tomber. Leur mitaine est un bas coupé pour laisser aux doigts leur liberté d’ac- tion. - «2° Les enquilleuses, fourrant des objets en- tre leurs cuisses (quilles). « 3° Les avale-tout-cru, cachant les bijoux dans leur bouche. Voler dans l’intérieur d’une « 4° Les aumôniers, jetant le produit de leur vol à de faux mendiants, » ten, ) DETTE (PAYER UNE). — Être en prison. (Halbert.) Mot & mot : payer une doute à la justice. DEUIL (oNGLE EN). — Ongle cerné de crasse noire comme un billet d’enterrement. — « J'aurai l’air d’être en deuil depuis la cra- vate jusqu’aux ongles, inclusivement. » (A. Se- cond.) — « À qui cette main, monstre, ces ongles en demi-deuil ? » (Alhoy, 1841.) DEUIL DE SA BLANCHISSEUSE (PORTER LE). — Être très-sale. — Jeu de mots. (Caillot, 1829.) : D#VEINE. — Malheur constant. V. Vee, Décavage. — « 11 parait que la banque est en déveine. » (About.) Drvrpacn. — Discours long comme le dé- vidage d’un écheveau. Ë DÉVIDAGE A L’ESTORGUE. — Mensonge, acte d’accusation. (Vidocq.) — Ce mot a sa mora- lité. Il nous prouve qu’on tient tonjours à pa- raître honnête. DÉVIDER, DEVIDER SON PELOTON.— Bavar- der, avouer, faire un discours aussi long qu’un peloton de fil à dévider. — « Il a le true pour dévider son peloton, votre ami. » (Vee part- sienne, 1866.) V. Bayafe. D¥VIDEUR, DEVIDEUSE.— Bavard, bavarde. DÉVISSER SON BILLARD, — Mourir. (Co- lombey.) DE visu. — D’après ce qu’on a vu. — Lati- nisme, — « Un des écrivains spirituels de ce temps décrit de visu. » (Privat d’Anglemont.) DÉVORANT, — Compagnon du devoir. Mot à mot : devoirant. — « Je ne suis pas un dévo- rant, je suis un compagnon du devoir de li- berté, un gavot. » (Biéville.) Dravr-DrGvE. — Attaque d’épilepsie.— De dinguer : tomber. V. Camboler. ; DrsonNirr. — Moutardier. (Vidocq.) — Di- jon est la capitale de la moutarde. DIMANCHE. — Jamais. — « Vous serez placé... dimanche. » (Désaugiers.) — C’est-à- dire le jour où ne se fait aucune nomination. DinpE, DINDON. — Niais, niaise, dupe. — «Jne veux pas être le dindon de vos stress » (Vadé, 1788.) V. Gogo. DINDON (MARI). — Mari trompé. ~ DINDONNER, — Duper. — « Je n'ai jamais “été chiche avec les femmes, mais je n'aime pas à être dindonné, » (HE. Sue.) - DINDORNIER. — Infirmier, (Colombey.) : DINER PAR CŒUR.— Ne pas diner. Mot à mot : dîner pour mémoire. “ DINGUER (ENVOYER). — Jeter à terre, et, au figuré, éconduire, — « Panama! tu ne l’as donc pas envoyé dinguer? »(Léon de Neuville.) Dis QUE ÇA (JE NE). — C'est-à-dire : il n’y a pas moyen d’en dire davantage, dans le sens - admiratif, — « Les baronnes, mes sœurs, met- tent leurs coiffures empire chargées de tor- tillons en rubis... je ne vous dis que ça. » ( Vie parisienne, 1866.) DISTANCER. — Dépasser. — — Terme de sport hippique. — « Watteau et Boucher sont dis- tancés, Vous arrivez première au charme des yeux et des cœurs. » (Almanach du Hanneton, 1867.) —« Madame Schontz qui distançait de trois blagues, disait-elle, tout l’esprit de ces dames, » (Balzac.) Dix-Hurr. — « Le fabricant de dix-huit s'appelle le r¢boui... Le dix-huit n’est pas un soulier remonté ou ressemelé, c’est plutôt un soulier redevenu neuf : de là lui vient son nom grotesque dé dix-huit ou deux fois neuf. » (Privat d’Anglemont.) DIXIÈME (PASSER AU). — Devenir fou. — Terme usité parmi les officiers des armes spé- ciales, Frappés du nombre des camarades que leur enlevaient des atteintes d’aliénation men- tale, ils disent : // est passé au dixième (régi- ment), pour montrer combien ils sont décimés par des pertes, sur lesquelles l’étude des sciences exactes n’est pas, dit-on, sans in- au dixième, » ( Vie parisienne, 1867.) DOCTRINAIRE. — « On donne ce nom à une - secte de gens bilieux, mais enchantés d’eux- sonnable que leur propre raison. » (C. Blane, 1844.) Dopo. — Lit. — Redoublement de la pre- miere syllabe de dormir, Doa-Cart. — Voiture de chasse. — Angli- canisme. — « Que le cheval de votre dog-cart soit fourbu, borgne ou tiqueur, peu importe !» (Marx.) fluence. — « L’officier du génie passe souvent mêmes, qui avouent que rien n’est plus rai- garçon. » (De Goncourt.) 8 DOIGT DANS L'ŒIL JUSQU'AU coups (su FOURRER LE). — Se faire de très-grandes illu- sions, — C’est la progression de la même image. — « J’ai l'honneur de te faire remar- quer que tu t'es fourré le doigt dans l’œil jus- qu’au coude. » (L. de Neuville.) — On abrége en disant se fourrer dans l'œil. — « Si madame se fourre dans l’œil qu’on restera chez elle pour six cents francs. Merci ! » ( Vie pars, 1866.) DOIGT DANS L’ŒœIL (fran DE LA SOCIŸTÉ Du), — Compter parmi les nombreux mortels qui conservent quand même certaines Husions : vaniteuses. Domino. — Dent. — Allusion de forme ct de couleur. — Quel jeu de dominos se dit de dents longues et jaunes. — Les jolies petites dents sont des quenottes ou des loulouttes. Dominos (JOUER DES). — Signifie Jumper, (Balzac.) DON JUAN. — Séducteur pourvu des séduc- tions et des vices de Don Juan. V. Centre de gravité, — Pris ironiquement, DONNER (sE LA). — Fuir. (Grandval.) DONNER DANS. — S’abandonner à, croire à. — « La bonne peut avoir des chagrins. V°là c'que c’est que d’donner dans l’militaire. » (Lamiral, 1823.) DONNER DES NOMS D’0ISEAUX. — Roucouler amoureusement. V. Oiseaux. DONNER DU VAGUE, — Chercher fortune. V. Vague, DONNER QUELQU'UN, — Le dénoncer. Mot à mot : le donner à la justice, DONNER UN PONT, — Tendre un piége. V, Couper dans le pont. DONNER UNE AFFAIRE. — Céder a rensei- gnements propres a commettre un vol. DONT AUQUEL, — Auquel rien n’est compa- rable. — « Car moi, je suis un militaire dont, auquel. » (Vadé, 1756.) DORANCHER. — Dorer, (Colombey.) Dos (SCIER LE). — Importuner, V. Seier. — « Moi, ça me scie le dos. » (Rétif, 1782.) DOIGT DANS L'ŒIL (SE FOURRER LE), — | Sabuser, ne pas voir les choses plus que si on ; avait l’œil bouché par un doigt. — « Il s’est un peu-fourré le doigt dans l’œil, do brave Dos (EN AVOIR PLEIN LE) — Être assommé d’ennui. — « Tu sais que j'ai de la maison plein le dos ? » (Désaugiers.) Dos D'AZUR, DOS VERT. — Souteheur. — Allusion au dos du maquereau. V. Mac. — € Je ne suis pas un miché, je suis un dos d'azur. » (L. de Neuville.) — « Deux femmes se battaient pour un dos vert. » (Stamir.) Dose. — Désagrément, emui, dégoût. Mot à mot : forte dose de désagrément. Chaqu’ fois qu’on remet pour moi Des lettr’s ou bien autre chose 11 les garde plus d’un mois : = Comment trouvez-vous la dose ? (L. Meidy.) * DOSSIERE DE SATTE. — Chaise. — On s’y et adosse. . DOSSIÈRE, DAUSSIÈRE. — Prostituée de dernier ordre, Mot à mot : femme se mettant > sur le dos. V. Calége. = DoUBLAGE, DOUBLÉ. — Vol. DOUBLE. — Sergent-major, maréchal des logis chef. — L’insigne est un double galon. Si son double, un soir, Pris d'humeur noire, Veut tempéter... Il n’a pas le dernier. (Wado.) a. DOUBLER. — Voler. DOUBLER UN CAP. — «C’est faire un détour, soit pour ne pas passer devant un créancier, soit pour éviter l’endroit où il peut être ren- contré. » (Balzac.) DOUBLETTE, DOUBLEUR, DOUBLEUX, DOU- BLEUSE. — Voleur, voleuse. — « Tous les doubleurs de la riche toison. » (Grandval.) DousuIN. — Pièce de dix centimes. (Hal- . bert.) Mot & mot : double sou. DOUBLURE. — Acteur chargé d’en suppléer un autre. — « Chaque chef d’emploi avait jadis sa doublure dans les théâtres de Paris. » (J. Duflot.) Douce. — Soie. — Elle est douce au tou- cher. DoucE (A LA). — Doucement. — « Com- ment qu’ça va, vous, à ce matin? — Mais, merci, à la douce. » (H. Monnier.) DOUCE (LA PASSER, LA COULER). — Passer doucement la vie, sans souci ni travail. — « Mais les viveurs continuèrent à la passer douce. » (James Rousseau, 1842.) —10- DRO | PS DoucrrTE. — Lime. (Vidocq.) — Elle opère petit à petit, tout doucettement. DOUCEUR (FAIRE EN). — Les voleurs em- . ploient ce terme par opposition à celui de faire à la dure, c’est-à-dire voler avec voies de fait. On fait boire l'homme qu’on lève en douceur. DovrrLARD. — Homme riche ayant de la douille. — « Oh ! oh ! fit-il, un publie ficelé ! rien que des hommes et des douillards. » (De Pène.) DOUILLE. — Argent. — «Il y a de la douille à grinchir. » (Paillet.) — « Cette douille est destinée à mon bottier qui me refuse des soc- ques. » (Paris étudiant, 1854.) DovrrLE. — Cheveux. (Grandval.) — Du vieux mot doëlle : mou. DOUILLES SAVONNÉS. — Cheveux blancs. DOUILLER. — Donner de l’argent. DOUILLET, DOUILLETTE. — Crin. (Vidocq.) DOUILLURE. — Chevelure. DOULEUR (ÉTRANGLER LA), — Boire un verre d’eau-de-vie. — « Les habitués viennent, au débit, étrangler la douleur du matin. » ( Vie parisienne, 1865.) Doussz. — Fièvre. (Halbert.) Doussix. — Plomb. (Idem.) DoussINER. — Plomber. (Idem.) DOUX (UN VERRE DE). — « Un verre de liqueur sucrée, par opposition à un verre de liqueur forte ou de rude. » (Dhautel, 1808.) V. Tournée. Dracér. — Balle. — Allusion de forme. — « Nous entendons dire, mon camarade, que tu ne quittes pas 'ennemi, et que tu leur envoies des dragées à plein canon. » (Marceau, Lettre à Westermann, 1792.) DRrAGUEUR. — Banquiste, faiseur. (Vidoeq.) Pour drogueur. DriNaUE. — Diarrhée. DRroGUE. — Mauvaise femme. — Extension du terme drogue (c'est de la drogue), appliqué souvent aux choses de mauvaise qualité. — Plus mauvaise encore, la drogue devient un poison. V. ce mot. V. Sterling. DROGUE (PETITE). — Coureuse. — De dro- guer : attendre. — « Maintenant, allons diner chez les petites drogues. » (Champfleury.) DROGUER. — Attendre en se promenant. À à = = de SL a CA LI TI RARES RTE NERES pn = Métaphore empruntée au jeu de la drogue, — « Vous droguez nuit et jour autour de sa maison. » (G. Sand.) — « Il m’a fait droguer plus d’une heure dans la rue. » (Dhautel, 1808.) DroGUER. — Dire. V. Girofle. DROGUERIE. — Demande. (Colombey.) DROGUEUR DE LA HAUTE. — Escroc à lan- gue dorée et sachant droguer aux dupesce qu’il faut pour les dépouiller. = Dictionn, de l’argot parisien, DRO — 121 — DRO Drorre. — Parti législatif aristocratique. — Ainsi nommé parce qu’il occupe les bancs de l’extrême droite dans nos assemblées parle- mentaires. V. Gauche. DROLE (PAS). — Ennuyeux, pas amusant. — « Tu sais aussi bien que moi que tu n’es pas drôle. Qu’y veux-tu faire, on vient au monde comme cela. » (G. Droz.) — « Et puis, ils ne sont pasdroles, ces pelerins-la.» (Villars.) DROLE (PAS), — Très-malheureux. — Ex- Livr. 16, À Re pression singulière, dont le peuple de Paris connaît seul la valeur saisissante. Si quelqu'un est victime d’un accident, on le plaint par ces mots : « Pauvre homme ! ça n’est pas drôle ! » — Un homme sans ressources dira: « Je ne sais si je mangerai ce soir, et ça n’est pas drole. » — « Et ça vous fiche des coups... — Ça c’est peu drôle. » (Gavarni.) “ DROMADAIRE. — Variante de chameau. V. ce mot. — « Viens! nous verrons danser les jeunes dromadaires. » (Gavarni.) DrouILLASSE. — Diarrhée. DuULCINÉE. — « Une mijaurée qui s’en fait accroire fait la Dulcinée du Toboso. — Dul- cinée veut dire aussi une femme galante, une donzelle. » (Dhautel, 1808.) Dur, DURIN. — Fer. (Vidocq.) EAU D’AF, D’AFF, D’AFFE. — Eau-de-vie. — « As-tu bu l’eau d’afà c’matin? T’as lair tout drôle, est-ce que t’es malade, ma mère? » (Ca- téchisme potssard, 1844.) V. Aff, Paf. EAUX BASSES. — Manque d'argent. On dit de même : étre à la côte, ete. — « Cette déli- cieuse noce dura au moins trois jours jusqu’à ce qu’enfin les eaux soient devenues tellement ‘basses qu’il faille retourner à ce maudit ate- lier. » (Moisand.) ÉCAFOUILLER. — Ecraser en projetant les débris. ÉCARBOUILLER (8’). — Se retirer vivement. — « Je m’envole... Et moi, je m’écarbouille. » (Michu.) : ÉCARTER, ÉCARTER DU FUSIL. — Crachoter | invelontairement au nez de son interlocuteur. ’ Dur. — Eau-de-vie. — C’est un liquide dur au gosier. — « Pour faire place aux petits verres de dur. » (T. Gautier.) DURAILLE, DURE. — Pierre. (Colombey.) DURAILLES. — Diamants. (Halbert.) Dur A cuIRE. — Homme solide, sévère,ne — mollissant pas. (Dhautel.) — « En voilà un qui ne plaisante pas, en voilà un de dur à cuire. » (L. Reybaud.) DUR A LA DÉTENTH. — Avare. Mot à mot : homme qui n’allonge pas volontiers son argent. DUR (ÊTRE DANS SON). — « Travailler avec grande assiduité. Terme de typographes. » (J. Ladimir.) DURE (LA). — Terre. (Grandval.) Durème. — Fromage. (Vidocq.) DURINER. — Ferrer. (Halbert.) x EE Ecce HOMO. — Homme dont l’extérieur macéré rappelle un christ. — « Humilité in- carnée, espèce d’ecce homo. » (J. David.) — ÉcHALAS. — Jambe maigre commeunécha- las, — € Joue des guibolles, prendstes échalas à ton cou. » (Montépin.) Écxassrs. — Jambes maigres et longues comme des échasses. ÉCHASSIER. — Hommes à longues jambes. ÉcHINER. — Critiquer violemment. —« On y prenait solennellement l’engagement d’éche- ner tel ou tel individu. Il n’y avait de bonne littérature que celle qui n’avait pas été souillée par les règles de Boileau. » (Privat d’Angle- mont. ) ÉcnoTrer. — Rédacteur chargé des Æchos de Paris dans un journal. — « Le mot n’a pas =~ EYES EFF pa “été dit, mais je connais des échotiers qui l’af- firmaient. » (Chabrillat.) ÉCLAIRER. — Montrer son argent. Mot à mot : le faire luire (eclairer). — « C’est pas tout ça, i’ faut éclairer. C’est six francs. » (Monselet.) — « Ne passez jamais la main (au baccarat) et priez les femmes d’éclairer leurs bancos. » (Marx.) ÉcorcHER. — Faire payer trop cher. ÉCORNAGE (VOL A L’).— € On vient d’arré- ter, dit le Moniteur, un individu qui avait res- suscité le vol à l’écornage. À l’aide d’un dia- mant de vitrier, Julien NS... pratiquait une ouverture dans l’angle inférieur d’une vitre de magasin. Passant par cette ouverture une pe- tite tringle, il attirait une pièce de dentelle. » (Mars, 1866.) Écorné. — Inculpé. (Vidocq,.) Écorner. — Injurier. — « Entends-tu, vieux camphrier, avec ta voix enrhumée, t'as l’air de nous écorner. » (Catéchisme poissard, | 1844.) EcorNEUR. — Ministère public. ÉcossAIS (EN), — Sans pantalon. — Les Écossais ont les jambes nues. Hospitalité écossaise : hospitalité gratuite. —Usité depuis les représentations de la Dame blanche. ÉCRASER UN GRAIN. — Boire la goutte. Nous croyons cependant cette expression plus applicable à l’alcool, dans lequel on conserve quelques grains de verjus. ÉCREVISSE DANS LA TOURTE (AVOIR UNE) OU DANS LE VOL AU VENT. — Déraisonner. V. Vol au vent, ÉcunE—Étain. (Vidocq.) — L’étain en fu- sion ressemble à l’écume. Écumoire. — Visage troué, comme une écumoire, par la petite vérole. EcurEvIL. — « Leur métier consiste à faire mouvoir les roues des tourneurs et des méca- niciens pour 35 à 40 centimes l’heure. » (Œ. d’Hervilly.) : ÉDREDON DE TROIS PIEDS. — Paille. — Iro- nie, —-« Coucher dans un garni au dortoir, sur l’édredon de trois pieds (c’est ainsi qu’on nomme la paille), 10 centimes. » (Privat d’An- glemont.) EFFAROUCHER. — Voler, — Jeu de mots. ‘ » — Effaroucher, c’est faire disparaître. — «€ Qu’est-ce qu’a effarouché ma veste? » (H. Monnier, 1836.) Écayer. — Siffler au théâtre. (J. Duflot.) ÉGRAILLER. — Prendre. (Grandval.) EJUSDEM FARINÆ,. — Du même genre. Mot à mot : de même farine. — Latinisme. — « Comment se fait-il qu’onait supprimé le Æu- dical plutôt qu’une autre feuille. ejusdem fa- rine? » (Paris-Journal, juillet 1872.) Erprvr. — Habit de drap d’Elbeuf.— « Si l’étoile du mérite n’orne pas mon elbeuf usé, » (Festeau.) EMBALLER. — Arrêter, écrouer. — « Tu vas nous suivre à la Préfecture. Je t’emballe. » “(Chenu.) : EMBALLER. — On dit d’un cheval emporté qu’il emballe son cavalier, sans doute parce que celui-ci est réduit au rôle passif d’un simple ballot. V. La-bas. : Se prend aussi au figuré pour dépeindre un emportement quelconque. — « Cet homme s’emballait,c’est-à-dire qu’affolé par lamusique, ilexécutaitune fantasia impossible à décrire. » (Figaro, août 1867.) EMBALLER. — Finir lestement. — « Quant à la baronne Dudevant, ce fut bien lestement emballé, comme nous disions au quartier La- tin. » (G. Sand.) EMBALLES, EMBARRAS (FAIRE SES).— Faire beaucoup d’étalage pour peu de chose. » (Dhau- tel.) V. Epate. : EMBALUCHONNER. — Empaqueter. (Hal- bert.) V. Baluchon. EMBARDBR. — Se tromper. — Terme de marine. EMBARRAS.— Draps de lit. (Halbert.) EMBERQUINÉ. — Fadement moral. Mot à mot : aussi fade qu’un roman de Berquin. — « Cela flatte les instincts du bourgeois ember- quiné et les prétentions du philistin à la poé- sie élégiaque. » (Th. Silvestre.) EMBLÈME. — Mensonge, conte fait à plai- - sir, — Ironie à l’adresse de l’allégorie mytho- logique ou morale dont le peuple ne peut comprendre les finesses.—«Todore me répond : Je suis malade. — Des emblèmes ! » (Monse- let.) , — Ironie. EMP EmBLÉMrr. — Tromper. (Vidocq.) EMBROUILLE (NI VU, NI CONNU! JE T). — Locution placée à la fin d’un récit pour pein- dre la rapidité d’un acte et la difficulté de l’expliquer. (Dhautel.) Émfcué. — Ivre. — Comparaison de l’i- vrogne à la mèche ravivée d’une chandelle. — « Quand je rentre un peu éméché après mi- nuit, elle me dit : La cruche est dans le coin. Éteins-toi. » (Monselet.) EMM—DEMENT. —- Peine, ennui violent. — « Le président : Dans ce moment où la justice vous atteint, qu’éprouvez-vous? — C'outau- dier ; De l'emm—dement. » ( Dernier jour d'un condamné.) EMM—DER, EMMIELLER. — Figurément et d’une manière ignoble pour attraper, ennuyer, obséder, injurier. (Dhautel, 1808.) Emmieller a le même sens, et n’est qu’un synonyme honteux (il y a de quoi) de cette ordure. ; Nous répèterons de cette injure ce que nous disons d’une autre. (Voyez M.) Son usage est universel et déplorable. Beaucoup d’hommes qui n’appartiennent pas tous au dernier rang de la société, ont ce mot à la bouche conti- nuellement. Une caricature de 1830 fait rencontrer le dey d’Alger par Charles X qui lui dit :—« Qui aurait jamais pensé que nous nous retrouve- rions en mer, dey ? » — « J’em—de la cour, je respecte messieurs les jurés. » (Dernier jour d'un condamné.) M'emmiell’ra Qui voudra! Moi, j’ n° m’emmielle guère. (Valère.) Émoss. — Émotion. — Abréviation. ÉMOTIONNER. — Émouvoir, causer de l’é- motion. EMPAFFE, EMPAVE. — Tin de lit. (Grand- val.) EMPAFFER. — Énivrer, rendre paf. V. ce mot. EmparLuÉ. — Homme sans initiative, sans activité, ne se remuant pas plus que s’il était empaillé. V. Décarcasser. EmPavÉ. — Carrefour, (Halbert.) Emprre. — Suranné, de mauvais goût. — | = 124 —> EMU Allusion aux formes raides du premier em- pire. V. Perruque. EMPLANQUER.— Arriver — « La rousse em- planque. » (Halbert.) EMPLATRE. — Homme sans consistance, sans activité. EMPLATRE. — Empreinte. (Vidocq.) — Al- lusion à la couche de cire molle sur laquelle est prise l’empreinte. EMPOIGNER. — Critiquer, invectiver. — « Attends donc à demain, mon cher, tu verras comment Lucien t’a empoigné. » (Brine) V. Danser. EMPOIGNER. — Séduire, émouvoir, — « Me parlerez-vous de la fille aux yeux bleus ? Il paraît que vous avez été solidement em- poigné. » (About.) — « Cette musique du maestro Gerolt est empoignante, c’est le mot. » (J. Chamarande.) EMPOIVRER (8°). — S’enivrer. Mot a mot : s’empourprer, devenir poivre. V. ce mot. EMPORTER. — Escroquer. V. Bachotteur. EMPORTER LA PIECE, LE MORCEAU.— Bles- ser en paroles. V. Morceau. EMPORTEUR A LA COTELETTE. — Grec exer- cant son art dans les cafés et dans les restau- rants, à la suite d’un déjeuner offert à sa dupe. (Vidocq.) — I emporte l’argent de son invité à la côtelette, comme des troupiers emportent à la baïonnette une position. EMPORTEURS. — « Malfaiteurs qui, sous prétexte de payer leurs achats à domicile, font emporter leurs acquisitions par des commis de magasin. Le grand point, c’est de séparer le commis de sa marchandise. Tantôt on le ren- voie au magasin pour faire rectifier un prix de da facture, tantôt on le fait entrer par une porte dans un hôtel garni, et l’on en ressort par une autre. » (A. Monnier.) EMPOUSTEUR. — Escroc faisant métier de vendre à des détaillants de mauvais produits dont le premier dépôt a été, pour les allécher, acheté par des compères. (Vidocq,.) Buu, LÉGÈREMENT ÉMU. — Troublé par les fumées du vin. V. Paff. — Le buveur ému est sur le point de sattendrir. — « Tu me crois ému, vieux... Allonc donc! je Doirais dix fois autant. » (Frémy.) — « Girard et Maret-Bois- trop‘rentrèrent au quartier légèrement ji EMPALER— Duper, — Synonyme d'enfiler. 1 de dd a — 125 — ENS et on ne put les réveiller à l’appel du soir. » (Vidal, 1833.) : ENCARRADE. — Entrée. (Vidocq.) ENCARRER. — Entrer. V. Décarer. ENCHETIBER. — Arrêter. (Stamir, 1867.) ENCIBLE. — Ensemble. (Colombey.)—Chan- gement de la syllabe intermédiaire. ENDÉCHER. — Ruiner. — « Je m’endèche - de plus en plus; je viens de mettre au clou la robe de soie. » (H. de Lynol.) ENDORMEUR. — Voleur dévalisant ses vic- times après leur avoir versé un narcotique. V. Romamichel, ENDORMEUR. — Homme ennuyeux. ENDORMI. — Juge. (Fr. Michel.) — Allu- sion au juge qui dort à l’audience. ENporMIR.— Tuer. (Colombey.)— La mort s'appelle dans la langue noble le sommeil éternel, ENDROGUER. — Chercher un coup à faire. (Halbert.) ENFANT DE CHŒUR. — Pain de sucre. (Vi- docq.) — Allusion a sa petite taille et à sa robe blanche. ENFANT DE GIBERNE. — Enfant de troupe. ENFANT DE MAITRE JACQUES. — Membre d’une des trois grandes fractions du compa- gnonnage. (Vinçard.) ENFANT DE SALOMON. — (Idem.) ENFANT DU PERE SoUBISE.— (Idem.) ENFILADE. — Série de pertes. — « Ils croient que la veine est revenue, mais ils ont une, enfilade désespérante. » (Paillet.) ENFILER (s’), — Se laisser aller a jouer gros et perdre. (Dhautel, 1808.) ENFILER (87). — Dépenser. — « Je m’en- file de douze sous. » (Monselet.) ENFLACQUÉ. — Emprisonné, condamné, perdu. (Vidocq, Halbert.) — Du vieux mot flacquer : lancer violemment. — « C’est donner tout son argent à l’homme enflacqué. » (Balzac.) ENFLÉE. — Vessie. (Vidocq.) - ENFONCER, — Dominer, écracer. — « Vous n’êtes pas de force au piety ; je vous enfonce. » (Gavarni.) ENFONCER. — Duper. — « Il m’apprenait la vie qu’il fallait mener pour ne pas être en- foncé. » (E. Sue.) ENFONCER. — « Lorsqu’on réussit à perdre un journal à force de le décrier, ou un théâtre à force de blames, cela s’appelle enfoncer la feuille rivale ou le théâtre ennemi. » (Biogra- phie des Journalistes, 1826.) ENFONCEUR. — Agent d’affaires, faiseur. (Vidocq.) . ENFONCEUR. — Critique violent. ENFOURAILLER. — Arrêter. Mot à mot : fourrer dedans. — « Va-t’en dire à ma largue que je suis enfouraillé. » (Vidoed.) ENFRIMER.—Dévisager. (Vidocq.) V. Frime. ENGAMÉ. — Enragé. V. Happin. ENGANTER.— Voler, prendre, capter. C’est un équivalent d’empoigner. Le gant est pris pour la main. V. Chêne, — «Ce jeune homme modèle était méprisé par la demoiselle de comp- toir qui, pendant longtemps, avait espéré l’en- ganter. » (Balzac.) ENGERBER. — Arrêter, — « La police pré- venue engerbe les filous. » (Stamir, 1867.) ENGRAILLER , ÉGRAILLER , ÉRAILLER. — Attraper, prendre. (Halbert.) V. Raille. ENGUEULEMENT. — Bordée d’injures. — «'Vadé est 1e Démosthènes de l’engueulement. » (Catéchisme poissard, 1844.) ENGUEULER. — Invectiver. — « Et puis j’ vous engueule la vilaine. » (Rétif, 1783.) ENGUIRLANDER. — Circonvenir doucement, V. Trychine. ENLEVÉ. — Réussi, très-entraînant. — On dit : un article enlevé, au journal ; une scène enlevée, au théâtre. — Une œuvre s’enlève à la plume comme une position ennemie à la baïon- nette.—« Un article vivant et enlevé, » ( J. Ler- mina.) ENLEVEE.— Correction, réprimande, ENLEVER (s’). — Mourir de faim. (Halbert. ) — Ce mot expressif peint l’homme n 70m plus rien dans le corps. ENQUILLER. — Cacher entre ses jambes un objet volé. V. Détourneur, ENQUILLER. — Entrer. Mot à mot : jouer des quilles dans. — Ancien mot, car Du Cange donne déquiller : sortir. V. Baptême. ENSECRÉTER. — Agencer une marionnette. Mot à mot: lui donner le secret du mouve- ment. — € Ansecréter un bouisbouis consiste à lui attacher tous les fils qui doivent servir à -- 126 — le faire mouvoir sur le théâtre. » (Privat d’An- glemont.) ENRHUMER. — Ennuyer. (Halbert.) ENROSSER. — Donner une rosse pour un bon cheval. — « Des maquignons des Champs- Élysées les ont enrossés, » (Roqueplan.) ENTAILLER. — Tuer avec une arme tran chante. (Halbert.) ENTAULER, ENTOLER. — Pénétrer dans une maison. V. Zaule. ENTERVER, ENTRAVER.—Savoir.— Du vieux mot entrever : entrevoir. — « Électre le par- lait, dit-on (l’argot). Iphigénie aussi l’entra- vait gourdement. » (Grandval, 1723.) ENTIFFLE, ENTIFLEMENT, ENTIFLER. V. An- tifle, antifler, ete. ENTONNE. — Chapelle. (Halbert.) V. An- tonne, ENTORTILLER. — Circonvenir, capter. ENTOURNURES (ÊTRE GENE AUX). — Bre dans une situation aussi génante que si l'on portait un habit trop étroit d’entournures. Ex-Tour-Cas. — Ombrelle-parapluie. — « I’ingénue va les deux mains dans les poches de son paletot, l’en-tout-cas accroché à un bouton. » (E. Villars, 1866.) ENTRAINER. — Soumettre à un régime d’a- maigrissement. — « Il y a des gens entraînés, c’est-à-dire soumis à un régime d’exercice et d'aliments qui débarrasse leur chair de toutes les matières graisseuses. » (A. de Bréhat.) Entrainer un cheval, « c’est l’animer et l’eni- vrer graduellement par la course et par des obstacles légers d’abord, dont le plus grand est le dernier. » (A. Karr.) ENTRAINEUR. — Cavalier faisant métier d’entraîner les chevaux, — « Les entraîneurs sont presque tous Anglais. » (Paz.) — Entrai- neur n’a pas tardé à se prendre au figuré. — «Vienne un homme fatal, sachant s’imposer à cette plèbe, et lui servir d'entraîneur, on sera épouvanté des résultats. » (J. de Précy.) ENTRAVAGE. — Conception. (Colombey.) Y. E'nterver. ENTREFILETS. — Note de journal insérée entre deux filets. — «Je lis dans le dernier numéro de la Æue cet entrefilet étonnant. » (V. Noir.) ENTROLLEMENT. — Vol. V. Dabe, ENTROLLER. — Emporter. V. Antroller, ENVOYER EN PARADIS. — Tuer, —« Que j’ t’y “prenne à me faire des queues, j’ t’envoie en paradis. » (H. Monnier.) ÉPATE.— Grand étalage.— «Tu fais tes épa- tes avec ta pelure de velours de coton.» (Les Cocottes, 1864.) — «Ces jeunes troupiers font de l’épate, des embarras si vous aimez mieux.» (Noriac.) ÉPATEMENT. — Stupéfaction. — « Tout était nouveau pour moi. J'étais dans l'épatement. » (Commentaires de Loriot.) : ÉPATER. — Stupéfier, émerveiller. — «Il nous regarda d’une façon triomphante, et il dit : « Je les ai épatés, les bourgeois. » (Privat d’Anglemont.) — « Elle porte toujours des robes d’une coupe épatante. » (Les Étudiants, 1860.) ÉPATEUR. — Faiseur d’embarras. Erick, — Porté à un prix exagéré. V. Æpt- cier (cher). ÉPrIcEr. — Railler, (Vidocq.) ÉPICERIE, — Mesquinerie, — « L’épiceriedu | siècle avait enfin rompu le cercle magique d’excentricité dont Rodolphe s'était entouré. » (Th. Gautier, 1838.) EpIcE-VINETTE, — Epicier. (Colombey.) ÉPICIER. — « Les romantiques n’avaient de commun que leur haine des bourgeois qu’ils appelèrent génériquement épiciers (1830). La société ne se divisa plus à leurs yeux qu’en bourgeois et en artistes, — les épiciers et les hommes, » (Pr. d’Anglemont.) ÉPICIER (CHER) — Homme qui se fait payer trés-cher.— Allusion aux anciens frais de jus- tice dits épices, encore plus considérables qu’aujourd’hui. ÉroncEe. — Maîtresse. — C’est épouse avec changement de finale. EroNGE D'OR. — Avoué. — Comme une éponge il absorbe l’argent des plaideurs. |- ÉprNarD. — Peint en vert cru dit vert épi- nard. — « Le mercier amateur de jolis paysa- ges épinard. » (Daumier.) : ÉPOUSER LA FOUCANDIÈRE, — Jeter le pro- duit du vol de peur d’être arrêté. (Grandval.) ÉPouUx, ÉPOUSE. — Amant, maîtresse. — « Vous pouvez amener vos épouses, il y aura noces et festins; nous avons Adèle ale mademoiselle Millot, ma maitresse, » (Balzac.) V. Monsieur. . ÉQUERRE (FENDRE SON.) — Tol - - ÉQUIANGLE, ÉQUILATÉRAL, ÉQUIPOLLENT — Indifférent, égal.— Ce synonyme géométrique n’est usité que dans les écoles spéciales. ÉRAILLER. — Tuer. (Grandval.) — Accep- tion ironique du mot qui se dit d’ordinaire pour écorcher légèrement. ÉRAILLER. — Prendre. V. Fngrailler. ÉREINTEMENT. — Critique excessive. ÉrkrvTer. — Maltraiter. — « Tu pourras parler des actrices. tu érèinteras la petite Noémie. » (E. Augier.) — « Donc le livre de Charles fut éreinté à peu près sur toute la li- gne. » (De Goncourt.) ERrEINTEUR. — Critique violent. — « Jeme l’étais figuré, d’après sa polémique violente, comme un robuste éreinteur. » (Ævénement, mars 1866.) Bs. — Escroc. (Halbert.) V. Croc. Espasmr. — Tuer. (F. Michel.) ESBIGNER (8). — S’enfuir. V. Casser. EsBROUFFE. — Fanfaronnades, étalage de grands airs. — « Pas d’esbrouffe ou je repasse du tabac. » (P. Borel, 1833.) — « Faut pas faire ton esbrouffe, vois-tu! ça ne prendrait pas. » (Cogniard, 1831.) V. Caroubleur. ESBROUFFER. — Intimider, en imposer. — Du vieux mot esbouffer : éclabousser. — Le (Glossaire de Ducange cite un exemple de cette acception à la date de 1389. — « Allons, mou- che-lui le quinquet, ça l’esbrouffera. » (Th.Gau- tier.) EsCANER. — Oter. (Halbert.) ESCARCHER. — Regarder. — Pour escracher, EsCAPER, ESCAPOUCHER. — Assassiner. Escarcor. — Vagabond. (Colombey.) — Il porte, comme l’escargot, sa maison sur le dos puisqu’il n’a pas d’asile. ESCARPE, EscCAPOUCHON. — « Voleur dé- tournant après minuit sur la voie publique, par violence et quelquefois par assassinat. » (Can- ler.) ESCARPER. — Assassiner. — Du vieux mot escharper : mutiler. — « Mais tu veux donc que je t’escarpe. » (E. Sue.) V. Criblage. = Escaver. — Empécher. (Halbert.) Abréviation. | 7 EscLAVE. — Domestique, garçon de restau- rant. — Cette ironie nous est venue avec Ra- chel et la renaissance de la tragédie.— « Faut- il annoncer mademoiselle Turlurette ? — Pas - de bétises, esclave ! annonce mademoiselle de Plumevert. » (C. Gripp.) ; Escror. — Sabot. (Halbert.) Vieux mot. EsCLOTIER. — Sabotier. EscoBAR. — Homme qui escobarde. — Al- lusion à la subtilité dont le P. Escobar a fait preuve dans ses livres de casuistique reli- gieuse. EscoBArRDER. — Equivoquer sur les mots, régir cauteleusement. — Allusion au jésuite Escobar. — « J’en donne sept francs dix centimes. — Mais j'ai dit avant vous sept francs deux sous. C'est la méme chose... Vous voulez escobarder, » (M. Alhoy.) EscorrER. — Tuer. — Usité dès 1808, — Escofion voulait dire autrefois mauvais coup. — « Trois sentinelles ont déjà été esco- fiées. » (Cogniard, 1831.) - EscouTEs. — Oreilles. (Grandval.) — Effet pris pour la cause. EsCRACHE. — Passeport, papiers. — C’est le vieux mot escrit avec changement de finale. — «€ Le curieux a servi ma bille, mais j'ai ba- lancé mes escraches. » (Vidocq.) ESCRACHE TARTE. — Faux passeport. ESCRACHER. Demander le passeport (escrache), interroger. En passant, le portier vous escrache ; J'étais fargué, mais l’habit cachait tout. Le jardinant, je frisais ma moustache ; Un peu d’ toupet et je passe partout. (Halbert.) ESsGANACER. — Rire. (Halbert.) ESGARD (FAIRE L’). — Dérober à ses com- plices une part de vol. (Vidocq.) Mot à mot : garder en dehors (exgarder). Escour. — Perdu. (Halbert.) EsGOURNE. — Oreille. — Abréviation d’es- gouverne, Pègres traqueurs, qui voulez tous du fade, Prêtez l’esgourne à mon dur boniment. (Lacenaire, Mémoires, 1836.) Hssouvanan. Oreille. (Petit Dictionnaire d'argot, 1844.) EsPAGNOL. — Vermine. (Colombey.) Elle ne manque pas en Espagne. 7 EST — 12 ro = EsPALIER. — Réunion de figurantes char- gées de garnir un décor comme un espalier garnit un mur. — On rencontre déjà le mot au dernier siècle. — « Les petites filles qui se destinent à être danseuses et qui figurent dans les espaliers. » (Th. Gautier.) V. Bouisbouis. ESPÉRANCES (AVOIR DES). — Avoir des es- pérances d’héritages importants. — Mot igno- ble dont toute personne qui se respecte ne de- vrait jamais se servir. ESPIGNER (S’). — Fuir. (Grandval.) Pour s’esbigner. ESPRIT (FRAPPEUR).— Ce mot sert, depuis 1857 environ, à désigner la cause de certains coups qu’on prétend frappés par des esprits in- visibles et qu’on s’est imaginé de traduire en langue vulgaire au moyen d’un alphabet de convention. Les esprits frappeurs ont leurs so- ciétés, dites spirites, leurs journaux et leurs souscripteurs. ESQUE (FAIRE 1°). — Dérober une part. — Abréviation d’esgard. EsqUINTEMENT. — Fatigue extrême. EsqUINTEMENT. — Effraction. — « Cam- briolle tu maquilleras par carouble et esquin- tement. » (Vidocq.) ESQUINTER. — Fracturer. — Roquefort donne avec le même sens le verbe L'squatir. EsquinTER. — Battre. — « Ceux qui veu- lent se faire esquinter peuvent venir me trou- ver, je m'appelle Bonne-Lame. » ( Vidal, 1833.) EsqUINTER. — Harasser.—« Que dirais-tu, si au lieu d’avoir le fouet à la main, tu étais obligé de t’esquinter comme nous à la limo- nière ? » (Buchon.) EsquINTEUR. — Voleur par effraction. ESsUYER LES PLATRES. — Habiter le pre- mier un appartement neuf. — « Ces locataires des bâtisses récentes reçurent dans l’origine le surnom disgracieux, mais énergique, d’es- suyeuses de plâtres, L'appartement assaini, on donnait congé à la pauvre créature, qui peut- être y avait échangé sa fraîcheur contre des fraicheurs. » (Th. Gautier, 1845.) EsTrAroN. — Chapon. (Grandval.) Esrro. — Esprit. (Halbert.) Pour estoc. EsTIME (succès D’), — Succès douteux et qui serait plus douteux encore sans l’estime dont jouit un auteur ou un artiste. — « Jus- ‘sont la marque de chaque grade. que-là je n’avais obtenu qu’un succès d’estime. mon grand succès commença. » (Vie pari- sienne, 1866.) : : Esroc. — Esprit, malice. — Acception figu- rée de estoc, pointe acérée. — On dit d’un homme spirituel : 7/ à de l’estoc, Esrom. — Estomac. — Abréviation.— « Je lui appuie le genou sur l’estom. » (Monselet.) EsTorGUE. — Fausseté. — Chasses à les- torgue : Yeux louches. (Vidocq.) Du vieux mot estor : duel, conflit. — Des yeux lou- ches, comme on dit dans le peuple, se battent en duel. V. Dévider. EsTOUFFER. — Empocher sans bruit un bé- néfice. — Le mot se comprend facilement. EsTOURBIR. — Tuer. — Pour étourdir. Ba- sourdir présente la même image. — « En gou- pinant de cette sorte, les parrains seront es- tourbis; il sera donc impossible de jamais être marrons. » (Vidocq.) ESTRANGOUILLER. — Étrangler. — Du la- tin strangulare. Erar-Magor. V. Bureau arabe. EsruquE. — Part de vol. (Colombey.) Esruquer. — Être frappé. (Grandval.) ÉTALAGE (vou A 1°). — « Le vol à l’étalage se fait en partie double. Un voleur enlève un objet et se sauve. Son complice dit au mar- chand : On vient de vous voler, et vole à son tour quand le boutiquier se met à la poursuite du voleur. » (Du Camp.) ÉTEIGNorr. — Nez aussi ouvert qu’un étei- gnoir. — « Quel nez ! Rien que de l’aperce- voir, on dit : Quel éteignoir ! » (Guinod, 1839.) V. Piton. ÉTRIGNOIR. — Personne assez maussade pour éteindre la gaieté de ses voisins, ou assez jalouse pour annihiler ceux qui l’approchent. Errore. — Croix d’honneur. — « Ceux qui n’ont pas l’étoile disent : Bon ! je l'aurai une autre fois. » (E. Sue.) ÉTOILES (AVOIR LES DEUX, LES TROIS). — Être nommé général de brigade, général de division. — Ces étoiles placées sur l’épaulette ÉrorLz. — Femme réputée dans le monde officiel, le monde galant ou le monde drama- tique. — « Quand, au sommet de l'affiche, un nom apparaît en gros caractères, c'est n (f ETO 129 TR | | | = | § LE CHEVALIER DU CROCHEI | i A i HN li aa 0 oy | al hh! ii Hi Hl | J IN N | 0 i i HR fit | i ikl Hi | Bi | HN | | ; ile | iii I 8 Hd hi va | if il pn LITT Ail | Ie i se | Ih 8 [INI ; | i Lag LA | | I A ; a | ah lus ly i 0 | | M | = ALLIE | i | lil 1 N SES - - | | étoile, On appelait jadis cette distinction la ETOUFFER. — Avaler. V. Bavaroise. vedette, espèce de sentinelle avancée de l’art : | ETOURDIR. — Solliciter. (Colombey.) mais les femmes ont préféré l’étoile, C’est plus FTRANGÈRE (PIQUER L’). — Penser à des brillant. » (J. Duflot.) — « T1 est temps dé é- | choses étrangères à celles qui doivent ocen- oo) ra clairer sur le passé de ces étoiles poudrées de riz, qui ont la loge du concierge pour berceau.» (Marx.) ÉToUFFE, ÉToUFrorr. — Maison de clandestine. (Colombey.) V. Estouffer. jeu Dictionve de l'argat parisien, per.—« Il en est qui ne 5e font point scrupule de piquer l'étrangère, bouquiner, piquer un chien, c’est-à-dire rêver pendant les classes, lire des livres interlopes ou se pelotonner dans un coin pour dormir. » (La Bédollière.)- — ÉTRANGER, — Boire. v. Perropuet — « Te vlà toi, rebut des savetiers, étrangleux e d’mi-s'tiers. » (Fort en gueule, 1820, in-12.) = Êrre (L’). — Être trompé par sa maîtresse ou par sa femme. — « C'est notre sort... C’en est fait... je le suis. » (De Perthes, 1836.) V. : Pincé. 2 ‘encore, m'a-t-elle dit en riant, » (Rétif 1786, ~~ Erre Aveo, — Être maîtresse ou amant. — « Être avec un Anglais, c'était pour les femmes 3 - une fortune, » (Villemot.) Bre (BN), — Être de la police secrète. — «Il n’est “pas assez malin pour en être, » Bains ») 2 Bre (BN). — « Ménage, dans ses Origines, avait commencé sa dissertation sur le mot - Bougre par ces mots : Bougre ; Je suis de l'a- - vis,etec—« Ah ! lui dit Bantru en se moquant, ; « vous en êtes donc aussi et vous l'imprimez, « Tenez ! il y a bien moulé : Bougre je suis. » (T. des Réaux,)— On dit encore, comme Bau- - tru, et dans le même sens : // en est, Sur ce - terrain honteux, les synonymes pullulent ; ils prouvent la persistance d’un vice qui semble - éprouver, dans les deux sexes, le besoin de se cacher à chaque instant derrière un nom nou- veau. Nous rappelons ici pour mémoire et sans leur donner ailleurs une place, les mots: pédé, - pédéro, tante, tapette, corvette, frégate, Jésus, - persilleuse, honteuse, rivette, gosselin, empro- seur, émile, gousse, gougnotte, chipette, ma- gnusse, ete, ete, ETRILLAGE. — Perte d'argent. 2 Un bon coup d’étrillage est de l'argent prêté. (Alyge.) ÉrriLLER. — Faire payer trop cher. Érrusque. — Suranné. V. Mâchoire. ÉruprAnTE. — Maîtresse d’étudiant. « Toute étudiante pur-sang fume son petit cigare. » (L. Huart.) V. Haute, Calicote, “_ EURÊKA. — J'ai trouvé. — Hellénisme. — - €Une demi-heure après, je pouvais, moi aussi, m’écrier comme Archimède : Æ'uréka. » (Privat d’Anglemont.) ÉVANOUIR (s’). — Mourir, s’enfuir. “et me dit : Puisqu’il ne vient pas, je m'é pore. » (Petit Moniteur du 20 juillet 1866. EXBALANCER. — Renvoyer. Vv. Balancer. EXCUSEZ, EXCUSEZ DU. PEU. — Locution ironiquement admirative. — C’est comme si l’on disait : Excusez un si petit chiffre ! (quand ce chiffre est énorme), — « 1 y avait 25,00 Français par terre... Excuses du port (Balzac.) Excvso. — Exeusez ! V. dent. =. ‘Chan gement de finale, — « Oh! attention ! Via Oscar. il fume un cigare d'un sou.. . Excuso ! ! ça n° se refuse rien. décidément, je le crois calé. » (Marquet.) Exfouré, EXÉCUTER, BXÉCUTION. i Une exécution en bourse, on le sait, n’est autre chose que la faillite du boursicotier ; faillite d’e autant plus coupable que l’exécuté savait très-bien, au moment de son ,marché, qu'il ne pourrait pastenir sesengagements à l'échéance ; mais comme on n’exécute en Bourse que l’hon- neur, l’exécuté se rit de sa propres exécution. » (Boursicotiérisme.) : Expfpier. — Tuer, Mot à mot : en l’autre monde. ExPrEss. — Train rapide, vous conduisant expédior à destination sans les arrêts ordinaires. cs Abréviation de train express. Anglicanisme. ; < Exrra. — D’une qualité supéri ieure. — La- 5 tinisme. — Dans le commerce, on le met à toutes sauces et souvent mal à propos. ; ExTrA, — Repas plus soigné qu’à l’ordi- naire. — « Je crois qu’on peut bien se per- mettre un petit extra une fois par mois. » (Canler.) — Aux tables d’officiers, un extra _ est un invité. Au café ou au restaurant à prix _ fixe, on appelle extra, soit un plat demandé en dehors de la carte, soit un garçon supplé- $2 mentaire venant aider au service. = : EXxTRA (VIN D’). — Bouteille de vin fin. — « L’étranger demande une bouteille de vin extra ; et voilà que domestiques et patrons dé- | laissent le client d’un an pour le client dun jour. » (Marx. i oh . Face. — Monnaie. (Grandval.) — Allusion a Pefligie (face) royale. — « Je n’ai plus de faces. La drolesse me chasse. » (Decourcelle, 1832.) “Facies. — Figure, face. — Latinisme. — « C’est mon épouse... Un assez beau facies, hein? » (Labiche.) — « Tu mériterais qu'on coulât ton facies en bronze. » (Montépin.) FACTIONNAIRES. — Excréments déposés aux abords de certains murs, et semblant crier au passant : Au large! — Dans les escaliers à chaque instant, elle vous pose des faction- naires qui ne crient pas : qui vive! aux pas- sants. Fan, FADE. — Part de vol. — « Ruffart a son fade chez la Gonore, dans la chambre de la pauvre femme. » (Balzac) V. Esgourne. PADAGE. — Partage de vol. Faparn, FADH. — Élégant. — « Eh! va donc, grand fade ! » (Ricard.) — « Dieu m’ damne ! y porte lorgnon !! ! est‘y fadard ! » (Catéchisme poissard, 1844.) Faper. — Partager un vol. (Grandval.) V. Coquer.— Du vieux mot fadrar : assigner. FADEURS ! (DES), — « C’est Anna. — Avec qui est-elle? — Avec son premier amour, je crois. — Des fadeurs ! » (Monselet.) — C’est comme si l’on disait : À d’autres! nous savons - à quoi nous en tenir sur ces fadeurs. FAFFE, FAFFIOT, FAFIOT.— Papier, billet de banque. — Les deux derniers mots sont des augmentatifs du premier. Faffe est une har- monie imitative des papiers qu’on feuillette.— «On invente les billets de banque ; le bagne les appelle des fafiots garatés, du nom de Garat, le caissier qui les signe. Fafiot! n’entendez- vous pas le bruissement du papier de soie ? Le billet de mille francs est un fafiot mâle, le billet de cinq cents un fafiot femelle. » (Balzac.) FAFFIOTEUR. — Papetier. (Vidocq.) Fagor. — Aspirant ou élève à l’École des eaux et forêts. — Allusion à ces dernières. FAGOT, COTTERET, FALOURDE. — Ancien forçat. — « Eh ! mais ! je connais cet homme- là. C’est un fagot. » (V. Hugo.) — Vient, dit M. Fr. Michel avec vraisemblance, de ce que les forçats sont liés deux à deux, comme les fagots. ; FAIRE. — Nouer une intrigue galante. — « Est-ce qu’un homme qui a la main large peut prétendre a faire des femmes? » (Ed. Lemoine, 1840.) = Dans une bouche féminine, le mot /atre unit le lucre à l’amour. — « Tu as donc /aët ton journaliste ? répondit Florine. — Non, ma chère, je l’aime, répliqua Coralie. » (Balzac.) FAIRE. — Faire la place, commercialement parlant. — « De tous les points de Paris, une fille de joie accourait faire son Palais-Royal.» (Balzac.) — « Je suis heureux d’avoir pris ce jour-ci pour faire la vallée de l’Oise. » (Idem.) — « Méfie-toi de ceux qui te diront : je fais les vins de Bordeaux. » (Monselet.) FAIRE. — Voler, — « Son fils qui fait le foulard à ses moments perdus. » (Commerson.) FAIRE. — Risquer au jeu. — « Nous fai- sions l’absinthe au piquet à trois. » (Noriac.) FAIRE, REFAIRE AU MEME. — Tromper, — « Garde-moi le secret, brûle ma lettre; je veux faire ces drdles-ci... » (Rétif, 1776.) — « Les soldats s’imaginent toujours que les sergents-majors les refont au même. » (La Bédollière.) — « Ce brigand-là, dit-il, ferait le diable au même. » (Balzac.) FAIRE DANS. — Faire des affaires de. — On dit : faire la quincaillerie, Uépicerie, la banque, ete, pour : Faire des affaires dans la quincaillerie, etc. : FAIRE (LA). — Faire croire une chose qui >) n’est pas. — « Enfin, Anatole, j'allais devenir mère, lorsque l’infâme… — Je la connais celle- - là, tu sais! il ne faut pas me la faire. » (Vie __ parisienne, 1865.) — « J’ai choisi du Saint- Émilion 54, et vous me donnez du 57. Vous ‘savez, celle-là, il ne faut pas me la faire. » (Idem, 1866.) FAIRE A (LA.) — Tromper en simulant tel ou tel sentiment. — On dit : // nous la fait a Uhéroisme, a la terreur, à innocence, pour : /l essaie de nous faire croire à son hé- roisme, ete, etc. Les sentiments en question ont fini par - être représentés par des analogies végétales. Voici quelques échantillons de cette botanique nouvelle : FAIRE A L’OSEILLE (LA.) — Tromper gros- sièrement.— M. J. Richard nous apprend dans une chronique de l’Époque (mars 1866), qu’il faut aller chercher l’origine du mot dans une gargotte de l’ancien boulevard du Temple. Furieuse d’entendre critiquer la confection d’une omelette aux fines herbes qu’on ne trou- vait pas‘assez verte, l’hôtesse du lieu s’écria un jour : « Fallait-il pas vous la faire à l’oseille ? » Les auditeurs firent la fortune du mot, qui aurait comporté plus tard des variétés innom- brables. Nous ne suivrons pas le néologisme sur ce terrain sans bornes. Nous en ferons juges les lecteurs par ce dernier exemple: -- « Quelle charmante langue! Quelle grace ! Quel atticisme dans tout ce discours ! Ce qui n’a pas empêché une jeune femme qui se trou- vait à côté de moi à la sortie de résumer ainsi la séance : Camille Doucet nous l’a fait à la violette et Jules Sandeau à la verveine, » (P. Dhormoys.) - Aujourd’hui, on ne se port plus au règne végétal, et on nous /a fait à n'importe qui ou n’importe quoi, selon ce que l’on veut simuler. Exemple : « Mademoiselle Q.. une brune per- fide comme Londres, vient d’être délaissée par son protecteur. Aussi elle a transformé son entre-sol en un rocher, du haut duquel elle nous la fait à la Calypso. » (Marx.) __ FAISEUR— «On entend par /aiseur l'homme - qui crée trop, qui tente cent affaires sans en réussir une seule, et rend souvent la confiance publique victime de ses entraînements, » (Les- pès.) — Pris souvent en plus mauvaise Par, Le /aiseur et le banquiste se confondent. Pour Vidocq, le faiseur n’est qu'u un escroc et un chevalier d’industrie. Farrré (ÉTrE). — Être sous le coup dune condamnation infaillible. FALOURDE. — Forçat libéré. V. Poets. - (Petit Dictionnaire de larqgot, 1844.) FANAL. Estomac. — Comparaison de _ l’estomac à une lanterne. — « Se bourrer le fanal de bouillon, de rata. » (Wado.) On dit de même : Mettre de l’huïle dans la lampe. FANANDE, FANANDEL. — « Ce mot de fanan- del veut dire à la fois : fréves, amis, camarades., Tous les voleurs, les forcats, les prisonniers sont _fanandels. » (Balzac.) FANFFE, FANVE. — Tabatiere. (Vin) — Halbert dit Far. FANFOUINER.