N I" 4 A LI]-11\’;\l\’\' UNIVERSITY OF CALImlmr S'I‘X'l‘li Vl'l‘lL‘L' l/l‘lf R.\I UN \1 i S‘AiH‘a A A i " AA; ”AMM‘AAA‘MAQM A If A A { A“: ‘ TAM“ MA 5A,», AAA“ «I‘M . fl ‘ A“ A : 1;A ‘f‘AAAA 3w 9., i. ‘v I \,’(_;~V'/:.jt,§1;‘u;' ‘ Hg“ / V’ -. N ”A k»! AA ,. A ,, ,, , , .- A ;<.“. I\ \\“‘-\';’ ‘ .\.‘.‘~l\“ - \‘ >v. ‘ / 1 w) ‘W "v A ‘ A 42“fififig NAAAflfifiA ag; 2 Ai% n‘\. 3,43. A. -.A. m A), A ..A/ A . . A A f. A A -. E: A A . m . .- EBA fiNwNY--. ., . . A A A. . , . A r A at n.1,, , A . ,. ,, A a RN 3. .. A... l .r I1 I A . . l A A A. . t 3 B. A A ffi A, A ,A A A .. a... y a, A A ' A .v' : :EQTAA A ,A- ' ‘l ’ A A . A .V.‘ , ._ AM“ I A A a" ‘ ‘ ‘ 2;, 4A . ,fi 1 ’ .. ~' A v‘ ”wk -~ ffl‘fi “A i: ' - A . .- 5,.“ AA / A ’(n. A , a , ,, A . ’ 1 A A: J A I I A .. A A AA A gflfinhf: A AAAAAAA AAA AA 5“,» GA , ‘ . . : ' , . A , . 4 , . 9 A‘ a . :, ...‘ ‘ ‘ A ‘:~ ~ . A ' A 'v I ‘ } . - «EM ,7 1. ‘ 1 I , . ’\ I A A , l “Aggy,- ' :n A A ' ‘. , r‘ ‘i a '4. I A: ’1 . ,1‘ W3 A. 6A V ”:‘W‘n’: m A . A A A 4.”? ,2 A ..A.. .. A . ,. A.. 5A A A _ .- .. WW”: A A ; A ..A., A , . P? A A: A ll .A/ .A.! ..r f . AQAAAA' ,AAF:A , a” ,. Am, AAA Av'fli A A’U' , Q ‘fi LA. QUESTION DU. VINAGE ET LES VIN S ARTIFICIELS EN 1882 PAR Hte MESSIN E NEGOCIANT Jl’GE AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE MONTPELLIER Prix : 1 fr. PARI S LIBRAIRIE CENTRALE DES SCIENCES Malhémuliqucs, Arts Militaires ct Industriels, Agriculture, etc. V J. MICHELET 23. Quai des Grands-Augustins (pres 1e pont Saint-Michel) 1882 LA QUESTION DU V’INAG‘E 'VI'NS ARTIFICIELS EN ‘1882 m L’importante question du .vinage arprix :r‘éduit qui, sous peu, serasoumise a l’appréciation-d’e nosiégi‘sb Iateurs, excite en ce moment vune certaineémbtion dans l’opinion publique et,,particuliérement, «dans notre région méridionale. D’accord en cela avec la Sociétécentvale d3Ag'ri— culture de l’Hérault et les Chambres de ‘cOmmerce de Montpelliewet "de Cette, nous-avons faitxcennaitre, dans la presse locale,'n0tre Opinion‘sur- ce grave‘sujet. Mu par un sentiment d’intérét général, Imus cmyons devoir reproduire, favec plus de développeme‘nts, les motifs sérieux qui doivent engager la propriété, 'le commerce et la consommation a‘acceptercomme an (I) Imprimé conformément a la décisiomprisepar la Société centrale d'Agriculture de l’Hérault, dans sa séance du i" mars 1882. __ 6 __ bienfait 1e projet de loi de M. Léon Say, Ministre des Finances, sur le vinage a prix reduit. Cette question, on 1e sait, n’est pas neuve; elle agite depuis longtemps les esprits; i1 faudrait en finir. Le moment nous parait on ne peut plus opportun pour trancher ce noeud Gordien, et nous espérons que nos représentans, definitivement fixes sur les vrais intéréts du pays, 1e trancheront en votant 1e projet de loi. Sans autre préambule nous entrons en matiere. ETAT DE LA QUESTION AVANT 1865. Avant 1865 sept departements du Midi jouissaient d’un grand privilege. Le commerce et la propriété avaient la faculté de verser en franchise, en presence des Employes des Contributions Indirectes, de l’alcool sur les vins et pouvaient ainsi remonter leur titre alcoolique jusqu’a 18°. Cette situation exceptionnelle finit par éveiller les susceptibilités des départements exclus du meme béné- fice. Le Nord etl’Est par 1’org‘ane de M. Brame, député, déclarérent 1a guerre au Midi, reclamant pour tout le pays les memes avantag‘es. Le Midi, representé par M. Pagézy, député et viticulteur émérite, combattit avec toute l'énergie que lui donnaient les intéréts qu’il avait pour mission de defendre. ll succomba cependant dans cette lutte inégale. ll serait plus exact de dire : tous succom— berent. _7.._ En efi'et, 1e vinage en franchise fut supprimé et, a la suite de cette suppression, une nouvelle loi surgit, aux termes de laquelle 1e vinage était autorisé sur toute l’étendue du territoire francais moyennant 1e payement d’un droit de 156 fr. par hecto. d’aicool verse, et le titre alcoolique réduit a 15°. Cette autorisation etait derisoire; qui pouvait, en effet, sé ‘permettre un pareil luxe de frais ‘? Il va sans dire que le commerce ni la propriété n’en firent jamais usage. Mais si, en 1865, 1e vinage avait été généralement autorisé moyennant 1e payement de 25 fr. par hecto. d’alcool verse, les recettes du Tresor se seraient tous les ans accrues de plusieurs dizaines de millions ; qui est—ce qui a profité de la sévérité gouvernementale en matiére de vinage‘? La fraude et les nations voisines. Dix—sept années se sont écoulées, et cette question n’est jamais tombée dans l’oubli. Pendant quatorze ans, toutes les fois que 1’occasion s’est présentée, le Midi a fait des voeux pour ]a reduction du droit de vinage, voeux qui » n’ont pas eté favorablement accueillis ! En 1879, 1e Gouvernement, frappé sans doute des rapides progres du Phylloxera, proposa un projet de loi tendant a l‘abaissement de la prime 3 25 fr. par hecto. sur les alcools verses sur les vins. Au point de vue agricole, les départements du Midi étaient encore largement favorisés ; au point de vue commercial, 1a faveur était moins grande, puisque la faculté de viner s’etendait a tout le commerce. \ LA QUESTION DEVANT LES CONSEILS GENERAUX. Avant de soumettre au vote de la Chambre 1e nouvau projet de loi, 1e Grouvern‘er‘nent crut devoir'consulter les Conseils Généraux. ( Session d’avril 1879.) Appelé a se prononcer, celui de I’Hérault désigna comme Rapporteur M. de Lapeyrouse, proprie’taire et bouilleui' de cm. Son rapport fulmina contre le projet; i1 entassa paradoxes s'ur paradoxes pour demontrer que le vinage était une mes’ure detestable, que les consequences seraient funestes a l’hygiene publique. Il voyait 1a masse des ‘consommateurs ne s’abreuvant que d’alcool dilué, titubant dans nos rues et sur nos places publi— ques, succombant enfin misérablement sous les étrein- tes du delirium tremens. La discussion fut complete. Divers orateurs, ‘favo- rabies au projet, prirent part a la discussion. M. Paul Leroy—Beaulieu, Membre de I’Institut, detruisit un a un les arguments captieux de M. de Lapeyrouse. 11 répondait au rapporteur , lorsque celui-ci se demandait vainement quel bénéfice pouvait laisser le vinage avec un alcool acheté a 150 fr. l’hecto. << Si vous repoussez 1e vinage a prix réduit que le » Gouvernement vous propose, vous divisez 1e coni— » merce en deux camps bien distincts : 10 celui qui, » au moyen de facilités particuliéres, de. positions >> spéciales, vine en franchise et elude la loi sans » dangers; 2° celui, au contraire, qui, place dans __ '9 __ » une situation defavoralile, ne peut elude'r la loi » qu en s’eiiposafit a des dangers de toute nature, » en simposant de grands sacrifices.» bomment se fait- i1 qu apres avoir demandé 1e vinage pendant quatorze annees, on 1e repousse tout a coup en 1879 ? M. 1e Rapporteur va nous fixer : a J e medemande vainement, (lit-i1 dans son rapport, » 1e bénéfice que peut laisser 1e vinage avec des alcools » achetés i1 150 fr. l’hecto. » N’oublions pas que n‘bus sommes en 1879; que les 3/6 du Nord extra—fins, titrant 90° , Valent 60 fr.'; que les 3/6 du Midi, titrant 86°, valent 80 fr. Si nous prenons pour terme de comparaison line moyenne de 70 f.1,n0us constatons, entre ce prix d”a— chat et. celui indiqiié par 1e rapp01t,un écart de 80 fr. p31 hecto. C est la prime exigée par la fraude.. ‘ .Nean— moins 1e Conseil general de 1’Hérau1t, £1 deux voix de majorité, repuussa le projet du Gouvernement. Mais n’anticipons pas et, pour étre complet, remon— tons 2‘1 1865. A cette époque notre vignoble atteignait‘son plus haut degre de prospérité. Le Roussillon nous donnait des vins de 14” en nature et de forte couleur. Dans le Nar— bonnais les vins rivalisaient de Vinosité et de couieur avec les premiers. Dans l’Herault, certains crus don— naient des vins semblables :21 ceux du Narbonnais, et ils étaient préférables e11 qualite. Les arrondissements de Montpellier et de Lodeve étaient particuliérement favorisés. Qui ne se rappelle __ 10 __ encore les fameux vins de Teyran, d’Assas, de Saint- ' Christol, de Saint-Drézéry, etc., pour Montpellier; et de Jonquiéres, de Saint—Guiraud, d’Octon, de Saint— J ean~de—la-Blaquiére, etc., pour Lodéve ? N’est-ce pas en ce temps-1:31 que les vins d’Espagne pouvaient péné- trer en France moyennant une prime de 0,30C par hecto‘? Eh bien ! ils étaientinconnus alors, comme ils le de- viendront 1e jour 01‘1 notre vignoble sera reconstitué. En 1865 le commerce des vins voguait a pleines voiles sur an ocean de prospérité, et la propriété s’enrichissait malgre des prix trois fois inférieurs a ceux d’aujourd’hui. Six a sept ans nous séparaient dlun immense désas- tre ! Apres l’invasion prussienne, l’invasion phylloxé~ rique. Les premieres années furent terribles a notre region. En 1873, le commerce, pris d’une panique inexplicable, se jeta a corps perdu sur la marchandise ; on répétait partout, é: satiété, tent on avait peur : << L’année pro- chaine nous n’aurons plus de vignes. >> - Cette panique fut commune a tons les vignobles de France, les vins furent payés a des prix désordonnés, et les propriétaires endurcis, qui ne profiterent point de ce malheureux engouement, perdirent une belle occa- sion de réaliser d’énormes benefices. Des cette année les vins exotiques étaient naturalisés. __11._ LES VINS DE RAISINS SECS. Ce fut en 1873 que 1e Vin de raisin see fit une timide apparition. Ce produit batard souleva presque l’indi— gnation publique. Le commercant qui l’employait était tenu en suSpicion. A son tour, le Garde des Sceaux 1e frappa d‘une espece d’excommunication ; les instruc- tio‘ns les plus severes furent données a la Regie. Cette boisson ne pouvait circuler qu’accompagnée d‘acquits a caution de couleur spéciale. lntroduite dans les maisons de commerce, un compte particulier lui etait destiné , et, au fur etarnesure de son emploi, les agents donnaient decharge au compte particulier et prenaient en charge a un deuxieme compte appelé compte de mélange. Enfin, cette boisson ainsi transfor— Inée circulait, a nouveau, accompagnée jusqu’a desti— nation d’acquits a caution de couleur spéciale. De cette facon le destinataire savait ce qu’il recevait, et il n’était pas trompé sur la qualité de la inarchandise vendue. Point n’est besoin de signaler les difficultés sans nom- bre que cette nouvelle situation créait au commerce qui employait les vins de raisins secs, et aux employés charges de faire exécuter les reglements. Devant des obstacles le plus souvent insurmontables, les agents du fisc se declarerent impuissants. LES PIQUETTES ESPAGNOLES. Pendant que les vins de raisins secs étaientiainsi tra- qués et que le phylloxera ravageait nos vignobles, l’Es- _ 1:2 __ pagne se livrait a une industrie qui ne lui réussit pas longtemps ;ellein'troduis'ait en France fles Vins roses, pas meme roses, et vinés a 15°. C’était l’alcool dilué q-ue stigmatisait M. de Lapeyrouse, dans son rapport au Conseil general, en 1879. L’oeil de la Douane s’ouvrit démesurément; elle re— counut que ces vins ne contenaient point 1a quantité d’extrait sec exigés par 1es réglements, et leur entrée en France fut interdite. lci commence cette division du commerce en deux camps signalée par M. P. Leroy~Beaulieu. Le premier camp profitera de cette interdiction pour fabriquer des quantités considérables de vins identi~ ques et qui, sous le nom de Piquettes, circuleront impu- nément, sous l’oeil de la Regie, vinees a 15°. 11 n’achétera pas, comine 1e dit M. de la Peyrouse; le 3/6 51150 fr. l’hecto. ; non, i1 achetera au cours, au moyen de facilités particuliéres. Des lors, tout projet du Gouvernement, dans des con- ditions méme trés-favoralfles, sera impitoyablement repousse sous 1e fallacieux prétexte qu’il aura pour con- sequence 1a ruine du commerce et de la propriété. LES FABRICANTS DE VIN DE RAISINS SECS. De leur cote, 1es fabricants de vin de raisins secs ne resteront pas inactifs; ils perfectionneront leur outil- lage, ils chaufferont 1es vins d’apres la méthode de MsPasteur; ils'collerout etfiltreront a diverses repri~ ses, et-finiront enfin par offrir un produit- ressembla'nt, a s’y méprendre, a des vins naturals. ._ p3 _ La science, it son tour, s’occupera de ce nou-v-eL‘ element. de consommation, dans l’intérét de la. santé publique ; elle étudiera et analysera ce produit sous. toutes ses formes, et déclarera finalement, que le vin. de raisins secs, produit de la- fermentation du raisim seul, combine avec de l’eau bieni pure, est une boisson. qui réunit les conditions exigées par 17hygiéne, et qu’elle pent, sans danger, étre livrée a la consomma: tion ; que l’eau, que le fabricant emploie pour obtenir: la fermentation , représente absolument 1a partie aqueuse du raisin absorbée par la dessiccation.. Etant donnée; cette situation et, la lacune causée par 1e phylloxera, l’embargo jeté sur ce vin parut désor: mai‘s au Gouvernement inutile et superflu. Une nou-. velle circulaire paru-t, et le vin dc raisins secs, depuis: 1880, jouit de l’immunité. Ce qui donne raison et a la science et au Gouver- nement pour: legitimer les mesures prises, c’est que, depuis 1880, la fabrication du vin de raisins sees a pris dc notables proportions. Diimportants établisse- ments se sont créés sur divers points du» territoire ‘les environs de Paris en comptent une cinquantaiine), sans que les produits naturels du s01 s’en soient un instant. ressentis, sans que la santé publiqzue ait éié compromise. TRAITE DE COMMERCE AVEC L‘ESPAGNE. Nous vivions depuis dans cette situation assez anor- male, lorsque 1a discussion des traités decommerce avec __14... l’Espagne eut lieu a la Chambre des Deputés. A pro- pos de l’introduction des vins exotiques, la premiere Assemblée les frappa, a leur entree en France, d’un droit de douane de 4 fr. par hecto. Le Sénat, plus protectionnistes sans doute, les traita plus durement: i1 eleva 1a prime a 6 fr. Mais lorsque le moment de discuter avec les Com- missaires Espagnols ce meme traité, article par ar- ticle, est arrive, les Représentants de la France, a la suite de considerations que nous n’avons pas a exa— miner ici, ont fixé ce droit d’entree a 2 fr. par hecto. Ainsi si re projet de traité est ratiflé par les puis- sances contractantes, ce qui ne parait pas douteux ( l), les vins d’Espagne et naturellement ceux d’Italie, titrant 15° 9 dixiemes, pénétreront en France moyen- nant 1e payement de la faible prime de 2 fr. par hecto. Il est evident que si nous en restions 1a, nous n’aurions pas, quoi qu’on en dise, a redouter l’avilisse- ment du prix de nos vins francais, mais nous nous trouverions places dans un état d’infériorité a l’égard des vins espagnols. Supposer que nos Représentants u’ont pas compris cet état d’infériorité serait leur attribuer bicn peu de connaissances economiques. Nos Représentants savaient, au contraire, que nos produits seraient atteints par ces nouvelles conditions internationales; mais ils connaissaiem aussi la situa~ tion réelle de nos vignobles. (1) Le traité a été approuvé par les Cortes, [9 22 avril 1882. __ 15 __ Par les rapports deS divers directeurs des Contribu- tions Indirectes, ils étaient instruits des proportions inquiétantes que prenait la fraude et de l’impuissance dans laquelle les agents so trouvaient a la réprimer. La question du vinage devait forcément s’imposer a l’esprit du Gouvernement. En effet, en placant le commerce francais dans des conditions absolument identiques a celles dans lesquelles est place le com- merce espagnol, il n’y avait plus a craindre de con— currence sérieuse de l’autre coté des Pyrenees; 1e vinage a faible droit fut décidé en France, car, par ce fait, i1 etait anéanti en Espagne. CONSEQUENCES DE CETTE DECISION. Cette nouvelle frappa de stupeur les adversaires du vinage, qui poussérent aussitot leur cri de guerre : Au desastre ! a la ruine ! ! Une reunion fut annoncée par la voie des journaux; elle eut lieu le 17 mars a Béziers. La se trouvaient, en trés-petit nombre, quelques grands propriétaires, mais pas mal de distillateurs et négociants du littoral méditerranéen. Dans leur precipitation, les adversaires les plus acharnés du projet de loi proposérent, a co soi-disant Congres, un ordre du jour qui ne laissait que trop entrevoir 1e but qu'ilS poursuivaient. Il ne s’agissait pas de defendre les intéréts généraux menacés, mais les intéréts d’une partie de 13. region; il S’agissait, enfin, de sauver l’industm’e d’un commerce local. -16— Voici, en substance, ce que nous apprend l’ordre du jour du 17 mars: «Que le projet déposé par » M. Leon Say aurait un effet désastreux pour la. >> viticulture, qui lutte contre les ravages du Phyl— », 10xera ; de ruiner, 1e com merce. local, enlui fermant ». cane des principales r'essom'ces ole son. industmg; > qu’en outre, en facilitant outwe mesure la fabnicas » tion des vins factices, i1. amenerait une perturbation » dens l’hygiene publique. » On ne saurait‘étre plus na‘if! A cela 1a Sociétécentrale d’Ag-riculture (1e leé: rault, qui compte dans son sein tant d’hommes émi; nents, répondait presque en meme temps au premier alinéa de cet ordre du jour, en émettant 1e voeu suivant: << La Sociéte centrale d’Agriculture de l’Hérault, » persistant dans ses précédentes declarations, d’ac— » cord en cela avec la Chambre de Commerce de >> Montpellier, et a l‘unanimité des membres presents, >> émet 1e voeu que lkAssemblee Nationale vote la loi » sur le retablissement du vinag-e 51 prix redtuit. Elzlée » espére que le chiffre de 25 fr. seru réduit de 18 a >> 20 fr. >> (1) D”un COté nous recontrons quelques propriétaires, que la question intéresserait trés-médiocrement si on ne touchait a la Ioi sur les bouilleurs de cru, et des distillateurs, ou fabricants de vins factices, interessés au maintien du statu qua ; V / - . \1) La Chambre de commerce do Montpolllcr, dams su dct‘nlere 56211106, 11 (311115 up voeu t‘ol'lenrcnl motive en fuwur du vinztgc a mix réduit. _ 17 __ De l’autre, une Institution sérieuse, composée, nous le répétons, d’hommes dont la reputation s’étend au loin, appuyés par les Chambre de Commerce de Mont- pellier et de Cette, qui engageaient nos députés a voter 1e projet de loi. Nous ne mettrons pas en paralléle les intentions des premiers, agissant an nom de leurs intéréts parti— culiers seuls, et les intentions philanthropiques des se- conds, qui, frappés de la situation faite a nos contrées, reclament'au nom de la misere l’adoption du projet de loi. Le second alinéa de l’ordre du jour du 17 mars ouvre le champ a un autre ordre d’idées. Le projet de loi, (lit-on, ruine 1e commerce local en lui fermant une des principales ressources de son in- dustrie; en facilitant outre mesure la fabrication des vins factices, i1 amenerait une perturbation dans l’hy- giene publique. Quelle est donc cette industrie que va ruiner la loi nouvelle'! Fait-elle partie du programme vraiment commercial '? Est-elle frappée d"une patente réguliere‘? S’exerce-t-elle, enfin, ostensiblement ou est-.elle oc- culte '? Si 1e projet de loi facilite outre measure la fabrica- tion des vins factices, quelle est la loi qui autorise cette fabrication dans de justes limites‘? Nous n’en connaissons pas. Fait-on allusion aux vins de raisins secs ‘? Cette fabrication n'a aucun rapport avec le vi- nage. Cela étant admis, on est amené a conclure que dans certaines localités on exerce uneindustrie occulte, 2 M.“ l..._._.4_....i.l “ ..... —18—— on fabrique des vins factices a 15°, au moyen de faci- lités particulz'éres, de positions spécz'ales, qui permet- tent d’éluder la loi sans danger. Ces nouveaux gardiens de la santé publique crai— gnent l’abus de la fabrication des vins factices. Pur sophisme ! Cette industrie locale produit une certaine quantité de ces vins factices, et cette boisson qui jetterait la perturbation dans l’hygiéne publique me figure que pour une proportion infime dans la consommation du pays. A l’aide du vinage autorisé, ce monopole détruit, les vins factices seront faits avec infiniment plus de soin; mais ils n’entreront pas en plus grande proportion dans les coupages, et si on fabrique outre mesure, eh bien! ils resteront pour le compte des fabricants. L’abus n’est donc pas a craindre ; a l’aide du vinage et des elements dont dispose le commerce, on produira une boisson saine et relativement bon marché, la consommation s’étendra a un plus grand nombre d’in- dividus; mais celui qui a l’habitude de boire un litre de Vin par jour n’en boira pas deux, fabriquerait—on des rivieres de piquette. L’ordre du jour que nous venons d’analyser et de réduire asajuste valeur, n’eut pas plus tot vu 1e jour, qu’il suscita de sérieuses et legitimes protestations. Ses auteurs comprirent qu’ils faisaient fausse route et modifiérent leur programme. A cet effet, ils provoquerent une deuxiéme reunion, dans laquelle les grands intéréts atteints par le projet __ 19 __ de loi devaient étre sérieusement discutés. Le Cornice agricole de Beziers, en partie favorable, devait pren- dre en face du projet une attitude plus correcte. De nouvelles batteries vont étre decouvertes, et leurs feux converger vers un meme but: 1e traité franco-espagnol. (Reunion du 25 mars 1882.) Les délégués charges de porter a Paris les doléan- ces meridionales devront s’opposer a la signature dn traité et defendre << unguibus et rostro » les produjts naturels du sol, taut compromis. Il fant, ajoute—ta—on, protéger les produits non-seulement du Midi” mai-s ceux de l’Ouest, du Centre et de l’Est (qui n’ont 3b.. soiument rien a craindre), contre une concurrence qui deviendrait illicite 1e jour on « l‘on pourrait fabriquer a Quimperle et a Dunkerque des vins of; i1 n’entrerait pas un grain de raisin ». TRAITE DE COMMERCE FRANCO-ESPAGNOL.’ Un traité de commerce peut—jl étre, quelle que soit 1a valeur des hommes qui sont charges de le mener a bonne fin, favorable en tous points aux deux nations contractantes‘? Cela parait difficil-e, et le traité franco- espagnol en est un exemple vivant. En France, on proteste centre un seul article, mais on proteste par la plume; en Espagne, on proteste contre l’ensemble du traite, tnais 0n proteste par la « Navaga et le Tmbuca », c’est-a-dire les armes a la main. Nous devons en conclure que les intéréts fran- cais nlont pas été sacrifiés. Hm"... .. ‘3“ an. __ 20 __ Mais les intéréts vinicoles, nous dira-t-on ‘? Les plaintes du Midi ont une apparence de raison , mais, en tout, i1 faut se tenir en garde contre les exa- gérations et, sur ce point, llexagération, en ce moment, est poussée a son extreme limite. Etant donnée 1a situtation de nos vignobles et les besoins de la consommation, doit-on sérieusement craindre une invasion de vins exotiques telle, que nos produits naturels en souffriront, parce que ces vins entreront désormais en France moyennant une prime a la douane de 2 fr. par hecto., au lieu de 3 fr. 50 c. qu’ils payent actuellement‘? A qui fera—t-on croire que le salut des vins du Midi tient a une difference aussi insignifiante ‘? La ruine des vins du Midi n’est pas a redouter, et l’expérience est la pour nous donner raison. Il n’est douteux pour personne, meme pour les ad— versaires les plus intéressés du vinage, que le com- merce ne fait appel aux vins exotiques que comme element de secours. Les meilleurs vins d’Espagne ne seront admisa la table seuls que lorsqu’il n’y aura plus une seule vigne en France. Ils ne viennent que com me appoint, que comme agentpouvant absorber cette trinité de vins naturels, de piquettes et de vins de raisins secs. Le jour 01‘1 les importations dépasseront cette limite tracée par la consommation, les vins languiront chez les consignataires. Témoin cette année-ci. Mais nous avons dit plus haut que, par le vinage autorisé, le Gouvernement placait le commerce fran— cais dans des conditions identiques, si non meilleures __ 21 -w- a celles dans lesquelles est place le commerce espa- gnol. En agissant ainsi, 1e Gouvernement retire a l’Espai- gne, d’une main, ce qu’il donne de l’autre. Les 3/6 allemands-pénetrent en Espagne en acquit— tant une prime (1e 25 fr. par hectolit. en volume. Cette formalité remplie, 1e commerce s’en empare, les ma- nipule comme i1 l’entend, les «Droits réunis » étant chose absolument inconnue dans la peninsule hispa- nique. L’exportation ayant pris de notables propor- tions, 1e commerce 3. abuse de cette bienheureuse situation. Tous les vins defectueux, quel que soit le degré de défectuosité, sont employés avec avantage. — Par le mouillage 2‘1 grande dose et a l’aide du vinage, ces vins avariés entrent en proportion plus ou moins grande dans les coupages, et trouvent, en France, une place assurée. Le projet de loi sur le vinag'e n’aurait~il pour consequence que de faire cesser ce trafic honteux, qu’il devrait étre favorablement accueilli. — Le com- merce frangais n’aura plus désormais d’intérét a re- cevoir de l’Etranger des vins alcoolises. Et cela tombe sous les sens. Pourquoi, en efi‘et, laisser viner on Espagne £1 25 fr. l’hecto. lorsqu’on pent viner en France re meme Vin en nature a 22 fr. 50‘? Pourquoi payer 1e transport et les droits sur l’eau et le 3/6 me- langé au vin '? Par la nouvelle loi le commerce espa— gnol sera, par la force des choses, amené i1 n’expor- Ler en France que des vins absolument naturels et de HM...“ ma __ 22 .w bonne qualité, et,. comme consequence, l’importation sera diminuée des quantités de vins avariés, des quan- tités d’eau et d’alcool que nuns recevons sous l’empire de la loi qui nous régi-t. EFFET DU PROJET DE LOI SUR NOS FINANCES. Le projet de loi sera-t-il desastreux pour les intéréts du Trésor ‘? Un délégué, ce qui veut dire un adversaire, nous informe par la voie de la Presse, que cette mesure, loin d’étre une source de revenus pour le Trésor, sera, au contraire, désastreuse pour nos finances, et i1 cite a l’appui l’étrange exemple que voici: Tous les produc— teurs additionneront leur marc de raisin d’une grande quantité d’eau et de sucre, et obtiendront des piquet— tes de 4 $1 5 degrés. lls vineront ces piquettes a 15° et payeront an fisc un droit de 25 fr. par hecto. (C’est ' déja un aveu en faveur des droits du Trésor.) Cela fait, ces producteurs, en leur qualité de bonilleurs de cru, distilleront cette boisson et en retireront une certaine quantité de 3/6 qu’ils vendront en fraude. Avons—nous besoin de démontrer l’inanité de ce pro— cédé? Ce producteur sera—t-il d’abord assez niais pour acheter du 3/6 clans 1e but de le passer une deuxiéme fois :3). l’alambic , aprés l‘avoir grevé du droit de vinage ‘? Ne serait-il pas plus logique et plus économique en méme temps de se borner a distiller les piquettes ? Il vendra aprés, dit—on, ces 3/6 en fraude. _ 23 ._ Pour User de la fraude, i1 faut qu’il y ait un avan- tage pour le vendeur et pour l’acheteur 1... 01‘, cc propriétaire insensé, par le procédé indiqué, obtiendra un 3/6 a un prix bien plus élevé que 1e cours, y com- pris la prime due au Trésor. Lorsque l’oeil 1e moins clairvoyant apergoit de grosses recettes absolument oertaines, on conviendra que le moyen pour prouver 1e contraire touche a l’a'b— surde. D‘un cété, on craint l’abus du vinage pour la santé publique, des lors bonnes recettes ; de l’autre, 1e Trésor n’y gagnera rien ; consequence : 11 n’y aura pas abus. LA LOI SUR LE VINAGE EST-ELLE IMMORALE? La delegation doit demontrer au Gouvemement que la loi sur le vinage est immorale au premier chef; qu’elle ruinera notre commerce et nos produc— teurs. Cette loi est immorale! On ne parlait pas ainsi lorsque, sous 1e Ministere Mathieu Bodet, i1 s’agissait de réduire le titre alcoolique des vins a 12". Le Midi se souleva, des petitions énergiques furent envoyées a Paris, et 1e projet de loi fut retire. Si elle est immorale, qu’on cesse d’accueillir du dehors les produits entachés de la meme immoralite; quion s'abstienne (1e pratiquer 1e vinage, a la faveuv de la fraude. S:SOyez logiques, Messiews, ne deman- dez pas aoec autcmt d’insistance le maintdefi de la loi sur les bouillem's de mm.) mm.» M Am“ _ __ 24 _. Un partisan du vinage a frappé juste en écrivant dans le Messenger du Midi du 25 mars : « Le vinage » n’a rien d’immoral quand i1 s’accomplit avec de l’al- » cool pour lequel on paye une prime de 70 fr. par » hecto. a celui qui le fournit en violation de la loi » (lisez: distillatem" et bouilleur de 07%); mais il » devient immoral, an premier chef, s’il se pratique >> légalement. » Passons. REGLEMENTATION. La faculté de viner sera réglementée par voie admi- nistrative. Comme autrefois, le commerce de gros et la pro- priété auront seuls le droit d’en user. L’immense majorité du commerce, cello qui travaille honnéte- ment, loyalement, n’aura recours au vinage que comme agent conservateur, que pour donner a la masse des consommateurs des produits sains et supérieurs a ceux que l’on offre aujOLird’hui. On s’abuserait si l’on supposait que l’on pourra viner impunément de l’eau rougie, ou des vins déja vines et dédoubles. Vis-a—vis de la propriété, le fisc pourra étre plus tolerant. Mais, chez le commercant, il sera prudent de n’autoriser 1e versement de l’alcool que sur des vins titrant déja un minimum de 7 a 8 degrés. Enfin , en n’autorisant a circuler que des vins vines, renfer— mantles degrés d’extraits secs exigés par la loi. on mettra un terme aux abus. __ 25 __ LA RUINE DES PRODUCTEURS. On crie bien haut : 1e commerce veut se passer de nos vins, les ohtenir en baisse par la concurrence : de la, la ruine des producteurs. Cette allegation n’est pas sérieuse. Si la propriété est presque vaincue par le terrible insecte, 1e commerce est le premier a souf- frir de cet état de choses, et si, au moyen de grands, de bien grands sacrifices, nos vignobles pouvaient étre reconstitués a bref delai, aucun commercant, nous 1e declarons hautement, ne reculerait. Toutes ces doléances qui prennent pour prétexte la ruine de la propriété , n’émaneraient, ainsi que l’indique fort bien 1e journal de Cette, dans son numéro du 15 avril, que << de quelques propriétaires avides et insatiables ». La grande masse, elle lia prouvé une troisieme fois, en s‘abstenant de paraitre an Congres du Cornice agri- cole du 16 avril, a Béziers, ne s’en préoccupe pas ; elle dit avec son gros bon sens ;<< Vous avez beau fabri- quer des vins de raisins secs, ou des vins factices, vous ne ferez jamais concurrence a la vigne ; nos produits, qui se raréfient malheureusement tous les ans, seront toujours recherchés, parce qu‘ils sont indispensables et constitueront l’élément essentiel d’un bon coupage. Nous som mes maintenant la marée descendante, nous cédons la plage ; mais lorsque nous reviendrons marée montante, nous vous eng-loutirons et l’on n’en~ , tendra plus parler de vous. >> _ g6 __ Et 1e passe ne répond—il pas du present et de l’avenir ‘? En presence de ]a situation vinicole actuelle, c’est-a—dire fabrication illimitée de vins de raisins secs, fabrication de vins factices et introduction de vins légers d’Espagne a 15°, examinons si 1es pro- duits natureIs do so] sont compromis par cette concur- rence trap e-ncouragée, et prenons pour base 1es cinq derniéres années. En 1877, 1es vins artificiels n’apparaissent que timi-‘ clement su‘r nos marches, la production était bien supe- rieure a celle d’aujourd’hui. Les Aramons valaient, a la propriété, 20 a 21 fr. l’h‘ecto. ; Les Montague, 24, 26 et 27 fr., selon merite ; Les vins du Narbonnais, de 30 a 31 fr. En 1878, Aramons ............... 21 a 23 fr. — Montague. ........ . . . . . 26 a 28 — Narbonne ............... 31 a 32 Cette année—la, la récolte était bonne en basse Bourgogne, 1es vins s’achetaient 18 a 20 fr. l’hecto. En 1879, la production baisse : Les vins légers, des environs de Béziers, sont tenus de .................... 24 a 25 fr. l’hecto. Les Montagne ............. 28 a 30 Les Narbonue .............. 33 a 35 Vers 1a fin de la campagne tous 1es vins avaient subi une hausse sensible. En 1880, 1es memes valent : Aramonsu...” ......... 1...”...26‘a27fr. Montague ..... . ...... . .......... 313.32 Narbonne. ....... . ....... 36 {3138 Ne perdons pas de vue qu’en 1880, Ies vins artifi- ciels de toute nature abondent. En 1881, enfin, 1a concurrence n’a plus de‘ li'mite, les vins artificiels sont assimilés aux vins naturels, 1a liberté vinicole est absolue. Plus quejamais I’étranger encombre nos quais, nos docks , de vins de t‘oute na- ture, et, a la récolte, nous achetons: Les Aramons, 27,28 et 30 fr. 1‘hecto., selon mérite‘; Les Montague, 34 et 36 fr. ; Les Narbonne, 40 et 43 fr. Les chiffres que nous venons de mettre sous les yeux du lecteur ont leur eloquence, et sont une ré— ponse decisive a ceux qui ne craignent pas de parler de : << veritable desastre, de ruine du pays. » Par ce tableau comparatif, quine sera pas contesté, il est facile de se convaincre que Ies prix des vins naturels ne périclitent pas, au contraire, malgré I’a— bondance des vins artificiels. Il est si vrai que les vins artificiels sont sans influence sur les prix des vins naturels, que si nous remontons a 1870, 71, 72, époque ou le vignoble est en pleine prospérité, 1es vins de plaine valent 8 a 9 fr. l’hecto. ; ceux (16 co- teaux, de 12 a 13 fin, alors que les vins artificiels sont totalement inconnus. Nous connaissons bien des propriétaires qui vou- draient retourner de 12 années en arriére; mais Ce n’est pas, a coup s‘fir, ceux’ qui font tant; (1e bruit aujourd’hui. :Llfu 5 m _ 28 __ Et pour compléter ce tableau , voyons ce qui se passe cette année : les vins exotiques sont entrés en France en quantités enormes. Malgré la baisse qui les accable, 1e placement en est a peu pres impossible; ils s’eternisent chez les consignataires; les Vins de rai- sins secs, les vins factices sont fortement atteints eux aussi, on les offre a tous prix : on n’en a pas l’emploi. A cela vient s’adjoindre la crise financiere qui retient les afl'aires, au moment on elles paraissent vouloir se developper, et les vins naturels seuls se soutiennent ; ils traversent bravement cette pénible periode de janvier a ce jour, et a peine si on constate une depre- ciation de 2 fr. par hecto. Et pourquoi ce délaissement des vins etrangers ou artificiels‘? Parce que l’Ouest, le Centre, la Bourgo- gne,1a Champagne et la Lorraine ont donné cette année une bonne récolte. La Champagne, qui d’ordi~ naire convertit tout en Vin blanc, a livré, cette an- nee, au commerce 300,000 pieces de bon Vin rouge au prix de 60, 65 et 70 fr. les 200 litres. Toutes les fois qu’il en sera ainsi, nos vins naturels seront tenus en echec, et les Vins artificiels ou exoti- ques presque delaisses. Messieurs les proprietaires << avides, insatiables », nous répétons ces qualificatifs a (lessein, vos plus ter- ribles ennemis ne sont pas les facricants de vins arti— ficiels, ni le projet de loi snr 1e vinage a prix réduit. Les vignobles du Centre et de l’Est: voila nos enne— mis I Quelques bonnes gelees printanieres dans ces con- __ 2'9 _ trees, et n’ayez aucune crainte pour l’écoulement de vos produits a des prix plus que rémunérateurs. Vous faites de grands sacrifices, dites-vous ? c’est vrai, vous pratiquez la culture intensive; par cette culture intensive vous abrégez peut—étre l’existence de vos vignes, mais vous obtenez de grosses récoltes. Donc, si vous semez de l’argent, vous récoltez de l’or. Nous savons des propriétaires beaucoup plus interes- sants que vous, et ce n’est pas dans l’arrondissement de Béziers que se font les gros frais, les grands sacri- fices: c‘est dans le Gard, c’est dans l’arrondissement de Montpellier surtout; c’est la qu’on séme l’or et qu’on recolte juste l’espérance. 4 En temps ordinaire, le proprietaire était heureux de vendre son Vin 10 fr. l’hecto. A 09 prix, i1 faisait bien ses alfaires. Aujourd‘hui, les enfants gates de la nature les vendent 30 fr., et ils orient a la ruine! au désastre l . . . C’estinou'i ! Seront—ils bien a plaindre si, par suite de la concurrence qu’ils redoutent tant, ils vendent 20 a22 fr. it l’avenir ‘? enfin, si cet énornie excédant de recettes se distribue partie au Trésor, partie a la classe laborieuse (1) '?. . . Mais écoutons ce philanthrope d’une nouvelle es- péce : << La situation des consommateurs, et particu- liereiuent de la classe laborieuse, nous parait aussi interessante qu’a qui que ce soit, c’est pourquoi nous ne voulons pas qu’cn favorise di’une facon déguisée la fabrication des vins, estimant qu’il vau't mieux, pour (1‘) 11 est bien compris que nous parlons des vins d’Aramon. _. 30 _ l’ouvrier, un bon verre (16 min que plusieurs litres de vin frelaté et de nature a compromettre sa santé. » Cela est trés—vrai, mais que repondriez-vous all propriétaire des grands vins (lu Bordelais, s’il vous disait : Il vaut bien mieux pour l’ouvrier un bon petit verre de Medoc que plusieurs litres de votre vin du midi, grossier, platré et sans saveur .! Vous en ri- riez, n’est—ce pas? Eh bien! nous rions de meme de votre bcm Mme de vin. Votre bun verre de vin, dont la valeur intrinséque est de 03 centimes, arriverait :31 0,12 centimes sur la table de cet ouvrier auquel vous vous intéressez si étrangement. 0r, si vous admettez que cet ouvrier ait femme et enfants, i1 regardera v0— tre hon verre de vin d’un oeil de canvoitise et n’osera pas y toucher, parce qu’il n’y aura pas de quoi mouiller les lévres de sa famille mu qu‘il ne pourra pas le payer. Cela ne rapelle que trop le supplice de Tamale. Mais, au contraire, 1e commerce intelligent et hon- néte (c’est de celui—la qu’il importe (le se préoccuper), et il est grand, au moyen de produits sains, avec la faculté du Vinage, parviendra a donner a cet ouvrier non pas du vin frelaté, sophistiqué, susceptible de compromettre sa santé, Inais un Vin bon et hygiénique. Cet ouvrier, enfin, fem boire du vin a sa famille sans s‘imposer de trop lourds sacrifives. . . . Nous croyans avoir dénmntré que la propriété, sérieusement parlant, n’a rien a redouter du nouveau Projet de lei. __ 31 .___ UN DERNIER MOT SUR LES VINS DE RAISINS SECS. On simule une grande peur des vins de raisins secs. 0n sollicite le Gouvernement de revenir en .ar— riére, de les frapper d‘interdit en remettant en vigueur des sévérités depuis longtemps abandonnées. Ces entraves, nous l‘avons déja dit. génaient le com- merce autetnt que l‘Administration, appelée a faire respecter les réglements, et cela sans grand résultat pour elle. Les vins mélangés avaient quelques diffi- cultés a pénétrer chez le « Bourgeois » avec cette es— tampille. Celui qui préfére un verre de bon Vin aplusieurs litres de vins de mélange, y mettra le prix et recevra des vins naturals. Celui, au contraire, qui ne pourra pas aborder le prix, recevra, sans difficultés aujour— d‘hui, des vins de mélcmge. D’un autre cote, le détaillant, le debitant, celui qui alimente la masse des consommateurs , n’opposera aucune difficulté. ll recevra les vins avec des acquits blancs, bleus, rouges. Ce qu'il lui faut avant tout, c’est du bon marché, et une fois que le vin est arrive dans sa cave, quelle que soit la couleur de l’acquit qui l’ac- compagne, il perd la toute trace originelle. Sa nom— breuse clientele ignorera toujours si le Vin qui coule dans son litre, ou 16 canon qu’il avale sur le comptoir, est pur ou mélangé. Le Gouvernement fermera l’oreille a cette excitation peu louable, dont il ne retirerait aucun profit pour personne. mm“ :. __ 32 __ La concurrence serieuse que la propriété peut faire aux vins de raisins secs, la voici: Utiliser, a la re— colte, tous les mares, et faire a l’aide du sucrage on do vinage des seconds vins ou piquettes qui, bien reussis, seront toujours preferes aux vins de raisins SGCS . LA REDUCTION DU TITRE ALCOOLIQUE DES VINS ETRANGERS A 12°. En presence de la. loi sur le vinage, 1a reduction :21 12° degres du titre alcoolique des vins exctiques, a leur entree en France, et le payen‘ient des droits, par degre au—dessus, que la delegation se propose de demander au Gouvernenient, serait une faute lourde. Le projet de loi rend, nous l‘avons dit, a l’etranger, 1e vinage inutile. On n’alcoolise que parce qu’on peut mouiller a grande dose, ce qui est interdit en France. En reduisant le titre ulcoolique des vins exotiques, on obligera le proprietaire espagnol it mouiller e. la cuve, p'uisque, generalement, les vins ont une ri— chesse alcoolique naturelle superieure it 12°. Or, par le mouillage on augnientera 1:1 quantite importee an detriment de la quolité. Enfin, si on se declare les en— nemis de in. sophistication en France, il ne fant pas la provoquer en Espngne, par une mcsure contrnire aux interets de notre pays. L‘Espagnol est naturellement enclina la coloration artificielle. Si on l'oblige a mouil- ler pour reduire le titre alcoolique de son Vin a 12°, il sera force a le colorer upres. __\33._ CONSEQUENCES DE LA LOI SUR LE VINAGE POUR LE COMMERCE DU MIDI. Le commerce du Midi sera-t-il ruiné par la loi sur le vinage a faible droit? L‘attitude du commerce on general répond négativement a cette question. 11 as- siste impassible a ce tournoi auquel prennent part, d’un cbté. une coterieaussi faible que turbulente, qui essaye vainement de l’associer a ses efforts; de l’autre, ,la population entiére, que 13. question interesse, qui, ‘dans un but d‘interet general, ne saurait rester indifl'érente et appuie le Projet du Gouvernement. La masse du commerce ne fait entendre aucune plainte. Or, qui ne dit mot consent. Le Projet de loi sera toujours plus favorable au Midi qu’au Nord, parce que c‘est dans le Midi que se trouve la matiere premiere. La production vinicovle peut se subdiviser en trois parties distinctes : 1° celle qui de la propriété est directement expediée a destination, exportation com- prise; 2° celle destinée a la bonne clientele et qui ne subit pas de transformation; 3° celle qui se préte aux divers coupages. La production reste nécessainement et ,entierement dans les mains du commerce du Midi. En ce qui concerne les vins exotiques, si 1e Nord et l'Ouest sont aussi bien places que le Midi \pour les Ite- cevoir, le Midi tient tout l’Est et le Centre, qui a eux seuls contiennent cinq fois plus que le Nord et l'Ouest. 3 __34 -7 A entendre les adversaires du vinage, des torrents d’alcool vont étre verses sur les vins (ce qui semit désastreum pom" nos finances). Ramenons les choses a leurs véritables proportions. Le vinage s’exercera principalenient sur les vins exotiques dont le titre alcoolique naturel atteint 13 et 14 degrés; sur les vins du Roussillon et du Nar- bonnais, qui lutterout avec plus d’avantage que par le passe avec les vins étrangers. 11 n’est douteux pour personne qu’un vin de Roussillon dedouble avec de l’eau est de beaucoup preferable a un vin d’Espagne traite dans les memes conditions. 11 s’exercera enfin surdes vins tres-légers, faihles, malades ou défectueux, qui exigeront 1e vinage sur place. Les vins du Cher, sauf 1e. << gros noir >>, les Vins de Bourgogne, de Champagne, de Lorraine en seront exempts, parce qu‘ils doivent, sous peine de inevente, conserver leur cachet d’origine, ou servir a donner ce cachet aux cuvées de vins divers. En resume, 1e Midi ne perdra quc sur la quantité de 3/6 verse 3 l‘extérieur sur les vins signalés, ce qui représente une faible quantite relativement 2‘1 1a masse. Enfin, si les grands centres vivent sur une assez large echelle, 1e Midi alimentera toujours 1e com— merce de la province {qui vinera fort pen), le demi gros et les debitants disséminés sur tous les points du territoire qui ne pourront pas viner (l). (1) La loi pourrait determiner no minimum do quantité au—dessous » duquel le vinage ne sera pas permis. __35_. LA VERMOUTHE RIE . Il existe un commerce dont i1 n’a pas encore été question, qni n’est pas le moins important et qui, sous l‘empire de la nouvelle loi, reprendra son ancien rang et donnera an Trésor de bonnes recettes. Le commerce de la vermoutherie, depuis 1865, ne vit que d‘expédients ; il est, depuis 17 années, oblige de passer sous les fourches caudines des distillateurs et des lrouilleurs de cru ; il est méme oblige d’envoyer des vins blancs de France pour les faire Viner en Espagne. La quantité de vins blancs que fournit I‘Etrangor a la vermoutherie francaise est considera- ble, et tout cela an detriment du Trésor et des con— sommatenrs. Le Midi prodnit encore assez de vins blancs, ils seront utilises jusqn’au dernier litre par les vermou- thiers, et ce genre de Vin acquerra une sensible plus- value sur les lieux de production. (7e qui sera compromis, nous devons l’avouer en terminantme sera cette industrie occulte, ce commerce local dent nous avons parlé dans le cours de ce travail. Voila pourquoi il pousse des hauts cris, des cris LléSGSpéFéS, qui ne font pas écho dans le commerce et qui ne seront pas non plus entendus au sein du Pal-lenient. __ 3g; __ BOUILLEURS DE CRU. Nous avons toujours considéré la loi sur les bouil« leurs de cru comme une tres-grande faveur accordée 9.1a propriété. Abrogée une fois, elle a eté remise en vigueur, au 16 mai, croyons-nous. On comprenait l’existence des bouilleurs de cru lorsque l’Hérault seul produisait 16 a 18 millions d’hectolitres. Dans cette énorme production se trouvaient des quantites de vins faibles ou defectueux. Ces vins se trouvaient en plus grande quantité dans les propriétés importantes. Il paraissait equitable que les grands propriétaires pussent, a la faveur de la. loi , distiller leurs vins avariés, dans le but de remonter le titre alcoolique des vins de leur récolte. Mais aujourd’hui que, faute de vins naturels, on a recours aux vins artificiels, aujourd’hui que les vins meme avariés tronvent leur place, aujourd’hui enfin que le producteur a. sa recolte trés-réduite, ce qui lui permet de donner tous les soins voulus pour obtenir du bon vin, l’existence du bouilleur de cru n’a plus 33. raison d’étre. Par le maintien des bouilleurs de cru, la loi sur le vinage perd la moitié de sa valeur. Cette simple indi— cation suflira aux hommes compétents. Cavecmt Con- sules ! 11 y aurait cependant un moyen facile de concilier les intéréts du propriétaire wéellement bouillem‘ de cm. Ce serait de l’autoriser a distiller les produits de _... 37 _ sa récolte moyennant une declaration au bureau de la. Régie, et a verser en franchise saw 363 bans vins, en présence des agents du fisc, 1e produit de cette dis- tillation. DISTILLATEURS . La distillation ne peut manquer de se relever dans le Midi sous 1e benefice du Projet de Loi. Elle arre— tera les 3/6 allemands qui, par un detour en Espagne et en ltalie, et caches sous la robe de vin , n’en font pas moins irruption en France, au detriment des pro— duits franoais. Aw“ fl. V-.. 33 _ CONCLUSIONS. Par ce rapide expose nous pensons avoir atteint 1e but que nous nous proposions, 2‘1 savoir : 10 préciser la question, en la dégageant do toute équivoque; 2° dé- montrer que la loi sur le vinag'e a prix réduit est m0- rale, et qu’elle ne compromet nullei’nent l’hygiéne publique et les intéréts génémux du commerce et de la propriété. Nous espérons avoir' prouvé que le traité de com- merce fi‘anco-espagnol, en ce qui concerne l’article Vim, n’est pas prejudiciable aux intéréts vinicoles frangais, et qu‘il n’y a pas a redouter, pour nos vins, l’invasion des vins exotiques. Dégagé de tout intérét personnel, nous avons traité cette question avec une entiere indépendance, en nous plagant au triple point de vue du commerce, de 13 pro- priété et de la classe laborieuse. Nous serons heureux si notre faible voix est enten- due, et si nous pouvons ainsi étre do quelque utilité a notre region, si éprouvee par le phylloxera. Ht“ MESSINE. 25 avril 1882. _39_ Nata. -—- La Commission du vinage, présidée par M. Jean David, a déposé, dans la séance du 12 juillet dernier, son Rapport concluant au rejet du Projet de Loi. En méme temps, M. Sonnier, ne trouvant sans doute pas le travail de cette Commission assez com~ plot, a, a son tour, déposé sur le bureau de la Cham— bre une proposition tendant a ce que la quantité d’al— cool contenue dans les vins. entre 12 at 15°, soit frappée d'un simple droit, de consommation d’entréo et. d‘octroi. Apréslles développements qui, dans ce travail, ont été donnés a cette question, on est naturellement amené a dire que la Commission du viuage comprend étrang‘ement les intéréts du pays. Nous avons la ferme oonfiance que la Chambre des Députés, mieux éclairée, sans sarréter aux conclu— sions du Rapport de M. Jean David7 ni a la propo— sition Sonnior, votera 1e Projet de Loi du Gouverne— ment. H‘“ M. Montpellier. lmprimerie (irollier et tils. boulevard du Peyrou, 9. gle’fIEYZ'YM’”if" ’5; if ' L ’ 1 \ :3 37:7... f‘xc?,‘§ei§fi¥pia%;vj MANUEL PRATIQUE DES SULFURAGES GUIDE DU VIGNERON POUR L’EMPLOI DU SULFURE DE CARBONE Contra le Phylloxém PAR Le Docteur CROLAS V. VERMOREL I‘lw‘r'r.$>r;l’li A LA FAIiL’LTE be mint-mm»: P m': SIDE .\'T It U c 0 m c F. A G n I a 0L E liT 1m munmcu: DE Lynx 1) u n E A L' J 0 L A I s \w1:-vnr’:>m1:yr [.13 co\11TF:h":5TL'th ET DE LA socnfi'rfi 1fuonTIcL'LTL'RE m‘ M. vaLANnE LIL’ Imfixr»: D E v 1 L L E r n A N c u E TROISIEME EDITION PRIX: l FRANC PARIS r LYON hlmim :10 Id MAISON HUS'I‘IQUH LIBRAIRIE HENRI GEORG ’36, m»- Jumb, 26 I31}, we do la République, (3.3 MDCUCLXXXIV MANUEL PRATIQUE DES SULFURAGES GUIDE DU V IGNEBON POUR IfEt’PLC‘: DU SULFURE DE CARBONE Contra le Phylloxéra Le Docteur CROLA-S V. VERMOREL h PROFESSL‘L’K; A I.\ sacrum DP. MEN-2mm: 1' niESIhEXT n [' 1:0 .\H m: AGRIC 0L r. ;:r m: I‘HARMAIEH-Z m: LYON I‘ L' 121-: A C .I 0 L A I 5 1:1' M: LA SOCIEH; D‘HORTICUIWK'RE I IlF, VILLEi-‘HANCHF v1-::’:—i*;;+’:<:m;x7 Ivl’ unmrli lI'ETL‘DES Air :4: \‘IGILAV‘E 1~i' nn-‘m; TROISIEME EDITION PRIX: l FRA‘XF PARIS ; LYON Librain’e dr [3 MAISON HUSTIQUE I LIBRUHIE HENRI GEORG '30. I‘Uv .Imtnb, 26 ’ 63. run dr- In Hflpubliquia G3 MDCCCLXXXIV ; La .Défense des vignes . VV Le Sulfure devcarbon'e . . LQMatériel de sulfurage. . ; "Les COnd‘itions ,de .traitemenf.‘ ETTA; ’Pratique de l’opération. . INTRODUCTION (lotto brochure s’adrosse surtout aux proprietaires cultivant eux-memes, aux Vignerons; elle no 0011— tient en fait de theorio que les indications nécessaires pour rondre la pratique dos sulfurages”intelligente et raisonnéo. Notro programme étant ainsi restreint, nods avons di‘i laisser do octe tous les autros procede’s de defense on do reconstitution qui nous auraient en fait sortir. Porsonno 11o contoste plus aujourd’liui les propriétés insecticides du sulfure do oarbone. « Son efficaoite ( A coinine l'a dit )I. Cheysson, rapporteur du syndicat do Chiroubles, est ocrite sur lo terrain lui-méme, en t A traits irréousablos, par le contraste entre los Vignes A non ti-aitoes ou traitees tardivoment ot cellos qui ont cto on toinps utilo l’objet d’un traitement régulioi- : les premieres sontmortos ou mourantos, pendant que les A A 'A‘ autrcs présontent une belle Vegetation. » ()u salt que los vapours du sulfure sont mortolles pour lo pliylloxera ot sans danger pour la vigne lorsquo l’opé- k; Jo , f \ \ 1v ' INTRODUCTION , . ration est bicn faitc. A mcsure que les traitements s- généraliscnt ct qu’on connait mieux son emploi, les acci dents qui ont marqué 1e début dcvicnnent de plus e plus rarcs. Le succes ou l’insuccés des traitemcnts dépcnd un ‘ quement dcs soins apportés et des conditions dans le: queilcs l’opération est effectuée. G’cst a bicn précisc‘ 'ccs soins et cos conditions quc nous sommcs attachs hcurcux si nous avons pu réussir. Nous avons divisé notre travail en scpt parties. La premiere est consacréc a l’insccte, a ses Inocur a scs ravages ct a sa recherche; nous avons pensé qui cos renseigncmcnts mcmc succincts seraicnt dc queiql utilité dans les pays réccminent envahis. Les autres comprcnnont 1a defense dos vigncs, h proprietés du sulfurc dc carbonc, 1c materiel de sulf: rage, les conditions ct 1a pratiquc des traitcmcnts. formations des syndicats ct leur fonctionncment. La table alphahétiquc des matiércs qui terminc pctit ouvragc permet dc trouver faciloment lcs reuse gnements dont on pcut avoir bcsoin. g Lyon ct Viilefranchc. 10’1"" mars 1884. D" CROLAS-VERMORI‘IL P”); _ . LE PHYLLOXERA SES )[OEURS SES RAVAGES, SA RECHERCHE On ne peut liien combattre qu’un ennemi eonnu. Avant «lo passer :‘i l'examen des moyens (1e 1e detruire, jetens un regard sur le terrible parasite de la vigne. Le phylhméra est un trés petil; insecte jaune—verda‘itre ' dc 1311101110 famille que les pucerons (Hi52222'ptéres). ll 3 six miles et (ICUX lengues antennes. Celui que l’on trouve cmnmunemeul sur les raeiues ii’a pas d'ailes, il est munid'un fort sugoir. qui lui permet (le traverse-P l’éeorce .et d‘arriwr jusqu‘aux parties tendres des racines‘pouih 1v puisvi‘ sa nourriture. l-‘ig. :. lliuf’ «lu pliylloxém aptere. — Fig. 2. Jeune insccle agile. Awe llll pen (Ellamllldt‘l malgre es faibles dimensions ' 'le l‘inserli- ll '3 ‘1 3,1- ile millimetre de long), onle dis; iingue £1 l‘u-il nu; mais c'est avec une loupe que 53 re- ‘IIL‘I‘CIH" est le plus facile. L'u-uf «lu pliyllexera des racines est ovo'ide, allongé, 1‘0 couleur jauue Citron plus ou mains fence, 'sa longueur is! «l'vnvimn :3 10 [IO millimetre. L’insecle éclét géne~ l 2 - ‘ LE PHYLLOXERA ~Paleznent an bout dc Sept 3 dixjours, selon la tempéra— ture ; a '25 degrés, il pent méme (20101? on quatre on cinq " l’hy‘fluxcra aptbru Fig 3. Aprsz ln premifl-rc 111118. — Fig. 4. Agnes In ricuxiéme mue. iours. Apn‘s tmis Innes successivns, dnnt In durée totale est de douze it ([ninze juurs, il est. pmpre £1151 reproduc- tion. C’ost {1101’s mm nlére pondeuse. Phyilnxvrn upturn uprés In lruisibme mun. Fig. .3. \'u an dcssns. - ~ Fig: 6. \‘u cu dessous. Arrive it to (léwlomwnn-nt, l‘insoclc dépose par jour de [mis £1 six wul‘s snr 105 memes, en sorto ([uo pendant 105 denx Innis qn'i! Vit, il a le temps dc pondrc dcux cents (rni‘s, «gni. 2‘1 lenr lmu‘. éclosent 0t pondcnt, si bien ({u'on nslinn‘. suivnnl lcs pays. (10 nn $1 trcnte millions 10 nmnbrc issu d‘nn‘suul insectc dans une sni- son,,<[ui dnrn. dans In .‘vfidi, dn ~15 avril an 1"" novcmbre, et Llans 10 M‘anjulzns ct Ins Charontes, nn Innis do 11mins. ~ ' ‘La pnntn vst nn‘éléc lnrsqnv la températln'e du sol s‘abaisso un—dvssuns (In [H (legl‘és. A l’antolnnv,toulcs les lnél‘es pondeuses périssent : les jeunes phyllnxé “35410111 121 nnw n’est pas achevéemestent seuls et passent l'him‘ dans nn (Stat d’cngonrdissement. ; LE PHYLLoxEuA ‘ ‘ - 3 Au printemps, i‘ls roprennent vie, aohéventlours mues et se mottonta pondre. Cepondantla féoondité do toutes oes générations sans males s’L épuiso peu a peu, l-e nombro dos ooufs pondus diminuo do plus on plus, ot lo ~phylloxo'ra fiuiruit par- disparuitro. )Ialhourousemont, quelqnes insectos subissant uuo qualriomo mue, s’allougeut et laisseut apparaitre do tyros polils rudiments d’ailes. Ayant subi ootto métamorphoso, los nymphes, oommo on los appollo, montout lo long dos oops et so rappro— ohonl do la surface du sol. A la suite d’uno cinqzuiémo muo, la nympho so trans- form: on insoolo ailé, fécond, commo lo phylloxéra des FariIICS, sans lo oonoours cles males. Lo phylloméra ailo est pourvu do grandos ailos qui lo rondonl ussoz Visible 511x911 nu; malgro cola, on 16 ron— ooulro raromout. C'ost 111i qui, omporté par son vol ou par lo vent, V21 foudor los nouvollos colonies. Lorsqu‘un ossaim do cos inscotos tombe sur une vigno, cliaouu d‘eux se fixo sur los pampros, los jeuuos feu'illos etbourgoous, at y puiso sa nourriture au moyen d’un suooir somblable £1 celui du phylloxéra dos raoines, mais plus court. Col; insoolo pond alors quolquos Leufs dans "V ' ' LE ‘gHYLLDxER'A, 'le duvet des jeunes feuille's', so’us les écorces du cep., ou méme a la partie supérieure du sol. . - Fig. 8. Phylloxém uilé. Dc ces (Bufs plus gms quc ccux du phylloxéra des racines, naissent des insectes, sans ailcs également, Fig. 9. OEufs du phylloxéra ailé. mais de sexes différenls, qu‘on appelle pour celte rai— ' ’ son 861216.35. ’l‘ous doux, males ou femelles, soul. dépour- i vus dc sugoirs 0t 119 font pas de mal £1 la Vigne: ils ne ‘ mangent pas, ils sout seulcment propl‘es £1 la reproduc—V: tion ct meurentsitOt aprés l‘avoir assurée. . La femelle sexuée pond uu soul oauf sur [e 09;) entre : LE PHYLLOXFZRA 5 165 écorces. C’est le fameux mul‘ d’hiver découvert par M. Balbiani. [’hylloxém sexué. Fig.