— Priser. — Onomatopée qui rend assez bien le bruit produit par se. i tion du tabac dans les narines. FARA DA sk. — Agir seul, se suffire à soi- même. — Italianisme. — Se dit ironiquement chez nous depuis que les Italiens ont repoussé notre aide en criant : Fara da se et ense pré- tendant assez forts pour n’avoir pas besoin d’un secours que les bombes d'Orsini ont rede- mandé plus tard à leur façon. — « Il aurait - murmuré,en parlant de l’_épargne individuelle, _ le fara da se des Italiens. » (Paris-Journal, juillet 1872.) ; FANTAISISTE. — Homme ayant pour prin- cipe de ne se soumettre a aucune regle, soit dans ses œuvres, soit dans sa conduite. —« Un doux souvenir ! me répondit le fantaisiste, les crins qui m’inspirèrent l’histoire du chignon de ma femme. » (Michu.) — « Il était du reste fantaisiste jusque dans les questions finan- cières. On l’avait vu mettre sa montre au | Mont-de-Piété, ayant dix mille franes dans son portefeuille. » dit M. de Villemessant en parlant de Roger de Beauvoir. — « Pichu le paysagiste est ici. Il est toujours le même fan- taisiste effréné. » (Marx.) FANTASIA. — Démonstration plus bruyante que sérieuse, comme une fantasia de cavaliers arabes. — « Avant de faire des acclimata- tions, avant de se lancer dans la fantasia = = isciculture), multipliez les espèces que vous vez autour de vous. » (H. de la Blanchère.) FARAUD, FARAUDE. — Monsieur, madame ou mademoiselle. (Halbert, Grandval.) FARAUDEC, FARAUDENE. — Madame, ma- emoiselle. (Fr. Michel.) ~ FARCE. — Comique. — « C’est farce! Mais vous faites de moi ce que vous voulez. » (E. Sue.) FARrcEs. — Infidélités. — « On ne peut pas faire des farces à sa Nini… v’là ce qui vous “ chiffonne. » (Gavarni.) - FARCEUR. — Homme sur lequel on ne peut - compter. ° - FARCEUSE. — Femme galante. — « Lors- -_ qu’une farceuse voudrame séduire, je lui dirai : — Impossible. » (Amours de Mahieu, 1832.) ~~ FARCHER DANSLE PONT, — Tomber dans le piége. (Halbert.) ~ FArGUE. — Charge. (Vidocq.) ~ FARGUER. — Charger. V. Escracher. FARGUER.— Devenir rouge. (Grandval.) FARGUEMENT. — Rougeur. (Colombey.) FARGUEUR. — Témoin à charge. (Vidocq.). Faror. — Monsieur. V. Faraud. FARRE. — Vite. — « Farre, farre, la mar- ‘ candière, nous serions béquillés. » (Vidocq.) FASSOLETTE. — Mouchoir de poche, — Ita- lianisme. - FAUBLAS. — Séducteur de femmes. — C’est le nom du héros d’un roman bien connu. — - €Tous les hommes de dix-huit ans sont des Dons Juans, à moins qu’ils ne soient des Love- laces ou des Faublas, ce qui est absolument la “même chose. » (E. Lemoine.) : FAUBOURG-SAINT-GERMAIN. — Aristocra- tique. — « Marshall : Madame... je vous en - remercie. — Camélia : T1 n’y a pas de quoi. “(A part.) T1 est Faubourg-Saint-Germain. » (Carmouche.) FAUBOURIEN. — Ouvrier turbulent et ba- tailleur des faubourgs de Paris. — « Ces combats que la jeunesse dorée livrait non sans succès aux farouches faubouriens, aux septem- - briseurs endurcis. » (Roqueplan.) : FAUCHANT, FAUCHEUX. — Ciseaux. — Les ~ ciseaux fauchent. FAUCHER. — Guillotiner. « Faucher peine de mort. » (Balzac. ) Vv, Colas, Terrer, FAUCHER DANS LE PONT. — Couper dans le | pont. V. ce mot. FAUCHEUR. — Voleur coupant (fauchant) les chaines de montre. FAUCHEUR. — Bourreau. (Halbert.) Il fau che les cous. FAUCHON. — Sabre. V. Greffier, — Même allusion que ci-dessus. FAUSSANTE, — Faux nom, (Halbert.) FAUX TOUPET. — Suranné, vieillot. V. pers ruque, Machoire, Fauve. — Tabatlére. (Halbers. y. Fave. FEDERE. prendre pourquoi ce terme était pris en mau- vaise part, il faut se reporter aux mauvais jours de 1815, où les fédérés, armés pour combattre l’étranger, se distinguèrent autant par leur patriotisme que par leur indiscipline dans les environs de Paris, » Ainsi écrivions-nous dans la deuxième édi- tion de cet ouvrage (1861). En mars 1871, nous avons eu d’autres fédérés, mais ce n’était plus l’étranger qu’ils combattaient. FÉz.—Amour. (Halbert.)—Le mot est bien poétique pour des argotiers, VÉESANT, FÉESANTE, — Amoureux, amou- reuse. (Idem.) FÉLÉ (frrE)— Être un peu fou. Mot à mot : avoir le cerveau /élé, C’est plus que (o- Qué, c’est moins que avoir une fissure. FELOUSE. — Poche. (Halbert.) — Pour Fouillouse, 5 FEMME (CEST UNE). — C’est une femme de mauvaise vie, — Abréviation. — Il est à re- marquer qu’on à fini par donner aux prosti- tuées, par abréviation, tous les mots qui con- viendraient à d’autres (femme, fille, petite dame, ces demoiselles), Tout dépend de l’in- flexion de la voix et du reste du discours. — « Sans ce gros butor qui me répugne, j'aurais 43 pu passer la nuit avec mon amant... Ah | mon Dieu! qu’une /emme,— mot technique (sde) — est à plaindre, Telles sont les réflexions de ; ces demoiselles. » (La Revue de l'an VIII ou les originaux du Palais-Royal,) Au dix-huitième siècle, on disait d’une EY 2 ya ‘grand fé- | déré! » (H. Monnier, 1837.)—« Afin de com- — lu age. FENASSE. — Paresseux. Mot à mot : Mou omme du foin. — Du vieux mot fen : foin. FENDRE (SE). — Commettre une prodiga- ité peu habituelle. — « Descends huit bou- teilles. Puisque vous vous fendez, dit le pein- tre, je paye un cent de marrons. » (Balzac.) FENDRE L'OREILLE. — Mettre à la retraite. — Vient de ce qu’on fend l’oreille des chevaux de cavalerie réformés. — « Le général Le - Bœuf n’aura pas le chagrin de se voir fendre Toreille. » (Blavet.) FENÊTRE (METTRE LA TÊTE à LA). — Être 5 guillotiné. — Allusion au passage de la tête dans la lunette. — « Qu’il fasse promptement 3 - mettre la tête à la fenêtre à l’infâme Faisons » (Hébert, 1793.) V. Raccourcir. FENÊTRE (FAIRE LA OU SA), — Raccrocher les galants en se montrant à la fenêtre. - Frnousn. — Prairie. (Vidocq.) — Du vieux mot fen, foin, qui a fait fenaison. Féopxc. — Arbitraire. (Idem.) — C’est /éo- dal avec la finale changée. FER-BLANC (DE).— Sans valeur, sans soli- - dité. — Par comparaison au fer. — « Ils écla- boussent de leur triomplie ces journalistes de fer-blane, comme ils les appellent. » (Ad. Gué- roult.) - FERLINGANTE. — Faïence, verre. — Har- monie imitative du bruit de leur choc. FERME (JEU). — Jeu de Bourse. — « Le marché ferme engage à la fois le vendeur et l’acheteur, ses échéances ne dépassent pas deux mois, sa négociation se fait comme celle au comptant. » ( Boursicotiérisme.) FÉROCE (C’EST UN). — C’est un homme tout Le ‘entier à son devoir, féroce sur l’exactitude avec laquelle 11 entend le remplir. // n’est pas féroce . il n’est pas capable. V. Méchant. FERRER LE GOUJON. — Faire mordre à l’appât. — « Le goujon est ferré, style de pê- cheur, il n’y a plus qu'à tirer la ligne. » > (M. Alhoy.) FERTANGE, FERTILLANTE, FERTILLE. — Paille. (Grandval, Colombey.) — Harmonie imitative d de son frétillement. V. Greffier. Porous, = Figur (Halbert.) FERTILLANTE. — Sune. Vv dace) - frétille souvent. : encore, ma ol, très-droit… c’est à festonne. » (BE. Sue.) FÊTE (ÊTRE DE LA). — Être riche, avoir Te moyens de forte yer. — « Moi je suis toujour de la fête, j'ai toujours bogue et bon radi (Vidocq.) FÉTICHE. — Signe représentatif d'un enjeu en argent. — « Le nouveau préfet de polic veut, dit-on, interdire l’usage des fétiches sur les tables de jeux, dans les cercles. » (Lc ment, mars 1866.) Féru. — La barre de fer dont le ‘porn ; se servait pour rouer. (Grandval.) — Le mo n’est plus usité, mais il fera comprendre Piro nie de barre (aiguille). — Si l’aiguille est une | barre, la barre devait être un fétu. FEU (NY VOIR QUE DU). — ‘Être ébloui, aveuglé. — « Et tu n’y verras que du feu. » (Cogniard, 1833.) 3 FEUILLE DE CHOU. — Guêtre militaire, mauvais journal, titre non valable. — « Dans une de ces feuilles de chou qui encombrent les cafés, nous lisons. » (J. Lovy.) jo FEUILLETÉE (SEMELLE). — Semelle usée, dont les feuilles disjointes aspirent l’eau ou la poussière. On l’appelle aussi pompe aspirante. — « Parfois aussi elle n’a que des bottines sus- pectes, à semelles feuilletées qui sourient à l’as- phalte avec une gaieté intempestive. >. (Th. Gautier, 1845.) FEUX DE FILE (NE PAS S'EMBÊTER DANS LES). — Être indépendant. Mot à mot : faire feu à volonté. — « Pour lors, not’ coronel, qui ne s’embête pas dans les feux de file. » (Ancien Figaro, 1827.) Frasco. — Chute. — Italianisme. FICELER. — Soigner dans sa tenue. Mot i a mot : faire fine taille, la ficeler. — € Voilà ma- man Vauquer belle comme un astre, ficelée Ji comme une carotte. » (Balzac.) V. Trente etun, Chi. FrcELLE. — Procédé de convention, acte de charlatanisme. Se dit à propos de tout. « M... pour animer la statuaire, emprunte à la peinture quelques procédés ; je n’oserais l’en blâmer, si l’austérité de ce grand art ne - repoussait les ficelles. » (Ch. Blanc.) -- « Il n’est pas outillé pour le théâtre ; il ne connaît pas les ficelles de la scène. » (P. d’Anglemont.) — « Ferdinand lui indiqua plusieurs recettes et ficelles pour différents styles, tant en prose qu’en vers. » (Th. Gautier, 1833.) FICELLE.— « Employé n’avançant qu'à l’aide de la flatterie, de la délation, de la bassesse. » (Naviaux, 1861.) FICELLE. — Chevalier d’industrie. Cadet Roussel a trois garçons : L’un est voleur, l’autre est fripon ; Le troisième est un peu ficelle, : (Cadet Roussel, chanson, 1793. Paris, impr. Daniel.) FICELLE (CHEVAL). — Cheval des course lé- ger et décousu. FICELLE. — Espèce de ménoite. — c On appelle ainsi un fil de laiton qui prend là main droite du détenu et dont l'agent tient un bout. » (Ponson du Terrail.) FroHAISE. — Niaiserie, chose dong on peut se Scher. Le passé n’est qu’un songe, Une fichaise, un rien. (Vadé, 1756.) FICHANT. — Navrant. — « N'est-ce pas, mon vieux, c’est tout de même fichant de se dire !... » (E. Sue.) FICHE DE CONSOLATION. — Dédommage- ment. — Terme de whist. FICHER. — (On prononce ffeh" en élidant.) — Ce verbe a un grand nombre de significa- tions que nous allons passer en revue. Il n’est pas admis par le Dictionnaire de l'Académie qui donne cependant fichu. FrcHER. — Jeter. — « On va te fich’ au violon. » (Gavarni.) — « Je l’ai fichue à l’eau.» (E. Sue.) : Dès la fin du quatorzième siècle, ficher se trouve dans le Livre du mareschal de Bouci- caut. — « Quand Chateaumorant, avec la com- paignée des autres prisonniers feurent arrivez à Venise, adone on les ficha en forte prison. » (dit. Petitot, t. IT, p. 83.) Frenur. — Placer. — « Qui m’a fichu un couvert de la sorte ? Quel désordre ! » (Perrin.) Ficumr. — Donner. — « J’lui fiche un soufflet. » (1750, Cailleau.) — « J’y ai fichu _ des gifles. » (Gavarni.) FrcHER. — Faire. — « Mais, voyons, Li- mousin, avec un méchant budget de 50 mil- lions par an, qu’est-ce que pens fiche ? » (Gavarni.) Ne rien fiche. — Ne faire aucune affaire, commercialement parlant. Ne rien fiche. — Ne rien faire, paresser. FICHER (ALLEZ VOUS FAIRE). — Allez au diable. — « Ce mot cache un jurement très- grossier. » (Dhautel, 1808.) — « Eh bien ! dis à grand’maman qu'elle aille se faire fiche ! » (Gavarni.) FICHER UNE COLLE. — Conter un mensonge. FICHER UN POINT. — Coudre un point. — « Car pour l’ouvrage, je vous en souhaite ! Ça ne vous ficherait pas un point. » (Vadé, 1744.) - FICHER (SE). — S’habiller. — « Faut-y que ça soit chiche de ne pas se fiche en sauvage. » (Gavarni.) FICHER (sk). — Se poster. — Le Livre du mareschal de Boucicaut (édit. Michaud), cité plus haut, dit qu’à une déroute de Sarrasins, cles jardins favorisèrent beaucoup leur retraite, car s’y fichèrent ceulx qui eschapper peurent. » (P. 276.) — La même année (1399), on nous représente les Vénitiens après un combat mari- time s’en allant cher en leur ville de Modon. » (P 988: ); | FICHER (SK). — Se moquer, — « Quand j'ai mangé la soupe et le bœuf, je me fiche du reste. » (La Bédollière.) — « Tu saboulis, ce grand drille, qui se fichait de moi. » (Rétif, 177° Contemporaine, 1788.) J't'en fiche, j'en ficheraë. — Formule iro- niquement négative, équivalant à : je t'en moque, — « Ah bah ! j't’en fiche ! il m’embras- serait toujours. » (L. Beauvallet.) FICHER DANS LA CERVELLE, DANS LE TOU- PET (SE). — S'imaginer. — « Ne va pas te ficher cela dans la cervelle. » (Le Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.) FICHER DU MONDE, DU PEUPLE, DU PUBLIC \ = 100 a (sr). —Se moquer des hommes et de l’opinion.— « Vous vous fichez du monde. » (Vadé, 1755.) FICHER COMME DE COLIN-TAMPON (S'EN). — Ne faire aucun cas. (Dhautel, 1808.) — Jadis, on appelait colins-tampons les Suisses en gar- nison à Paris. Les mazarinades en donnent plus d’un exemple de 1648 à 1652. FICHER DEDANS. — Tromper. V. Dedans. FICHER LA MISÈRE PAR QUARTIERS. — Mener une vie misérable. FICHER LA PAIX. — Laisser tranquille. — € Fiche-moi la paix. » (Jaime fils.) Freur ne camp. — Décamper. enfant, fiche-moi le camp. » (Rétif, temporaine, 1783.) FICHER LES PATTES. — Venir. Mot à mot : mettre les pieds. — « Si vous vous permettez de fich’ les pattes ici quand j'y serai. » (Ga- varni.) FICHTRE. — Juron qui est à fiche ce que fouchtra est à f…tre,. — « Six heures ! fichtre, il me semble que nous avons failli attendre. » (E. Villars.) : FICHTREMENT. — Fièrement. — € C’est fichtrement beau le coup de gueule du lion. » (Commentaires de Loriot.) Frcuu. — Capable. — « Eh! là-bas. y sont fichus de ne point ouvrir. y faut done enfoncer la porte. » (H. Monnier.) — Le Die- tionnaire de l’Académie admet fichu dans toutes ses autres acceptions. Frcuvmacrr. — Diminutif de /icher. — « Mon 177° Con- D’mandez-moi donc où c’qu’est Allé c’ flâneux d’ Cadet? C’ qu’il peut fichumacer A l'heure qu’il est? (Désangiers.) Frpravs. — Longue bande de papier pliée ou roulée pour allumer la pipe. — Une com- munication de M. Fey assigne à ce mot une origine allemande. Dans les universités de ce pays, les admonestations officielles commen- cent par les mots : Fdibus (pour fidelibus) dis- cipulis universitatis, ete. Les délinquants, qui allument par forfanterie leurs pipes avec le papier de l’admonestation, lui ont donné pour nom le premier mot de sa première ligne. — «Un roman de G. Sand dont il fera un fidibus après l’avoir lu. » (Rouget.) Frrr. — Grand. (Dhautel.) V. Blagueur, Venette, Poil. — « Ca lui portera un fier coup. » (Lubize.) 4 FIÈVRE CÉRÉBRALE (ACCÈS DE). — hou : sation pouvant entraîner la perte de la tête. ey (Vidocq.) — Jen de mots. Firt.— Vidangeur. Mot 4 mots fil fi] — Allusion au dégoût inspiré par le métier. FIGNOLER. — Exécuter avec fini. — « C’est qu’vous fignolait (la contredanse). Dame, il y allait de tête et de queue. » (Rétif, 1783.) — « Quel style! comme c’est fignolé. » a FIGNOLEUR. — Qui fignole. — « C’est un fignoleux, mais il fait trop le fendant à cause 2 qu’il a du bec. » (Vadé, 1788.) Fir. bE 8018. — Voleur. De filer - voler. — « Les grands centres de réunion sont inspectés par la wren, car il n’y manque jamais de fils de scie ou de joueurs de passe-passe. » (Stamir, 1867.) FIL EN DOUBLE. — Vin. (Grandval.) FIL EN QUATRE. — Eau-de-vie. — € Allons, Auguste, un petit verre de fil en quatre, his- toire de se velouter et de se Tehombes le torse.» (Th. Gautier.) - FiLAsse. — Chevelure blanche et blonde 6 comme la filasse. FILAssE. — Matelas. I pris pour le contenant. FILATURE, FILE. — Surveillance exercée par un agent qui suit pas a pas. — « Ils ne le perdirent pas de vue au second jour de file.» (Stamir.) FILER. — Faire avec soin. — Allusion au = travail de la fileuse. — «€ Vous vous êtes donné un mal de nègre pour filer des scènes. » (An. du Hanneton, 1867.) FILER. — Voler. Mot à mot : faire filer un objet qui ne vous appartient pas, De là, filouter. FILER, PRENDRE EN FILATURE, — Suivre, espionner. — « Etre filé signifie, dans le lan- gage des débiteurs, que le recors vous suit à la piste. » (Montépin.) — « Un garçon va dire à la personne filée que quelqu’un la demande, et là, des sergents de ville l’entourent pour la remiser. » (Stamir.) FILER LA MOUSSE. — Faire ses besoins. (Grandval.) V. Mousse. — Le contenu est ™ \, — MOBLOTS on | i a nt | im fy ilies | La | in i P ; |S AN eu = | lh Hi imi qu Vi a ÿ i | A As 1 li FILER LE PARFAIT. — Faire une cour assi- due. Mot a mot : filer le parfait amour. FILER LE PLATO. — « Cela veut dire : filer Pamour platonique. » (J. Duflot.) FILER SON N®UD. — Partir. — Terme de marine. — « Viens-tu ! ou je file mon nœud. » (H. Monnier.) Finer. — Nuance délicate et tenue comme un filet d’eau. — « Peut-être aussi y a-t-il un Dictionn, de l’argot parisien, filet de concetti shakspearien, mais c’est peu de chose. » (Th. Gautier.) FILET COUPÉ (AVOIR LR). — Être d’une grande loquacité. — Allusion à la petite opération né- cessitée par un certain embarras de la langue, FILEUR. — « C’est un homme qui est chargé par la police, et le plus souvent par quelque ténébreuseofficine privée, d’en suivreunautre.» (P. du Terrail.) Livr, 18 pe fl a 1 + A — FIO FILEUSE, — « Chanteur suivant les voleurs et les prenant en flagrant délit, dans le seul but de faire payer son silence par une remise de 15 p. 100. » (Vidocq.) FILLE DE MARBRE. — Courtisane froide- ment avide. — Une pièce de M. Barrière a consacré ce terme, vers 1852. — « C’est à Paris que les filles de marbre apprennent péni- blement le métier qui les fait riches en une heure. » (J. Janin.) FILLE DE PLATRE. — Oourtisane, — Vient du roman écrit sous ce nom par M. de Monté- pin, pour servir de pendant à la pièce des Filles de Marbre. — « Ces femmes ne sont que des filles de plâtre. » (1860, les Étudiants du quartier Latin.) FILOCHE. — Bourse. (Vidocq.) — Du filet qui était employé pour la confection des bourses. — « Si ta filoché est à jeun (si ta bourse est à vide). » (E. Sue.) FrLou. — Rusé. — L’acception d’escroc se trouve dans le Dictionnaire de l'Académie, FILS DE FER. — Jambes excessivement minces, — Mot imagé, FrLS DE PUTAIN, — « Injure a laquelle le peuple n’attache la plupart du temps aucune idée fixe, — J'ai entendu une poissarde dire a son fils : « Petit polisson ! attends, fils de putain, € je te ferai voit que je suista mère, » (Dhau- thel, note manuscrite de son dictionnaire, 1808.) Du temps de Rabelais, cette triste plaisan- terie était déjà de mode, À la fin de la tem- pête (livre IV, chap. xx11), Pantagruel appelle un matelot : « Fils de putain ». — « Tu es bien aise, homme de bien, dist frère Jean, au ma- telot d’entendre nouvelles de ta mère. » FIN (FAIRE UNE). — Se marier, en finir avec la vie de jeune homme. — « Cependant il faut absolument faire une fin. Dame! le siècle est positif. » (Deriége.) V. Papillonner. Fine. — Excrément. — Allusion à la fine moutarde, on dit aussi la plus fine. V. Numéro cent. — « Un vidangeur de mes amis, nous a chanté la plus fine. » (Aubry, 1836.) FINE. — Fine champagne. V. ce mot. FroLE. — Figure. (Halbert.) FTON (couP DR). — C’est la dernière main mise à un ouvrage. — « Un François en- A à des mains royales à faire des bou- No — 138 — tons; quand le bouton était fait, artiste disoit: A présent, Sire, il faut lui donner le fion. À quelques mois de là, le mot revint dans la tête du roi ; il se mit à compulser tous les dictionnaires, et il n’y trouva pas le mot. Il appela un Neuchâtelois qui étoit alors à sa cour, et lui dit : « Dites-moi ce que c’est que le « fion dans la langue françoise ?—Sire, reprit « le Neuchâtelois,le fion, c’est labonne grâce. » (Mercier; 1788.) — « Elle se lève pour prendre la salière qui doit, dit-elle, donner le dernier fion à la dinde, » (Ricard.) — « Les peintres n'ont plus que trois jours pour donner à leurs tableaux ce ‘qui s’appelle le coup de fion. » (Marx, 1866.) FrONNEn, — Faire l’élégant. — « Ça fionne, Ça se pavane et ça se carre. » (Bourget.) Fronvaur, — Élégant. — « Le fionneur possède une glace, huile antique, pommade du lion et cire à moustaches. » (Berthall.) Fiquus, — Hardes: (Colombey.) — Ce doit être un vieux mot, car beaucoup de paysans disent encore dans le même sens a/figuet. Fiquar, — Poignarder, (Idem.) — Pour ficher : planter, Fiscan — Élégant. — C’est Ficelé avec changement de finale — « A ses favoris cot lettes... A son costume fiscal... » (Léonard, parodie, 1863.) V. Feston. — FISSURE (AVOIR UNE). — Htre un peu fou. V. Félé, Fisrox. — Terme amical, Mot à mot : petit fils — « Par ma fé, mon doux ami, mon fiston. » (Contes d'Eutrapel,) V. Gadoue. FrA. — Note rudimentaire de la batterie du tambour. V. #a.— « Le tambour-major bat la mesure des ras et des /las. » (M. Saint-Hilaire.) FLacuE. — Plaisanterie. (Halbert.) Pour flanche. FLACUL. — Sac d’argent. — « Le vioque à des flaculs pleins de bille ; s’il va à Niort, il faut lui riffauder les paturons. » (Vidocq.) — Vient de flaque. V. ce mot. FLacuL. — Lit. — Il à la forme d’un grand sac. V. ci-dessus. — « Je raplique au flacul qui m’attend. » (Vidocq.) FLAFLA. — Grand étalage. — Allusion aux claquements de fouet. On dit dans le méme sens faire claquer son fouet. À == 189 — FLO FLAMBANT, FLAMBARD.— Éclatant, superbe. ~ — « Les caporaux y trouvent une table un - peu /lambarde. » (La Bédollière.)— « T’es flam- bante comme une Vénus. » (E. Sue.) FLAMBANT. — Artilleur à cheval. FLAMBARD. — Matelot. — « Eugène Sue est cause que la plupart des canotiers s’appel- lent flambards. » (Roqueplan.) FLAMBARDE. — Chandelle. (Halbert.) FLAMBART. — Poignard. (Vidocq.) FLAMBE. — Épée. — Allusion au flamboie- ment de la lame. Abréviation de Flamberge. FLAMBER. — Briller entre tous. — « Des raretés qu’on offre à des filles qui aiment à flamber. » (Balzac. ) FLAMBERT. — Poignard. (Halbert.) FLAMSIQUE. — Flamand. (Colombey.) — Changement de finale. FLAN (DU). — Non. — « Si on leur présen- tait zut, du flan et des navets comme le fonds de la langue des vaudevillistes. » (Villemot.) V. Zut. FLAN (c’EsT DU). — C’est bon. — Ici flan garde ses bonnes qualités, si appréciées par le gamin de Paris. — « J’aime mieux gouêper, c’est du flan. » (Vidocq.) FLAN (A LA). — Sans préméditation. V. Ca- roubleur. — Abréviation de à la bonne flan- quette. FLANCHE. — Malice, ruse, biais. — « Ro- bert voit le flanche, et dit : il faut le fouiller. » (Monselet.) V. Mettre (le). FLANCHE. — Jeu de roulette. FLANCHER, FLACHER. — Plaisanter. (Hal- bert.) FLANELLE. — C’est le mot flineur avec changement de finale. — « Lèves-tu ce soir ? — Ah ouiche ! tous rapiats. — Et celui-là qui t’allume ? — Flanelle ! » ( L. de Neuville.) FLANOCHER , FLANOTTER. — Flâner tout doucement. — « Il fit la rencontre d’un beau page de Marie-Thérèse qui flinochait en ré- vant. » (Commerson.) — « Nous flinottons depuis quinze heures. » ( M. Michel.) FLAQUE. — Sac de femme. (Grandval.) = Du vieux mot flac, flacon. — Allusion de forme. FLAQUER. — Aller à la selle. (Vidocq.) — Onomatopée. = | | temps. Quand on ne peut flotter, on se trouve Vlà vot’ fille que j'vous ramène, Elle est dans un propr’ état; Depuis la barrière du Maine Elle a tout flaqué dans ses bas. (Chanson connue.) FLATAR. — Fiacre. (Halbert.) - FLEME, FLEMME. — Paresse subite et invin- cible, — « Lundi, la flemm’ m’accroche. » (A. Cahen.) FTEURANT. — Bouquet. (Halbert.) Pour fleurissant. FLEUR DE MARIE. — Virginité. (Vidocq.) - — Allusion à l’Immaculée. FLEUR DES POIS. — Personne à la mode. FTIC-FLAC (FAIRE LE). — « C’est démanti- buler la gâche d’une serrure à l’aide du mon- seigneur, » (Du Camp.) V. Fric-frac, qui est le vrai terme. FTIGADIER. — Sou. (Colombey.) FLIGUE A DARD. — Agent de police. (Co- lombey.) Mot à mot : policier à épée. V. Flique. FLINGOT. — Fusil d’infanterie. FLIQUE. — « Un commissaire de police est un flique dans l’argot des filles. » (Parent-Du- chatelet.) : FLIRTATION. — Badinage galant, manége de coquetterie. — Anglicanisme, — « J occu- pais mes moments perdus a une innocente flir- tation avec le baron de L... » (Vie parisienne, août 1872.) — « Lady Elphinsbary avait ré- primé la flirtation dans ses domaines. » (Au- bryet, 1872.) FLIRTER. — Se livrer & la flirtation. FroppEE. — Volée de coups. (Halbert.) FLOPPÉE. — Foule. Froquot. — Tiroir. (Dict. d'argot, 1844.) FLOTTE. — Pension en argent. Mot à mot : ce qu’il faut pour flotter pendant quelque a sec, a la cote. — « Je viens de recevoir ma flotte : 300 francs, plus quelque menue mon- naie. » (Villemessant. ) FLOTTANT. — Poisson. (Vidocq.) FLOTTER. — Nager. FLOTTER (FAIRE), — Noyer. FLOU, FLOUTIÈRE. — Rien. (Grandval.) Frou. — Vaporeux, fluide. — Répond exac- tement, comme prononciation, au latin /luidus (prononcez flouidous). — C’est en effet un À Sa ; A iy Ae TOR vieux mot. On le retrouve dans le Testament de Villon, — Il est à remarquer que ce terme, usité d’abord dans les arts et admis à ce seul titre dans le Dictionnaire de l'Académie, à conservé partout la même signification de /à- ché et de mollesse harmonieuse. — « Tu as dans le style on ne saurait dire quel moelleux, quelle grâce, quel flou. » (L. Reybaud.) — « Manquant de grâce, de tout ce qui jette du charme et du flou dans l’existence, » (Paris étudiant, 1854.) FLOUANT. — Jeu. (Halbert.) FLOUER. — Voler au jeu. (Halbert.) FLOUER. — Escroquer. V. Galier, FLOUERIE. — Escroquerie, abus de con- fiance. — « La flouerie est au vol ce que la course est à la marche : c’est le progrès, le per- fectionnement scientifique. » (Philipon, 1840.) FLOvEUR. — Escroc.—« Il est des floueurs de tout âge, de tout visage et de tout rang. Il existe aussi des floueuses non moins variées, » (Philipon.) — Ne s’est dit d’abord que des vo- leurs au jeu, car Grandval ne donne floueur qu’avec ce sens. Froume,— Femme. (Vidocq.)— Anagramme de fumelle. FLOUTIÈRE. — Non, rien. V. Flou, FLUTE. — Canon. — Allusion de forme. — « Jusqu'ici il n’y a qu’eux qui aient fait aller leurs flûtes. Les nôtres auront bien leur mé- rite. Il y en aura bien trois cents de part et d’autre pour ouvrir le bal. » (Général Chris- tophe, Lettres, 1812.) ‘ FuurE, FLUT. — Non. — Abréviation du terme suivant : (Des flûtes) — « Le noble étran- ger m’a lâchée en me disant : Flûte ! » (A Ima- nach du Hanneton, 1867.) — «€ Flûte! s’il grogne trop. » (Villars.) V. Zut! “ Fuurrs (pes), — Non — On a dit des flûtes (pains longs) comme on a dit des nèfles, du flan, des navets. — «€ Oscar : Qu’entends-je ? Mais vous m’aviez promis. — Le marquis : Des flûtes! » (Marquet.) Faærvs. — Élève de première année à lé- cole de chirurgie militaire, — Ce terme répond exactement à celui d’embryon qui se prend également au figuré dans la langue régulière. FOIRE D'EMPOIGNE (ACHETER A LA). — Vo- ler. — L’ironie n’a pas besoin d’être expliquée. — « Les tableaux du capitaine Cluseret ont été achetés à la foire d’empoigne. » (Monzteur, 31 mai 1872.) FOIRER. —- Avoir peur.— On connaît l'effet du danger sur les intestins. { Forreux. — Poltron. — Vieux mot. —- « Vous n’aurez en vostre armée que des foi- reux en danger d’estre renvoyés aux foyres de Francfort. » (Paraboles de C'icquot, 1593.) Forrouv. — Derrière. (Vidocq.) FOLICHONNER. — Folâtrer. — « Puis nous irons retrouver Florine et Coralie au Panorama dramatique où nous folichonnerons avec elles dans leurs loges. » (Balzac.) FOLICHONNE, FOLICHONNETTE. — Fille ré- jouie, aimant le plaisir — « Je fus épris, comme un toqué, d’une aimable folichonnette. » (J. Kelm.) — « Une folichonneuse cancane et me plaît mieux. » (Aubry.) FOLLE DU LoGIS, — On donne ce nom très- bien trouvé à l'imagination et aussi à la poésie. — «€ L’imagination, cette folle du logis, a rem- placé les lois naturelles par des lois arbitrai- res. » (Mismer.) . : Foncé. — Radical. Mot à mot : apparte- nant au parti rouge foncé. V. Rouge. Quatre sous-préfets et vingt maires, Choisis parmi les plus foncés, ‘ S’épandront en plaintes amères. (G. Jollivet.) FONCER. — Se précipiter. — Abréviation d’enfoncer, — « Trois coquins de railles sar mesigue ont foncé. » (Vidocq.) FoncEr. — Donner. V. Babillard, Dardant. FoNCER. —- Payer. — Mot ancien. — Abré- viation de foncer a l'appointement. FOoNDANT. — Beurre. (Colombey.) — La propriété est prise pour l’objet. FONFE, FONFIÈRE. — Tabatière. (Idem. ) — C’est une forme de /an//e. — Même harmonie imitative du reniflement de la prise de tabac. FORESQUE. — Marchand forain. (Halbert.) — C’est /orain avec changement de finale. Forêr pr MonTr-Rus1N. — Égout, cloaque. (Idem.) Fort EN THEME, — Jeune homme qui a et du succès au collége. : ForrIN. — Poivre. (Halbert.) — Diminutif de fort, dans le sens de : acre, fort au palais. FORTINIÈRE.— Poivrière. (Idem.) is au bi hie es $ a eee FossILE. — Suranné. V. Académicien. FOUAILLER. — Manquer son effet. (Diction- naire d'argot, 1827.) . Foucanr. — Idée subite. — Élan imprévu. FOUCHTRA. — Auvergnat, charbonnier et porteur d’eau. — Allusion à son juron favori. — « Fouchtra, vous qui avez une bonne poigne, tirez-moi donc mon pantalon. » (Ed. Morin.) FOUILLER (TU PEUX TE). — Tu n’auras rien. Mot à mot : si tu veux avoir mon argent, tu peux fouiller dans ta poche. — Se prend au figuré. — « Les garibaldiens avaient de bons fusils ; sans l’artillerie, nous pouvions nous fouiller. » (Vie parisienne, 1867.) — «€ Ma- dame, daignez-vous accepter mon bras ? — Tu peux te fouiller, calicot. » (A /manach du Han- neton, 1867.) FOUILLOUSE. — Poche. Mot à mot : en- droit où l’on fouille. — « Et vous aurez, sça- vez-vous quoy ? force d’aubert en la follouse. » (Vie de saint Christophe, Grenoble, 1530.) FOUINER. — S'échapper. — Vieux mot. — « Nil est pressé, qué qui l’empêche de foui- ner? » (Vadé, 1755.) Four. — Gosier. V. Chauffer le four. FOUR (FAIRE). — Ne pas réussir. — Se di- sait autrefois des comédiens qui renvoyaient les spectateurs parce qu’ils n’avaient pas assez de monde. Se dit maintenant à propos de tout. — « Nous faisons four, dit Lousteau, en par- lant à son compatriote la langue des coulisses, » (Balzac.) Four. — Portion la plus élevée d’une salle de théâtre. La chaleur y est plus forte qu’ail- leurs. — « Je quitte le four et je poursuis ma promenade aux quatrièmes loges, » (De Boi- gne.) ‘ FOUR BANAL. — Omnibus. (Colombey.) — Tout le monde peut s’y enfourner. FOUR IN HAND. — Voiture à quatre che- vaux. (Paz.)— Anglicanisme. — « Il nous a été permis d’apercevoir l’élégante Anglaise conduisant elle-même un four in hand. (Kelair, aotit 1872.) Fourpr. — Friponnerie. - — De fourberie. — Mot de langue franque, importé par notre armée d’Afrique. — « Quel fourbi, mon Dieu! quel fourbi ! » (Commentaires de Loriot.) FOURCHETTE. — Homme de grand appétit, sachant bien jouer de la fourchette. — « Bonne fourchette, excellent gobelet, plus il mangeait, plus il buvait. » (E. Villars.) FOURCHETTE (VOLER A LA). — Voler en introduisant les deux doigts dans la poche. FOURCHETTES (JOUER DES). — S’enfuir. FourcHu. — Bœuf. (Vidocq.) — Ses cornes font fourche. FOURGA, FOURGAT, FOURGUE, FOURGASSE. — Reeéleur, recéleuse. — Fourgat est la forme la plus ancienne, car elle est seule donnée par Grandval. — De fourquer, FOURGAINE. — Canne de jone. (Halbert. ) FOURGONNIER. — € On nomme ainsi le cantinier du bagne. » (Ponson du T'errail.) FOURGUER. — Vendre à un recéleur, — Du vieux mot /ourgager: placer dehors à moitié profit, ce qui serait beau pour un voleur. Les fourgats donnent moins que cela. FOURLINE, FOURLINEUR. — Voleur à la tire. FOURLINER. — Voler, — Du vieux mot fourloignier : écarter. V. Litrer, FOURLOURE. — Malade. (Vidocq.) FOURLOUREUR. — Assassin. (Idem.) FOURMILLANTE. — Foule. (Colombey.) FOURMILLER. — Marcher, FOURMILLON. — Marché public. — Le mot peint le fourmillement des vendeurs et des acheteurs. V. Parrain. FOUROBER. — F'ouiller. (Colombey. Ye Sy- nonyme de notre dérober, FOURRIER (MAUVAIS), — Homme servant de son mieux les ayants droit, même quand ce devrait être à son détriment. On comprend l'ironie de cette locution qui a pris naissance dans l’armée où les fourriers sont chargés des répartitions. FOUTAISES, — « Bagatelles de peu d’impor- tance. On dit moins incivilement fichaise. » (1808, Dhautel.) FOUTIMACER. — Ne faire ou ne dire rien qui vaille. (Dhautel.) — « Ne foutimacez plus les oreilles des dames. » (Paroles grasses de Caresme-prenant, 1626.) FourreEAU. — Combat, action de se f—tre des coups. — «€ Oh! il va y avoir du fou- treau, le commandant s’est frotté les mains. » (Balzac.) Ep FRE Fourriquer. — Homme nul. — « Tous les foutriquets à culottes serrées et aux habits carrés. » (1793, Hébert.) FRAIS (ramp SES). — Percevoir le dédom- “ magement qu’on croit dû à ses frais d’esprit, d’amabilité ou de toilette. — « J’en obtiens un rendez-vous, et quoi qu’il arrive mainte- nant... j’ai fait mes frais. » (E. Sue.) — « La littérature, primée en ce moment par la pein- ture, ne fait pas ses frais. » ( Villemot.) FRALIN, FRALINE, FRANGIN, FRANGINE. — Frère, sœur. V. Servir, Altèque. FRANC, FRANCHE. — Bas, basse. (Halbert.) Franc. — Hanté par les affranchis. V. ce mot. V. Tapis, Romamichel. FRANCHIR. — Baiser. (Halbert.) FRANGIN DABE, FRANGINE DABUSCHE. Oncle, tante. Mot à mot : frère de père, sœur de mère. FRANGIR. — Casser. (Colombey.) Vieux mot. FRANÇOIS (LA FAIRE AU PÈRE). — Étrangler quelqu'un en lui jetant autour du cou une courroie à boucle sans ardillon,, disposée de façon à faire nœud coulant. Pendant qu’on serre le patient, un complice le fouille. La courroie est nommée père François, du nom de l’escarpe qui s’en servit le premier. Cela se rapproche beaucoup de l’ancien charriage à la mécanique. FRAPOUILLE.— Guenille, et, au figuré, vau- rien. Pour fripouille, FRAPPER AU MONUMENT. — Mourir. Mot à mot : frapper à la porte du monument funèbre. V. Inférieur. FRÉGATE. — Chapeau bicorne. Porshe de ma- rine. Renversé, il ressemble assez à la coque d’un bâtiment. — « Prenez votre frégate, ayez soin qu’elle soit petite, cambrée, inclinez-la à 45 degrés, » ( Vie parisienne, 1867.) FRÉMILLANTE. — Assemblée. (Halbert.) — C’est une forme ancienne de fourmillante. Nous disons encore /ourmillement humain. _ FrÉMION. — Violon. (Idem.) — I vous fait fourmiller, danser. FRÈRE ET AMI. — Démagogue. — Allusion à la formule confraternelle usitée dans le parti. Elle a eu cours dès 1848. — « La-dessus, orande colère des frères et amis. On organise FRI chez le marchand de vin du coin une sous- cription. » (Fr. Sarcey, juin 1872.) 7 FRÈRE FRAPPART. — Marteau. — Jeu de mots. FRETILLANTE, FRETILLE. — Queue, paille. (Grandval.) FRETILLANTE, FRETILLER.— Danse, danser. (Vidoeq.) FruTIN. — Poivre. (Idem.) Pour fortin. FricAssÉ. — Perdu, détruit. — « La ruyne généralle dont le royaume est menacé si Paris estoit fricassé. » (Second Courrier françois, Paris, 1649.) — Le Dictionnaire de l’Académie admet /ricasser : dépenser. Fric-Frac. — Effraction. — Onomatopée. — C’est le bruit de la chose qu’on casse. V. Caroubleur, Flic-flac. Fricuri. — Régal. — Corruption de l’alle- mand /rüstück : déjeuner. — « Voila ce que je te conseille : c’est de payer un petit frichti. » (Champfleury.) FRICOTER. — Vivre de maraude, de profits peu réguliers. Fricoreur. — Maraudeur. — « Ces mau- vais troupiers pillaient tout sur leur passage. On les appelait des fricoteurs. » (M. Saint- Hilaire.) FRIGOUSSER. — Faire des frigousses. Mot à mot : petits fricots. FriLeux. — Poltron. — Allusion au trem- blement produit par le froid comme par la peur. — « Je suis un ferlampier qui n’est pas frileux. » (E. Sue.) V. Frousse. FRIME, FRIMOUSSE. — Visage, physionomie. — Du vieux mot frume. V. Coquer, Altèque, Gouépeur. — « C’est bien là le son du grelot, si ce n’est pas la frimousse. » (Balzac.) FRIMER. — Feindre, contrefaire. — « Ils commencent par leur battre comtois en /rimant de se disputer. » (Stamir, 1867.) FRIMOUSSER. — Tricher. (Vidocq.) Mot à mot : mousses. FRIPOUILLE. — Vaurien. Mot à mot : fripe, chiffon. FriquET. — Mouchard. (Colombey.) Frisé. — Juif. (Vidoeq.) — La frisure est un signe de la race. FRISES (TOUCHER LES, ALLER AUX). — S’é- & se réserver les cartes à figures ou /rt À de a aie eau et A Ne SL FRU lever au sublime sur la scène dramatique. Mot à mot : montrer un talent assez grand pour toucher la frise du théâtre. — « Toucher les ‘frises est le nec plus ultra de Tart du comé- dien. Mademoiselle Rachel, dans la scène de Camille, touchait les frises. » (J. Duflot.) Frrr. — Perdu, condamné. — Vieux mot. — « Nous ne savons plus quel boys tordre. Les gueux sont frits, je le vous dis. » (La Vie de saint Christophe, 1530.) Rien à frire : rien à manger — « La guerre fut en tous lieux si amère. tellement que plus rien à frire n’entrèrent à Paris. » (La Ju- liade, 1651.) FrITE. — Pomme de. terre frite. — « Le modèle lui donne quelques conseils en lui pre- nant quelques frites. » ( Bertall.) FROID AUX YEUX (N’AVOIR PAS). — Être courageux. — Les lâches pleurent et le froid fait pleurer. — « Ces gaillards-là n’auront pas froid aux yeux. » (Rienzi, 1826.) FROISSEUX, FROLLANT, FROLLAUX. — T'rai- tre, calomniateur. (Vidocq.) FROLLER, FROLLER SUR LA BALLE. — Dire du mal. FROM. — Fromage. — Abréviation. FROTESKA. — Danse polonaise qui essaya, il y a une trentaine d’années, de détrôner la polka. — « L’on ne pourrait, le soir, faire vis- à-vis à la reine Pomaré au bal Mabille pour une polka, mazurka ou froteska.» (Th. Gau- tier, 1845.) FroriN. — Billard. Il est frotté par les billes. FROUFROU. — Froissement d’étoffe. — Ono- matopée, — « Son oreille recueille précieuse- ment le froufrou que fait la soie de sa robe. » (Ricard.) FroussE. — Peur. Du vieux mot frillou- seté : frisson. V. Frileux. Frurr-SEc. — « A l’École polytechnique les fruits-secs sont ceux qui, après leur exa- men de sortie, ne sont pas déclarés admissibles dans les services publics. » (La Bédollière.) Les autres écoles ont aussi leurs fruits-secs. — «€ Ce sont apparemment des fruits-secs, ou des quatrièmes accessits de Conservatoire. » (Mornand.) ‘ Enfin on a donné ce nom à tous ceux qui ne répondent pas aux espérances qu’ils ont fait concevoir. — « Note bien qu’il est un des fruits-secs de son temps, juge d’après lui! » (About.) L’Intermédiaire de mai 1865 dit à ce sujet : « Vers 1800, un polytechnicien avait reçu le nom de /ruit-sec à cause de nombreux envois de fruits secs que lui faisait sa famille. Cet élève n’ayant pas été reconnu capable d’entrer dans les services publics, le nom de fruit-sec passa à tous ceux auxquels un pareil malheur arrive.» FRUSQUER. — Donner. (Colombey.) Frusquas. — Vêtements. Abréviation du vieux mot /rusquin : garde-robe, bien mobilier. — «Les vêtements, en terme générique, sont des frusques ; une pelure est un habit ou une redingote ; le pantalon est un montant. » (Mor- nand.) V. Bibloter. FRUSQUIN, FRUSQUINER, FRUSQUINNEUR.— Coquetterie de toilette, habiller, tailleur. (Halbert.) Fumi. — Radicalement perdu. — « Trahi- son ! nous sommes fumés. » Mélesville.) FUMER. — Se battre. (Grandval.) FUMER, FUMER SANS TABAC. —- Bouillir d’impatience. Qui bout fume. — « Jai cent mille fois, étant au bivouac, fumé sans ta- bac. » (Duverny, 1815.) — « Ma femme à la mod” va se conformer et cela va me faire fu- mer. » (Metay.) FUMERONS. — Jambes maigres. — Allusion de forme. Le fumeron est un gros brin de fa- got. V. Gueule. Fumisre. — Trompeur, mystificateur. Mot à mot : homme qui fait fumer les gens. FURIA FRANCESE. — Impétuosité qui ca- ractérise la première attaque d’une troupe française. — Italianisme. — « Les comman- dants supérieurs mettent des entraves à l’élan, à l’impulsion, à la furia francese. » (Zmnpres- sions du siêge de Belfort, 1870.) FUsÉE. — Vomissement. — Allusion à la violence de l’expulsion. — « V’là qu’ Jean- Louis s’ mit à faire z’un renard qu’était comme un’ fusée d’ la fête du premier vendrémiaire. » (Catéchisme poissard, 1840.) — « Nous allu- mémes un punch de six litres... Gare les fu- sées ! » (Michu.) Fusin. — Gosier. — Allusion à la forme i GAL — 144 — GAL ronde et creuse du fusil. — « À présent, mon vieux, colle-toi ça dans le fusil. — Une bou- teille de vitriol m’eût moins chauffé. » (Com- mentatres de Loriot.) FUSIL (REPOUSSER DU). — Sentir mauvais de la bouche, Jeu de mots sur les bouches de GABEGIE. — Fraude. Du vieux mot gabe- rie : tromperie. — « Assurément il y a de la gabegie là-dessous. » (Deslys.) GasELOU. — Employé des contributions in- directes. — Du vieux mot gablour : officier de gabelle. — « Bras-Rouge est contrebandier... il s’en vante au nez des gabelous. » (E. Sue.) GADOUE. — Sale femme. — Du vieux mot gadoue : ordure. — « File, mon fiston, roule ta gadoue, mon homme, ça pue. » (C'aréchisme poissard, 1844.) r GAFE, GAFEUR, GAFFRE, GAFRE. — Soldat en sentinelle, voleur aux aguets pour ses com- plices, surveillant de prison. Ils gafent tous trois. (+AFER, — Guetter. (Vidocq.) (+AGAT. — « Les gagats, c’étaient primiti- vement les houilleurs et les forgerons de Saint- Étienne ; puis le mot s’est étendu à tous les habitants de la localité sans distinction. » (Ra- thery.) ; Gar. — Excité, égayé par la boisson. — « Avoue-le, l’autre jour j'étais un peu lancé, n’est-ce pas ? — Oh ! gai tout au plus. » (Cha- vette.) Garr. — Cheval. (Colombey.) — Abrévia- tion de galier. GALAPIAT. — Galopin. — Modification du l’arme et de l’individu, ainsi que sur leur ac- tion répulsive. V. Ecarter. FUSILLER. — Envoyer de petits crachats en parlant. V. carter, FUSILLER. — Donner un mauvais dîner. — Usité dans l'armée. mot. — « T1 dit aux avocats : Vous êtes un tas de galapiats qui vous fichez du monde. » (Balzac.) GALBE. — « Quoique nez roturier, de galbe il est pourri. » ( Vie parisienne, 1866.) GALE. — Personne aussi incommode et in- supportable que la gale. GALETTE. — Matelas. (Petit dictionnaire d’argot, 1844.) — Le nom dit assez qu’il s’agit d’un matelas mince. GALETTE. — Homme nul et plat; contre- épaulette portée autrefois par les soldats du centre. — « Pour revétir l’uniforme et les ga- lettes de pousse-cailloux. » (La Bédollière.) GALIER, GALLIER. — Cheval. — Vieux mot. — Dans la Vie de saint Christophe (Lyon, 15830), un larron s’écrie : Cap de Dio! tout est despendu J'ai mon arbaleste flouée, Et le galier pieça vendu. GALIENNE, GALIÈRE. — Jument, (Halbert.) V. ce mot. GALIFARD. — « Commissionnaire, saute- ruisseaux qui porte au client les marchandises vendues au Temple. » (Mornand.) GALIFFAR. — Bouchon. (Grandval.) GALIOTTE, GAYE. — Partie entamée ir us das GIGOLO ET une dupe et deux grecs, —— Le second mot est une abréviation. GALOCHE, — Menton, (Halbert.) GALONS (ARROSER SES). — Payer à boire lorsqu’on est promu sous-officier. — « Je ne dis pas que. avec les camarades, pour arroser mes galons. » (Cormon.) GALoP. — Réprimande énergique. — « Tu as tant fait, que ma mère va me donner un galop. » (Champfleury.) : Dirtionne Ce l'argot parisien, 145 — GAL GIGOLETTE GALOUSER. — Chanter. (Halbert.) — Ana- gramme de goualer. GALTRON.— Poulain. (Halbert.)— Diminu- tif de galier : cheval, GALUCHE. — Galon. (Colombey.) — Chan- gement de finale. GALUCHER, — Galonner. — « J? li ferai por- ter fontange et souliers galuchés. » (Vidocq.) GALUCHET,. — Valet de cartes, — Allusion aux galons de sa livrée, — « Cinq atouts par Live, 19, qu’il porte des gants jaunes, qu’on l’appelleun — | _ le monarque, son épouse et le galuchet. « (Mon- tépin.) GALURIN. — Chapeau. — Galurin à viskop : Chapeau à larges bords. GALVAUDAGE. — Tripotage. — « Surtout pas de galvaudage ni de chipoteries. » (Balzac.) GALVAUDER (SE), — Compromettre sa ré- putation par des galvaudages. GAMBETTISVE, —Partisan de M, Gambetta, fonctionnaire nommé par M. Gambetta pen- dant l’organisation de la défense en province, GamBrLin, — Jambe, — Diminutif du vieux mot : gambe, ‘ : GAMBILLER, — Danser, — Mot de langue romane, V, Coquer, GAMBILLEUSE, — Coureuse de bals, fille folle pour leplaisir. Game. — Rage, hydrophobie, (Halbert.) GAMME (MONTER UNE), — Gronder, tancer, Gance, — Clique, (Halbert.) GANDIN. — Dandy ridicule, Allusion à l'ex- boulevard de Gand, leur promenade favorite. — « L’œillet rouge à la boutonnière, les che- veux soigneusement ramenés sur les tempes, le faux-col, les entournures, le regard, les “ favoris, le menton, les bottes ; tout en lui indi- quait le parfait gandin, tout, jusqu’à son mou- choir fortement imprégné d'essence d’idio- tisme. » (Figaro, 1858.) GANDIN, — Tromperie, — Du vieux mot gandie : tromperie, — Gandin d’altègue : Oroix, décoration, (Vidocq.) Mot à mot: tromperie aristocratique. — Monter un gandin : Dans l’armée d’Afrique, c’est essayer de consommer sans payer le cabatetier ou madais. GANDINERIE, GANDINISME. — Genre du gandin. — « La population du quartier Latin aspira à la gandinerie, elle n’eut plus qu’un but, le luxe. » (Le Passé de ces Dames, 1860.) — « Le gandinisme, c’est le ridicule daus la sottise. » (G. Naquet.) GANTS (DONNER POUR LES). —- Donner une gratification en sus du prix convenu. — Cette expression était prise au dix-septième siècle dans l’acception générale de. pourboire, Elle venait de l’espagnol paragante, — « Et le luy rendoit moyennant tant de paragante, » (T, des Réaux.) GANT JAUNE. — Quand on dit d’un homme iA gant jaune, c’est une manière concise de dire : un homme comme il faut. (Alph. Karr, 1841.) — « Quand on a relevé les cadavres des émeu- tiers, qu’a-t-on trouvé en majorité ? — Des malfaiteurs et des gants jaunes ! » dit M. Gra- nier de Cassagnac dans son apologie du coup d’État de Louis Napoléon. (ARGON DE cCAMBROUSE. — Voleur de cam- pagne, — Au moyen âge, garson signifiait sou- vent vaurien, — « La cognade à gayet servait le trèpe pour laisser abouler une roulotte far- guée d'un ratichon, de Charlot et de son lar- bin et d’un garçon de cambrouse que j'ai reco- nobré pour le petit Nantais. » (Vidoeq.) GARDANNE. — « Si par rognures vous en- tendez les morceaux de coupons de soie, ou gas- dannes, vous ne vous êtes pas inquiété d’une branche fort lucrative de l’industrie pari- sienne. » (Privat d’Anglemont.) GARDE A CARREAU (AVOIR UNE). Se garder à carreau. — Se tenir prêt à parer tout acci- dent, — Ce doit être un jeu de mots. Carreau signifiait jadis : trait, projectile — « Je m’aper- çus bientôt qu’il avait plus d’une garde à car- veau, » (Mémowes de Rovigo, 1829.) (FARE DES VOITURES, — Prudent, rangé. — Allusion dux dangers de la eirculation pari- sienne, — « Je suis honnête homme mainte- nant... un bourgeois garé des voitures. » (Ma- dame Ratazzi, 1866.) (FARGAMELLE. — Gosier. — Vieux mot. GARGARISER (SH). — Boire à pleines rasades. V. Taper sur les vivres, C’est l'équivalent exact de se rincer le gosier. Garcor, — Gargote, — Abréviation. — « Dans les crèmeries borgnes et dans les gar- gots de la grande truanderie. » (P. Parfait.) GARGOUENNE, GARGOUINE, GARGOINE, GAR- GOUILLE, GARGUE. — Gosier. — Du bas latin gargaillus: Gosier. — Nous disons encore gar- gariser. — « La gargouine me démange, il faut l’humecter, c’ gosier, afin d’ pouvoir recom- mencer. » ( Catéchisme poissard, 1844.) — « Ouvre la gargouine. Prends le bout de ce foulard dans tes quenottes. » (E. Sue.) GARIBALDI (COUP DE).