‘ 10. Male. —— Fig. 11. Femelle uvec l‘aguf unique 51 l’intérieur. Get wuf, de couleur vordétre, est ordinairement dép0~ sé par la fcmclle scxuée en aofit ou septembre. ll éclét Fig. 9. — Giuf d'hiver. an moi: d'avril. Dc cet (Bllf sort un insecte sans ailes, East It) phylloxém dos racines dont nous avons parlé 3n mnmwngant. La plupart des inscctes ainsi engendrés gagnout lvs racincs pour commencer leurs ravages et eurs ponies: quelques-uns, en petit Hombre, se portent sur les fcuilles 01‘1 leurs piqfires ferment des galles qu’on no rcncontre guére ailleurs que dans le Midi et wrtout sur lcs fcuilles des vignes américaines; 065 gal— es 116 paraissent pas porter préjudice £1 la vigne. On Voit que 16 male n’intervientqu’une fois par an pour e i i " 4, LE MHZ-ions}: . , assurer 1a perpétuité dell’espece’et qu’ilne joue aueun ' "rele dans la reproduction des phylloxéras des Pacific-rs, ceuX-ci se reproduisant says son concours. Les efiets» (iii. phylloxéra. Le phylloxera vit sur les racines the fa Vigne qu’il pique 'aveo son sugoir. Sous l’influence de la piqfire, la partie atteinte se . gonfle, se désorganise et, l’allération pénétrant jusqu’au‘ centre, les racines pourissont. A ceux qui pourraient s’etonner des ravages causes par cet infiniment petit, nous rappellero’ns que l’homme qui supporte sans poine' une piqure d’a‘beil‘le suecombe si les piqures sont nom- breuses. 11 en est de meme dos i-acines attaquées pal‘\ 1e phylloxéra. . ‘ Radieoiles on chcvelus d'es raciues. , Fig. 13, Partie suiue. — Fig. ’14. Partie phylloxérée, avec renflemeuls. Un eep envahi par cet inseote, depuis ti'ois ans, 3, 1e plus souVem, ‘toutes ses meiues pourries, couvertes de nodositeset de rent-lenients : il est alors-abaudonné par I 1 I 1.1;: PHYLLOXERA ‘ 1 ‘ i 7 son ennemi, qui Va ehercher ehez le voisin la noun- 1‘itu1‘e qui lui manque. \ Si dans lo Midi, la destruction des vignobles est plus rapide, eela tient a ce que la multiplication du p1131- loxci‘a se fait plus Vite. La tache. 4— Sous les atteintes du parasite, les Vignos pousscnt moins de bois qu'éi l’ordinaire, les fcuilles jaunisscnt et tombent plus tut, l’ensemble des ceps malades foi'me ce qu’on appelle la z‘achc play/[10.115— 7'I'r/uc. Dans la tache phylloxérique, les ceps du milieu soul généralcment plus malades que les autres, ils meu- rent les premiers. A mesure qu’on s’éloigne du centre, on trouve lcs sarments de plus en plus longs. Dans les Vignoliles abandonnés £1 cux-memcs la tache we sans ccsses ’élai'gissant, eomme une taehe d’huile. Lorsqu ellc apparait, les iaeines ont déjfi beaueoup souf- furl. lc Inal est aneien, les inseetes ailes out pu se re— pnnurc sun d’autres points, ct, si cettc taehe englobe quelques ccntaines de souches, on peut, sans les voir, affirmer l’existcnce de taclies plus recentes clans le voisinage. Propagation des ravages. —— Si 1e mal se propage dc proclie e11 proehe par les insectes souterrains, il se répand {‘1 distance ct saute d’un point $1 l’autre par les ailés, qui essaiment ct. quittent 1e foyer primitif, eomme uu cssaim (l’abeilles abandonne une ruehe trop pleine, A force dc s’élargir et de se multiplier, les ,taehes finissent par se toueher, les vignes sont alors perdues. C’est ainsi que pres d’un million d’hectares dc vignes out etc, detruits en France. 3 * LE PHYLLOXEBA Recherche du phylloxéra. -—— L01°sque dans un pays phyllox'éré 011 VOit 11110 Vigne, jusque-la saine, 1163- 01111‘ sur 1111 011 plusieurs points, 10s fcuilles jaunir ou rougir, s0 contourner sur 10s bums, 011 pout présumer 121 présence (lu phyllnxém. A plus 1'01't0 raison, 101‘sque 1-05 c0ps paraisscnt mlmugris, 01111111111105 aux cops v01— sins, 10s sar111011ts 11101118 1101111111111); 0t 11mins forts, les fcuillcs plus petites, 10s raisins p011 alm111131'1ts 0t muris— sant tardivcmmt. Mats tous 00s caractén-s 0xt01‘10u1‘s 110 sont pas ce- pcndaut suflisunts pour on 001101111'0 121 presence (lu phyl— luxéra. 1101111101110 011 001‘1vai11 fn1'1110 parfois (les taches semblahlos Llans 10s \‘ig110s; la jauuisso (lcs feuilles, 011 011101‘0s0, 011 11111110, c1'aut1‘es. 11'0x11111011 (10s “acines est '11ulispo11sal1le : s‘il s’agit (10s larvos «l0 coléoptéres, 011 lmuvc tles galcrit's cr0us00s (luns 10s racincs: (111 110st0, pour 1’001‘ivai11, la, 10111110 s01'a 0110—11101110 (10011111116166 par l’insectc. S'il s'agit £111 contran'c (Ill phylloxéra, les ratlicelles 011 barbucs qui se (10V01npp0nt au printemps, au lieu (1'0t1‘0 lilil‘nrnws 001111110 0110s 10 sont (l’ordinairc, sont 1'01111ées 011 11111110 (10 pniro nu (Tusst‘ <10 pis1010t. 011 trouvu souvont sur 00th: 11311110 111111100, ([1101‘011 upp0110 Ila/(0.51115, 1'111s00t0 «1111 1'21 prmluitt‘, 011t0111'é (l’uu certain 110111b1'0 (l‘u-ul‘s. Lu 111101111010 annéo, ces 1*011110111011ts out la 001110111'110s 1*z1d100110s; 11s brunissent 011suit0. A l’originc (.10 l‘invasion, c’osl sur les radicelles qu’nn tmuvo 10 plus souvont 10 phylloxéra, sa presence 0st l'indice 10 plus certain (10 la 111alud10. Lorsque la maladio' 0st plus 31101011110, 10s 110c10sités devicnnent 111arr011f011cé, puis 11011fit1‘0s 0t tombent 011 pourriturc. 011 trouvc 3101‘s l’i11s00t0 sur 10s petites ru- LE PHYLLOXERA ' 9 cines et meme sur les grosses. Leur bois devient‘noueux, rugueux,et sur les petites, prond unc teinte Violacée. — C’est dans les‘replis de ocs racincs qu’on rencontre les parasites en grand nombre. Pendant toute la periode dc Vegetation, on Home 10 phylloxéra un peu partout; tres petit et. jauno clair au printemps, plus gros et jaune- verdétrc on été, 11 so tient davantage sur les racines superficiollcs. 96%? 52am ; 0‘ A 8/235€4;§%%%% *7 my <52 :1 ‘g‘.‘7 1‘ 5H6 \“T. H . u: .' 1 I‘ ‘1? ~ v, 5 Mfi‘sflaéwmfléml é? A. , ., 5,, 5 «Hi wwvvfiwm Fig. 15. Groupe de phylloxéras sur uue gI‘OSSB racine (l’eusemhle est grossi environ 100 fois). Si la tache est bien marquee, si meme quelques eeps sont morts, il faut rechercher l‘insecte sur les souches voisincs, sur celles qui sont encore vigoureuses et pleines de seve. En hiver la recherche du phylloxéra est plus difficile; l’insecte, par suite de son immobilité, de sa coloration plus sombre et du petit nombre des individus, se découvre difficilemcnt. 0n doit s’attaeher d’abord a constater l’existence, sur les radicelles du I V ~ i0; 'y ‘ E "Z‘ Lsimbmfim printemps de genflements mix-s et flasques en ferme de poire, etest l’indiee certain du passage du phyh loxéra. Lorsqu’ on se livre a ces recherches, il est im- portant de ne- pas laisser l’ouvrier charge de deterrer 13, cep, extraire lui-méme les racines, ear, en tirant dessus, i1 enleve l’éeerce qui est préeisément la partie qu’il faut Visiter. Il est preferable de faire déehausser le eep et de eouper soi-méme les grosses racines {‘1 lanaissanee, en .enlevant un peu du bois de la souehe. Alors, aVee l’ongle en un eoutoau, 0n enleve déliea— tement, pres de: la naissanee de la racine, l’écoree superfieielle settlement ; ear c’est sous eette derniere \qu’on apereevra ale loupe une multitude (le points jaune—verdétres, verdétres ou olives; ee sent les phyl~ loxeras réunis par groupes de quatre a (lix; et si nom- breux, qu’on peut sans exagération evaluer leur nombre a plus d’une eentaine par centimetre earré. 0n peut obtenir le meme resultat en enlevant (les lames d'én eoree 1e long de la partie souterraine de la seuehe. Les ‘raeines sent .quelquel‘ois tellement chargées d’in; seetes, que les doigts deviennent jaunes en les prena'nt. Tantet on me 1e trouve que surles racines profondes, tantét surles raeines superfieielles. ' k DEFENSE DE LA VIGNE Doit-on défendre la vigne ? —— La presence de l'insecte constatée, lorsqu’il s’agit de défendre 1a Vigne, le viticulteur (loit se poser une double question: ai—je interet a de'fendre ma Vigne? puis—je 1a clefendre? En agriculture, toule operation a faire doit avoir pour but. le profit; mettons (lone en regard du produit des récolles, les depenses nouvelles qui Vont s’ajou— ler aux frais de culture par suite de la presence de l‘insecte. Pour trailer un hectare avec le sulfure il faut : 1180 a 200 kilog. sulfure a 40 fr. environ, 80 fr. '15 a 20 journees de travail, suivant que le sol oll’re plus ou moins de resistance au pal; 6O c’est done unc dépense de 140 fr. 11 y a encore a ajouter des frais de fumure plus 011 moins eleves, que nous n’avons pas a eV'aluer, puisque l’engrais mis en exces nest pas perdu ; tout ce qui est mis en plus des besoins de la plante, augmente la ferti~ lite du sol et servira au besoin des recoltes futures. Pour qu’il y ait interét a conserver la vigne, il faut l.- S " .. ‘ 7. VIC-‘3'“ ‘ . -. .3)? ’ A‘ _1 ‘ .-i , ,"*‘?‘<~W, 3.. W,”:fl%,§f‘§‘" " .v ' ‘7 pup“. ‘ i =,‘ "1 -- ,‘Hy‘vr.‘ g-x. 12 ‘ LE PHYLLOXERA non Settlement qu’il reste un revenu. mais eneore que, malgre eette dépense nouvelle, ee revenu soit supe— rieur a eelui qu’on tirerait d’une autre culture. 0r, heureusement, il faut bien le dire, il en est ainsi dans la generalité des eas. Avant letraitement, il y a lien aussi d‘examiner l’état de la vigne.Sielle est Vieille, si les taehes sout nombreuses, il est inutile d'entrepremlre la défense ; nous avens- vu, en et‘t‘et, que lorsque lestaelies sont multiples, la Vigne est envahie dopuis trois ou quatre ans, le inal, pour étre plus 011 inoins apparent, n‘en est pas inoins consi- derable; dans ees conditions, it faud'a trois ou quatre ans pour ravinener une Vigue ([ui serait juste en age d’étre arraehee, si le pliylloxeraiu) s‘en e'tait empare. Ce serait faire des frais inutiles que de teuler eette Operation. La Vigne est—elle jeune, him que le inal soit pro- fond, on a plus d'espoir de reussir, et, si l'on passe (leux on trois ans a la rainener a la pleiue production, on aura le temps de profiter de ses prmluils. 113' a lieu aussi de se prt'weeuper de la nature des terrains. Pour que le sulfure agisse, ilt‘aut que ses va- peurs puissent se ditl’user dans le sol, que le terrain soit permeable. Le sulfure reussira d‘autaul mieux que eette condition sera inieux remplie. C’est dans 'les sols meubles et profouds, —— la plu- part des terrains ealoaires ou granitiques sont dans ee eas, —- gate [6 SUI/(Ire réussit [e miez/J‘. Si la eouehe de terre n‘a pas au moins 20 a 30 eeuti- metres, on ne peut pas operer avee sueees. La plus grande partie des vapeurs se perd dans l‘air au lieu d’agir. Dans ees terrains, il faudrait, —— au rebours des terrains ordinaires, —- traitor quand le sol. sans etre mouille, conserve encore une eertaiue luuuidité. DEFENSE DE LA YIGNE 4 13 Moyens de défense. —- Touto vigno envahio par lo pliylloxéi‘a est falalomont vouoo a la mort, si on l’aban- donno £1 ollo—momo. ‘ 011 no saurait trop roagir oonlro ootto Opinion quo lo phylloxora s'on ‘ira. oommo il est vonu; o’ost avoo co raisonnomont qu‘on poi‘d un \‘ignoblo. Pour sauvoi‘ la Vigno, il faut absolumont (létruiro los insootos ([ui l'aooablont. Co no soul pas los prooédés qui manquont, on on oompto plus do sopl. millo, — tous plus ou moins in- failliblos. suivant leurs invontours, -— mais dont lo moimlro (lofaut ost do tuor la Vigne avant l‘insooto, d'oti'o drop ooutoux ou inofi‘onsifs pour lo phyll-oxéra. 1Nous no parlorons pas do ooux qui n'ont d'autro but quo d‘abusor do la orodulito’ du Vignoron. Trois moyons do destruction ont one soulomont rooonnus offioaoos par la Commission supériouro du pliylloxéra ot sont. palronnés par ollo, co sont: ~la Sllhlllt‘l‘SlUH, lo sull‘ooarbmiato do potassium ot lo sul- furo do oarbono. ll no faut point liositor ii los omployor dosqu’on s'aporooit do 13 prosonoo do l’insooto. La submersion. — La submersion Ioonsisto £1 ro— muvrir pondanl.quaranto £1 oinquanto jours lo sol dos \‘igm'ss phylloxoréos d‘uno oouolio d’oau do 20 a in o«,*nlinn‘-lros d‘ol’missour: ollo n'ost guoi'o possible qu'au lmrd dos rivioros ot soulomonl dans los Vignos oil lo sous—sol impormoablo rotiont l’oau. Le sulfocarbonate. —— Lo sulfooarbonalo do potas- sium oxigo, lui aussi, do grandos quantilos d’oau, 20 ii in litros par souolio. Cost un pmoodé tros oftioaoo. u , ‘ . 'LE'PHYLLOXERA Ge produit dégage des vapeurs dc sulfure de carbone qni tuent 1e phylloxéra. Malheureusement son prix et la maSse d’eau nécessaire :31 s05 emploi en empéehent la generalisation. ’ Le sulfure de earbone est plus souvent applieable; aussi est-0e de lui que nous nous eeeuperons dans ee travail. / Le sulfure de carbone. — Sex proprz’ét‘és. —— Le sulfure de carbone est un liquide incolore eomme l’eau ou l’aleool, mais beauconp plus lonrd : 1m litre pese l kilog. 260 grammes. Il est tres volatil; son evaporation est si rapide que7 lorsqn’on en verse quelques guuttos dans la main, elles disparaissent aussitet en prodnisant nne grande sensa— tion do fr'oid. ll bout it 45 degrés an‘dessus de zéro. 11 no gele pas aux plus basses tempé ‘atnres. Lersqn’il s'éva— ' pore, 1a derniere goutte est anssi bonne que la pre- miére. Le snlfnre de carbone exhale nnn odenr d’cenfs pourris. 11 se dissent fit peine (lans l’ean, mais lui (301n— munique son Odour; par centre. il so inelange .avee l’aleool 0t leslinilos, en tonles propurlimis: il dissent le eaoutchene ct jnsqn’ii 10 0/0 do sent‘re. Le snlfure de carboue est tres inflammable; sa mani— pulation exige les memes precautions que le pétrole. Comme les vapenrs du snll‘nre sent plus lonrdes que l’air, elles rasent le sol et se répandent £1 distance. 011 me doit pas tolerer de fnmeurs auteur d‘un baril en Vidange ; nne alluinette impriulemiueut jetée it qnelques metres de ee baril pourrait y mettre le fen. Si le baril est plein, 0n ne court ancuu risque d’ex— plosiOii, il bri‘ilera tout simplement ; pour qn’nne explo- \z DEFENSE mam -V'[GNE_ “ » 15 sion so produise, i1 faul; que les vapours de sulfur-e do carbone soient mélangées a l‘air. Ce mél'ange soul est détonant; c’est la memo chose, du reste, pour 10 1:16— trolo ou le gaz. ll arrive quelqnefois que la. pointe du pal, heurtant 1111 silo); on pierro 1‘1 feu, fait jaillir uno étincelle et en- liainmo le sulfure au bout du pal. Cot incendie, fré- quent sur les oOteaux pier-roux, est Vito étoint ; il suffit do plonger‘le tube du pal dans la terro pour l‘arréter. Les vapours du sulfure ayant une grando tension, lorsqu‘on on déposo 1111 p011 dans lo sol, il s’évaporo ii1nnédiatemont; ses vapours chorchent partout un pas- sagopourse répandre, soit an fond, soit autour du tron; 011 165 Tctrouvo parfois jusqu’a P20 (16 profondenr, et . 1'"70 autour dutrou d’injootion. Ellos vont ainsi chor- Cher le pliylloxéra jusque dans les parties les plus pro— fondes ct les plus inaccessibles dos racines pour lui porter la mort. Pour so rondre compte do l'effet toxique do (-365 va- pours 5111‘ l‘insocto, i1 suffit de choisir un cop convert de phylloxéras, ct do donnor quatre injections 3 50 on 60 centimetres autour do 06 con, an moyen du pal. En déton‘ant cette souohe uno semaine aprés, 011 vorra £1 l'oxamen que tous les phylloxéras sont morts, qu‘ils sont dovenus noirs on bruns, tandis que sur les Vignos Voisinos on les retrouvera jaunes et bien p01- hints. Bien que los vapours dusnlfure soient sans'danger en plein air. il est toujours hon de les éviter; leur odour (lésagréame alourdit la t‘étc ; 011 fora bion do s’instal-ler loujours dehors pour transvasor co liquido. (101111110 il pout paraitre intéressant i1 quelques Vigne— rons do connaitre la composition du produit qu’ils so /4-'"~ 16 ' LE PHYLLOXEBA proposent d’introduire dans leur terrain, nous émyons devoir dormer quelques renseignements sur la fagon dOnt il est fabriqué. Dans les laboratoires, 0n prepare ce corps en faisant bruler du charbon dans (10 la vapeur de soufre. A eel; efi’et, 0n [)I‘BINl une curnue en gres Lubulée, dans la tu- bulure do laquelle est Sululé un tube ([111 descend jus- qu'au fond de la cornue, et qui s’elevejusqu'él une assez grande hautel1rau—des511s (l‘elle.(')n1*1’1111pliteette cornue de charbon de huis menu, que l'on intrmluit par le (:01, 011 ferme 1e tubedoul '11 a «EU: quesliml awe un bou- chon dc liege, o11zulapte 1111 I‘éfl’igtH‘al‘IL an 001 de la cornue, ct l’ou ehaull‘e eette (leruiere au rouge Vif. Des qu‘elle a atleinteelte lelnperut1lre, 011 commence (’1 introduil‘e (le pelits mereeaux «le snufre par le tube, que 1'01] bouehe 21115511131 apres. Les mpeurs (le sulfure (le carbone passeul; aussiml (laus le 1'1’11‘1-ige1‘ant. Des qu'il n'en passe plus, 011 Peel'111111'1enee :‘L ajnutel' <1u suufre, et 311131 (10 suile jusqu'n eonsmnlnalion (le 13 plus grande parlie Llu eharlmn. ’l‘hem'iquemenl, il [slut 157 grammes lle ellarbon et 843 grammes (le soufre; Innis, dzms In. praiique, i1 en faul heaumup plus. Le sulfure (le em'lmue ainsi (1b- tenu 11'esl pas pur: il lieut on (lissnlutiuu (lu 5011116 ([111 a behappe 1‘1 l’aeliun (Ill elmrlmu; il suftit (,l‘une (lislillalion pour le purilier eulieremeul. Dans l’iullusn'ie, m1 le fabrique (le 11101110: la, forme et la (limeusiun (les appareils soul seuls ehzmgees. Le sulfure livre pour la Vigue, esl luujuurs (lislille, pour lui enlever le suul're e11 exees, avaul, la livrulsun aux Vill— eulleul's. Nousamns hien souvenl enlemlu (lire. llepuis lrois 011 qualre 2111s, que le sulllu‘e (le earlume 1111111 l'alsitie. DEFENSE DE LA VIGNE 11 qu’on en-‘avait tro‘uvé qui no brulait pas. Si bien que nous avons an recllercher co qu’il y avait de vrai dans cette affirmation. Le sulfure ne se melaugeant pas avec lean, on ne pourrail; 1e falsilier qu‘avec de l’alcool ou des huiles. Est—cc possible? Non, car oes substances sont plus 0011- leuses quc le sulfure, lui-méme et les falsilioateurs ne falsiiient ([ue pour y trouvcr un gain. Tout au plus pourrait-on livrer (les sulfures non dis- tilles : le produit n’en serait pas moins bon, il serait seu—- lement plus pesant, puisqu‘avant la distillation il contient 10 a 1'2 050 do soufre, tandis qu‘apres une distillation il n'en doil contenir tout au plus que 2 on 3 milliemes. ll est du reste facile do so reudre comptc si un sulfure a etc bien distille. ll suffit d'enpeser 100 grammes et de le laisser évaporer dans une assiette ; lc residu ne doit pas dépasser 3 dixiemes dc gramme. . L’examen de la densite a l'aréometre ou au pese-acide permet ordinairement d’avoir une approximation suffi- sante de la qualité ; l’cvaporation rapidc est un autre caractere. . Le sulfure en s’évaporant ne perd rien dc sa qualité ; cc qui restc est aussi bon que cc qui est parti. ‘ A notre avis, rien ne justifiait lcs affirmations quc nous avions souvent entendu faire, ct nous en serious encore relluit aux conjectures, si un fait recent "ne nous avait permis de nous rcndre compte de la chose. Le preleudu sulfure elait tout simplemcnt dc l‘eau. L'ouvriereliargé dc remplir les barils, cn Youlant trop epuiser sa cuve, avail liui par pomper un peu do l’ca‘u qui recouvre le sulfure. Un peut facilement se rendre compte s‘il y a de l'eau dans uu baril, en «lébouchaut la bonde du liaut ct en a) u 18 LE PHYLLOXERA jnclinant légérement le ffit; l’eau viendra la premiére, puisqu’elle reste toujours au—dessus du sulfure, sans se mélanger avec lui. En inclinant 1e flit graduellement jusqu’él ce qu’on roncontre le sulfure, 0n peut mémc se rendre compte de la quantité d’eau qu'il contient. ~ My a encore un autre moyen usité dans los fabriques: on enduit de suifune baguette dc bois ou de fer, on 121 plonge dans 10 liquide pendant quelques minutes: 18 suif aura disparu jusqu’au nivcau supéricur du sulfure. M ATEH [EL D15 S [' l. l“ l' H AG IS Barils. — Lc sulfurv do carlmno Il'est admis £1 myagvr 5111' 105 mics forrévs qu'on petite VltOSSP Pl rlans dos barils en forte [010. Mg. 16. Baril i1 sull’ure. Ull (loit lnujours déposer ces barils dans un local bier: aén'a s‘il so pout. £1 quelquo distance (16 l'habitation; il faul surtnul éviter do 105 laisserau soleil,car, sous l’in— fluvnw «ll: la chaleur, lo sulfurc so dilate. so vapm‘isc, m In prussion dévclolméo pmmquo la fuite duliquidv. CM! pnurévitcr lcs illcoménicnts (le ccllv dilata- sion qu‘on m- rmnplit jamais lcs barlls totalemonl, cl que, pour lugt-l' 100 kilog. do sull'urc, par exemplc, on cmploic 1m l‘mril dc bf) litres, 3101‘s qu’un Dari] do 80 pourrait suffiro. 20‘ ' Ln l’IIYLLOXERA Les petils barils de 100 kilograinmes sont los plus commodos pour 10 transport dans ‘les Vignos. Lu modélo (lit P.-L.-M., on L010 do 2, millinlétrcs ot demi a 3 Inillimélres, péso Vido onvirbn 23:3 kil g. il est inunido doux bondes Cu cuivro l‘orinéos cxactomentpar dos bou— clmns 51 V15. Mais cmnmo plus los barils soulpctils, plus ils sont coutoux, prOpm'tionnollmnont{‘1lou'r (mnlonanco, l’usage dos grands barils loud 5L so répandre purlni los propridlaircs. 0n trnuve Inainlonanl, dans la culture. dos barils doQOO, 5300, 500M memo 1M EH kilog. Un dos plus recomlnamlalilos osL oorluinomonl oolui do 200 kilog; il pose (SOkilng. otcm‘ito onViron l0 francs. tandis quc colui do 100 kilog. (:01‘1t028 francs. - Los grands barils sunt souvenl laissos a pruximilé do l'habilalion; ohaoun dos ouvriors lransmflo lo Ina— tinkt it, Inidi, an lnuycn d'un bidnn on zinc opais, la quantité do sulfuro IICCOSSEIll'C pour la deini-jourmfw, suit environ ll kilug. Levilicullour Lrouve, dans l'achat des barils, un double avanlago : 11° il acquiert la cortitude d’avoir du sulfuro £1 discrotion, lo manque dc barils étanL lo plus grand ()bslaolo aux livraisons régulioros : ‘2" [Hf/mi plus ([0— mmé par la crawler do pug/or 1m ”Inglis-[Hugo en gar— dant los bards plux zl’zm mac's, i! o/wz'sit pour sulfurer le temps [6 plus favorable d [’(Jpéraz‘z‘on. Avanl do ounduiro uu fut~ 2‘1 la Vigne, on'doit toujuurs s’assurorquo la ruuille n’a pas saisi los DOUL‘hOllS dans les bondos ol quc roux—1&1 so dévissent t‘aciloinoul. Apros los awir ddvissés, 0n los graisso, ol, si c’est néoossuirc, 0n rofail lu garniture av’oc do l‘étuupo. Fuute do oollc simple préouution, 0n s‘exposo :‘t perdre un temps prooicux, lursqu'on ost 10in de la Inaison, pour revcnir oliorohor uno olof suffisamlnont forte. V MATERIEL DE SULFURAGE '21 Quand lo sulfuro doit étro consorvé d’une saison a l‘autro, il est hon do s’assuror quo lo fut no coulo pas et quo la garnituro du bouohon ost on hon état. Combion, fauto do co soin, ont Lrouvé vido un fut laisso ploin. Commo nous l’avon‘s dit plus haut, lo sult‘uro no gélo pas. ot s-‘il arrivo quolquos ruptures do bonbonnos ploi— nos sous l‘aotion du froid, o'ost qn’on a rooouvort lo sulfuro d’uno oouoho d’eau pour évitor l’évaporation, ot c'osl {‘1 la congélation do l’oau qu’il fant. l’attribuor. Lorsqno, pour uno raison ou uno autro, on no pourra s‘om— [)C‘Cllt‘l‘ do laissor quolquo temps dos 'barils oxposos an soloil, on dovra s'omprossor do los ‘rocouvrir avoo ,dos fouillos, dos branohagos ou dos toiles moullléo's. Pour tiror lo sulfuro ot romplir les pals, on so sort ordinairomont d'un robinot en ouivro a soupapo d‘uno formo spéoiale otd’un usage assoz commode. Co robinot so Visso sur uno dos hondos. Dans cos dorniors tomps, los Vignorons préféraiont, oommo étant plus commode, un simple robinot on bois, qu'ils Vissaiont ogalomont apros avoir garni d’étoupo la partio qui s’adapto au baril. Maintenant, on fait un robinot on buis, so vissant sur la hondo ot qui a l’avantago d’étro hon maroho ot du 'nhlo. ' _ Quolqnos propriotairos so sorvont aussi do bonbonnos on. wru- ou do lmrils on bois ayant contonu du potrole, pour logor lo sulfuro. —— Avoo los promioros, on a £1 oraindro In oasso par suito d'un ollOC.N011s no pouvons rooonnnamlor los seconds, la lluidité du sulfuro osl tollo , qno la moindro fissuro suffit a son passage, ot nous oonnaissons dos pmpriotairos qui ont lrouvo lour barils vidos ; d'autros an oontrairo sont satisfaits do co moyon éoonomiqno qui pout étro bon lorsqu’on a 22 Li; PHYLLOXEBA la facilité de mellre ces fi‘lts au fond d’une piéce d’eau qui ompéche l'évaporation. Le Pal injecteur. — Descriptimz. — Le Pal injec- teur, invenii'r par M. Gaslino. est un appareil qui per- E - a ”£107 [(035- 1‘ i Fig. 17. Pal {1 clupet inférieur. Fig. 18. Pal :‘i clapet iatéral. met de distribucr (lans la couche arable des quantités exactoment mesurées de liquidcs insecticides. il a (*té construii (Isms 10 but do rendrc pratique MATERIEL DE SULFURAGE " 23 l’emploi du sulfure de carbone contre le phylloxéra de la vigne. Il pourrait aussi hien servir a distribuer d'autres produits toxiques. Le pal injecteur est forine, a l‘extérieur, d‘un réei- pient en zinc on on cuivre pouvant contenir environ l kilogrammes de sulfure, terminé par une tige defer creux ou pal munie elle-méme, inférieurement, d-"une extre’mité eonique. En haut du recipient, deux manettes 011 branches horizontales garnies de manches en bois, permettent de saisir l'appareil. Au milieu. sous le réci- pient, une pédale sert a l'opérateur pour appuyer le pied et augmenter l’effort exercé. sur l‘in'stnunentnOn pent ainsi enfoncer le pal dans la terre a une profondeur de 30 a 40 centimetres suivant la nature du sol. Le mécanisme qui assure la distribution réguliére et le dosage exact du liquide toxique, est renferme dans l‘intérieur de l’instrument. Ce mécanisme n'est autre chose qu‘une pompe a compression hydraulique, d’une extreme simplicité, car 6110 est réduite a deux organes principaux: un piston a ressort et un clapet de retenue, également a ressort. La tige du piston dépasse le dessus du recipient; elle se [ermine en haut par un disque de poussée large et plat. Le piston traverse le recipient en passant dans une Colonne ereuse en cuivre, qui sert d’axe resistant a tout l'appareil. C’est cette colonne qui porle les fonds supérieur et infe’rieur du recipient, et c'est sur elle qu‘on agit en appuyant sur les manettes. Autour du piston, dans l’intérieur de l’axe de l'appa- reil, se trouve dispose un grand ressort a boudin qui s’appuie, on has, sur le fond étranglé du tube axe, ct, d'autre part, en haut, sur une rondelle rivée a la tige du piston. L'effet de ce ressort est de maintenir auto- ' LE .PHYLLOXERA matiquement 1e piston en haut de sa course,» lorsQu’on Fig. 19. Coupe verliealo du pal Gastiue. n’exeree aucun . effort Sur 1e bouton ou disque de poussée. Au—dessous de l’extré— . mite du piston se trouve disposée une garniture 'elanehe en cuir (rondelle de ellir emboutie). Cette garniture, appelée anssi garniture de Bramah, est maintenue au centre de la, bride $1 boulons qui relie ensemble la partie supé— rieure de la pe’dale 51 la partie inférieure du pal injeeteur. Légende de la figure A. Bouton demanoauvreduplongeur B. Plongeur en bronze ou piston. U. Tube inlérieuren bronze recevant le piston el son ressort. D. Baeue do dosage. E. Joint et gnrniture de Bramah. F. Trous pour le passage du sulfure de carbone du recipient £1 13. chmnbre dc dosage. G. Bécipient i1 sull'nre de carbone. H. Tube en fer. I. Pointe en acier contenant ie ressort. J. Trou pour la sortie du liquide projeté par le piston. K. Clapet do pied. M. Manettes. O. Cylindre 51 pe’dale dans lequel vient s’engager le tube en fer. P. Bessort du clapet de pied. La partie supérieure est formée par les pieces que 1 K. \ , S .1? \ I ’\ 4y MATERIEL DE SULFUBAGE ‘3‘. ' ’ 1-. 25 nous venons do décrire: la eolonne de euivre et ses deux fonds; le recipient, les ma-njettes, le piston. La pantie inférieure se compose d’une piece de cuivre dans laquelle se trouve ménagée une ehamhre cylin— drique pour la deseente du piston; eette piece, terminée elle-meme par le pal pmprement dit, porte la pédale. ' A l’extrémité inférieure du pal, dans la piece d’aeier eonstituant le cene de penetration, se trouve insérée 11110 soupape de retenue. Cette soupape est pressee do has e11 haut par l’aetion d'un ressorta boudin, s’applique 5111* l’extrémite du tube f01‘1na11t siege, de sorte qu’elle ne peut s’ouvrir, pour donner passage au liquide, que sous l’effet d’une compression hydraulique exereee de haut en has. La soupape est recouverte et protégée de tout eon- taet étranger par le cone d’acier qui se Visse a l'extré- mite du pal. l'ne ouverture tres étroite (trou capillaire} est percée lateralement dans la paroi de. ce eerie pour le passage du liquide; c ’est 1’ orifice dinjeetion. 1 ‘ L e\amen de la grax ure qui precede et la lecture de la legende qui laceompagne, nous dispensent d une plus longue description. La figure 20 représente en detail la chambre de dosage, la garniture de Bramah , et l'extremité du piston 'plongeur. Fonctionnement du Pal injecteur. — Le fonc- tionnement de l’appareil est extrémement simple : Le pal étant enfoncé dans le sol par l’action que 'l’ouvrier exerce a la fois sur les manettes et sur la pédale, l’injection du sulfure de carbone est obtenue par un seul mouvement. _ -M. g m 7: 7‘3“ ‘14:.“ ' x , « LE PHYLLOXERA 11' suffit de pousser avec la paume de la main 1e bouton plat qui termine l'a tigeJdu piston au-dessus du récipient. \\ \ \ ‘ ./ _ i??? \\\\\\\\\\\\\\\\\\ wk k Fig. 20. Pointe et chambre dc dosage du pal injecleur £1 clapet inféricur. Le piston s’abaisse I‘apidement dans la chambrc de dosage en traversant au préalable le cuir embouti. A‘ partir de l'instant 01‘1 il a dépassé le cuir,ilcomprime lo liquide, qui remplit la chambre et le tube (111 pal K‘ t. MATERIEL m; SULFURAGE x " ‘3“ 27 jusqn'ii la soupape. Cette dorniéro, sous lfeffet de la poussée qu‘elle regoit’, en vertu do la propriété que . possédent les liquides d‘étre inCompressibles, laisse passer une quantité do liquide exactement égale £1 00116 qne représente 10 volume engendré par la descente du piston. Le liquido, ainsi refoulé au-dessous de la s’oupape, s'échappe avec force par l‘oritice d'injection inénago dans l‘épaisseur du cOne. Dés que le piston est arrivé an has de sa Course, l’in- jection crss‘e. La, soupapo so reforme hermétiquement (it. automatiqueinent sous l‘ofi‘ot du i‘essort qui la main- tient appliquéo contro son siege. Lo piston, abandonné it lui—niéme, rcmonte en haut de sa course. Le liquids se précipite dans l'espace Vide qu'il a laissé dorriére lni, rt l'appareil so trouvc prét 'pour une nouvollo injection. Cos dit’férentes phases du fonctionnement sont instan- lanées. Les rcssorts omployés pour actionner [0 piston 0:, la soupape de rctenue rendcnt l'amorgage certaip el complétomcnt autoniatique. Grace 51 la disposition mécanique réalisée par i'eni- ploi d'une soupape (le relenue que protége un céno fixe muni d’nn trés petit orifice, pour la sortie du limiide, l'injcction s'efi'ectue avcc toute certitudc. 11 ne peut jamais so produire d’engorgement. L’Orifice de sortie no pout pas s'oblitérer. Le liquide toxique est injecté an fond (in Iron percé par le pal-et cela en quantité toujours cxactement dosée, quels que soient la résistance du terrain et son état de tassement. Dosage du pal. — La quantité do liquide chassée parl'orifice d'injection a chaque coup de piston, dépend 1311‘ , LE PHYLLOXEBA de la longueur de course qu’on donne a ee dernier organe; En diminuant la descente du piston, onréduit. 1a dose. ' ' 0n obtient bien facilement co résultat en enfilant sur la tige du piston, au-dessous du houton de poussée, (les rondelles ou bagues do euivre d’une hauLeur appropriée. Sans'aueune rondelle, l‘instrument, tel qu’il est eon— struit pour l’emploi du sulfure de earbone, débite lO grammes (1e 00 produit par coup de piston. La hau— teur des rondelles ou bagues de dosage est ealeulée pour que ehaeune d'elle représente un gramme. ' En enfilant une rondelle sur la tige du piston on dimi— nue done la (lose totale d’un gramme et ehaque coup de piston ne donne plus que 9 grammes. On pout également employer (les demi—rondelles {limi— nuant l’injeetion (l’un demi—gramme. Sans rondelle on injeele. . . . . 10 grammes. Avec l —— — . . . . . 9 —- 2 —— —- . . . . . 8 —— 3 ~—— — . . . 7 —— 4 —— —- . . . . 6 — 5 — ~ . . . . . 5 — ll est done bien facile a l‘Opérateur de fixer 1e debit de l'inerumeuL ‘a la (lose convenalJIe pour la nature du traitement a Operer. Entretien et démontage du Pal. — Apres chaque journée de travail, il eonvient de laver les pals et d’in- jeeler avee de l’eau bien (impede, enfin d’humecter les cuirs avee la pllilodermlue pour empéeher leur (lurcis- sement. Lorsqu’on veut se servir de l’appareil, on _vide com- MATERIEL DE SULFURAGE I 29 pletement l’eau qui peut y étre restée et, avant de le remplir de sulfure de carbone, on enduit le piston, a défaut de philodermine, d‘un peu de savon vert mou .(sa'von de. potasse), pour faciliter le jeu de. cet organe. ll iinporte do n'employer que du savon neutre, ou de la glycérine. Toutes les huiies et graisses sont detruites , par le sulfure, et pour eette raison, ne peuvent etre p employees. Apres avoir ainsi enduit 1e piston, il est hon de dévisser le rene pour Visiter la» soupape inferieure ou’elapet, et de s‘assurer que le petit euir qui forine joint sur le siege. du tube est' parfaitement propre, e'est—a—dire qu'il ne eonlient inerustee aueune parcelle métalliques aueun grain de sable capable de nuire a la bonne fermeture des trous. * ' Pour efl‘ectuer eette Visite quotidienne des prineipaux organes du pal, il faut seulement deinonter 1e piston et le mine. I ‘ Le deinontage du piston est des plus faciles. On dévisse le bouelion inollete qui se trouve'sur le dessus du pal et le piston peut etre retire tout entier avee le grand ressort qui l'actionne. Rien n‘est plus aise’ que d‘enduire alors son extrémité d’un des corps lubrifiants dont, nous avons parle plus haut. En devissant le mine, a l’aide de la broehe renfermee dans la boite d'aeeessoires,1a soupape pent étre Visitee. 0n doit s‘assurer si elle joue facilement et changer au besoin le pelit cuir en prenant soin de bien le faire entrer dans la partie creuse de la soupape dont, an préalable, on retire la partie triangulaire. 0n reinet ensuite le triangle par—dessus le euir, puis on replace la soupape sur son siege en l'y appliquant fortement, de faeon :1 hien former l’einpreinte du siege sur le euir. 30 LE PHYLLOXEHA Un d'ernier démontagc est quelquofois nécessairo lorsque l’appareil est resté longtemps en service ; c’est lo remplaoement du cuir ombouti do Bramah. Pour cela, il suffit do dévissor 10s quatre boulons du, joint :1 brides I'énnissant 10s deux parties de l’appareil: lo réservoir et la pédalv. Un sort lo cuir usé on des— séché (it on 10 romplaoe par nn cuir sonplo pris dans la boite d'accossoires. On doit voillvr i1 08 one ce cuir entre bien exactemcnt dans l’nspr/(ic crew," circulaire Inénagé pour lo contonir dans la hrido supériouro atte- nante an recipient. 'Pnis on romot lcs houlons en pra- tiqnan‘t nn serrago rogulier 0t progressif sup chacun d’onx tour {‘1 tour. Sans colt-v procantion, 10 joint pour- rait Ctro imparfait 0t l‘on s'oxposorait 2‘1 *EISSCI‘ les boulons on a los tordrc. \ Pal Injecteur a clapet latéral. —— Connno on Io voit £1 l‘inspoction do In gravurc, (,‘8 pal difl'Orc do. celui que no’us avons décrit, par la position do 13. soupapc. Cello-oi, an lieu d‘otrc ronl‘crméo dnns lo cdnc, £1 l’extl'é— mité dn pal, so trouvo disposéo sur la pit-co do bronze formant pédale ct Pocouvorte par un chapcnu £1 ViS. (lotto Inmiitioatiml pormet do dénmntvr [H‘s facilcment lo clapot. Elle a l'avantago do rondrc l'usnrn du pal inoins I‘npido, car 10 00110 terminal, an lion d’e‘tro cronx; 0st massif, ce qui pernlct (tl'auginonter la dln'oo de son service. Quant an fonctionncment de cot awaroil, il est iden- tiquemont 16 11101110 ([110 celui du pal £1 clapot inférimn'. Un potit tube capillairo lixé an cone d'acior, laisse passer lo sulfure do carbono do In soupape an iron d’injection. 011 no dévisso 10 00119 quc dans le cas fort '\ 31 MATERIEL DE SULFURAG E $— rare 01] cc tubé s’est bouché ; il suffit alors d’y passer un fil dc fer. ......... Fig. 21. l‘oinlc, chambre dc dosage et clapet du pal injectenr £1 clapet latéral. Pour éviter que les impuretés du sulfure ne viennent boucher 10 tube capillairc, on fera bien de remplir 19 A pal 2‘1 clapet latéral au ' m0 ven d’un entonnoir-filtre. :1 (Test un cntonnoir dont la tubulurc inférieure porte unc :32 . 7 - LE pimmxm petite grille. 0n évite aussi par oette filtration quelques cas de coulage du clapet , CV ~ Vérification 'du bon fonctionnement du Pal In- jecteiir. — L’instrument étant rempli d’eau, 'on donne' quelques coups dc piston pour amorcer la pompe. Lorsque 1e liquide jaillit avec force par le trou capillairc, on sefforcc de boucher cc tron avec 1e pouce de la main gauche, pendant que la main droite fait prcssion sur la tige du piston. Si le cuir du piston est en hon état et si l’appareil fonctionne hien, quel que soit l’effort cxercé pour empécher la sortic du liquidc, l’injection se produira quand méme. ' ~, - On reconnait encore que le pal nc donne pas la dose ‘ ' pour laquelle il est réglé, lorsquc. en cnfoncant lente-. _ ment le piston, il sort moins do liquide que lorsqu’on j ~ l’enfonce vivement. Pour rendre la verification des pals plus facile, )I.Ver- .morel a invente u11 petit 'appareil auquel il a donné lc nom de sac/focarbomélre. , A . Cet instrument n’est rien autrc qu‘une cprouvettc en fer munie, sur le cété,’ d'un tube dc iiiveau. Cc tube, qui ~ - ' indique la hauteur du liquide daus l'éprouvette, corres- - pond a unc echelle graduéc qui donnc 1e poids du sul— furc. Pour se servir de cct apparcil, le pal étant rcmpli d'eau ou dc sulfure et bien amorcé, 011 donnc dix coups de piston dans l’éprouvette. ll suffit, 1e pal étant retire, de lire le cliitlre correspon— dant au niveau du liquide. Ce chifl‘rc indique le dosage en grammes exec une grande precision. Urdiuairement on se scrt dc l'eau pour cette veri- hair; .. V“ ‘4 . MATERIEL DE SULFURAGE 33 tication, mais 0n pent tout aussi bion la faire dans la vignc avec le sulfure d0 carbone, il i'aut seulement aller plus Vite, a cause de sa rapidité d'évaporation. Réparation. — Si l'on a bien snivi co qua nous v - nons do dire lnrle pal et son fonctionneinent, on com— prendra que cliaque fois qu’un pal ne dose pm, on doit l‘altrilmcr a la rondelle (le Brainah, qui laisse passer le snlfnre entre le piston et le cnir an lien de le i'efouler vers la partie inféricure. ll fant done reinplacer cello grando romlclle en cuir. CO qui est facile a faire en enle- Vant lvs (lllfltl‘C boulons (in joint. Si lo pal coulait vars cejoint, c’est qu’on ii'aurait pas snfiisaininont serré les boulons. ll arrive souvent, api‘és le cliangcmentde la grande rondelle, quc le piston remonte awe pcine. Ce fait a pend'importance, on y remédie en lubrifiant lo piston et si l'inconvénient n’avait pas dis- paru 2|}bl‘l“S quelquosheures de travail, on pourraitétirer avec la main le grand I'essort en laiton, pour lui donnel“ nn pen d'élasticité. Tonto-s li‘s fois qu’un pal com’e par 10 has, at laisse ét-liappcr lc sulfure, sans qu'on fasse pression, on doit s'cn prondre an Clapol de pied. Connnc lus'causes peuvent étre multiples. il faut d'ahoml dévisscr la pointe en acier, vérilicr le siége du clapet. s'assurer que le clapet joue bien 0t que le cou- lage n'est pas di‘i a un gravier on a quolquo inipurcté du sulfurc qni, s'étant glisséo entrc Ic siege ct. lo clapet, l'empéclie de faire joint. 0n onléve le clapet et on nettoie him) in cuir e-t le triangle avant de les remotlre en placv. Si la cuir est built} on raccorni, il faut remplacer la rondelle. Toutes les rondelles en cuir, avant d'étre mises en 3 34 LE PIIYLLOXER'A I place, doivent avoir été préalablemeut trempées dans la .philodermine. Quelmlefols, le petit ressort eu aeier qui est dans 10 06110 est cassé, ou le remplace par uu autre de méme longuee/r. Un plus lung rendrait peuible l’iujectiou, 0u méme pour‘ait empeeher le clapet de se seulever sous la pression; uu trop court laisse ‘ait couler le pal. Lorsqu'une fuile \‘ieut a s0 produire daus un pal, uu bidou, ou tout autre recipient 5.. sull'ure. il faut, apres l'avoir prealablemeut Vidé. bieu le laver et le laisser secher avaut de le souder. Lorsqu’il s’aglt d’uu baril, ces precautions ne sout pas suflisautes, il l‘aut ou le remplir (l’eau avant de commeurer la suudure, ou luieux encore, faire passer daus ee baril, pendant eiuq minutes. rt jusqu'a ee qu’il soit bieu ellaud uu jet de vapour «[ui emporte les der—‘ nieres traces (le sull‘ure. l'u bun lavage a l'eau ehaude peut y suppleer. Pour ce qui est des grnsses repa 'alious (les pals 0u appareils, le Inieux est (le les mulier a nu constructeur si on est daus l‘impossibilite de les exéeuter avee les pieces de reehauge. Injecteurs a traction. —— llieu que le pal donue d’excellents resultats cmnme regularite de dosage etde fouctiouuemeut, 011 a rherche a lui substituer. (les qua l'eftieaeite des traitelueuts au sull‘ure a ele demoutrée, des appareils «[uipermisseut, pour l’exeeutiou des traite— Ineuts, de remplaeer le travail de l’homme par celui des animaux et Ll'Operer plus rapidemeut et plus economi- quement. . De umubreux eherclleurs se sunt nus a l‘ueuvre ; plu- sieurs de ces appareils fouetiouueut deja d’uue fagou 3?. *9: 35 MATERHH,DE SULFCBAGE , —— leur espérons omploi scra tout indiqué pour les cultures 01‘1 l’espa- 1 saUsfifisanUa Sous peu, -—- nous 1 .nommE: 25.7.5255 .13 5.22 :0 55:5; .; .2375: “25.5: _.u .:5._5_:_ .. . Emmi“: é a . (lament cstzuufisanl puur lo passage (Tun cheval ou (rune vache, 0t(uu soul disposées Imuu'lctravafl 3 k1 (‘harrua 36 ' LE PHYLLOXEBA ‘ Malheureusement, pour les coteaux, 0n ne pourra pas employer ce systéme économique, 0n devra s'en tenir nu pal. Hum] n1) $21011 1112mm.» 31 “ IIHSDD 110nm”; 1; mamnml 2:.v1 '51er In: swimzxqpnn $1:ra.1;)l1.)ln:ur Les systémcs d'injecteursa traction on charmes sulfu- rcusus sont 110111brcux, mais commc nous n'admettons MATERIEL DE VSULFURAGE 37 pasquc l’emploi de cet instrument soit réellcment pr‘ - tique pour l'instnnt (mars 188 i), nous nous contentons de representer ici un des meilleurs modeles. .L'appareil de )1. Gastine, comme on pent le voir par la gravure qui 1e représente, est une sortc do charrnc Vigneronne dontleversoir est supprimé et remplace par un contre H. Le rouleau R, en tournant, actionne, an Inoyen d’uno excentriqne, une pompe G, qui prend 1e sulfure dans le reservoir E et le refoule, en quantité mathématiqnemcnt reglee, dans un tuyau qui descend derriere 1e coutrc ct Vient deboueher an point Q. Le rouleau R sert encore a former automatiquement la fente faitc par le centre, in pompe fonctionne avec 11ne rapidité quidépend de l’al- lure de la bete, mais qui est toujours proportionnée au chemin pareouru. En mécanisme ingénieux permet dc regler la distribution de 10 a 40 grammes par metre dc fente tracée, la profondeur pent varier également de 15 it 30 centimetres. l'n elieval, un mulet, un hoeuf onméme unc vache suffit pour actionner l’appareil, qui distribue le liquide d'une maniere uniforme. Suivant les conditions et les dispositions du terrain on peut traiter de 1 £1 1 hectare 1 / 2 par jour. i Des appareils analogues ont été inventés par MM. Boi— teau, veterinaire a Villegouge, Gutmacher, Dugour, etc.; tons ont pour but de réduire le temps necessaire an sulfurage; on coneoit que nous ne puissions entrer .31 leur égard dans de plus grands details. LES TRAITEMENTS Dos que par la presence dos tachos‘, dos nodosités on do l‘inseote on s’ost oonvainou do l'oxistenoe d’un foyer phylloxériquo dans uno Vigno, il faut la traitor sans retard. Un Viticultour (l’un l‘ill‘l‘ nu-“rito (lil memo que, dans . lo Midi, oil lo phylloxora so lnultiplio plus Papidomont que clans nos régions, il foul oonnnonoor it trailer dos quo 1e phylloxéra ost it quolquoskilomotros. Voyons onsemblo la raison. Nous avons oxpliquo tout £1. l'llouro que, lorsqu'une taoho apparaissait, lo phylloxora oooupnit los racinos dopuis trois ans ou plus, -— suivant la, profondour ot la riohesso du sol. Pendant ce temps, ll n'osl, point Pesto inactif: los pondeuses ont produit do nombroux ailés, qui se sont répandus do toutos parts, oréant do nouvollos colonies (visibles soulemont plus tard); cos colonies7 2'1 lour tour, on out creé d’autros, qui, bion quo non apparontos, existent. ' C‘est oe qui expliquo pourquoi la promioro taoho pa— 'ait souvent rostor quolquofois doux, trols etquatre ans LES TliAlTliBIliX’l‘s 1 ' g," .stationnaire, puis se déve'loppe tout d'un coup; alors, ‘ lcs taches se montrent si ‘nombreuses,qu‘il est trop tard pour y porter remede. C'est aussi la. raisou dc l‘inefficacite d'un traitement rcstreint aux taches. Des l'apparition dos premiers signes de la inaladie, il faut so persuader que toule 1a vigno est envahic; que le 1113.1 soit apparent on non, i1 faut la trailer on enticr, pour eteindrc, eounnc. l’a (lit M. Jaussan, l'enii- ncnt viticulteur auquel nous faisions allusion tout £1. l‘licurc, non seulement l'incendie Visible. mais encore loutcs lcs étincellcs disséminées qui convent Sous la cendre et sont destinées a. le propager. Il faut traitor, toe/x [cs ans, sans interruption, et sans s'inquietcr des souclics disparues ou arrachees; i-l faul dépasser int-mo si la chose est possible, les bornes du Vignohle. Trailer tOt : tout est la. ll est plus facile de prévenir la 111aladie que de la guérir. E11 traitant tOt, les vignes restent toujours e11 rapport. et on 11’a pas besoin de rceourir a des fumures extraordinaires pour les ramenera l‘ancien elat. Conditions de réussite. a 0n est d’autant plus stir do mener a hicn le traitement, qu’on 11’a pas at- tendu que les taclies soicnt multiples. Les terrainspermeables. profonds et bien secs sont les plus favorables: l'liumidité est 10 plus grand obstacle a la réussite. ll faut trailer toute la Vigne et non pas seulement lcs taches. ‘ Les traitcments doivcnt etre eli‘cclués tous les ans sans interruption, ceux exécutés d'octobre 51 mars sont les meilleurs : a ce moment 1! y a pen d'eeufs, tous les 40 LE PHYLLOXERA phylloxeras sont insectes parfait's, bien qu’en'gourdis, ils ‘ respirent et sont asphyxiés par’les vapeurs du suli’ure. 0n fora bien d’oxécuter, seulement en mars ou avril, 1e traitement des Vignes basses, exposées aux gelées do printemps; (2e traitemei‘it tardif aura pour elfet do re- tarder 1e depart de la Vegetation et de sauvor parfois 1a récolte. Dans le Sud—Est et le Sud-Quest, les traitements d‘éte réussissent {res bion, o’ost la Ineilleure époqno pour les terrains argiloux. Dans cos terrains, i1 ostutile deinulti- plier les trous d’injeotion et do diininuer la dose. Les traitoments d’ete s’appliquont encore avoo un grand succes aux taohes qui se manifestent apréslo premier printemps ; do cclte faoon, on s’oppose ulile— mom a l’envahissement par los insectes ailés. Souvent, apres los sulfurages (Vote, les feuilles rou- gissont ou jaunissent; il no faul pas s’on preooouper, oar elles ne tardont point a roprendre leur teinte natu- rello et lour Vigueur. ll faut s’abstenir d’une fagon absolue de sulfurer: 1° pendant on immédiatomont avant lo départ de la Vegetation, non plus que ([uand 1a sevo est en mouveinent ; 2° quand lo terrain ost humido on 10 temps pluvieux; 3° lorsque les grandes golées sont a eraindro: 1e froid produit par [evaporation du sulfure, joint a la gelée, pourrait Inortifier les racinos. ' 11 no faut pas traitor dans un sol 'récemment ameubli, —— sauf pent—étre pour les terrains argileux, —- on doit toujours laisser s’eeoulor uno quinzaino do jours, aprés liopéralion, avant de faire aucun labour, ou de piocher 1a Vigne. Enfin, ot c’est une rocommandation de la plus grande importance, il faut, avant do sulfuror, tonjours avoir LES TRAITEHENTS . 41 soin de laisser égoutter les terrains fortsqui retiennent l’eau longtemps apres les pluies 0111a fonte des neiges. Le propriétaire on 1e Vigneron doit lui-meme sur— veiller les traitements pour s‘assnrer qu‘ils sont bien‘ exéeutés, que la dose de snlfure est eelle qui eonvient, que les pals fonetionnent régulierement, et queles trons sont bien disposes et promptement bouehés. Terrains on 1e sulfure ne réussit pas. —— Dans les terres argileuses, pen perméables, goutteuses. 1e sulfure reussit inal. Tout 1e sulfure injecte reste dans le tron du pal eoinme dans nn pot : l’eau reeouvre 1e sulfure et l‘einpéehe de. s'evaporer, on a, dans ees conditions, re— lrouVe du sulfure intact apres deux mois. Pour ees terrains, «i1 faut éviter avee le plus grand .soin de traitor quand ils sont detrempes par les pluies, la Vigne pourrait sout’firir du contact prolonge du sulfure sur les raeines. Pour les terrains argileux, il convient (le traiter an mois de février, par un temps see, apres que le terrain a ete ameubli par les gelées d'hiver, ou inieux eneore en plein ete, fin juin ou pendant 1e inois (le jnillet, en diminuant la dose et en multipliant les trons d’injeetion de faeon a favoriser 1a diffusion dans le sol. Dans ees conditions le sulfure donne encore de l)01]SI’L"SllltatS, sauf dans les terrains composes d’argiie grise on plastique presque pure. Le sulfure ne réussit pas non plus dans les sols dont la profondeur est moindre que 3O centimetres'et dont 1e sous—sol est impermeable. ( , . « , ,3 , , . u V 7. c/// , ,, .H ‘,., 3. 777/ H/aM/p. ,//,,/ /,, ,. / . , /. 1 \\ ~ , H ‘§\\\5\\\\\\§ K \\\‘§"§\\\I\‘\\c ,1. H' ‘1 ll? $$jaa 5,3 9‘; Er‘éf'fikzgé; f 1.; . T 5;. r5" t ’ ‘ , , . é .. i‘. 'A El .1 way PRATIQL'E DE L’OPERATION ,.—~,.-.r. _ Doses a employer. —— Pour faire. un excellent trai- tement, il faudrait, connne l’a dit M. Elisée Nicolask proportionner le dosage a l‘épaisseur de la eouehe Vegetale, a la perméabilité du sol, a son état d’humi- dité ou de séeheresse, aux chances de pluie a survenir pendant les operations, sans oublierl'age et la force de la Vigne. C'est une afi’aire de coup d'oeil et d’intelli— gence. Dans l'élat actuel de la question, en dehors des prin— (tipes generaux, qui sont acquis, il nous parait impos- sible de formuler des lois préeises, mais nous croyons que l'exposition de ees principes suffira pour que ehaeun puisse faire l’application du traitement suivant les don- nees partieuliéres du sol. Nous nous bornerons a indiquer, dans les tableaux. qui suivent, les differents modes de distribution des trons et les doses les plus habituellement employees, suivant les divers pays e1; systemes de plantation. Nous ferons seulement observer qu’on tend, de plus en plus, a réduire les doses employees, et, qu’au lieu de mettre 300 a 350 kilos a l’hectare, comme au debut des traitements, on se contente aujourd’hui de 150 a 200 kilos. Bien que cette derniére dose puisse étre facilement supportée par' 44 LE PHYLLOXEBA toutes les Vignes, pour les jeunes planliers et les soudws tres affaiblies, i-l vaut mieux employer la dose minimum. 'Lorsqu’on a fixé la quantite do sulfure qu’on veut employe ‘ a l’hectare ou par metre ‘arre et le nombre de [runs a faire par souelie, on lrouve facilement la quantité dc sulfure a metlre dans eliaque trou pour arrive“ au dosage indiqué. ll suflit pour cela de multiplier la sur- face occupee par chaque souelie par le nombre de grammes a dislribuer par metre cam? cl (le diviser cc produit par le nombre de trous. Ge qui est exprimé par la formule suivante : _s>< Q——N~~ Q représen‘le le dosage par ~trou ; S la surface occupee par chaque eep exprimée en'métres carrés (elle s’obtient en «livisant l‘liectare, 10 000 métres earrés, par le nomhre do souclies qu‘il con- tient); D la dose qu’on veut employer par métre carrc’ (on l'ob— tient en divisant le nombre de kilos qu’on veut meltre a l’hectarc par 10 00H) ; N 1e nombre de trons par unite de souclies. Disposition des trous d’injection. —— La dill‘usion du sulfure, dans le sol, se fait d’aulant mieux que le nombre (les Lrous est plus grand et que les vapours out moins (lo eliemin a parcourir. Plus ils sont multiplies, moins la dose est forte sur chaque point, moins on a a redouter les accidents qui peuvent se produire dans les terrains compacts. Mais, comme la main-d'oeuvre augments avee le nombre des trous, on clierche a les réduire le plus possible. On fail generalement de PRATIQUE DE L’OPEBATION ' 45 20 000 a 40 000 trous a l’hootare-. Dans les terres argi- lenses, il convient de los multiplier dans do largos pro- portions, tandis quo, dans cellcstres porméablos,—beau— coup do torros, caloairos. porphyriquos ou granitiquos du Beaujolais sont dans co cas, — on pout reduire lo nombro dos trous sans inconvenient. L'obsorvatiou a démontro que les raoiues s’otendont d‘uuo souolio a l'autre ot for1_nent un reseau to], qu’au- cuno portion du vignoble ne peut éLre considéroo commo depourvuo do racinos ot par consequent do phylloxéra. Si bien que, pour obtouir do bons etl'ots du sulfurc, il faut l‘applii‘pior uniformemont dans la Viguo sans s‘iuquioter dos manquauts, dos ospaces VldCS, dos Vignos arracliocs, non plus quc dos cultures intorcalaires q-ui pourraiont existor. . _ Lo traitomont doit s‘appliquer £1 la surface tout en— tiore, i1 cheque metre oarre, ot non aux piods de \‘ignes qu’il pout contonir, afin que los vapours toxiqucs agis— sent sur toutos los racinos. ll faut soulement choisir une disposition -dc trous aussi uniformo one possible, on évitant qu’il y en ait trop pros dos souclies. On s’ecarto ordinairomont do 30 ii 40 centimetres du pied de la Vigne pour évitor do blcssor lcs grosses racines on enfonoant le pal. L'ouvrior doit egalcmont s'attachor :31 enfoucor 1e pal assoz profomlémont, 25 a 30 centimetres, suivant la facilité do penetration dans 1c sol. 11 foot aussi- qu’il l’iutroduiso vorticalomcnt pour avoir u1‘1ercpartition uni- formo. . Nous avons dit, aillours, qu’il fallait houchor .le trou sitOt lo pal retire. Les barres a boucherqui font le mieux sont cellos terminées en formes de poire. __A~\-A -. 1.13....; 12.2.“; TRAITEMENT SIMPLE PLANTATIONS. EN CARRES A 50 CENTIMETRES D’ECARTEMENT ENTRE LES CEPS(1) + + + O O + + + Fig. 24 . Nombre do souches £1 l’hectare, ‘10 000. Surface occupéc par chaque 50110116, 25 décimétrcs carrés. 1 iron par souc/ze, au milieu du cam‘é (fig. 242). Nombrc de trous £1 l'hectare, :20 000. Dosage par trou, 4; grammes ; £1 l'hect'are, 160 kil. —— -— 4 '1_, — — 180 kil. ‘— — 5 _ — 200 kil. —- — 6 —-— -— 240 hi]. —— — 7 _ . — “380 kil. ’ — — a ._ _ 320 kil. (I) NOTA. —— Le signe + indique les souches. — o indique 13. place des trous. bLANTATloxs 11x- (2111111115 A 55 CENTIMETRES D’ECARTEMENT ENTRE LES ciaps (fig. Nombré de souches £1 l’hectarc, 33 057. Surface occupée par chaque souche 0""‘3 025. -I tron par souc/ec: au milieu (1u 0211*ré(fig.21)1 Nombre de trous a 1 hectare 83 057. Dosage par trou, ’1 __ _ 5 __ ‘2 Kl 1 1 | l l “2 gr. 110111111111 51 111901.118 1111. 165 1111. 198 1111. 231 1111. 265 1111. 298 1111. 331 1111. ' A 60 CENTIMETBES D,ECARTEMENT ENTRE LES CEPS Nombre de souches al’hectare, 27 777. Surface occupée par chaque souche, 0""‘3036. 1 t10u parsouche: au milieu du carré e.(fig 21,pag. ’15). Nombre de trous a 1’11ectare,27 7 77. Dosage par trou, 0 gr. 111111113111 11 111001. 138 kil. _ 7 _- _» 166 1111. 194': 1111. ' 1 222 11i1. 2+9 1111. 277 1111. 323 1111. - :43 LE~PHYLLOXEBA ' i O 5 + O + O O O + O + Fig. 2v) ,9 [was par sane/w .