—Coup de tête donné par un malfaiteur à celui qu’il veut dépouiller le soir dans la rue, — « Arrivé près de sa vic- & se = pommiers, & time, il se précipite sur elle en Tui donnant un ~ violent coup de tête dans l’estomac. Ils appel- lent cela le coup de Garibaldi, » (Notes d'un sagem ) - GarIBALDI. — Courte chemise rouge, petit chapeau de feutre, —Allusion au costume du fameux patriote italien. ——« On peut faire le dandy, le Garibaldi sur le coin de l'oreille. » (Le Gaï Compagnon maçon.) GARNAFIER, GARNAFLE, — F'ermier. GARNI— Chambre garnie, — « Un lit en bois peint, une commode en noyer, un secrétaire en acajou, une pendule en cuivre, des vases de porcelaine peinte, cela s'appelle un garni. » (Champfleury.) V. Poussier. GARNI, — Petit hôtel meublé, — « Une mai- son garnie s'appelle aussi un garni en raison ‘du bas prix des loyers. » (E. Sue.) GARNISON, — Vermine à demeure dans un - litou sur un individu. V. Grenadier, Négresse. GAUCHE (LA). — Le parti de l’opposition “ démocratique. — Ainsi nommé parce qu’il se place d’ordinaire au côté gauche de nos assem- blées législatives. — « Des sommets de la gau- che, il fit pleuvoir des Inisrpellations » (BE. d’Hervilly.) GAUCHE (DONNER A). — Se tromper. Mot a mot, s’écarter de la ligne droite. Gas. — Malin. —« L’employé était un gas. » (Stamir, 1867.) — Mot à mot: un garçon. GATEAU (PAPA, MAMAN). — Se dit des pa- rents qui gâtent leurs enfants. — Jeux de mots sur le verbe gâter, et sur le gâteau qui le symbolise d’ordinaire. — « Soit que le hasard, — ce papa gâteau des rêveurs, — ait à leur en- droit des préférences spéciales. » (Marx.) GATEUX. — Imbécile. — Acception figurée d’un mal connu. Bien qu’elle soit assez mal- propre, on en use, en remplacement d’idiot et d’infect, qui ont fini par sembler fades. — « Puis il faut avouer, me dit M. de B....., que cet Allemand est un joli giteux.» (Nord, sep- tembre 1872.) GAUDILLE. — Epée. (Grandval.) ; GAUDINEUR. — Décorateur.— Du vieux mot gaudiner : s'amuser. — La gaieté des peurs en bâtiment est proverbiale, ; GAuLÉ. — Cidre, Mot à mot : Vin gaulé dans compliment à un écrivain que de dire : Vous êtes Gaulois, L’esprit gaulois, c’est-à-dire la belle humeur triviale, est devenu un spectre» nisme. » (Aubryet.) Gaux-Prcantis. — Pou. (Grandval.) — Halbert dit épowr, ce qui n’est pas la même chose, mais c’est une faute d’impression. GAVE, GAVIOLÉ, — Ivre. Mot à mot: gorgé jusqu’au gosier. — Du vieux mot gaviot, Gavor. — Compagnon. V. Dévorant. GAYVROCHE,. — Gamin, — Type des Miséra- bles de V, Hugo. — « Augustine Brohan en gavroche. » ( Vie parisienne, 1867.) Gay. — Laid, drôle. (Vidocq.) (AYE. — Fausse partie. V. Galiotte. (AYE, GAYET. — Cheval. — Abréviation de galier. V. Garçon, — Gayerie : cavalerie. GAZ (ÉTEINDRE soN).— Mourir. Mot à mot : s’éteindre comme un bec de gaz.— « La pauvre vieille éteint son gaz... Une indigestion d’an- douillettes. » (About.) ; GAZ (LACHER LE). — Péter. — Allusion a la nature et à l’odeur de l’expulsion. — « D’autres dans un coin, mais sans honte, lâchent le gaz et font des renards. » (Chansonnier, 1836.) GAz (FAIRE SON).— Aller a la garde-robe, (Grandval.) GAZON. — Perruque mal peignée, ébouriffée comme une touffe d’herbe. GAZOUILLER. — Parler, chanter. — Vieux mot. — « Laquelle de tous les deux qu’a le plus de choses dans le gazouillage ? » (Vadé, 1788.) GÊNEUR. — Importun, causeur. génant, — « On ne pouvait plus faire un pas dans la rue sans rencontrer un de ces géneurs. » (P. Véron.) GENOU. — Tête aussi nue qu’un genou. — «Il ébauchait une calvitie dont il disait lui- même sans tristesse : Crâne à trente ans, genou à quarante. » (V. Hugo.) GENREUX. — Homme qui fait du genre, po- seur ridicule. ; GENTLEMAN.— Gentilhomme, dans la langue des anglomanes, — « Nous sommes certes de parfaits gentlemen. » (Frémy.) GENTLEMAN RIDER. — « Homme du monde qui monte dans les courses, » (Paz,) GENTRY, — Société aristocratique, — « Im- GAULOIS, — « Autrefois c’était peut-être un — 148 — posant à la gentry par son nom et sa fortune. > (Aubryet.) GEORGET. — Gilet. Vieux mot. GERBER. — Juger. (Vidocq.) Mot à mot : réunir tous les actes de la vie passée, en faire une gerbe, un faisceau pour l'accusation? V. Manger. - GERBER A LA PASSE. — Condamner à mort. — On dit souvent en parlant de la mort: Il faut la passer. — «On va le buter. Il est depuis deux mois gerbé à la passe. » (Balzac.) GERBERIE, GERBIER. — Tribunal, juge. GERNAFLE. — Ferme. — Pour garnafle. GÉRONTOCRATIE. — Puissance de la routine. — Représentée au théâtre par le type de Gé- ronte. — M. James Fazy, de Genève, a débuté dans les lettres par un ouvrage intitulé : De la Gérontocratie, ou Abus de la sagesse des vieil- lards dans le gouvernement de la France, 1828. Gr. — Oui. (Halbert.)-— V. Gy. GIBERNE. — Derrière. — Allusion à la place ordinaire de la giberne. — « Il donne en riant une légère tape sur… la giberne de Léa. — Léa : Insolent. » (L. Leroy.) V. Pinceau, GIGOLETTE. — Grisette, jfaubourienne cou- rant les bals publics, les lieux où se rencontre la gigolette. GILET EN CŒœUR. — Élégant , fashionable, — « Si, avec cela, vous n’êtes pas reçu mem- bre de la Tribu des gilets en cœur, brûlez-vous la cervelle. » (Marx, 1867.) La description suivante donne l’étymologie du mot, elle est prise également aux Histoires d'une minute, d’Adrien Marx. — «Cela fait, re- gagnez votre domicile, glissez les jambes dans un pantalon simulant la vis au cou-de-pied ; encadrez le plastron de votre chemise dans un gilet ouvert jusqu’au nombril, et endossez l’habit noir préalablement orné d’un œillet blanc. » { GILMONT. — Gilet. GINGINER. — Faire une ceillade. — « Elle gingine & mon endroit... » (Gavarni.) G1LBOCQUE. — Billard. (Halbert.) — Ono- matopée. C’est le bruit de la bille qui en ren- contre une autre. GINGLARD, GINGLET, — Piquette.—Du vieux mot ganguet: petit vin aigre. — Le vin nou. “= AE. ttre. — V. Itrer., — Vidocq donne à tort (16010. — Petit jeune homme fréquentant J 4 ? veau qui est aigre, sappelait jadis jain. V. La- combe. — « Nous avons arrosé le tout avec un petit ginglard à six qui nous a fait éter- nuer... oh ! mais, c’était ça! » (Voizo.) GINGUER. — Envoyer des coups de jambe, — De gigue. — Vieux mot. 2 GIROFLE.— Jolie, aimable, bonne. — « Mon- tron drogue à sa largue : bonnis-moi donc, girofle. » (Vidocq.) — V. Coquer. GIROFLÉE A CINQ FEUILLESOU A PLUSIEURS FEUILLES, -— Soufflet. — Les cinq feuilles re- présentent les cinq doigts de la main. — « Je vous lui donnai une giroflée à cinq feuilles sur le musiau. » (Rétif, 1783.) GIROFLERIE. —- Amabilité, (Vidocq.) GIROFLETTER. — Souffleter. — De giroflée à plusieurs feuilles : soufflet. — « Ah! l’a-t-elle girofletté ! » ( Balzac.) GIROLLE. — Oui, soit. (Vidocq.) GIRONDE. — Jolie prostituée. (Idem.) GIROUETTE. — Homme politique dont les opinions changent selon le vent de la fortune. On a publié depuis 1815 quatre ou cinq dic- tionnaires de (rerouettes. GITRE. — J'ai. (Grandval.)— Mot à mot: croyons-nous, le verbe gitrer, GIVERNEUR. — Vagabond couchant dans la rue. (Vidocq.) GLACE, GLACIS. — Verre à boire. (Grandval.) Nom de matière appliqué à l’objet. —G/acis est un diminutif. GLACIÈRE PENDUE.— V. Pendu. Gravior.—Crachat. — Dhautel dit Clavrot, GLIER, GLINET. — Diable. (Grandval.) GLISSANT. — Savon. (Vidocq. ) — Allusion d’effet. GLISSER. — Mourir. — On dit le plus sou- vent : 7l s’est laissé glisser. -— Quand on glisse, on tombe, et c’est de la grande chute qu’il s’a- git ici. — « C’est là (à un restaurant de la chaussée du Maine), que j’ai appris, entre au- tres bizarreries, les dix ou douze manières d’an- noncer la mort de quelqu'un : Il a cassé sa pipe,—il a claqué, — il a fui, — il a perdu le goût du pain, — il a avalé sa langue, — il s’est habillé de sapin, — il a glissé, — il a décollé ge Réverbère. (Halbert.) sain a kb aa billard, — il a craché son âme, » etc, etc., (Delvau.) GLORIA. — Petit verre d’eau-de-vie versé dans une demi-tasse. — De méme que le gloria pa- tri se dit à la fin des psaumes, ce gloria d'un autre genre est la fin obligée d’un régal popu- laire. — « À la chaleur d’une demi-tasse de café bénie par un gloria quelconque. » (Balzac.) On appelle aussi HER — 156 — HUI HapPIN. — Chien. (Grandval.) — De happer : saisir. Ë HAPPINER. — Mordre. HARIA, ARIA. — Embarras. — « C’est un haria que de chasser si loin. » ( Balzac.) HARIADAN BARBEROUSSE. — Christ. — Allusion ‘à la barbe rousse du Christ. — « Il rigolait malgré le sanglier qui voulait lui faire bécoter Hariadan Barberousse. » (Vidocq.) HAR1coT VERT. — Voleur maladroit. HARMONIE (FAIRE DE L’). — F'aire tapage. (Grandval.) — Ironie. HarPE. — Barreau de fer servant à griller une fenêtre de prison. — Abréviation de kar- pion qui signifiait g72//e au moyen âge. — La harpe est une grille de fer retenant le détenu. HARPION. — Mains, pieds, (Grandval.) V. Arpion. HAvssigr. — Boursier jouant à la hausse. — « Il est bien entendu que le haussier n’achète que pour revendre, comme le baissier vend pour racheter, » (Boursicotrérisme.) HAUSSMANNISER.— Exproprier, démolir et reconstruire sur une grande échelle, selon les errements de M. Haussmann, ancien préfet de la Seine, — « Nous sommes décidément haussmannisés, mes chères. La moitié du jardin y passe. » (E. Villars, 1866.) HAUTE (LA). — La partie riche de chaque caste sociale. Il y a des lorettes de la haute, des voleurs de la haute. — Le misérable qui se trouve en fonds dit en plaisantant : Je sus de la haute,—- « Jamais aussi le sportsman n’a couru les salons et ‘a haute, comme on dit au club. » (R. d’Ornano.) — « Des dames de la haute?… Non, des étudiantes. » (Carmouche.) — « Il y a lorette et lorette. Mademoiselle de Saint-Pharamond était de la haute. » (P. Féval.) — « Si nous ne soupons pas dans la haute (dans un restaurant fashionable), je ne'sais guère où nous irons à cette heure-ci. » (G. de Nerval.) HAVRE, GRAND HAVRE. — Dieu. (Halbert.) Mot à mot : port, grand port. — Dieu est le port du salut. HErPLIS. — Liard. (Idem.) Hrrs. — Maître. (Colombey).- - Vieux mot dans lequel on retrouve le herus latin. Hrc (VoILA LE). — Voilà le difficile de l’affaire. — Latinisme. — Vieux mot. HIGH LIFE. — Grand monde. — Anglica- nisme. — « Les chroniqueurs de high life trempent leurs plumes pour décrire les magni- ficences du bal. » (L’Éclair, 1872.) — « Ma dame de Blanchet, une de nos charmantes élégantes du high life parisien. » (Moniteur) Homrcrme. — Hiver. (Halbert.) — Sa ri- gueur tue les misérables. HOMME DE BoIS. — Nom qu’on donne dans les imprimeries à celui qui rajuste les planches avec des petits coins en bois. (Cabarets de Paris, 1821.) — Jeu de mots. HOMME DE LETTRES. — Faussaire. (Vidocq.) — Jeu de mots. HOMME DE PAILLE. — Homme étranger aux choses accomplies sous la responsabilité de son nom. — « Quoi qu’il arrive, M. Bitterlin aurait été... son homme de paille, son gérant, son compère. » (About.) — « J’ai un préte-nom, un homme de paille, je lui confie mon argent, et il s’en sert à mon profit. » (Montépin.) HOMMELETTE. —- Homme sans force et sans énergie. (Dhautel.) — Jeu de mots. Honnèrz. — Printemps. (Halbert.) HorrraL. — Prison. (Vidocq.) V. Malade et Fièvre cérébrale qui complètent l’allusion. HORREURS. — Propos libertins. Quand les bégueules ont des masques, Elles raffolent des horreurs. (Festeau.) Faire des horreurs. — En venir des paroles à l’action. \ HoTERIOT. — On nomme ainsi la hotte des chiffonniers. (P. d’Anglemont.) — Diminutif de hotte. HUGOLATRE, HUGOPHILE. — Admirateur exclusif de Victor Hugo. — « Ah ! tu es hugo- phile. Tu es donc un géant pensif. » (Michu.) HurLE, — Argent. (Grandval.) V. Beurre. HurLE. — Soupçon, — Il pénètre et s’étend comme une tache d’huile. — « L'huile, c’est le soupçon. » (Du Camp.) HUILE DE BRAS. — Vigueur corporelle. Hume DE COTRET. — Coup de bâton. \ (Dhautel.; — « Il n’a plus à courir après l’offenseur, =hargé de cotrests. » (Le grand À aki Si EM Sad i Ra A = IDE Gersay battu ou la canne de M. de Beaufort, Paris, 1649, in-4.) Nos bastonnades sont sûres, Nous panserons les blessures Avec l’huile de cottrets. (A. Leullier, Ronde des Gourdins.) Hurr ressorts. — Voiture très-suspendue. — «€ Jamais Anna Deslion, Julia Barucci, Adèle Courtois, n’ont dans le huit ressorts promené de mine aussi noble. » (Les Cocottes.) Hurrre. — Graillon. — Allusion d’aspect. — « Dis donc, cousin d’mon chien! mangeux d’huîtres sans citron. » (Cat. poissard, 1840.) Hurrre. — Imbécile. — « Combien il a fallu d’huîtres pour fournir un pareil collier ! disait un vaudevilliste à la jolie femme. — Oh! il n’en a fallu qu’une ! répondit-elle en sou- riant. » (Marx.) HUITRE DE VARENNES, — Fèves de marais. (Halbert.) HUITRIFIER. — Abrutir. HUMANITAIRE. L’humanitaire est le zélateur d’une secte récente. L’humanitaire est le radical par excellence. Petites ou grandes, à ses yeux, toutes les réformes se tienrent. » (Michel Raymond, 1833.) HUMECTER (s’). — Boire. V. Casque. HuNTER. — Cheval de chasse. (Paz.) — Anglicanisme. : Hurg. — Riche. (Halbert.) Pour huppé. HUSSARD A QUATRE ROUES. — Conducteur d’artillerie, soldat du train des équipages. — « Aussi partagent-ils avec le train des équi- pages militaires le sobriquet de hussards a quatre roves. » (La Bédollière.) HUSSARD DE LA GUILLOTINE. — « Le gen- darme a différents noms en argot: quand il poursuit le voleur, c’est un marchand de la- cets, quand il l’escorte, c’est une hirondelle de la Grève ; quand il le mène à l’échafaud, c’est un hussard de lo guillotine. » (Balzac.) Hust must. — Grand merci. (Grandval.) TorcAILLE, 10160. — Ici. — Adjonction de finale. — V. Dardant. IDÉALISTE. — Artiste ou écrivain plaçant l’idée au-dessus de la réalité dans l’exécution. -— « Ces idéalistes-là trouvent toujours qu’il y a trop de couleur: pourquoi pas trop de toile! » (J. Richard, 1872.) | | | INE IDÉE (UNE).— On dit une 2dée, un soupçon, un scrupule, une larme, pour quelques gouttes de liquide. Avoir des idées : avoir d’amoureu désirs. Inror.— Insulte vague. Elle peut s'adresser à des gens d’esprit. — « Il a l’air d’un chien de chasse. Est-il idiot, hein? — Aussi, tu l’a- gaces, ma chère. » (BE. Villars.) IrL1co. — De suite. — Latinisme. — « Sans égards pour vos larmes, ils vous conduiraient illico à Saint-Lazare.» (Événement, 1866.) ILLIC0.— Grog confectionné en fraude dans les hôpitaux. — Allusion à un terme de for- mulaire. ImmorTEL. — Membre de l’Académie fran- çaise. ImPArr. — Bévue, ânerie, dans le monde des coulisses. (Duflot.) IMPÉRIALE. — Bouquet de poils plus grand que la mouche et moins grand que la bouguine. — «Sous le règne de Napoléon, la royale, peu en vogue du reste, prit le nom d’impériale, » (Histoire de la Cravate, 1854.) IMPORTANCE (D’), — Fortement. — « La grosse Irma, j’vas t'la moucher, mais. d’im- portance, aie pas peur. » (H. Monnier.) ImPossIBLE.— Impossible à figurer. — « Avec son col exorbitant et ses lunettes impossibles, » (Delvau.) ImPor. — Automne. (Halbert.) INcoMmMoDE, — Réverbère. (Colombey.) — Il incommode les voleurs, INCONSÉQUENT.---« Lorsque, dans le monde, une jeune dame n’a pas très-bien su étendre le voile par lequel une femme honnête couvre sa conduite, là où nos aïeux auraient rude- ment tout expliqué par un seul mot; vous vous contentez de dire : « Ah! oui, elle est fort aima- « ble, mais... — Mais quoi ? — Mais elle est « souvent bien inconséquente, » ( Balzac.) INDE IRÆ — De là les colères. — Lati- nisme, — « M. Littré, scrupuleux observateur de la loi, vient de voter le rétablissement des écoles des frères. Inde irae. » (Liberté, 1872.) INDIFFÉRER. — Être indifférent. — « J'ai beau consulter mon pauvre cœur : — Oscar m’indiffère, Chamoisy m’est égal. » (Marquet.) INEXPRESSIBLE. — Pantalon. —« Au sortir des bancs du collége, où nous avions usé pen- dant huit années, ce que la pruderie anglaise exprime par trexpressible. » (Mornand.) : INFanTE. — Se dit ironiquement, comme - donzelle, d’une fille de médiocre vertu. INFÉRIEUR (ÇA M'EST). — Cela m’est indif- férent , mot à mot : je suis au-dessus de cela. — « Après ça, que le momignard frappe au mo- nument, ça m’est inférieur. » (De Goncourt.) INrror. — Laid. — L'infection n’est prise qu’au figuré. — « Viens-tu voir la petite nou- velle ? — Pardieu ! et si elle n’est pas trop in- fecte, nous l’emmenons à la Maison-d'Or. » (Ces Petites Dames, 1862. )— «Tout ce qui se dit, s’écrit, se pense à l’heure qu’il est, est in- contestablement infect. » (Vie parisienne.) INFECTADOS. — Cigare d’un sou. — L’ironie n’a pas besoin d’être expliquée. INGLIOHMANN. — Anglais, — « Avec ça que l'amiral l’avait fait habiller en inglichmann. » (Louis Desnoyers.) INcrisTn. — Peintre de l’école d’Ingres. -—- « A vous Lehmann, Ziegler, Flandrin, et au- tres engristes, » (0. Blanc.) INopores. — Latrines. — « Fournier aux J JABor.—Estomac.— « Enlevé la miche ! cinq minutes après, nous l’avions dans le jabot. » (Comment. de Lortot.) JACQUELINE. — Fille de mauvaise vie. — Dans son Vieux Cordelier, Camille Desmoulins apostrophe ainsi Hébert : « Le banquier Kocke, chez qui toi et ta jacqueline vous passez les beaux jours de l’été. » JAcrER.— Orier. Mot à mot : jeter (jactare) les hauts cris. V. Greffier. J'AFFIER.— Jardin. (Halbert.) JAFFIN. — Jardinier, (Idem.) inodores présente le papier, (Move cncodor tique.) V. Calme. INTÉRESSANTE (usant) — Grossesse V. Polichinelle, INsoLPÉ. — Insolent. (Colombey. )— Chan- gement de finale. = INTERVER. — Comprendre, Grail Pour enterver. INTIME, — Olagueur, — C’est unintime pour — le théâtre. — « Adolphe allait en intime au — Théâtre de Madame. » (Canqguante mille voleurs — de plus à Paris, 1880.) INvALO.— Invalide — Changement de finale, — « Viens-tu entendre tousser le brutal sur Pesplanade des Invalos. » (Alm. du Hanne- : ton.) he IRRÉCONCILIABLE. — Ennemi irréconcilia- ble du gouvernement de Napoléon IIL. —Le | | mot date des dernières années de l’Empire. ISOLER.-— Abandonner, — Effet pris pour la cause. — On isole celui qu’on abandonne. ITRER. — Avoir, — Abréviation de litrer. ~~ Il se conjugue sans le . — cIres-tu picté ce luisant : as-tu bu aujourd’hui ? » (Halbert.) | K JALO. — Chaudronnier. (Halbert.) JAMBE (FAIRE UNE BELLE). — Rendre lu jambe mieux faite : Donner un avantage illu- soire. — «Tu as maudit ton père de t'avoir abandonné ? — Ça m'aurait fait une belle jambe.» (E. Sue.) JAMBE (s’EN ALLER SUR UNE).— Ne boire | qu’une tournée. — « Dès l’aube, on s’offrela — goutte, on s’offre le canon, on s’offre le rhum, on s’offre l’absinthe ou le bitter, et l’on ne veut jamais s’en aller sur une jambe. » (het Bédol- lière.) JAMBE (LEVER LA). — Danser le cancan : (haute école). — « Elle levait la jambe avant Rigolboche. » (Les F'tudiants, 1860.) J'AMBON. — Violon. — Allusion de forme. — : €Il y avait longtemps que je n’avais entendu râcler le jambon en pleine rue. » (Th. Gau- tier.) JAPPE. — Bavardage. — « Tais ta jappe. » (Almanach du Hanneton, 1867.) — JAR, JARS. — Argot. — Vieux mot jadis usité dans la bonne société.; Voir les Psaumes des Courtisans , dédiés aux braves esprits qui en- tendent le jars de la cour, petit in-12 publié “ en 1620. Jars est une abréviation de jargon. JARDINER. — Ricaner, parler en se moquant, V. Kscracher. JARDINIER. <- Voleur à l’américaine. V. Charriage. a JARNAFFE. — Jarretière. (Idem.) — Chan- gement des dernières syllabes, JASER. — Prier. (Halbert.) — Allusion au récitatif de la prière. JASPIN. — Oui. (Grandval.) JASPINER. — Parler, causer. — Vieux mot dont jaser nous paraît le père. — « Ils jaspi- naient argot encore mieux que frarçais. » (Grandval, 1723.) — « Je lui jaspine en bi- gorne : N’as-tu rien à [morfiller? » (Vidocq.) JAuxk. — Été. (Halbert.) JAUNE.—Eau-de-vie.— Allusion de couleur. -- Nous prenons ees trois vers dans la Mai- son du Lapin blanc, brochure publiée vers 1858, sur le dernier « tapis » de la Cité. Lapin blanc, que me veux-tu? Avec ton jaune et ton camphre Tu déranges ma faible vertu. JAUNE D’ŒUF (AIMER AVEC UN). — Trom- per. — Allusion à la couleur du cocuage. — « Vous murmuriez à l’oreille de madame Co- codès: Je vous adore ! — Avec un jaune d’œuf, vous répond-elle. » (Monselet.) JAUNET. —Piéce d’or.— « Un seul regret, celui de n’avoir pu débarrasser les pigeons de leurs jaunets. » (Paillet.) JAVANAIS, — « Argot de Bréda où la syllabe va, jetée après chaque syllabe, hache pour les profanes le son et le sens des mots, idiome hiéroglyphique du monde des filles qui lui ermet de se parler à l’oreille, — tout haut. » — (De Goncourt.) — Exemple : Jaunet, javau- navet ; jeudi, javeudavi; etc. JAvARD. — Lin. (Halbert.) JAVOTTE. — Bavard. — «Tu n’es qu’une mauvaise langue, une javotte. » (Marquet.) JAVOTTER. — Bavarder. — Forme de jabo- ter, — « Elle sifflotte, elle parlotte, elle ja- votte. » (Physionomie du Protecteur, 1841.) JEANFESSE, JEANF—TRE. — Coquin, mi- sérable.— « Ça, c’est un jeanfesse. » (Ricard.) 5 —« Grande colère du père Duchesne contre les jeanf—tres de chasseurs, qui ont voulu faire une contre-révolution. » (Hébert, 1798.) JEAN-JEAN, — Conscrit, naif, niais.— On qualifie de Jean-Jean le jeune indigène que la conscription a arraché à l’âge de vingt ans d’un atelier ou d’une charrue. » (M. Saint- Hilaire.) JE NE SAIS QUOI.— Cachet indéfinissable, — « Le savoir-vivre, l’élégance des manières, le je ne sais quoi, fruit d’une éducation com- plète. » (Balzac.) JARGOLLE, JERGOLE. — Normandie, (Hal- bert.) — On appelle les Normands Jargolliers ou Jergoliers. JEHANNETON, — « Servante d’auberge, fille de moyenne vertu. » (Dhautel.) : i Jésurrs. — Dindon. (Vidocq.) — C’est aux Co jésuites qu’on doit l’acclimatation du dindon. a2 JÉSUITE. — Cafard. — « On l’appelle le jé- suite, il dénonce un peu , il espionne beau- coup, il y met de l’adresse ; on y est toujours pris. » (Balzac, 1842.) ue JETTARD. <— Cachot. (Halbert.) > JEUNE (TROP.)— Dépourvu de l’expérience, 33 — Cela peut se dire à un octogénaire, JEUNE FRANCE. — « Les romantiques se divisèrent en Bouzingots et en Jeune France.» (Privat d’Anglemont.) — « Ils ont fait de moi un Jeune France accompli. J'ai un pseudo- nyme très-long et une moustache fort courte; j'ai une raie dans les cheveux à la Raphaël. Mon tailleur m’a fait un gilet. délirant. Je parle art pendant beaucoup de temps sans ra- valer ma salive, et j’appelle bourgeois ceux qui ont un col de chemise. » (Th. Gautier, 1833.) JEUNE HOMME (AVOIR SON.) — Îltre gris. Mot à mot : avoir bu le broc de quatre litres que les marchands de vin appellent Petit Zz LA — 160 — LA homme noir. V. ce mot. — « Un individu en blouse qui semblait avoir son petit jeune homme. » (G. de Nerval.) JEUNESSE. — Fillette. — « Une jeunesse, une marchande de cols. » (Cormon.) JIROBLE. — Joli. (Halbert.) Pour Grrofle. JoB. — Niais, — Abréviation du vieux mot Jobé : nigaud. — « Si j'étais assez job pour croire que vous me donnez toute une fortune, » (E. Sue.) JOBARDER. — Duper. — Je ne veux pas être jobardé. » (Balzac.) JOBERIE. — Niaiserie. (Vidocq.) JOB (MONTER LE). — Tromper. Jocko. — Pain long a la mode depuis 1824, année ou le singe Jocko était à la mode. — «Des gens qui appellent un pain jocko un singe de quatre livres. » (Bourget.) Jocko. — Boulanger. (Almanach des Débi- teurs, 1851.) JOLI GARÇON. — Dans une vilaine position. — Tronie. — « Nous v’là jolis garçons. » (Dé- saugiers.) Jone. — Or. (Vidocq.) — Allusion à sa couleur jaune. V. Bogue. JoNCHER. — Dorer. (Halbert.) JORNE. — Jour. — Vieux mot. V. Poisser. JOSEPH (FAIRE SON). — Affecter un air chaste. V. Putipharder. — « Je me disais aussi : Voilà un gaillard qui fait le Joseph. Il doit y avoir une raison. » (Dumas fils.) JONMQUILLE. — Trompé par sa femme.—Al- lusion à la couleur du cocuage. — « Personne ne dessine mieux que lui la tête d'un mari jon- quille. » (Rivarol, 1842.) JoUSTE. — Pres. V. Juxte. JOUER DE. — Faire marcher à sa guise, — « Nachette, en un mot, joua parfaitement du baron. » (De Goncourt.) ; JOUER DU VIOLON.— Scier des fers. (Co- lombey.) La scie va et vient comme l’archet. JUDACER. — Trahir. — Allusion biblique. — « Judacer, c’est dénoncer quelqu’un. » (Du Camp.) JUGE DE PAIX. — Bâton. (Colombey.) JouvIN. — Gant de la fabrique Jouvin. — « Mes Jouvin eussent atténué peut-être l'effet de cette pression inconnue. » (Marx, 1866.) JUGEOTTE. — Jugement, avis. — « Dis-moi z’un peu franchement, là-dessus ta petite ju- geotte. » (Léonard, parodie, 1863.) JUS DE BATON. — Coup de bâton.-— « Pour passer votre rhume, j'ai du jus de bâton.» (Au- bert, 1813.) Jusre-MrLrev. — Parti ou partisan du statu quo politique, se maintenant entre la gau- che et la droite. V. Centrier,. — « Voilà quels hommes composent le gouvernement dit juste- milieu. » (L’Æcho français, 1833.) JusrE-MrLrEv. — Derrière. — « Mayeux envoya la pointe de sa botte dans le juste-mi- lieu de mademoiselle Justine. » (Ricard.) JUXTE, JOUSTE. — Près, contre. (Halbert.) — Vieux mot. — C’est le juxta latin que nous avons conservé dans Juxtaposer. Jy. — Oui. (Colombey.) — Pour Gy. KAISERLICK. — Autrichien. — De l’alle- mand Æaiserlich : impérial. — « Les Kaiser- licks ont été étourdis du coup. » (Balzac.) KOGXNOFF, KOXNOFF. — Très-bien. — De Chocnosoff. Voir ce mot. L LA (DONNER LE). — Donner le ton. — Terme de musique. — « Boyards et boyardes donnent le la de l’élégance en ce moment. » (Vie par- sienne, 1866.) — « Quelques articles inspirés donnent le la dans les grandes circonstan- ces. » (J. de Précy.) LaAnAGo. — Là-bas LA- Bas. — Maison de Saint-Lazare. — (Colombey.) correction de «Julia à Amandine : Comme Ça, cette pauvre Angèle est là-bas ?— Ne m’en parle pas. Elle était au café Coquet à prendre un grog avec Anatole. Voilà un monsieur qui passe, qui avait l’air d’un homme sérieux avec des cheveux blancs et une montre. Il lui offre une voiture, elle accepte, un cocher arrive, et... « Dictionne de l’argot parisien. | LAC emballée ! Le monsieur était un inspecteur ! » (Les Cocottes, 1864.) LA-Bas. — Au bagne. — « Ils croyaient m’avoir vu là-bas. Là-bas, cela veut dire au bagne. » (Lacenaire, 1836.) LABOURER. — Préparer les voies. (Alma- nach des Débiteurs, 1851.) LACHER. — Négliger l’exécution d’un tra- vail. — « Elle vit Lousteau travaillant au“der- nier moment et lâchant, comme disent les - compter. Mot à peintres d’une œuvre où manque le faire. » LACHER DE (SH). — Livrer avec effort. — «Je suis obligé de me lâcher de ma douille en marronnant, » (Monselet.) à — Mourir. — « Le LACHER LA PERCHE. plus blakibollé, le plus inconnu pendant sa vie, devient aussitôt qu’il a lâché la perche un grand homme. » (Corsaire, 1868.) LacHEUR.— Homme sur lequel on ne peut mot : qui lâche ses amis. — « Le lacheur est la lorette de l’amitié. » (A. Scholl, 1858.) Lago. — Là, (Colombey. ) Lagour. — Eau à boire. (Halbert.) Mot à mot : l’agout, Du vieux mot agua, eau (pro- noncez agoua). LAINE, — Mouton. (Vidocq. ) — Partie prise pour le tout. LACHER L'ÉCLUSE. — Uriner. — « Allons ! il faut lâcher l’écluse du bas rein. » (Parodie de Zaire, dix-huitième siècle.) LAIT A BRODER. — Encre. (Vidocq.) — Al- lusion ironique à la couleur de l’encre. Latus— Discours—« A l’École polytechni- que, tout discours est un laius, depuis la créa- tion du cours de composition française en 1804. L’époux de Jocaste, sujet du premier morceau oratoire traité par les élèves, a donné son nom au genre, Les députés à la Chambre, les avo- cats au barreau, les journalistes dans les pre- miers-Paris, piquent des laïus.» {La Bédollière.) La Mine, — Le Mans, ville. (Halbert.) LAmPas, — Gosier, — De lamper : boire. « Pour l’histoire de s'assurer de là qualité du liquide et s’arroser le lampas. » (Ladimir.) LAMPION. — Sergent de ville. — Allusion au chapeau. LAMPION — Bouteille. — De lamper : boire. ~ —«Y a pu d’huile dans le lampion, dit Boiza- mort. » (Ladimir, 1841.) LANPION. — Chapeau à cornes, — « Je passe le pantalon du cipal et je coiffe le lam- pion. » (Bourget.) LAMPION, — Œil. — Il éclaire, Si j’ te vois fair’ l’œil en tir*lire A ton perruquier du bon ton, Calypso, j'suis fâché d’ te l’ dire, » Foi d'homme! j’ te crève un lampion. (Chanson populaire.) lansquiner. Laxc. — Eau. — « C'est gagné ! faites ser- vir | six litres de vin! six litres sans lance ! 1» (Catéchisme poissard, 1844.) LANcÉ. — Gris, — « Patara, au moins aussi lancé que le cheval, tapait sur la bête à tour de bras. » (Phys. du Matelot, 1848.) — LANCE, --- Rapide projection de la jambe. — « Paul à un coup de pied si vainqueur et - Rigolette un si voluptueux saut de carpe ! Les admirateurs s’intéressaient à cet assaut de lancés vigoureux. » (1847, Vitu.) LANCHQUINER. — Pleuvoir, (Grandval.) v. Lansquiner, LANCER, — Pisser. Mot à mot : lâcher Ye eau = 4. LANCER, — Bien poser, mettre en renom. — « Poil de biche! Nous ne la connaissons pas... Elle ne doit pas être lancée. » ( Villars.) LANcrers (LES), — C’est comme si l'on disait: Quelle rengaine! — « Et tu donnes là- | dedans ? Allons donc ! les lanciers! » (Mon- — selet.) — Allusion à la danse de de nom. x LANCEUR., — Homme expert en l’art de | lancer une affaire. — « La gravure et le jour- nal ont coûté bien de la peine aux lanceurs d’affaires. » (Villemessant.) LANDAU A BALEINES. — Parapluie. (Grand- val.) Mot à mot : voiture conduite à la nage par des baleines. — Jeu de mots ironique. LANDERNAU (IL Y AURA DU BRUIT DANS). — Se dit ironiquement d’une chose destinée à émouvoir un certain monde seulement. — « 11 y aura bien eu des potins dans le Landernau de la convoitise. » (La Cloche, août 1872.) Landernau a été mis là sans raison, comme une petite ville éloignée dont le nom à paru bizarre. C’est ainsi que Carpentras, Pézénas ou Brives-la-Gaillarde ont été mis à contri- bution. LANDIER. — Blanc. (Halbert.) LANDIER. — Commis d'octroi. (Colombey.) LANDIERT. — Boutique de foire. (Colom- bey.) — De la foire du Landit. LANGUE (AVALER 8A). — Mourir. LANGUE AUX CHIENS, AUX CHATS (DONNER SA). — Renoncer à deviner. — « Je donne ma langue aux chiens, dit Jérôme, je renonce. » (E. Sue.) LANGUINER. Son. (Halbert.) — Pour Taw RANGE. = Partie de lansquenet, — € Cette espèce de cornichon qui l’a dansé de 1,500 francs hier au lansq. » (Jaime.) LANSQUINER. — Pleurer, pleuvoir. — De ance : eau. — « Bien des fois on rigole qu’on devrait lansquiner. » (Vidocq.) - LANTERNE. — Fenêtre. (Grandval.) LANTERNES DE CABRIOLET. — Yeux fort saillants — « Oh! c’est vrai ! t'as les yeux comme les lanternes de ton cabriolet... » pue ) = * LANTINÈoHE, — Allumeur de becs de ¢ gaz. Mot à mot : l’anti-mèche. — Jeu de mots, Le gaz n’a pas de mèche. Lantimèche est aussi un synonyme de Chose, Machin. Lari, — Homme déterminé, (Grandval.) — € C’est un fameux lapin, il a tué plus de — Prussiens qu’il n’a de dents dans la bouche. » (Ricard) — « L'homme qui me rendra réveuse ; pourra se vanter d’être un rude lapin. » (Ga- varni.) LAPIN. — « Et puis Ie jeune homme était un Lapin, c’est-à-dire qu’il avait place sur le devant, à côté du cocher. » (Couailhac.) LAPIN. — Apprenti compagnon, — « Pour “être compagnon, tu seras lapin ou apprenti. » (Biéville.) « LArBIN. — Valet de cartes. — « Le roi sur le neuf n’osa plusenjamber, le larbin repart. » (Alyge.) LARBIN, LARBINE. — Domestique. (Vidoeq.) — « Le ba larbin va se poster sous la porte cochère, » (Paillet.) = LARD (FAIRE DU). — Paresser au lit. — « La femme ronfle et fait- du lard. » (Festeau.) Faire son lard, — Se rengorger. LARDER. — Percer d’un coup de pointe. LARDOIRE, — Épée, — « Vous verrez si je manie bien la lardoire. » (Ricard.) LARGE (WEN MENER PAS). — Être mal à son aise, — Se dit soit au physique, soit au moral. … LARGE DES ÉPAULES, — Avare. (Dhautel.) « — Équivoque ironique sur le mot large qui “signifie aussi généreux. … LARGUE, LARQUE. — Femme de voleur, prostituée âgée. (Halbert.) V. Ménesse, — « Si j’éprouve quelque malheur, je me console avec ma largue, » (Vidocq.) V. C'oquer, Momir, LARIFLA. — Refrains, — Allusion au re frain d’une chanson populaire au quartier Latin, — « Je mêle des lariflas dans mes plaidoiries, Je rêve un costume de débardeur sous ma toge. » (Paris étudiant, 1854.) = LARTIE, LARTIF, LARTON. — Pain, — On devrait dire l’artie, l'artif, Uarton. 4 LARTIN. — Mendiant. (Grandval.) LARTON BRUTAL. — Pain noir. Mot à mot : pain brut. LARTON SAVONNÉ. — Pain blanc. Mot à mot : aussi blanc que du linge savonné. LARTONNIER., — Boulanger. 4 LASCAILLER. — Pisser. (Grandval.) — De lance : eau. — On dit encore : lâcher de l'eau, LAscAR. — Fantassin, — De l’arabe eZ-askir — qui a la même signification, — « Le contraste était vraiment trop drôle entre ce sous-lieute- nant de demoiselles et les lascars à tous crins qu’il venait commander. » (About.) a Larrire. — Linge blanc. (Hlaibent) — On : dit : s’attifer : faire toilette. ; Laumir. — Perdre. (Halbert.) Æ LAvaBES. — Billet ou porteur de billet ù prix réduit pour le service de la claque. — « Les lavabes sont ceux que l’on fait entrer au parterre des théâtres, en ne payant que quinze sous par place. » (50,000 voleurs de plus à Paris, 1830, in-8.) — « Gustave achetait un lavabe pour les Variétés. » (Idem.) LAVAGE, LESSIVE. — Vente au rabais, opé- ration désastreuse. — « Les quatre volumes in-12 étaient donnés pour cinquante sous... Barbet n’avait pas prévu ce lavage. » (Balzac.) LAVER, LESSIVER. — Vendre, c’est-à-dire envoyer ses effets à une lessive dont ils ne reviennent jamais — Même allusion dans Passer au bleu et Nettoyer. — « Comme ce n’était pas la première fois que j'avais lavé mes effets sans savon. » (Vidal, 1838.) — « Il à lavé sa montre, ses bijoux, pour dire qu’il les a vendus. » (1808, Dhautel.) ; LAZAGNE. — Lettre. (Vidocq.) — Italia- nisme. V. Balancer, ; LAVEMENT AU VERRE PILÉ. — Verre d’eau- de-vie. — T’alcool éraille le gosier comme le | verre pilé. — « Todore fait venir deux i ~ LEV ments au verre pilé que nous avalons en dou- ceur. » (Monselet.) LEADER. — Orateur. — Anglicanisme. — « On ne voudrait pas que les préfets de la République conservatrice descendissent jus- qu’à une espèce de polémique avec les leaders de la démocratie rouge. » (Moniteur, 1872.) Léarrims. — Épouse légitime, — « Ces messieurs battent la campagne tandis que leurs légitimes sont à leurs trousses. » (E. Blavet.) LÉGITIME (MANGER SA). — Dissiper sa for- tune légitime. LÈGRE. — Foire. (Vidocq.) LÉGRIER. — Marchand forain. LEM (PARLER EN).— Cette méthode spéciale consiste : 1° à ajouter la syllabe em à chacun des mots qu’on a l’intention de changer ; 2° à troquer la lettre / de lem contre la première lettre du mot qu’on prononce. « Et alors que tous les trucs seront lonbem (bons). » ( Patrie, 2 mars 1852.) — Cet argot a été d’abord spé- cial à la corporation des bouchers. On parle en /uch comme en lem. On combine quelquefois les deux. Lox. — « Léon n’est autre que le prési- dent de la cour d’assises. » (Du Camp.) LERMON. — Étain. (Halbert.) LErmoné. — Étamé. (Tdem.) LESCAILLER. — Pisser. (Halbert.) — Pour lascailler. - LESSIVE, LESSIVER. V. Lavage, Laver. LEVAGE. — Opération consistant, de la part d’un homme, à conquérir ou lever la première femme venue. De la part d’une femme, c’est amener un homme à lui faire des propositions. — Terme de chasse. — « Pas de levage, pas d’entrain. » (1861, Mané.) LEVÉE. — Arrestation. — « Si la levée a lieu dans un café, on en fait part au patron. » (Stamir, 1867.) Lèvr-Prrps. — Escalier, échelle. (Vidocq.) — Effet pris pour la cause. LEVER. — Voler. — Abréviation d’enlever. — « Robert dit : « Je suis levé, » et il vous appelle filous. » (Monselet.) — « Tiens, dit le voleur, voici un pantre bon à lever. » (Canler.) LEVER. — Faire un levage. — « Tiens, qui vient d’être levé par Henriette. » LIG (Monselet.) — « J'irai ce soir à Bullier, et si je ne lève rien. » (Lynol.) V. Flanelle, Lever. — Capter. — « Il lève un petit jeune homme. Vous verrez qu'il en fera quelque chose. » (De Goncourt.) Être levé. — « Dans l’argot des débiteurs et des créanciers, avoir à ses trousses un recors, qui vous a vu dans la rue ou déterré quelque part. » (Montépin.) LEVER DE RIDEAU. — Piéce en un acte jouée au commencement d’une soirée. — « La petite pièce, celle qu’on nomme vulsairement lever de rideau, celle qui fait vivre les vaude- villistes intimes et fricoteurs. » (Phys. du théâtre, 1841.) LEVER DE RIDEAU. — Prime en argent. — «Ily a l’auteur qui, outre ses droits et ses billets, touche une prime sous le nom de lever de rideau. » (Physiologie du théâtre, 1841.) LÉZARD. — Camarade sur lequel on ne peut compter. (Colombey.) — Il lézarde au soleil ou se cache dans les trous. LÉZARD.— « Le lézard vole des chiens cou- rants, des épagneuls et surtout des levrettes, Il ne livre jamais sa proie sans recevoir la somme déclarée, » (Almanach du Débiteur, 1851.) Lice. — Bas de soie, — Il est plus lisse que les autres. LICHARD, LICHEUR. — Buveur. Vieux mot. LicHE. — Etre en liche : faire bombance. Lrcxer. — Boire. (Grandval.) — Les glos- saires du moyen âge disent licharder. Puis il liche tout’ la bouteille ; tien n’est sacré pour un sapeur. (Houssot.) LicHETTE. — Petit morceau. LICHEUR. — Qui aime à boire aux dépens d'autrui. (Grandval.) — « Boizamort, menui- sier, bon enfant mais licheur. » (Ladimir.) Lréer. — Gendarme. (Colombey.) ; LIGNARD. — Officier ou soldat d'infanterie de ligne. — « Les obus de nos forts viennent d’allumer un incendie, et nos lignards se gau- dissent à cette vue. » (P. Véron.) so LIGNE (TIRER A LA). — Écrire des phrases inutiles dans le seul but d’allonger un article payé à tant la ligne. : LIGNE (VIVE LA). — € Je rapporte un petit magot. Ah ! quelle chance ! Vive la ligne ! » (Léonard, parodie, 1863.) : A a aa Saba cB SAL LAR LIM Ce vivat, fréquent à certains jours d’émeute où on a voulu gagner les troupes de ligne, applique ironiquement à tous les cas d’en- thousiasme. LIGNE (PÊCHEUR A LA), FAISEUR DE LIGNES. — Rédacteur qui tire à la ligne. — « Le pêcheur à la ligne, dit M. de Balzac, est un rédacteur qui, comme le pêcheur, vit de sa li- gne, » (Marc Fournier, 1844.) LIGNE (AVOIR LA), — Avoir une certaine pureté de contours. — « Mon Dieu, elle n’est pas très-jolie; mais vous savez, elle a la ligne.» (Yriarte.) LIGORE. — Cour d'assises. (Petit Diction- naire d'argot, 1844.) LIGOTTANTE, LIGOTE. — Lien, corde. — Vieux mot qui est le frère de ligament. LILLANGE. — Lille. LiLvors. — Fil. (Vidoeq.) — On en fait beaucoup a Lille. LiMACE, LIME, LYME. — Chemise. (Vidocq, xrandval.) — Vieux mots, car le glossaire de Du Cange donne limas, et on trouvera en se reportant au mot Passant (soulier), un exem- ple ancien de /yme, — « Quand la limace est bien blanche, avec ses creux et ses monta- gnes, ça me met sens sus d’sous. » (L. de Neu- ville.) LIMACTER, LIMACIÈRE. — Chemisier. LIMANDE. — Homme nul et plat comme le poisson de ce nom. (Vidocq.) Lime. — Chemise. — Abréviation de Li- mace. LIMONADE. — Assiette. (Vidocq.) — Com- paraison de l’assiette à une rouelle de limon, LIMOUSIN. — Maçon. — Allusion au pays d’où la plupart des maçons sont originaires. — « La nuit, ça représente encore, mais le jour, ça ferait renauder des Limousins, » (Courrier français, 1°" février 1868.) LIMOUSINE. — Plomb. V. Limousineurs. LIMOUSINEURS.—cOn donne le nom de vo- leurs aw gras-double ou de limousineurs à des ouvriers couvreurs qui volent le plomb des couvertures, en coupent de longues bandes avec de bonnes serpettes, puis l’aplatissent et le serrent à l’aide d’un clou. Ils en forment ainsi une sorte de cuirasse qu’ils attachent, à A d’une courroie, sous leurs vêtements. » x — 165 — LIS (Petit Journal.) — De la le nom de Limousi- neur qui compare ces vétements de plomb aux gros manteaux nommés limousines. LIMOUSINIER. — Entrepreneur de magon- nerie, — « Celui-ci était un limousinier (ma- gon qui dresse les murs). Il avait des avances : il Toua un terrain pour y bâtir. » (Privat d’An- glemont.) LINGE (AVOIR DU). — Avoir une fraîche toi- lette. — « Et Bovarine! qu’est-ce que c'est? Ça a-t-il du linge ? » (L. de Neuville.) LINGRE. — Couteau. (Vidocq.)— Lingrer : frapper à coups de couteau. — Lingrerie : Coutellerie. — Lingriot : Canif. — Quadruple allusion à Langres, si renommée pour sa cou- tellerie. LINsPRÉ.— Prince, (Vidocq.)-—Anagramme. Lion. — Homme à la mode, — « Aujour- d’hui, pour être lon, la moindre chose suffit : avec un paletot jaune, un chapeau neuf, des moustaches, vous êtes reçu lion d'emblée. Nous avons eu des muscadins, des incroyables, des impayables, des élégants, des beaux, quelques fashtonables ; mais appeler lions des jeunes gens qui mangent doucement de pauvres pa- trimoines, c'est une parodie bien amère, » (Ro- queplan, 1841.) Lronceau. — Lion ridicule. — « La mous- tache cirée d’un jeune lionceau du boulevard. » (L. de Neuville.) LIONNES.— « C'étaient de petits êtres fémi- nins, richement mariés, coquets, jolis, qui ma- niaient parfaitement le pistolet et la cravache, montaient à cheval, prisaient fort la cigarette et ne dédaignaient pas le champagne frappé. » (Deriége.) LIONNERIE. — Monde des lions. — « Nous étions installés dans un restaurant cher à la lionnerie. (Mornand.) Liquip. — Liquidation de Bourse. — « Li- quid est mis ici pour liquidation. Le coulis- sier facétieux se plaît à abréger ses formules, et dit liquid comme on dit d’autor, d'achar, soc ou démoc. » (Mornand.) LISETTE. — Gilet long. — Doit avoir la méme racine que Lice. V. Tirant. LISETTE! (PAS DE ÇA) — Formule négative. — « Un jeune drôle fait la cour à ma nièce. Pas de ça, Lisette ! » (Ricard.) — L’expression A - se rouve déjà dans une brochure publiée en 1786, UAne promeneur, Litrer. — Contenir, posséder, — Vient de - litre comme cuber vient de cube, —- € J'avais balancé le bogue que j'avais fourliné et je ne litrais que nibergue en valades, » (Vidocq. ) LocanDInr. — « Le locandier est une des nombreuses variétés des voleurs au bonjour. Sous prétexte d'examiner un logement à louer, il vole avec dextérité. » (A. Monnier.) LocHE, — Oreille. Locuur. — Écouter. (Vidocq.) LoraT,— Aspirant au grade de compagnon. — « C'était pour le baptême d’un lofat… On devait le baptiser à la Courtille. » (La Correc- tionnelle.) “_ Lorriar. — Maladroit, naïf, imbécile, (Pe- tit Dictionnaire d’argot, 1844.) LorrrrupE. — Naïveté. (Idem.) Louo. — Lait. — Mot redoublé. LoLO, LORETTE. — La première syllabe du mot est seule conservée et redoublée. — « On donne le nom de lolos aux jeunes beautés du quartier Notre-Dame-de-Lorette... La lolo déjeune souvent avec un pain de gruau, mais elle boit du champagne. » (Almanach du Dé- biteur, 1851.) LonDRÈs. — Cigare de la Havane, — « Je me rejetai dans le fond de la voiture et j'allu- mai un londrès. » (Mornand.) Lone. — Niais, simple. (Grandval. y LoNGCHAMP. — « Cour oblongue, bordée d’une file de cabinets dont nous laissons devi- ner la destination. Comme c’est le seul endroit où, pendant les heures d’étude, les élèves de l’École polytechnique puissent aller fumer, le longchamp a acquis une grande importance. » (La Bédollière.) ; LONGUE, LONGE. — Année passée au bagne. (Grandval.) — L'année y est longue à passer. — « Quelle veine que t'as. Dix longes, ça se Lopxx. — Faux, contrefait. — Anagramme précédé d’une L. V. Fafiot. LoquEs. — « Le gamin de Paris a sa mon- naie qui se compose de tous les petits mor- ceaux de cuivre façonné qu’on peut trouver sur la voie publique. Cette curieuse monnaie rend le nom de logues. » (V. Hugo.) tire, mais perpette ! pas toujours ! » (Stamir.). | LoRETTE. — Femme galante.— « Chassées des quartiers sérieux, les plus ou moins jeu- nes personnes qui se livrent à la perdition des fils de famille refluent donc vers ces construe- tions, qui forment une espèce de tienes partant du bout de la rue Laffitte jusqu’à la rue Blanche, comprenant les rues Neuve- Saint-Georges, La Bruyère, Bréda, Navarin, et prenant son nom de la rue principale, No- tre-Dame-de-Lorette. L’ensemble de ces rues s'appelle le quartier des Lorettes, et par extension toutes ces demoiselles reçoivent dans le langage de la galanterie sans consé- quence le nom de lorettes, » (Roqueplan, 1841, Nouvelles à la main.) — « Les lorettes, moi, j'aime cela ; c’est gentil comme tout, ¢a ne fait — de mal à personne !... des petites femmes qui... gagnent à être connues. » (Gavarni.) LORGNE. — Borgne. (Vidocq.) — Abrévia- tion de Calorgne. : LoreNE. — As, (Idem.) LouBION, — Bonnet. LoUBIONNIER. — Bonnetier. LoucHE, — Main. — Comparaison de la main à la grande cuiller appelée louche, LOUCHER (FAIRE). — Faire changer de ma- nière de voir, d’opinion. — « Avec qui que tu veux que je soye? Est-ce que ça te fait lou- cher? » (Monselet.) LoucxHéx. — Cuillerée. (Halbert.) Louer. — Agé. (Idem.) Lourou. — Mot d’amitié.— Redoublement de loup. On dit aussi mon gros loup. — « Mon loulou, j'suis heureux quand je t'embrasse. » (Aug. Hardy.) — « La louloutte à son chéri. » (Montépin.) Lourourrz. — Petite dent. — Allusion aux dents du loup dont on parle toujours aux petits enfants, Loup. — Sottise, erreur, Loup. — Dette criarde, créancier. — « Un > loup! un créancier si vous aimez mieux,» (Décembre-Alonnier.) LOUP DE MER. — Marin aguerri. Louez. — F'ainéantise, flinerie. — « Ma salle devient un vrai camp de la loupe. » (De- courcelle, 1836.) : LoUPER, — Flâner, — « Quand je vais en x | i — Rodenr, — « Que faisaient- ces loupeuses ? » (Lynol.) 2 OURDAUT. — Portier. (Grandval.) LOURDEUR, LOURDIÈRE, LOURDE. — Porte. — On ne les faisait pas légères jadis et pour ause. V. Boson, Tremblant, : LOUSTRAU. — Domicile, diable. (Halbert.) JOVELACE, — Séducteur de femmes, C’est le nom du héros du roman de Clarisse Harlowe. (Richardson. Voyez Faublas. ~ Lucarnz. — Lorgnon, monocle. — « Du _ malheureux monde comme ça, ça n’y voit que d’un œil, et encore pas sans lucarne. » (Ga- varni.) ie pur Luc (PARLER EN), — V. Lem. ~~ LMUISANT, RELUIT. — Jour, — Allusion de lumière. — « Pitanchons pivois chenâtre jus- ques au luisant. » (Grandval.) LuISANTE. — Nuit, fenêtre. (Halbert.) LursAnTE. — Lune, (Vidoeq.) LuIsARD, — Soleil. (Idem. ) LvrsarDE. — Lune. (Halbert.) — « Tous les chiffonniers savent ce patois énergique qui appelle la lune une luisarde, » (La Bédollière.) _ LUNCH. — Collation. — C’est d’Amérique que viennent le mot et la mode. — « Les frais de ce oe ne “ort pts” à la charge des riés. » (Petit Moniteur. Yi: LUNE, PLEINE LUNE. — Derrière. — Alla ; ‘sion de forme. — « En voilà une bonne ! il a pris la lune de Pétronille pour sa Bau >. (P. de Kock.) V. Cadran. ji Luxe. — Variation d’humeur influant sur l’homme comme la lune influe sur le temps. — « C’est un musicien qui ne doit pas être commode. Il doit avoir des lunes. » (Commen- taires de Loriot, 1869.) LUNE. — Figure ronde comme la lune, — « Cora P. est à Maisons-Laffitte, elle en- | graisse énormément.’ C’est tellement visible E qu’on ne l’appelle plus que la lune rousse. » (Éclair.) L LUQUES, LUQUET. — Faux papiers (Grand- val.) LURON.— Saint-sacrement. (Colombey. yo Allusion au rond de l’hostie, ; LusquiN. — Charbon. (Halbert.) LUSQUINES. — Cendres. (Idem.) LUSTRE. — Juge. (Idem.) : LUSTRE (ADMIRATEUR, CHEVALIER Du i —Claqueur posé au parterre sous le lustre, — « Les admirateurs du lustre donnérent, mais le public resta froid. » (L. Reybaud.) LUSTRER. — Juger. (Idem.) LYONNAISE. — Soierie. (Vidocq.) — Lyon est le centre de la fabrication des soieries. M ~~ M.... — Merde! Abréviation d'une injure employée déjà par Rabelais. — « Mot ignoble “et grossier dont le bas peuple se sert dans un _ sens négatif », écrivait Dhautel en 1808. Nous redirons après lui ce que nous avons dit pour emm—der. Et ce n’est plus seulement dans le bas peuple, que M... est usité, comme on va le voir par les textes suivants, Celui-ci est extr ait du Temps du 16 août 1872. INCIDENT D'AUDIENCE AUX ASSISES. L’accusé Lhermine est un jeune homme de vingt- cinq ans, mais qui paraît à peine âgé de dix-huit ; blond, grêle, court, Sa petite figure bléme et viciense, semble taillée en lame de couteau. = M... — Il n’a pas commis moins de quarante-sept vols qualifiés. C’est lui-même qui, au cours de l’instruc- tion, les aindiqués au magistrat et en fait vérifier les détails. I] est en outre accusé de coups volontairement portés à sa mère légitime. : M. le président se tourne vers l’accusé ct, comme il est prescrit par la loi, il l’interroge. M. le président. — Accusé, levez-vous. Vos nom et prénoms ? L’accusé. — Auguste Lhermine. M. le président. — Votre âge ? L'accusé. — M... Ce mot ordurier prononcé à haute voix, est entendu par tout le monde. L’auditoire fait entendre des ru- meurs. M. le président. — Accusé, dans votre propre inté- rêt, je dois vous engager à la circonspection. Vous avez peut-être été victime d’habitudes grossières ou d’un mouvement irréfléchi. Magistrats, nous voulons bien oublier cet outrage, qui ne saurait d’ailleurs nous atteindre. Veillez sur vous désormais. Votre défenseur va vous entretenir. Il vous conseillera. Je le répète, c’est dans votre propre intérêt que je parle. Après un quart d'heure de suspension, les jurés re- prennent place, au milieu de l'émotion vive de l’audi- toire, et la cour reprend séance. M. le président. — Messieurs les jurés, mon devoir m’oblige & faire subir, avant la prestation de votre serment, un interrogatoire à l'accusé pour constater son idontité, je vais la reprendre. Accusé, vos nom et prénoms ? L'accusé ne répond pas. M. le président renouvelle sa question. L’accusé, d’une voix plus décidée. — M... Des murmures éclatent dans toute la salle. Sur les réquisitions du ministère publie, la cour condamne Lhermine à deux ans de prison. C'est le mi- nimum de la peine en cas d’outrage à la cour. Notre second texte (pris dans la Liberté du 8 septembre) rend compte d’une affaire jugée le 7 septembre 1872, par le tribunal de Pont- l’Évêque. Voici la déposition d’un témoin : Le troisième témoin, Leprêtre (Auguste-Émile), vingt-quatre ans, douanier à Deauville, est appelé. Lecture est donnée de sa déposition devant le juge d’instruction. Le 14 août, vers cinq heures, j'étais de service sur la jetée de Deauville, avec mon camarade Ollivier, lorsque je vis rentrer une embarcation. Des personnes qui s’y trouvaient, criaient : «€ Vive Napoléon ! À bas Thiers ! Vive la France ! M... pour Thiers ! » Ces cris ont été poussés à plusieurs reprises par quatre per- sonnes. Ils ont continué jusqu’à l’avant-port. Nous laissimes approcher l’embarcation et pâmes prévenir notre capitaine. Je remarquai surtout une personne criant. Mis en présence de l’inculpé, le témoin a reconnu de Valon pour être la personne la plus animée. 168 — MAC M. de Valon fut condamné à trois jours de prison, mais la politique s’en mélant, il vit plaider sa cause par un certain nombre de journaux, dont pas un n’ exprima son dégoût pour le mot. Mac, MAQUE, MACQUE, MACCHOUX, MACRO- TIN. — Souteneur, entremetteur. — Le der- nier mot est un diminutif de maguereau ; l’a- vant-dernier est une modification du même mot par changement de finale; les trois pre- miers sont des abréviations. Il y a de plus des synonymes innombrables, rappelant tous le côté ichthyologique du mot. Tels sont barbeau, barbille, barbillon, dauphin, dos vert, dos d'a- zur, brochet, poisson, etc. Aussi a-t-on été chercher vainement de ce côté l’origine du mot. Le poisson n’y est pour rien ; Maquereau est un simple calembour, comme le mot grenouille. Au moyen âge, le mot maque signifiait : vente, métier de mar- chand. De là sont venus maquerel et maquillon, qui a fait maguignon. Le maquereau n’est qu’un maquignon de femmes, et pendant tout le moyen Âge il s’est appelé maquerel ou ma- queriau, « Le métier de mac antotils n ‘était guere exercé que par des voleurs et des mouchards... (Vidoeq.) — « Lie macque est le souteneur des filles de la plus basse classe. Presque toujours c’est un repris de justice. » (Canler.) Maca. — « Entremetteuse, femme vieillie dans le vice. » (Dhautel, 1808.) — Même ori- gine que le mot précédent. Macarre. — Filou. — Le mot date du drame de l’Auberge des Adrets ; il doit moins sa for- tune à Preah Toda , créateur du role de Macaire, qu’ aux nombreuses caricatures qui ont fait ensuite de l’assassin Macaire le type aient des Ma- caires et n’ont été que des filous. » (Luchet.) MaAcAroN.— Dénonciation. — Même origine que mac, — Celui-ci vend des hommes au lieu de vendre des femmes. —« Dans le nez toujours tu auras macarons et cabestans. » (Vidocq.) MACARONER. — Trahir. (Halbert.) MAc-FARLANE. — Pardessus sans manches, avec grand collet sur le devant. — «Ils portent des mac-farlancs. » (Les Étudiants, 1860.) — Anglicanisme. MAC LE MACHABÉE. — « On appelle Machabée tout être, homme ou animal privé de vie, que l’on rencontre flottant sur un cours d’eau ou ééhoué sur le rivage. » (V. Dufour.) MACHABÉE. — Juif. — Allusion biblique. MACHER (NE PAS LE). — Parler sans détour. Mot à mot : sans mâcher les paroles entre ses dents. — « Quand j'ai lieu d’ vous en vouloir. Ah! n’ayez pas peur que j' vous l’ mâche ! » (Longchamps, 1809.) — 169 MAC PITRE ; 1 MacHIN. — Homme ou chose dont on ne se rappelle pas le nom. — « Monsieur Machin, pardon ! je ne me rappelle jamais votre nom. » (H. Monnier.) — Dans la Gabrielle PE. Au- gier, l’avoué Chabrière prie sa femme de lui faire cun machin au fromage ». V. Chien. MACHINE. — Œuvre quelconque, œuvre dra- matique.—« C’étaità Nohant, l’illustre écrivain venait de lire trois actes. L’auditoire semblait hésitant: « Allons, dit l’auteur, il faudra faire Dictionn, de ’argot parisien. Livr, 22, À 7 MAT el. MAN". ii À « une autre machine, » et elle jette le manus- crit au feu. » (E. Lemoine.) MACHOIRE, — Suranné. — « L’on arrivait par la filière d’épithètes qui suivent : cà-devant, faux toupet, aile de pigeon, perruque, étrus- que, mâchoire, ganache, au dernier degré de la décrépitude, à l’épithète la plus infamante, académicien et membre de l’Institut.» (Th. Gautier, 1833.) — « Vieille mâchoire: Per- sonne sans capacité, ignorant, sot. » (Dhautel.) MADRICE, — Malice, (Colombey.) MADRIN. — Malin. (Tdem.)— C’est madré, avec changement de finale. MAIL COACH. — Voiture attelée en poste, à grandes guides, (Paz.) MAIN. — Série de coups heureux au lans- quenet. V. Pharamineux. — On a pris cette expression au figuré, et on dit «/ a la main, pour il obtient une série de succès, MAIN CHAUDE (JOUER A LA). — Être guillo- tiné. V. Raccourcir. : MAISON (FILLE, FEMME, MAITRESSE DE).— Habitante ou propriétaire d’une maison de to- lérance, Le mot est plus vieux qu’on ne croi- rait. Un petit livre intitulé la Revue de l'an huit contient une description des filles qui se promenaient au Palais-Royal : « Leurs bas de soie & coins brodés que la dame de maison, — c’est le mot technique (sic), — avait lavés le matin, se dessinoient sur un mollet arrondi. » MAKacH. — Formule négative originaire d’Algérie. — « Les Mauresques ont des costu- mes adorables. Quant à leurs figures, makach!. Incognito complet. » (Loriot.) MAJOR DE TABLE D'HOTE.— Officier de con- trebande, portant un grade et des croix qui ne lui ont jamais appartenu. — «Sans sa jambe de bois et sa décoration, on l’eût pris pour un de ces majors légendaires qui ornent les ta- bles d’hôte et les tripots. » (Marx.) Magor.— « Le chirurgien, le tambour-ma- jor, le sergent- -major, sont dénommés indis- tinctement majors. » (Louis Huart.) MAL (FAIRE). — Faire pitié. — « Qu’on vienne baiser son vainqueur ! — Comme tu me fais mal. » (Gavarni.) MALADE. — Prisonnier. MALADE DU POUCE, — Fainéant dont la pa- resse constitue la seule infirmité. MALADE DU POUCE.— Avare, — « Il est ma- lade du pouce. Ça empêche les ronds de glis- ser, » (Monselet.) MALADIE. — Emprisonnement. ( Vidoeq.) MAL BLANCHI. — Nègre, — « Va donc ! mal blanchi, avecta figure de réglisse. » (Bourget.) MALHEUREUX. — Trompé par sa femme. — «S'il est malheureux dans son intérieur, il le sait, tandis qu’à Paris un employé peut n’en rien savoir. » (Balzac, 1841.) MALINGRER. — Souffrir. (Vidocq.) — Ma- lingre se dit encore pour souffreteux. MAL PEIGNÉE. — «Pour le moment, c’est sous cette épithète que l’on désigne une cour- tisane (nous avons pour ces dames un vocabu- laire qui menace de devenir par trop volumi- neux).» (P. de Kock, 1865.) MALTAIRE. — Louis d’or. (Halbert.)— Pour maltaise. MALTAIS. — Café-restaurant de bas étage. — Cabaretier. — Beaucoup de Maltais exercent cette profession en Algérie, MALTAISE. — Pièce d’or. (Colombey.) MALTOUZE. — Contrebande. V. Pasquiner. MALTOUZIER. — Contrebandier. MANCHE DE VESTE (JAMBE EN). — Arquée comme une manche d’habit. — « Mosieu Be- lassis, moi jai pas des jambes en mançhes de veste. » (Gavarni.) MANCHE A (ÊTRE). — Avoir fait autant de progrès qu’un adversaire. Mot à mot: être manche à manche. — Terme de whist. — « Ca nous met manche à manche. À quand la belle?» (E. Sue.) MANCHE (FAIRE LA), — Faire la quête. — « La fille du barde fait la manche. Elle pro- mene sa sébile de fer-blanc devant les specta- teurs. » (H. Monnier.) MANDOLET. — Pistolet. (Halbert.) MANETTE (M"°), —Malle. (Vidocq.)—Jeu de mots sur manne (malle) et sur le nom propre. MANGER. — Avouer. (Grandval.) MANGER LE MORCEAU, MANGER SUR L’OR- GUE. — Dénoneer, — « Le morceau tu ne man- geras, de crainte de tomber au plan.» (Vi- docq.)—« Paumé, tu ne mangeras dans le taffe du gerbement. (Idem.)— « Frangels a mangé - sur vous. » (Canler.) 3 3 2 , MANGER DE CE PAIN-LA (NE PAS). — Refu- = J — 171 — ser des moyens d’existence dont la source ne paraît pas honorable. « Moi, que j'dis, merci, je n’ mange pas de ce pain-là! » (H, Monnier.) MANGER DU PAIN ROUGE. — Vivre du pro- duit d’un assassinat. MANGER LA SOUPE AVEC UN SABRE. — Avoir une grande bouche, — Ironie, — « Une bouche grande à faire croire que le prévenu mange la soupe avec un sabre (style de régiment). » (Courrier de l'Ouest, 1872.) MANGEUR. — Dissipateur. MANGEUR DE BLANC. — Homme vivant de la prostitution. (Dhautel.)— « Le mangeur de blanc se fait donner des appointements fixes par ses maîtresses. » (A/manach du Débiteur.) MANGEUR DE BON DIEU, DE MESsES. — Dé- _ vot.— « Quittez vos tanières, antiques com- tesses, mangeuses de messes. » (Départ de la Cour, 1830.)—Allusion au symbole de l’hostie, MANGEUR DE GALETTE, — Délateur vivant de dénonciations. (Colombey.) MANGEUR DE GALETTE.-—Fonctionnaire vé- nal. (Vidocq.) MANIERE (1 oU 2° OU 3°). — Se dit de diverses manières de faire en rapport avec l’âge, le talent, ou les calculs d’un individu — « Faustine en était encore au désintéresse- ment, sa première manière, ainsi qu’elle disait elle-même, en empruntant le langage des artistes. » (Achard.) MANIÈRES. — Airs d’importance. — « Ça -fait des manières et ça a dansé dans les chœurs... » (Gavarni.) MANILLE. — Anneau. V. Guirlande, MAnivAL. — Charbonnier.(1851, A Imanach des Débiteurs.) MANNEQUIN. — Homme ou femme mépri- sable. — « Va donc, mann’quin d’marchand - de vin; va-t'en donc avec tous tes vieux lapins... » (Catéchisme poissard, 1844.) MANNEZINGUE, MINZINGUIN. — Marchand de vin. — « Quel est celui-là ? — Unami, un vrai, un marchand de vin... — Un manne- zing ? » (G. Bourdin.) — « Le roi est un bon zigue qui protége les minzinguins.» (Cabassol.) MANQUILLER, —- Faire. (Halbert.) — Pour maquiller, ‘ Maque. V. Mac. MAQUI (METTRE DU), — Se mettre du rouge. (Grandval.) “ MAQUILLAGE. — 'Travail. V. Roulant. MAQUILLAGE. —- Action de se farder, mettre du maqui.— « Le maquillage est une des né- cessités de l’art du comédien. » (J. Duflot.) MAQUILLER. — Farder. — « J'espère qu’en voilà une qui se maquille ! murmure Thélénie à une de ses voisines... » (Paul de Kock.) MAQUILLER. — Agir, machiner, travailler. — « C’est par trop longtemps boire ; il est, vous le savez, heure de maquiller. » (Grand- val, 1723.) V. Brème, Momir. MAQUILLER. — Chicaner, battre. (Halbert.) MAQUILLEUR. — Joueur de cartes. — « Par cent coups contre toi, les maquilleurs s’amas- sent, mais, bientôt nettoyés, autour de toi croassent. » (Alyge.) Mar. — Désinence arbitraire, de la même famille que rama, dont elle parait être l’ana- gramme. V. Rama. — « On se bornait (vers 1840) à retrancher la dernière consonnance pour y substituer la syllabe mar, On disait épicemar pour épicier, boulangemar pour boulanger, cafemar pour café, et ainsi de suite. C’était de l’esprit dans ce temps-là. » (Pr. d’Anglemont.) — « Méfie-toi… Le jeune épicemar est très-fort au billard et au piquet. » (Champfleury.) MARCANDIER. — Marchand. — Du vieux mot mercadier. NV. Solir, Farre. = MARCANDIER. — Celui qui dit avoir été volé. (Grandval.) MARCASSIN. — « Le marcassin est le rapin du peintre d’enseivne. » (E. Bourget, 1845.) MARCHAND D'HOMMES. —- Agent de rem- placement militaire. — « D'un marchand d'hommes, je vois l'enseigne. » (Léonard.) MARCHAND DE LACETS. — Gendarme. — Allugion aux menottes qu’il tient en réserve. MARCHAND DE SOUPE, — Maître de pension spéculant sur la nourriture de ses élèves. — « Style universitaire ! Les marchands de soupe doivent être bien fiers. » (L. Reybaud.) MARCHANDISE, — Excrément. Y s’ roul’ dans là marchandise, Qué cochon d'enfant, (Colmance.) MARCHE A TERRE. — Fantassin, — « Quand T \ 7 MAR — 172 — MAR tu étais dans la cavalerie, tu n’étais pas dans les marche à terre. » (Vidal, 1833.) MARCHER, MARCHER AU PAS (FAIRE). — Contraindre à obéir. — « Empereur Nicolas, les Français et les Anglais te feront matcher au pas. » (Layale, 1855.) MARCHER, MARCHER TOUT SEUL. — Se dit du fromage et des aliments corrompus où les vers grouillent assez pour donner à cet objet matériel une sorte de vie, au figuré, pour le faire marcher, — Cela danse indique le plus haut degré de la décomposition, dans le même ordre d’idées. MARCHEUSE. — « La marcheuse est un raf d’une grande beauté que sa mère, fausse ou vraie, a vendu le jour où elle n’a pu devenir ni 1”, ni 2°, ni 3° sujet de la danse, et où elle à préféré l’état de coryphée à tout autre, par la grande raison qu’après l’emploi de sa jeu- nesse, elle n’en pouvait pas prendre d'autre. » (Balzac.) MARCHEUSE. — « Un simple bonnet la coiffe ; sa robe est d’une couleur foncée et un tablier blanc complète ce costume. Les fonc- tions de la marcheuse sont d’appeler les pas- sants à voix basse, de les engager à monter dans la maison qu’elle représente, où, d’après ses annonces banales, ils doivent trouver un choix exquis de jeunes personnes. » (Béraud.) MARÉCAGEUX (ŒIL). — Œlil langoureux, à demi noyé. Mais que tu danses bien la galope Avec ton œil marécageux. (Chanson populaire.) MARGAUDER. — Décrier la marchandise. — « Madame trouve moyen de margauder. » (La Correctionnelle.) : MARGOT, MARGOTON. — Fille de mauvaise vie. — Diminutif de Marguerite. — « Nom fort injurieux donné à une courtisane, à une femme de mauvaise vie. » (1808, Dhautel.)— « Nous le tenons. Nous savons où demeure sa margot. » (E. Sue.) MARGOULETTE. — Bouche. — Pour gargou- lette, — « Tu ne sortiras pas d’ici sans avoir la margoulette en compote. » (Vadé, 1756.) MarGoULIN. — Débitant, dans la langue des commis-voyageurs. — « Parfois le mar- goulin est fin matois. » (Bourget.) 5 MARGUINCHON. — C’est Margot avec chan- | gement de finale. Même signification. — « Entends-tu, Marie-Couche-toi là , la mar- guinchon de tous les goujats. » (Catéchisme poissard, 1840.) MARIAGE A L'ANGLAISE. — Mariage après lequel chacun vit de son côté. — « Après une lune de miel fugitive, M. de I... reprit ses habitudes de garçon. N’avait-il pas fait ce que l’on appelle un mariage à l’anglaise? » (E. Villars.) MARIN DE LA VIERGE MARIE. — Marinier d’eau douce. — « Ce sont les carapatas ou marins de la vierge Marie, ainsi nommés parce qu’ils ne courent jamais aucun danger, race amphibie qui ne vit que sur les canaux. » (Pri- vat d’Anglemont.) MARINGOTTE. — Grande voiture de famille de saltimbanques. — « C’était une des deux grandes voitures nommées maringottes ser- vant à la caravane en voyage. » (0; Féré.) Marion. — Malin. (Grandval.) — «Si c’est un mariol, on emploie le surin, et on joue des jambes. » (Colombey.) MARIVAUDER. — Se complaire dans les dé- tails, défaut reproché aux écrits de Marivaux. — € Allons un peu plus vite, tu marivaudes, » (Balzac.) — L'action de martvauder s'appelle du marivandage. MARLOU, MARLOUSIER. — Souteneur,— Cor- ruption du vieux mot marlier sacristain, — Les souteneurs étaient autrefois appelés sa- cristains. — « Un marlou, c’est un beau jeune homme, fort, solide, sachant tirer la savate, se mettant fort bien, dansant le chahu et le can- can avec élégance, aimable auprès des filles dévouées au culte de Vénus, les soutenant dans les dangers imminents. » (50 mzlle voleurs de plus à Paris, 1830.) MarLov. — « Par extension, on appelle marlou tout homme peu délicat avec les femmes, et même tout homme qui a mauvais genre. » (Cadol.) MARLOU (CEST UN). — (est un malin, MARLOUSERIE. — Malice. (Colombey.) MARNIER.-— Berger. (Idem.)— Vieux mot. Marnire, — Fille publique nowrrissant un souteneur, — « Un souteneur sans sa marmite est un ouvrier sans ouvrage. » (Canler.) MARMITE DE TERRE. — Prostituée ne ga- id A ie ed te ee a gnant pas d’argent & son souteneur.—La Mar- mite de fer gagne un peu. — La Marmite de cuivre rapporte beaucoup. (Halbert.) MARNOT (CROQUER LE). — Être dans la si- tuation d’un homme qui ne voit pas arriver | ce qu’il attend. — Croquer le marmot n’est qu’un équivalent de marmotter, comme le prouve cet exemple : « Marmonnant de la langue : mon! mon! mon ! comme un marmot. » (Rabelais, Pantagruel, L. TV, Ch. xv.) On a, comme cela se produit sonvent, pris l’effet pour la cause. V. Marronner. ~~ MARMOTTIER. — Savoyard. (Colombey.) — Mot à mot: montreur de marmottes. | MARrMOUSE. — Barbe. (Halbert. ) MARMOUSET. — Pot, marmite. (Idem.) | MARNER. — Se livrer à un travail pénible. | MARNER. — Voler, — Du vieux mot mar- ronner : pirater. — « Il y a des cambrioleuses | tres-habiles qui, feignant une erreur, s’élan- cent dans les bras du voyageur qu’elles veulent | marner : « C’est toi, mon loulou, s’écrient- celles, viens donc que je t'embrasse ! » On pré- tend que ces donneuses de bonjour sont rare- ment mises à la porte. » (A. Monnier.) MARON. — Sel. (Grandval.) V. Muron. MAROTTIER. —, Marchand ambulant. MARQUANT. — Ivrogne. (Petit Dictionnaire d'argot, 1844.) MARQUANT. — Souteneur. (Halbert.) Mot à mot : homme de la marque, V. ci-dessous. MarqUE. — Prostituée. (Halbert.) MARQUE DE CÉ. — Femme légitime de vo- leur. (Colombey.) Mot à mot : femme d’argent. MARQUE-FRANCHE, MARQUISE. — Maîtresse de voleur. (Idem.) MARQUER MAL. — Se faire remarquer sous de mauvais rapports. MARQUIN. — Couvre-chef. (Halbert.) MARQUISE. — Breuvage composé de vin blanc, d’eau de Seltz, de sucre et de citron. MARRON. — En flagrant délit de vol ou de crime. — Du vieux mot marronner: faire le métier de pirate, de corsaire. Paumer marron, servir marron : prendre sur le fait. — « J’ai été paumé marron. » (La Correctionnelle,) V. Servir, Estourbir, Raille, MARRON. — Cocher en contravention. — Le cocher marron est un cocher mal vétu, mal chaussé, ayant mauvaise mine, conduisant une mauvaise voiture et un mauvais cheval. » (P. du Terrail.) MARRONNER UN GRINCHISSAGE, un vol. (Colombey.) MARRONNER. — Bouder, murmurer. — Du vieux mot marmonner, — « Tu pourras mar- monner tout bas : Ah ! couyon, tu ne me tiens pas. » (La Berne Mazarine, 1654.) — « J’peux pas voir ¢a, moi! je marronne tout haut. » (Cogniard, 1831.) V. Lächer, Marmot. MARSEILLAISE. — Pipe courte et poreuse fabriquée à Marseille. — « Et tout en parlant ainsi, il chargeait et allumait sa marseillaise. » (Luchet.) MARTEAU (AVOIR UN COUP DE).—V. Toqué, MARTINET. — Fer de correction au bagne. Cet instrument répressif qui tient captive la jambe du forçat, a une trempe plus forte que celle de l’acier. » (Moreau Christophe, 1837.) MASTROQUET. — Marchand de vin. Mot à mot : l’homme du demi-setier. — De mi-stroc : demi-setier,— « Le cocher avale vivement son mélé-cassis et sort de chez le mastroquet. » (Sauger.) V. Corne, MarcH. — « Pari entre deux chevaux pour une distance convenue. » (Paz.) MATELOT. — « Tous deux amis et se nom-- mant mutuellement mon matelot : ce qui est le plus grand terme d’affection connu sur le gaillard d'avant. » (Phys. du Matelot, 1843.) MATHURINS. — Dominos. (Halbert.) — Abréviation de mathurins plat. On donnait ce nom par allusion au costume des moines dits Mathurins qui, avec-leur robe blanche et leur manteau noir, paraissaient avoir le revers noir et la face blanche, comme les dominos. MATIGNON. — Messager. (Halbert. ) ; MATRIMONIUM. — Mariage, — Latinisme. MATURBES. — Dés à jouer. (Grandval.) — C’est mathurin avec changement de finale. MAUGRÉE. — Directeur de prison. (Hal- bert). — Il maugrée par état. Mauve. — Parapluie de coton. — « Sa forme conserve une certaine ressemblance avec la feuille de mauve, ce qui lui a fait récem- ment donner le nom de cette plante. La mauve est toujours en coton rouge ou vert. » (Phys. du parapluie, 1841.) A Manquer 7 MEC 114. .; MEN a MAUVAISE (ELLE EST OU JE LA TROUVE). — « Cette charge est mauvaise. » Avouez, mesda- mes, que vous ne vous attendiez pas à celle-là, et que vous vous dites peut-être : «€ Je la « trouve mauvaise. » (Villars) Mayzux, — Bossu. — Mayeux est une forme du vieux nom Mahieu (Mathieu). — Vers 1830, les caricatures populaires de Tra- viès eurent pour objet un bossu nommé Mayeux : c’était le type d’un homme ridicule- ment contrefait, vaniteux et libertin, mais brave et spirituel à ses heures, De là son nom donné à ceux qu’afflige la même infirmité, — « Ici d’affreux petits mayeux. » (De Banville.) MAzAro. — Prison militaire qu’il ne faut pas confondre avec la salle de police (ours). Dans celle-ci on passe seulement la nuit sur une paillasse ; dans l’autre, on reste jour et nuit sur la planche, — « Mon ami, c’est le trou, le clou, le mazaro, la salle de police. » (Commen- taires de Loriot.) MAZAGRAN.— Café servi dans un verre. MEA CULPA (FAIRE SON). — Confesser sa faute. — Latinisme. — « Il leur faudra faire leur mea culpa de cette fameuse démarche du 20 juin. » (Moniteur, juillet 1872.) Mec. — Maitre. V. Meg. MÉCANISER. — Vexer, critiquer. — « Cana- lis regarda fixement Dumay qui se trouva, se- lon l’expression soldatesque, entièrement mé- - canisé, » (Balzac.) — « Ne vous avisez pas de mécaniser son ouvrage, car alors, qui que vous soyez, il ne vous resterait plus qu’à numéroter vos os, » (Moisand, 1841.) MÉCHANT (PAS). — On dit d'une toilette mesquine, d'un homme inepte, d’un livre sans valeur : ('a n’est pas méchant, ça ne mord pas! —- € Achetez un caloquet plus méchant, votre tuyau de poêle n’est pas trop rup. » (L. de Neu- ville.) MÈCHE (IL Y A MÈCHE, IL N°Y A PAS)— Il y a moyen, il n’y a pas moyen. Mot à mot : on peut ou non allumer l'affaire, — « Lorsque les ouvriers proposent leurs services au prote de l’imprimerie, ils demandent s’ y a mèche, c’est-à-dire si on peut les occuper. » (Dhau- thel, 1808.) — « I] voudrait en garder un pour la montre, mais il n’y a pas meche .» (Rienzi) & Litre de mèche : Être de moitié. (Vidocq.) six plombes et mèche : six heures et demie. M£cur, — Malheur, (Idem.) — Abréviation du vieux mot méchief. MEcquE. — Homme,—Pour meg. — « T'as refroidi au moins un mecque. » (Stamir.) MECQUE A LA COLLE FORTE, — Voleur re- doutable. (Idem.) MÉDAILLE, — Pièce d’or. -« La jolie voix! dit Schaunard en faisant chanter les pièces d’or. — Comme c’est joli, ces médailles !» (Mürger.) MÉDAILLON, — Derrière. (Vidocq.) — Al- lusion de rondeur. MÉDECIN. — Avocat. (Vidocq.) — Il soigne les malades, V. ce mot. MÉDECINE. — Conseil. — Même allusion. M£épivm.— Homme qui prétend servir d’in- termédiaire entre ses semblables et certains esprits invisibles, — Ses évocations sont dési- gnées aussi par un adjectif nouveau : média- nimique—« C’est un sultan qui n’a qu’à jeter un mouchoir, un médium qui fascine les da- mes, » (P.de Kock, 1865.) Mra, mec. — Maître. V. Chique. — Du vieux mot Mége, chef souverain. — « L'abbé : Au nom du Père. — Coutaudier : Du?... Ah! du meg. » (Dernier jour d’un condamné.) Mzc DES MECS. — Dieu. V. Rebitir.— Il est à remarquer que meck signifie grand dans l’ancienne langue tudesque. Mico. — Boni, excédant de la recette sur la dépense, — « Quand il y a du mégo, je le mets dans une tirelire. » (P. de Kock, 1840.) Mint, — Mélange d’eau-de-vie et de li- queur. — « Aimez-vous l’eau-de-vie? Dame ! on vend'ytout du mêlé, » (Vadé, 1755.) V. Noir, MELET, MELET Petit, petite. (Halbert.) Méuo. — Mélodrame. — Abréviation. — « La soirée d'hier a été mortellement en- nuyeuse ; le bon gros mélo a fait son temps. » (Paris-Journal, août 1872.) Mzuon. — Élève de première année à TE cole Saint-Cyr, — « Me brimer, moi, malheu- reux melon. » ( Souvenirs de Saint-Cyr.) MELON. — Imbéeile. — « Vous êtes si me- lons, à Châtellerault. » (Labiche.) MEeNEE, — Douzaine. (Grandval.) MENER PAS LARGE (N'EN). — Être mal à son aise, — « Quel rugissement! Nous n’en menions pas large, je t’assure. » (Loriot.) se * 3 3 = A MES 178 MENESSE. — Prostituée, maitresse. (Hal- bert.) ; - MENFSTRE. — Potage, Vieux mot. MENTEUSE. — Langue. (Vidocq.) M£pnrsro. — Diabolique. — Abréviation du Méphistophélès de Faust, Méquarn. — Commandant. (Idem.)—Aug- mentatif de mec : maître. Mrquar. — Commander, (Idem.) MErcADET. — Faiseur, — De la pièce de Balzac, Mercadet le faiseur.— « À une époque où la fièvre du b7belot sévit, il est bon de con- naître les ficelles des Mercadets. (Frébault.) M—DE (FAIRE SA). — Faire l’important. M—DEux. — « Terme injurieux qui se dit d’un poltron, d’un fat sans esprit. » (Dhautel, 1808.) — Se prend plutôt aujourd’hui dans le second sens. V. Bâton. MÈRE, — « Lorsqu’un compagnon va au siége de la société, il dit : Je vais chezla mère. Si l’aubergiste chez lequel se tiennent les réu- nions n’était pas marié, on dirait de même : Je vais chez la mère. » (Perdiguier.) MERLAN. — « Sobriquet donné à un perru- quier à cause de la poudre qui couvre ordinai- rement ses habits. » (Dhautel.) — « La Peyro- nie est chef de perruquiers qu’on appelle merlans parce qu’ils sont blancs. » (Journal de Barbier, 1744.) MERLAN FRIT (ŒIL DE). — Œil pâmé. —— « Enfin cet homme de brelan a les yeux faits comme un merlan. » ( Troisième Suite du Par- lement burlesque, 1652.) MERLANDER. — Coiffer. MERLIN, — Jambe, — Allusion à la hache dite merlin. Le fer figure le pied, et le manche est un vrai fumeron. - I veut se r’lever, mais j’ le redouille A coups d’ passifs dans les merlins, ; (Chanson de Fanfan le Bâtonniste.) MERRIFLAUTÉ. — Chaudement vétu. ( Hal- bert.) MÉRUCHÉ, MÉRUCHON. — Poêle, poélon. MERVEILLEUX. — Homme à la mode, Mass. — Cercle d'officiers, — « Les offi- ciers mangent par corps en mess. » ( Vie part- sienne, août 1867.) — Bien que le mot soit, comme l'usage, d'importation britannique, il est plus français qu’on ne pense, et il en est de | | | | lui comme de funnel, qui n’est pas autre chose que notre mot fonnelle. Ainsile grand glossaire de Du Cange donne prendre metz avec le sens de manger ensemble. Tl cite même une lettre de rémission de l'an 1443, mentionnant des com- pagnons associés pour prendre metz pendant les travaux de la moisson, MÉTAL. — Argent. — « Et t’as pas de mé- tal. » (Ricard.) MÉTIER. —- Habileté d’exécution. —-« Vois toutes ces esquisses : il y a de la main, du mé- tiel, mais où est l’idée ? » (L. Reybaud.) METTRE A QUELQU’UN (LE). — En faire accroire, tromper. — « Du reste, c’est un flanche. Vous voulez me le mettre... Je la con- nais, » (Le Dernier jour d’un condamné.) METTRE A TABLE (SE). — Dénoncer, — On se met à table pour manger, V. Table, manger. METTRE AVEC (SE). — Vivre maritalement. — « En se mettant avec Lise, le général au- rait dû nous dire : J’ai ça et ça à payer ; il ne l’a pas dit, et ce n’est pas délicat. » (Ricard) MEUBLE, — Personne de triste mine. — « Voyez c'vieux crocodile. Ah! l’beau meu- ble! » (Vadé, 1756.) — « Prends garde à toi, vieux meuble, affreuse bohémienne ! » (Les ’olles Nuits du Prado, 1854.) MEULARD.-—Veau. (Vidocq.)— Allusion au mugissement du veau. V. Pavillonner, MEUNIER..— Recéleur achetant le plomb volé. (Colombey.) MEZIÈRE. — Homme simple, bon à voler, (Grandval.) V. Regout. MEzIÈRE, MEZIGUE.— Moi. (Idem.) Mrcxé. — Niais, — Du nom propre Michel, qui avait jadis ce sens proverbial. V. Mikel— « Loupat : Le sergent, j'imagine, m’en vou- dra, — La Ramée, a part : Le bon miché ! » (Vadé, les Raccoleurs.) Micng, — Homme fréquentant et payant les filles — Même étymologie que ci-dessus. — Dans une liste de fausses Protestations des filles de Paris contre la guerre (1790), on lit : « Ce pourfendeur de Mars avait bien affaire aussi de se présenter pour nous enlever nos michés, » — « Les jeunes gens dont ces dames font leurs amants de cœur, et que certaines suscep- tibilités des michés empêchent d’avoir un facile accès, » (Ces Dames, Vermorel.) À ye MIL MICHÉ SERIEUX.— Amant riche et géné- reux. — « Le miché sérieux équivaut à l'en- - treteneur… Les jeunes gens se disent souvent, comme un mot d’ordre : Messieurs, ne parlez pas à la petite une telle, elle est ici avec son miché sérieux. Le même individu se désigne aussi par ce mot: Ponteur. Ce dernier mot, pris dans le vocabulaire des jeux, vient du verbe Ponter. » (Cadol.) — « Les avant-scènes sont réservées aux michés sérieux. » (Pefts mystères de l'Ecole lyrique.) — V. Persiller, MicHE DE CARTON. - — Miché peu généreux ou peu fortuné. V. Carton. MicuETON. — Petit miché. — « All’ me dit: « Mon fiston, étrenne ma tirelire. » Je lui ré- ponds : « Ma poule, tu m’ prends pour un mich’ ton. » (Le Bâtonniste à la Halle, 1813.) MicHON. — Argent. (Halbert.) Mrp1 (IL EST). — 11 n'est plus temps.—Date du temps où midi était l’heure du repas, celle où cessait toute affaire. MIE DE PAIN. — Vermine. (Vidocq.) — Al- lusion à la démangeaison causée par une mie de pain égarée. MIETTE (UNE). — Un peu. —« Minute ! je me chauffe les pattes une miette. » (Gavarni.) Mrxzu. — Miché, dupe. (Vidocq.) — C’est le nom de Michel. Mrurev. — Derrière. — « L’arme de Pour- ceaugnac convient à nos grands hommes. Elle atteint ce milieu, leur amour et leur but. » (Nugent, Étrennes à Lobau, 1883.) MILLIARD. — Gueux porte-bissac. (Grand- val.) MrLLERTE. — Loterie. (Halbert.) MiLorD. — On donne moins ce nom aux Anglais qua ceux dont les largesses rappel- lent l’opulence britannique. — « Le gros tail- leur se dit négociant. À sa tournure, il n’est pas milord russe. » (Sénéchal, 1852.) — « Être sur le boulevard de Gand, se donner un air milord. » (Éd. Lemoine.) — « Je ne suis pas précisément un milord, je n’ai pas des mil- lions. » (Semaine, 1847.) MrLorD. — Entreteneur. — « Le notaire est son milord. » (Balzac. ) MrLorD. — « La lorette professe un enthou- siasme fébrile pour le cabriolet à quatre roues, dit cabriolet milord. » (Alhoy, 1841.) S MrNcE. — Très-médiocre en n'importe quoi. Mot à mot : de mince valeur. — Abréviation. Mince. — Papier a lettres. (Vidocq.)—Al- lusion à son peu d’épaisseur. MINET, MINETTE. — Mot d'amitié. — Syno- nyme de mon chat, ma chatte —« Oui, minette, je me calme. » (De Courcy.) MINEur. — Manceau. (Halbert.) MINOTAURE, — RISE. — Cocu. — «Quand une femme est inconséquente , le mari serait, selon moi, minotaurisé. » (Balzac.) V. Dernier de M. de Kock. MivurT, — Nègre. (Vidocq.) — Allusion de couleur. -Il est noir comme la nuit. MINZINGUIN. — V. Mannezingue, MI0CHE, MION. — Bambin. — Mion est un vieux mot. — « C’est à moi que reviendra le droit d’être le parrain de tous les mioches. » (Bourget.) V. Dardant. M10N DE BOULE. — Filou. (Grandval.) Mrranou. — Miroir. (Vidocq.) MrrerTe. — Œil. (Idem.) —- L’œil est un petit miroir. MIROIR A PUTAINS. — Garçon d’une beauté vulgaire. MIRLIFLOR. — Élégant à la mode de 1820. V. Œil de verre. MIROBOLAMMENT. — Merveilleusement. — « A meubler mirobolamment sa maison. » Balzac.) MiroBoLANT. — Merveilleux. — « La cra- vate mirobolante. » (E. Lemoine.) — « Je me sens d’une incapacité mirobolante. » (Balzac.) MIRZzALE. — Boucle d'oreille. (Vidocq,.) MISÉRABLE. — Petit verre. V. Monsieur. MISELOQUIÉ, MISELOQUIÈRE. — Acteur, ac- trice. Mot à mot : metteur de loques (costumes). MISERERE.— Supplication. Mot à mot: ayez pitié. — Latinisme. — « La marchande à la toilette épie le moment où l’entreteneur se trouve là pour recommencer son miserere. » (Almanach du Débiteur, 1851.) MrsLoquE.— Comédie. (Vidocq.)—« Je joue la mislocq pour un fanandel en fine pégrenne. » (Balzac.) Mistox. V. Allumer. MISTOUFLES (FAIRE DES). — Tracasser, pei- net quelqu'un. 2 i ee Lai dS \ ; MOB A L’OURS MITRAILLE. — Monnaie de cuivre. — On di- sait autrefois mitaille, Si celui-là fait danser ta mitraille, Tach’ d’amasser quelques sous en secret. (Debraux.) M1TRE. — Cachot. (Vidoeq.) — Au moyen âge le mitre était le bourreau. MoB1LE.— Garde mobile (1830, 1848,1870). en et Dictionn. de l’argot parisien. — 177 ~~ MOB — Une caricature de Traviès, datée de 1830, représente Mayeux s’échappant du domi- cile conjugal en criant : « Lâchez-moi, ma- dame Mayeux, je suis de la mobile, n... de D...! — Qui sait comment cela eût fini si | la mobile ne s’en fût mêlée ? Brave mobile ! » | (I Reybaud, 1848.) | MoBLor. — Garde mobile (1870-1871). — | Diminutif. — « J’ai vu passer un jeune sous- SEL a eh i A Live. 23, - (E. Villemot. ) 15 lieutenant de la garde mobile, et derrière lui - un simple moblot. » (P. Véron.) : MODERNE. — Fashionable. — « J’t’en vas donner du goujat, moderne! » (Gavarni.) ~ MonLrne.— Energie. — « On a de la moelle ou on n’en a pas. T’as jamais eu de la moelle pour un décime. » (Monselet.) MorTiÉ (LA PLUS BELLE).— Le sexe fémi- nin. Mot à mot: la plus belle moitié du genre humain, On abrége aussi en disant la belle moitié. — « Je ne vois pas pourquoi on oblige- rait la belle moitié à vivre avec l’autre, » MoiNgAU.— Homme de mince valeur, — Le moineau n’est pas un aigle. — « Voilà un beau moigneau pour se f..... des airs de qualité. » (Catéchisme poissard, 1840.) . Moxa.— Café, — Ce nom de provenance est généralement ironique. — « Il s’achemine en- suite vers son café, y savoure le moka (chico- rée pur-sang). » (Ph ys. du Parapluie, 1841.) V. Café. MOLANCHE. -— Laine. (Halbert.) Elle est - molle au toucher. MoLLARD, — Graillon, expectoration labo- rieuse. Du vieux mot moller : s’efforcer. MOLLASSE. — Mou. —« Ils sont mollasses. » (J. Arago, 1838.) MOMAQUE, MOME, MOMIGNARD. — Petit en- fant. — Da vieux mot momme ; grimace, qui a fait momerie. — Les petits enfants en font beaucoup. — « Les rats dont nous voulons par- ler sont des mômes. » (Paillet.) — « Elle entre avec un enfant dans un magasin et en faisant semblant de poser son momignard à terre. » (TIdem.) V. Inférieur. MONIÈRE, TIRE-MOMES, — Sage-femme. Monrr.— Accoucher. — « Ma largae aboule de momir un momignard d’altèque qu’on trim- balera à la chique à six plombes et mèche, pour que le ratichon maquille son true de la mor- gane et de la lance. » (Vidoeq.) Mowac. — Sou. — Abréviation de monaco — « C’est là ce qui estouffe les monacs, aux po- ches les attache. » (Alyge, 1854.) Monaco. — Sou. — Appellation ironique dont il faut chercher la cause dans exemple suivant :— « Honoré V, mort de dépit en 1841, de n'avoir pu faire passer pour deux sous en Europe ses monacos, qui ne valaient qu'un sou. » (Villemot.) V. Coller, MONANT, MONANTE. — Ami, amie. (Vidocq.) MoxARQUE. — Roi de cartes. — « Ousi | c’est un roi qu’elle relève, elle s’écrie : « pince le monarque. » (Alhoy.) MoNarquE, — Pièce de cinq france. (Grand- « Je val.) — Allusion à l’effigie royale. — « Il va ; nous donner quéqu’vieux monarque pour y boire à la santé… » (Gavarni.) MONNAIE DE SINGE, — Grimace. — « Il la payait, comme dit le peuple, en monnaie de singe. » ( Balzac.) Moxocux. — Lorgnon à un œil. — « Adapte donc un monocle à l’arcade de ton œil gauche! » (Montépin.) MONSEIGNEUR. — Petite pince & forcer les portes, (Grandval.) — Jeu de mots. — Quelle est la porte ne s’ouvrant pas devant Monsei- gneur? — Si, comme l’affirme M. Fr, Michel, on a dit autrefois Monseigneur le Dauphin et par abréviation Dau/fe, nous voyons encore là un calembour sur le dos fin de la pince qui . permet son introduction. V. Caroubleur. MONSIEUR. — Entreteneur. V. Amant de cœur, — « En argot de galanterie, le mot d’époux désigne l’entreteneur; mais il n’est pas le seul. Suivant le degré de distinction d'une femme, elle dit : mon époux, — mon homme, — mon monsieur, — Mon vieux, — monsieur chose, — mon amant, — monsieur, — où enfin monsieur un tel. — Sauf dans la haute aristo- cratie où l’on dit : Monsieur un tel, ce mot mon époux est général, il se dit dans toutes les classes, » (Cadol.) ; MONSIEUR (FAIRE LE). — Trancher du maitre, du fashionable. — « Sa suffisance le fait hair, il fait le monsieur. » (Hilpert.) Monsieur. — Mesure de capacité. — « Il existe de plus une certaine eau-de-vie dont le prix varie suivant la grandeur des petits verres. Voici ce que nous limes sur une pancarte : Le monsieur, quatre sous ; la demoiselle, deux sous ; le misérable, un sou. » (G. de Nerval.) MoNsTRE, — Monstrueux. — « J'en ai assez de vos monstres de concerts. » (P. de Koek.) V. Crapaud. — N'est pas toujours pris en mauvaise part. Une femme peut appeler monstre d'homme celui qu’elle adore. ay 175 — ST MonsTRE. — Colossal. — « Elle ni apporte un bouquet monstre. » (Alhoy.) Monsrrico. — Petit monstre. — « Ce petit — monstrico ! » (Balzac.) Mont. — Mont-de-piété. — Abréviation. — « Elle tient comme qui dirait un petit mont bourgeois... elle prête sur gages et moins cher qu’au grand mont. » (BE. Sue.) MONTANT, MONTANTE. — Pantalon. — Le mot date du temps où les culottes montaient haut. V. Tirant, Frusques. MONTANT. — Qui excite les désirs. — « La robe la plus montante. c’est une robe décol- letée. » (Decourcelle.) MonTANTH. — Échelle. (Colombey.) MOoNTER. — Enflammer, surexciter, enivrer de vin, de colère ou d’amour. — « Urinette (@percevant Florestan qui la regarde par-des- sus le paravent) : Qu’est-ce que vous faites ? Vous montez sur une chaise pour me voir ? — Florestan : Oui! ça me monte!… » (L. de Neuville.) MONTER A L’ÉCHELLE. — Être guillotiné. Mot à mot : monter à l’échelle de l'échafaud. — « Galetto ne veut pas « monter à l’échelle » seul. « Il faut, aurait-il dit, que Ribetto, qui « m’a dénoncé, m’y accompagne. » (Petit Mo- niteur.) MONTER SUR LA TABLE. — A vouer ses crimes et ceux de ses complices. (Vidocq.) — Aug- mentatif de se mettre à table. V. Table. “MoNTER UN coUP. — Inventer un prétexte, tendre un piége. — « C’est des daims huppés qui veulent monter un coup à un ennemi. » (E. Sue.) — « Je monte plus d’un coup pour vanter l’auteur Dorville. » (1817, Brazier.) Se monter le coup. — Sillusionner. Mot à mot : se tromper soi-même. MONTEUR DE COUPS. — Menteur, mystifi- cateur, escroc. MONTMORENCY. — Cerise. — Du nom de l’endroit où elles sont réputées. — On dit de même Montreuil pour pêche, Fontainebleau pour raisin et Valence pour orange. MorAssE. — Ennui. MORASSE (BATTRE). — Crier à l’assassin. (Vidocq.) Mot à mot : à la mort. MorcEzAv. — Fille sale, suspecte. MORCEAU (FAIRE LE). — Briller dans le détail, artistiquement parlant. € Bien que “ Léopold Robert n’eût pas de grandes vues, il faisait tres-bien le morceau. » (Th. Silvestre.) MoRrDANTE. — Scie. (Colombey.) MORDRE (NE PAS). — Etre sans force, sans esprit, sans talent. V. Méchant. Morre. — Repas, mangeaille. (Halbert.) MORFIANTE. — Assiette. (Grandval,) — De morfier, MORFIER, MORFIGNER, MORFILER, -— Faire, manger. — Morfier est un vieux mot d’où les deux autres dérivent. — « Calvi mor- file sa dernière bouchée. » (Balzac.) V. Chêne. MORGANE. — Sel, (Vidocq.) — I mord. V. Morganer, Momir. MORGANER. — Mordre. (Idem.)-— Vieux mot, Moricaunp. —- Broc de vin. (Vidocq.) — Allusion à sa couleur sombre. MoRILLO. — Chapeau à petits bords, — « C’était le temps de la lutte de l’Amérique méridionale contre le roi d'Espagne, de Bolivar contre Morillo. Les chapeaux à petits bords étaient royalistes et-se nommaient des mo- rillos ; les libéraux portaient des chapeaux & larges bords qui s’appelaient des bolivars, » (V. Hugo.) MORNANTE. — Bergerie. (Halbert.) MORNE. — Mouton. (Vidocq.) — Du vieux mot moraine : laine. MorNÉE. — Bouchée. (Halbert.) MorNIER. — Berger. (Idem.) — De morne. MORNIFLE, — Monnaie, (Colombey.) MORNIFLEUR TARTE. — Faux monnayeur. Mornos, — Bouche. (Grandval.) MORT, MORTE. — Condamné, condamnée, (Colombey.) V. Malade. MORT (FAIRE UN). — Jouerle whist à trois personnes, en découvrant le jeu d’un quatrième partenaire qui n’existe plus. — « M. d’Ajuda proposa d’aller faire un mort avec le duc de Grandlieu. » (Balzac.) Morue. — Femme abjecte. — « Vous voyez, Françoise, ce panier de fraises qu'on vous fait trois francs ; j'en offre un france, moi, et la marchande m’appelle… — Oui, madame, elle vous appelle. morue/ » (Gavarni.) Mors (AvoIr pus). — Echanger des repro- ches. — « En rentrant du bal avec ton amant, EX “ vous avez eu des mots, et il t’a flanquée à la porte. » (Montépin.) MoucHAILLER. — Regarder. (Grandval.) MoucHARDE. — Lune. — Elle moucharde les voleurs. V. Cafarde, — « Mais bientôt la patraque, au clair de la moucharde, nous re- luque de loin. » (Vidocq.) MoucHE. — Vilain, laid. (Halbert.) — « Mouche, pour ceux qui ne comprendraient pas le langage parisien, signifie mauvais. » (Troubat.) — « Avez-vous été hier soir aux Variétés ? — Toc. — Et Ambroise ? — Mou- che. » (Lemercier de Neuville.) MoucHE. — Bouquet de barbe placé sous la lèvre inférieure. — Allusion à sa petitesse. -— « Le ministre de la guerre vient de tran- cher la question du port de la mouche. » (Du Casse.) MOUCHE (FAIRE). — Tirer assez juste pour aplatir la balle sur un point noir (mouche), au centre de la cible. —« Elles font mouche à tout coup et tuent les hirondelles au vol. » (A. Second.) MOUCHES (TUER LES). — Infecter. Mot à mot : avoir une haleine infecte assez puante pour tuer les mouches au vol. Tiens, Paul s’est lâché du col; Est-y fier depuis qu’il promène Clara, dont la douce haleine Fait tomber les mouches au vol. (Colmance.) Non, c’est que je me mouche, que je tousse : Réponse ironique à celui qui demande une chose qu’il devrait savoir. MOUCHER DU PIED (NE PAS SE). — Agir grandement, et non comme celui qui, après s’être mouché avec les doigts, efface du pied sa morve, — « Mais c’est des artistes. qui ne se mouchent pas du pied. » (Désaugiers.) Pris ensuite au figuré pour signifier une su- périorité quelconque, comme le prouve cet exemple de J. Moinaux : —- « Ce petit vin colorié ne se mouche pas du pied. » On a dit dans le même sens : Ne pas se mou- cher du talon. — « C’est un gaillard qui ne se mouche pas du talon. » (P. de Kock.) MoucHER. — Remettre les gens à leur place, éteindre leur insolence. MoucHER. — Frapper, battre. — « Allons, mouche-lui le quinquet, ça l’esbrouffera. » (Th. Gautier.) MoucHERr. — Tuer. Mot à mot : éteindre la flamme de la vie. — « Aussi ne se passait-il guère d'heures sans qu’il n’y eût quelqu’un de mouché. » (Mém. de Sully, seizième siècle.) — «€ Je l’enfile par un coup droit. Encore un de mouché. » (Randon.) MoucHERON. — Enfant. — « La portière et son moucheron. » (Léonard, parodie, 1863.) MOUCHETTES (DES). — Non. — « Tu m’as volé ! tu vas rendre !— Des mouchettes ! » (Idem.) MouvcHiquE. — Vilain. — De mouche. — « On s’en dégois’ de mouchiques : quand les uns s'appellent feignants, les autr’s leur-z’y répond”nt : muff’s. » (Cabassol.) ¢ MOUILLANTE. — Soupe, morue. (Halbert.) MouruLk (frrr). — Être apprécié à sa va- leur. (Colombey.) — Allusion aux tissus qu’on mouille dans le même but. MouLE. — Visage irrégulier. — Ironie. MOULE EST CASSÉ, ON N’EN FAIT PLUS (LE). — Se dit d’une personne inimitable. MOULE DE GANT. — Soufflet. — La main est un moule de gant. — « Te geberges-tu de nous ? Je te bâillerai d’une paire de moule de gant. » (Vadé, 1744.) Mourn. — Magasin de recéleur. (Colom- bey.) V. Meunier. MouLINER. — Bavarder. (Idem.) — On ap- pelle de même moulin à paroles an bavard. Mourorr. — Bouche. (Halbert.) — Elle moule les aliments. : MOURIR (TU T'EN FERAIS), TU T'EN FERAIS CREVER. — Ces formules négatives s’emploient surtout contre ceux qui sont trop avides ou qui manifestent des prétentions excessives.