- un [mu sur cllaque rangéc de ceps dans les deux sons (fig. 25). Nombrc dc Lmus it l’hcctare, 55 555. Dosage par trou, i gramnu‘s ; it l’hcctaro, 232 kil. -— —— 451/2 —— — 249 kil. — —— 5 — —— 277 kil. — —— 6 - —— 333 kil. ‘ A 66 CENTIMETRES D’ECARTEMENT ENTRE mas cups Nombro do souches a l’hectaro, 2'2 956. Surface Occupée par chaque suuche. ”“7356. i) Imus par sane/w : un tron sm' clmquc rangéc (lo cops et dans lcs deux sens (fig. '35 (1.}. Nombre do trons £1 l’hectare, .15 912. Dosage par tron, »’l- gr, ; donnant £1 l'hvct.‘ 183 kil. —— —— 4. ‘12 m —- 206 kil. — —— .5 —— — 22.9 kil. -—- —— 6 — — 275 kil. L — —— 7 —- —- £320 kil . \ PLANTATIONS EN CARRES 49 x * A 70 CENTIMETRES _D’ECARTEMENT ENTRE LES CEPS Nombre de souches a l'heetare, 20 408. Surface occupée par chaque souche, 0"“‘49. 2 Imus par souche : un trou sur chaque range’e de ceps dans les deux sens (fig. 25, p. 48). Nonlbre de trons a l'hectare, 40 816. Dosage par trou, 4; gr. ; donnant a l’hect., 163 kil.’ ' 1 I _. _ 4 — — 184 kil. — — 5 — — 204; kil. \ ‘ — — (s — —— 24.4 kil. ‘ — —— 7 — — 285 kil. — — 8 — —- 326 kil. A 75 CENTIMETRES DECARTEMENT ENTRE LES SOUCHES Nombre de souches a l’hectare, 17 777. Surface occupée par chaque souche, 0““5625. 2 trous par souc/ze : un trou sur chaque rangée de ceps, dans les deux sens (fig. 25, p. 48). Nombre de trous a l’hectare, 35 555. Dosage par Iron, 4 gr. ; donnanta l’hecL, 142 kil. —- — 4- ‘,‘2 —— —- 160 kil. — — 5 — — 177 kil. — —— 6 — — 2m kil. — — 7 — — 248 kil. — — 8 — — 28; hi]. — —' 9 — — 3.20 kil. \ 39 LE! Pummixm A 77 CENTIMETRES D’ECARTEMENT ENTRE LES CEPS Nombre tile: souchesh l’hectaare, 4:6 866 ’ Surface occupéte par chaque 90113113,, 0.1.4592” 2 from par SOHO/£6 :' uni tron $111“ maque mngée ale ceps ct dans les deux sens (fig. 25, p». H). ,Nombrc dc trous al’hectarc, 3:3 732. Dnsagspar tron, 4grf/2;donl’1antitl’hcct. 152 kil. -—-— ——- 5 —— —— 168 kil. —-— — (S —— —— 202, kil. *— —- 7' —— —- 233 kil. ~— —- 8 — —- 268 kil. — —- S) —— ~— 3303 kll. —— -— 10 —- —— 83”; kil; A 80 CENTIMETRES D’ECARTEMENT LNTRE LES CEPS Nombre de' so-uches a I’hectare, [5625. Surface occupée par cheque souche. 0"”9'640. 2 [rows par sou’cfw : un [mu sur chaquc I‘angée de- ceps et clans 188 deux sens (fig. 2‘5, p. 17). Nomhre do trous i1 l’hectarc, :31 250. 303mm: :11“ iron 5 “rs donnant £1 i’hect. 156 kil. b > b 1 —~ —- (i — —— 188 kil. ——- —— 7 —— -— 2'30 kil. _ —— 8 -— 7—— 250 kil. —— —— 9 —— —— 281 kil. __ __ 10 _. —— 317.3161. FLANTATIGNS EN CARBES 51 \A 90 CENTIMERES D’IZIGARTEMENT ENTRE LES GEPS Nonlbre de souches it l’llectare, 12 31-5 Surface occupée par chaque souche, W81. . 2 trons par souclze :‘un trou sur chaque rangée de E ceps et dans les deux sens (fig. 25, p. .17). Nonlln'c de lrous £1 l’hectare, 21 690. Dosage par iron, 5 gr. donnant £1 l’hoct. 123 kil. — — 6 — — 11:8 kil. —— —— 7 — —~— 172 kil. — —— 8 -— — 196 kil. —- —— 9 —— -— 221 kil. — —— U) -— — 216 kil. —— —— 12 —— —' 295 kil. A U) 1 METRE D'ECARTEMENT ENTRE LES CEPS Nonlbre de souches a l’hectare, 10 001). Surface occupée par chaqne cep, 1“”. 2 Imus par sane/w : un trou sur chaquc rangée dc caps et dans 163 (10111: sens (fig. :25, p. 47). Noxnbre de trousé l'hectare, 20 000. ,- Dosa e mrtmu 1 (rr. donnant £1 l'lrect. 1—10 kil. g I , o __. _ 8 —— —— 160 kil. __ __ 9 _ — 180 kil. __ __ m -_ — 200 kil. —— —- 12 —— -—- 2'20 kil. , O O gt, K , + 1 . O ' / ”. Fig.23. ( fig- 26) Nombre de trous a lhectare, 3) 030. l’hect. 150 kil. Dosage par trou, 5 gr. do‘nnanta ‘ _A . __ . 6 _ _ _ 8 _ \ _ — 9 _ ..._ __ 10 __ _ __ 112 __ u I 1" 3 trous par souche. ~ un trou au milien du carré;u trou sur chaque rangée de ceps et dans les deux sens 480 kil. 210 kil, 240 kil. 270 kil. 300 kil. 360 kil. "[3“ v r .. . “it {AM - '\_()’y_;l._,§;$.~§_\‘ .: .3”... . . g. . .1 , :pLEAnammtgs-Ekmmfisx ‘ {a ,53 . ~ ., E A i METRE 25 D’ECARTEMENT ENTRE LES GEES ~ _‘ 4 s ‘ - ., ' E l f r ‘ v .j : Nombre de souches :‘1 l’hectare, 63 99. Surface occupée par chaque souche P5625. 4 trous par souche disposés s'ur les lignes diagonales . , des carrés £1 0%0 de chaque ceps(fig. 27). 7" :* Nombrede trous £1 l’hectare, 25 596. f \ , ”mum—.4» ’ ' ' 54 LE PHYLLOXEBA Dosage par trou, 6 gr. ; donnant a l'hcct., 1/153 kil. —— — 7 —— - — 478 kil. — — 8 —— —- 203 kil. —- —- ' 9 — —— 229 kil. —' — :10 — —— 25; kil. —— —— «12 —— .— 306 kil. A l METRE 50 D’ECARTEMENT ENTRE LES CEPS o +. O O + O O O O O O O + O O +' Fig.28. Nombre de souches a l’hectare, 4 444. Surface occupée par chaque souche 2”“25. 5 trous par souche : un trou‘ au milieu du carré; un tron sur chacune des deux rangées a 0mm des ceps (fig. 28). Nombre (lo trous it l‘hectare 0-) 00-) , ~~ ~~~c Dosage par tron, 7 gr. donnant a l’hect. _‘_ PLANTATIQNS EN CABRES 6000 1-0 .—-— m .m Fig. 29. "'1- m ww— 55 155 kn. 177 kn. 199 1%. 222 kn. ‘ ‘ 214 kfl. + O C) (3 + 7 trous par gauche (flux 29): 1111 trou au milieu du carré; un trou entre les souches sur les rangées; un trou sur les diagonales i1 ()in de la souche. Nombre de trous i1 l’hectare, 31 M11. Dosage par trou, 5 gr. donnant a l’hect. .463 ”£900 10 .— .— 155 kfi. 186 kil. 217 kfl. 218 kfl. 279 kfl. ;: 311 km. ‘ 3 v ’ LE PHYLLOIXERA' A 1 METRE 625 D’ECARTEMENT ENTRE LES stCHEs Nombre de souches 51 l’hectare, 3 807. Surface occupée par chaque souche 2m‘l6244. 7 trous par souc/ze : 1m trou au milieu du carré; un trou entre les souches, sur'les rangées; un trou sur la diagonale {‘1 0"“40 de chaque souche, de fagon 3 en— tourer chaque souchc par quatre trous d’injection i1 0mm d’ellc (fig. 29). Nombre de trons £1 l'hectarc, 26619. Dosage par trou, 7 312; donnant £1 l'llecL 186 kil. —— —- 3 —— — 213 kil. —— —— 9 — —— 239 kil. —— —— '10 -— — 266 kil. — -— 1‘3 —— —— 319 kil. A 1 METRE 7'5 D'ECARTEMENT ENTRE LES SOUCHES + o + o o o O . o o o o o o + o + Fi Y 30. Nombre de souchos £1 l’hoctaro, 3 265. PLASTATIONS E.\' CARRES '51 Surface occupée par chaque souche 3””0625. 7 trans par sat/Che (1‘ 0 99 ) Nombre de trousa‘ Dosa ge par trou 7 gr. J A FA w — —— m _ __ _ .13 __ 8 11-0115 par souche : 1m 1 hectare, 19 590. ;d0nnant a 111ect.160 ki]. 182 lxll. 205 kil. 228 kil. 271 kil. trou entre les souches sur les rangées ; un trou sur la diagonale, a Om40dos souches, de fawn a entourer chaque souche (1e quatre trous a Omit); deux trous places sur une des lignes médianes, do fagon a diviser cette -ligne en trois parties égales (fig. :30). \ombre de trousa Dosage par tron, 6 gr. ; donnant a l’heet. * _ , __ _ __ s __ —— -— 1n _ _ _ 13 _ 900215 par sauclze. Nombre de trous a l‘heetare, Dosage par tron, (‘5 gr. _ __ 7 _ oo __ __ g __ _ __ 10 __ M trous- pa-r souc/ze. 1 hectare, 26 120. 29,385. : donnant 51 111001., Nombre de trous a l’hectare, 45 710. 156 182. 208 kil. 23:3 kil. 261 kil. 313 kil. 176 kil. 205 kil. 23+ kil. 263 kil. 292 kil. ‘58 Dosage par tron, 4 gr. ; wfinantt it l‘rhedlz. w n...— —p—— M PHYDLOXERA . 4 '/2 .4' 0 Areas .— v" I" .w-u— 183'ki‘l. 205 m. 228 kit. 273 kil._ 318 kil. A 2 METRES D’lleARTlCMl‘ZNT ENTRE LES SOUCHES Nombre de souchcs a l'hectare, Surface occupé'e par chaque mud-19,4“. .9 [ram par souche. Nombre de trous 51 T’hectare, 22 500. Dosage par’wou7 7 gm; donnant itl’hect. 8 9 '10 12 ._'. Fig. 3.4. 500. 157 kil. 179 kil. 202 kil. 225 kil. 27-0 kil. + PLANTATIONS EN GARRES \ 5 10 Imus par souc/ee : I'm trou entre _les souchcs, sur les rangées; 1m trou sur la diagonale i1 OM40 des’ souches, de fagon $1 entourer chaque souche de quatre trons a Omit) ; deux trons placés sur chacune des lignes médianes, de fagon it diviser cht-e ligne en trois parties égales (fig._31). Sombre de trons 3L l‘hectare, ‘25 000. Dosage par trou, 6 gm; donnant :21 HIGH. 150 kil. — -— 7 —— —— 175 kil. — ‘ —, 8 —— —— 200 kil. — —- 9 — —— 2'25 kil. — — 10 —— — 250 kil, — —- 12 —— —— 275 kil. M Imus par sane/20. Nombre de trons a l‘hectare, 35 000. Dosage partrou. 5 51“.; dormant it l’hcct. 1175 kil. — —- 6 — —— 2'10 kil. —— -— T — —— 245 kil. — —— 8 —— —— 280 kil. —— — 9 —— —‘ 315 kil. 17 trons par SOM/tfl. Nombre de trons £1 l'hectare, 42 500. Dosage par tron, 5gr. ; donnant it l’hect. 212 kil, — —— 6 fl —— 25; hi]. — — 7 — >-—— 296 hi. _ _ 8 .— —~ 338 kn. \ PLANTATION S EN LIGNES LES RANGS DE VIGNES ECARTES DE 1 m‘sz 25 ' LES VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 50 CENTIMETRES O + O + O O O + O + O O .0 + O + Fig. 32. Surface occupée par chaquc cop, O'“"6250 Nombre do souches {‘1 l’hectarc, 16001). 2 trons par souc/ze : un trou dans les rangs entro chaquc Vignc it 0‘“25; un trou entrc 'lcs rangs a égalc distance des vignes, soit 0""62 (fiU. :33). Nombre de trous a l’hectare, 3'3 000. Dosage partrou, 5 gr. ; donnant £1 l'hect. 160 kil. — — 6 — — 192 kil. —— —— 7 —— — 224 kil. —— —- 8 —— —— 256 kil. —— — ‘) —— — 298 kil. r r- _ —— '10 —- —— 3‘20 kil. PLANTATIONS E\ LIGNES 6’1 LES RANGS DE VIGNES ECARTES DE 1 METRE 2" LBS VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 80 CENTIMETRES Surface occupée par chaque cep : 1“”. Nombre de souches i1 l’hectare,- '10 000 2 trous par SOHO/l0 : 1m trou dans les rangs entre chaquc Vignc a U'“40; un trou entre les rangs a égale distance (195 vignes, soit Om62 (fig. 32). Nombre de trons a l’l1ectare, 20 000. Dosage par trou,‘ 7 gr. ; donnant é l‘hect. 8 9 — —10 MO kil. 1160 kil. 180 kil. 200 kil. 240 kil. 260 kil. 300 kil. LES RANGS DE \‘IGNES ECARTES DE '1 METRE 50 LES V'IGNES DANS LE HANG DISTANTES DE 50 CENTIMETRES Surface occupéc par chaque cep, 0""‘65. Nombre de S0ucheS it l’hectare, 15 384. 2 trons par souclze: un trou dans les rangs entre chaquo Vigne i1 0““25; un trou entre les rangs £1, égale distance dos VigneS, Soit a 0““75 (fig. 3'2). Nmnbre do trons al'hcctare, 30 768. Dosage par tron, ' ( V t gr. ; donnant £1 l'hcct. 152 kil. 1814 kil. 215 kil. 246 kil. 27G kil. 307 kil. 69 LE PHYLLOXERA LES RANGS DE VIGNES ECARTES DE 1 METRE 50 LES VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 80 CENTIMETRES O + O O + O O O o, + o o + >Fig. 33. Surface occupée par cliaque cep, 1““20. Nombrc dc souchcs £1 l’hcctarc, 8333. 4 trous par souche : 1111 trou au milieu du rectangle formé par quatre ccps; un trou dans lcs rangs cntrc chaquc vignc, £1 UMO ; un trou entrc lcs rangs, a 0mm dc chaquc cOLé du cop (fig. :33). Nombre dc trons ii l’liectare, 3:3 333. Dosage par iron, 5 gr. ; dmmant $1 l’hect. 166 kil. —- —— 6 —— -—- 199 kil. ~-—- —-—~ 7 —-— —- 233 kfl. —— -— 8 —— —— 266 kil. —— ~— 9 — — 299 kil. .— LES RANGS DE VIGNES Emmks m: '1 Mm: 50 LES VIGNES nmsm BANG msmmus m: 75 cannm‘nnns Surface occupéc par chaquc cep, 11"”3/125. Nombrc dc souchcs a l’hectarc, 7 621. 4 [rows par (\ouchc : un tron au milieu du rectangle formic par quatrc cops ; un trou dams lcs rangs entrc chaquc vigne, ii 0““38; un trou cntre lcs rangs, :‘1 Omit) dc chaquc COté du cep (fig. 23:3). Nombrc dc trcus 2‘1 l’licctarc, 30 48’». _ pmmmous EN LIGNES ’ x3 Dosage par tron, 5 gm, dormant 2‘1 k’hzeck. 152 kit. —— —~ 6 ~ - 1.82 kil. —- - 7 —— 4 213 kiI. _. a. 8 — w 243 hi. -—- —— 9 ~- __. 274 kiL — — 6 10 —— -— 30-4 kil. LES RANGS DE V'IGNES ECARTES DE 1 METRE 50 LES news DANS LE mas msmxms‘ DE 1 mime Surface occupée par 0113.un cep, 1“‘“50. Nombre de souches a l'hectare. 6 666. 4 trons par gauche : un tro'u au milieu du rectangle formé par quatrc cops ; un trou dans les rangs, entre chaque Vigne, é. Om50 ; un trou entre les rangs, a (P40 de chaque cOté du cep (fig. :33). Nombr'e de trous a l’hectare, 26666. Dosage par trou,‘6 gr. ; dormant a l’hect. 160 kil. _ — I — — 186 kil. ._ # 8 — — .213 kil. _ —— 9 — — 2m kil. — — '10 — —— 266 kil. — — «12 — —— 293 kil. LES RANGS DE VIGNES ECARTES DE 2 METRES LES VIGNES DANS L1; BANG DISTANTES DE 50 cmmnkmlas +. + o .o o + + o o o + + 64 ' LE PHYLLOXERA Surface occupée par ehaque cep, 1"”. Nombre de s011el1esé1-l’heetare,lO 000. .‘3 irons par 301101119. 1111 trou au milieu du rectangle formé par qualre eeps ; 1111 trou de chaque eéte et :31 OmlO de distance 1113 ehacun des ceps places sur la meme rangée (fig. :31). Nombre de trous a lliectare, :30 0111) Dosage par trou, 5 gin, donnant a lhecly. 150 kil. ._ _—' 15 ‘— —— 180 1111. — — 7 —— — 210 1111. —— — 8 — — 211) 1111.- —— — 9 —— — 270 1111. — —- 10 — 7— 300 kil. LES RANGS DE VIGNES ECARTES DE 2 )IETRES LES VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 75 CENTIMETRES +oo+ +oo+ Fig. 35. Surface occupée par eliaque eep lm‘BO. Nombre de 501101103 2‘1 l’hectare, 6 6613. 5 irous par sozlclee .' deux trous entre les Fangs, divi— sant eel espaee on trois parties égales ; 11111110112111 milieu (10 011301111 dos carves formés par les trons précé- deuls entre 011x 011 avee los ceps (fig. :35}. Nonibre de trous £1 l’lieetare, 33 3:33. \‘I LE'PHYLLOXE-RA _ _ ' 95' Dosagepar-trou, "‘ gin, donnauta'l‘hcct; 166 kil. O __ — 6 — _ ——\‘ .199 kil .— — 7 — —— 233 kil'. — — 8 — ° — 266 kil. — — 9 —— —— 299 kil. LES RANGS DE V'IGNES ECARTES b1; 2. animus ‘ LES VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 1 METRE + O O O + O O O O + O O O + Fig. 36. ' Surface occupéc par chaquc cep, 2"“. Nombre dc souches par hectare, 5 000. 6 trans par souc/ze : un trou dans l‘cs rangs an milieu dc deux souchcs ; dcux trous dans l’intcrvalle dc deux trcus précédeuts, entrc les rangées, dc fagon‘a diviser cct cspacc cu trois parties égales dc 0"”67 ; un trou cu face (16 chaque vigne dans les intervallcs, a 0mm dc distance ; un trou-au milieu de l’espace com- pris cntrc dcux raugécs de ccps (fig. 36). Nombrc dc trous a l‘hcctare, 31) 000. Dosage par trou, 5 gr. ; donnant a l’hcct. 150 kil. — —— b — — 180 kil. _ __ 7 _ — 210 kil. —- ~— 8 — — 240 kil. .— — 9 — — 270 kil. __ __ w —— —— 300 kil. 3) \ . “ ”JV . V . {all/*4")! : Q _ ‘ \ l ‘b .\I ‘ _-.. {.‘V v.4 ;2.~;_- a. V 2‘... nix-uh mc»... a.“ .. \ 9“. m -..~ :...~n.._1.._ .<\ . l p , ’3 ZN}; 66 . PLANTATIONSMEN. LIGNES LES RANGS DE’VIGNES 'ECART‘ES DE 2 METRES ’50 LES VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 60 CENTIMETRES Surface oceupée par ehaque cep, 1”“50. Nembre'de souehes par hectare, 6 666. 5 lrous par souc/w : deux trous dans l'intervalle des rangs, divisant l'espaee compris entre deux ceps en trois parties égales de OmSO ; un trou au milieu de chaque rectangle que ferment les trous entre eux ou avee les eeps (fig. 35). Nombre de trous al’hectare, 33333. Dosage par trou, 5 gr. ; donnant a l'heet. 166 kil. —— —- 6 — —— 199 kil. 7 — — 233 kil. — ~—— 266 kil. —— —— 299 kil. | | 33 LES RANGS DE VIGNES ECARTES DE -i~ METRES LES VIGNES' DANS LE BANG DISTANTES DE 75 CENTIMETRES ’uSurfaee oeeupee par chaque eep, 2""‘25. Nombre (le souehes a l’hectare, 4 4142. (1' [mus par wac/ecfiig. 36). Nombre de trous 2‘1 l‘heetare, 26 666. Dosage par (mu, 6 gr. ; donnant it l‘heet. 159 kil. _ __ ‘7. —— —— 186 kil. — —— 8 -— —— 213k“. __ _ S) — —— 239 Ml. — —— lU —— — 266 kil. —— —— i2 — — 293 kil. ‘r. L‘ES RANGS‘DI': VIGNES ECARTES DE'4ImETREs LES VIGNES DANS LE BANG DISTANTES DE 75 CENTIMETRES ' - + o o _ ‘o o _ o o +6 o o 'o o o 0 Fig. 37. «,"l . ' ‘LE PHYLLQXERA ~ Surface occupéc par chaque cap, 3'“. Nomhre de souches alrhectare, 3 333. , 8 trons par souc/ze : un trou dans les rangs entre chaque vigne, a Om37 ; un trou a 0““40 au-devant de chaque cep, sur l’intervalle des rangées ; deux trous divisant l’espace compris entre ces deux derniers trous en trois parties égales de IPIO (fig. 37). Nombre de trous £1 l’hectare, 26 666 ‘ I '0+ 0 0+ 0 Dosage par trou, ‘6 gr. ;_ dormant £1 l’hect. 159 kil. _ ._ 7 _ ._ _ ’8 « __ -_-_ _ 9 __ -_ _ 10 _ -.; __ 12 _ 186 kil. 213 kil. 239 kil. 266 kil. 293 kil . ‘ A N ir‘ ”xv Ax, . qu‘k ‘ - Qifiimmzunuaxhu ,\ 1:431. '. g4.“ mus-33.5.5. hat-‘54; ' ‘ “V‘Wé‘MZ‘i‘T-fif‘fifi?‘ N m ‘ ‘ 5.13"“. fl. .. _ 23w“ , .1 ‘ 4 , PLANTATIONS EN LIGNES DOUBLES LARGEUR DES INTERVALLES, 4 METRES DISTANCE ENTRE LES RANGS, 1 METRE . DANS LES LIGNES, 1 METRE +o+o o o o+o+ . O O O O O O O +o+o 040 o+o+ Fig. 38. Surface occupée par chaquc cep, 2-uq50 Nombre do souches ‘a l‘hectare, 4- 000. 10 tram par sane/w: dans les lignes doubles {‘1 égalt‘ distance 011m: 105 caps, a O"'50; entrc les deux lignes, également au milieu des dcux ceps; sur le cOté des lignes, dans les intérvalles, £1 Om50 en face do chaque cep, et {‘1 1'“ ct it 2‘“ des trous ainsi faits (fig. 38). Nombre de trouS i1 l’hcctare, 140 000. Dosage par tPOll, 5 gr. ; donnant it l'llect. 200 kil. -— — 6 —— ’ — 2&0 kil. ——- — 7 — —— 280 kil. —- -—- 8 —— — 320 kil LE PHYLLOXERA 69 i METRE DE DISTANCE ENTRE CHAQUE BANG 3 METRES D’INTERVALLE ENTRE LES RANGS DOUBLES 75 CENTIMETRES ENTRE LES SOUCHES DANS LE RANG O + O O 7 O + O + O O O O O 1 O + O O O + O .+ j Fig. 39. Surface occupée par chaque cep, 1“”50. Nomin‘é do souchos £1 l'hectare, 6 666. 4 from par 30210110 : dans les lignes doubles é égale distance entre les cops, 51 W38; entre les deux lignes, également au milieu des deux ceps; sur le cOté des lignes, dans les intervalles, ii 0‘40 en face de chaque 001); um trou au milieu des deux derniers (fig. 39). Nombre de trous a l’hectare, ‘26 666. Dosage par trou, 6 gl‘.; donnant a l'hect. 160 kil. — —— 1 —— — 186 kil. —— —— 8 — —-— 213 kil. —— — 9 — —— 240 kil. — — 10 — ——- 266 kil. — — 1‘2 — — 293 kil. i METRE DE DISTANCE ENTRE CHAQUE BANG 3 METRES D’INTERVALLE ENTRE LES RANGEES DOUBLES 1 METRE ENTRE LES VIGNES DANS CHAQUE LIGNE Surface occupée par chaque cep, 2"“. Nombre de souches a l’hectare, 5 000. I trons par souche (fig. 39) Nomhre de trous a l’hectare, 20 000. 70,1 PLANTATIONSYEN LIGNES DOUBLES Dosage par trou, 7 gr.; dormant a l’heet. 140 kil. __ —— 8 g —— _ 460 kil. ——' '— 9- — —— 180 kil. — —— - 10 —~ — 200 kil. — —— 12 —_ — 24.0 kil. — —— 43 —— —— 260 kil. —— — 15 —— ‘ —— 300 kil. l METRE DE DISTANCE ENTRE CHAQUE BANG 2 METRES D’INTERVALLE ENTRE LES RANGEES DOUBLES 75 enmmEmns ENTRE LES VIGNES DANS CHAQUE LIGNE +O+O o+o+ o O o O o +o+o o+o+ “.2340. Surface eeeupée par ehaque eep, 0““‘75; Nombre de souehes a l’heetare, 13 333. 3 from par gauche : un au milieu des eeps, dans les rangees; un au milieu de l’intel'valle de l” entre les rangees; un trou a 0m50 en face de ehaque cep dans l’intervalle de 2'“; 1111 Men au milieu du grand rectangle OPIllé par l’iulervalle entre les doubles rangées (fig. 40). Nembre de lreus a l’heetare, 26 666. Dosage par iron, (3 gr. ; dennant a l’hect. 160 kil. __ __ 7 _. —- 186’kil. —— —— 8 ' .— -—- 213 kil, lO _7, —. 2661ul, -— -— 12 —.i f. 29;; kil. ’ LEPHYLLOXE‘EA- - - - 71‘ 3 INTERVALLE DE 4 METRES i DISTANCE ENTRE LES DEUX RANGS DE VIGNE, 1 METRE ’ ‘ . é“ DISTANCE ENTRE LES VIGNES, 75 GENTIMETRES _ - 3 . 0 o o o o o o o , O O+O+o o O o+o+ ,. o o o o o~o o o . 5 O 0+o+o o o o+o+ - ~ Fig. 41. Surface occupée pan'chaque' cep, 1“”975. Nombre de trous a l’hectare, 5 333. 3 6 trous par souc/ze : un trou dans les lignes, an 1111- / . ‘ " é}! lieu de deux ceps, £1 0m375; en face de ce trou, faire ’ trois trons espacés de 1'” dans l’intervalle; un trou, entre les deux rangées, au milieu de l'espace de 1‘“; ml trou . g :‘1 0m50 en face de chacjuc cep dans l’intervalle, etdeux , » autres trous espacés de '1’” sur le méme alignement - . (fig. 44). » ‘ Nombre de trons a l’hectare, 3-1 999. ~‘ :3..\.‘1 ,. » A ww.mw‘~.r«,g.zr~w _ Dosage par tron, 5‘gr: ; donnant i1 l’hect. 159 rkil‘. — G —— — 1911 kii. —— 223 kil. ,.3 — —- —— —— 2557-ki1: — — 9 — ——~ 28Tki1. a)“ —— 10 — - —-- 319 kil: ,, ' -' ' n, l _. PLANTATIONS EN QUINGONCE A 75 CENTIMETRES D'ECARTEM'ENT V o + o o +. o H ' o Q + o o . o + ’0 o + o » o . o + o 0 Fig. 42.. \ , Surface occupée par chaque cep Om‘l50. ' Nombre de s0uches a l’hectare, 20 000. 1 * _' 2 from par souc/ce : entre les souches sur la plus ‘ ? V ‘grande diagonale, a 0m35 devant chaque cep (fig. 42). . Nombre de trous par hectare, 40 000. Dosage par trou, 5 gr.; donnant £1 l’hect. 200 kil. J: -— —— 6 — —— 240 kil. — —— 7 -— — 280 kil. -— - 8 —— — 320 kil. [LEV PHYLLOXERA" ' ’ ' ' 73, xi mm]; 50 n’EcmTEMENT ‘ ~ - \ O + O O + O O O O O O ’ + O O + O O O O O O O O + O O + Fig. 43. Surface occupée par chaque cep, 1”“93. Nombre de souhes a l’hectare, 5 181. 6 ti'ouspai'wuche : deux trous disposés sur les lignes, de fagon £1 partager en trois parties égales la distance comprise entre deux souches; deux trous sur la grande diagonale, de fagon a la‘diviser en trois parties de Om90 (fig. 43). ‘ ~ A 2 METRES D’ECARTEMILVT »O O + 00 O O O , O O O O O O O + O O + < O *O O O O O O O . O O O O + O My, ‘ .‘ i surface occupéarpfiyflme‘m 3'5”“ f 6 ,1 . .- . Nombre de souches‘a lbectare, 2 906. 1 V f f 7 10 trous par souclze : sur les lignes des losanges a “ » - ' , ' "’Om50 et P50. des ceps; (1911): sur la grande dviagonale a " ‘ 1mm des souches : deux sur la petite diagonale, placés ‘j '._; de fagon :31 1a partager en trois parties égales (fig. 44). / ‘ Nombre de trous par hectare 29 060. '_ Dosage par trou, 5 gr. , donnant a l’.hect 145 kil. . _ __ . 6 _. __ 474 kil. 4 g; _ — 7' —— — 203 kil. ' —— — 8 — —— 232 kil. __ __ 9 .— ._ 2.61. kiL. -— —— 10 —- —- 29/1 kil. 1 1 ~ 1 4 i 3 ‘ i I TRAITEMENT, REITER-E Toutes les: dispositions“ des trons dfinjeetion, dont ,nous nous sommes oeeupéwjusq’ue—la', se‘ rapp'ortaient au traitement simple; e7est4a—direa l'Opération faite d’une fois. Nousdevons, pour ebre-eomplets, parler aussi d’un mode de faire qui, préeonisé a l’erigine parla Gom- pagnie P.—L.-M., est encore employé par heaueoup de propriét-aires. Ce precede, appelé traitement it (loses. reiterées, ou plus simplementztraitement réite’re, eon— sisle a diviser l’opération en deux- et ardonner- deux—~ injections sueeessives a cinq ou six jours d’intervalle. Avee eette fagon de l‘aire, la Vigne peut supporter ‘ sans inconvenient une plus forte dose de sulfure: ainsi, i par exemple, on peut inettre, au lieu de 20 grammes par ; nietre carré mis une fois, 2i et 30 grammes mis en : deux Operations. _ Avee le traiteinent're’itéré, — l’experienee 1e prouve, -— on obtient un resullat insecticide bien plus eomplet Equ’en injeetant la meme dose on une seule fois. Mais . comme les resultats du traitement simple sent exeellents >et que (‘8 dernier est bien plus éeonomique, tant au point do me (111 sulfure que de la inain—d'uulvre, on rdelaisse de plus en plus les traitements réitérés dans ltousles pays. 11 y a. pour cela encore une aulre raison Equev l’éeonomie : e‘est qu'ilf est plus facile de elioisir un itemps favorable pour un seul lraitement que pour rdeux, et qu'il vaut mieux faire 1111 Don traitement :Simple que deux réitérés médiocres. Dans le traitement réitéré, on s’arrange toujours de ‘fagon a ne pas donner les injections suecessives a la ' I mu m...“ i. 4 “up .1 75 LE PHYLLOXERA meme place. On ne fait chaque' foi_s qu’une partie dc trous : sauf cela el 1a dose totale, qui est un peu ren— forcée, tout le reste, principes et disposition des trous, est le meme dans les deux traitements. Ain’si, par exemple, pour la Vigne plantée en' carrés, 3 W66 d’éeartement, et sulfurée a raison de deux trous par souche, au lieu d’une injection entre les ceps dans les lignes, sur les deux sens, comme dans le trai- tement simple, on donnera d‘abord unc injection 3 6 grammes entre lcs ceps dans la ligne A B et les lignes qui lui sont paralleles, ct six cu huit jours aprés une autre injection dans la ligne A F et dans celles de meme direction (figure 45). A+O+O+O+O+O+F O O O O O +O+O+O+OA+O O 0 0-0 0 B+O+O+O+O+O Le signc O représcnte la premiere operation. Le signe O —- la seconde operation. Le signe + — les Vignes. Bien que cet exemple puisse suffire pour faire com- prendre 1a fagon (lont sc'pratique lc traitement reitéré, nous croyons encore devoir donner, d‘aprés M. Jaussan, un second exemple s’appliquant aux Vignes £1 large espacement. TRAITEMENT REITERE 77 DE P50 A lm75 EN GAME 0 0+ OAOOQ O O OQAQOO + o o + Fig. 46. 0+ OO 00 Les dcux trons de pal A ne doivent pas exister dans les plantations {‘1 P50 0t 1'”625. Voici, toujours d'aprés le méme praticien, le tableau récapitulatif dos deux Opérations. SOMME DES DEUX OPERATIONS Dose {spacement Surface Dose par souche Nombre de ,trous partrou Nombre des occupe’e hehaque Iotale l1 chaque aux deux at par detrous lantations parsouche opc'ration ope’ration opérations opéralion ll‘hectare lm50 2.95 33:75 67 50 E) 10 7K 41 560- l 625 2.64 39 90 79,20 5 10 8 37 ‘210 3,06 45 90 21,80 6 1‘2 7 1/"2 40 1°20 Efl‘ets des traitements. — Les traitements au sul— furo dc carbone bien exécutés, détruisent la presquc ‘totalité dos phylloxéras, mais ils 116 font. pas dispa— raitre in11111'2diate11’1e11t le 111al causé par leur‘s piqfires, ils 11‘011t pas la vertu dc ressusciter lcs racines mortes: la fonndlion des radicallos esL 1"eoeuw du temps et (les soins La premiere-31111639, 10 mal parait £1 pcine enrayé dans les Vigncs gravemeut attcintes, le plus souvent pour— tant les taches ne s’agrandissent pas et les feuilles restent plus longtemps verles que 061185 (185 vignes non traitées .5 . 9 / H , —. u 1 "n1 . : J; ';.: r ;. 1 ' 1 ' 233w.) ,f 7 t u ' , ‘ . * «' '4 = i ' V a . I . ‘ , J x .‘ 4.. . . ‘ , 4 ' I l , ' , 4 4 . 78 LE PHYLLOX'ERA Les resultats commence‘nt a devenir visibles la se- conde annee: la vegetation se développe, 1e bois devient plus fort, de nouvelles radicelles se reforment, en sorte que, suivant l’intensité du mal, la reconstitution est complete la troisiemc ou la quatriemeannée. Le vignoble revenu aux conditions antérieures, peut étre ainsi main- tenu indefiniment, —alors méine qn’il serait entouré dc vignes non traitées, ——-si You a soin (1e lutter tous les ans contrc la reinvasion, an moyen du sulfure. Lies Lengrais aprés le sulfurage. —— Le d'emier congres vilicole de Bordeaux, en 11881, s’est ocCupe (1e la question des engrais ii employer ii la suite des trai- tements insecticides. Voici les conclusions de la Connnissiou cliargée de cette etude: ‘ ' << L’assistance réguliere, au inoyen (les cngrais, est un complement indispensable des trailemcnts insecti— cides, meme (lens les terres fertilcs par elles—ineines. Les engrais chimiques immediatement solubles, rc— inontent les Vignes l‘aibles plus rapidementque le fumier de fernie. La dose des matieres fertili‘santes ([ui parais- sent 10 mieux réussir correspond par hectare ii : «100 kil. au'moius (le potasse reelle (,1), ~50 -— ll’ezote, :30 —- d’acide phosphor-ique. (1) Nous croyons devoir donner ‘quelques mélanges d‘engrnis qui réu— nissent ces proportions : 1° 225 kil. niiralc dc potasse, 100 kil. sulfate d’ammoniaque, 260 super- phosphate (16 ’cliaux Chilton, conten'ant 15 °/o d’acide phosphorique soluble dans l‘cau; 2" 330 kll. nilrute dc soude, 250 kil. superphospliate de cliaux Ornithos, gurunti ii 12 “/0 Ll‘aclde pliosplioriquc soluble dams l‘eau; 200 kil. chlorure TRAITEMENT, REITEBE . , 79 u La non-adjunction des engrai's aux applications in- secticides, au nioins en premiere année, sur toute la surface du vignoble phylloxeré, et en deuxiemc ct troisieme année sur les point-s restés faibles, a pour consequence l’absenee do vegetation suffisante et de retour a la production. » ll faut fuiner d‘autant plus que les vignes ont été dax‘antage att‘aiblies par la maladie. p Beaueoup de Vignerons s’imaginent que Ie sulfure de carbone use les terrains, qu’it faudra fumer davan-tage et indéfinimeut avec rl’eniploi du sulfure. Ce préjugé, fort ancré dans nos campagnes, no repose absolumcnt sur rien. Tous les faits dementent cette assertion. L’expérience prouve que, si l’on traite les vignes phyl- loxérées au debut (1e I'invasion, avant l’apparition des taehes, —— et par consequent, avant la destruction des racines, —- il n'est nul besoin derecourir ades fumures extraordinaires, tandis que si l’on attend que les taches aient apparu, ces fumures sont une nécessité qui s’im- pose. Nous en avons deja explique laraison, toujours la meme: e’est qu'avant que les taches soient visibles, 1e phylioxéra a en le temps d’excrcer sur les racines des ravages considérables : les unes sont niortes, les autres, soufi‘rantes, portent deja en elles des germes de decom- ' position. ’ Dans ce cas, il est evident qu‘il ne suftit pas de de- ltruire le parasite par 1e sult'ure, mais qu‘il faut encore reeonstituer les racines, provoquer la formation de nouvelles radicelles et dunner, en attendant, a celles 'de potassium (ce dernier produit est rempiace avec avantaqc par 800 kii. kainit). 