—« Un joueur propose, à quoi l’on répond, si l’on re- fuse : « Tu t’en ferais mourir. » (Boué de Vil- liers.) V. Cylindre. : MouscAILLER. — Faire ses besoins. (Vi- docq.) V. Mousse. MoussANTE. — Bière. (Colombey.) — Effet pris pour la cause. x S58 Mousseux. — Redondant. — « J’estime celui qui est un peu mousseux dans sa façon de parler. » (La Bédolliere.) Moussux. — Châtaigne. (Halbert.) A date des da d — 180 — MOU à CS Move — Brerdment; — Se trouve déja “dans le Dictionnaire blesquin de 1618. Dans le peuple, on s’injurie encore par ces mots : Vent et mousse pour toi! ~~ MoUSSELINE. — Pain blanc. (Halbert.) — “Allusion de douceur et de blancheur. MoussELINE. — Pièce d’argent. (Petit Dic- “tionnaire d'argot, 1844.) — Même allusion. “ Mousskr. — S’impatienter, s’irriter. Mot à - mot : écumer de colère. — « Ne moussez pas comme ça. » (Labiche. ) - MoussEr.— Faire sa mousse. V. ce mot. MoussErIe. — Latrine. (Halbert.) Mouzv. — Mamelle. (Halbert.) ~~ MuETrTE. — Conscience. — Le mot nous | paraît trop ingénieux. Ce doit être (comme NAGEOIR. — Poisson. (Vidocq.) — I nage. NAGEOIRE. — Favori large s’écartant de la joue comme une nageoire de poisson. — « L’ampleur de ses favoris qu’il persiste à ap- peler des nageoires. » (M. Saint-Hilaire.) NAsE, NAZE. — Vieux mot. — « Elle est mieux que la Hollandaise, mais ça n’est pas pour mon nase. » (Madame de Solms, 1866.) NAVETS (DES). — Non — « Est-ce que j'en suis ? Toi, mon bonhomme, beaucoup de na- vets ! » (Montépin.) — « M’exposer a Saint- Lazare pour ca... Desnavets! » (Jaime.) Naver. — « Hypocrite de salon, tartufe à l'eau de rose, il était de ceux qu’on appelle dans le vieux style un pédant, et dans notre belle langue un navet. » (A. de Pontmartin.) - NAZARET. — Grand nez. V. Dariole —Aug- mentatif de naze. - Naz1coT. — Petit nez. — Diminntif. | pour arche de Noé) une inrention de Saint Edme qui a rédigé l’œuvre de Vidocq, où muette a paru pour la première fois. MUFFLE, MUFFETON, — Homme bête et grossier. — « Eh! dis donc, la belle blonde, tu vas quitter ces deux muffles et t’en venir avec moi. » (E. Sue.) — « Vois-tu, muffeton, lat disait la dame.» (G. de Nerval.) MURON, MURONNER, MURONNIÈRE. — Sol, es saler, salière. (Halbert.) = MUsETTE. — Figure. — C'est museau avec changement de finale. V. Couper. ; MUSICIEN. — Dénonciateur. V. Coqueur. Musicians. — Haricots. (Colombey.)— Al- lusion au bruit des vents qu’ils forment. MUSIQUE (PASSER LA). — Être confronté =} os avec les dénonciateurs ou musiciens. O NAZONANT, NAZONNAUT,— Gros nez. Conde val, Halbert.) — Augmentatif. NÈFLES (DES), — Non. — « Souper avec vous, des nèfles ! Les panés, il n'en faut pas. » (Les Cocottes, 1864.) NEGOCIANT (FAIRE LE). — Aller se prome- ner, terme suprême du matelot pour exprimer un homme qui n’a rien à faire, » (Physionomie du Matelot, 1843.) NÉGOCIANT. — Entreteneur. (Halbert.) NEGRESSE. — Paquet couvert de toile cirée noire. (Vidocq.) NÉGRESSE. — Punaise. — « Je sentis bien, quand nous étions couchés, qu’il ne manquait pas de négresses et même de grenadiers. » (Le- cart.) — Allusion à la couleur foncée de la punaise. Quant aux grenadiers, qui sont des poux de forte taille, il faut se rappeler que les grenadiers étaient des soldats d’élite. Les gros Ç NEZ NOC poux sont donc les grenadiers de la garnison, V. Garnison. NÉGRESSE. — Bouteille. (Colombey.) — Al- lusion à son aspect foncé. NÉNAIS, NÉNET. — Sein, — « Tenez, mon cœur, voilà le corset, ajustez-moi ça sur mes nénets. » (Ricard.) — « Petite maman s’est fait des nénais avec du coton. » (Gavarni.) NÉo-CATHOLIQUE, NÉO. — « Je passai en revue les diverses sectes des néo-chrétiens dont Paris était inondé. Il y avait les néo-chrétiens du journal l'Avenir, les néo-chrétiens de M. Gustave Drouineau, les néo-catholiques et une foule d’autres, tous possédant le dernier mot du problème social et religieux. » (L. Reybaud, 1843.) Nup. — Voleur brocantant de faux bijoux, de fausses décorations. (Vidocq.) NERF, NERF DE LA GUERRE. — Argent. V. Os. — « Le nerf de la guerre manquait à ce point qu’il n’avait pas le strict nécessaire.» (Vie parisienne, 1867.) NERFS (AVOIR SES). — Être sous l’empire d’une irritation nerveuse. Jadis on disait : J'ai mes vapeurs, — « Madame aurait ses nerfs ? ‘Nerfs contre nerfs. Apportez-moi le nerf de bœuf. » (Michu.) NETTOYER. — Ruiner, vendre, dévaliser. — « Je lui nettoie sa pelure du haut en bas. J’trouve une demi-veilleuse. » (Monselet.) V. Lavage, Maquilleur. NETTOYER. — Tuer. — « Oh! les gredins, je les nettoierai. » (F. Pyat.) NEZ QUI A COUTE CHER A METTRE EN 00TU- LEUR. — Nez dont la teinte rubiconde atteste que son porteur a payé plus d’une bouteille. Nez (AVOIR DANS LE), — Détester quel- qu’un. Mot à mot : ne pouvoir le sentir. — « Il ne faudrait pas que la demande vint de vous. M. Fafiaux vous a dans le nez. » (About.) NEZ CREUX (AVOIR LE). — Être malin, perspicace. — Les nez creux ont plus de capa- cité que les autres. NEZ LONG (AVOIR LE), FAIRE SON NEZ. — Paraître désappointé. — « Nous nous som- mes payé le billard, j'en ai rendu vingt-cinq de trente à Lahure, qui faisait un nez aussi long que sa queue de billard. » (Voizo.) nez piqué rougit comme celui qu’empourpre l’ivresse,— « Qui ne s’est pas piqué le nez une pauvre fois dans sa vie ? » (Grévin.) NEz OU IL PLEUT. — Nez tout à fait re- troussé. — On voit d’ici l’allusion, — « Made- moiselle Kid était une petite drôlette, avec un nez où il pleut dedans, » (Stop, Journal amu- sant, 1870.) NIB, NIBERGUE, NIBERTE, NIENTE.— Rien. — Niente est un vieux mot qui a fait NVéant. Nib est une abréviation de Nibergue, qui est un anagramme de bernique.—« N’avoir pas le sou, s’articulait nib de braise ou nisco boursi- coto. » (Lespes.) NICDOUILLE, NIGUEDOUILLE, NIGAUDINOS. — Nigaud. — « Vous vous étes en allé faché, désespéré, nigaudinos. » (Balzac.) — « Tais- toi donc, nicdouille. » (Phy. du Matelot, 1843.) NicHONS. — Seins. — Allusion a la double niche qu’ils occupent dans le corsage. NI NI, C’EST FINI. — Formule négative. — Redoublement de la dernière syllabe de fine. — « Ne me parlez plus de rien..., ni, ni, fini. » (Rousseliana, 1805.) — « N, i, n, i, c’est fini, plus de Malvina. » (L. Reybaud.) NINI, NINICHE. — Mot d’amitié. Diminutif d’Eugénie. — « Quand maman aime bien pe- tit papa, elle appelle petit papa ma niniche. » (Gavarni.) NIOLLE, NIOLLEUR. — « Un niolle est un chapeau d’homme retapé. Les niolleurs sont les marchands de vieux chapeaux. » (Mor- nand.) NIORT (ALLER A). — Nier. — Jeu de mots. — « Je vois bien qu’il n’y a pas moyen d’ aller à Niort. » (Canler.) Nisco, Nix. — Non. — Visco est un dimi- nutif du vieux mot nés . pas un. — Nix est un germanisme (nicht). — « Fit-il un phénix, Nix, » (Désaugiers.) NIsETTE, — Olive, (Halbert.) NIVET, NIVETTE. — Chanvre, chanvrière, filasse. (Idem.) Nock. — Débauche. — Allusion aux excès - gastronomiques qui accompagnaient les noces d'autrefois. — « V’là deux jours que je fais la noce. » (H. Monnier.) V.Chouette, Faux-basses, & NEz (SE PIQUER LE). — S'enivrer. — Un Noczr. — Faire la noce. — « Est-ce que 2 ; Te Ee + ‘as nocé vajourdt hui Pu—Nocé! ab, bien oui! » . — 183 — (Œ. Sue.) Norr.— Café, — Allusion de contours «Je paye le noir et le mêlé, et je m’enfile de douze sous. » (Mongelet.) ; Nom D'UN! — Nom d'un nom! Nom dite pipe! Nom d'un petit bonhomme! Nom d'un tonnerre !— Abréviations de sacré nom de D...! que les modernes jureurs ont modifié de façon à ne se voir reprocher aucun blasphème. — « 86,000 francs par an! nom d’un petit bon- homme ! c'est joli. » (I. Reybaud.) —« Nom d'une pipe ! si vous m’approchez... » (Méles- ville, 1830.) NomBriL. — Midi. (Halbert.) NONNE (FAIRE). — Faire un attroupement simulé pour aider à un vol. (Vidocq.) NONNEURS. — Compères de voleurs à la tire. — Ils gattroupent et créent des embarras (nonnes) pour l'aider à voler. NorarrE.— Épicier qui fair crédit. “ [ma- nach des Débiteurs.) Nouvson. — Poisson. (Halbert.) NoURRIR. — Préparer de longue main. — «Ce garçon qui deveit avoir nourri ce poupon pendant un mois. » (Balzac.) V. Poupard. NOURRISSEUR. — « Les nourrisseurs prépa- rent et nourrissent une affaire ; ils savent le moment où le rentier touche sa rente et les jours de rentrée du négociant ; ils étudient la maison et les habitudes des gens qu’ils veu- lent faire voler. » (A. Monnier.) NOUZAILLES, NOUSIERGUE, NOUSAILLES, NOUZIÈRES, NOUZIGO. — Nous. (Halbert, Co- ~ lombey.) Novaux. — Les pieces de monnaie. — Du vieux mot noiau : bouton d’habit. Le sacré violon qu’avait joué faux Voulut me demander des noyaux. (Vadé, 1760.) NoYAUX DE PÊCHE (REMBOURRÉ DE). — Se dit des siéges fort durs. — Allusion à leurs as- pérités et à leur dureté. « On est en train de remplacer les noyaux de pêches des stalles par des nouveaux beaucoup plus frais. (Leclair, 1872.) NUMÉRO UN, PREMIER NUMÉRO. — Premier par ordre de mérite. — « C'est de la folic & l’état de numéro un.» (Jules Janin.) — « Une lanterne de premier numéro et d’un telreflet — qu’on dirait un phare. » (Deslys.) NUMÉRO (BON). — « Deux papas très-bien, ce sont deux papas d’un bon numéro. Com- prenez-vous? — Pas trop, — Deux pères par- faitement ridicules. » (Th. Gautier.) Gros numéro, — Maison de prostitution. — Allusion au gros numéro peint sur la porte. NUMÉRO CENT. — Latrines. — « Dans toutes les maisons du monde j'ai ma chambre au nu- méro cent, » (J, Choux.)—Jeu de mots né dans les hôtelleries à chambres numérotées, où les latrines portent le numéro 100 pour que per- sonne ne s’y trompe. C’est aussi le numéro qui sent le plus. Connaître le numéro de quelqu'un. — Être fixé sur sa valeur morale, — « Je sais d’où tu viens, je sais par où tu as passé , je connais tous tes numéros. » (Ces Dames, 1860.) Retenir son numéro, c’est le menacer de re- présailles. ; NUMÉRO SEPT. — Crochet de chiffonnier. — Allusion de forme. : NUMEROTER SES 08, — S’appréter à être roué de coups, Mot à mot : à pouvoir retrouver ses os pour les remettre en place si on les casse. V. Démolir, NymPHE. — Femme galante. —Allusion rail- leuse aux comparaisons mythologiques affec- tionnées par nos pères. V. Piger. OBÉLISCAL. — Merveilleux. — Date du trans- port de l’obélisque sur la place de la Concorde. -—« Admirable! pyramidal! obéliscal! » (Al manach de la Polka, 1845.) V. Granitique. OBJET, — Amante. Mot à mot: objet d’a- mour. — « Il apprend que le cher père a cloîtré son objet. » (Désaugiers.) Occass, — Occasion. Abréviation, — «Deux francs cinquante de bénef, profitez de l’occase. » (A. Second.) OccAsIoN. — Chandelier. (Halbert.) Occrr, — Tuer. — Vieux mot relevé par les romantiques. — « O surprise! j'avais occi le bandit qu’on cherchait depuis huit jours. » (Marx.) (Err. — Crédit. — Noté dans le Dictionnaire de Cartouche de Grandval (édit. de 1827), — « Je vous offre le vin blanc chez Toitot; j'ai l’œil. » (Chenu.) — « La mère Bricherie n’en- tend pas raillerie à l’article du crédit. Plutôt que de faire deux sous d’æil, elle préférerait, ete. » (Pr. d’Anglemont.) — « La fruitière n’a jamais ‘voulu ouvrir d’œil : elle dit qu’elle a déjà perdu avec des artistes. » (Champfleury.) Œur. — Bon effet produit à première vue. — Se dit de n’importe qui et de n’importe quoi. — «La chose a de l’œil. C’est léger. » (A. Scholl.) ŒIL DE VERRE. — Lorgnon. — « Ces mirli- flors aux escarpins vernis, aux yeux de verre. » (Festeau.) Œuir (FAIRE DE L').— Lorgner amoureuse- ment, — « Sous prétexte de voir essayer le cha- peau, il ne manquait pas de faire de l’œil à la modiste. » (P. de Kock.) Œur (MoN). — Formule négative. — Abré- viation d’une autre phrase reçue qui consiste à dire : Regarde de quelle nuance est mon œil. — «Et quand tu m’auras bien aimée, en serai- “je plus avancée, je te prie? Regarde donc de quelle nuance est mon œil. » (Monselet.) — « Quand le démonstrateur expose la formation des bancs de charbon de terre, mon voisin s’é- crie avec un atticisme parfait: Oui, mon œil. » (Villetard.) (Bin (TAPE A 1”). — Borgne. — I ferme ou tape un œil. ŒIL (TAPER DE L’). — Dormir. — C’est le clore la paupière du peuple. — « Monsieur, faites pas tant de bruit, je vais taper de l’œil.» (Vidal, 1833.) V. Taper dans l'œil. ŒIL (TIRER L’). — Attirer l'attention. (BIL (TORTILLER, TOURNER DE L’). — Mou- rir —«J’aime mieux tourner la salade que de tourner de l'œil. » (Commerson.) — « J” vou- drais ben m’en aller, dit le pot de terre en rà- lant. Bonsoir, voisin, tu peux tortiller de l'œil. » (Thuillier.) (Bur (CASSER SON). — Faire une fausse couche. OGRE, OGRESSE. — Usurier, marchande à la toilette. — Ils finissent toujours par dévorer leur clientèle. Ourk.— Il y a deux espèces de compositeurs d'imprimerie : 1° lés ogres, bons pères de fa- mille qui travaillent pour leurs enfants; ils sont à la conscience, c’est-à-dire qu’ils gagnent &; prix fixe par jour ; 2° les caleurs ou go?p- 0’ = 068 lt. . OMN peurs qui à chaque instant se dérangent ; ceux- là travaillent aux pièces. » (Moisand, 1841.) OGRE, — Agent de remplacement. (Vidocq.) — 11 a toujours besoin de chair humaine. Ocrk.—Chiffonnier, recéleur. — « Les chif- fonniers donnent ce nom à celui qui achète le produit de leurs recherches nocturnes pour les revendre en gros. Il fut un temps où ce nom était synonyme de recéleur, Dans ce but, l'ogre possédait à côté de son établissement d'achat de chiffons un débit de liqueurs qu’il faisait gérer par un affidé ou un compère ; il y rece- vait clandestinement des malfaiteurs qui ap- portaient là les produits de leurs rapines. » (Castillon. ) Ocrksse. — Maîtresse de maison. (Halbert.) — Elle est comme les ogres en quête de chair fraîche (féminine). Or&non. — Montre. — Allusion de forme. OIGNONS ou OIGNES (AUX PETITS). — Très- bien. — Les oignons sont en grande faveur dans la cuisine populaire. — « Lies lanciers! demandez la nouvelle danse, arrangée aux pe- tits oignons.» (Randon.)— «Ça n° t ’empêchera pas de faire ça aux petits oignes, » (L. de Neu- ville.) : OIGNON (TL Y A DE 1” ).—Il y a des gémis- sements. — Allusion aux pleurs que l’oignon fait verser. — « S’ prend’ de bec, c’est la mode, et souvent il y à de l’oignon. » (Dupeuty.) Oisrav. — Triste personnage. — « Minute ! quel est ¢’t oiseau-là? » (Léonard, parodie.) OrsEAU FATAL. — Corbeau. (Vidocq.) — Le corbeau ‘a depuis longtemps cette réputation. OrsEAUX (AUX).—'Très-bien.—« Il est meu- blé aux oiseaux. » (Balzac.) — « Pour expri- mer qu’un homme est très-bien fait, qu’une femme est très-belle, on dit qu’ils sont aux oi- seaux. » (Dhautel, 1808.) OISEAUX (SE DONNER DES NOMS D’).— Rou- couler amoureusement. — « Nous nous donn’- rons des noms d’oiseaux. » (Hardy.) Ourvrr. — Ognon. (Halbert.) OMNIBUS. — Prostituée. Mot a mot : femme de tous. — Latinisme. — « On y remarque aussi quelques pauvres beautés omnibus, » (La Maison du Lapin-Blanc.) ; OMNIBUS DE CONI. — Corbillard. (Vidoeq.) ss a au et Mot à mot : voiture de mort. J ~ ORE —— 185 —- TROUBADES AU POSTE ONCLE. — Usurier. — « Ce mot symbolise l’usure, comme dans la langue populaire ma tante signifie le prêt sur gage. » (Balzac.) ORANGE. — « La pomme de terre est aussi- tot saluée par l’argot d’orange à cochons. » (Balzac.) ORDINAIRE. — « On lui donnait un ordi- naire, c’est-à-dire un bouillon et un bœuf. » (Scholl, 1866.) OREILLARD. — Ane. (Vidocq.) — Allusion à ses longues oreilles, ~~ Dictionn, de l’argot parisien. ORFÉVRE. — Personne cherchant à faire prévaloir ses intérêts particuliers sous un autre motif. — Abréviation d’une réponse bien con- nue : « Vous êtes orfévre, monsieur Josse? » faite par Sganarelle à l’orfévre Josse, qui lui conseille l’achat d’un écrin comme le seul moyen de guérir la mélancolie de sa fille. (Molière, Amour médecin.) ORGUE (JOUER DE 1’). — Ronfler. — Allu- sion aux ronflements des tuyaux d’orgue. — « Il prenait toujours une stalle sur le derrière de Cie ig Liver, 24, 2 A À l’orchestre, afin de ne pas être dérangé. Il s’y installait commodément, et là 7 piquait son chien, comme nous disions au collége ; 7 cas- saït sa canne, comme nous disons aujourd’hui ; àl jouait de lorgue, comme disent les titis ; ou bien il roupillait, selon les linguistes, » (Privat d’Anglemont.) ORLÉANS.—Vinaigre. (Vidocq. 4 Celui d’Or- léans est le plus renommé. ORNIE, ORNICHON, ORNION, ORNIE DE BALLE. — Poule, poulet, chapon, dinde. ORPHELIN. — Orfévre. (Vidocq.) — Chan- gement de finale. ORPHELIN DE MURAILLE. — Excrément isolé. Mot à mot : abandonné par son auteur contre un mur, ORPHELINS. — « C’est sors ce nom que l’on veut dire en argot : une bande de voleurs. » (A. Durantin.) 0s. — Argent. — Si argent est le nerf de la guerre, pourquoi ne serait-il pas los de la vie civile ? Cette étymologie nous paraît pré- férable à celles qu’on a risquées jusqu'ici. — « Dans la langue populaire parisienne, on ap- - pelle os le numéraire. » (Mornand.) OrxeLLo. — Mari jaloux, — Allusion à l’Othello vénitien, — « Modifier vos bonnes et douces habitudes pour vous métamorphoser en Othello, c’est vous y prendre un peu tard.» (Ed. Lemoine.) OurcHE.—-C’est un oui ironique.—« Oroyez- P (FAIRE LE). —- Faire mauvaise mine. | (Grandval.) V. Pet. PACANT. —Homme de campagne. (Halbert.) PACANT. — Passant. (Grandval.) PACQUELIN, PACLIN, PASQUELIN. — Pays. (Vidocq, Halbert.) rade, 1774.) vous qu’il viendra me chercher ?... Ah bien 1 ouiche ! » (About). —c« Ah ouiche ! v’la encore | un beau pleutre ! » (Le Chirurgien anglais, pa- + OURS. — « Ancien compagnon pressier. Le mouvement de va-et-vient qui ressemble assez à celui d’un ours en cage, par lequel les pres- siers se portent de l’encrier à la presse, leur a valu sans doute ce sobriquet. » ( Balzac.) Ours, — Salle de police, — « Je fus passer deux jours dans un lieu ténébreux qu’on ap- pelle l’Ours. » (Souvenirs de Saint-Cyr.) V. Ma- zaro. s Ours. — Pièce qui à vieilli dans les cartons d’une direction de théâtre. Elle ne se joue que dans la belle saison quand les théâtres sont déserts, — Allusion à l’ours qui dort pendant lhiver et qui se montre pendant l’été.— « Au théâtre des refusés, d’ours il fait commerce. » (AL Flan.) OURS (ENVOYER A 1’), — Envoyer pro- mener, Mot à mot : envoyer voir l’ours au Jardin des Plantes, si cher aux flâneurs. OursoN. — Bonnet à poil d’ours. — « J’al- lais me coiffer de l’ourson dévolu aux volti- geurs. » (L. Reybaud.) Ouris. — Instruments de voleurs. V. Va- que. OuvRAGE. — Vol. (Vidoeq.) Ouvrier. — Voleur. (Idem.) OvALE. — Huile, (Halbert.) PACQUELINAGE. — Voyage. (Idem.) PACQUELINEUR, — NEUSE. — Voyage, voyageuse. (Idem.) PacsIN. — Paquet. (Grandval.) — De pa- quet, avec changement de finale. Par. — Eau-de-vie. V. Pajer. = =r 0 PAN Par. — Ivre. — Abréviation de Pafé. V. Paffer. — « Vous avez été joliment paf hier. » (Balzac.) PAFFE. — Soulier. Abréviation de Passif. NV. Gouépeur, Empaffe. PAFFER, EMPAFFER.— Enivrer. Mot à mot: remplir de paf. — Le Paf représentait au der- nier siècle /a goutte d’aujourd’hui. En voici de nombreux exemples, — « Viens plutôt d’ami- tié boire avec nous trois un coup de paîfe. » (Vadé, 1758.) — « Voulez-vous boire une goutte de paf?—J'youlons bien. —Saint-Jean, va nous chercher d’misequier d’rogome. » (L’Écluse, 1756.) — « Il m’proposit le paf. Ça me parlit au cœur si bien, que j'y allis… dans une tabagie de la rue des Boucheries, où que j’bure du ratafia après le coco. » (Rétif, plèbe bariolée qui se paîfe de vin bleu. » (Del- vau.) — « Nous allons à la Courtille nous fourrer du vin sous le nez, quand nous som- mes bien empaffés. » (Vidal, 1833.) PAGNE. — Secours envoyé à un détenu par un ami. (Vidoeq.) — Abréviation de panier (i provisions). PAILLASSE. — Sauteur politique. — Allu- sion à la chanson de Béranger. Paillass’, mon ami, N’ saut’ pas à demi, Saute pour tout le monde, etc. De là aussi le synonyme de S'auteur. PAILLASSE. — Ventre. — Les intestins s’en échappent comme la paille d’une paillasse. — « Il s’est fait crever la paillasse, il s’est fait tuer. » (Dhautel, 1808.) PAILLASSE, PAILLASSE DE CORPS DE GARDE. — Prostituée de dernier ordre. Comme les paillasses de corps de garde, elle change jour- nellement de coucheurs. — « Qu’es-tu, toi ? larronnesse, paillasse de corps de garde! » (Dialogues potssards, dix-huitième siècle.) PAILLASSON. — Homme fréquentant les filles publiques. — « Quand finirez-vous, liber- tin, de courir les catins? Encore, ce vieux “paillasson, parl’-t-il d’morale en action ! » (Catéchisme poissard.) PAILLE. — Dentelle. (Vidocq.) — Elle est légère comme une paille. \ PAILLE AU C—L (AVOIR LA). — Être mis à 177° Contemp., 1783.) —- « Au milieu de cette la réforme, — On expose, ordinairement, avec _ un bouchon de paille, les objets à vendre isolé- ment, — « La paille au cul, repassez la fron- tière, cafards, » (La Paille au cul, 1832.) PAILLE DE FER. — Dans le récit d’un com- bat, H. Monnier fait dire à un vieux sergent : —< À toi, à moi la paille de fer. »—Allusion an hasard qui expose chaque combattant à un coup de pointe. PAIN? (ET DU) — As-tu de quoi manger ? — Donnez des conseils à un malheureux af- famé, il vous ramène à la question par ces mots : Æt du pain ?—Gavarni montre un trois masque abordant à l’Opéra un domino femelle, qui l’attend, binocle à l’œil : — « Pus qu’ça de lorgnon, dit-il. Et du pain? » — La ques- tion déchire d’un seul coup les faux dehors de cette femme élégante qui n’a peut-être pas diné pour acheter des gants. PAIN ROUGE (MANGER DU). — Vivre d’as- sassinats, (Halbert.) Ne pas manger de ce païn-là : Se refaser à vivre d’argent mal acquis. - PALADIER, PALLADIER, — Pré. (Halbert, ) PALETTE. — Dent, main. (Colombey.) PArnAs, — Boniment de saltimbanque. — « Il salua les visiteurs qu'avait attirés la pa- rade. Bientôt il commença son pallas, » (Champfleury.) PANDORE. — Gendarme. — Nom d’un des gendarmes de la fameuse chanson de Nadaud. — « Il n’y avait plus à en douter, j'avais tous les Pandores de la contrée à mes trousses, » (Marx.) PALLAS (FAIRE). — Faire des manières, — L’argot paraît s’être piqué là de connaissances mythologiques, car Minerve faisait parfois la renchérie. — « Au pré finira ton histoire, et là l'on n’y fait plus Pallas. » (Vidoeq., PALLOTTE. — Paysamne. (Vidoeq.) PALOT, PALLOT. — Paysan. (Halbert. ) PALPER. — Toucher de l’argent. (Dhautel, 1808.) PALPITANT. — Cœur. (Halbert.) — C’est le cœur ému. V. Battant, Coquer. PANA, — « Vieux pana se dit d’un homme avare, laid et âgé, qui se laisse difficilement ruiner par les lorettes. » (Champfleury.) PANAS, — « S’emploient dans le Diction- = ét — 188 — natre de la Curiosité avec le sens de tessons, de loques, de débris de toutes sortes; ceux qui les vendent sont des panailleux, » (Champ- fleury.) Vient de panne - haillon, comme le mot précédent. PANADE. — Sans consistance, sans valeur. — « Notre gouvernement est joliment panade / » (Ricard.) PANADE. — Objet repoussant, femme laide. (Colombey.) De Panné. PANAMA. — Chapeau tressé avec des joncs que nos fabriques vont chercher à Panama. — « J’ai dû chanter contre la crinoline et m’é- gayer aux frais du panama. » (J. Choux.) PANIER. — Voiture basse, à caisse d’oser, à la mode vers 1860. — « Ange! tu m’as transporté. je suis homme à mettre à tes pieds un panier en pur osier. » (Les Pieds qui r’muent, 1864.) PANIER A SALADE. — Voiture de prisonniers. —- « Ce surnom vient de ce que primitivement la voiture était à claire-voie de tous côtés. » (Balzac.) — « L'on nous fit entrer vingt-qua- tre dans un ignoble panier à salade. » (Chenu.) PANNE, PANE. — Misère, manque d'argent. — Du vieux mot panne: haillon. Roquefort donne pannoseux dans le sens de couvert de haillons, misérable. — « T1 est dans la panne et la maladie. » (Ricard.) V. Décatir, PANNE. — Se prend au théâtre dans un sens figuré. — «La panne est le mot par lequel se désigne au-théâtre un mauvais rôle de quinze ou vingt lignes. » (De Jallais, 1854.) PANNE. — Misérable. — « Ça marche sur ses tiges, ben sûr ! Pas pus de braise que dans mon œil. Ohé ! panné! panné! » (Ricard.) PANOUFLE. — Perruque. (Vidocq.) — Du vieux mot panufle : guenille. PANTE, PANTRE, PANTINOIS, PANTRUCHOIS. — Bourgeois bon à exploiter ou à voler. — Pante et Pantre sont des formes abrégées de Pantinois et Pantruchois qui veulent dire Parisiens. V. Pantin, — «J'ai reniflé des pan- tes rupins. » (Paillet.) V. Lever, Pantre, Abou- ler, PANTHÈRE. — Vers 1840, il a été de mode d’appeler panthères les beautés à la mode. C’é- tait, par analogie, une race inférieure à celle de la lionne, qui florissait vers le même temps, mais elle était plus carnassière, plus man- geuse d’hommes. — « Dans les griffes d'une panthère ou d’une lionne du boulevard de Gand, le parapluie est d'une déliciense coquet- terie. « (Phys. du parapluie, 1841.) PANTIN, PANTRUCHE. — « Pantin, c’est le Paris obscur, quelques-uns disaient le Paris canaille, mais ce dernier s’appelle, en argot, Pantruche. » (G. de Nerval.) — Cette défini- tion manque de justesse. Pantin est aussi bien le Paris beau que le Paris laid. Et la preuve, c’est qu’on dit : dans le goût de Pantin, pour : élégant, à la mode de Paris. V. Pantinois, Pré. — Pantruche est son seul péjoratif. Il est probable que le peuple a donné à Paris, par un caprice ironique, le nom d’un village de sa banlieue (Pantin). V. Pré, — « Là! v'là qu’est arrangé dans le goût de Pantin. » (Zombach.) PANTINOIS.— Parisiens. (Halbert.) V. Pante. PANTOUFLE (ET CÆTERA). — Injure peu traduisible. Pour la comprendre, il faut savoir qu’on appelle aussi c-n pantoufle un homme nul. — « L'animal le traitait alors de fainéant, de poule mouillée et d’et cætera pantoufle. » (L. Desnoyers.) : Et catera pantoufle. — Quolibet dont on se sert lorsqu’un ouvrage pénible et ennuyeux vient à être terminé. » (Dhautel, 1808.) PANTRE. — Dupe. — V. Pante. — Pantre argoté : imbécile. — Pantre arnau : volé s’a- percevant du vol. Mot à mot : pantre qui re- naude. — Pantre désargoté : homme difficile à voler. (Halbert.) PANTRUCHE.— Paris. V. Pantin. PAnTRUCHOIS. — Parisien. V. Pantruche. PANTURNE. — Fille de mauvaises mœurs. (Grandval.) PANUCHE. — Femme élégamment mise. PAPA (A LA). — Bourgeoisement, sans éclat. — « Ce sont des enchères à la papa. Tout s’y passe à la douce. » (Champfleury.) : PAPA (A LA). — Supérieurement. — Le père est maître au logis. On nous aura r’quinqués a la papa... Tu riras 1a, mais j’ dis a la papa... Ou sinon d’ çà, j’ te brosse & la papa... (Le Casse-Gueule, ch, 1814.) Il va nous juger ça à la papa. (Désaugiers.) PAPELARD. — Papier. (Vidocq.) — Change- ment de finale. nN a bh a dd À S PAR — 189 — PariLLoN. — Blanchisseur. ( Idem.) — Comme le papillon, il arrive de la campagne, et ses ailes blanches sont représentées par les paquets de linge qu’il porte sur l’épaule. PAPILLON (VIEUX). — Vieillard conservant les allures galantes de k jeunesse. V. Pa- pillonner. PAPILLONNEUR. — Voleur exploitant les voitures des blanchisseurs qui apparent le linge à Paris. (Vidocq.) PAQUECIN , PAQUEMON. — Paquet. — « Ne faut-il pas que baluchons et pacquecins dispa- raissent subitement? Personne n’égale le cam- brioleur dans l’art de déménager. » (A. Mon- nier.) Paqueurn. — Flatteur. (Halbert.) — C’est patelin avec changement d’une consonne. PAQUETS (FAIRE DES). — Tricher en inter- posant des cartes préparées dans son jeu. PARADIS (PORTER EN), — « Vous voulez parlez du coup de poing. Oh ! le beau jeune homme ne portera pas cela en paradis ! » (Ri- card.) — C’est-a-dire : il me le payera avant sa mort. V. Envoyer. PARALANCE. — Parapluie, (Vidocq.) Mot à mot : pare à l’eau. V. Lance. PARISIEN. — Homme indiscipliné et né- gligent. — « Ah! mille noms! faut-il être Parisien ! j'ai oublié l’ampoulette ! » (Phys. du Matelot.) PARLER PAPIER. — Écrire. — «€ C’est lui qui parle papier pour moi à mon oncle. » (Vidal, 1833.) PARLOTTE. — Lieu où l’on parle, où l’on confère. — « La Chambre des députés n’est plus qu’une buvette, un cercle, une parlotte. » (A. Karr.) PAROISSIEN. — Individu. — « Que de pa- roissiens fameux dont il ne serait plus ques- tion par ici, si un homme de talent n’était là pour leur y tailler une couronne de n'importe quoi sur la mémoire. » (Gavarni.) PAROLIER. — Auteur de livret d’opéra ou de romance. — « Parolier pour chansonnettes, il a eu l’insigne honneur d’être mis en mu- sique par Offenbach. » (E. Blondet.) PARON. — Carré, palier. (Colombey.) PAROUFLE. — Paroisse. (Halbert.) — Chan- ement de finale. PARRAIN. — Témoin, — Allusion à la fone- tion du parrainage qui consiste à donner votre nom, à faire constater votre identité. — « Des parrains aboulés dans le burlin du quart d’œil ont bonni qu’ils reconobraient ma frime pour l’avoir allumée sur la placarde du four- millon, au moment du grinchissage. » (Vi- docq.) PARTAGEUR, PARTAGEUX. — Communiste croyant à la possibilité du partage égal de tous les biens. PARTERRE (PRENDRE UN BILLET DE). — Tomber. — Calembour. ParTI. — Endormi. — « Allons, les voilà partis, dit Vautrin en remuant la tête du père Goriot et celle d’Eugène. » (Balzac.) PARrTI. — Ivre.— Même allusion que pour lancé, C’est un degré de moins. PARTICULE. — Se dit de la particule de qui précède les noms aristocratiques. — «€ Ce maître d’écriture, fou de la particule, se pré- tendait d’origine nobiliaire. » (Néel de La- vigne, 1850.) PARTICULIÈRE. — Prostituée. — Mot an- cien. — « Tu t’es meslé et accouplé avec des putains et des infâmes particulières. » (Le tableau du tyran Mazarin, 1649.) — « Les mauvaises têtes du quartier qui tiraient la savate pour les particulières de la rue d’An- goulime, » (Ricard.) — « Voilà qu’un mou- chard m’amène une particulière assez gentille.» (Vidal, 1833.) PARTICULIÈRE. — Maîtresse, — « Ce terme, si trivial en apparence, appartient à la galan- terie la plus raffinée et remonte aux bergers du Lignon. On lit à chaque instant dans l’Astrée : Particulariser une dame, en faire sa particulière dame, pour lui adresser ses hom- mages. » (Laveaux.) Dans l’armée, particulier et particulière sont synonymes dé bourgeois et bourgeoise. PARTIE. — Représentation dramatique exceptionnelle où figurent des artistes ama- teurs. — « Santiquet monta une partie au théâtre Chantereine. » (De Boigne, 1857.) PARTIES (FILLE A). — « La fille à parties n’est qu’une prostituée en carte ou isolée, mais avec plus de formes... elle se fait suivre par sa tournure élégante ou par un coup d’œil À fartif. » (F. Béraud.) — La maison où abou- tit la rencontre, se nomme maison à parties ou maison de passe. L’acte des clientes est qualifié de passe ou passade, Le terme re- monte au dix-huitième siècle. PARTIES CHARNUES. — Derrière. — C’est la partie la plus charnue du corps. V. Posté- rieur. PAS (NE, NE RIEN). — Négation ironique- ment prise pour une affirmation —« Ærnest : Avec qui que tu veux que je soye done ? — Eugène ; Merci, tu n’es pas rageur. » (Monse- let.)—On dit de même : // n’est pas chien, pour il est avare ; il n’est rien dégoûté pour il est difficile, PAs GRAND’CHOSE.— Personne de médionre vertu — «'Tu as filé avec ta pas grand - chose. » (P. de Kock.) PASQUELIN, PACLIN. — Pays. (Halbert.) PASQUINER LA MALTOUSE. — Faire la con- trebande. (Halbert.) PASSACATLLER. — Se faufiler avant les au- tres, supplanter. (Vidocq.) PASSANT. — Soulier. — Vieux mot.—« Les passants rompus et la Lyme trouée. » ( Vie de saint Christofle, Grenoble, 1530.) PASSE. — Secours. —« Demander la passe, c’est demander un secours aux ouvriers où l’on passe. » (Moisand, 1841.) PASSE (FAIRE UNE). — V. Parties. PASSE (GERBER A LA). — V. Gerber. PASSE. — Guillotine. V. Gerber. — Allu- sion à la passe de la fatale lunette. Passr-OrrcK. — Passeport. (Vidoeq,.) Passz-Lacrr, — Fille publique. PASsE-LANCE. — Bateau. (Vidoeq.) V. Lance. Mot à mot : passe-eau. PAssE-SINGE. — Roué, homme dépassant un singe en malice. PASSER AU BLEU. — S'effacer, disparaître. — On sait quel rôle l’indigo joue dans le blanchissage. — « Le pont rouge est passé au bleu... bien et dûment écroulé. » (De Charny.) — « Plus d’un jaunet passe au bleu. » (Jou- vet.) V. Laver, Nettoyer, Lessiver. PASSER AU DIXIÈME. — Devenir fou. — Terme usité parmi les officiers d’armes spé- ciales. Frappés du nombre de camarades que leur enlevaient des atteintes d’aliénation men- Ae tale, ils disent : J/ est passé au dixième (régi- ment), pour montrer combien ils sont décimés pardes pertes, sur lesquelles l’étude des scien- ces ne serait pas, dit-on, sans influence. — — « L’officier du génie passe souvent au dixième. » ( Vie parisienne, 1867.) PASSER L’ARME A GAUCHE. — Mourir, mi- litairement parlant. Aux enterrements, le soldat passe l’arme sous le bras gauche. — « Toufe la famille a passé l'arme à gauche. » (Lacroix, 1832.) PASSER LA JAMBE. — Donner un eroc-en- jambes, et par extension, renverser. — « Son ennemi roulait à ses pieds, car il venait de lui passer la jambe. » (Vidal.) PASSER LA JAMBE A THOMAS. — Etre de corvée à la caserne pour l’enlèvement des go- guenots. — Allusion à l’action de les renver- ser dans les latrines. PASSIER, PASSIF, PASSIFLE. — Soulier. — Formes diverses de passant. V. Merlin. PASSIFLEUR. — Cordonnier. PASTIQUER. — Passer. — Changement de finale. V. Abadis, PASTIQUER LA MALTOUSE. — Passer de la contrebande. PATAFIOLER.— Confondre.— « Aux gardes du commerce !…. Que le bon Dieu les pata- fiole:!.. » (Gavarni.) PATAPOUF. — Gros homme toujours es- soufflé. — Onomatopée. — « Chaque fois que j'allais chez ce gros patapouf de M. Front- boisé. » “x Bienvenu.) Pare (LA). — Lime. (Grandval.) Pater. — Correction. — « Il avait voulu manger un grand gaillard. Aussi a-t-il reçu une pâtée. » (Delagny, les Souteneurs, 1861.) PATENTE. — « ("était une de ces casquettes molles rabattant sur le nez qui font aux sou- teneurs de barrières une coiffure si caractéris- tique. — Comme elle n’est portée que par eux, elle est en quelque sorte la patente de leur ighoble métier. » (Paul Parfait, 1872.) PATIRAS, PATITO. — Souffre - douleur , homme qui pâtit. — Le second mot est ita- lien. — « Moi qui tout à l'heure étais le patéras de tout le monde. » ( E. Sue.) — « Le pro- fesseur se traîne dans les fers de la signora, grevé des servitudes d’un patito. » (Heine.) = 2-01. PATISSIER (SALE). — Homme malpropre, tripoteur d’affaires véreuses. V. Boulette. PATRAQUE. - — Patrouille. (Vidoeq.) — Jeu de mots ironique. — Les anciennes patrouilles marchaient aussi mal qu’une patraque. V. Moucharde. —— Se dit par extension d’une administration mal organisée, PATROUILLE (EN). — « Quatre jours en pa- trouille, pour dire en folies bachiques. » (Ca- barets de Paris, 1821.) ; ParTE. — Habileté de main. — « Mal des- siné, mais beaucoup de chic. — Oui, il a de la patte. » (L. de Neuville.) PATTES DE MOUCHE. — Écriture très-fine. — « Et l’écriture, il écrit avec des petites pattes de mouche bien agréables. » (Festeau.) PATTE (COUP DE). — Propos méchant. PATURON. — Pied, pas. (Halbert.) — Ani- malisme. V. Flacul, Rebâtir. PAUMER. — Perdre. — « Je ne roupille que poitou ; je paumerai la sorbonne si ton palpi- tant ne fade pas les sentiments du mien. » (Vi- docq.) V. Marron. Pavé. — Éloge maladroit: — Allusion au pavé de La Fontaine. — « C’était un journal pavé de bonnes intentions ; mais on y rencon- trait plus de pavés encore que de bonnes in- tentions. » (A. Second.) PAVÉ (C’EST TOUT), — Ironiquement pour dire : C’est très-loin d’ici, mais la route est bonne ! PAVE DE BONNES INTENTIONS. — Se dit iro- niquement d’une maladresse commise avec de bonnes intentions, — « On a aussi chanté un hymne À ceux qui sont morts pour la France, pavé de patriotisme et de bonnes intentions. » (Moniteur, juillet 1872.) PAVILLON. — Personne à tête folle, dont les idées flottent à tous les vents comme l’étoffe d’un pavillon, PAVILLONNER. — Faire des folies, déraison- ner. — « On renquillera dans la taule à me- sigue pour refaiter gourdement, et chenument pavillonner, et picter du pavois sans lance. » (Vidocq.) Pavors.— Gris.— Forme de pivors.— « Bitre port, c’est être dans la vigne du Seigneur, dans toute la joie de Bacchus. » (Ch. Coligny. ) Pavors. — Fou. (Halbert.) PAVOISER (sm). — Faire toilette. — Terme : de marine.—V. Astiquer. : PAYER (TU VAS ME LE). —Se dit, en plai- santant, à quelqu’un qui vient de faire ou dire quelque chose d’exceptionnel. On ajoute sou- vent Aglaé, sans doute par allusion à quelque chanson populaire, — «Tu vas me le payer, Aglaé, est un mot qui touche à certains côtés intimes de la vie parisienne. » (Mané, 1863.) PAYER (SE). — Se passer la fantaisie de. — « Cette liaison est la seule toquade sérieuse qu’il se soit payée. » ( Vie parisienne, 1866.) PAYER. — Rosser d’importance. — (A bma- nach des Débiteurs, 1851.) Payor. —« Forgat employé aux vivres ou a la comptabilité. I1 ne portait que la chaus- sette. » (M. Christophe.) Pi (1L.Y A DU).—V. Pet. Picune. — Argent.—Vieux mot. Prav.— Laide ou vieille prostituée. PEAU (ÊTRE DANS LA) — Être à la place. — « Je ne voudrais pas être dans la peau du su- borneur. » (Gavarni.) PEAUSSER (SE). — Se déguiser. Mot à mot : se cacher dans la peau de. — « Je vais me peausser en gendarme. » (Balzac.) PEAU DE LAPIN. — « Les mêmes indus- triels font le soir la peau de lapin. On appelle ainsi, en argot, le commerce des contre-mar- ques de théâtre. » (A. d’Aunay.) Pecocr. — Pou. (Halbert.) — De gosse (petit) et de pou, dont la premiere lettre (p) est seule conservée. Les gros sont des grena- diers. V. ce mot. PÉGossIer. — Pouilleux.—« Et le Grand- Saint-Nicolas , Vestaminet des pégossiers. » (Privat d’Anglemont.) PÈGRE.— Caste de voleurs, Elle se divise en haute et basse pègre. — « La haute pègre est l’association des voleurs les plus anciens et les plus exercés; ils ne commettent que de gros vols et méprisent les voleurs ordinaires qui sont appelés dérisoirement pégriors, chif- fonniers, pègres à marteau ou blavinistes, par un pègre de la haute. » (Vidocq.)—« Des Paga- nini de ruisseau, des domestiques qui ne cher- chent pas de place, des soldats en bordée, des grinches de la petite pègre. » (Privat d’Angle- _ mont.) 1 E Hi : 100 PER i PÈGRE. — Voleur. — « Un jour à la Croix- Rouge, nous étions dix à douze, tous pègres de renom. » (Vidocq.) V. Esgourne. PÉGRENNE. — Faim, misère. PÉGRENNER.— Faire maigre chère. V. Ba- chasse. PÉGRIOT. — Voleur maladroit ou malheu- reux, — « Quiconque ne se fait pas un nom dans la caste criminelle qu’il s’est choisie est un pégriot de la basse pègre. » (A. Monnier.) PÉGRIOT. — «Apprenti voleur se faisant la main aux étalages. » (Canler.) V. Boucanrier, Pègre. PÉGRIOT (BRULER LE).— Effacer la trace d’un vol. (Halbert.) PEIGNE. — Clef. (Vidocq.) PEIGNÉE. — Lutte dans laquelle on s’em- poigne aux cheveux, et, par extension combat. — « Là-dessus, elles commencent à se repasser une peignée des mieux administrées, se ros- sant comme deux enragées. » (Vidal, 1833.) “ PrrvTRrE. — Balayeur. — Allusion au balai ou pinceau dont il est armé. V. Pinceau, PEINTURE (NE POUVOIR VOIR EN). — Dé- tester quelqu’un au point de ne pouvoir souf- frir son image. PEINTURLURER, — Peindre grossièrement. PÉKIN. — «€ On nomme Pékin tout ce qui n’est pas militaire, comme nous appelons m?- litaire tout ce qui n’est pas civil. » (Talley- rand.) — « De vieux dialogues des règnes de Henri III et Henri IV emploient souvent le mot piquini ou pékin pour désigner les adver- saires en religion. » (Ambert.) Dans la bouche du militaire, je suis pékin veut dire aussi je suis dégagé de toute obliga- tion. — Un élève sortant de Saint-Cyr se dit pékin de bahut. — « Le Saint-Cyrien aban- donne avec joie cette école. il est pékin de bahut. » (Lubet.) PÉLAgo. — Prison de Sainte-Pélagie. (Co- lombey.) — Changement de finale. PÈLERIN. — Se dit de tout homme déter- miné à une entreprise. — « J’embusque mes pèlerins et nous tombons sur la cavalerie, » (Général Christophe, Lettres, 1812.) PELLARD. — Foin. (Vidocq.) — Diminutif du vieux mot pe/: poil. L’herbe est le poil de la terre. Nous disons encore pelouse. ç - PELLE. — Chemin. (Idem.) PELLE AU CUL (RECEVOIR LA). — Être mis violemment à la porte. — « Retrais-toy... ains qu’on te frappe au cul la pelle. » (Villon, 1456.) … PELOTAGE. — Flatterie. PELOTAGE. — Caresse. — Il y a du pelo- tage. — « Pas de pelotage ! Guillotinez-moi, mais ne me flétrissez pas. » (Le dernier jour d’un condamné.) PELOTE. — Bourse. (Grandval.) — T1 s’agit sans doute ici de la bourse pleine. PELOTER. — Caresser, et par extension, flatter. — « La fière crevette outrée… défiait Latygne de la peloter ainsi. » (Michu.) PELOTTEUR. — Flatteur. — « Se montrer rampant, pelotteur et bêta. » (Wado.) - PELOUET, PELOUETTE. — Loup, louve. (Halbert. )— Anagramme et diminutif. PELURE. — Vêtement. 7 Vieux mot. Pelisse, son synonyme, est resté dans. la lan- gue. — € Garde une de tes belles pelures. » (Balzac.) V. Ë pots Frusques, Nettoyer, Ren- versant. PENDANTE. — Boucle d'orcillé- (Vidoeq.) — Elle pend à l’oreille. PENDANTE. — Chaîne de montre. (Grand- val.) — Elle pend au gilet. PENDU GLACÉ. — Réverbère. (Vidocq.) — Allusion à la suspension et au vitrage du ré- verbère. V. Glacière, PENNE, PEIGNE. — Clé. (Vidocq.) PENSUM. — Sergent de ville. Mot à mot : pince-hommes. — Ce calembour sort évidem- ment du collége. : PENTE. — Poire. Elbe) PENTE (AVOIR UNE). — Être ivre à trébu- cher sur un terrain plat comme sur une pente. PéPIN. — Vieux parapluie. — Allusion au parapluie que portait toujours Pépin, l’un des accusés du procès Fieschi. — « Ne pas avoir le plus piètre rifflard, la plus hideuse mauve, le plus méchant pépin à lui donner ! » (Phys. du parapluie, 1841.) PÉquIn. — Bourgeois. V. Pékin. PERCHE (TENDRE LA). — Tirer quelqu’un d’embarras, comme si on tendait une perche à un homme en danger de se noyer. — « Le ) A = Tr “PER — 198 — “PER S LES PEINTRES souffleur aide l’acteur tremblant, il tend la perche aux faibles, » (J. Duflot.) V. Lâcher. PrrcHEr. — Loger. — « Où perches-tu, petit ? fit le réaliste au novice. » (Michu.) PÈRE FRAPPART. — Marteau, — Calem- bour, PERPETTE (A). — Condamné à perpétuité. V. Longe. PERROQUET (ÉTOUFFER, ÉTRANGLER, PLU- pc Dictionn. de l’argot parisien. MER, ASPHYXIER UN). — « Cette locution signifie, dans le langage des ateliers, prendre un verre d’absinthe. » (Bayeux.) — « Quel- qués vieux absinthiers préfèrent courir le risque de plumer un perroquet de plus. » ( Vie parisienne, 1865.) Allusion à la couleur verte du liquide qui teinte le verre dont la main du buveur étrangle le cou. Le perroquet est ordi- nairement de cette couleur. V. #'trangler, PERRUQUE. — Suranné, comme les grandes perruques du vieux temps. — « C’est Grétry ressuscité et avec moins de petitesse dans la manière. Sa musique est aussi un peu perru- que, qu’on me passe ce terme de coulisse, qui est si pittoresque. » (Beyle, Rome en 1817 ; Paris, 1827.) — « C’est plus que faux foupet, c’est empire, c’est perruque, c’est rococo, c'est Pompadour. » (Th. Gautier, 1833.‘ PERSIL, PERSIL EN FLEUR. — Commerce de prostitution. (Halbert.) PERSILLER, CUEILLIR DU PERSIL, FAIRE SON PERSIL, ALLER AU PERSIL — Rac- crocher le passant. (Halbert.) — « Elles explorent les boulevards, persillent dans les squares nouveaux, dans l’espoir d’yrencontrer des michés sérieux. » (Lynol.) PrrsiLLÉ. — Émaillé, garni. V. Zing. PESCILLER — Prendre. V. Servir, Criblage. PET (IL Y A DU),— II y a du danger, la po- lice est proche. (Dictionnaire d’argot, 1844.) Faire le pet : Faire mauvaise mine. (Grand- val, 1827.) Les vocabulaires que nous venons de citer donnent P et non Pet, Cette dernière leçon a l'avantage d’être plus conforme à la pronon- ciation et d’offrir un sens, // y à du pet serait un synonyme de : (a sent mauvais, qui se dit de la même façon. PETIT (FAIRE LE). — Uriner. — Par oppo- sition & faire le gros qui veut dire... le reste. PÉTARD, PÉTEUX. — Derrière. — On en- tend de reste l’étymologie de ce bruyant syno- nyme.—« Sur son péteux, v'là que je l’étale.» (Le Casse-Gueule, 1841.) PÉTARD. — Haricot. (Vidocq.)— Effet pris pour la cause. PÉTARD.— Soufflet. —Allusion à son bruit. — « Si tu n’te tais, je t’allonge un pétard sur ton vilain masque.» (Dialogues poissards, dix- huitième siecle.) PETARD (FAIRE DU). — Faire un éclat. Que j’suis béte..., jen pleure... Mais d’vant lui j’ f'rai du train. Oh! oui, j’ f'rai du pétard En te r’voyant, Oscar. (Les Rëyolus, alman. chantant p. 1869.) PÉTER. — Se plaindre en justice. (Vidocq.) V. Proute. ‘PHA PETIT HOMME NOIR, — Broc de vin. — Al- lusion à sa couleur noirâtre. — « Bourgeois, ajouta Boizamort, passe-nous un petit homme noir. » (Ladimir, 1841.) PETIT MANTEAU BLEU. — Homme bienfai- sant. — Ce mot est la plus belle récompense qu’ait décernée le peuple à un philanthrope bien connu. — « On parlerait de toi comme d’un petit manteau bleu. » (Balzac.) PETITE BÊTE (CHERCHER LA). — « Un ar- tiste qui, se défiant de l’intelligence du pu- blic, souligne chaque mot qu’il récite, cherche la petite bête, » (J. Duflot.) — En art et en littérature, chercher la petite bête, c’est se don- ner beaucoup de mal dans un but qui n’en vaut pas la peine. : PETITE DAME. — Femme galante. — « Il y a trente ans, on ne disait pas encore une lo- rette, ni une biche, ni une petite dame, ni une cocotte. » (Dumas fils.) PETIT MONDE. — Lentille. (Vidocq.) PrrousE. — Pistolet. V. Pétroux. PÉTROLER. — Incendier au pétrole. — « Et pourquoi ne pillerait-on pas ? Pourquoi ne pé- trolerait-on pas ? Ils sont quatre aujourd’hui; dans six mois ils seront vingt. » ( Paris-Jour- nal, septembre 1872.) PÉTROLEUR, PÉTROLEUSE. — Homme ou femme ayant incendié Paris sous la Commune, ou sympathisant avec les incendiaires. — « Cette fois, monsieur avait pris les devants et dénoncé madame comme pétroleuse. » (Le- lioux,) -— « Le jury de peinture refuse là-bas les tableaux de Courbet comme pétroleur. » (Marseille- Tintamarre.) PETROUSQUIN. — Badaud. V. Bouline. — C’est un synonyme de Pierrot qui est pris dans le même sens, car Pétrousquin est un di- minutif de Petrus (Pierre). PEU (UN), UN PEU, MON NEVEU, — Se dit ironiquement pour certainement, beaucoup. V. (a, Chouette, Pize. — Argent. (Vidocq.) — De pesos, monnaie espagnole. PHARAMINEUX. — Étonnant. Mot à mot : éblouissant comme un phare. — « Partez, no- bles ponteurs, et cherchez la main pharami- neuse. » (Alyge.) À PIC ~~ Prarursert. — Fijou. (Colombey.)