011 pourrait aussi remplacer Ie nitrate de soude par 250 kil. do sut- Iate d’ammoniaque; mais, pour dittérentes raisons qu‘il serail trop long d’énumérer, le nitrate dc soude est préférabie. \ -,\ x,» ,..,_ V /"- t/v-W ,- -»".r n- H +1.. ul" "s, w, .7. ¢ , I"‘.’ u 'l'-, ‘— ‘0. up”... H, ?-,-."‘ 73%" Q)! .~_! _\_ v. _ f ‘ ’." ‘.v.~ ‘." 1‘,#‘_ ‘.’;.,‘V‘r"‘ Axnliy‘! 80 LE PIIYLLOXE‘RA qui' reslent, une nourriture abondante qui puisse sul‘fire a l’alimentation du végétal et 21 so reconstitution. Do 151, nécessité des engrais en abondance sur les taches, ~— dans oe cas, los plus solubles sont los 'meilleurs. — Mais il no faut pas oublier aussi que les engrais, ainsi donnés au sol, contribuent £1 l’enrichir au point do 'vuo des récoltes futures. Lorsque la Vigno so refait, les racines attaquées re- pronnont leur vigueur; alors, ct alors soulemont, on revient aux fumures ordinaires, et, dot-on sulfuror in— définimont, on n'aurait plus qu’a fumer commo avant l’invasion phylloxérique. Nous connaissous un propriétaire qui, avant do sul- furer, voulut s’assuror que lo sulfure 11’empoisonnait pas lo terrain. Pour co fairo, il mit, au printomps, aveo le pal, TRENTE FOIS la (lose ordinaire, u'est—a-diro 600 GRMIMES par Inétro carré (ce qu’on met on tronle ans), et, £1 l'automuo suivant, aprés labour, il soma du blé. Inutile de dire quo co blé est venu on'no pout mieux. C‘est une expérience que pouveut fail-o, pour so couvaincre, tous coux qui croiont, (5' MN, quo lo sulfuro stériliso lo sol. ' M. Jaussan a I‘épondu £1 coux qui disont quo los viguos sulfuréos déclinout chaque 3111160, on publiaut los chill‘ros du rendomout do sos récoltos. Ces chifi‘rcs prouvout quo o'cst lo contrairo qui est wai. C'esL la' moillouro répouso £1 fairo aux ou-dit. LES SYNDICATS Depuis la promulgation de la loi du 2 aout 4879, un grand nomDre de syndicats out etc formés; chaque année le nombre des syndiqués augmente. On a compris qu’on ne saurait mieux faire qu’opposer au fléau la puissancc de l'association. Les syndicats peuvent avoir deux buts: la surveillance des vignobles ou leur defense. ' Dans le premier eas,la cotisation est tres minime, les propriétaires s’a‘ssocient pour faire faire des recherches dans leurs vignes saincs, afin d’etre prets' a traiter sitét 10 mal signalé. Pour quelquesfranches associés sont avertis et peuvent faire exe'euter les traitements en temps oppor- tun, ce qui, nous l’avonsvu, est d’une graude importance. Dans nu arrondisseinent non encore declare envahi, 1e traitement peut etre fait par voie administrative. Pour qu'un syndicat puisse participer aux subventions de l'Etat, il faut que le mode de traitcment scit auto— rise par la Commission superieure du phylloxera. La subvention accordéc par l'Etat varie de 120 a 40 francs par hectare, selon les departements et selon, aussi, que les syndicats sont de '1", Be et Be année. En admettant méme que celte subvention soit reduite encore, voire meme SUppl'll]lt"B,llOllS ne saurions trop engagcr tous les pro- l5 8-2 LE PHYLLOXEHA priétaires a former cos sociétés, qui ont rendu et sont appelées a rendre encore les plus grands services, tant par les renseignements qu’ellesfournissent aux syndiqués, que par le hon marché (les achats faits en cornmun. Elles (lonnent aussi 1e moyon de faire plus facilement admettrc, par les pouvoirs publics, les voeux do la viticulture. Un autre avantage dos syndicats, ct cc n'cst pas le moi-ns grand, c’est, d'intéresser tout le mondo a la (léfense ;lcs syndicataires transmcttant lcurs observations it lcurs collégues, qui lcs rontrOlent, tout. lc mondc on profitc. Formation des syndicats. -— Pour constituer un syndicat, il suffit de faire adopter et. signer par les adhé— rents (trois ou quatrc an moins) unc convention par la- qucllo ils s’cngagent a faire les frais néccssaires pour traitor , avec 10 concours (lo l'Etat, leurs Vigncs phyl- loxerecs. Cctto convention faite ct signee, a quadruple exem— plairo, doit etre cnregistréc an chef—lieu de canton. (Cont :3 fr. 65.). V . Ces qualrc expeditions sont alors remiscs,au préfet ou an sous—préfct, accompagnécs (lu certificat (lu mairc de la commune qui (loit etrc lo siege (lu syntli ‘at, consta— tant que cclte association a men pour but unique la de— fensc dcs Vignes pliylloxerécs (lans la commune de X... ct les communes liinitro plies. SitOt lcs statuts approuvcs par le préfet. lc syndicat peut fonctionner, lcs prefectures transmettcnt a )1. le ministre dc l’.»\griculturc les dcmandcs dc subvcntion, qui sont accordées un mois on deux plus lard, apres aVis préalable dc la Commission superieure du'phylloxéra. En accordant la subvcntion, lc préfet désignoles trois mcmbrcs dc la commission charges do Verifier l‘mnploi LES SYNDICATS ‘ 83 des fonds. Cette commission dresse un proces-vcrbal de Verification, qui est envoye avecles factures au préfet du département. Une fois la Subvention aeeordée par M. le ministre dc l’Agriculturc, elle est lnandatée par le préfet, au nom , du president (11] syndicat, proportionneilelnent aux de- pe‘nses faites et aux surfaces traitées, lorsque 1e syndi— cat a produit les pieces r'égulieres, etablissaut ie montant des depenses efl‘ectuécs. Les recépisses du chemin de fer coustatantlc payeinent du sulfure contre rembourse- ment, sont adinis eonnne pieces justiticatives. Pour 1e sulfurc pris directement, par \Toitui'ie1*, dans les entrepOts ou fabriques, les factures doivent étre faites sur papier timbre de 0,60 centimes, certifiees par le fournisseur et. acquittées par lu‘i, en siguant sur le timbre dc quittance eta cété. Les menus frais du syndicat, lettres, enregistrement, etc., sont répartis egalement entrc tous les syndiqués. Les intéressés trouveront dans ies prefectures et- sous—xprefectures des projets dc conventions et les renseignements néeessaires; ils peuvent aussi s’adres- ser au professeur d’agriculture ou au déiégué departe— mental contre le phylloxéra dans chaquc département. Nous donnons ii litre de renseignement ie modele dc convention syndicale habitueilement employé dans lc RhOnc pour toutcs ces associations J I '5‘ . ‘ -. 2 / . ‘ DEPARTEMENT COMMUNE DE de * c~~~ ARROND’SSEMENT CONVENTION SYNDICALE de _ POUR LA CANTON de WV DESTRUCTION DU PHYLLOXERA (Art. 5 do la ldi du 2 aofit1879) ARTICLE PREMIER Les soussignés, propriétaires, demourant a , canton de , arrondissomont do (Bhdno), Vu les lois des 15 juillct 187R ot 2 aout 1879, notam— mont le § 2 de l’article 5 do In dorniero loi, ainsi concu: . << LOrsque des propriéteiros, on vuo de la destruction > du phylloxéra sur lour territoiro, so scront organises on Associations syndicales temporairos approuvoes par l‘uutorite administrative, ils poui'ront recevoir, sur l‘avis conformo de In section pormanonto do In Commis— sion supcrieure du phylloxe 'a, uno suhvontion do l‘Etat. Cotto subvention no pourm, dans aucun cas, depasscr la somme votoo par lo syndicat pour 1c traitoment dos Vigncs pliylloxerées ; >> Vu 1a circuluiro n° 399, do M. 1e ministro de l'Agricul- turo et du Commerce, on date du 20 aout 1879 ; S‘organisent on Association syndicalo temporairo, ayaut pour objet reel ct unique In défonse du Vignoblo par l’emploi d'un dos traitcmonts quo Pecommande la Commission suporieurc, cn vuo d‘obtcnir la subvontion LES SYNDICATS 85 de l’Etat indiquéc dans la loi ei—dessus visée du- 2 aofit 1879. ART. 2 Le bureau est compose comme iLsuit: M. , president; M. , seerétaire; M. ' , trésorier. ART. 3 Le syndieat a son siege a Les assoeiés s’engagent a faire la dépense présumée néeessaire pour traiter avec le secours du gouverne— ment hectares ares, se répartissant ainsi : SAV’OIR : NOMS DES PROPRIETAIRES S[I’ERFICIE_ . des ugues 'atralter qui s‘engagent DOMICILE d'ordre , . . aparticlperhladepense hectares ares ART. 4 Les travaux de traitement, a la dose de 25 grammes de sulfure’ par metre carre, sent évalués a la somme de deux cent soixante-rinq francs par hectare, savoir: Pour 1e sulfure de carbone, 250 kil. a 40 francs les 100 kilos. . . . . . . . . . . . . . . . . . l’r. 100 >> Pour les transports, main—d‘eeuVre CL fumure complelnentaire. . . . . . . . . . . . . . . . 16:3 » TOTAL égal. . . . . . Fr. 265 » 33 . ' LE PHYLLoXEHA ‘ r Le syndicat vote, dos £1 présont, la somme représen- tant les frais de transports, main-d’muvre eh do fumuro oomplémentaire, que les propriétaires so résorvent la faculté de faire aux—gnomes, sous le oontrOlo do la Commission, soit cent soixanLe—oinq francs («165 fr.) par hectare, on on totalité do francs. p ART. ’0 Ghaquo associé doit uno part do 121 déponse nettc, pmportionnelle au Hombre d'hectares pour lequei il a 4 adlméré .au syndicat. Fait en quadruple expéditiou it [e (Suz'vem‘ [es signatures.) .7 *1 .s .12.} TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES .‘ p.111 0RDRE ALPHABETIQUE BARILS (entrelien desj, 19, —~ (soudure (105), 345‘ (de’houchage (les). 21. Binoxs 1:.V zmc(U1ilité d"avoir des). . . . . . . . . . c . . Boxnonxns (lnconvénienis des).. . . . . . . . '. . . . . . CONVENTIONS SYNDICALES — Formula. . . . . . . - . . . DEFENSE. cox’rnn 1.11 may LLoxie'znA,— (doit-on se mettre en),1 1.1 —— condiv tions de divers moyens, 13. '. . . . . . . . . DOSAGE m: 1511. XNJECTEUR (moyen de révler 1e) 27, —- (vér1ficat1ondu), 32,— corrcction d' un mauvais dosage, 33, —- calcul du doange a employmer 43 . . . . . . . . . . . . ENGRus — Leur utilité aprés les sulfurages. '77, —— ne sont pas tou- jours nécessaires, 79. . . . . . . . . . . . . . . . EVTONAOIR- FILinE. — Son utilité” . . . . . . . . . . F11 51FICA110V DU SL‘LFURE DE CARBOVE 1mm en de leconnai-ue 1:1). . . FOVCTIOVVLMEVT DU PAL 11412011111. — Normal. — Mauvais. >. . . . INJECTECR§ A TRACTION (description (195). —~ Leur utilité. . . . 1 PALS INJECTEL‘BS (description des), 22, — (fonetionnement des), ‘25, — démontage, '28, — entretien, 28, ._ réglage, 27, — vérification, 32, w coulage, 33, —— petites reparations des, 33, —- soudures des, 34 — nettovnges journaliers, 28. . . . . . . . . . . . PAL A CLAPET LATERAL. ~— Description. . . . . . . . . . PRATIQLE nus SL'LFL'nAGEs. ~—Proportionnalite des doses. . . . PEYLi 1111111. — Desmiption, 1, — insecte des racines. 1, — ses mues 1, —ses ponies,0 _., ——in.> Citons comme exemple des avantages que pourrait donner une pareille organisation, les résultats auxquels arrive aux Etats—Unis le laboratoire dependant de l’administration oentrale de l‘agriculture : << La section de chimie est dote’e du labora- toire le plus complet que poss‘edent les Etats-Unis, et les ré— sullats de ses essais et de ses découvertes ont été féconds en applications utiles dans le domaine de la pratique. C’est la que s’adressent tous les fermiers de l’Union qui, avant de se lan- cer dans la voie des amo’liorations, désirent qne l’analyse les éclaire sur les propriéto’s physiques et chimiques de leur sol, sur sa composition, et enfin sur la nature et la dose (les en- grais qu’il conviendra de lui appliquer. C’est la encore que le fermier, qui sent le besoin de soumettre ses operations au con- trole de la science, peut se renseigner sur la nature du sol qui convient le mieux a telle ou telle plante, sur les engrais ct les éléments de fertilisation en général qu’il est le plus utile et le plus profitable d’appliquer a tels ou tels genres de grains, de plantes fourrageres, de racines ou de plantes industrielles. LA. cmmn ‘ET LA PULv‘i'snIsn'rio‘N 67' “7"“! ~ -:“Ir. 768'— LA, PULVE'IRIS‘ATION DES ENGRAIS Sur toutes ces matiéres, 1e fermier américain trouve auprés de la section de chimie du département de l’agriculture toutes les indications qui peuvent lui étre nécessaires, sans bourse dé- lier, aux frais du gouvernement, sous son controle et sous sa direction‘. » ' Exexnples d’application d’engrais pulvérisés. — Meme d’a- nalyses incomplétes au point do vue agricole , c’est-a-dire n’indiquant pas l’état assimilable ou non dans lequel se trou- vent les éléments du sol, on peut tirer de précieux rensei- gnements sur les besoins de celui-oi pour étre plus fertile, par consequent sur l’expploi des engrais complémentaires et alor's sur celui des roches pulvérisées. En examinant les cas clans lesquels on pout déduire de l’analyse chimique la nécessité d’ajouter au sol tel on tel élément, nous allons pouvoir recapi— tuler les résultats économiques que donnerait l’emploi des ro- ches pulvérisées comparativement a celui des autres engrais. Ainsi nous avons déja vu que la quantité do potasse conte— nue clans les sols peut varier do 26.000 kilogrammes it 700 kilogrammes et que pour étre trés-fertile un s01 doit contenir- environ 3.600 kilogrammes do potasso assimilablo. Mais comme les analyses ne spécifient pas ordinairoment l’état dans lequel se trouve 1a potasse, on n’a pour guide sur l’utilité de son emploi que la pratiquo qui :1 montré que les engrais potassiques rcstuient sans utilité, lorsqu’on les uppliquuit a un sol dosant plus do 7 21 8.000 kilogmmmos do potasso. ' Lorsque lo sol en contient moins quc ootte quantité, il est utile de lui on ajouter, lorsque toutefois les autres éléments sont en plus grandc abondance relativoment a la proportionnalité qu’il doit y avoir‘ entre eux pour assurer une bonne fertilité. Cctte proportionnalité scmble étre : Acide phosphorique ................. V ............. 1 Potasse ..... . .................................... 2.5 Chuux et magnésie ............................... 1.5 Silice soluble .................................... 3 iLiébig). Si l‘opération d’élever en une seulo fois la. quantité do [ous 1.-Eug. Mario, Journal d’agriculturc pratiquc. lbs él’éments pqur-arriver a la fe‘rtilit‘é maximum pnurrartquel-. quefois etre trop cofiteuses étant données les autres circuits- tances économiques, presque toujours i1 sera possible'et' avan. tageux d’augmenter la quantité des elements les Inc-ins abonu dants pour arriver a un degré de fertilité que limite la quan- tité des autres principaux elements que contient naturelle- , ment le sol Comme nous l’avons déja dit, les roches pulvérisées ‘donne- ront dans tous les cas analogues desrésultats impossibles a atteindre économiquement avec les engrais du commerce. Par exemple, s’agit-il d’enrichir 1e s01 de 1.000, 1.500 et 2.000 kilogrammes de potasse ‘? — Par l’emploi d’une roche feldspathi- que pulvérisée contenant 16 0/0 de potasse, nous avons vu que dans ce cas le prix de revient du kilogramme de potasse serait au plus 0 fr. 08, l’ope’ration cofiterait 80, 120 cu 160 francs, ce qui est praticable. Avec le chlorure de potassium ces prix seraient de 500, 750 et 1.000 francs; avec le sulfate de potasse ils seraient de 600, 1.200 et de 2.000 francs. Ces derniers chiffres sont déja beaucoup trop élevés pour que l’opération put étre économique; il est donc inutile de don- ner ceux auxquels reviendrait dans les memes circonstances lemploit‘ es azotates etdes carbonates de potasse. Les roches feldspathiques dormant. leur potasse a un prix incomparable- ment inférieur a celui des autres engrais, leur emploi dans les circonstances pareilles est infiniment le plus avantageux. Il est a remarquer, en outre, que leur has priX permet leur application non-seulement aux cultures ordinaires, mais encore a cclle de la vigne dans les sols pauvres en potasse. On sait, en effet, quel est dans ces sols le role reconstituant des sels potassiques appliqués aux Vignes, soit étant malades, soit ayant souffert des attaques des insectes. La quantité d aczde plzosp/zm zgue que doit contenir au moins un sol fertile est de 3 a 4.000 kilogrammes correspondant a 7.500 on 8.000 kilogrammes de phosphate de chaux. Les diffe— rences entre les quantités d’acide phosphorique contenues dans les différents sols sont encore plus variables que celles de la potasse et peuvent aller de 10 a 11.000 kilogrammes, a quelques kilogrammes. L’emploi des engrais phosphates est encore loin d’étre pratiqué dans toutes les situations ou i1 se- u D LACHI’MIEJ ETLAPU'HVERISMION ‘ 7‘6‘9‘ “.‘i‘uséféi‘é... _ 70' _ LA PULVERISATION DES ENGRAISI 1 rait avantageux, la pulvérisation des phosphates minéraux poussée a l’extréme pourra contribuer a leur propagation, en Pendant leurs effets plus sensibles. Rappelons que les prix de revient de l’acide phosphorique dans les phosphates miné- raux n’est pas a comparer a celui du meme acide dans les autres engrais. Si l’on ajoute a un sol 500, 700, 4.000 on 1.500 kilogrammes d’acide phosphorique, et ce sont des quan-- tités maxima, avec les phosphates minéraux, l’opération reviendra a 125, 475, 230 et 375 francs. Ces prix seraient doun bles et triples avec les autres engrais et plus que quadruples avec les superphosphates. —- 0n estime a 1.500 ou 2.000 kilogrammes la quantité dc magne’sz‘e que doit contenir le sol. Lorsque celui—ci en contien- dra moins, les roChes magnésiennes, par leur abondance et leur facilité de pulvérisation, permettront de lui en fournir a des prix extrémement has, moins de un centime le kilo- gramme. —- La soude n’est pas nécessaire en grande proportion clans 1e sol; cependant quelquefois elle peut en partie remplacer 1a potasse ; i1 convient d’en rajouter au sol sous forme de roches sodiques pulvérisées, lorsqu’il en contient moins de 3 a 4.000 kilogrammes a l’hectare. — La chaux doit étre contenue en boaucoup plus grande quantité clans le sol que les autres elements absorbables. 0n estime cette quantité a 40 cu 60.000 kilogramme par hectare formant cle l a 1.5 pour cent dc 1a masse du sol. La pulvérisa— lion peut, comme nous l’avons vu, augmenter considerable- ment l’action des engrais calcaires, et procurer une e’conomie tres-grande clans l’emploi des marnes, des faluns, des sables coquilliers, etc. —— La sz‘lz'ce soluble n’est pas comprise dans les analyses des Lerres, parce que, lors du desséchement et de la calcination de celles-ci, qui precedent l’analyse, elle se transforme en silica in- soluble. Nous avons vu plus haut qu’elle enlre en quantité trois fois plus considerable dans les plantes que l’acide phos- phorique, ce qui montre son importance. Les feldspaths etles micas par leur decomposition enrichisscnt 1e sol de silice so- luble. —«— Pour le fer enfin, on peut estimer a 1.500 kilogrammes I -d1'1 fer a is. végétation sous forme de cendre‘s dé forges 011' de \déchets de hauts-fourneaux pulvérisés. ‘ x z ' » ’ -.=Dans ce qui précéde nous avons compté les frais de pulvér1-. . sation aux prix auxquels ils reviennent actuellement. Mais i1 " . est a remarquer que,‘ 10rsque 1’ usage des engrais pulvérisés 36: 1 . \ sera généralisé, l’industrie emploiera des mo‘yens de pulvéri— ‘ isation de plus en plus économiques et i1 semble hors de do'ute que ces frais s ’abaisseront au myoins sensiblement. ” ‘“ ' . ‘ , ‘ CHAPITRE XI.‘ Les moyens mécaniques de pulvérisation. Des moyens de pulvérisaticn que l’on emploiera, selon qu’ils serontplus ou moins complets et plus cu moins économiques, dépendront, d’une part, l’efficacité clcs engrais pulvérisés et, de {A ~4 f ‘ l’autre, l’économie que donnera leur cmplci. Une étude sur ce K _ _§ sujet devrait donc comprendre celle des machines a pulvériser, \ K7 — ’ 7 ’ \ et celle des moteurs pouvant étre emplcyés a actionner ces ma-' 3 ' ~ ; chines, et, en outre, celle de quelques procédés spéciaux; mais . cette etude pour étre complete devrait nécessairement etre " ‘ ~ , trés—étenclue : aussi devons—nous nous borner a n’en indiquer " ‘ que les points principaux. l ‘ ’ Le broyage des 0s. - Depuisrtres—longtcmps l’agriculture _ 1 , fait usage de certaines substances a l‘état pulvérisé; ainsi . ,T- ‘ nous evens vu quc les pcudres d’os sont {res—employees en \ ‘ Angleterre, et dans certaincs parties de la’ France. Comme - ' l’industrie livre crdinairement les cs a l’état entier, leur brcyage se fait clans lcs fermes au moyen d’appareils ayant un caractere agricole, c’est—e—dire clevant étre faciles a conduire et peu cofiteux; 1e rendement de ces appareils dcit étre en effet en raison des besoins de la ferme. Il arrive meme fré- quemment que ce broyage est trés—imparl‘ait, et se borne a un simple concassage, ccinplétement insuffisant, qui ne permet ' de retirer de l’emploi des es que des effets bien inférieurs a ' ceux qu’ils donneraient s’ils étaient en poudre tres-fine. K Quelques-uns des procédés cmployés sont tres—simples: l’un d’eux ccnsiste a placer les 0s sur un billotreccuvert d‘une K ' plaque de fer taillée en pointe de diamant, etfiles broyer a . ‘ -.' ‘ r ' Ia.- "tné‘ifibfim;i§éokxxa@S7113’izgjgéliiiiiitER-Ifsmxo1&1”: 73 - l’aide d’un lourd‘maillet garni d’une plaque semblable, ce tra-‘ veil est extremement pénible et ne donneque des résultats J trés—impaxrfaits. - 1» D’ autres fois le maillet est remplacé par un pilon qui se relie a j un arc faisant ressort, ce qui permet dele releverplusfacilement. Les cultivateurs anglais se servent encore souvent, pour broyer les 05, des meules des moulins a huile , ou encore d’un appareil special donnant des résultats beaucoup plus parfaits, appelé le moulin écossais. Cet appareil se compose d’une se’rie de cylindres dentés, agissant par paires, d’une maniere analogue aux laminoirs, qui broient les os en fragments de plus en plus meals ;;le _,pr_oduit est tamis‘é :et toutes les parties impar’faitement fpfilvériséeSIepassent'par 1a machine. Dans le Pnyode-Dome, aux environs de ’Thiers, on em- sploie,po.urréduire‘en poudreles debris d’os provenant des fa? briques de couteaux, une rape cylindrique en acier dontles dents sont taillées en hélice. Cette rape tourne avec rapidité et pulVérise promptement les os qui se trouvent dans une tré- mie placée au- -dessus. Ce systeme tres- simple donne de b'ons résultats et parait convenir pour vaincre la texture poreuse des os; il pourrait étre employé également a la pulvérisation (les comes et des sabots d’animaux. Pour le broyage des tourteaux de graines oléagineuses, clans 1e but de les employer comme matieres iertilisantes ou comme nourriture des bestiaux, il existe beaucoup de machines spé- ciales, trés-répandues dans les fermes et qui agissent d’apres les memes principes que celles employees pour le broyage vdes os. Les tourteaux et les os sont les senles matieres fertilisantes .que jusqu’e présent l’agriculture pulvérise elle-méme, et 21 cc titre les procédés employés pour y parvenir méritaient d’étre asignalés. La mouture. —- L’industrie de la fabrication des engrais mi- néraux ne pulvérise guere que les phosphates fossiles, et les différentes substances employees {pour les frauder, belles {que des schistes verdatres et les sables coquilliers. Pour cette pulvérisation elle emploie ordinairement des meules ju- Wmew 1 I . 74 LA PULVERISATION D’ES ENGRAIS melles semblables a celles des moulins a blé et qui operent également par mouture. Ce moyen donne déja des résultats assez économiques, puis- que les frais de pulvérisation des phosphates dans les mou- lins a eau sont environ de 0 fr. 60 par 100 kilogrammes, en- sachage compris. On peut croire qu’e défaut d’autres precedes plus perfectionnés et plus économiques, cette pulvérisation par mouture permettrait déja de rendre pratique la pulvérisa— Couronne dentée du triturateur Anduze. tion (10 1a plupart des engrais calcaires que nous avons passes en revue, tels que les marries, les faluns, les sables coquil— liers, le mae'rl, les tufs, etc., qui, tous, sont d‘une dureté bien inférieure a celle des phosphates minéraux. En efl‘et, les mar- nes et les calcaires 51 structure poreuse, tels que ceux dont nous parlons, occupent 1e has do In série dans les échelles de dureté employees en minéralogie, et les phosphates atteignent presque 1e milieu. Aussi, comme nous l’nvons (lit, en esti- mant les frais de pulvérisation de ces substances a moitié de ceux des phosphates, c’est-a-dire a 3 fr. la tonne, on serait certain d’indiquer un prix supérieur a celui auquel ils attein— draient. A ce taux déja l’opération serait tres-avantageuse pour la culture, nous l’avons démontré; mais encore ces frais pourraient étre abaissés par l’emploi de procédés plus perfec— tionnés que celui de la mouture ordinaire. La mouture ne se- rait pas non plus assez puissante pour pulvériser des roches d’une dureté plus considerable, telles, par exemple, que les granits, les roches feldspathiques, etc.; et lorsque l'agriculture aura recours a leur emploi, soit qu’on les pulvérise clans les LES MOYENS MfiCANIQUES DE PULVE‘RISATION 7o l‘ermes, cu dans des usines de pulvérisation, i1 sera nécessaire d’emprunter des procédés plus puissants aux autres industries qui ont besoin de pulvériser' les matieres sur lequelles elles op‘erent, a celles entre autres qui traitent les minerais et qui possédent de nombreux genres de machines a pulvériser. Broyeur-triturateur Anduze. Ces industries emploient aussi ordinairement les cylindres cu les meules lorsqu’elles agissent sur des matieres tendres; mais lorsqu’elles agissent sur des matieres dures, elles ont re— cours a des instruments plus énergiques, par exemple, a l’em— ploi des boccards. Les boccards consistent dans de lourds piIons, ranges céte a céte dans une auge oil 56 trouve la matiere a pulvériser, et derriére l’extrémité supérieure de leur tige tourne un cylin- dre garni de cames qui soulevent successivement chacun d’eux, et le laissent retomber. Les boccards agissent par leur poids; ils constituent un instrument simple et peu cofiteux, mais peu expéditif. ,., ,,.,. ‘-'r’§‘"’c-n»‘“(b" - (lib L 4v:x".~ 7:35-2:85; ”SR F ‘I ‘ ‘ x g._ m 24mm 1313:: mm gunman Wpiat’firmf’k‘i in: {[5}: l \ V ' I t i ‘ it i, n L I A Mm'iv'i .\ arm Q 2 ::;\1 LR" *4: i‘ *‘ " '; ifleeazfljflamm .516 -7 , :LLA P'ULVfiRiSATION D’ES .ENGRAIS" . Les bmyeurs. — Depuis quelques années, til y a tendance a 'substituer dans la pulvérisationidessuhstances les machines Iagissant par la vitesse a celles agissant, par le poids de cer- taines de leurs parties. 11 existe maintenant plusieurs genres de pulvérisateur ayant une action tres—énergique, et pouvant donner un rendement considerable. Dans le manuel de la pulvérisation, M. Menier décritles principaux de ces 1nst1uments Un des plus perfectionués est le broyeur Vapart. Ce broyeur se compose de trois plateaux superposés -et fixés a un meme axe vertical; oet axe tourne avec rapidité. La ma'tiere a pulvériser tombe successivement sur chacun de ces plateaux et est projetée avec une tres—grande Violence contre une armature fixe en fonte qui entoure l’appareil, sur laquelle elle vient se pulvériser. Un tree—simple calcul demon— tre quelle pent *étre l’énergie de son action. « On pout remar- quer, dit M. Menier, qu’aveo un appareil faisant mille tours a laminute, si on veut l‘aire passer 4.000 kilogrammes par heure, chacun des plateaux n’aura, a chaque revolution, que 66 gram— mes 66 a projeter. » Get instrument est tres—puissant et serait précieux pour la pulvérisation éoonomique des engrais; il peut s’appliquer aux substances .de duretés les plus variables, aux granits, aux feldspaths, aux phosphates, aux divers engrais calcaires dont nous avons .parle, et de plus aux os, aux cornos et sabots d’animaux ; i1 peut meme etro employe 111a produc— tion de la farine et au concassage des grains. << U11 broyeur Vapart, dit M. Menier, pouvant faire plu— sieurs tonnes par heure avec une force motrice restreinte, produira des poudres fécondantes a des prix tres-has et per- mettra, par consequent, d’augmenterla rapidité dedissolution , etpar suite de production, de telle sorte que .le temps, qui est un des principaux obstacles des progres de la culture, sera transformé en auxiliaire. » Le broyeur triturateur Anduze estencoreun appareil tres- puissant, mais dont l’action repose sur un autre principe que ,celle du broye’ur Vapart. 11 se compose en effet de deux dis- ques verticaux, tournaut. l'un sur l’autre; comme leur surface estugarnie de saillies de plus en plus fines amesure qu‘elles se rapprochent de la circonférence, la pulvérisation .se.fait .gra- , trés~variables, i1 peut également pulvériserles cailloux de silefx, ‘J ’ V - " ' /' -.\ duellehm‘entst' peut'étre‘ anssi‘ dumpléié fin’bn- ~1e?{iégagi’rlg.7;De ‘ mémg que ‘le broyeur Vapart,1e’ ‘triturateur Anduze peutétre employé. pour réduire en poudre dés-substances deidnré‘tés. . et réduire les grains en farine. »- . . Le broyeur Karr est aussi un appareil de grand rendemsnt‘ et d’une grande énergie; il consister en deux disques garnis de y ' - barreaux d’acier, tournant I’un dans l’autre avec rapidité. La substance mise dans l’intér-ieur de nos disques .se irouve‘ sou? I mise 21 une série de chocs inverses extrémement violents. et se , réduit en poussiére. ' Toutes ces machines ont l’avantage de donner des résultats- aussi parfaits que possible, etde pouvoir pulvériser une quan- tité de matiéres telle qu’elles pourraient non—seulement suf— fire a alimenter surabondamment une "ferme quelque grande qu’elle soit, mais encore étre 1a partie principale d’industries ayant pour objet la pulvérisation des engrais. « On peut dire d’une fagon absolue, dit M. Menier, que le travail au broyeur, an point de vue de la force dépensée, de la main—d’oeuvre et de l’entretien de l’appareil, cofi‘te moins cher que tout autre mode de broyage pour la méme quantité de matiéres traii~ tées.» ' CHAPITRE XII De quelques moyens de pulvérisation. Outre l’emploi des machines a pulvériser et dos broyeurs, tel que nous venons do le voir, il est quelques procédés de pul— vérisation qui peuvent étre employés a défautd’autres plus perl'octionnés; quelques-uns semblent soulemcnt possibles clans certains cas, mais méritent d’étre signalés. Enfin, il est quelques moyens usités dans la fabrication des engrais qui equivalent, clans leurs résultats, a une veritable pulvérisation. Pulvérisation par les bones de routes. —- Le procédé le plus primitif do pulvérisation, le plus simple etqui peut s’employer . clans toutes les circonstances, est celui qui consistearépandrc les matieres a pulvériser sur les routes, dans les passages, a l’entrée des cours de ferme, partout 01‘: i1 se présonte unc circulation active de personnes, de bestiaux, de voitures, qui, parlour action, divisent, triturent et broient peu a peu ces matieres. Dans bien des endroits, les cultivateurs se servent de ce moyen pour obtenir la division des matiéres végétales d’une decomposition difficile, telles que les ajoncs, les bruyéros, les debris de toutes sortes provenant du nettoyage (les fossés, etc. ; ils les étendent en nappe 31a sortie des cours de fer-mes et ces substances continuellement triturées ne tar-dent pas a se diviser et a se décomposer de facon a dormer d’excellents composts. Que les cultivateurs étendent dans les memes circonstances les roches dont les éléments manquent a leur sol, et qu’une fois broyées, ils ramassent soigneusement 1a boue qui en provient, celle qui est entrainée dans les rigoles, la poussiere obtenue par le balayage, et ils auront un engrais DE QUELQUES MOYENS DE PULX‘ERISATION 79 complérhentaire économique, approprié aux besoins de leur sol. ‘ De tous temps, les cultivateurs ont employé les boues de route comme engrais; ces boues ne sont en réalité que des roches pulvérisées, melangées de matieres organiques prove-’ nant des excréments laissés par les animaux. Il est evident que ces boues seraient encore plus fertilisantes si l’empierrement d’une partie de la route avait été fait avec des roohes dont les elements pourraient servir d’engrais complémentaire au sol auquel on les applique, si l’empierrement avait été dirigé dans le but d’obtenir une boue le plus possible fertilisante. M. Menier fait remarquer a co sujet que la poussiére pro- venant du balayage de ces routes et qui est oomposée de par- ticules tries-fines serait beaucoup plus active oomme engrais a cot état. que lorsqu’elle est ramassée a l’état de boue, comme cela se fait ordinairement. L’eau des pluies peut en effet dis- soudre les parties les plus solubles et entrainer au loin on sus— pension les plus ténues, les plus préoieuses par consequent, oelles qui seraient susceptibles de produire l’effet le plus ener- gique. Nous avons V'Ll que, dans certains endroits, on recueillait les ‘boues provenant des scories des hauts—fourneaux. On pout appliquer de méme ce procédé aux marnes, aux faluns, aux sables coquilliers, au gypse, au granit, etc., et en général clans tous les cas ou l’on agit sur des substances que l’on peut se procurer en grande quantité et a has prix, et pour lesquelles la perte d’une petite quantité entrainée par les eaux est com— pensée amplement par l’avantage que donne la pulvérisation de ce qui reste. Pulvérisation par la chalcur. —— L’action de la chaleur peut ’étre employee comme moyen de division des substances, mais surtout comme auxiliaire servant a faciliter une pulvé- risation plus complete. Récemment un journal belge a donné comme nouveau, un procédé de pulvérisation des minéraux par la chaleur, pour lequel il donne les regles suivantes : « 1° 1a matiere qui doit étre pulvérisée est chauffée plus ou moins suivant sa nature, mais toujours au dela de 100 degrés; 2° aussitét qu’elle est w. \ . fi%.me¢$ ,: 133.; ._u- 80 K _» LA ,PULVERIsAT’Io'N? 1511s ‘ENGRAIS suffisamment chaude, 'on l’arrose avec de l’eau, jusqu’a ce qu elle devienne pulvérulente ou susceptible de se pulvériser facilement. » L’auteur attribue la division de la substance a la vapeur qui pénetre les parties et les divise. Get effet est bien plutot le résultat du brusque changement de l’état moléculaire de la matiere a pulvériser. Lorsque la masse est soumise a une forte 'température; elle se dilate; lors de l’arrosement par l’eau froide, la surface brusquement refroidie se contracte, i1 y a rupture de l’équilibre moléculaire et la pierre se divise. G’est pour la méme raison qu’un morceau de verre épais se brise ldrsqu’on le chauffe brusquement. Ce proc édé de division par la chaleur est 10in d’e tre nouveau; de tous temps, les cantonniers et les casseurs de pierre l’ont employé pour parvenir a briser plus facilement les gros blocs qui résistaieut a leurs outils. Pour cela, ils entourent cos blocs d’un feu violent et les arrosent ensuite d’eau froide ; aprés une ou plusieurs operations analogues 1e bloc se fend et tombe en morceaux. L’industrie céramique emploie aussi ce procédé. Dans la composition des pates entrent des substances souvent tres— dures, telles que du quartz, du silex, du feldspath, qui doivent étre réduites en poudre tries-fine; on y parvient en faisant’ d’abord rougir ces substances au feu, et en les refroidissant brusquement par une immersion clans 1’eau froide. Lors- qu’elles ont subi cette operation, ces substances malgré leur dureté primitive peuvent se pulvériser facilement, méme ala meule. La chaleur agit encore comme agent pulvérisateur, mais cl’une maniere chimique, dans la cuisson du calcaire dans le . but d’obtenir de la chaux. En soumettant le carbonate de chaux a une haute temperature, 1’aeide .carhoniqme .se dégage et il reste 1a chaux; mais celle-ci étant soit mise dans le sol, soit seulement exposée a .l’air, s’hydrate et tombe en poussiere tres-fine; ensuite par :sa carbonatation-elle revient a son pre- mier état de carbonate de chaux, mais celui-cise trouve alors fine- ment pulvérisé .et peut devenir agent fertilisant pour la culture. .Le résultat .de la cuisson duvcalcaire ,a. été .d’obtenir du carbo- mne- db; chaux en; poudre trbslfine; cetboopémtmn afiipnc‘ ‘ équivalu a une vernable plflvérisation. 011 a. essayé de soumettre a, la cuisson des: marnbsg dbs faluns, des. sables coquflliers, dans le but d’augmenter leur ac}; tion comme matieres fertilisantes; en efl'et, apres 1a,; cuiSSon,‘ ces substances étaient bien plus actiVes, agissaientbien plus; rapidement. Cos résulhats étaientvdus, semble—t—il, d’ahord 311a: grande concentration des elements actifs contenus; dansilaz 1 substance, car la ouisson complete d’un calcaire pur lui faitg- perdre environ 50 0/0 de son poids, ensuite aux ef‘fets d’unbi; alcah'nité plus grande, et enfin a la pulvérisation complete qui, comme pour le caloaire compacte, était la consequence de la; calcination. Mais presque partout ces essais ont donné de mauvais ré- sultats financie s et ont été abandonnés. C est que la cuisson des calcaires est une opération couteuse, qui revient dans ces: cas a un prix en disproportion aveo les avantages obtenus; elle ne peut étre comparée avec les procédés de pulvérisation‘ par l’emploi des machines .qui, tout en donnant au point do vue ‘ de la culture des résultats a peu pres analogues, ne revien- nent qu’a un prix tres-bas, amplement compensé par l’éc’ono- mie réalisée sur la quantité de matiere a employer. On peut aussi assimiler a une pulvérisation obtenue chimi- quement 1e traitement des phosphates tribasiques, provenant soit des minéraux, soit des os, par l'acide sulfurique ou ch10- rhydrique, dans le but d’obtenir des superphosphates ou des phosphates précipités. L’état de phosphate monobasique ou’ bibasique, qui est la raison de cette operation, n’est que tran- sitoire; cos phosphates reviennent en effet, nous l’avons déja; dit, a leur composition primitive de phosphate tribasique de chaux insoluble dans l’eau pure, lorsqu’ils sont incorporés au‘ sol; mais le grand état de division, dans lequel ils se trouvent aprés leur' diffusion, les rend plus assimilables que me lo sont’ les phosphates pulvérisés tels que les livre ordinairement le_ commerce. Pulvérisation par l’acide carboniquc. —- Plusieurs fois nous ax'ons signalé l’importance que l’action de l’acide carbonique contenu dans‘ le sol a sur la dissolution des engrais minéraux. \ 82 ‘LA PULVéR’ISATION DES ENGRAIS 0n pout dire que cet acide est le principal agent do dissolution ot do diffusion dos ongrais minéraux dans le sol. L’acide carbonique so trouvo en assez grando proportion dans la plupart/ dos torros arables, mais il est a remarquer qu’il est aussi produit on abondanco par l’industrie; ainsi cha- que kilogramme do charbon brfilé pout fournir environ 3,5 d’acido carboniquo, partout oil il y a combustion 'de houille, do charbon do bois on do bois, il y a production do cot acido. Dans 1a nature on roncontre do nombrouses sources directes d’acide carbonique, principalement dans les terrains- voloaniquos; ainsi en Auvergne plusieurs sont bien con- nuos: Royat, lo Mont—Dore, Saint—Nazaire; pros de Naples i1 y a la grotto du Chien, etc. De plus, dans les exploitations agricolos, l’acido carbonique so trouve produit en grando quan- tité par les fermentations, commo cellos du vin, du cidre, dos boissons en général, et en outre par la decomposition des matiores organiquos. Etant donné d’une part l’importance do l’acide carboniquo comme dissolvant dos engrais minéraux et de l’autre sa pro- duction abondante dans la nature, dans l’industrie et dans les fermos, on pout poser cette question: —— Ne serait-il pas pos— sible d’utiliser l’acido oarboniquo ainsi produit a la dissolution ou a la preparation dos engrais? Lorsqu'on mélango les ongrais minéraux peu solublos aux fumiers, on utilise pour lour dissolution l’acido carbonique pro— duit on grande quantité par la fermentation do matieres orga- niques. Quant aux autros sources do cet acide, voici uno oxpérionoe tondant a démontror 1a possibilité de l’utiliser au moins dans quelques cas. Ayant soumis du calcaire carboni— fore imparfaitement pulvérisé, — les grains avaient moins do un millimetre ot plus do un dorm-millimetre do coté,—dans un vase contenant do l’oau, a un courant d’acido carboniquo tres— i’aiblo et tros—irrégulier, j’ai obtonu au bout do quolques hou- res par décantation environ 40 0,50 do calcaire réduit on poudre impalpablo. , L’explication de ce fait semble facile: lo courant d’acido car- bonique attaquo lo calcairo et le transforme en bicarbonate soluble; celui-ci so décompose lors de la cessation du cou- It rant, etke préuplte a l’état de carbonate msoluble', 1113.13 rédmt . en poudre trésifine ' Avec'le phosphate de chaux, 1e feldspath et la plupart des autres roehes utilisables par la culture, i1 se prodnirait may efi‘et analogue; ees Substances d’abord se dissoudnaient- lorsi;-_ , du passage du courant d’aeide carbonique, mais ensuite, Siv l'eau qui les contenait était soustraite a l’influence de ce eoue. : i ’ rant et perdait son acide elles se déposeraient a l’ état de pouf - dre trés-fine. ‘ L’ action de l’aeide carbonique peut done produire une véri- fable pulvérisation. : __ .. Avec des procédés appropriés a l’utilisation de cet acide, i1_ 1 ., n’ y a nul doute qu’ au moins dans certains 0:15 on ne puisse» ‘ l’employer en grand 11a preparation des engrais minéraux. ,I' , GHAPITRE‘ XIII' Du triage des poudres. Dans 1a pulvérisation dos roches afin doles employer comme matieros fertilisantos, il y anécessité d’obtenir dos pondres prosque impalpablos, d’ar-rivor a la division dos matioros jus- qu’a» 1a limito du possible. La théorie ot l’expérionco montront on of‘fot qu’il y a uno énormo difference ontro les résultats donnés par uno subs- tance, solon qu’ollo est réduito on poudro mi-fino, ou bion ar- rivée a l’état do poudre impalpablo. V Lors do In pulvérisation dos substances, les poudros ob- tonues no sontjamais homogenes, il 3* a toujours dos parties oxtrémomont tenuos, tandis que d’autros rostont plus ou moins grosses; 1a perfection do la pulvérisation consiste justoment dans la predominance do let quantité dos premieres sun colle dos socondos. 011 no pout guore arrivor it avoir‘ dos ongrais suffisamment pulvérisés, qu’on triant d’abord les parties les plus fines dos poudros obtonuos primitivemont et en soumottant de nouveau los autros a Faction dos moyons do pulvérisation. Au point do vuo do l’officacité dos ongrais minéraux, on pout dire que lo triage dos poudros est lo complement indispensable dos pro— cédés mécaniquos do pulvérisation. Outro les moyons do blutago, tols que ceux qu’on emploio dans la preparation dos farinos, dos céréalos, on pout, pour les ongrais pulvérisés, avoir recours a quolquos pi‘océdés spéciaux. Triage par décantation. — Ainsi, dans la fabrication dos po- torios, c’ost par décantation que l’on purifie l’argilo. Pour DU TRIAGE DES POUDRES 85 cela, on la délaie dans l’eau et l’on décante; les parties les plus ténues qui constituent l’argile pure sont entrainées et recueillies lorsqu‘apres un repos suffisant elles se sont dé- posées, mais les parties les plus grosses restent au fond du vase. L’argile seche constitue une poudre tres-fine, qui, comme telle, reste longtemps en suspension dans l’eau, et sous ce rapport on peut lui assimiler la plupart des substances minérales parfaitement pulvérisées. Un courant d’eau ascendant, en traversant une substance en poudre, entrainera les parties les plus ténues, fera un verita- ble triage et enlevera des parties de plus en plus grosses si l’on augmente graduellement sa force. Ge procédé permet un facile classement des poudres et est usuellement employé dans les laboratoires, lorsqu’il s’agit de determiner la composition physique des terres arables. Le triage des poudres par la de’cantation employee en grand a la purification de l’argile, comme nous venous de le voir, donne des résultats presque analogues a ceux qu’on désirerait obtenir dans le triage des substances pulveri- sées, puisque, dans le premier cats, on obtient une pate for- mée de fines particules, et que, dans le second, on voudrait obtenir seulement en plus un desséchement complet afin d’a- voir une poudre seche. Cependant ce procédé pourrait étre trop cofiteux si 1e desséchement de .la poudre était d’une trop grande difficulté. Procédé employé 5, Noisiel. —- 1V1. Meniel‘ emploie a Noisiel un procédé tres-ingénieux pour opérer le triage des poudres provenant des matieres pulvérisées, de facon a séparer et a ne recueillir que les parties arrivées, pour ainsi dire, 21 leur der- nier état de division. Ce procédé repose sur un principe analo- gue a celui du precedent, c’est-a—dire sur ce fait : que des parties de différentes grosseurs étant soumises a l’action d'un courant d’air, ce seront les plus fines, celles qui resteront le plus longtemps en suspension dansl’air, qui seront entrainées le plus loin. A Noisiel, les poudres sont chassées dans un couloir par un ventilateur; alors elles se déposent par rang de grosseur; les parties les plus grosses sont entrainées 1e moins 10in, tandis 6 86‘ ' ’ LA PULV-ERISATION» DES ENGRAIS que les parties les plus fines, les plus légeres, se déposent a l’extrémité du couloir et sont recueillies; les autres étant im- parfaitement pulvérisées repassent a la machine. Ce procédé est pratique et tres-simple, il a l’avantage de pouvoir s’appliquer dans toutes les circonstanees et de me né- cessiter qu’une installation bien peu cofiteuse et facile a éta-r blir. Les résultats qu’ildonne sont aussi complets qu’on 1e dé— sire; il permet en effet d’obtenir des poudres impalpables, se rapprochant de la division chimique et, par consequent, s’il s’agit d’engrais, susceptibles d’étre tres-rapidement solubles et diffusibles dans le sol. , Il est a remarquer que, dans les fabriques d’engrais, entre autres dans celles oh l’on moud les phosphates fossiles en grande quantité, les ventilateurs employés pour absorber les poussieres et sans lesquels le se’jour de l’usine serait tr‘es- malsain, enlevent et dispersent clans l’air les partiesles plus fines, les plus précieuses de la fabrication, celles qui, si l’on parvenait a les faire se déposer, auraient laplus grande va— leur. Triage des éléments (les granits. — Le triage des engrais- pulvérisés peut se faire non—sculement entre les parties grosses et fines, mais encore, seniblet-il, entre leurs divers éléments, dans le but d’éliminer les parties non actives, afin d’obtenir un engrais plus riche, plus concentre. Ainsi, il est probable, lorsque l‘emploi des roches feldspathiques se sera généralisé, que l’on parviendra par un triage des ele- ments divers qui entrent dans la composition de certaines de ces reches, a obtenir une poudre de feldSpath presque pur, riche en potasse par consequent. Cette concentration aurait pour résultat, en diminuant les frais de transport, de permettre l’extension de l’emploi de roches peu riches en potasse, employees, bien entendu, a dét'aut d‘autres plus riches. Le prix élevé de la potasse, dans les engrais employe’s ac- tuellement, ferait que probablement, Incine apres les frais oc- casionnés par ce triage des elements (les reches feldspathi- ques, eelles-ci seraient encore le plus économique des engrais potassiques. Par exemple, le triage des e’léments constitutifs -DU' TRIAGE DES POUDREsfl Q 87 \ \ des granits aurait pour but d'éliminer 1e quartz de facon a ob- tenir purs 1e feldspath et le mica. Réduit a ces deux éléments, l’engrais pourrait alors contenir \ environ 16 cu 17 0/0 de potasse, c’e-st-a-dire, en comptant 1e prix de cette derni‘ere au prix de celle du chlorure de potas- sium,1e moins cher des engrais potassiques qu’emploie l’agri- culture , cet engrais, dis-je, pourrait atteindre 1a valeur de 8 a 9 fr. les 100 kilogrammes, les frais de pulvérisation etde triage étant a déduire. Le triage des divers éléments entrant dans la composition des granits ne semble pas dépasser les moyens de la mécani- que actuelle. Ainsi, dans la métallurgie, pour la preparation des minerais de cuivre, de plomb, de zinc, etc., on emploie diffe- rents appareils pour opérer un triage entre les divers éléments du minerai, afin de concentrer 1a partie utilisable. Générale- ment les procédés employés reposent sur la resistance inégale qu’opposent a un courant d’eau des matieres de densités difi'é- rentes. Aussi ce classement se fait, soit sur des tables fixes sur lesquelles coule une mince nappe d’eau, soit sur des tables rece- vant des secousses, soit enfin sur des tables tournantes agis- sant par la force centrifuge. L’industrie métallurgique est par- venue, en perfectionnantcesmoyens de triage, a rendre remu- nérateur 1e traitement de minerais de plus en plus pauvres. Ces memes triages appliqués aux reches granitiques seraient possihlos vu les densités différentes de ces divers elements, car 1e quartz a pour densité 2,65, 1e feldspath, 2,50, 1e mica de 2,71 21 3,13. Les differences entre les degrés de dureté sont. encore plus considérabies : 1e quartz est tres-dur, 1e feldspath a une dureté moyenne, 1e mica, au contraire, est tendre et se laisse raj‘er par l‘ongle. L‘opportunité de ce triage serait évidemment détermine’e par la balance entre les frais qu’occasionnerait cetle operation at l’économie réalisable sur les transports; ces conditions étant variables, nous n’avons voulu que démontrer 1a possibi- lité de i'opération. CHAPITRE XIV Les forces naturelles perdues. Le prix de revient de la pulvérisation des engrais dépendra non-senlement des machines employees, mais encore, comme nousl’avons dit, du moteur plus ou moins économique dent on se servira pour actionner ces machines. Comme moteurs économiques pouvant s’appliquer 21 la pul- vérisation des engrais, M. Menier propose l’emploi des forces naturelles, dont une si i'aible partie seulement est utilisée, que l’on peut les designer sous le nom de forces naturelles per- dues; Suivant cette definition : le progres consiste 51 augmenter l’action de l’homme sur les choses, a soumettre de plus en plus les forces naturelles a nos besoins; on est en droit de croire que, dans l’uvenir, 1a force des cours d’eau dansles vallees, celle du vent sur les collines, du soleil dans les plaines et clans le midi, peut-étre de l’électricité naturelle, seront utilisées, employees dans une vaste proportion, et que, dans un grand nombre de cas, elles viendrontremplacer 1e travail de moteurs plus cofiteux, eelui de l’homme, des animaux, et au moins en partie celui de la vapeur. Si l’on songe hl’extréme abondance de ces forces, 31 leur fai- ble prix de revient, puisque celui-ci ne comprend le plus ordi- nairement que les frais nécessaires pour les recueillir, on peut dire qu’au point de vue du travail en général et spécialement du travail agricole, l’emploi des forces naturelles semble ap- pelé a jouer un role dent on ne peut prévoir l’importance. Actuellement, deux de ces forces seulement sont pratique- ment utilisables, ce sent : l’eau et le vent. J usqu’ici, les deux plus grands obstacles qui 86 sent opposés ~ LES FORCES NATURELLES RERDUES ‘ 89 \ \ a l’extension de l’emploi de cesforces ont été : i’irrégularité de leur action et la difficulté des transmissions a distance. Au point. de vue de la pulvérisation des engrais, ces obstacles , n’existentpas; ce travail peut en effetse faire sur le lieu meme _ de la production de la force, (16 plus, une grande régularité n’est pas nécessaire a sa bonne execution. L’ irrégularité du travail que peut donner un cours d’eau dé- ' pend du caractére des saisons, c est- a- dire de la pluie etde la sécheresse, mais une fois 1e moteur en marche son action est aussi réguliere que possible. Le rent. —11 n’en est pas de méme dans l’emploi du vent. Le vent :a une action tries-variable, tantét nulle, tantot extreme- ment violente, et toujours irréguli‘ere, cc qui fait que, meme pour la mouture des grains, on lui préfere l’action plus ré- guliére de l’eau, lorsque e’est possible, ou celle de la vapeur. Mais, comme nous venons de le dire, pour la pulvérisation (les matiéres fertilisantes une grande régularité n’est pas né- cessaire; leur consommation ne doit pas suivre immediate- ment leur preparation. Le cultivateur peut preparer long- temps a l’avance la pulvérisation de celui-ci, sfir que, un peu plus tot ou un peu plus tard, 1e ventviendra ; presque et toujours la force qui aura agi sur le moulin dans une année sera infini- ment plus considérable que celle dent on aura eu besoin. i La régularité dans la marche n’est pas non plus aussi importante pour la pulvérisation des engrais que pour la plupart des usages industriels; si 1e vent devient fort, 1e mou- lin tournera plus Vite et le mouvement des machines a pulve- riser qu’il fera agir sera plus rapide, la production deviendra plus grande; si au contrairele vent cesse, la production s’arréte pour reprendre lorsqu’il agira de nouveau. Une fois l’appa- reil charge, la surveillance d’un moulin a vent employé a la pulvérisation des engrais peut étre tres-peu de chose. La force du vent présente le grand avantage de pouvoir étre recueillie dans une foule de situations; tous les lieux élevés sur lesquels i1 n’y a pas d’obstacles au parcours de l’air, tous les endroits découverts, tels que les plaines,le bord de la mer, sont aptes a porter des moulins. La quantité de force sus- ceptible d'étre ainsi recueillie n’a pas de limite, elle peut étre '90 , : LA PULVERJSATI'ION DES ENeRAIs ‘ / aussi considerable qu’on ledésire'ra. L’établissementdes mou- lins a vent est tres-peu cofiteux relativement, et n’exige pas de frais accessoires, tels que la creation de. digues, de canaux, de reservoirs, comme les moulins a can. Les moteurs a vent ne nécessitent pas non plus des frais de consommation, comme par ‘ exemple les machines a vapeur, qui n’agissent que par la houille qu’elles brfilent. On peut dire que le vent est la force économique par excellence. Cette force peut avoir une action tres-importante sur la fer- tilisation des terres, par suite de son emploi a la pulvérisation des engrais. Les moulins a farine, mus par le vent, diminuent pen a pen devant la concurrence de la mouture a vapeur ; leurs proprié— taires pourront sans doute souvent les utiliser avantageuse- ment en les transformant en moulins a pulvériser les en— grais. L’eau. -— De meme quo sur les hautours on 'peut employer l’action du vent, dans toutes les vallées il y a un cours d’eau dont 1a force, dans nombre de cas, pourrait étre utili— sée. Quelque petit que soit un ruissoau, s’il a un courant un peu rapide, il est bien rare qu’il ne représente pas une force utilisable de quelquos chovaux—vapeur, on tout au moins d’une fraction de cheval représentant lo travail do plusiours‘ hom- mes, et celajour et nuit, sans interruption ni repos. Dans bien dos circonstances, des ruisscaux, do petites rix‘iéres d’un cours rapido passont a proximité des fermes; leur action pourrait étre utilisée comme force motrice, au moyen de quelques travaux de terrassement ou de derivation, ayant pour but de totaliser les pentes, afin d’obtenir une chute pouvant faire marcher soit une roue, soit une turbine. Un moteur hydraulique pres d’une ferme représente une econo— mie de personnel et d’animaux de traction tr‘es-sensible; i1 pout, en effet, étre employé a actionner tous les instruments d’intérieur, tels que coupe-racines, hache—paille, dépulpeur, les pctits moulins de ferme, le tarare, etc.; de plus, il peut étre utilise a la preparation des cngrais de la ferme, a la pulvérisation des roches. Les moteurs hydrauliques présentent le grand ax‘antage de ,L‘ES ponchsrm'ronnmjs spasms j $931, .1 permettre :d’accumuler la force, en remnant liéau dansdes ré— servoirs, de facon a pouvoir l’utiliser a un moment’donnéavec -une gran‘de puissance. I C’est généralement dans des moulins a. eau que se fait ‘ maintenant la mouture des phosphates, et cette operation