— Chan- gement de finale. Prinippe. — Écu à l’effigie de Louis-Phi- lippe, somme d’argent. — « On dit que tu as poissé nos philippes. » (Balzac. ) PHILISTIN. — « A propos, qu’est-ce qu’un Philistin ? — Autrefois, en Grèce, il s'appelait béotien ; on le nomme cokney en Angleterre ; épicier ou Joseph Prudhomme à Paris, et les étudiants d’Allemagne lui ont conféré l’appel- lation de Philistin. » (De Neuville.) Prar. — Vanité, orgueil. (Vidocq.) — Du vieux mot pafart : fastueux, — Mot expres- sif. Le vaniteux piaffe comme un cheval de luxe. PIANOTER, PIANOCHER. —- Jouer médiocre- ment du piano. — « On ne devait pas piano- ter pendant la nuit. » (Balzac.) V. Hallebarde. PrAvLE. — Maison, chambre, taverne. V. Artie. PIAUSSER. — Se coucher. (Halbert.) PHILOSOPHE. — Savate, vieux soulier re- venu des vanités de ce monde. V. Arpion. PHoro. — Photographe. — Abréviation.— « Je fais comme le photo du coin, j’opère tout seul. » (Note d’un agent, 1869.) Si on dit, une photo, cela veut dire une pho- tographie. Praux. — « Ils vont conter des piaux aux autres caleurs. Piaux est un terme trivial, bien connu dans l’imprimerie ; il signifie bla- gues, mensonges. » (Moisand, 1841.) Prc (TOMBER A). — Tomber juste à point. PICAILLONS. — Ecus. — « J” leur donne- rons des picalions. Vive la paix ! Vive la na- tion ! » (Tourneur fils, 1800.) ProcoLET. — Petit vin. — Diminutif de pic- ton, méme changement de finale que ses syno- nymes briolet et ginglet. En joyeux fils de Grégoire, J'aime le piccolet. (Aug. Hardy.) Prowx. — Pique, couleur de cartes. «Vous entendrez dire, en jetant du pique sur la table : « Je joue piche. » (Alhoy.) PrckrockrT. — Voleur à la tire anglais. Mot à mot : pique poche, et, par extension, vo- leur quelconque. — « Il n’en est pas moins vrai = 193 = «PIE i que ces pickpocket du désert sortaient de chez lui. » (Comment. de Loriot.) PICKPOCKETER. — Voler.—« Un Anglais ! malheureuse, noussommes pickpocketés, » (A /- manach du Hanneton, 1867.) : P1oorAGE. — Vol commis sur la grande route. (Vidocq.) C’est le passant qui est picoré. Prcousz. — Haie d’épines. — Elle pique. V. Défleurir. PICTER, PICTONNER. — Boire. — De Pie- ton. V. Pavillonner. PICTON, PIQUETON. — Vin supérieur à la piquette. — « Si l’ancien picton n’est que de la piquette, espérons.c’ t’année en fair’ de meil- leur. » (Layale.) V. Biture. PIÈCE A FEMMES, — Pièce dont la réussite est basée sur l’exhibition de jolies femmes. —« Avez-vous vu cette reprise d’Orphée?... Voilà une pièce à femmes. » (Villemot.) PIÈCE A POUDRE, — Pièce dramatique, dont le sujet remonte aux règnes de Louis XV ou Louis XVI, et comporte des personnages à coiffure poudrée. PIÈCE A TIROIRS. —« Pièce où l’acteur joue huit rôles différents », dit, en 1825, la Chro- nique indiscrète, mais on peut se contenter à moins. Price A TRUCS. — Pièce où les change- ments à vue sont nombreux. Les féeries sont les pièces à trucs par excellence. PIÈCE DE BŒUF. — « Grand article sur les choses du moment. On l’appelle aussi la pièce de résistance, Un excellent journal qui ne ser- virait pas tous les jours à ses abonnés la pièce de bœuf ne serait pas sûr de réussir. » ( Biog. des Journalistes, 1826.) — On dit aujourd’hui tartine, PIÈCE DE RÉSISTANCE. — Gros morceau de viande sur lequel un maître de maison compte pour satisfaire l’appétit de ses convives. PIED (DONNER UN COUP DE).— Marcher vi- vement. (Dhautel.)— « Je vais donner un coup de pied jusque dans les salons. » (About.) Ne pas se donner de coups de pied.— Sé van- ter. Mot & mot : se caresser en paroles. Mise a pied.—Mise en non-activité.— « Une mise à pied enseigna à notre inspecteur à faire plus exactement son service. » (Canler.) PIED A DORMIR DEBOUT.— Pied fort large À % Fs 5 + A PIE — 196 — PIL Mot à mot : assez large pour empêcher de tomber si on dort debout. — « C’est pas votre général qui a des pieds à dormir debout ? » (Gavarni.) On disait jadis souliers au lieu de pieds. — « Souliers à dormir debout sont souliers lar- ges. » (Oudin, 1640.) P1ep Br.EU. — Conscrit portant encore les guétres bleues du paysan.— « Le pied bleu ne prête pas longtemps à rire par sa gaucherie. » (La Bédollière.) PIED DE COCHON. — Pistolet. — Allusion de forme. — Jouer un pied de cochon : Tromper, décamper. — « Vous avez donc voulu nous jouer un pied de cochon. » (Canler.) PIED DE MARMITE (NEZ EN). — Nez disgra- cieusement relevé. PIERREUSE. — «Ce sobriquet a été donné aux femmes parce qu’elles font ordinaire- ment leur honteux commerce dans les lieux où l’on bâtit. » (Dhautel, 1808.) —« La pierreuse est une prostituée qui, dans sa sphère de tur- pitudes, est tombée au plus bas degré de l’ab- jection... elle cherche toujours les ténchres.... derrière des monceaux de démolition, des tas de pierres. » (Béraud.) Pierrot. — Collerette à grands plis comme celle de Pierrot. — « Madame Pochard a vu aplatir sur son corsage les mille plis d'un pier- rot taillé dans le dernier goût. » (Ricard, 1820.) PrerroT. — Naïf, niais, comme Pierrot. — Même allusion funambulesque. — « Le valet de cantine se fait rincer l’ bec par les pierrots.» (Wado.) PrerroT. — Verre de vin blanc. — Allusion de couleur, — « J’étais-t-allé à la barrière des Deux-Moulins, histoire d’asphyxier le pierrot.» (La Correctionnelle, 1844.) Prev. — Lit. — Corruption du vieux mot d’argot piau :lit. On disait de même prausser . se coucher. — « On peut enquiller par la ven- terne de la cambriolle de la larbine qui n’y pionce quelpoique, elle roupille dans le pieu du raze. » (Vidocq.) PrEuvrE. — Femme galante épuisant le corps ou la bourse d’un amant. — Allusion à pieuvre, qui joue un rôle si absorbant dans les Travailleurs de la mer, de Victor Hugo. — Un monsieur se présenta chez la pieuvre, maîtresse du logis. » (Ævénement, 11 avril 1866.) — « La femme entretenue, récemment nommée pieuvre. » (Boué de Villiers, 1866.) PrF, PIVASE. — Nez de grande et forte di- mension. L’autre jour, rue Saint-Martin, Voilà qu’un plaisant gamin Me dit, en riant aux éclats : C’cadet-là, quel pif qu’il a! (Guinaud, 1839.) FrrrEr. — N’être pas content. Mot à mot : faire son nez. P16E. — Année. (Vidocq.) Mot à mot : me- sure de temps. V. Piger. PIGEON. — Dupe. — On trouve souvent ce mot au dix-huitième siècle. V. Jaunet. PIGEONNER. — Duper. Mot à mot : plumer comme un pigeon. — « Un de ceux qui se laissent si facilement pigeonner. » (Dialogues de Tahureau, 1585.) = Prcrr. — Mesurer. — Les ouvriers nom- ment pige un morceau de bois donnant la lon- gueur indiquée par le plan. — Au moyen âge, on appelait p7gours les fabricants de mesures. PIGER. — Considérer. Mot à mot : mesurer de l’œil. — « Pige-moi ça, regarde-moi un peu ce chique ! » (La Bédollière.) — « Avise ta nymphe, j'ai pigé la mienne qu’est un peu chicarde. » (Ladimir.) PrGEr. — Prendre. — « N° vous gênez pas, pigez tout ce que j'ai, prenez ! ça me fera plaisir. » (H. Monnier.) Praer. —Chateau. (Vidocq.) P1aNARD. — Postérieur. — Du vieux mot pigné. PIGNOCHER (SE). — Se battre. Mot à mot : se peigner. — « Dupanloup et l’Université se pignochent à qui mieux mieux. » (Mahalin.) Pr&nour. — Chez les cordonniers, le maître s’appelle pontif, louvrier gn:af, et l’apprenti pignouf. : Prexour. — Voyou, homme grossier, mal élevé. — « C’est des pignoufs, passez-moi l’ex- pression. » (Almanach du Hanneton.) PILER DU POIVRE. — Marcher avec des pieds endoloris, en souffrant comme si du poi- vre pilé brûlait la chair. PILER DU POIVRE (FAIRE).— Terrasser quel- qu’un plusieurs fois en le laissant retomber comme un pilon. — Même allusion. 2 PIO 19 7 PIS Prnier. — Habitué de café ou d’estaminet, n’en bougeant pas plus que le pilier chargé de soutenir le plafond. — « M. Courgeon, l’ami des officiers, le pilier du café Bellone. » (Paris comique.) PILIER. — Maître, commis. PIMPELOTTER (SE). — Se régaler. — Elle n’haït pas de gobichonner et de se pimpe- lotter. » (La Correctionnelle.) PrMPIONs. — Espèces monnayées, — Vieux ~ mot. — Le pipion était une petite monnaie espagnole. Prncz-Cur. — Bal public de dernier ordre, — Allusion aux licences qu’on s’y permet. — « Ce bal inouï que l’argot téméraire de ses habitués avait surnommé le pince. » (P. Fé- val.) V. Casse-Gueule. PiNcEAU. — Pied. — « Je lui détache un coup de pinceau sur la giberne.» (Monselet.) PincEAU. — Balai. — Les deux se ressem- blent. — « Les hommes de corvée sont tous là prêts, le pinceau en main, je veux dire le balai en joue. » (Vidal, 1833.) PINCE-LoquE. — Aiguille. (Halbert.) — Elle raccommode les loques. PrNcEz-Mor ça, — Énorme nœud que les femmes portent au bas de la taille, dans le dos, et qui se complète par deux rubans très- larges, très-longs et retombant. » (Figaro, 1°" février, 1568.) ProcHER. — Travailler assidûment. — «Tu peux piocher douze heures par jour. » (Reybaud.) ProcHER. — Battre. — « Je te pioche, je te fais danser la malaisée, » (Paillet.) ProcHEUR. — Travailleur assidu. — « Il y avait là de vieux piocheurs qui s’installaient à une table. » (G. Sand.) ProLET. — Gobelet. (Halbert.) ProuLE. — Cabaret. (Grandval.) — De piot : vin, boisson, qui se retrouve dans notre mot : pépie. Pioller (s’enivrer) est un vieux mot. PIOLLIER. — Cabaretier. (Grandval.) ProN.—« C’est le nom du maître d’études. Le pion gagne un morceau de pain tous les jours et 400 francs tous les ans... et il n’a pas d’autre perspective. » (Ourliac, 1841.) ProN. — Ivre. — Du vieux mot pzer : boire. ProncEr. — Dormir. — De pieu.: lit. — « Nous nous sommes mis à pioncer, nous ne pensions plus à l’appel.» (Vidal, 1833.) Prou, ProUPIOU. — Jeune fantassin. — Du vieux mot pion. fantassin. — « Entre le jean-jean et le tourlourou, il y a un inter- médiaire, le pioupiou. » (M. Saint-Hilaire.) PIPE (CASSER SA). — Mourir. — Ceux qui sont morts ne fument plus. — « Casser sa pipe : oh ! c’est déjà vieux ! ça a de la barbe. On a dit depuis casser son crayon et on dit maintenant lâcher la rampe, ou remercier son boulanger, ou dévisser son billard. » (Villars.) PIPELET, — Portier. — Du nom d’un por- tier ridicule des Mystères de Paris. PIPER. — Fumer la pipe. — « Il me semble qu’on a pipé ici. » (Gavarni.) PrerT. — Château. (Halbert.) PIQUANTE. — Épingle. (Vidocq.) PIQUANTINE. — Puce. (Halbert.) PIQUE-EN-TERRE. — Volaille. PIQUÉ DES VERS, DES HANNETONS (PAS). — Aussi frais, aussi sain que la feuille respectée par les hannetons, et le fruit respecté par les vers, — « Une jeunesse entre quinze et seize, point piquée des hannetons, un vrai bouton de rose. » (Montépin.) C’est qu’elle n’était pas piquée des vers, C’est c’ qu’il faut à Mahieu, (Les Amours de Mahieu, 1832.) PIQUE-PrUNE. — Tailleur. — Le’ mot est populaire, mais son origine paraît inconnue dans le métier. — « Rabelais y ferait-il allu- sion quand parlant d’un tailleur àffolé qui ne sait plus ce qu’il fait, il dit : « Au lieu d’un sayon il tailloit un chappeau à prunes sucées. » (Pantagruel, 1. TV, ch. LT.) PIQUER SUR QUATRE. — Gagner une partie d’écarté presque perdue, lorsque votre adver- saire a sur vous quatre points d’avance. PISSE FROID, PISSE VERGLAS, — Homme glacial, insensible — « Coquin! Voleur ! Vicomte de la piperie ! Pisse verglas dans la canicule. » (C'atéchisme poissard, 1840.) PISSER (ENVOYER). — Éconduire, congédier. — Cette injure est vieille. — Au mot Pissare, Du Cange cite une lettre de rémission de 1465, où, entre autres « grandes parolles » re- prochées au délinquant, on rapporte qu’il en- voia pisser son adversaire. À x PIV PISSHR SA COTELETTE. — Accoucher, mettre au monde un enfant. — Allusion à la côte d’Adam qui fit Eve. — Dhautel emploie dans le même sens pisser des os. PISSER DES LAMES DE RASOIR EN TRAVERS (FAIRE), — Ennuyer, obséder au suprême degré. Pisrorar. — Homme singulier. — « On rit avec toi et tu te fiches... En voila un drole de pistolet ! » (Gavarni.) Prsron. — Préparateur d’un cours de phy- sique. PISTON. — Importun revenant sans cesse à la charge. — On connaît l’agaçante régularité du coup de piston. PISTONNER. — Importuner. PITANCHER. — Manger, boire. (Halbert.) PrroN. — Nez saillant comme un piton vissé dans une planche. — « Ah! quel nez, quel beau piton ! C’est un marchand d’éteignoirs. » (Pecquet.) Prrre. — Paillasse chargé d’attirer la foule autour d’un banquiste. — « Hé! Paillasse ! avec ta face bourgeonnée, pitre de tireurs de cartes, amasseur de badauds! » (Catéchisme poissard, 1844.) Prrroux, PÉTOUZE. — Pistolet. (Grandval, Vidocq.) — Harmonie imitative de sa déto- nation. Au moyen âge, on appelait petereaux de petites bouches à feu. Prrurrer. — Déblatérer. — Allusion aux crachats de la pituite. — « On en a déjà assez pituité sur notre compte. » (Lynol.) ez. V. Pi}. Prvaste. — Enfant. (Halbert.) Prver. — Ressort de montre ou de pendule servant à couper les barreaux. — Il revient à la charge comme le pivert contre l’arbre qu’il perce de son bec. PIVors, PIVRE. — Vin. — Allusion a la couleur rouge de la pivoine, — « On s’pousse du pivois à six ronds dans l’battant. » (Chan- sonnier, impr. Stahl, 1836.) — « Avons-je du vin ?... Non... Apportez du pivois, hé vite! » (Vadé, 1788.) — Peut-être aussi est-ce un diminutif du vieux mot pot: vin ? Prvors crrron. — Vinaigre. (Halbert.) PIvors sAvoNNÉ, — Vin blanc. (Tdem.) — 198 — Prvor. — Plume. V. Servir, — Le bec d’une plume figure un petit pivot. PLACARDE. — Place. — Augmentatif. v. Parrain. : PLACE D'ARMES. — Estomac. — « Frappant sur son estomac, un baigneur dit: « Rien à « la place d'armes. » ( Vie parisienne.) PLAFOND. — Boîte du crâne. — C’est le plafond du cerveau. Avoir une araignée ou des trichines au pla- fond. — Déraisonner. — « T’as trop de tri- chines au plafond. » (Alm. du Hanneton, 1867.) PLAN. — Mont-de-pitié. — « On mettra tout en plan plutôt que de refuser un cata- plasme à ce pauvre chéri. » (L. Reybaud.) Laisser en plan. — Abandonner. — « Et cet animal de barbier qui me laisse en plan, » (Cormon.) PLAN. — Prison. — « . Tu voudrais que je grinchisse sans tracquer de tomber au plan. » (Vidocq.) V. Manger. PLAN DE cCoUYÉ. — Prison subie pour un autre. (Halbert.) PLANCHE (FAIRE SA). — Montrer une froi- deur excessive. Sans planche. — Sans façon. — « L’écaillère de ses propos poissards vous entretient sans planche. » (Cabarets de Paris, 1821.) PLANCHE AU PAIN, — Banc des prévenus, tribunal. (Halbert.) PLANCHÉ. — Condamné. (Colombey.) Mot à mot : condamné sur la planche au pain. PLANCHER. —- Moquer. — « Est-ce que tu planches ? pour : Te moques-tu de moi? » (1808, Dhautel.) : PLANCHERIE, — Plaisanterie. PLANCHEUR. — Mauvais Pll (Co- lombey.) PLANQUE. — Cachette. (Halbert.) V. Bayafe. PLANQUE. — Observation. — On se cache pour bien observer. — « J’allai en compagnie de H..., et le laissant en planque (en observa- tion), je montai chez Chardon. » (Canler.) PLANQUER. — Cacher. V. Déplanquer. PLATINE. — Verve. — « Il a une bonne platine, se dit d’un grand babillard. » (Dhautel.) PLATRE. — Argent. (Vidocq.) — Allusion de blancheur. PLEIN, PLEIN COMME UN ŒUF, COMME UN PLE ee dan an dd nid out Cd ET ’ “SAC. — Saoul. — « Un homme plein comme - PLU un œuf, pour avoir trop mangé. » (Le Duchat, 1738.) PLEURANT. — Oignon. (Vidoeq.) — II fait pleurer. Effet pris pour la cause. PLEUT (1L). — « Ces mots 7/ pleut signi- fient, en langue de franc-maçonnerie : Taisons- nous, parce qu’on nous écoute. » (Aventures de Jérôme Sharp, 1789.) ; PLEUT (IL). — Formule négative. PLIANT. — Couteau. (Grandval.) — I s’agit ici du couteau à lame pliant surle manche. PLOMB. — « Gaz caché dans les fentes des pierres, et qui tue comme la foudre le vidan- geur qui en est atteint. » (Berthaud.) Proms. — Mal vénérien. (Vidocq.) Proms. — Gosier.— Allusion aux réservoirs dans lesquels se déversent à Paris les eaux sales de chaque étage. — « Préault buvait coup sur coup. Gautier affligé... lui dit : « Ah € çà! tu £.. ça dans le plomb, toi! » (Des- chanel.) PLOMBE. — Heure. — Onomatopée. Plombe est le bruit grave d’une sonnerie de grosse horloge. V. Crosser. PLOMBE. — Année. (Halbert.) PLOMBER. — Sonner. PLOMBER. — Puer. — Allusion aux plombs parisiens qui sentent souvent mauvais. — « Ce sont mes pieds, ils plombent, comme dit notre collaborateur Albert Monnier. » (V. Blouet,) - PLOMBER. — Donner le mal vénérien, PLoNGEUR. — Misérable, déguenillé. (Vi- docq.) Mot à mot : aussi nu qu’un plongeur. V. Paffe. PLOYANT, PLOYÉ. — Portefeuille — Un portefeuille se ploie, — « Les dimanches tu grinchiras, dans les toles, bogues et ployants. » (Vidocq.) PLUMADE. — Paillasse. (Halbert.) — De plume de Beauce, PLumr. — Pinceàeffraction. V. Caroubleur. PLUME DE BEAUCE. — Paille. — La Beauce est riche en céréales. — « Quelle poésie ! la paille est la plume de Beauce. » (Balzac.) PLUMET (AVOIR SON). — S’enivrer, s’em- pourprer le visage comme un plumet d’uni- forme. — « N’est-ce pas que j’dois vous faire l’effet d’avoir c’qui s'appelle un plumet? Mes- sieurs, c’est le picton ! » (Voizo.) PLUS QUE ÇA DE CHIC, DE MONNAIE, Dh GENRE ! — Quel chic! quelle fortune ! quel genre ! Mot à mot : tu n’as pas “plus que ça de chic? ete. La négation est ironique comme dans / n’est rien chic. V. Rien, — « Mazette ! pus que ça de chic ! » (BE. Blondet.) — « Mon homme a la croix d’honneur. Pus que ça d’ monnaie ! » (Ricard.) Pour abréger, on dit aussi Que ça. — « C’est la voiture du vicomte de Saint-Remy — que ça de genre ? merci ! » (E. Sue.) ‘ PLUS SOUVENT. — Jamais. — « Ma sainte te ressemble, Nini. — Plus souvent que j'ai un air chose comme ça ! » (Gavarni.) V. Rasoir. POCHARD, POCHE. — Ivrogne. Mot & mot : buveur qui a rempli sa poche ou son estomac. — «€ Je ne sais pas ce que j'ai. je crois que je suis un peu pochard. » (M. Michel.) POCHARDER. — Enivrer, Puisque tu soldes ma dépense, Je n’ me pochard’rai qu’avec toi. (Festeau.) PocHARDERIE—Ivrognerie. (Vidoeq, 1837.) Pocxox. — Contusion. — « Suivant qu’un pochon bien appliqué vient nuancer un œil ou froisser un nez. » (H. Rolland.) PoÉTRIAU.— Petit poëte sans valeur. —« Des peintres, des poétriaux. » (Balzac.) PoGNE. — Voleur, Mot à mot : celui qui empogne. V. £'mpogne. — « La pogne pour fendre un archer levait déjà le bras. » (Grand- val, 1726.) PoGNON. — Argent. (Halbert.) — L'argent est fait pour passer dans la main ou pogne. — « Casque donc ton pognon, môn vieux. » (Almanach du Hanneton, 1867.) POIGNE, POGNE. — Main vigoureuse, (Vi- docq.) — La main empoigne, — « Jai la poigne solide, ¢a me suflit, et je vous étran- gle. » (E. Lemoine.) POIGNE (A). — Qui n’hésite pas à prendre des mesures de rigueur. Mot à mot : qui em- poigne volontiers. Porn. — Réprimande. — « Et quand tu es rentré, tu as-dû attraper un fier poil ? — Ne m'en parle pas, on m’a envoyé coucher sans souper. » (Kvénement. ) Porr (A).— Résolu. Mot à mot : ayant du À i | POI -— 200 — | POI = poil au cœur. V. plus bas. — «Des bougres à poil, déterminés à vivre libres ou mourir. » (Hébert, 1798.) Porr (A). — De talent. — « M’est avis qu’il faut z’être un artiste à poil pour ça. » (Dé- saugiers.) PoIL AU CŒUR (AVOIR DU). — Avoir du cou- rage, — Le poil est un insigne de virilité. Le plus souvent cœur est remplacé par un autre mot qui a la même lettre initiale. — «Quoi ! dit-il, ta valeur lassée !.. Popule, as-tu du poil au cœur ? » (A. Lagarde, le bonhomme Popule, Pau, 1836.) POIL DANS LA MAIN (AVOIR UN). — Être fai- néant. (Dhautel.)— On dit plus longuement : Ia un poil dans la main qua l'empêche de tra- vailler, pour faire entendre que la cause de son inaction est imaginaire. POIL (FAIRE LE).— Surpasser. Mot à mot : laser. — « Il n’y a pas moyen de me faire le poil. » (Vidal, 1833.) POIL (TIRER LE, TOMBER SUR LE).— Battre. Mot à mot : prendre aux poils, c’est-à-dire aux cheveux. PoILS (MONTER A). — Monter un cheval sans selle. Poirs (A). — Nu. Mot à mot: sans autre vêtement que ses poils. : Point. — Monnaie. V. Croix. : Point DE CoTÉ. — Créancier, chanteur ex- ploitant les hommes qui ont certains vices. — Allusion à la gêne causée par le mal de cenom. POINTE (AVOIR SA). — Avoir un commence- ment, une pointe d’ivresse. PoOIRE (FAIRE SA). — Jouer le dédain. — Allusion à la moue qui allonge les lèvres en gonflant les joues. — « Je pourrais m’en tar- guer et faire ma poire. » (L. Pollet.) POIREAUX (IL EST COMME LES). — Il est vert et vigoureux malgré ses cheveux blancs. — Allusion & la racine chevelue du poireau qui contraste, par sa blancheur, avec le vert du reste. — « Tu me reproches mon poil gri- sonnant et ne consydere point comment il est de la nature des pourreaux esquelznous voyons la teste blanche et la queue verte, droicte et vigoureuse. » (Rabelais, liv. IIT, ch. xxviIr, Pantagruel.) “ PorsoN. — « Sobriquet outrageant que l’on donne aux courtisanes les plus viles. » (Dhan- tel, 1808.) — « O poison! disait mademoi- selle P. — Égout des cœurs! répliquait made- moiselle T. » (J. Janin.) V. Drogue, Poissz. — Voleur. (Halbert.) — De pousser. Se faire poisser : Se faire arrêter. PorssEr. — Voler. — Allusion aux proprié- tés de la poix qui retient ce qu’elle touche. V. Baite, Billon, Philippe, Regout. POISSER. — Enivrer. — « Quand j'ai vu qu’il allait se poisser, je l’ai aidé à vider les bou teilles ; c’était pour le sauver. » (La Correc- tionnelle.) PorssoN.— Souteneur. —- Synonyme de mac. V. ce mot pour son origine. — « Jeune, beau, fort, le poisson ou barbillon est à la fois le dé- fenseur et le valet des filles d'amour qui font le trottoir. » (Canler.) Porsson. — Verre. — Du vieux mot poron, tasse. — « J’ n’ suis pas trop pompette, viens, je régale d’un poisson. » (Les amours de Jean- nette, ch, 1843.) V. Camphre, soiffer. Porrou. — Nulle chose. Mot à mot : point du tout. — Jeu de mots analogue à celui de Niort — « Tout est & notre usage. N'épargnons le poitou. » (Vidocq.) PorvRE. — Ivre. — Du vieux mot poipre : pourpre. — Une trogne de buveur s’empourpre volontiers, — « Je voyais bien qu’il était poi- vre. » (Monselet.) POIVRE ET SEL. — « Être vieux et jeune ; poivre et sel, comme on dit de ces chevelures indécises qui ne sont plus brunes et qui répu- gnent à devenir blanches, » (Monselet.) PorvrEau.— Vol commis par un poivrier. Porvreau. — Ivrogne. — De poivre. — «Je me pique trop le nez, je préfère en finir avec mon existence. Ce séra un poivreau de moins.» (Moniteur, 10 septembre 1872.) POIVREMENT. — Payement. PorvrEr. — Vendre trop cher. — On dit aussi : Saler, (Dhantel, 1808.) Porvraur. — Payeur. Porvrier. — Homme ivre. V. Trou. POIVRIER. — «Voleur dont la spécialité est de dévaliser les ivrognes. » (Canler.) POIVRIER (FAIRE LE). — Dévaliser les a = POL gnes, — « Fais-tu toujours le poivrier? —Si je le fais, ce n’est pas vous qui me prendrez, » (Notes d’un agent.) POLICHINELLE. — Canon d’eau-de-vie de même capacité que le poisson. C’est l’enfant (en argot polichinelle) de la chopine. — « Po- lichinel… C’est ainsi que les fiacres nomment une chopine en deux verres. » (Cabarets de Paris, 1821.) POLICHINELLE.— Nouveau-né. —Comparai- son de ses cris aigus à ceux de Polichinelle. — 201 — POLICHINELLE DANS LE TIROIR (AVOIR UN). — Être enceinte — «Sais-tu ? lui dit sa femme, je crois avoir un polichinelle dans le tiroir. Le mari comprend, la femme est zntéressante. » (Figaro.) PorrssoN. — Bourrelet attaché au-dessus des hanches pour étoffer la croupe. (1828) V. Tournure, POLISSON, POLISSONNE. — Coquin, coquine. — Pris en bonne part.—« Qué noce ! oh ! mes enfants! qué polissonne de noce ! » (Sardou.) Dictionn, de l’argot parisien. Livr. 26, » x PoLKA. — « Disons quelques mots de cette gigue anglaise croisée de valse allemande, qui fait sautiller aujourd’hui les Parisiens comme autant de coqs d’Inde sur une plaque brûlante. » (E. Arago, 1844.) C’est en ce temps de vogue qu’on a dit un moment a la polka, pour dire très-bien, PoLKA. — Photographie où figurent des groupes obscènes. — « Ces photographies ob- scènes que leur argot appelle des polkas, » (Du Camp.) POLKA (PETIT).— Petit jeune homme niais, tiré à quatre épingles, et danseur infatigable. — « Les jolies femmes dédaignent les petits polka. » (Figaro.) PoLocHoN. — Traversin. (Halbert.) POMAQUER.— Perdre, V. Greffier. POMMADEUR. — « Brôcanteur achetant les meubles brisés ou vermoulus et en mastiquant leurs défauts avec de la gomme laque et de la cire. » (Pélin,) On l’appelle pommadeur parce que sa mar- chandise est toujours pommadée, PommaprN. —Élégant ridicule et par trop pommadé. — « Jetez ces anges sur le bitume à la merci des pommadins. » (Michu.) PommARD, — Bière. (Halbert.) — Est-ce parce qu’elle à la couleur du cidre qui a bien plus de titres à s’appeler pommard? POMME DE CANNE. — Tête ridicule comme celle qu’on sculpte parfois sur les pommeaux de certaines cannes, POMmMES (AUX). —Très-bien, V. Ognons. — Ce superlatif est.sans doute causé par la pas- sion du voyou parisien pour le chausson aux pommes. — «J'ai mijoté pour ce numéro un petit éreintement aux pommes. » (J. Rous- seau.) PoMPE ASPIRANTE. — Semelle trouée pom- pant la boue. (Halbert.) PomPADOUR.— Coquet, galant, digne, sous ‘ces deux rapports, de l’époque où madame de Pompadour était en faveur. — « C’est régence, justaucorps bleu, Pompadour, dix-huitième siècle, tout ce qu’il y a de plus maréchal de Richelieu, rocaille. » (Balzac.) POMPADOUR. —Suranné, vieillot. V. Per- ruque, Poncif. Pompe. —V. Pompier, “>> 202 + an... a A LY PomPER. — Boire copieusement. — « À la Courtille je fais des bétises quand j'ai pompé le sirop. » (Mélesville, 1830.) POmPETTE. — Ivre. Du vieux mot pompette : pompon. — Cette allusion à la trogne rouge des buveurs se retrouve dans plumet et co- carde.— « Lupolde, & tout (avec) son rouge nez a pompette, conclud tous ses contes par vin. » (Contes d'Eutrapel, seizième siècle.) — — « Ce scélérat de vin de Champagne avait joliment tapé ces messieurs; quant à nous autrés, en vérité, je crois que nous étions un peu pompettes aussi. » (Festeau.) POMPIER. — Ivrogne ayant l’habitude de pomper. — « Le pochard aperçoit un ami, et le dialogue s'engage entre les deux pompiers. » (Ladimir,) Pomprer. — Ouvrier tailleur travaillant à la journée, — « Les pompiers réunis forment la pompe, Il y a la grande et la petite pompe: la grande, pour les habits et redingotes ; la pe- tite, pour les pantalons et gilets. » (Roger de Beauvoir.) PomroN.—Tête.— « T1 vous y envoie des pa- vés que ça brise les pompons. » (H. Monnier.) PomPoN. — Premier rang. — Allusion au pompon qui distinguait les compagnies d’élite. — « A moi le pompon de la fidélité. » (Marco Saint-Hilaire.) —« À vous le pompon ! Aussi c’t'air-là est fièrement bien faite.» (Carmouche, 1826.) - PONANTE, PONISSE. — Fille publique. (Vi- docq, 1887.) Mot à mot : couchante.—Du vieux mot ponant : couchant. 5 Poxcrr. — Se dit de ce qui est banal et ne justifie aucune prétention à l’originalité. — S'emploie substantivement et adjectivement. — Vient du mot Poncis : dessin piqué à jour et poncé d’une façon particulière pour faire un calque. — « Si chacun de nous racontait ses bonnes fortunes ?— Allons donc, poncif! Pom- padour! A bas la motion! » (Th. Gautier, 1833.)— « Le poncif, c’est la formule de style, de sentiment, d'idée ou d’image qui, fanée par l’abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet. — Exemples : C’est plus qu’un bon livre, c’est une bonne action. — On ne remplace pas une mère —L’horizon politique se rembru- nit, etc. » (Aubryet.) ‘ Ponrsse. — Fille. V. Ponante, Ponte. “ PONT (COUPER DANS LE). V. Couper. PonTE. — Réunion de ponteurs. V. Ponte. - PONTER.— Payer. PoNTEUR. — Bailleur de fonds. V. Miché. PoNTEUR. — Joueur. — « J’aime mieux un - ponteur qui, orné de son carton, lentement se promène, qu’un ponteur exalté. » (Alyge.) — « Le jeu tombe en longueur et la ponte gla- pit sans force, » (Idem.) PONTES POUR L’AF. — Assemblée de fri- pons. (Colombey.) * Ponrire. — Maître cordonnier. V. Pignouf. “— Ce mot est expliqué par celui de porte-au- musse, qui fait allusion à la forme du tablier de cuir. PONTONNIÈRE. — « Fille publique fréquen- tant le dessous des ponts. » (Canler.) Pororre. — Table d’hôte, ratatouille, et, au figuré, gâchis. — Des officiers se mettent en popotte, lorsqu’ils font faire leurs repas par un cuisinier militaire, sans recourir à un res- taurateur bourgeois. — Onomatopée rappelant le clapotement des mets placés sur le feu. —- « On m’annongait de chez nous un envoi de jambons qui devait remonter la popotte pour un mois. » (About.) PorTANCHE. — Portière. (Colombey.) Chan- gement de finale. Ë PorTE-AUMUSSE. — Maître cordonnier. — Allusion au tablier de cuir. — « Nous lui dé- livons le brevet de porte-aumusse, pour le faire admettre dans la Société. » ( Vieux farceur.) PORTE BIEN (QUI SE). — Être vigoureux, fort. — « Je lui fiche une paire de gifles qui se portaient bien. » (Petit Moniteur du 20 juil- let 1866.) Il se porte bien se dit ironiquement d’un homme gris. PorTEFEUILLE, — Lit. (Colombey.) — Le coucheur s’y glisse comme un papier dans un portefeuille. Porrz-MarrLor. — Figurante bonne à por- ter des maillots, mais incapable de jouer un rôle. — « Je vous demande un peu! une porte- maillot comme ça. » (Gavarni.) PorTE-MINcE. — Portefeuille. (Vidocq.) Mot à mot : porte-papier. | 5 Porre-PreE. — Bouche. —« Si je lui payais la goutte, car il aime furieusement & se rincer le porte-pipe. » (Vidal, 1838.) ; PORTE DE PRISON. — Personne revêche. (Dhautel.) — « Les Avignonnais qui sont ai- mables comme des portes de prison. » (Com- mentaires de Loriot.) Porre-TrirLE.— Culotte. (Vidoeq.) Mot à mot : porte-c—l. V, Trèfle, PorTER (EN). — Être trompé. Mot à mot : porter des cornes, — « Dis done, Miroux..., de quoi donc que madame Miroux te sa por- ter ? » (Gavarni.) PORTER A LA PEAU, — Exciter le désir. — « Cette créature porte à la peau. » (L. de Neuville.) PorTrAIT. — Figure. — Effet pris pour la cause. — « Je m’allonge. Mais v’là-t-il pas ma patte gauche qui lâche le trottoir. Je m’é- tale et je me dégrade le portrait. » (Monse- let.) — « Lord Seymour criait à Drake : Tape au portrait, c’est-à-dire : vise à la figure. » (Villemessant.) | Pose. — Étalage mensonger, attitude ma- niérée, vaniteuse, — « L'amour platonique !... en voilà une pose ! » (Gavarni.) Le Dictionnaire de l’Académie admet le verbe poser dans le sens de faire étalage, cher- cher à paraître ce qu’on n’est pas. Poser. — Mettre en évidence. — « Voilà un ménage qui pose une femme. » (Balzac.) Poser.— Se laisser mystifier, —« Il croyait toujours qu’on allait ce qui s'appelle le faire poser et se moquer de lui. » (Méry.) POSER SA CHIQUE. — Garder le silence. Le roi règne sans gouverner. Si le nôtre, un jour, s’en écarte, Qu'il aille interroger la Charte ! Elle lui répondra d’abord : Pos’ ta chique et fais l’mort, (J. Leroy.) POSER ET MARCHER DANS. — S’embrouiller, se vendre. (Halbert.)— Allusion scatologique. arrêter; em- prisonner. — On connaît les effets de la glu.— c Mes anciens compagnons de vol s'étaient fait poser un gluau, et j'étais encore une fois isolé.» (Lacenaire, 1836.) : POSEUR, POSEUSE. — Homme qui posé, femme qui pose. Se prend aussi adjectivement. ~ —« Tutoyez les femmes, et si elles protestent À L contre vos privautés, insinuez brutalement v5 que vous détestez les poseuses. » (Marx.) — « Ces jolis poseurs à vestons de velours. » (P. Véron.) POSITIVISTE. —Doctrinaire de l’école d’Au- guste Comte qui a fondé la religion positive. — « Lecitoyen Grossetête écrit pour dénoncer la conduite du député positiviste. » (Liberté.) ; PosTE AUX CHOUX. — C’est ainsi que dans ; la marine on appelle le canot qui sert, en rade, aux provisions. POsTÉRIEUR. — Derrière. — On dit aussi, par pure délicatesse, le bas du dos, le bas de l'épine dorsale, le bas des reins ou les parties charnues ou le bienséant, ete, etc. PosricHE. -— Parade de saltimbanque. — « Il s’était acquis une certaine réputation dans le boniment, la postiche et la parade. On nomme ainsi le prologue que les saltimbanques Try jouent devant leur baraque. » (Privat d’An- | glemont.) : PosTICHE. — Rassemblement sur la voie publique. POsTILLON. — « Un postillon est une bou- lette de mie de pain pétrie entre les doigts et renfermant un avis adressé à un détenu. » (Canler.) — I’ allusion se devine. POSTILLONS (ENVOYER DES). — Crachotter en parlant. —« Les élèves de M. G. projettent ce qu’on appelle des postillonsdans un certain monde.» (Marx.) POTACHIEN, POTACHE. — Collégien. — Al- lusion au chapeau de soie, dit pot à chien, porté dans les colléges avant le képi. V. Bahut. Por-Au-Fzv. — Casanier, arriéré. — « Ce n’est pas cet imbécile qui m’aurait éclairée. il est d’ailleurs bien trop pot-au-feu. »(Balzac.) PoTARD. — Apprenti pharmacien. — Allu- sion aux nombreux pots dont il est gardien. POTASSE, POTASSEUR. — Ce mot désigne un piocheur malheureux, candidat très-labo- Ee rieux, mais échouant aux examens, PoTrAssER.— Travailler assidûment.—«C’est Chauvin. Oncques ne l’a vu depuis que nous étions cornichons ensemble au bahut et que nous potassions notre bachot. » (Vie part- sienne, 1866.) POTEAUX. — Grosses jambes. (Dhautel.)— Gavarni définit ainsi celles d’une danseuse qui ruine ses amants : « Deux poteaux qui mon- trent la route de Clichy. » Porin. — Commérage. — « Le petit B. est au milieu des bavardages, des cancans, des po- tains. » (Vie parisienne.) POTINER.— Commérer. POTINEUR, POTINEUSE. — Commère mâle ou femelle. 7 Pouce ! (Br LE) — S’emploie pour dire : Il y a beaucoup plus que vous ne prétendez. Le coup de pouce du détaillant lui permet de vendre à faux poids avec des balances exactes. POUCE (DONNER LE COUP DE). — Étrangler. PoucxoN. — Bourse. (Halbert.) Mot à mot : petit pochon. POUFFIACE. — Femme sale, avachie. Pourc. — Rien. (Grandval.) — Du vieux mot pote, peu. PourrFE. — Argent. (Halbert.) POULAILLER. — C’est le dernier étage du théâtre. Les spectateurs y sont juchés comme sur un perchoir. — « Des baignoires, du par- terre, de l’orchestre et surtout de l’aérien pou- lailler. » (Boué de Villiers.) POULAINTE. — Escroquerie sous prétexte d'échange. (Colombey.) PouLE D’EAU. — Blanchisseuse. (Halbert.) — Se tient comme elle sur le bord des cours d’eau. . PoULET Dp’ INDE. — Cheval. — « Trois poulets d’Inde et puis monsieur feraient un fringant attelage. » (Vadé, 1755.) PoUPARD, POUPON. — Vol préparé de longue main. — « Un petit poupard que nous nourrissons depuis deux mois. » (E. Sue.) PouPEE. — Prostitude. — « Je m’en fus rue Saint-Honoré pour y trouver ma poupée. » (Vidal, 1833.) — En 1808, on disait poupée à ressorts. PourouLE. — Mot d’amitié. — « Reste avec ta poupoule. » (E. Lemoine. ) Pourri. — Vénal, corrompu. — « Dans le cas où M. de la Baudraye serait acquis au gouvernement, Sancerre devenait le bourg pourri de la doctrine. » (Balzac.) PourRI — Rempli. — « Je suis une femme hors ligne, unique, pourrie de chic. » ( Vie part- sienne, 1860.) Poussz. — Police. — Elle pousse comme la À ZL gendarmerie cogne. — « Archers, recors, exempts, et tout ce que la pousse a nourri de ES vaillant. » (Grandval.) PoUssE (cn QUI SH), — L’argent. Mot à mot: ce qui se pousse de la main à l’instant où l’on paye. Poussz-Caré.— Petit verre de cognac pris apres le café. — « Ensuite nous avons pris le café le pousse-café, le repousse-café. » (Voizo.) Pousse-CAILLOUX. — Fantassin. Mot mot : piéton poussant les cailloux du pied. — « Vo- tre frère était dans les dragons, moi, j'étais dans les pousse-cailloux. » ( Balzac.) PoussÉ DE BOISSON. — Ivre. — « Quand il y en a un qui est poussé de boisson jusqu’à la troisième capucine, il lui met une adresse sur le dos, et l’emballe dans un sapin. » (La Cor- rectionnelle, 1840.) POUSSÉE. — Action de battre, de faire re- culer. — « Nous leur avons f—u une belle poussée, » se dit après une attaque victo- rieuse. Pousséz. — Réprimande. (Dhautel.) POUSSÉE (V'LA UNE BELLE). — Se dit iro- niquement d’un avantage illusoire. Poussrer. — Lit. — La poussière n’y man- que pas. — « Je lui paye son garni de la rue Ménilmontant, un poussier de quinze balles par mois. » (Monselet.) PoussrER. — Monnaie. (Vidocq.) — Syno- nyme exact de ce qui se pousse, V. plus haut. PraTiquEe. — Homme débauché. Mot à mot : pratique de mauvais lieux. — « C’était une pratique qui se démenait comme un en- ragé entre les mains de la garde. » (Vi- dal, 1833.) — « Tout cela n’est que de la prati- que ; ils t'ont fait voir le tour comme des - gueux. » (Monselet.) V. Carotteur, PRATIQUE. — Instrument servant à imiter les cris de Polichinelle. — « Polichinelle doit renfermer sa pratique. » (Complainte sur les jours gras, Paris, 1826.) PRE, PREU. — Premier. — Abréviation du même mot. — « Tiens, v’ là le bijoutier du numéro 10 qui vous a loué pour son preu. » (H. Monnier.) PRÉ, GRAND PRÉ. — Travaux forcés. — « Ne crains pas le pré que je brave.» (Vi- a — « Du grand pré tu te cramperas, x mé. =o pour rabattre à Pantin lestement. » (Idem.) Aller faucher au pré quinze ans, -— Avoir quinze ans de galères. Le grand pré est ici la — mer dont les galériens coupaient jadis de leurs avirons les ondes verdâtres, comme des fau- cheurs rangés dans une prairie. Autrefois tous les condamnés ramaient sur les galères du rot, PRÉDESTINÉ. — Mari trompé. — « Prédes- tiné signifie destiné par avance au bonheur ou au malheur. Nous donnons à ce terme une signification fatale à nos élus, » (Balzac.) PRÉFECTANCHE. — Préfecture de police. PREMIER NUMERO. — V..Numéro. — « Sac & vin, pochard premier numéro, il est dans Pivresse du picton & quatre sous, sans lance, qu’il vient de passer en contrebande à la bar- rière. » (Catéchisme poissard, 1844.) PREMIER-PARIS. — € Un grand article, ap- pelé Premier-Paris, c’est une série de longues phrases, de grands mots qui, semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu'ils sont creux. » (A. Karr.) - PREMIÈRE. — Première lettre. Ne se dit qu'en fait de polémique. « Aurore écrivit à son frère sa première aux Parisiens, » (Michu.) PrEmrÈrE. — Première représentation. — « Parbleu ! est-ce que je manquerais une pre- mière du Palais-Royal? » (Villemot.) PRESSE (METTRE sous). — Mettre en gage. — Les objets engagés sont empilés. — En 1808, on disait Mettre en presse, PRENDS GARDE DE LE PERDRE. — Locution ironique adressée au propriétaire d’une per- sonne ou d’une chose perdue ou sans valeur. « Il ordonne de le faire empoigner, mais prends garde de le perdre. » (Commentaires de Loriot.) PRISE DE BEC, — Dispute. — « Entendez- vous son organe ? Elle a une prise de bec avec Angelina. » (1860, les Étudiants.) PRIsTI, —- Juron. — Abréviation de Sa- pristi, V. ce mot, PROFONDE. — Poche. — « Ils se désignent entre eux sous le nom de fouilleurs de profon- des. » (Paillet.) PROFONDE, — Cave. — « Je vais à la pro- fonde vous chercher du frais, » (Vidocq.) Prorx. — Derrière. (Halbert.) PROMONCERIE. — Procédure. (Vidocq.) J 5° PUD : — 206 — ‘QUA PROMONT. — Procès. (Vidocq.) PRONIER, PRONIÈRE. — Père, mère, (Hal- bert.) — Changement de finale. ProTéerr. — Entretenir — « Votre monstre d’homme protége Jenny. » (Balzac.) PROTECTEUR. — Entreteneur. — On a pu- blié en 1841 une Physiologie du protecteur, ProurE. — Pet, plainte. — Onomatopée. PROUTER. — Se plaindre, se fâcher. PRUDHOMME, MONSIEUR PRUDHOMME. — Bourgeois raisonneur, sentencieux et banal, comme le type populaire créé par Henri Mon- nier, — « En face de ce paradoxe en peinture, il semble qu’on ait peur de passer, si on ne l’admet pas, pour un philistin, un bourgeois, un Joseph Prudhomme, un goîtreux. » (Th. Gautier.) PRUNE, PRUNEAU. — Projectile. — Allu- sion de forme. — « C’est tout de même vexant d’avoir échappé si souvent aux prunes pour être tué comme un chien. » — « Quand jai reçu le pruneau, j'ai dit : « Bien, c’est le bon ! » (L. Reybaud.) PRUNE DE MONSIEUR. — Évêque, (Vidocq. ) — Il est habillé de violet comme la prune. PRUSSE (POUR LE ROI). — Gratis. — Vient de ce que cet État ne paye point le 31 du mois à ses employés. — « S'ils viennent, ce sera pour le roi de Prusse. » (Cogniard, 1831.) PrussIEN. — Derrière. — Allusion aux dys- senteries qui décimèrent l’armée prussienne, à l’invasion de 1792. On à pris la partie pour le tout. — « Et puis après la Prusse est entrée en France d’où la gourmandise l’a forcée de sortir, car elle tachait toutes ses chemises. » (Reys, 1815.) — En 1825 on a publié le Ma- nuel du Prussien ou guide de l’artilleur sour- nous. Puant.— Homme qu'on ne peut sentir, qui vous pue au nez. — « Ce petit puant... petit-maitre, toujours sans conséquence. » (Parodie de Zaire, dix-huitième siècle.) PucES (TROUVER DES), — Chercher que- relle. Mot à mot : sauter sur le moindre motif comme si on cherchait à prendre une puce au bond, — « Et pourtant la Giraudeau a trouvé moyen de me trouver des puces. » (La Corree- tionnelle.) PuprBARD. — Faussement pudibond. PUDIBARDERIE. — « Léur pudeur est de la pudibonderie, je dirai même de la pudibar- derie. » (Madame Ratazzi.) ‘ PUER, PUER AU NEZ. — Être inhotémabes — € J’ai été pris huit jours de la nostalgie. La caserne me pue. » (Commentaires de Loriot.) Purr.— Banqueroute. — « Il serait homme à décamper gratis. Ce serait un puff abomi- nable. » (Balzac.) Purr. — Réclame effrontée. — Mot anglais. — « Le Lafayette du puff qui en matière de réclames est le héros des deux mondes. » (Heine.) PUrFISTE, — Faiseur de puffs. — « Ne. lais- sant nulle trêve à l’essaim des puffistes. » (Commerson.) PuNarse.— Fille publique. Vieux mot signi- fiant infecte.— « La scène se passe faubourg Montmartre. Une fille arrête un coupé et s’y glisse en criant : — Cocher! au bois ! — Au bois de lit, punaise ! fait un gamin qui passe.» (Revue anecdotique.) Pur. — Homme sacrifiant tout à ses prin- cipes, On dit c’est ur pur. — Souvent ironique. PuUr-SANG. — Cheval de race. — « Céles- tine hochait la tête comme un pur-sang avant la course. » (Balzac.) Purée. — Cidre. (Vidocq.) PuraaTioN. — Plaidoyer. (Idem.) — Il purge de toute culpabilité. PUTIPHARDER. — Violer sans plus de fa- çons que la femme de Putiphar. — « Ces dia- bles de gens, il faut vraiment les putipharder pour avoir l'honneur de peindre leurs sil- houettes. » (Champfleury.) PYRAMIDAL, — Aussi remarquable que les pyramides d'Égypte. V. Granitique. QUANTUM. — Caisse, somme d’argent. Latinisme.— « Encore cent mille francs ! il est allé faire une saignée nouvelle à son quantum.» (Ricard.) QUARANTE (LES).— Les quarante membres de l’Académie français. — Se dit même quand elle n’est pas au complet. QUARANTE-CINQ A QUINZE.— Exclamation proverbiale, toutes les fois qu’on voit briser beaucoup de verre ou de vaisselle. (Dhautel.) Signifie sans doute : quarante-cinq pièces à À RSA CEE “207 — pr ee at el = quinze sous, — « Bon! quarante-cinq à quinze ! » (H. Monnier.) » QUART (BATTRE, FAIRE SON). — Se dit de à station d’une fille sur la voie publique. To- lérée par la police de sept à onze heures du soir, elle équivaut au quart des marins. « La tour- terelle y fait le quart et vous a des gestes de lupanar.» (Vie parisienne, 1866.) QUART D’AGENT.— Propriétaire du quart de la valeur d’une charge d’agent de change. — « Une bourrasque fit sombrer son quart d’a- gent dans l’océan de la Bourse. » (Achard.) — Il y a des cinquièmes, sixièmes et des dixièmes d’agent, sans compter le reste. QUART D'AUTEUR. — Auteur ayant tou- jours travaillé en collaboration. QUART DE MARQUE. — Semaine. (Vidocq.) QuarT-n’Œrn. — Commissaire de police. Allusion à l’ancienne robe noire des commis- saire, dite cardeuil. V. Parrain. QUASIMODO. — Homme hideusement con- trefait. Du nom d'un type de la Notre-Dame de V. Hugo. QUATRE COINS. — Mouchoir. Il a quatre coins, QUATRE-YEUX. — Yeux doublés de lunettes. — « Voyez donc ce grand escogriffe avec ses quatre-s’yeux. » (Catéchisme poissard, 1840.) QUELPOIQUE. — Rien. (Halbert.) Mot à mot : que le poique, c’est-à-dire bien peu. Poique est ici pour pouic : peu. V. ce mot. QUELQUE PART. — Au derrière, — « Toutes les fois que ce gredin-là me tutoie, c’est comme si je recevais un coup de pied quelque part. » (Sardou.) QUELQUE PART (ALLER). — Aller aux com- modités. Terme ancien. Les Mémoires secrets de Bachaumont en offrent un exemple dans cette répartie superbe du financier La Popeli- nière à un courtisan qui lui avait dit d’un air dédaigneux : « Il me semble, monsieur, vous avoir vu quelque part. » À quoi le financier répondit : « En effet, monsieur, j’y vais quel- quefois. » QUELQUE PART (AVOIR). — Être ennuyé au suprême degré. Augmentatif d’en avoir plein le dos. Seulement, cela se prolonge un peu plus bas. — « Pour ce qui est de la rousse et du guet, je les ai queuqu’ part. » (Cabassol.) QUELQU'UN (FAIRE SON). — Trancher du personnage. — « Si madame fait un peu sa quelqu’une. » (Balzac.) QUENTENTE. — Pas, point. (Halbert.) Mot à mot : que non pas. — Italianisme. QUENOTTE. — Petite dent. (Dhantel.) a; « Ouvre la gargoine. Prends le bout de ce fou- lard dans tes quenottes. » (E. Sue.) QUENOTTIER. — Dentiste. QUEUE — Dégénérescence, pâle imitation. — « Cet art-là n’est pas même la queue embourbée du genre Marie-Antoinette. » (Th. Silvestre.) QUEUE (FAIRE LA). — Faire une infidélité galante. — « Je connais un général à qui on a fait des queues avec pas mal de particuliers, » (Gavarni.) QUEUE (FAIRE LA).— Escroquer une somme due. Mot ancien. — « Sitôt que le fourrier s’est éloigné, les chambres retentissent de cla- meurs : « C’est dégoûtant! on nous fait la queue, » (La Bédollière.) QUEUE ROMANTIQUE. — Jeu de mots alté- rant le sens raisonnable de la phrase. Mürger aridiculisé cet exercice dans la Vie de Bohème, Dès 1620, paraissait le Cog à l’asne sur le ma- riage d’un courtisan grotesque qui peut passer pour un recueil complet de ces stérilestoprs de , force. En voici la première phrase : « Le cour- tisan sortit du palais de la bouche, vestu de vert de gris, il portait un manteau de cheminée, le bas de mullet et les mulles d’ Auvergne. » QUuEUE-RouGE. — Paillasse à perruque nouée par un ruban rouge. — « Le public préfère généralement le queue-rouge au co- médien, » (La Fizelière.) QUEUE DE RAT. — Tabatière. — Allusion à la longue lanière de cuir qui sert pour l’ou- vrir. — « Une de ces ignobles tabatières de bois vulgairement appelées queues de rat. » (Ch. Hugo.) Qursus. — Écus, argent. — Mot ancien.— «Il a du quibus, c’est-à-dire des écus, de qui- bus fiunt omnia. » (Le Duchat, 1738.) QUILLE, — Jambe, Allusion de forme. — Mot ancien.— « La madame du pavillon qui met ses bas ! — Plus que ça de quilles, » (Ga- varni.) QuiMPER, — Tomber. (Halbert. ) QUINQUETS. — Yeux brillants. (Vidocq.) Mot à mot : brillants comme la lampe Quin- quet, renommée jadis pour son éclat. V. Js- brouffer. QUINZE ANS ET PAS DE CORSET. — Se dit, à tout âge, d’une femme dont les appas ont la fermeté de la jeunesse. — « Une superbe créa- ture, — et pas de corset. » (La Lune, 1867.) QUINZE-VINGT. — Aveugle. — Allusion à l’établissement de ce nom. — « Je suis obligé de demander mon chemin, comme un quinze- vingt. » (La Correctionnelle.) Quoi (Avoir DE). — Être dans l’aisance. Mot à mot : avair de quoi vivre. R RABAT. — Manteau. — Allusion a son grand collet qui se rabattait à volonté sur la tête ou les épaules. RABATEUX DE SORGUE. — Voleur de nuit. (Grandval.) RapraGEe. — Rente. (Halbert.) RABIBOCHER. — Raccommoder. — « N’en - parlons plus! Il faut que je me rabiboche avec vous. » (E. Sue.) Rarror. — Restant de soupe laissée au fond de la gamelle. — Temps passé par le soldat à son corps, après sa libération. RaorN. — Diable. (Vidocq.) V. Abadis. RaBOTEUX. — Voleur de nuit. (Halbert.) — Pour rabateux. RABOULER. — Revenir. V. Abouler. RACCOURCIR. — Guillotiner. — La perte de la téte raccourcit. — Mot de création répu- blicaine ainsi que les synonymes ci-joints, tous recueillis dans le Père Duchêne, 1793 : «1° La louve autrichienne va être à la fin raccourcie… 2° Jusqu’à ce qu’ils aient tous craché dans le sac... 3° Pour faire mettre promptement la tête à la fenêtre à la louve autrichienne... 4° Ses bons avis à la Convention pour qu’elle fasse promptement jouer le général Moustache à la main-chaude... 5° Qu’il fasse promptement passer sous le rasoir national le traître Bailly.» Le rasoër national est le fatal couperet. — 5S Cracher dans le sac montre la tête coupée sautant avec un jet de sang dans le sac de son. — Mettre la tête à la fenêtre, jouer à la maïn-chaude font allusion à l’attitude du sup- plicié, mettant la tête à la lunette, à genoux, mains liées derrière le dos, attendant le coup comme & la main-chaude. RACLÉE. — Rossée. — Elle racle la peau. — « Ça lui procura de leur part quelques bonnes raclées. » (L. Desnoyers.) RACLETTE. — Ronde de police. — Elle racle les gens sans aveu sur son passage. V. Balai, — Se dit aussi de la police en général. RACONTAR. — Racontage. — Anglicanisme. — « La bonhomie de ses racontars honnêtes et modérés. »*(P. Véron.) RADE, RADEAU. — Comptoir, tiroir. — « La rade est le comptoir du marchand de vin. » (A. Monnier.) RADICRER. — Remoudre. (Halbert.)— Ono- matopée. RADICREUR. — Rémouleur. (Idem.) RADIN. — Gousset. (Colombey.) RADIN, RADIS. — Argent monnayé. — « Le radin, c’est l’argent du comptoir, par abrévia- tion le radis on dit n’avoir pas un radis pour n’avoir pas un sou. » (A. Monnier.) Rarrans. — Misère. Mot à mot : vent de la mauvaise fortune. J RAF => 209 — RAI IL Re A TE SAC A = § RAarrALÉ.—Misérable.—« Tous les hommes sont des raffalés, des pingres. » (Lynol.) RAFFURER. iegagner. V. Affurer. RarrAu. — Bâtiment léger. — « J’vas joli- ment gréer notre rafiau, tu verras. » (Phys. du matelot.) RAPRAICHIR D'UN COUP DE SABRE (SE). Se battre. — Allusion à la sensation du froid qu’on éprouve en sentant la lame pénétrer dans les chairs. — « Tu caponnes... Dun coup Dictionne de l’argot parisien, de sabre avec moi t'as peur de te rafraîchir. » (Rienzi, 1826.) Racor. — Conte absurde. — « La Bourse particulièrement se laisse influencer par des ragots qui ne mériteraient pas cinq centimes de baisse. » (Le Temps, 1867.) Rarpæ. — Difficile à croire ou à supporter. - € Des choses qu’on ne saurait répéter de- vant vous, mademoiselle. — C’est donc bien raide, répliqua l’ingénue. » (Figaro, juin “RAM 1872.) — « Un gros volume, sept francs. C’est raide. » (Dumas fils.) RAIDE, RUDE. — Eau-de-vie. — Elle gratte le gosier, — « Comme dit le proverbe, un peu de raide fait grand bien. » (Bardas.) : RAIDE, RAIDE COMME LA JUSTICE (ÊTRE). — Être ivre sans vouloir le paraître, se redresser avec affectation. — « Dis donc, Jules, tu as bien dîné ? — Il est raide comme la justice. » (Monselet.) RAIDE COMME BALLE, — Rapide comme un projectile. — « Il à filé son chemin, raide comme une balle, » (Vidal, 1838.) RAILLE. — Police — Du mot érailler : arrêter. — « La raille maron te servira pour un deuxième gerbement. » (Vidocq.) RAILLE. — Agent de police. — « Les in- specteurs du bureau des mœurs sont des rails dans le langage des prostate » (Parent Duchatelet.) RAISINÉ. — Sang. (Halbert. - — Allusion de couleur. — « Tu es sans raisiné dans les vermichels. » (Balzac.) RALEUR. — Homme qui marchande sans acheter. — « Le râleur marchande, c’est son occupation, Il admire plus d’une chose, mais il faut qu’il réfléchisse, il repassera demain. » (Champfleury.) RALEUSES. — « Racoleuses ou courtières lâchées par les marchands (du Temple) sur le gonze pour le forcer à acheter. » (Mornand.) RAMA. — « Les riens constituent chez cer- taines classes parisiennes un esprit drôlatique dans lequel la bétise entre comme un élément principal et dont le mérite consiste particuliè- rement dans le geste et la prononciation. Cette espèce d’argot varie continuellement. La ré- cente invention du Diorama, qui portait l’illu- sion de l’optique à un plus haut degré que dans lespanoramas, avait amené dans quelques . ateliers de peinture la plaisanterie de parler en rama... « Eh bien! monsieur Poiret, dit «l'employé, comment va cette petite santé- « rama? » (Balzac.) ha RAMASSER. — Arrêter, faire prisonnier. — « Les coquins étaient terribles. J’en ai ramassé trois mille sans compter les morts et les blessés. » (Général Christophe, Lettres, 1811.) RAMASSER (SE). — Se relever après une chute.—« Se ramassant, le vieux cria: € Faus- saire ! » (F. Desnoyers.) RAMASTIQUEUR. — Filou ramassant à terre des bijoux faux perdus par un compère et les cédant à un passant moyennant une prime qui dépasse leur valeur réelle. — C’est le mot ramasseur avec changement de finale. RAMBUTEAU. — Guérite-urinoir — Du nom du préfet qui en a doté la voie publique. RAME. — Plume, (Halbert.) — Elle res- semble à un rameau. RAMENER. — Ramener ses chaveux sur les tempes et sur le front pour déguiser un com- mencement de calvitie, — « Ce brave Dubreuil commence à arborer le genou. — Ne bla- guons pas Dubreuil, il y a déjà deux ans que je ramène. » (Vie parisienne, 1866.) — On appelle rameneurs, ceux qui se coiffent ainsi. RAMoLLI, — Abruti, — Allusion aux effets du ramollissement cérébral. — « Pour ne pas tomber dans la classe des ramollis, » (Vie parisienne, 1867.) V. Goitreux, Raour. — Réception de jour, — Mot an- glais, — « Ces chevaliers d’industrie, ces gens à belles manières que l’on voit à Paris dans les raouts... » (P. de Kock, 1840.) RaraTu. —- Pou. (Halbert.) — Allusion a ses pattes, RAPE D'ORIENT. — Diamant. (Pons Dict. d’argot, 1844.) RapraT, — Avare, avide, pillard. — Abré- viation de rapineur, — « Je les connais tous, ces rapiats-la. » (Balzae.) RaPIN. — € Ce joyeux élève en peinture qu’en style d’atelier on appelle un rapin. » (Balzac.) RAPIOTER. — Rapiécer. Mot à mot : rapié- cotter. — « Monsieur, faites donc rapioter les trous de votre habit. » (Mornand.) RAPLIQUER. — Revenir, répliquer. V. Fla- cul, Suage. Rasur. — Railler. — Jadis on disait fire la barbe. — « Pour aviser au moyen de faire la barbe à la municipalité de Paris. » (Hébert, 1793.) — « Nous avons été voir les Maures- ques. Dieu! les avons-nous rasées avec nos plaisanteries. » (Comm. de Loriot.) RASEUR. — « Le raseur est 'individa qui croit vous intéresser infiniment par le ar * RAT — 211 — ‘des choses les plus ennuyeuses, Une fois qu’il tient votre bras, le raseur ne vous quitte plus.» (A. Scholl, 1853.) Rasorr. — Raseur ou raseuse. V. ci-dessus. Rasorr. — Jamais. Mot à mot : c’est rasé, il n’en est plus question —« Tu lui aurais rendu sa politesse ? — Plus souvent! A un daim de - ce tonneau ! Rasoir ! » (Monselet.) Rasorr. — « Le conte, l’histoire, l’anecdote ou le bon mot, dans la bouche d’un raseur, se nomment rasoir. » (J. Duflot.) RasPAarL. —Liqueur de Raspail, eau-de-vie. Ami, prends un sou de raspail, - Pour rincer de tes dents l’émail. (La maison du Lapin-Blanc.) Rar. — Élève danseuse. — Allusion à son trot menu età ses proportions mignonnes. — « A l'Opéra, le type de la figurante se subdi- vise en plusieurs catégories: la choriste, la danseuse, le rat (élève danseuse), la figurante simple ou marcheuse. » (Physiologie du Théi- tre, 1841.) RAT.— Bougeoir.— Bougie mince et tortil- lée dont le brin rappelait la queue du rat. — « Je vous demanderai la permission d'allumer mon rat. » (H. Monnier.) RaT. — Voleur de pain. (Colombey.) RAT. — Avare. — «Je vous dénonce mon propriétaire, qui est un rat fini. » (Bertall.) RAT, RATON. — « Petit pégriot se cachant à la brune sous un comptoir, afin d'ouvrir, la nuit, la porte du magasin à ses collègues. » (A. Monnier.) RaT. —- Caprice, fantaisie trottant de nuit dans la cervelle. (Dhautel.) RAT (MON). — Terme d’amitié. — « Que tu es belle, mon chat. — Adorable, mon petit rat! » (E. Villars.) RAT DE PRISON.— Avocat. — Allusion à ses visites aux prisonniers. RATA. — Abréviation de ratatouille. — «Pour le rafa, faites bouillir de l’eau, prenez des pommes de terre, ajoutez 3 kilogrammes de lard par cent hommes et servez. » (La Bé- dollière.) RATAFIA DE GRENOUILLES. —Eau.— « C’est la nourriture, le ratafia de grenouilles qui m’ont dérangé. » (Comm, de Loriot.) RaTionor, — Peigne. (Halbert.) Mot à mu + petit rateau. L'image est exacte. RATICHON , RAZE, RAZI. — Prêtre. Mot à mot : ratissé, rasé, — Allusion à sa tonsure et à sa figure rasée. V. Momir, Rebâtir. RATICHONNER. — Peigner. (Halbert,) RATICHONNIÈRE. — Couvent. (Vidocq.) Rarissé (fre) — Être évincé,—c Allons ! cette fois je suis bien ratissé ! » (Marquet.) RAVAGEURS. — « Ils travaillent un instant après la ‘pluie. Alors l’eau a charrié dans les rigoles ménagées par le pavé tous les mor- ceaux de clous et de ferraille qu’elle a pu em- porter en passant... La besogne faite, ils ven- dent un sou là livre leur misérable butin. » (Berthaud, 1846.) Les Mystères de Paris montrent cette in- dustrie s’exerçant sur la Seine : « Le rava- geur puise à l’aide d’une drague le sable sous la vase, puis il le lave comme un minerai et en retire une grande quantité de parcelles métalliques. » (E. Sue.) RAVIGNOLÉ. — Récidive. —c Je n’ai pas co- qué mon centre, de taffe du ravignolé ; ainsi si vouzailles brodez à mezigue, il faut balan- cer la lazagne au centre de Jean-Louis Lau- rant, au castuc de Canelle. » (Vidocq.) RAZE, RAZIL. — Curé. (Halbert.) V. Rati- clion. : RazziA. — Enlèvement général. — Le mot date de notre guerre d’Afrique. En Frante, au quinzième siècle, on disait reize, ce qui était la même chose. — « Il exer- çait de véritables razzias à l’endroit des tasses de chocolat.» (A. Second.) — « On n’oublie pas assez le chemin de ces tripots. L’autre jour, encore, on a opéré une razzia sur les hauteurs de Batignolles. » (P. Véron.) Réac.— Réactionnaire. -- Date de 1848. — «Il s'agira seulement d’applaudir nos ora- teurs — et d’aplatir les réacs. » (Chenu.) - RÉALISME. — Culte exclusif de la réalité dans l’art ou la littérature. — « A Theure qu’il est, le mot réalisme a fait son trou dans le Dictionnaire. » (Champfleury, 1858.) RÉALISTE. — Artiste ou romancier s’appli- quant à reproduire les scènes de la vie réelle, sans reculer devant leurs laideurs. — Rétif de la Bretonne a employé ce mot dans une cri- “rr RES REF — 212 — REM tique littérafre de son Monsieur Nicolas; il parle des réalistes du jour parmi lesquels il tenait, sans s’en douter, la première place. REBATIR. — Tuer. — Pour rebâtir, il faut démolir.— « Si tu consens à nous laisser rebâ- tir le ratichon et sa larbine, nous irons pion- cer dans le sabri du rupin de ton villois, à cinquante paturons de la chique de la daronne du mec des mecs. » (Vidocq.) REBIFFE. — Vengeance. (Vidocq.) REBIFFER (SE). — Se redresser. — Un soldat qui se rebiffe est un homme au port martial. — Un cheval qui se rebiffe porte haut la tête. REBONNETER. — Flatter. (Vidocq.) REBOUISER. — Considérer attentivement. (Idem.) REBOUISEUR. —« Au marché du Temple, les rebouiseurs ou ressuceurs achetaient les vieil- les hardes pour les remettre àneuf. » (BE. Sue.) Rerours. — Déménagement clandestin. RECEVOIR SON DÉCOMPTE. — Mourir — Dans l’armée, on touche son décompte, c’est-à-dire son excédant de masse au moment de quitter le service. — « T'ué roide sur le champ de ba- taille, le beau tambour-major avait, pour par- ler en style de bivouac, reçu son décompte. » (Ricard.) RÉCHAUFFANTE.— Perruque. Elle réchauffe les chauves. : RECHAUFFE (C'EST DU). — (est un vieil ar- gument, c’est une manœuvre usée, comme les mets de la veille qu’on réchauffe le lendemain. RÉCHAUFFER. —Ennuyer. (Vidocq.)— Même “allusion que dans bassiner, faire suer. RECONNOBRER. — Reconnaitre. (Vidocq.) V. Parrain. RECOQUER. — Rendre. (Grandval.) RECORDER. — Tuer, (Halbert.) RECORDER. — Prévenir de ne dire que telle ou telle chose. À ici le vieux sens de remettre en mémoire. REDANI. — Grâce. (Idem.) REDIN. — Bourse. Pour Radin. REDOUBLEMENT DE FIÈVRE. — Charge nou- velle surgissant pendant une instruction. REDOUILLER. — Ripostér. V. Merlins. Rrpurr. — Bourse. — C’est le réduit de la monnaie. « Dindonné, ce que nous appelons refait au même. » (Balzac. ) REFAIRE. — Manger. (Halbert.) RErarTE. — Repas. (Vidocq.) — Vieux mot. Réfectoire nous est resté. REFAITER. — Prendre un repas. REFILER. — Retrouver. V. Greffier. REFILER, REPASSER. — Donner un vol nourri. V. Camelotte. Rerrorpir. — Tuer. Effet pris pour la cause. V. Mecque, Suage . REGALTA. — Cigare de la Havane. Mot à mot : cigare royal. — « La chique, c’est la sœur cadette du londrès, du regalia. » (Ver- mersch.) REGENCE. — Digne des roueries galantes de la cour du régent. — « Si on allait lui faire un crime de la fragilité de ses mœurs un peu régence ? » (P. Borel, 1833.) REGINGLARD. — Vin nouveau, piquette. — € A Paris, à Sens, on nomme reginglard le vin léger et légèrement acide. » (L’Intermédiaire.) C’est un Ginglard redoublé. REGON. — Dette. REGONSER. — Devoir. (Halbert.) REGOUT (FAIRE Du). — Être arrêté. — « Poissons avec adresse mezières et gonzesses sans faire de regout. » (Vidoeq. ) Réavisé (Érre). — Mourir, être évincé dans une entreprise. REJAQUER. — Crier. (Grandval.) — Vieux mot. — En patois lorrain on appelle encore jaque le geai, qui est un oiseau fort bruyant. RÉJOUISSANCE.— Os glissé par les bouchers dans la viande pesée à leurs pratiques. — « Les bouchers ajoutent encore des os qu’on appelle ironiquement réjouissances.» (Mercier, 1783.) RÉJOUISSANCE. — À fini par se dire ironi- quement d’une femme maigre. — « Faut voir ça au déballage. Y a peut-être plus de réjouis- sance que de viande là-dessous. » (Neuville.) RELEVANTE. — Moutarde. (Colombey. ) — Elle relève les aliments. Reuvrr. — Jour, œil. — Les yeux relui- sent. V. Coquer, Luisant, Chasse. REMBROCAGE DE PARRAINS. — Confronta- tion. V. Rembroquer. REMBROQUANT. — Miroir. (Halbert.) En se mirant on se rembroque soi-même. 5 REFAIRE, REFAIRE AU MÊME. — Tromper. 2 REN - 213 — REP REMBROQUER, REMOUCHER, REMOUQUER, RELUQUER. — Examiner avec attention. V. Abadis, Béquille, Bonne, ete. REMERCIER SON BOULANGER. — Mourir. Mot à mot : n’avoir plus besoin de manger du pain. V. Pipe (casser sa). REMISER. — Conduire en prison. V. Filer, REMISIER. — Courtier d’opérations de bourse sur lesquelles il à une remise. REMOUCHER, REMOUQUER. V. Rembroquer. REMPLISSAGE. — Prose imprimée dans le seul but d’allonger un texte. — « Il a trouvé beaucoup de remplissage dans mon dernier livre. » (Ricard.) RENARD. — Second degré du compagnon- nage. — « Pour être compagnon, tu seras la- pin ou apprenti, plus tard tu passeras renard ou aspirant. » (Biéville.) RENARD. — Vomissement. — Le voyageur Jacques Lesaige dit déjà en parlant des effets du mal de mer : « Loué soit Dieu ! jJ'avois bon apétit, car je n’avois fait que escorchier le regnart. » (1518.) V. Piquer, Queue. RENARDER. — Vomir. — « Je suis gris... Vous me permettrez de renarder dans le kiosque. » (Balzac.) Jadis on disait renauder. RENARDER, — Trahir. Le renard est re- nommé pour sa traitrise. — « Polyte et toi avec, vous avez renardé... — Trahir les amis, jamais ! » (Ponson du Terrail.) RENAUDER. — Refuser. (Vidocq.) Du vieux mot renauder: vomir. — « Quand elle quête, merci ! chacun renaude ou détale. » ( Léonard.) RENCONTRE (VOL A LA). — « Variété du vol à la tire. Il est opéré par deux compères : le premier heurte un passant dont il détache la chaîne qui est aussitôt remise au second; puis il s’éloigne en s’excusant et se laissant fouiller, si on découvre le vol. » (Canler.) RENCONTRE (FAIRE A LA). — « Le malheu- reux reçoit dans la poitrine un terrible coup de tête. C’est ce qu’on appelle en argot le faire à la rencontre. » (Ad. Rocher, 1867.) RENDEZ-Mo1I (VOLER AU). — Voler un mar- chand en lui demandant la monnaie d’une pièce de 5 ou de 20 francs. RENDRE SES COMPTES.—Vomir. Mot à mot : rendre les comptes que vous demande un esto- 8 trop chargé. — « À la dix-huitième ca- nette, le néophyte rendit ses comptes, » (Mi- chu.) La RÈNE (SAISIR LA TROISIÈME). — S’accro- cher à la crinière du cheval sur lequel on ne peut se maintenir. RENVONCEMENT. — Bourrade. — « Il m’en- voya un renfoncement que j’en ai vu trente-six mille chandelles romaines. » (Ladimir.) RENFRUSQUINER. — Vétir. RENG. — Cent. (Halbert.) RENGRACIER. — Devenir honnête. Mot à mot : rentrer en grâce de la société. — « Ja- mais tu ne rengracieras, Plutôt caner en gou- pinant. » (Vidocq.) RENIFLER. — Boire d’un trait, en aspirant, comme si on reniflait. — « Et nous avons cha- cun reniflé cinq litres à dix sous. » (Moinaux.) RENIFLER. — Sentir, deviner, V. Pante. RENIFLER. — Refuser. — « Le premier jour, j'ai reniflé sur ma gamelle et j'ai lâché ma portion de bœuf. » (Commentaires de Lo- riot.) RENIFLEUR DE CAMELOTTE A LA FLAN. — Voleur dépouillant les étalages. RENQUILLER. — Rentrer. RENVERSANT. — Superbe. — « Parfait aux petits ognons ! Je vous ai vues à l’ouverture des Bouffes... Des pelures renversantes. » ( Villars.) KEPIGER. — Rattraper. — « Attends, toi ! si je peux te repiger un jour. » (Moinaux.) REPINCER. — Rattraper. — « J’en suis en- core pour mes vingt centimes, je te repincerai, vieux carottier ! » (Marquet. ) REPIQUAGE. — Action de repiquer. — « Quatre & zun... Bon! Le repiquage sur qua- tre, c’est infaillible ! » fait dire M. Boué de Villiers à un joueur d’écarté dans le Petit bon- homme d'Évreux. REPIQUER. — Reprendre le dessus, soit au jeu, soit en affaires, soit en cas de maladie. REPIQUER. — Recommencer, — « On re- piqua son chaste cancan. » (Privat d’Angle- mont, 1846.) REPIQUER. — Se rendormir. — De piquer son chien, — « Au plus fort de la chaleur, on repique dur, » ( Vie parisienne, 1866.) RÉPONSE. — Opération, de bourse expli- quée par l’exemple suivant : — « A chaque li- 2 4 N= - RET — 214 — quidation, les acheteurs à prime déclarent s’ils abandonnent la prime, ou’ s'ils maintiennent leur marché : ce qui s'appelle en boursicoterie donner sa réponse. » (Boursicotiérisme, 1858.) REPORT, REPORTER. — « Si vous êtes ache- teur de rente et si la rente baisse, vous pouvez continuer votre opération en vous faisant re- porter, On ajoute alors au cours le prix du re- port, plus un nouveau courtage. La cherté des reports tempère souvent les dispositions à la hausse. » (De Mériclet, 1856.) REPORTER. — Nouvelliste. Mot à mot : rapporteur de nouvelles. — « La presse de Pa- ris compte ici de nombreux reporters. » (A. Ro- cher, 1867.) REPoUSsANT. — Fusil. — I repousse l’é- paule. REQUILLER. — Remettre d’aplomb. Mot à mot : sur ses quilles. REsonir.— Revendre. RESPIRANTE. — Bouche. — Effet pris pour la cause. — «Il lui bouchait la respi- ig par ¢’t’argument du port Saint-Nico- > (Cabassol.) ric DE LA TROISIÈME RESUCÉE.—Flé- tri par l’usage, fané, usé. — Allusion au bâton de sucre d’orge que se repassent plusieurs ga- mins. RESSUCEUR. V. Rrehouiseur. RESURRECTION (LA).— La prison de Saint- Lazare. — Allusion biblique & Lazare le res- suscité. RETAPE (FAIRE SA). — Chercher galant. — « C’est moi qui lui ai donné l’idée de faire sa retappe, avec un costume décent et un car- ton à chapeau à la main. » (Cinquante mille voleurs de plus à Paris, Paris, 1830.) RETAPEUSE. — Raccrocheuse. ‘En robes plus ou moins pompeuses, Elles vont comme des souris ; Ce sont les jeunes retapeuses Qui font la gloire de Paris. (A. Glatigny.) RETIENS (JE TE). — Se dit ironiquement pour : Je retiendrai ce que tu dis où ce que tu fais. — « L'amie : 11 fallait aller jouer ail- leurs. — /rma : Où cela? en province? Merci L... je te retiens, toi. » (Monselet.) RETIENS POUR LA PREMIÈRE CONTREDANSE (JE TH). — Je ne manquerai pas la première occasion de te battre. Mot à mot : de te faire danser. RETOQUER.— Refuser. — Allusion au choc = produit par une chose qui en repousse une autre. RETOURNE (DE QUOI IL). — Ce qui se pro- duit de nouveau, de capital. — Terme de jeu de cartes où la retourne de l’atout domine la situation. — « Voici de quoi il retourne pour le quart d’heure. » (Texier.) Réussir. — Beau, réussi d'exécution. = « Madame de Juliamé était belle ce soir-li... Il ne l’avait jamais vue si réussie. » (Aubryet.) Rêvaur. — Homme dénué de sens prati- que. — « Le rêveur est celui qui se complait dans une œuvre médiocre. » (Champfleury.) Rrpour. — Abréviation de Rebouïseur. RICHELIEU. — Digne de la galanterie du = maréchal de ce nom. — « Tont le benjoin d’une galanterie à 80 degrés Richelieu » (Mür- ger.) E RICHEMENT LAID. — Aussi laid que pos- sible. RIEN (NE). — oct affirmative. V. Pas (ne). RrrLarp. — Parapluie. — D'une pièce de Picard, la Petite Ville (1801), où l'acteur chargé du rôle de Riflard, portait un énorme parapluie. — « Il pleuvait à verse, elle était sous son riflard. » (Lubize.) RrrraupEr. — Brûler. V. Flacul, RIF, RIFLE. — Feu, flamme. — « Je remou- che au coin du rifle un sinve qui roupillait. J’ai sondé dans ses profondes. » (Vidoeq.) RIGOLADE, RIGOLAGE. — Amusement. — C’est pour la rigolade : c’est histoire de rire. — Rigolage est un mot ancien. — « Ma vie est une rigolade perpétuelle, rien ne m'’affecte. » (Blondelet.) RricornBocHE. — Amusant, drôle. — C’est ri- golot avec changement de finale — « C'était au Prado. La querelle allait son train... Laissez- les donc ! c’est bien plus rigolboche ! » (Mé- motres de Rigolboche, 1860.) Rrcoukrr. — Rire, se divertir. — Vieux mot. Dès 1873, Du Cange en cite des exemples. — « Et frère Jean de rigouller, jamais homme ne feut tant courtois ny gracieux. » (Rabelais. )— J “ € Qu’est-ce qui chante ? je veux de quoi rigo- ler, moi ! » (Champfleury.) Se RIGoLEUR. — Bon vivant. — Dans un bou- chon de Romainville, nous étions vingt-cing Hadlow, » (Blondel.) RIGOLOT, RIGOLETTE. — Fille rieuse, joyeux garçon. — Se prend aussi adjectivement. — € Allons donc ! le verbe sortir est bien plus rigolo. Je sors ou je m'’esbigne, tu te la brises, ou mieux tu te la casses, » los, et vous rigolettes, gais enfants d’l’atelier. » (A. Joly.) Rrvcéz. — Correction. — «Il à reçu une bonne rincée, il a été battu, étrillé comme il faut.» (Dhautel.) RINCER. — Dévaliser.— « Des malfaiteurs ~ crurent pouvoir rincer la caisse du juif. » - (Balzac.) Rincer. — Battre. — « Un général fond . sur l'ennemi et vous le rince. » (Favart, 1750.) RINCER LE GOSIER, LA CORNE, LE CORNET, LE SIFFLET, L’AVALOIR, LA DALLE (SE). — Boire. V. ces mots. RINCETTE. — Petit verre d’ean-de-vie versé dans la demi-tasse où l’on vient de boire le café. Le second verre s’appelle surrincette. Rive. — « L'enceinte du pesage dans un champ de courses. » (Paz.) — Anglicanisme. — « Elle était la sur le turf au milieu du ring et des ringueurs. » ( Vie parisienne.) RINGUER. — Stationner dans le ring. — « On ringuait à tout casser. J'ai empoché quelques monacos. » ( Villars.) RIOLE, RIOLLE. — Divertissement. — De . re, — « Pitanchons, faisons riolle jus- qu’au jugement. » (Grandval. ) RIOLE (SE METTRE EN), — « S’amuser pen- dant le temps du travail. » (Dhautel, 1808.) RIPATONNER. — Rafistoler. — « On ripa- tonne un livre en publiant une édition revue et corrigée ; on ripatonne un édifice en le re- crépissant. » (La Bédollière.) tquiqui, — Eau-de-vie, — « Tiens! pour te guérir, je t’apporte une goutte de riquiqui. » (La Femme comme on en voit peu, 1789.) Rrz-PArN-SEL.—« À l’armée, où les agents du service des subsistances distribuent les vivres, on leur donne le sobriquet de riz-pain- sel, » (La Bédollière.) (Villars. )—« Rigo- 7 Roprr. — Dérober, (Vidocq.) — Vieux mot dont nous avons fait dérober. ROBINET (LACHER LE). - — Pleurer. — Mot à mot : lâcher le robinet de la fontaine des larmes. RoBINsoN. — Parapluie. — Usité depuis la représentation d’une pièce de Pixérécourt, où “Robinson paraît avec son grand parasol. RocAILLE. — Dans le goût de l’époque de Louis XV où les coquilles et les rocailles ont été très-souvent utilisées comme ornements. — « L'amour des rocailles, mot qui caractérise l’ameublement du règne de Louis XV. » (Ro- queplan.) : Rocuer. — Curé. (Vidoeq.) — Allusion & son rochet ou camail. Rococo.—Le rococo est le genre rocaille exa- géré. De là ce changement de finale redoublé. Rococo. — Suranné. — « Ce mot nouveau me semble être appliqué, par la jeunesse inno- vatrice, à tout ce qui porte l’empreinte des temps passés. » (Miss Trollope, 1835.) ROGNEUR. — Fourrier. — Abréviation de rogneur de portions. — Allusion aux vivres de campagne sur lesquels un fourrier peu délicat prélève une dime indue. Gratte-papier, rogneur, traîne-paillasse, Hardi pillard aux deux galons d’argent, De vingt surnoms que sur lui l’on entasse, Le fourrier rit et se moque en chantant. (Wado.) ROGNURES. — Acteurs médiocres, ROMAGNOL, ROMAGNON. — Trésor enfoui. (Colombey.) ROMAIN. — Claqueur. — Allusion aux Ro- mains qui applaudissaient Néron. — « Sous le lustre avec les romains du parterre. » (P. Bo- rel, 1838.) ROMAIN. — Fantassin. — Allusion à la forme romaine du poignard d’infanterie (an- cien modèle). ROMAMICHEL, ROMANICHEL, ROMANTTCHEL. — Voleur de race bohémienne. — « Ils exploi- tent l’Europe entière sous les allures de mar- chands forains. Ils se marient entre eux, voya- gent constamment et se prêtent assistance en cas d’arrestation. » (Canler.) — Ils endorment souvent leurs victimes en mélant du datura stramontum à leur boisson. De là le nom d’en- dormeur qui leur est aussi donné. À q ROS 216 — ROU RoMANTIQUE. — Dédaignant les règles clas- siques en art ou en littérature. L'an 1833 marque l’apogée de l’école. Elle était alors âgée de vingt ans. « L'expression du genre ro- - mantique ne se montre qu’une seule fois dans le livre de l’Allemagne et semble y demander grâce pour sanouveauté. » (Les Serupules litté- raires de madame de Staël, Paris, 1814.) Rome. — Choux. (Halbert.) - Ronp. — Ivre. Mot à mot : arrondi par la boisson. — « Descendant d’ la guinguette, un soir que j'étais rond. » (1813, les Amours de Jeannette.) Ronp. — Sou. — Allusion de forme, — « Aboule tes vingt ronds, bêta ! » (Montépin.) RONDACHE, RONDINE, RONDINET. — Bague. (Halbert.) RONDELETS, RONDINS. — Seins. (Idem.) — Allusion de forme dans ces mots comme dans les précédents, RoNDINE. — Canne. — Elle sert à rondiner les gens. V. Vague, Rondache. RoNDINER. — Battre à coups de bâton. Mot à mot : le rondin. — « Qu’il est doux de pouvoir rondiner un ingrat. » (Le Rapatriage. parade, dix-huitième siècle.) RONDINER DES YEUX. -- ronds. RONFLER A CRI.—Feindre de dormir. (Hal- bert.) : ROSSE, ROSSARD., — Homme mou, lache. — « Quell’ rosse qu’ tu fais ! T’es mon ami tout d’ même. » (Protat.) — « Entre nous, ce sont des rossards (les Arabes). Eux à cheval, la femme courant derrière, » (Commentaires de Loriot.) Faire les yeux RossEE. — Gréle de coups, action de rosser. — « Fafouillas écoutait aux portes, ce qui lui attirait une rossée exemplaire. » (Commentat- res de Loriot, 1869.) RossIGNANTE. — Flûte. (Halbert.) ROSSIGNOL. — « Sobriquet donné par les li- braires aux ouvrages qui restent perchés sur les casiers dans les solitudes de leur magasin. » (Balzac.)— Les marchands de nouveautés don- nent le même nom aux étoffes démodées, qui, comme les livres non vendus, restent remisées près du plafond ainsi que des oiseaux en cage. ROSSIGNOL. — Fausse clé. (Halbert.) ROSSIGNOLER. — Ouvrir avec un rossignol. Après, je n’ manquerai pas de raisons Pour rossignoler les maisons. (Festeau, 1872.) RossIGNOLER. — Chanter. (Grandval.) Mot à mot : chanter comme un rossignol. Roriy. — Sou. — Diminutif de rond. — € Si, par hasard, ils se lâchent d’un déjeuner de vingt-cinq rotins. » (Lynol.) RouBI0N. — « Une fille publique laide est un roubion, dans le langage de leur métier. » (Parent-Duchatelet.) ROUBLARD. — Laid, incomplet, lombey.) RouBLARD. — Homme de mauvaise foi. — « Ce sont les roublards de l’hôtel des ventes, qui ont inventé ces ventes artificieuses dans lesquelles un tableau est vendu dix fois sans sortir des mêmes mains. » (E. Frébault.) RouvcHr, ROUCHIE. — Homme ou femme sale et laide, — Du vieux mot rouch?: mauvais cheval. — « Veux-tu te cacher, vilain rouchi, tu reviendras quand tu seras blanchi. » (Caté- chisme poissard, 1844.) ROUE DE DERRIÈRE, ROUE DE DEVANT. — « Pièce de cinq francs, pièce de deux francs. » — Allusion au diamètre respectif des roues de voiture. — « Roues de derrière. expression des cochers pour dire pièces de cinq francs. » (Cabarets de Paris, 1821.) — « Je peux solir pour une roue de derrière ce qui m’a coûté cin- quante ronds, c’est-à-dire vendre pour six francs ce qui m’a coûté cinquante sous. » (Avent. de J. Sharp, 1789.) ROUEN (ALLER A). — Marcher a sa perte. Mot à mot : marcher au supplice de la roue.— Jeu de mots. ROUFFIONS. — « Ils sont les apprentis du commerce de la nouveauté. Ils font et défont les étalages, replient les étoffes, font les cour- ses. » (Naviaux, 1861.) Roucz. — Révolutionnaire acceptant le drapeau rouge. — « Les hameaux devenant plus rouges que les faubourgs, c'est là le ca- ractère nouveau de cette rechute. » (Aubryet.) ROUILLARDE. — Bouteille de vieux vin. (Vidoeq.) — Allusion à l’aspect rouillé de la bouteille. gâté. (Co- RouLANT. — Pois, (Halbert.) ROU CHEZ MA RouLANT. — Marchand d’habits ambulant. V. Chineur. ROULANT, ROUNANTE, ROULOTTE — Voiture. — « Tout ce maquillage ne te fera pas démar- ger en roulotte. » (Paillet.) ROULANT VIF. — « La science change la face de la civilisation par le chemin de fer, l’argot l’a déjà nommé le roulant vif. » (Bal- Zac.) Dictionn, de l’argot parisien, ROU TANTE ROULÉE. — Vigoureuse correction. Mot à mot : roulement de coups. LOULEMENT DE TAMBOUR. — Aboiement de chien. (Vidocq.) LOULER. — Battre vigoureusement. ROULER. — Tromper, duper, mystifier. — Ce mot présente la même image que charnier et fawre aller,-— À vrai dire, tromper les gens est bien les envoyer loin de la vérité. C’est une LA ee cr Livr, 28, “locomotion qu’on s'explique, — « Enfin je suis seul contre le gouvernement avec son tas de tribunaux, et je les roule. » (Balzac.) - Rourer. — Voyager. — Roulier est resté. V. Gadoue, Ça roule : Je me porte bien, je fais de bonnes affaires, 2. - (Caroule se dit d'une manceuyre exéeutée sans ensemble, lorsque les fusils ne résonnent - pas à la fois d’un seul coup, RoULEUR, — Fripon, trompeur. — « Cela ne serait pas bien ; nos courtiers passeraient pour des rouleurs, » (Lynol.) ROULEUR, — «Ses fonctions consistent à présenter les ouvriers aux maîtres qui veulent les émbaucher et à consacrer leur engagement, C’est lui qui accompagne les partants jusqu’à la sortie des villes, » (G. Sand.) RouLBusH, — Femme galante. Mot à mot : roulant dans les endroits publics en quête de chalands, — « Angélina ne se souvint plus de la lorette rouleuse, ni de la lorette soupeuse, » (Boursicotiérisme.) ROULOTTAGE (GRINOHIR AU). — Voler les maisons de roulage. ve, ROULOTTIER, — « Au lieu de travailler en chambre, il travaille en voiture, Il saisit un colis sur un camion de- roulage et s'éloigne avec sa proie. » (A, Monnier.) RouLOTTIN, — Charretier, Roumarp, — Roué, (Grandval.) Change- ‘ment de finale, Rourrn, — Punaise, (Vidocq.) — Elle a la forme et la couleur d’une roupie de tabac. RoUPIH DH BINGE. — Rien. Roupie à ici le sens de monnaie. V,Monnaie de singe. RoUPILLER. — Dormir. — « Il est bien temps de roupiller. » (Henrade travestre.) dor- meuse. (Halbert.) ~ Roupis. — Vieux priseur ayant la roupie au nez, — « Garçon ! me dit un vieux roupis. » (E. Debraux.) “ ROUSCAILLANTE. — Langue. (Halbert.) ROUSCAILLER BIGORNE. — Parler argot. Rousse, rRoussiy. — Agent de police. Du . vieux mot rouchin : rosse, mauvais cheval. — « C’était l’agent de change que suivaient les roussins. » (Vidocq. )-—« % quoi penses- tn? fu bois avec des rousses. » (Chenu. ) LE ROUSSE. — Police. — « Ils croient oir partout la rousse. » (Paillet.) A Roussr.— Monchard de prison, (Combes. = RôvssIN, — V. Rousse, RouUSssINER, — Faire arrêter par la police. 0 On vous roussine, Et puis la tine Vient remoucher la butte en rigolant. (Lacenaire.) Rousrir. — Escroquer, —- « La plupart des - banquistes ont un truc pour roustir les gonzes, c’est-à-dire une supercherie pour attraper les bonnes gens. » (Aventures de Sharp, 1789.) ROUSTISSEUR, —EUSE, — Voleur, voleuse. — « On accuse done c’te pauvre fille d’être une roustisseuse et d’avoir fait sauter Le es (Voizo.) ROUSTISSURE—Volerie, chose ne valant rien. RoUSTURE, — Homme en strveillance de dela police, ( Halbert.) RoyALE. — « Louis XITI rasait bien, et un jour il coupa la barbe à ses officiers et ne leur laissa qu’un petit toupet au menton. » (T. des Réaux,) De là sans doute ce mot, dit Mon- merqué, La royale devint l’impériale sous le régime napoléonien. RUBAN DE QUEUE, — Longue étendue de route tranchant à l’œil comme un ruban sur la terre où ses sinuosités lui donnent en même temps l’aspect contourné d'une queue d’ani- mal, Mot imagé. — « Comme ces grandes routes, rubans de queue de quatre ou cing lieues de long qui, rien qu’à les voir toujours toutes droites, vous cassent Los jumbes, » (E. Sue.) RUDE. — Remarquable. — « Mon vieux sabre, tu peux te vanter d’appartenir à un rude lapin. » (About.) V. Raide, Balle, Doux. RUDEMENT. — Remarquablement.— « Faut que je sois rudement malheureuse. « ( Vie pa- risienne, 1866.) RUE AU PAIN. —Gosier. C’est par là que les aliments passent. — « Commence, mon vieux, par arroser la rue au pain, dit la chiffonnière en remplissant le verre du voisin.» (C. Rabou.) Rue DE Rrvour. — Six de jeu de cartes. (Alyge.) RUETTE. — Gosier. Même allusion. — Dans 3 = [im “ A je Coils de tiie, Felon et Cadet “ Jérôme, qui a chanté mal, dit : « Vous sentez au un homme n’a pas le passage de la ruette fait pour la musique. » (Catéchisme posté 1840.) RUP, RUPART, RUPIN, RUPINÉ. — Print, homme riche. — Du vieux mot drup, drupe : homme distingué. (Diet. de Lacombe, 1766.) — «€ Madame, en v'là un rup! il m’a dit de garder la monnaie pour moi. » (Jaime.) — «Pour enfoncer un rupiné qui contemple mon petit minois chiffonné. » (Mouret.)— Se prend adjectivement.— « Tu étais dans une société assez rup. » (Montépin.) — « Faisons un bout ; de toilette ! que chacun soit rupin. » (Chenu.) Ruraux.— Les agitateurs de la Commune donnaient ce nom aux membres de l’Assem- - blée nationale réunis à Versailles, —— « Hier, 30 mars, les ruraux n’ont point tent de séance. Sont-ils retournés à la messe, sont-ils allés à vêpres, nous l’ignorons. » (Le Vengeur, 31 mars 1871.) RUSTIQUE: — Greffièr. (Halbert.) RUSTIQUE” (N'ÊTRE PAS). — N’être pas vi goureux, Du vieux mot ruste : fort. Rusrv. — Greffe. (Halbert.) Rurrère. — Raccrocheuse volant dans la rue. (Colombey.) SABLE. — Estomac. (Halbert.) — Vieux mot, d’où notre verbe sabler : boire. SABLER. — Assommer avec une peau d’an- guille bourrée de sable. (Vidocq.) SABocHE.— Homme qui déplaît. (Halbert.) SaBor, — Voiture, navire, violon. — Triple allusion de forme. SABOULER. — Crier. (Halbert.) SABOULEUX. — Faux épileptique. (Vidoeq.) SABRE. — Bâton. (Grandval.) SABREUR, TRAINEUR DE SABRE. — Militaire bruyant et fanfaron. — « Vous me faites pitié, tout sabreur que vous êtes. » (P. Borel, 1833.) SABRI. — Forêt, (Halbert.) On s’abrite à son ombre. V. Rebâtir. SABRIEUX. — Voleur de bois. SAC (AVOIR LE). —- Avoir de l’argent. Mot 4 mot : avoir le sac aux écus, — « A-t-elle le sac ? Cela veut dire en langage des halles : A-t-elle de Pargent ? » (G. de Nerval.) SAC (CRACHER DANS LE). V. Raccourcir. Shep! off ne fait rion ici.» one Juron exprimant ven d'être: dans «ne $ qui se plaçaient dans un sac de toile. 7 SACREBLEU, SACREDIEU, SACRELOTTE, Sa CRISTIE, SACRÉ NOM, SACRÉ TONNERRE. — Jurons chargés d’exprimer indifféremment ë colère, la joie, la surprise ou le chagrin. — a dit ensuite Saprebleu, Saprelotte ; puis, en abrégeant, Crebleu, Crelotte, Prelotte, Prôstie, Nom d’un..., etc., ete. L’idée d’ évocation divine fut Land + gm tenue dans toutes ces locutions. On prétait Dieu et les choses sacrées à témoin de tel ou tel fait ; Sacré nom d'un petit bonhomme s’a- dresse à Jésus enfant. Atjourd’hti, on pro- nonce ces jurons à propos de tout, sans penser à leur signification primitive fort défigurée, il est vrai, par les abréviations qu’a entraînées de désir de. satisfaire à l'habitude, sans avoir l'air ; de blasphémer. : SACRÉ CHIEN. — Eau-de-vie et par exten- sion : feu, flamme artistique ou littéraire. — « Vous nous râperez le gosier avec le troïs-six et le sacré chien dans toute sa pureté. » (Th. Gautier, 1833.) — « Les voilà parties chez Caplaine où elles demandent un depirseptiez de sacré chien. » (Vadé, 1788.) : SACREMENT. —— Sacrement du mariage, — « Oscar m’offrit le sacrement. » ( Festeau.) pas SACRISTAIN. — Amant ou mari de magne. relle. (Vidocq.) V. Marlou, SACRISTIE. — Juron. V. Sacrebleu, SAFRAN (ACCOMMODER AU)..— Faire une infidélité conjugale. — Allusion de couleur « Je ne suis pas fâché qu’elle ait accommodé au safran ce voltigeur de Louis XIV. » (EB " Augier.) : SALADR. + - Réponse. — Jeu dé mots. f ya une espèce de salade qu’on nomme rarponce, — « Voilà notre dernier mot. Nous attendons ta salade. » (Vidocq.) SALBIN. — Serment. (Halbert.) SALBINER. — Prêter serment. (Halbert) SALER. — Faire payer trop cher. — Même allusion que dans épicer, — « Les Chamouillez 7 SAP ont paré une de leurs chambres dans l’espoir de la louer à un prix salé. » (E. d’Hervilly.) SALER. — Critiquer, gronder vivement. — Allusion à l’action mordicante du sel. — « N’ou- bliez pas que vous m’avez promis d’oublier votre doucé bonté, et salez-moi bien cet ar- ticle. » (Geoffroy, Journal des Débats, — Lettre à madame de Valory, 1810.) SALIÈRES. — Cavités pectorales. (Dhautel.) Mot à mot: cavités aussi prononcées que celles d’une salièree — Une femme maigre décolletée montre ses salières. — « Je me vois refuser un quadrille par la petite G... qui a un million dans chacune de ses salieres. » (Vie parisienne, 1866.) SALIN. — Jaune. (Halbert.) SALIVERGNE, SALIVERNE. — Écuelle, salade. (Vidocq.) SALLÉ A LA BANQUE (DEMANDER DU). — Veut dire demander de l’argent d’avance dans une imprimerie. (Moisand, 1841.) SANG DE POISSON, — Huile. (Vidocq.) SANGLIER. — Prêtre. — Jeu de mots. Le sanglier ou sans-glier est le sans-diable. V. Glier. — Allusion à la mission divine du prêtre qui est d’enlever les condamnés au démon. V. Hariadan, Cuisinier. SANS-CULOTTES. — Républicain terroriste dont les jambes dédaignaient les culottes courtes. — Après avoir désigné le costume, le mot désigna ensuite l’opinion. — « Mais le sans-culottes Jésus n’a pas dit dans son livre.» (Camille Desmoulins, 1790.) SANs-Dos. — Tabouret. (Vidocq.) — Le tabouret est sans dossier. SANTU.— Santé. (Grandval.)— Jeu de mots. SAP, SAPIN. — Cercueil de sapin. — « Avant d’étre mis dans le sap. » (Festeau.) SAPER. — Condamner. V. Copeaux. SAPIN. — Planche. (Halbert.) SAPIN. — Soldat. (Colombey.) SAPIN. — Fiacre. — On lit dans un pam- phlet de la révolution de 89 (Apocalypse): — «M. Desmoulins, l’abbé Noël, MM. de Beau- mont et Keralio avaient loué pour toute la soirée un sapin national pour se faire voir dans la promenade. » : = SAPIN (SENTIR LE). — Faire pressentir une mort prochaine. — On dit : Voilà une toux qui sent le sapin. — Usité dès 1808. V. Claquer. SARDINES. — Galons de sous-officier. — Allusion de forme et d’éclat. — « L’un portait la sardine blanche. » (Nadaud.) SATTE, SATOU. — Bois, bâton, forêt. — Vieux mot. V. Greffier. SATOUSIER. — Menuisier. (Vidocq.) SAUCE (DONNER UNE). — Gronder. (Dhau- tel.) — On dit de même : bien accommoder quelqu'un. SAUTER. — Puer. (Halbert.) — Ca saute est un augmentätif de ca danse. — Allusion aux vers produits par la décomposition. V. Danser. SAUTER. — Cacher un produit de vol & ses complices. SAUTER LA BANQUE (FAIRE). — Forcer une banque de jeu a fermer pour manque de fonds. — « Quy avait-il d’étonnant à voir cet escroc faire quelquefois sauter la banque. » (A. Sirven.) SAUTER LE PAS. — Mourir. (Dhautel.) Mot à mot : sauter le pas qui sépare*la vie de la mort. SAUTERELLE, SAUTEUSE. — Puce. (Vidocq.) SAUTEROLLES, SAUTERONDS. — Agent de change. (Halbert.) — Il fait sauter les ronds des autres. : SAUTEUR. — Intrigant éhonté, prêt à sauter. Mot à mot : à cabrioler en l’honneur de tous . les partis. — « Il avait appelé sauteur un plu- mitif multicolore. » (Marx.) SAUVAGE. — Complétement nu. — « Quand on est bati comme ca, faut-il étre chiche de ne pas se fiche en sauvage! » (Gavarni.) SAVATE. — La savate, que l’on appelle au- jourd’hui chausson, est la boxe française, avec cette différence que la savate se travaille avec les pieds, et la boxe avec les poings. » (Th. Gautier, 1845.) SAVOIR LIRE. — Connaître toutes les ruses. (Vidocq.) Savon. — Réprimande sévère. On dit de même /aver la tête pour réprimander quelqu’un. SAVONNÉ,. — Blanc. — La cause est prise pour effet. SAVOYARD. — Rustre. — « (Pest done toi, savoyard. À genoux, obstiné ! » (Ourliac.) À I SaxE. — Porcelaine de vieux saxe. — | «Vous avez un tas de bric-à-brac, des saxes.» - (Carmouche.) SCHABRAQUE (VIEILLE). — Vieille prostituée. ScHENICK. — Eau-de-vie. V. Chenique. — « Un verre de schenick scella nos serments. » (Lombard de Langres, 1792.) ScuNarPs. — Eau-de-vie. — C'est le seul mot russe que nous ayons, sans doute depuis la guerre de 1812. M. de Fontenay, auteur d’un Voyage agricole en Russie (1872), dit qu’on n’y distille guère que les grains, surtout leseigle. « Le produit s'appelle snapp et sert à griser une foule de gens.» Scie. — Tourment, mystification répétée 3 d’autant plus de fois qu’elle paraît agacer l’au- À diteur. — Allusion à la scie qui revient tou- jours en grinçant sur elle-même. — « Les femmes, c’est la scie pour les domestiques. » (Ricard.) — « Les scies les plus farouches l’avaient trouvé inébranlable. » (Miirger.) SCIER, SCIER LE DOS. — Tourmenter. — « Laisse-moi, Cadet, tu me scies. » (/tousse- liana, 1805.) SCIONNEUR. V. Kscarpe. se SEC (ÊTRE A). — Être sans argent, n’avoir rien à boire. SÉcor. — Maigre. — « L’une est grasse, l’autre est sécot. » (Pecquet.) SEIGNEUR A MUSIQUE. — Assassin. (Hal- bert.) Jeu de mots. — Il saigne. SEMAINE DES QUATRE JEUDIS (LA). — La semaine qui n’arrivera. jamais, puisqu’elle n’existe pas. — « Ça, c’est pour la semaine des quatre jeudis, puisque nous n’avons pas bougé du camp. » (Commentaires de Loriot, 1869.) SENAQUI. — Pièce d’or. (Colombey.) — Anagramme de sequin. SENT MAUVAIS (ÇA). — Cela va mal tour- ner. SENTIMENTALISME, SENSIBLERIE. — Sensi- bilité inopportune. — « C’est la guerre, la guerre pour tuer, pour vaincre, comme doit être la guerre, sans sentimentalisme ! » (L. De- troyat.) SENTINELLE. — Excrément isolé. V. Fac- tionnaire, SENTIR. — Aimer. (Vidocq.) SENTIR (NE PAS). — Détester. — On dit de san > et. SÛN Sai = même : Avoir dans le nez (quelqu’un qu’on ne peut sentir). SENTIR LES COUDES A GAUCHE. — Marcher avec ensemble, comme les hommes d’un pelo- ton en sentant les coudes du voisin afin de se maintenir sur la ligne du guide. Dans une ca- ricature de juillet 1830, Levasseur fait dire à deux combattants : « Que sentiez-vous en voyant tomber vos camarades à côté de vous ? — C' que j’ sentais !.…. les coudes à gauche. » SER. — Signal. (Vidocq.) V. Sert. SER (FAIRE LE). — Faire le guet. (Halbert.) SERGO. — Sergent de ville. — Changement de finale. — « Les sergos nous avaient jetés dans les culs de basse fosse. » (Sauton.) SERIEUX. — Pour les lorettes un homme sérieux est un homme riche. — Pour les gas- tronomes, un repas sérieux est un repas bien compris. — Pour les artistes et les lettrés, un homme sérieux est celui qui s’est acquis une valeur personnelle. — Pour les bourgeois, être sérieux, c’est avoir une position dans le monde. SERIN. — Niais. Mot à mot : naïf comme un serin. — « Tu ne sais pas ce que c’est que d’être l’amant d’une femme. Es-tu serin à ton âge ! » (E. Sue.) SERINER. — Divulguer. V. Serinette, SERRANTE. — Serrure. (Vidocq.) SERRE. — Avare, peu fortuné. — « Il parait même qu’il est très-serré. » (H. Monnier.) SERRER. — Mettre en prison. — On n’y est pas au large. — « La plus cruelle injure qu’une fille puisse jeter à une autre fille, c’est de l’accuser d’infidélité envers un amant serré. » (Balzac.) SERT. — Signe d’entente à l’usage des grecs. SERRER LA VIS. — Étrangler. SERVIETTE. -— Portefeuille. (Halbert.) — Il se plie comme une serviette. SERVIETTE, — Canne. (Colombey.) SERVIR. — Prendre, arrêter. — « Frangin et frangine, je pesigue le pivot pour vous bonnir que mezigue viens d’être servi maron à la lègre de Canelle (Caen). » (Vidoeq.) SERVIR DE BELLE. — Dénoncer à faux. SERVIR LE TRÈPE, — Faire ranger la foule. V. Curieux, SÉVÈRE. — Digne de réflexions sévères, — s SNO — 292 son ‘ r æ « Ah ! je votis raconterai ma vie. Je vous en dirai des sévères, mon bon ami. » (Ricard.) SHZIDRE, SEZIGUR, SEZINGO, SEZINGUARD. ~ — Lui. (Halbert, Colombey.) SIFFLET (SE RINCER, S'AFFUTER LE). — Boire. — « Là, plus d’un büveur venait se rincer le sifflet.» (Colmance.) — « Faut pas aller chez Paul Niquet six fois l’j our gaffuter le sifflet. » (P. Durand, 1836.) Srour, siatvr. — Pièce de vingt francs. (Halbert.) — Abréviation de cigale. V. ce mot. - Double signe, — Pièce de quarante francs. (Halbert.) SIMON. — La maison où les vidangeurs tra- vaillent est appelée par eux atelier et le pro- priétaire de cette maison est appelé par eux Simon. (Berthaud.) Sine QUA NoN. — La chose indispensable. — Sine qua non possumus s'entend ordinaire- ment de l’argent. — « L'entretien est le sine quu non de l'élégance. » ( Balzac.) Stvéx. — Chef d’atelier, patron. (Halbert.) Srvcr. — Voyageur juché sûr l’impériale d’une voiture. Sings. — Compositeur d’imprimerie. — « Ainsi nommé à cause du continuel exercice qu’ils font pour attraper les lettres dans les cinquante-deux petites cases où elles sont contenues. » (Balzac.) Sinvk. — Dupe. (Halbert.) V. Afranchir, Rifle. Strop. — Vin. — Il a la couleur du sirop de groseille. V. Pomper. Avoir un coup de sirop : SirorEr. — Boire avéc excès. bonheur était d’aller siroter le vin à dix de la Courtille. » (Ricard.) SIROTEUR. — Buveur. — « Prenez trois étudiants, vous obtenez deux siroteurs. » (Michu.) SIT NOMEN. — Argent. — Les anciens écus frappés à l'effigie des rois (Louis XV et Louis XVI) portaient att revers l’éeu fleurde- lisé entouré de là dévise religieuse : Si nomen Domini benedictum. SMALAH. — Ménage, réumnion de la femme, des enfants et du mobilier. — Le mot vient d’Algérie. “ Syosoyn. — Trés-bien. V. Chocnoso. Etre gris. traduire mot à mot ainsi : == « Son SOCTETH 1D’ ADMIRATION MUTUELLE (ETRE DH LA). — Faire partie d’une association — secrète de gens qui se sont engagés à se pousser respectivement dans le monde, en feignant de = se témoigner une admiration mutuelle. On a beaucoup parlé d’une société de ce genre à 5 l’armée d'Afrique. Quoi qu'il en soit, est un procédé pratiqué en tous temps et en tous pays. SOCIÉTÉ DU DOIGT DANS L’ŒIL (ÊTRE DE LA). — Avoir les illusions de la vanité. V. Doigt. Sœur. — Maîtresse. — Terme ironique | inventé pour railler ceux qui dissimulent leurs liaisons sous des liens de parenté fictifs. — On dit en ce sens : J’ai rencontré X... avec sa sœur. sœur, est-elle malade ? qui se dit encore, mais moins souvent. Cette interrogation peut se « Et ta maîtresse, comment va-t-elle ? » — Il va sans dirs que c’est une itisulté; elle se lance souvent à Paris, à propos de tout, et les trois quarts de ceux qui la formulent ne se doutent pas de ce qu’elle signifie, — « Sais-tu ce qu’il me répond ? « #f ta sœur ? » — Je l’aurais cogné. » (Monselet.) M. Philarète Chasles à révélé que la pu- dique Allemagne est aussi avancée que nous sous ce rapport. Elle appelle buhl schwester (sceur d’amour) une fille galante. « Quant & et ta sœur ? ajoute-t-il, les Allemands ne disent pasautre chose avecles deux mots: Ja Æuchen.» Sorrrer. — Boire outre mesure comme si on avait grand’soif. — « Là, j'soiffons chacun nôs trois poissons. » (Les Amours de Jeans neite, 1813.) SOIFFEUR, SOIFFARD. — Grand buveür. SoraNÉR. — Fait à notër soignenisement. — « Oh! en v’là une soignée. » (La Bédollière.) SorssoNné. — Haricot. — Soissons est la patrie des haricots. SOLDAT DU PAPE. — Mauvais soldat. — En 1758, Le Duchat disait déjà : « Soldats du pape, méchantes troupes. «Machiavel à dit que les compagnies de l’Église sont le déshonneur de la gendarmerie. » SOLEIL (AVOIR UN COUP DE). — S’enivrer. (Dhautel.) V. Coup. : Piquer un où son soleil : rougir. Recevoir un coup de soleil : tomber amou- Sidrat (ue va) — Abréviation de Beta 3 renx. — « Mesdemoiselles, nous avons recu un cong de soleil soigné. » (Villars.) Sonik. — Vendre. — « Jai rencontré mar- : candière qui du pivois solisait, » (Vidocq.) = SOLITAIRE. — Spectateur qui, pour payer eos cher sa place, entre au théâtre dans les - rangs de la claque, Son nom indique qu’il ne se croit pas obligé de faire chorus avec ses — bruyants compagnons, — « Grâce à une pièce de cinquante centimes, j'entrai en qualité de solitaire. » (A. Second.) SOLLICEUR. — Marchand. (Vidocq.) SOLLICEUR DE ZIF. — Escroc vendant sur faux échantillon. (Idem.) SOLLICEUR A LA POGNE. — Marchand am- “ bulant. (Colombey.) — Il lui faut de la pogne pour pousser sa petite voiture. - SoLLISAGE. — Vente. (Colombey.) Sowpz. — Médecin. (Vidocq.) SONDER. — Espionner, SONDEUR. — Commis d’octroi. (Vidoeq.)— Il sonde les voitures qui passent. SONDEUR. — Espion. SONDEUR. — Observateur. SONNETTE. — Pièce d’argent. — Elle sonne dans la poche. — « Et les sonnett’s en poche, j'accours à l’Opéra. » (Désaugiers. ) SONNETTE DE BOIS (DÉMÉNAGER A LA), — Emporter ses effets sans avoir payé sa cham- ‘bre, en tamponnant la sonnette d’éveil qui signale la sortie d’un hôtel garni. — « Car il | était réduit à déménagerà la sonnette de bois.» - (Chénu.) SOPHIE (FAIRE SA). — Se donner des airs de sagesse. — Hellénisme, — « A quoi ça m'’aurait avancé de faire ma Sophie ? » (Mon- selet.) SORBONNE. — Cerveau. — « La sorbonne est la tête de l’homme vivant, son conseil, sa pensée. » (Balzac.) — Date du temps où les décisions de la Sorbonne faisaient plus de bruit dans le monde intellectuel, SORBONNER. — Penser. (Halbert.) SORGE, SORGUE. — Soirée, nuit. (Vidocq, Halbert. ) — Au moyen âge, on disait sorne. Vv. Baite, Sorne. _ SORGUER. — Passer la nuit. — « Content de sorguer sur la dure, va, de la bride (chaine) je n’ai pas peur. » (Vidocq.) i SORGUEUR, — Voleur de nuit. SoRNE, — Noir. (Halbert.) SORT (IL ME). — Il m'est insupportable, SORTIR LES PIEDS DEVANT. — Être mort. Mot à mot : porté dans un cercueil. — « Le bruit courut que la jolie fille était séquestrée dans un cabinet noir et qu’elle n’en sortirait que les pieds devant. » (About.) SOUDRILLARD. — Libertin. (Vidocq.) SourrLANT, — Pistolet. — Allusion & la décharge. V. Baya/e, SOUFFLE, — Pris, arrété par la police. SouLasse.—Traître, trompeur. (Colombey.) SOULASSE (GRANDE.) — Assassinat. (dem, ) SOULEVER. — Voler, SOULOGRAPHE, — Vieil gat. SOULOGRAPHIE. — Ivrognerie. (Vidoeq, 1837.) — «Ils feront de la soulographie, et adieu votre typographie, plus de journal ! » (Balzac.) SOUPE (TREMPER UNE). — Battre. Mot à mot : faire avaler une correction — « Où qu’tu vas, Polyte ? — Je vas tremper une soupe à ma femme quest une feignante qu’a pas tra- vaillé, » fait dire Gavarni à un souteneur al- lant rouer de coups la malheureuse qui n’à pas trouvé d'argent. SOUPE AU LAIT. — Homme colère. — Le lait bouillant déborde avec rapidité, SOUPEUR, SOUPEUSE. — Viveur, viveuse, passant les nuits à souper. — « Est-ce que les soupeurs savent jamais ce qu’ils boivent et ce qu'ils mangent ? » (Frémy.) SOUPLE. — Bleu. (Halbert.) SOURICIÈRE. — Piége tendu par la police. — « Tendre une souricière pour le faire pin- cer par la police. » (E. Sue.) SOURICIÈRE.— Dépôt des prévenus, à la pré- fecture de police. (Halbert.) SOURICIÈRE. — Lieu surveillé par la po- lice. — « C’est une vraie souricière que votre tapis franc. Voilà trois assassins que j'y prends. » (E. Sue.) Sous-V ENTrIbrE.—Écharpe de maire, d’in- tendant ou de commissaire de police, — Allu- sion à la pièce de harnachement qui passe sous le ventre du cheval. i SPADE. — Epée, — Vieux mot. — Espa- don nous est resté, SPECK. — Lard. — Germanisme. - speechs. » (Heine.) évoquer des esprits invisibles. -— Mot anglais. une scène, une scène sterling. » (Balzac.) par tête. STRoc. — Setier. V. Demi-stroc. Terme anglais. bert.) . STUQUER. — Partager. (Halbert.) du fond. bergue. » (Vidocq.) anciennes. » (Lynol.) SusriL. — Dur. (Halbert.) land.) — On les suce très-longtemps. figuré. on canine a pour pendant : appeler Azor. SPEECH. — Allocution. — Mot anglais. — « Quelque gars. quine sache point faire de SPIRITE, — Personne prétendant ou croyant SPORT. — Exercices en plein air : course, chasse, canotage, pêche, gymnastique, etc.,etc. SPORTSMAN. — Homme de loisir se consa- crant aux exercices du sport. — Mot anglais. STERLING. — Grand, considérable. — Allu- sion a la valeur relative de la livre anglaise qui était vingt-cinq fois plus forte que la livre française. — On parle des galanteries sterling d’un entreteneur dans un roman de Rutlidge (Vice et Faiblesse, 1786.)— « La dévote a fait On dit demême s’ennuyer à vingt-cinq francs STICK. — Canne-cravache. — Mot anglais. Srup-Book, —- Livre des haras. (Paz.) — Struc, sSTUQ. —- Part de vol. (Grandval, Hal- STYLISTE. — Ecrivain uniquement préoc- cupé du style, c’est-à-dire de la forme, et non SUAGE. — Assassinat. V. Suer (faire). — « Nous voulons bien maquiller le suage de ton rochet, mais à la condition de tout connir. n’y a que les refroidis qui ne rappliquent ni- SUBLIMER (SE). — Se raffiner. — « Les jeunes biches se sont sublimées au contact des SuçoN. — « Faire une consommation fana- tique de sucres d'orge, dits sucons. » (Rol- SUCRE (CASSER DU).— Dénoncer. V. Casser. SUCRE (¢'EST DU), C’est bon.—Se prend au SUCRE (FARE MANGER DU). — Soigner I'en- trée d’un acteur, l’applaudir. Cette comparai- SUER (FAIRE). — Tuer. Mot à mot : faire suer du sang. V. Chêne. — : SUER (FAIRE). — Accabler d’ennui quel- qu’un. — « Vous me dites mignonne, avec l’accent de l’âme : Tais-toi donc ! tu me fais suer. » (A/manach du Hanneton, 1867.) SUER (FAIRE). — Se faire donner sa part d’un vol. (Halbert.) Sur. — Suivi. — Abréviation. Svrr. — Réprimande. SUIFARD, SUIFÉ. -— Chie, élégant. V. Asti- quer. SUISSE (FAIRE). — « Le soldat a le point d'honneur de ne jamais manger ou boire seul. Cette loi est tellement sacrée, que celui qui passerait pour la violer serait rejeté de la so- ciété militaire, et on dirait de lui : // bot avec son suisse,et le mot est une proscription. » (Vi- dal, 1833.) — « Un soldat français ne doit pas faire suisse, ne boit jamais seul.» (La Bédol- lière.) Le premier exemple donne la clef du mot. Le soldat ne peut boire avec son suisse (con- cierge), puisqu’il n’en a pas, donc il boit seul. Tronie inventée pour rappeler quelque engagé d’opulente famille aux règles de la fraternité. SUISSESSE. — Mélange d’absinthe et d’or- geat. Il est plus doux, plus féminin, que l’ab- sinthe dite suisse. SUIVEUR. — « Une femme passe devant lui, le suiveur accélère son pas, dépasse sa vic- time, et se retourne bientôt pour juger de la beauté de l’objet de sa poursuite. » (Roque- plan.) SUIVEZ-MOI, JEUNE HOMME. — « Üe sont ces deux grands rubans flottants au-dessous des cols de manteaux des dames. Une grande cou- turière de Paris les a appelés ainsi. » (Lespès, 1866.) ; SUPERLIFICO, SUPERCOQUENTIEL, SUPERCO- QUENTIEUX. — Merveilleux. — « Lorsqu’un épicier étale devant sa boutique un superli- coquentieux morceau de fromage, n’est-ce pas tenter le peuple? » (Ch. Fourier, 1836.) SURBINE. — Surveillance. (Vidocq.)— « On calcule les dépenses que fait le mecque en sur- bine. » (Stamir.) SURETÉ. — Police de sûreté. V. Fel de soëe, SURFINE. — Sœur de charité. (Colombey.) À V. Chemin, LA SURET. — Vin acide, sûr. — « Et j’lampe au cabaret le suret. » (Charrin.) SURGEBER.—Condamner en appel. (Vidocq.) Mot à mot : surgerber. V. Gerber. SURIN. — Couteau. —- De suer, assassiner. VEUVE SURINER. — Tuer au couteau. SURINEUR.— Donneur de coups de couteau. SYDONIF,-— « Les têtes de bois qui servent à monter les coiffures ont un nom. Cela se nomme une Sydonie chez tous les marchands.» | (Lespès.) bu Honn. delargot parisien. ™ — 295 — SYD \ = - TABAC, — Position critique. — « Ceux qui ‘ont supporté tout le tabac, prennent ce qu’on eur donne, » (Commentaires de Loriot.) - TABAC (DONNER DU). — Battre. — « Si tu “m'’échauffes la bile, j je te £.. du tabac peut la , semaine ! » (Vidal, 1833.) ; TABAR, TABARIN, — Manteau. (Grandval.) — C’est un vieux mot, C’est aussi l’anagramme de rabat, V, ce mot. T'ABATHÈRE (OUvaIR sa ).— Péter, — Allu- sion au bruit qu’on faisait en ouvrant les ta- ‘ batières sans charnière, — « Que son ponent te serv” de tabatière.» (L’Après-souper de la Halle, dix-huitième siècle.) TABLE (SH METTRE A), — Monter sur da tu- ble : dénoncer à la justice. — Même image que dans manger le morceau, manger sur Lor 3 - gue, ete. TAFE, TAFFERIE, TAFFETAS, — Peur. — Au- - trefois on disait : les [esses luë font tif taf: pour:ila peur. (Oudin, 1640, y= « Ce n'est pas toi ni tes paysans qui nous f... le tafe. » Le 1833.) TA¥FER. — Avoir peur. — De l'allemand “taf. V. Fiver. TALON ROVGE.— Aristocrate. — Le droit de - porter des talons rouges était un signe de no- blesse. — « Tous les talons rouges de l’ancien régime qui trahissent le peuple. » (Hébert, 1793.) TAMPON. — Poing.— « Je lui ai envoyé un A coup de tampon sur le mufle. » (Th. Gautier, 1845.) TANDEM. — Voiture à deux chevaux attelés l’un devant l’autre. — « Nul ne porte mieux un habit, ne conduit un tandem mieux qùe lui. » À {Boing “Tam-T'an, — Fracas prémédité.— Allusion au bruit du tam-tam. — « Trop de boursou- lure, trop de tam-tam dans ce factum. » ; x Éclair, 23 juin 1872.) * : a> i TANNER LE CUIR, LE CASAQUIN. — Rosser. — « Si vous vous .permettez, je connais une personne qui vous tannera le cuir. » (Gavarni.) TANTE. — Mont-de-piété. — Terme ironi- que à l’adresse de ceux qui déguisent la source d’un emprunt en disant qu’ils ont eu recours à leur famille. — « Tous mes bijoux sont chez ma tante, comme disent mes camarades lors- qu’elles parlent du mont-de-piété. » (Achard.) TAPE, TAPE DANS LE N®UD. — Kmouvant, | frappant, réussi, — « Aussi a-t-on fait plus sieurs coupléts sur tous les ministres dont le portrait est bien tapé. » (1742, Journal de Barbier.) — « C’est un peu tapé dans le Go nœud, » (La Bédollière.) : ; TAPEDUR. — Serrurier. (Vidocq.) TAPÉE. — Grosse réunion. — « Quelle tapée de monde, bon Dieu ! » ( Commentaires de Lie riot.) TAPER, TAPRUR. — Emprunter par métier, emprunteur. — « Le roi des tapeurs vous ac- coste ; il vous prend le bras, il se penche à votre oreille; — vous êtes tapé, Aurais-tu cent sous à prêter à ton ami ? vous dit-il. » (At i manach du Hanneton,) - : TAPER. — Enivrer. — « Ce scélérat de vin de Champagne avait joliment tapé ces mes- sieurs. » (Festeau.) : TAPER DE L'@IL, — Dormir. — « Il y avais plus d’une heure que je tapais de l’œil quand je m’entends réveiller. » (Wuvres badines. de . Caylus, 1750.) : = Tarix. — Tambour. — Îl tape sa caisse. — « Le tapin qui tambourinait en tête de Pow 3 | couade. » (La Bédollière.) : i Tari. — Auberge, cabaret. (Vidoeq.) - TAQ, TAQUER, TAQUINE. — Jon hausser, hauteur. (Halbert.) TARTE. — Qualité bonne ou mauvaise. (Vi- ‘docq.) — Plus souvent mauvaise. V. Æscrache. TARTINE. — « Immenses phrases lardées de | Xe mots canphatiques à si ingénieusement nom- mées tartines dans l'argot du journalisme. » (Balzac.) ; TARTINER. — « Tu n’as pas assez de style pour tartiner des brochures. » (Balzac.) ‘leur sur le fait, en présence du tas formé par les objets volés. : Tasse (LA GRANDE). — La mer. — « C’est vrai qu’un peu plus vous buviez à la grande tasse. » (Ricard. ) : TarovrrLn. — Volée de coups. — Abrévia- | tion de ratatouille. — On met son adversaire en fatouille comme on le met en compote. TAUDION. — Petit logement, petit taudis.— « J’ai vendu ce que j'avais pour payer le tau- dion où nous couchons. » (Lynol.) + TAULE, TOLE. — Maison. — « Dans une tôle enquille en brave, fais-toi voleur. » (Vi- - docq.) TAUPIN. — « Le simple faupin, le candidat qui se présente à la colle d’admission à l'É- -cole polytechnique, possède déjà des connais- ‘sances supérieures. » (La Bédollière.) ‘TÊTE (FAIRE SA), — Prendre de grands airs. — «Tu y gagnes d’avoir l’exercice une fois _ de plus par jour pour apprendre à faire” ta tête. » (Vidal, 1833.) TÊTE CARRÉE, TÊTE DE CHOUCROUTE, — Allemand, — « On ne résiste pas à tant d’at- traits. La tête du baron, une tête carrée pour- tant, tourne. » (E. Villars.) Têre DE TURC. — Plastron, homme en but à toutes les attaques. — Allusion à la tête de turc figurée ordinairement sur la mécani- que destinée par certains marchands à faire apprécier la vigueur de tel ou tel coup de poing. — « M. Duvergier de Hauranne est écouté. Mais comme il faut une tête de turc à l’Assemblée, le général X... devient le souffre- douleur. » (Paris-Journal.) TÊTES DE CLOUS, — « Un journal, tel qu’on les fabriquait alors, tiré sur papier à sucre, avec des caractères flétris du sobriquet de têtes de clous. » (Villemessant.) THomas. — Pot de chambre, baquet d’ai- sances. — « Parmi les consignés occupés à passer la jambe à Thomas (vider les baquets d’urine). » (La Bédollière.) — Équivoque sur | les moi vide Thon de hymns yopa : is TAS (PRENDRE SUR LE). — Prendre un vo- six mois à tirer, » Pâques. ok s TIGNE, TIGNASSE, — o Chovelire en tid or dre. — Du vieux mot figne : teignes Aplomb. TIRAGE (IL Y A DU). — C’est jo ont difficile. — Terme de cocher. Plus le chemin est rude, plus le cheval tire. ; TTIRANT.— Bas. — On le tire pour le moltre : —« Ses tirans et sa montante, et son combre galuché, son frusque, aussi sa lisette. » (Vidocq.) TIRANTE. — Jarretière. (Halbert.) TIRANT RADOUCI. — Bas de soie. (Petit Dict, d’Argot, 1844.) — Jeu de mots. se, TIRE (FAIRE LA). — Voler à la tire. — « Ils font la tire à la chicane, en tournant le dos à celui qu’ils dépouillent. » (Da Camp.) | TrrEr. — Passer, achever. — Un troupier libérable dans un semestre dit : « Jai encore TIRER. — Voler à la tire. — « vous com- mencez par tirer en valade, puis au grand tru vous marchez en taffant. » (Lacenaire, 1836.) TIRER (SE LA). — S’enfuir. Mot à mot : tirer sa crampe. by TIRER D’EPAISSEUR (SE), — Sortir d’em- oF barras. (1851, Almanach des Débiteurs.) ; TIRER LA FICELLE. — Passer & un autre, | comme les montreurs de diorama qui tirent la ficelle pour amener un autre décor, — « Sur leurs discours, crois-moi, tir’ la ficelle » | (Debraux.) ge TIRER L’ÉCHELLE, — Cesser par impossibi- lité d’aller plus loin. Mot à mot: de monter || plus haut. Très-usité quand on termine une énumération de choses étonnantes, TIREUR. — Voleur à la tire. à Trrr. — Gamin de Paris, — « Mousqueton est le titi par excellence, c’est le vrai gamin de Paris avec sa gaieté, sa souplesse, ses bons mots. » (Alhoy.) Toc. — Cuivre, bijou faux. — Allusion àla différence de sonorité qui existe entre le cuivre | et Por, — « Bagues, boutons de manchette et croix de ma mère en toc, 6 fr. 50,» (Les Cocottes.) , a Toc, TOCARD, TOCASSE, TOCASSON. — ait, méchant, de mauvaise qualité, inférieur comme aime = > 1er Ps >» 7 . ‘le cuivre vis-à-vis de l’or. — « IL’article de Cascaret est toc. » (J. Rousseau.) — « Croi- riez-vous qu’en parlant d’une femme laide, on dit : « Elle est toc, elle est tocarde... C'est un «© vicux tocard, c'est un vieux tocasson. » (N. Vanecke.) —- « Il goûta le pain dont les prisonnières se plaignaient : « Chouette ! dit- « il, j'en ai mangé de plus toc. » (Chenu.) Tocassrrrs. — Méchanceté. (Vidocq,) TOILES SE TOUCHENT (LES). — Il n’y à pas d'argent. Mot à mot : mes poches sont vides, puisque les toiles se touchent. — « Diable ! les toiles se touchent aussi chez moi. » (Ladimir.) TOISE (A LA). — Se dit des choses et des gens où la qualité cède le pas à la quantité. TOLÈDE (DE). — De première qualité. — Se dit ironiquement par allusion aux lames de Tolède dont la littérature romantique faisait une excessive consommation. — « Allons! arborez vos bons binocles de Tolède. » ( Petits mystères de l'école lyrique.) TOLLARD, TOLLE. — Bourreau. (Grandval.) TOMBER. — Terrasser. Mot à mot : faire tomber. — « La couleur Metternich a tombé le Bismarck. » ( Vie parisienne, 1867.) TomBEUR. — Lutteur invincible. — « Le tombeur de Renan y vient de temps en temps mépriser l’humanité. » (Les C'ocottes, 1864.) , TONDRE. — Primer une carte, au jeu. — « Je joue piche ! (pique.) — Au lieu de dire je prends, une autre répond : « Je tonds, » (Alhoy.) TONNEAU. — Degré. -— « Tu lui aurais rendusa politesse. — Plus souvent ! à un daim de ce tonneau ! » (Monselet.) — Ce terme de comparaison n’a pu être inventé que par des buveurs. Il est ancien. — « Ha, ha, vous estiez en estat de péché mortel. — Cestuy là, dist Panurge, est d’un aultre tonneau. » (Rabelais, Pantagruel, 1. IV, ch. LIT.) Torzr.—« Chaque fois qu’un dévorant ren- contre un autre ouvrier, il doit lui demander de quelle société il est. Ça s'appelle toper. » (Biéville.) Toro. — Officier d'état-major, plan topo- graphique. — On sait que la mission de l’état- major est surtout topographique. TSquane. — Inclination déraisonnable. — « Hortense est sur le chemin de la fortune... V. Casquette. Une simple toutes et elle est perdue. » (Les Pieds qui r’muent, 1864.) TOQUANTE, TOCANTE. — Montre. — Har monie imitative du toc-toc de la montre. — « Un monsieur qui me trouva gentille m’offrit un jour une toquante d’or. La montre me tentait. » (Rétif, 177° Contemporaine.) Toqué. — À moitié fou. — On dit de même: il a reçu un coup de marteau. C’est-à-dire : son cerveau est bien près de se fêler.—c« Ma chère, les hommes, c’est farce! toujours la même chanson : une femme à soi seul! Toqués! Toqués!! » (Gavarni.) ToQUER (SE). — S’éprendre. ToQUET (EN AVOIR DANS LE). — Etre ivre. — Méme étymologie. — « Chez Dénoyer j’entre, un peu dans le toquet. » (De- courcelle, 1839.) : 84 TORCHETTE (NET COMME). — Aussi net que si la forchette (torchon) y avait passé. TorcHoN. — Fille aussi sale qu’un torchon de cuisine. TORCHON (SE DONNER UN COUP DE). — Se battre. — « Allons jusqu’aux chouans leur donner un coup de torchon. » (Henry, 1836.) TORCHON BRULE A LA MAISON (LE). — Se dit pour annoncer une querelle domestique. Je ne suis plus son Jujule, Son chou, son rat, son trognon ; L’torchon brûle à la maison. (Dalès.) Torp-Boyaux. — Mauvaise eau-de-vie. — Elle donne la colique. — « Avaler un verre de tord-boyaux, comme l’appelait notre amphi- tryon. » (Vidal, 1833 TORTILLER. — Consommer. — « Voyez- vous, j'avais tortillé une gibelotte et trois li- tres. » (Ricard) TORTILLER. — Avouer. (Vidocq.) — C’est un synonyme de manger le morceau, dénoncer. Torrv. — Vin. (Vidocq.) Mot à mot : jus de bois tortu : vigne. V. Tortu. TORTUE (FAIRE LA). — Jeûner. (Vidocq.) — La tortue mange peu. Toro. — Sein. De téter. ToucHE. — Se dit des dehors d’un person- nage considérés en leur ensemble. — « Quelle touche ! » s’écrie-t-on à l’aspeet d’un grotes- que. — Le mot a dû naître dans les ateliers de peinture, ra dés Cat Ht i) plete Toucurr. — Frapper fort. — Ironie. Toucxk. — Peint, pensé ou écrit, vigoureu- sement fait. — Terme de peinture dans l’ori- gine. — « Comme c’est écrit! comme c’est touché ! » (L. Reybaud.) ToucHé. — Remarquable de figure. V. Touche. — « Hé! hé! pas mal touchée, lu bobonne. » (Villars, ) TouPrE. Femme de peu, tournant en toutes mains comme une toupie.—« Le roi autorisa la Lange a se livrer a toutes les extravagances qui sont l’unique mérite de la plus grande - partie de ces toupies. » (Précis de la vie de la comtesse Du Barry, 1774.) TOUR (FAIRE VOIR LE). —Tromper. V. Pra- tique, — « Tu veilleras à ce que la donzelle n’essaye pas de nous faire voir le tour. » (Mon- tépin.) — Connaître le tour : connaître toutes les ruses. TourLOUROU. — Du vieux mot turelureau, soldat de garnison. V. Du Cange. Au qua- torzième siècle, la turelure (prononcez tou- reloure) était une sorte de château flanqué de tourelles. — « Si le tourlourou est solide sur l’école de peloton, il n’est pas moins ferré sur l’école de la séduction. » (M. Saint- Hi- laire.) TOURNANTE. — Clef. (Idem.)— Elle tourne dans la serrure. V. Tremblant, Lourde. TOURNÉE. — Pile, correction faisant tour- ner et retourner la victime. — « Apres, je donne une tournée àla Chouette, Je tiens à ca.» (BE. Sue.) - TOURNÉE. —Rasade offerte devant le comp- toir du marchand de vins, — Ainsi nommée parce quelle fait le four de l’assemblée.— « Il offre une tournée au café Robert. » (Monselet.) TOURNER DE.— Faire les frais de. —« Lors- qu’il arrivait à Blossac de dire : Les dalles de la Morgue me réclament, Grimaille se conten- tait de dire : Je vais tourner d’un déjeuner. » (Dictionnaire Alonnier.) TOURNER L'ŒIL. — S’assoupir. — « Trois ou quatre méchantes chopines… et ça tourne l’œil. » (Gavarni.) TOURNER DE L'œIL. — Mourir. — « Du poison !... Allons, bois. tu vas tourner de l’œil tout de suite. » (Chenu.) TOURNURE. — « Toutes les dames et de- N Tr — 229 — expressif indiquant l’action de lier fout au ‘moiselles qui, pour suppléer au manque de rondeur de certaines parties, portent ce que madame de Genlis appelle tout crûment un polisson et que nous appelons une fournure. » (Th. Gautier, 1833.) TourTE. — Tête. — Comparaison de la croûte à la boîte osseuse du crâne, et de la garniture à la cervelle. V. Vol au vent. TOURTOUSE, TORTOUSE, TOURTOUSINE, ~~ Corde & menottes. TOURTOUSER. — Garrotter. (Vidocq.)—Mot tour, V. Criblage, Coltiger. TrAC. — Peur. — Onomatopée. — On donne le nom de trac à une maladie qui cause un frisson perpétuel. — Pendant le siége de Paris, on a publié le Zrac, journal des peu- reux. TRAIN (DU).— Vite, à grand train. —« Asie prit un fiacre et dit au cocher : « Au temple ! « et du train ! il y a gras. » (Balzac.) TRAIN (EN). — En train de se griser.—« Ce sera fort heureux si votre ami reste, car je le crois un peu en train. » (P. de Kock.) TRAINE-PAILLASSE. — Fourrier. — C’est lui qui règle avec l’employé le prix des dégra- dations des lits militaires. V. Rogneur, TRAINÉE. — Prostituée. Mot à mot : femme se traînant dans la rue. Trarr. — Infidélité — Abréviation de trait d’inconstance,— « Son mari lui avait fait tant de traits, qu’elle l’avait quitté. » (Champ- fleury.) TRALALA. — Grand appareil. — « Et puis, grand genre. Tout le tralala. Et du linge ! » (E. Villars.) TRAQUER. — Avoir le trac. V. E'sgourne. TrAavAIL. — Ce mot s’appliqueindistincte- ment à toute œuvre, bonne ou mauvaise, exé- cutée dans le but de gagner de l’argent. — Travailler, pour un malfaiteur, c’est tuer ou voler, Pour la prostituée, c’est provoquer le passant. TRAVAILLER. — Battre, tourmenter. — « Je vais la travailler dans le numéro de de- main. — Et il écrivait : « Madame Desbrosses quitte enfin le théâtre. Bonheur ! » (Philipon.) TrurLe, — Tabac. — Allusion à la couleur brune de ce fourrage, quand il est sec — « Lui À qui ult remué tant de trèfle de a1 régie, » - (Aubryet.) ~ TREFLE. — - devine TREIZIEME ARRONDISSEMENT (ARIE AU). ~ — En état de concubinage. — Allusion au mariage imaginaire, puisque, avant 1859, cet arrondissement n’existait point. — « Jamais “elle n’a été ma femme, pas même au treizième arrondissement. » (Bertall.) TREMBLANT. — Lit. - TREMBLEMENT. — Réunion, wilds géné- rale. — « À l’union de l’infanterie, de la cava- lerie, de tout le tremblement. » (La Barre.) TREMPÉE.— Correction. V. Soupe.—« Si je ne me respectais pas, je vous ficherais une drôle de trempée. » (Gavarni.) TRENTE ET UN, TRENTE-SIX (SE METTRE SUR © 80N). — Mettre sa plus belle toilette. —c Elle ‘S’était mise sur son trente et un, et je puis - vous assurer qu’elle était bien ficelée, » (Vidal, 1883.) TRÈPE. — Foule. — C’est troupe avec mo- “ dification de la première syllabe. V. Garçon, TRETON. — Rat. — Diminutif de trotteur. V. Greffier. ; T'RICOTER. — Battre, — Du vieux mot 77r:- cote : gros bâton. TRICOTER. — Danser, fuir, — Comparaison du jeu des jambes à celui des aiguilles. — « La peur m’a galopé et j'ai tricoté des fils de fer. » (La Correctionnelle.) TRIMAR. — Grande route, où trument les voyageurs.— « Travailler sur le grand trimar, - cest voler sur le grand chemin. » (Cénguante mille voleurs de plus à Paris.) Faire son trimar : raccrocher. V. Quart. TRIMARDER. — Cheminer. (Grandval.) TRINE, TRIMIN. — Rue, chemin. TRIMBALLER. — Marcher. Mot à mot : bal- ler sur la trime, aller sur lechemin, V. 77zmer, Baller. TriNGLOS. — Soldat du train. — Diminutif de train. — « Ce que les tringlos, soldats du ‘train des équipages militaires, ne pourront nous apporter, » (A. Camus.) T'rrPoLr, — Eau-de-vie. —Allusion à l’eau- dvi qui entre dans la composition du tri- poli. V. Astic. Anus, — (Pest une image qu'on Tomotie — Correction. — == -Du vieux moi tripeter : fouler aux pieds. — « Oh quell tripotée je vous ficherais, ma pote > varni.) Ey TROGNON, —Mot d’amitié.— « Enlorgnan ; la brunette, j'lui dis : Mon petit trognon. » (Les Amours de Jeannette, 1813.) haa Trois-Érorvrs. — Personne réelle ou fie tive, dont on cache, ou dont on paraît cacher le nom. — « La femme légitime de ce peintre 3 est la maîtresse du gros trofsdiotion, » (A. Bo i cond.) : TroIS-S1X. — Eau-de-vie. — Allusion au degré d’alcool. V. Sacré-chien, — « Au moins, moi, j Pis. pas que j'aime pos le trois-gix.» itt) a TroWEINE. — Physionomie ridicule. = « Tous ces imbéciles, ça vous a des vont prédestinées. » ( Vie parisienne.) TROMBLON. — Gosier.— « Vous avez de- 2 mandé dans la guinguette du bleu pour rincer — le tromblon. » (Almanach du Hanneton, 1867.) T'ROMBLON. — Chapeau ridiculement évasé. TROMPETTE. — Visage. — « Quelles drôlesde | binettes. Quelles vilaines trompettes. » (A. Meigne.) TROMPETTE. — Nez trop bruyant. Nez en trompette : nez très-relevé. + TRONCHE. — Tête, — « Gare la tronche! prends garde à la tête. » (Dhautel, 1808.) TROTTOIR (FAIRE LE).— Se dit des filles inscrites qui, le soir, se promenent sur le trot- toir voisin de leur logis. TROTTOIR (GRAND).— Au thédtre, veut dire : haut répertoire, : T'ROTTOIR (FEMME DE). — Prostituée. ‘ 'TROU (FAIRE SON). -——Arriver à une bonne || position, faire sa trouée dans la foule des am- bitieux. TROU SOUS LE NEZ (AVOIR UN). — Être grand buveur. — « ¢’ n'est pas tout encore, sachez que c’te pécore a z'un trou sous I'nez impossible à combler!» (Catéchisme pois- sard, 1844.) Être dans le trou : être enterré. > Être dans le trou : être en prison. — «Voilà pourquoi je suis dans le trou, c’est 3 pour un malheureux poivrier, que je me suis ati TROUBADOUR, — Fantassin, — Comme le troubadour, le fantassin fait en tous pays résonner sa clarinette.— Rousselot a fait le Troubade, chansonnette (1860.) — « Le troupier aujourd’hui est un troubadour qui compte tout au plus vingt ans de services. » (Marco Saint-Hilaire, 1841.) TROUBADOUR (GENRE), TROUBADOUR-ABRI- €OT, TROUBADOUR-PENDULE, — Genre litté- raire à la mode vers 1820, où l’on affectait “ sans grand savoir archéologique, de se repor- ter aux troubadours et aux trouvères des pre- miers temps de la monarchie. Les troubadours étaient représentés au théâtre vêtus de tuniques à crevés couleur abricot, et l’horlogerie même “ s'était emparée pour ses pendules du sujet à la - mode, — « M. Paul Delaroche et tous ceux qui firent la première campagne du romantisme ‘ riaient des partisans du genre chevalier-trou- badour-abricot. » (Privat d’Anglemont.) TROUFIGNARD, TROUFIGNON, — Anus. Trouvé. — Neuf, original. Truc. — Manière de voler. V. Roustir, Lem, Firer, — Du vieux mot truche. — La truche était l’art d’exploiter la pitié des gens chari- tables, Au moyen âge, les mots truche, truffe, trulle et fruf avaient le même sens de finesse et d’imposture. Ce dernier, qui ne diffère pas beaucoup de true, se trouve, dès le quatorzième siècle, dans une chronique rimée du due de Bretagne, Jean IV. (Lobineau, t. IT, col, 730.) “François prenoient trop divers noms Pour faire paour aux Bretons; Mais ils avoient plus de vieil trut — Que vieille truie qui est en rut. Notre société a donné au mot truc une foule d’applications : 1° Authéâtre, c’est la machine destinée à pro- duire un changement à vue. Les féeries sont des pièces à trucs, — « Cette donnée a fourni matière à un certain nombre de trucs, de dé- cors, de changements à vue. » (R. Deslandes, 1849.) — 2° Pour un auteur dramatique, le ruc est la science des détails. On dit d'un % d’existence. — « un digne nous ed ques renseignements sur son truc, c’est-à-dire le métier qui le fait vivre.» (P. d’Anglemont.) —4° Le truc est encore une ruse, un dehors trompeur. — « La vertu qu’on fait voir po mieux cacher le vice, voilà le true d’un sesque trompeur. » (Rousseliana, 1805.) TrUFFE. — Nez difforme du genre tubers cule. V. ce mot. TRUFFES (AUX). — Soigne. — La traffe est un aliment de luxe. —c Tu me feras un comple rendu aux truffes! » (E, Augier.) i ‘l'rurré, — Plein. -— Pris au figuré. — «La | petite machinette. est truffée de chic. » (Post, tite Revue, 1866.) aie TRUQUER. — Vivre de roueries. (Halbert) TRUQUEUR. — Fabricant de fausses anti- quités. — Champfleury a donné une physiolo- gie du Truqueur dans son Hôtel des commis- saires-priseurs. he TRUQUEURS. — « Gens qui passent leur vie” à courir de foire en foire, n’ayant pour toute industrie qu’un petit jeu de hasard. » (P. d’An- glemont.) — C’est aussi un homme usant de trucs, dans toutes les acceptions définies plus haut. V. Bouline. Tu QuoQUE.— Et toi aussi, tu en es done? — Latinisme. — Cette expression d’étonne- ment'a en frangais une ironie particuliére. — « La république de Saint-Marin vient d’en- voyer à l’empereur Guillaunie le grand-cordon de ses ordres. Tu quoque! » I Montteuts juin 1872.) Tose. — Estomac. — Se fourrer dans le tube : manger — Même allusion que dans fusil. V. ce mot. TuBz. — Chapeau de soie. — Allusion à sa forme cylindrique. hE TUBERCULE. — Nez à Votes et à verrues, ressemblant au tubercule ve excellence, à la pomme de terre, TUrrRE—T'abac. (Halbert.) — Anagramme du mot treffle, du moins pour les cinq pre- ; mières lettres. TULIPR ORAGEUSE. — Cancan. cn «Tous quatre frétillant des tulipes de plus e en plus orageuses, » (HE. Sue.) ds Srv Bl VAC La jupe d’une danseuse qui lève la jambe à la hauteur de l’œil, tend à prendre la forme du calice de la tulipe. De là le mot. TrumzAv. — Personnage suranné. — La mode des trumeanx date du siecle dernier. — « Ilse Pest brisée, mon Bourdonnard... Vieux trumeau, va! » (A/manach des Toqués, 1864.) TRYCHINE. — Prostituée. — L’épithète, qui date du temps où on parlait fort des risques que faisaient courir le: trychines dans la viande du cochon (1865), ne paraît pas s’être acclimatée. — « Trychine, qui dorez les vices, enguirlandez-moi. » (Michu.) TUNER.— Mendier, TURBINEMENT, — Jour de travail, — « Pour grinchir tu préféreras les fêtes aux turbine- ments. » (Vidocq.) TURRINER. — Travailler.— « Nous turbi- nons, en attendant, de façon à prendre Tlem- cen en grippe. » (Comment, de Loriot, 1869.) 'Turco. — Tirailleur indigène de l’armée d’Afrique. — « Un carré de turcos vint se for- mer sous nos pieds. » (Mornand.) Turr. — Champ de course, et par exten- sion, arène quelconque. — « Voilà de quoi “faire envahir par toutes les fashions le turf littéraire. » (Aubryet.) VACHE. — Prostituée avachie. — « Tenez, regardez donc madame en falbalas, dirait-on pas d’une vache avec ses veaux, » (Catéchisme potssard, 1844.) V. Blagueur, Veau, VACHERIE, — Acte entièrement bestiai. — Bachaumont dans le Constitutionnel, juin 1872, nous donne cet exemple du mot : « On s’éton- nait auprès d’elle de sa liaison avec un comé- dien qui la brutalise et la ruine, — « Que vou- « lez-vous, dit-elle, c’est de la vacherie! » Vade retro, calicots. » (A propos de au : VAD TURLUTINE. — « La turlutine qui joue le principal rôle de l’alimentation du soldat en campagne, se prépare en faisant cuire du bis- cuit pilé avec du riz et du lard. » (Cler, 1856.) TURNE. — Logis malpropre. Du vieux mot tourne : prison. — « L’immeuble !... je me suis tout de suite souvenu de cette turne. » (Mon- tépin.) ; TuyAU DE POËLE. — Chapeau rond, botte à l’écuyère. — Allusion de forme.— « Il donna un coup de poing dans son tuyau de pole, jeta son habit à queue de morue. » (1. Gautier, 1833.) V. Méchant. TUYAU DE POÊLE. — Botte. — Allusion de hauteur, de forme et de couleur. : a Typo. — Ouvrier typographe. a UrrRA, — Homme voulant au delà (ultra) de ce que désire son parti. — À ne pas con- fondre avec l’ultramontain clérical dévoué {à Rome, au delà des Alpes (ultra montes),— « Je crois qu’il faut user d’indulgence pour les ul- tras. » (C. Desmoulins, 1790.) | URLE. — Parloir de prison. (Halbert.) Mot à mot : lieu où l’on Aurle. — Les grilles sépa- rent assez les visiteurs pour les forcer à parler haut. X \ i VACQUERIE (ALLER EN). — Sortir pour voler. (Colombey.) — Diminutif de Vague. VA DE LA BOUCHE. — Geinfre, -- € A ces va de la bouche, tu faisais l’œil et te trouvais. heureux. » (Monselet.) VADE, — Attroupement. (Idem.) VADE RETRO.-— Arrière. — Mot à mot : ré- trograde, retire-toi ! — Latinisme. — « A la bétise peinte sur leur figure, il les a reconnus, a = VAG 204" VAL UT! VA DONC! — Abréviation de : Va donc te promener. — « Eh! va donc, grand fade. » (Ricard.) V. Allez donc, VAGUE (COUP DE). — Vol & la flan. Son au- teur est dans le vague sur le butin qu’il en pourra tirer. Un soir que j'étais dans la débine, Un coup de vague il me fallut donner. Pour travailler j’ mis au plan ma rondine, Et mes outils nous fûmes les déplanquer. (Halbert.) Di tona, do} ry ol parisien, | | POCHE, — Argent, — On ne sans celle-la. — « L’amour sans vaisselle de poche, ¢’est du caca. » (De- braux, 1832.) VALADE, — Poche de derrière d’un habit. (Vidocq.) — Du vieux mot avaler, descendre, La main descend dans la poche. V. Litrer. Tirer. VALTREUSIER. — Voleur de valise. (Val- treuse.) VAISSELLE DE peut pas manger Eve. Ar VANNAGE (FAIRE UN). — « Allécher par un pouiller. » (Vidocq.) VANTERNIER. — « Le vanfernier est encore une variété du cambrioleur. Seulement, au lieu d’entrer par la lourde, il préfère s’introduire par la fenêtre.» (A. Monnier.) VALSER. — Courir. V. Cheval, VALSER (FAIRE). — Accabler de coups. ; VaAurour. — Propriétaire exigeant et dur. —Dès 1587, on lit dans les contes d’Kutrapel: « Vaultours que signifient ils autres que les avaricieux qui, comme ces animaux, sont aspres - et désordonnément actifs à posséder les biens de ce monde. » — En 1806, Désaugiers don- nait M. Vautour au théâtre des Variétés, - VEAU. — Jeune fille de joie, condamnée au rôle futur de vache, V. Catégorie, Vache, — « Veux-tu souper ? — Pas avec toi ! s'écriait la «femme, tu sens l’ail !» Ce à quoi Bressant ré- pondait : « Cela ne t’arrivera jamais ; on n'en « met pas dans le veau ! » (A, Wolff, 1865.) VEÉCU (AVOIR). — Avoir expérimenté la vie, — € I savait tant de choses, il avait vécu. » (La Cassagne,) VurvarD, — Homme ayant habituellement de la veine, — « Il est sorti sain et sauf... c'est un veinard, » (Commentaires de Loriot, 1869.) VENT ET MOUSSE, — Rien pour toi! — Vent signifie ici flatuosité, V. Mousse. VENTERNE. — Fenêtre, — Elle donne accès au vent. V. Vanternier, Pieu_. | VENTRU. — Député conservateur, — « Les centriers, les ventrus et les satisfaits, c’est-à- dire cette espèce ruminante qui vit en tout temps à l’auge du budget. » (A. Dumas.) VER (TUER LE).—« Boire de l’eau-de-vie ou du vin blanc ; libation matinale, désignée par le dicton : tuer le ver. » (Mürger.) ç VER RONGEUR. — Voiture prise à l’heure pour faire des visites qu’on abrége dans le but d’avoir moins à payer au cocher. —« La lorette arrive en cabriolet et dit en entrant : « Docteur, « prêtez-moi donc de quoi renvoyer mon ver rongeur, » (M. Alhoy.) VERSAILLAIS, VERSAILLAISE. — Fidèle au gouvernement établi lorsque son -siége fut transféré à Versailles pendant l'insurrection de la Commune. — « Après avoir dénoncé petit profit l’homme qu’on se réserve de de- aux communeux son mari comme ve 6 de cœur. » (Lelioux.) 5: V'ERSIONNATRE. — Personnage faisant mé- tier de composer en version latine, pour les candidats bacheliers plus riches que savants. VarT. — Campagne. — Origine chevaline. — On se met au vert comme les coursiers. — « Nous partons pour Fontainebleau, huit a | dix jours de vert. de l’hygiène. » (B. Villars.) — VERTUBLEU VERTUCHOUX. — Jurons inno- cents, — Si nous en croyons cet exemple, il paraît que la vertu n’yest pour rien. On a commencé par dire veré et non vertu. —- « Vert et bleu ! dist frère Jan, il me desplaist gran- dement qu’encores est mon estomact, à juen. » (Rabelais, Pantagruel, livre IV, chap. 11.) Vértuchouæ équivandrait en ce cas à vert chou (chou vert.) ; VEsse, — Peur, (Dhautel.) — On connaît son action sur les intestins, — « Dans le lan- gage qu’affectionnent les collégiens, on dit, pour avoir peur : avoir la vesse. » (2° ncerrites diaire.) VESTE, — « Je crois que le filou qui comp- terait trop sur cette robe, ne remporterait qu’une vesfe. Vous savez que veste est syno- nyme d’insuccès, » (A. Monnier.) VusrrGEs, — Légumes secs, (Halbert.) — Mot à mot : légumes à à vesses, On connaît leur effet. VEUVE. — Guillotine. — Elle voit mourir tous les hommes couchés sur sa planchette. — € Si j'avais pas eu peur de la veuve, je l’aurais butté. » (Notes d'un a gent.) Von (Avoir Du). — Être ingénieux, malin. — « A-t-il du vice, ce mâtin de Couturat ! » (De Goncourt.) V. Méchant. VICTOIRE. — « La chemise, c’est au marché Saint-Jacques, chez mademoiselle Victoire, qu’ils (les chiffonniers) vont la chercher. Ils l’appellent du nom de la marchande, une vic- toire. Elle leur.coûte dix sous. » (Berthaud.), Vienne, — Vieille eau-de-vie, — « Jen distinguai trois qui dégustaient des carafons de vieille. » (Marx.) Viens (MA). — Mon vieil ami, — « Eh bien ! Raoul, ma vieille, comment que ça va? » (Jaime.) — L'emploi du féminin à sans doute paru plus tendre. . Vrmux. — Entreteneur, amant d’un âge ir. — Une caricature de 1830 porte cette lég nde : « A qui qu’c’est donc, ces bottes-là, Angélina ! ? c’est-y vot'vieux qu’a des éperons - comme ça ? ViLLoIS. —- Village. — Vieux mot. V. Re- - bâtar. ; - Vrser-Drvx, — Couteau. (Halbert.) VronoN, — Prison de poste où sont menés 1cs gens arrêtés, en attendant l’interrogatoire du commissaire. — Vieux jeu de mots qui date du temps où c’était l’archer qui vous con- duisait an violon. — « On appelle violon, à Paris, une prison que chaque section a dans son enceinte pour enfermer ceux qu’on arrête la nuit et qui sont, le lendemain, transférés dans une maison d'arrêt. » (Almanach des Pri- sons, 1795.) Sentir le violon : devenir misérable. (Vi- docd.) — On met au violon les vagabonds. VioQue. — Vieux. — Changement de finale. V. Flacul, ; VroquE. — Vie, — « Quelle vioque je ferais avec mon fade de carle. » (Balzac.) VISAGE, GROS VISAGE, VISAGE SANS NEZ. — Derrière. — Allusion aux rondeurs qui font l’office de joues. V. Borgne. VITELOTTE. — Nez rouge et tuberculeux comme la pomme de terre de ce nom. Vrrre. — Lorgnon. — « Le petit A. de... a l’œil éteint derrière sa vitre. » ( Vie parisienne.) V'LAN (AVOIR DU). — Avoir l’élan et l’im- prévu qui caractérisent l’adverbe, — « On ne dit plus avoir du chien, on dit avoir du v’lan. » (Figaro, nov. 67. ) VOIR EN DEDANS. — ÊÎttre ivre. — Allusion a lair extatique de certains ivrognes. V. Cocarde. Vorre.— Voiture. (Halbert. )— Abréviation. VorriE. — Homme ou femme méprisable. Mot à mot : digne d’être jeté à la voirie. — « Va-t’en donc, vilaine voirie, vierge de la rue de la Tannerie. » (Catéchisme poissard, 1844.) VOL-AU-VENT (AVOIR UNE ECREVISSE DANS LE) OU DANS LA TOURTE, — Avoir la tête dé- rangée. — Le vol-au-vent représente la tête, et l’écrevisse, la folie, — « Ce fils de proprié- taire a une écrevisse dans le vol-au-vent. » 2 = a du Hanneton, 1867.) paratoires de Torsailles in et @ histoire les aspirants a une cravache. — Les conscrits % por en le armes. — « Quel est le département q ne fournit son contingent d’aspirants à l’École ; spéciale militaire, ce grand et immor bahut !… A Versailles, c’est l’amarante ou jon quille volaille échappée des poulaillers Barthe et Buron.. ; à Paris, c’est le cornichon extrait des bocaux de Barbet, Loriol et autres i à la Flèche, c’est le bataillon des purs enfant de Brutium ; dans tous les lycées, le bouillante pot à chien. » (Loubet.) Vout (fre), — Être trompé. Mot à FL être volé dans son attente. —« Un homme vole une femme galante, lorsqu’il ne lui donne pas une somme promise. L'homme est au con- traire volé lorsque la femme ne lui a laissé que du désenchantement. » (Cadol.) — Un leur se dira volé, s’il trouve peu de butin. Voyou, VoyouTE. — Gamin, gamine, vaga- bondant sur la voie publique. Par extension, voyou se dit de l’homme qui a tous les vices du peuple sans en avoir les qualités — «Le || gamin de Paris est accessible à tous les bons sentiments. Le voyou de Paris possède tous 2) ti les vices. » (A. de Caston.) Se dit d’homme de tout âge et de toute din) crapuleux de terme ou de conduite. « C’est un vrai voyou, Quel voyou ! » 5 VOYOUCRATE. — Partisan de la voyoucratie, VovoucrATie. — Despotisme de la der- nière classe du peuple sur les autres classes. Mot à mot : aristocratie du voyou. — « Jele dis sans craindre que MM. les journalistes de la presse voyoucratique m’appellent Presse | immonde. » (J. Richard, 28 août 1872.) VOYAGE AU LONG COURS. — Bagne. (Sta- mir, 1867.) — Allusion à la traversée de Cayenne et à la durée de la peine. a VRHLE (VOLEUR A LA). — Voleur péné- ‘trant dans les maisons en pratiquant aux vo- lets une ouverture carrée à l’aide de quatre trous de vrille entre lesquels il fait jouer une ‘scie très-fine. » (Canler.) ‘ X. — Secret. — En mathématiques, X ; re- cul, — « Depuis l’année 1840, le X est en proportion constante. » (es stitutions de Parts.) € x ture A) = Té te organisée ‘pour le cal- Naissances ym exigées pour à l’école. “Yours, YOUTRE. — Juif. — Germanisme. ZEPHYR. — « L’infanterie légère d’Afrique dont les hommes sont généralement désignés “sous le nom de zéphyrs. » (Gandon.) - Ztr. — Marchandise imaginaire. V. Sollà- cour, Z1G, ZIGUE. — Compagnon. — € Toten, entrez, nous sommes tous ici de bons zigues. » (Monselet.) — « Je suis un bon zig, il a l’air d’un bon enfant, nous nous entendrons. » oni, ) ZINC, ZING. — «€ On ne dit plus chic, a ce - qu’il paraît. C’est rococo. C’est bourgeois. Et quand une femme a du genre et de l’élégance, on dit qu’elle a duzing. » (£ pépement 18 août rie de zing et persillée de she» sienne, 1866.) Zinc, — « Se dit Solna) des chon teurs dont la voix est métallique et solide. la du zine s "applique également aux acteurs en tous genres qui possèdent un organe so- nore. » J. Duflot.) : Z0uzou. — Zouave. — — Abréviation redou- blée, — « Ils ne ressemblent en rien aux zou- zous qu’on voit sur les boulevards.» (J. Noriac.) Zur. — Non. — « a et bran pour les Prussiens. » (P. Borel, 1833.) — € Ah ben! non, zut !... du flan! Je ne veux pas rester à » (Vie pari - côté d’Adolphe. » (Jaime.) a RETURN TO: CIRCULATION DEPARTMENT 198 Main Stacks LOAN PERIOD Home Use ALL BOOKS MAY BE RECALLED AFTER 7 DAYS. Renewals and Recharges may be made 4 days prior to the due date. Books may be renewed by calling 642-3405. me DUE AS STAMPED BELOW. FORM NO. DD6 UNIVERSITY OF CALIFORNIA, BERKELEY 50M Berkeley, California 94720-6000 BCL NGECY LJ