a' lieu non-sculement sur les lieux d’extraction, mais encore au loin. Ainsi, en Bretagne, il est beaucoup de moulins a eau, em! ployés jusqu’ici a la production de la farine, qui se sont con- sacrés exclusivement a la mouture des phosphates qu’ils re-- coivental’état de nodules venant principalement des Ardennes. La mouture des phosphates par les moulins a eau se fait sous les meules qui servaient auparavant a celle des grains; l’usure en est un peu plus rapide, 1a force employee est aussi un peu plus considerable. D’apres M. Menier, dans les Ar- dennes et dans la. Meuse, le prix payé pour la mouture du phosphate est de 6 fr. la tonne, ensachage compris, et a ce taux le meunier fait beaucoup mieux ses affaires qu’avec la mou- ture du blé. Comme nous l’avons déja faitremarquer, ces prix pourraient sans doute diminuer dans une forte proportion, si la pulvérisation se faisait au moyen d’appareils spéciaux par- faitement appropriés a cet usage, tels que les différents broyeurs et pulvérisateurs que nous avons décrits. Dans un grand nombre de cas, lfemploi d’un moteur by» draulique a la pulvérisation des roches pourrait se faire pres du lieu de leur extraction, au moins une partie de l’année. Ainsi, dans les montagnes,les ruisseaux sont tr‘es-abondants et coulent avec rapidité; chacun représente une certaine force qui, une fois recueillie, pourrait étre employee a pulvériser pres- que sans frais les roches extraites surleslieux ;bien souvent ces ruisseaux ne peuvent étre utilisés a d’autres usages. Ces conditions se présentent dans la plupart des departe- ments parcourus par des montagnes, et, pour en citer un exemple : Le département du Finistere est sillonné de collines élevées entre lesquelles coule toujours un ruisseau a pente ra— pide; ces collines sont. formées (1e granits, de porphyres, de roches feldspathiques diverses, qui, une fois pulvérisés par l’utilisation de ces cours d’eau, actuellement sans aucune va- leur, seraient préparés sur place et préts a étre lexpédiés au de tran'sformér presque saims dépense, sans valeur, efi Substances fertilisante'_s.. stauraxt pear ré sultat fies matiérie's inertes, | La question de la pulvérisation passera probablement par T toutes les phases des idées neuves, c’est—a-dire que ne pou¥ “ vant étre contestée dans son principe, en connaissance de cause, vu qu’elle s’appuie sur des experiences directes et sur. de, nombreux faits, elle n’évitera probablement pas les fausses interpretations et les critiques qui en sont la consequence. ‘ .Des maintenant, elle est dans la période'd’expérimentation et meme d’application, et chaque fois que ‘les essais ont été faits‘rationnellement, ils out réussi. Peu a pen, sans nul doute, ces essais se multiplieront, et il est permis d’entrevoir une épo— que ou la question de la pulvérisation aura fait faire un pro-f : gres considerable a l’agriculture, en apprenant au cultiv‘ateur a utiliser de nouvelles matieres fertilisantes et a rendre plus efficaces et plus économiques celles qu’il employait déja. 11 est hors de doute que cette question, une fois généralisée, pourra avoir une grande influence Sur la production agricole,, Résumé. En rendant compte des travaux de M. Menier sur 1’impor-- tante question de la pulvérisation des engrais, nous crayons 7 avoir démontré : 1° L’influence de la complete pulvérisation des engrais peu I solubles sur leur solubilité, et des engrais solubles sur leur repartition et leur diffusion dans le sol; 94 ‘ ‘ LA PULVERISATION DES ENGRAIS 2° La possibilité pour la culture de diminuer considerable- ment les doses de certains engrais qu’elle emploie actuelle- ment, en augmentant leur puissance par une pulvérisation complete; 3° La possibilité d’employer en agriculture, une fois pulvé- risées, les roches qui contiennent des substances fertilisantes; 4° Les résultats économiques que peut donner la pulvérisa— tion employee rationnellement; 5° Enfin, nous avons indiqué les moyens de parvenir a une pulvérisation efficace et économique par l’emploi de machines appropriées et l’utilisation des forces naturelles perducs. Obtenir des engrais avec un minimum d'efforts et un mini- mum de dépense et de temps, un maximum d’effet utile — et employer les forces et les matieres inutilisées a lafertilisa— tion des terres —- tel est, nous l’avons vu, l’objet de la pulvé— risation. LA PULVERISATION DES LIQUIDES Récemment la Revue Sczbntc'flque a publié un travail de M. G. Sencier sur la pulvérisation des liquides. Cette question repose sur les memes principes que celle de la pulvérisation des en- grais et, a ce titre, peut y étre annexée. Depuis un certain temps, la thérapeutique emploie des li- quides a l’état pulvérisé, ainsi certaines eaux minérales clans 1e traitement des maladies des voies respiratoires; grace a cette pulvérisation,les liquides acquierent une efficacité bien plus considerable. Mais ailleurs on applique seulement la pul— vérisation a des parfums, a des Vinaigres de toilette, et dans les arts 3 l’épandage des fixatil's sur les dessins au fusain. « Songeant a ces applications tres-restreintes de la pulvérisa- tion des liquides, dit M. Sencier, je me suis demandé si l’on ne pourrait pas en créer de nouvelles dans l’industrie, et met- tre en oeuvre, avec avantage, dans nombre de circonstances, des dissolutions ainsi divisées a l’état de sphéro‘ides, depar— celles infiniment déliées, distinctes les unes des autres. 11 me semble que beaucoup d’opérations dans lesquelles on mélange un liquide et un gaz pour produire une reaction chimique de— Viennent fort longues par la difficulté que l’on trouve a obtenir un contact continu entre des substances de nature aussi diffe- rente. On fait alors barboter dans le liquide des bulles ga- zeuses, nécessairement assez grosses, quile traversent plus ou moins péniblement et dont beaucoup sortent sans étre entie- rement utilisées, parce que les phénoménes qu’on veut pro-1 duire ne se manifestent que sur les surfaces, relativement rcstreintes, communes aux deux matieres en presence. » Les résultats quel’on recherche seraient bien plus rapidement at- teints si 1e barbotage était remplacé par la pulvérisation du liquide par le gaz que l’on veut faire agir sur lui, si pendant Q 96 ’ LA PULVE‘RISATION DES LIQU—IDES ‘ quelques instants le liquide se trouVait en suspension sous forme de poussiére au sein du gaz. Dans ce cas,1e contact serait aussi parfait que possible, les surfaces agissantes se- raient énormes et les reactions s’opéreraient pour ainsi dire instantanément. La pulvérisation des liquides pourrait étre aussi appliquée a leur évaporation; celle-ci a lieu encore en raison des surfaces; pulvériser 1e liquide c’est développer indéfiniment ses sur- faces, c’est augmenter dans la meme proportion la puissance des causes d’évaporation. 11 se présente de nombreux cas dans l’industrie oil il est nécessaire d’avoir une evaporation. rapide, soit pour concentrerles liquides, soit pour obtenir les substances qui y étaient dissoutes, par exemple dans la con— centration des salins provenant des vinasses de betteraves et dans la rectification des alcools. Ainsi, pour les salins, au lieu d’employer Ie systeme des fours plus ou moins perfectionnés, dent on so sort actuel- lement, a on réduirait, dit M. Sencier, les Vinasses al’état de poudre tres-fine, par un courant d’air chaud. L’évaporation sur des particules ainsi divisées serait fort prompte etl’on recueillerait immédiatement les salins on poussiere. » Comme exemple d’emploi de la pulvérisation des liquides par des gaz actifs, l’auteur cite la carbonatation desjus de betteraves apr‘es leur traitement par la chaux; cette operation se fait maintenant par barbotage. << Supposons au contraire, dit- il, que l’on pulvérise 1e jus chaulé au moyen d’un courant d’a— cide carbonique et que ce mélange intime tourbillonne quelque temps clans une enceinte fermée, tel qu’un grand cylindre en metal, en tole, au milieu d’une atmosphere de gaz. Il est a prévoir que la carbonatation sera déja effectuée en tres~grande partie des la sortie de l’appareil pulvérisateur, et que lejus que l’on recueillera en bas du cylindre ne présentera plus aucune alcalinité. On n’aura nulle perte d’acide puisque l'on opérera dans une capacité close, et le travail se fera dans les meilleures conditions qu’on puisse imaginer, caril se produira mécanique- ment. » Le principe des différents pulvérisateurs est assez simple pour que leur emploi en grand ne présente pas de difficultés. Il semble qu’il y a nombre de cas, non-seulement dans l’in- 416-}3‘fie‘ufls-xa ‘ V qujde que par barbol'nge. ' - V Comma nous l’avons fait remarquer, 1a pulvérlsatlon de es, guides at celle des substances solides dans le but d’augmenten V ' ieur solubilité, repoSent sur le mém'e principe, sur la multipil» ' proporticnnelle aux surfaces en contact. — / ~ La pulvéfisation des engrais. .-.,.-.,.-.--...-,..,...... CBAPI'I‘RB I". — La théorie de la pulvérisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .'.| Experiences de M. Menier. . .._-...-...... u.--” Ms... ..... ... La prOgression des surfaces. . . . .. . . . . . . . . . . , .i.......,--r.,...p.‘._; Influence de la porosité..............................-.........i. Estimation du degré de finesse des poudres. . . . . . . . . ... .. .. ...... Gamma II. — Conditions d'efficacité dc: engrais...,. ._..... . . . . .-. .... Diffusion des engrais. . . . . ... ... . . .. .,... .. .-. .,.4-..-s-- Influence de la. division d’es engrais sur lean: répanitiom........... L’assimilabilité des engrais insoluhkes-.. u.-. . . ... .-. .‘..,-....-- Lasolubilité exprimée en temps- Le temps en agriculture..........................-..‘.,.,......,. CEAPITRE III. —- L’ameublissement du sol.......-..........-..-..s....: CHAPITBE IV. -— La pulve'm'sation des engrais industriels........., Les phosphates fossiles...-...................,........_......;.. Les phosphates des 05---. Le noir annual ., Le plétre.......,............ Les comes, sabots,etc........................................ .o.-..‘....no.-u..-no--...-o.-... CHAPITRE V. -- La pulvérisation des engrais calcaz’res..........'....,.. Lesmarnes...................... ‘ Marnage et chaulage............. Les faluns..................... .Oollnnoocoo-Illutnocoooc-oo' one-ocuolo-llocoIII-olloilo. visor-onto-clot-lctlolia‘oohnvlon Les sables coquilliers.....................s........-...........I nu...- Les résultats de la. pulvérisation des calcaires. . . . . . . . . . . . CHAPITRE VI. — La pulvérisation des roches...................,.....: Les elements des roches »La formation dessols.;.....................................‘.. La methode naturelle.................................. CHAPITRE VII. — Les feldspaths..................................... Origine de la potasse dans les sols........................'.... Assimilabilité de la potasse des feldspaths..................... La. silice soluble...................................... 24 ‘25 27 28 29 29 V «31 . 1 ‘31.- 34. ‘ 35 *. 'f as 39,» ' 41' 11:2 1.3 44 A 45" 4'7 50‘ ,5 v. x a. 1 '45-‘ ,5: V‘ 100. LA‘PULVERISATION DES ENGRAIS CHAPITRE VIII. —— Les roches utilisables comme engrais. . . . ..... . ..... 52 Les roches granitiques (granits, gneiss, pegmatite) .......... . . 52 Les roches euritiques (eurite, porphyres, leptynite). . . .. ....... ‘54 Les roches volcaniques (amphygéne, trachytes, basaltes) ...... 54 Le rOIe des engrais potassiques. . . . ...... . . . 5 . . . . . ............ 55 Les engrais potassiques compares .......... . .................. 56 Les roches sodiques, magnésiennes, etc ............. . ......... 58 CIIAPITRE IX. — Les déchets industriels. . . . . ...... . . . . . . . ........... . 60 Les cendresdchouillc......... ..... . .......... ..... 60 Lesscories...... ..... . . ............... . ..... 61 Les engrais chimiques et les engrais pulvérisés” ......... ;. 6% CHAPITRE X. — La chimie et la pulve’risalion. . . . .. . . . . ......... . . . . . 65 Lesanalyses............ ..... . .............................. . 65 ‘Les stations agronomiques ............................ . ..... . 66 Exemples d'application d’engrais pulvérisés . . . . . . . . ...... . . . . . 68 CIIAPITRE XI. — Les moycns mécaniques dc pulvérisatz‘on . . . . . . . . . . . . . . 72 Le broyage des 0s ...................... . . . . ............... 72 La mouture ................................ ' ................ . . 73 Les broyeurs .......................................... . . . . . 76 CHAPITBE XII. —— De quelques moyens de pulve’risation .......... .. . . . . 7 Pulvérisation par les boues des routes. . . . . . . ................ . . 78 Pulvérisation par la chaleur. . . ........ ‘. . . ..... . ........ . ...... 79 Pulvérisatiou par l’acide carbonique. . . . . ...... . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Cmmms XIII. —- Du triage des poudres. . . . . .......... . . . . . . . ..... . . 8"; Triage par décantation ...................... . . . . . . . ........... 8; Procédé employé ‘a Noisiel . ................. . . . . . . ..... . . . . . . . 85 Triage des éiéments des granits. . . . . . . . ...... . ............. . . . 86 CHAPITRE XIV. -- Les forces naturelles perdues. ....... . . . . , ........ . . 88 Levent..................... ........................... . ...... 89 L’eau......... ..................... . ...... ............. .. 90 Etat de la question. -— Résu1né............................... 93 La pulvérisation des liquides 95 Table.......... 98 -_———————- PARIS. — IHPRIIERIE 1r. masons n c0, 16, RUE DU CBOISSANT. « ll 4 .74 , 54..., . f .7, PARIS. — IMPRIMERIE F. DEBONS ET C", 16, RUE DU CROISSANT ETUDE BO ISSO N -FERMENTEES HISTOIRE DU_‘ VIN. CULTURE DE LA VIENE. LES VENDANGES. LA FERMENTATION. VINS BLANCS VINS ROUGES. \INS DE LIQUEURS. VINS D EUROPE, D AHEBIQUE, D ASIE, DE TURQUIE, D AFRIQUE . VINS DES COLONIES ANGLAISES. PAR MAURICE BO~UCHE;BIE Prix : 2 fr. 50 'P A R i S LIBRA HR ER SC’EN'I‘H‘ IQUE, INDUSTRIEI LE ET AGINVCOLE Eagéne L 1€RB§X,¥ .m anzzneur-Edlimz; 1 mire de la Soc-é té des lngénieurs civi 5 :1e France de celle deg anciens F‘.’ éves 12‘: L). 5 d ‘u-ts et Mé u-rs. de 1:: H" 1”: dcs Co; .duciems des Puuis cl Ctzhtussées (1:? 14‘1. {m 3 Miriam IL“, 21 Murine Fnumi snur dos Fco‘cs pwfess 0.1..zxeiles etc. , etc. 5% rue des Saints-Peres, 55 T0243 droéz’s dz lmduciionct de rep-reduction rése-rt‘es. .. "Hue—9.....- -......._-«-.‘:I-_.; W A. H; ., x “4—1.”... ... .- _. .5... .2. ETUDE BOISSONS FERMENTEES Nous nous reservons le droit de traduire ou de faire traduire cet ouvrage en toutes Iangues. Nous poursuivrons conformément 31a loi et en vertu des traités internationaux toute contrefagon ou traduction faite an mépris de nos droits. Le dépétlégal de cat ouvrage a été fait en temps utile, et toutes les formalités prescrites par lcs traités sont remplies dans les divers Etats avec lesquels i1 existe- des conventions littéraircs. Tout exemplaire du présent ouvrage qui ne porterait pas, comma ci-dessous, notm grifle, sera. réputé contrefait, et les fabricants et les debitants de ces exemplaires seront poursuivis conformément a la loi. Réunion des articles publiés dans les Annfls (th Gém’e civil Imprimerie e: Librairie de E. Lacroix, 54, rue des Saints~Féres, Paris. .n- “in. .«L . _ , r_,_»_._.. flux“. PUBLICATIONS INDUSTRIELLES ET AGRIGOLES DE E. LAGIfiHX ETUDE SUR LES BOISSONS FERMENTEES HISTOIRE DU YIN. CULTURE DE LA VIGNE. LES VEXDANGES. LA FERMENTATION. \‘Ixs BLANCS. wxs ROUGES. AINS DE LIQUEL‘RS. VIXS D’EUROPE, D’AMERIQL‘E, D’ASIE, DE TL‘RQL’IE, D’AFRIQUE. YINS DES COLONIES ANGLAISES. PAR MAURICE BOUCHERIE fibrin; : 2 fr. 50 f ”V P A d l b LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE, INDUSTRIELLE ET AGRICOLE Eugéne LACROIX, Inlprinleur-E’Editeur Libraire de la Sociélé des lngénieurs civils de France, de celle des anciens Eiéves des Ecoles d’Arts et Métiers. de la Suciété des (Ionducicurs des Pouts et. Chaussées de 31M. les Mécauiciens de la Marine Fourni:seur dcs Ecoles prufmsiounelles, etc., etc. 5‘, rue des Saints-Péres, 5‘ xnnmamu A 51'—MCOLAS-\'AP-A.‘(GK‘IA'ILLB (NEURTHE) Tum droiis (3e traducliun et de reproduction réscrces. TABLE DES CHAPITRE PREMIER . PAGES. Considérations générales. i Histoire du vin ....... 1 Culture delavignc. . . . . 3 Vendanges ......... 4 Fermentation. . . . 6 "ins d’Europe. Vins de France ...... i5 —-» :d’Espagne ...... 17 — dc Portugal ..... . 19 —— deSuissc. . .. . . . 21 MATIERES Vius —. CHAPITRE DEUXIEME. mus. d’ltalie ........ 23 d’Allemaguc ...... 26 d’Autriche et dc Hun— ' grie ........ 28 de Gréce ....... 52 de Russie ....... 55 de Turquie ...... 34. d’Afriquc ....... 56 d’Amérique ...... 57 des Colonies Anglaises. 59 A m '«1..: "a BIBLIOGRAPHIE DE L’lENOLOGIE ET DE LA DISTILLATION (Extrait du catalogue general de la librairie EUGENE LACROIX). ARMAILHACQ (d’). — La Culture ties vignes, la vmification et les vins dans la Médoc, arec un état des vi- gnobles réputés. i vol. in 8, 600 p. 6 fr. Armmm (le docteur). De la vigne et de ses produits, 1 vol. in-S, 364 p. 3 fr. BASSET (N.). —— Guide théorique et- pratique du fabricant d’alcools et du distillateur. ire partie: Alcoolisation générale, i vol. in—8 de 788 p. 10 fr. 28 partie : OEnologie,i vol. in—8 de 846 p. {0 fr. 3e partie : Distillation, sous presse. — Traité nratique de la culture et de l’alcoolisation de la bet- terare, resume complet des meil ieurs travaux faits jusqu‘a cejour sur la betterave et sur l’alcooliszttion; 3e édit. m-iS 283 p. 4 fr. BENOIT (P. M. N.). — Théorie générale des Pése-liqueurs, appliquée 51 la construction et ét l’emploi de toutws sortes d'aréométres enlierement com parables; avec ries table»; etc. 1 vol. iii-8,109 p. et 1 pl. 3 lr. 50. anmu. — Traitement pratique des vins spiritueux, liqueurs o’es porta— tion, etc..par les me’tliodes bordelaises, vinirivation dPs grands \‘ins rouges ei blancs de la Giroude. vins ordinaires, fabricatian drs vius d» liqu urs. ver- mouth. vins mous‘eux, rhum, eau- de-vie, liqueurs, vinaigres, hm- les, eta, etc. 1 mil ;-8,avec piarch fs. 6 : BOUCHERIE (Maurice). — Etudes sur les boissons fermentées et sur les vins ales pays u’liurope,d'Auiérique et de loue pnoveuauce, giand in—S, 48 o. 2 if. 50 BnlSEBARRE (L). — ‘Vlodéle expliqué de portatif (le gros, it l’usage des marl-hands ue \IU, cidre, mus-cw,- vie, liqueurs; avec diil‘erents tableaux do redaction dcs alu0o s, iii-4, 44 p. 3 tabl. 3 fi'. BRUN (J acq. ), pharmacien.—Fraudes et maladies du vin. Moyens de les reconnaitre et de les corriger atec un traité des procédés é. suivre pour faire l'anaiyse chimique de tous les vins. 111-8. 3 fr. Carte vinicole du département de la Gironde, dessin sur les données de M. Dufl‘our—Dubergier, président de la. chambre de commerce de Bordeaux, par M. Unal Serres, dessinateur «(zéO- metre. 6 fr. DUBKEF (L.-F.), distillateur chimiste. — L’immense trésor des marchands de vins et des viguerons. 3° édition, revue et plus que ooublée de texte. Grand in-is, 2i5 p. Paris. 5 fr. — Traité de la fabrication (les li- queurs frangaises et étran— géres sans distillation. 49 edition, augmentée de développements plus étendus, de nonvelles recettes pour fabrication des liqueurs, du kirsch, du rhum, du bitter. la preparation et la bonification des eaux-de-vie et l'imi- tati-in tie cvlles de Cognac, de difié- rentes provenances, de la fabrication des sirops, etc., etc. i vol, 288 tp. 5 r Bibliothéque des professions industrielles et agricoles, série G, n0 50. -— Traité comolm the’orique et pra- tiiue do viuification, ou Art de iaire du vin alvec toutes les substances fermentescihle-s, en tout temps et sous tous les ciiuiats. lit-8, 450 pages, fig. dans lr‘ texte et une pl. 7 fr. 50 —- Guide praiiquv de la fabrication (les vins factices et des boissons vmv uses on general, on Maniere de fabriquer Sui-meme. les vins, cidres, pmres, bieres, liydromels, piquettes et toutes sortes de boissons vineu- s 5, etc. ivol., 72 p. 2 fr. Bibliothéque des professions industrielles et agricoles, série I, n° 1. — Le liquoriste (les dames, on l'Ai-t do preparer en queiques instants toutes Sortes de liqueurs de table, et des partums de toilette avec toutes VIII les flours cultivées dans les jar- dlns, etc, etc. 1 v. in-18. 120 pages 3 fr. Dupurs. —— Traité de la fabrica- tion (les Liqueurs et de la distillation des Alcools, con- tenant les procédés les plus nouveaux pour la fabrication des liqueurs fran- caises etétrangeres, fruits a l’eau-de- vie et all sucre, sirops, conserves, eaux et esprits parfumes, vermouths, vins do liqueur; suivi du Traité de la fabrication dcs Eaua; ct Boissons ga- zeuses, et de la description complete des operations nécessaires pour la dis- tillation des alcools; par DUPLAlS use. 46 éditionfircvue et augmentée par DUPLAIS JEUNE, Distillateuret Li- quoriste. film]. in 8, avec figures dans le texte et 15 planches. 16 fr. Fauna (1.), pharmacien. — Analyse chimique et comparée (les vins du département de la Gironde. Broch. iii-8 de 58 p., 6 tableaux. 3 r. 50 FRANCK (W.). —- Traité sur les vins du Médoc et les autres vins rouges et blancs du departement de la Gironde. 78 edition, revue,augmentée et accom- pagnée de 33 vues de chateau: des principaua domaines du Médoc,d'une carte de la Gironde, de deux cartes donnam la classification des vins rouges et; des vins blancs, et des di- vers table-aux cynoptiques. In-8, 1 v., 401 p. 8 fr. Fuuz. —— Lre tifieztifilateur prati— ciena Ill-ii“. 5 fr. Fmscors. —-— Manuel du débitant de boissotns. 111-12. {:9 p. 2 fr. FLEunY-LAcos're, president (19 la Seciété centrale d’agriculture du département de la Savoie, membre de plusieurs Sociétés savantes. — 1 VOL, 137 pages. Guide pn'afiique (in vigneron ; culture , vendange et thification. 3 fr. Ouvrage adopte’ par LL. EExc. les Mi- nistres de Pinstruction publique et de l’agriculture. Bibliothéquc des professions industrielles et agricoles, série H, n0 39. Guide indispensable a tous les limonadiers ct uebitants pour faire leurs eaux-deuVie, 1 tableau. 1 tr. Horzssmn. —— Notice surles améliorations a introduire dans la fabrication du sucre exotique. In-8, 48 pair. et 2 pl. 2 fr. 50 Kzssum. — Distilleries agri- ‘ coles du systcme Kessler, également applicable, avec le meme materiel simple, peu couteux ot d’un emploi facile,au traitement de toutes les ma- tieres premieres, aussi bien des ma- tieres sucrées, comme betteraves, ca~ rottes, etc., que des substances amy- lacées, comme la pomme de terre, les grains, etc. ln-s, 15 pag. et 5 pl. 1 tr. 50 LEPLAY (H.). — L’impfit sur le snore, considéré au point de vue des progres it réaliser dans la fabrication des sucres. In—8, 32 p. 1 fr. 35 LIEGE DE PUYCHAUMEIX (Eugene du). —- Le conseiller du débitant de boissons, contenant la. legislation at tous les renseignements indispen- sables aux gens qui exercent cette profession. 1 brochure iii—8 de 80 pag. 3 fr. MULDER (G.-J.). — De la biére, sa composition chimique, sa. fabricaiion, sou emploi comme boisson.Traduit du hollandais par A. Delondre. 1 vol. in- 12, 444 pages. 6 fr. PEROCHE (Jules), inspecteur des contri- butions indirectes. — Manuel des distilleries, on guide com plet pour la surveillance de ces étabfilissemcnts, comprenant: 10 la fabrication, 2° des renseigusments divers s’y rattachant; 30 la legislation, la jurisprudence et l’ensemble des instructions administra- tives applicables a la matiere. Ouvrage honoré de la. souscription du ministers des finances, nouvelle edition, revue. corrigee et augmentee. In 8, 310 p. 61 3 tableaux. 6 fr. PELLICOT (Andre). —- Le Vigneron provengsal. Cépages proveucaux et autres. culture et vinification. 1 vol. ill-18, 368 pag. 3 fr. 50 Hanna, fits. — Manuel du négociant en spiritneux. 1 vol. Ill-8 de 182 pag. avec tableaux, planches et carte colone’e. 15 fr. Réduction de l’alcool :1 tous les degrés, proportions générales des mouillages et mélanges (les spi— ritueux et des vins en toutes qualités, de tous crus et en quantités quelcon- ques, etc. 1 volume in—12l 2 fr. 5.?- ,‘ '4‘.” 72.5,“. . _ w» I BOISSONS FERMENTEES Par M. MAURICE BOUCHEBIE. Chapitrc l Considerations générales. Pline parle de la vigne en ces termes dans le XXIIIe livre de son Histoire natu- relle : « Je vais parler de la vigne avec toute la gravité qui sied a un Romain, lors- « qu'il traite des arts et des sciences utiles; j’en parlerai, non comme le ferait « un médecin, mais comme un juge chargé de prononcer sur la santé physique a ct morale de l’humanité. » Ces paroles de Pline sont assurément trop solennelles, mais elles om pourtant un veritable intérét, en ce qu’elles montrent que l’illustre naturaliste prévoyait ce que le Vin serait de nos jours. Je ne m’appliquerai pas a faire ressortir son importance dans la société mo- derne : quand un produit alimente un commerce qui se chiffre par des cen- taines de millions ; quand a lui seul il procure du pain on de l’aisance a plus de dix millions d’hommes, en Europe seulement; quand i1 enrichit le pays 01‘1 il est récolté et en éleve le niveau moral et intellectual, i1 se loue par lui-meme plus éloqucmment que par les plus beaux discoux‘s du monde. L’histoire du vin se lie étroitement a l’histoire de l’humanité; au fur et a mesure que les vigno- bles s’étendent, 1e bien-étre des populations s’accroit, et je serais dispose a penser qu’il sera a son apogée le jour 011 la vigne aura convert toute la surface de terre qui pourra lui étre concédée, sans nuire a la régularité des asso- lements. Histeire (In Vin. Mriis qui a découvert 1e vin ? Comment cette bienheureuse boisson ncus est—elle arriiée a travers les ages? Et quels ont été les premiers amateurs de hon Vii] ‘2 luterrogeons l’histoire, elle satisfera a notre juste curiosité. Les Hébreux attx'ibuent l’invention du via a hoe, les Egyptiens a Osiris, les Grass :1 Bacchus. Qu’on en accorde la paternité al’une ou al’autre deces grandes figures allégoriques, ce qui est tres-certain, c’est que les anciens aimaicnt 1e vin. Les Hébreux savaient parfaitement cultiver 1a vigne; les Grecs possédaient l’art de preparer des vins renommés, ceux de Chio, de Cos, de Lesbos en particulier; et les Bomains, méme les Romains de la Bépublique, prisaient haut les vins de Cucube, d’All)e, de Massique, de Falerne, etc. Du temps d’Auguste, ccs deux dcrniers out inspire a Horace de rmissantcs {)Oésies. Les B-p-mains ne furent jamais pamaux a l’égard des vins; s’ils prisaient les vins d’ltalie, ils n’cn rendaient pas moins justice aux vins étrangers, aux vins (1e Gréce et d’Espagne, entre autres. Au debut de I’Empire les princes de la. cité se glorifiaient d'en ofl'rir «a lcurs convives les mcilleures cspéces. Gtsiz CIVIL. — 86 AMEE. -— JUN. 25 ~ via-1‘ 2 ANNALES DU" GENIE CIVIL. . Les excés dans lesquels sont tombés les Romains de la decadence par amour immodéré du vin sont répréhensibles; cependant nous n’avons pas lc droit de les blamer: ce serait faire aete d’ingratitude et récuser le patronage qu’ils ont preté a la vigne.Les peuples d’Europe leur sont redevables de magnifiques vigno- bles. La France a été efficacement protégée par eux dans ses tentatives de viti- culture; l’tispagne a eu ses vins les plus fins transportés :1 Rome; les premiers cépages de l’Allemagne, de l’Autricbe et de la Hongrie ont été plantés par des legions romaines. Presque tous les empereurs ont favorisé 1a vigne; Probus se vantait d'etre un bon vigneron; Julien l’Apostat remplit de vigne les environs de sa chere Lutece; le seul Domitien promulgua un édit qui ordonnait d’arra- cher la moitié (les vignes du territoire romain, et dél‘endait a l’avenir d’en replanter. Par bonheur cet edit insensé ne fut point exécuté. Les derniers maitres du monde ayautt‘i lutter contre les incessantes invasions des barbares, n‘eurent pas le loisir (le songer a la vigne. Apres 1a translation de la capitale de l’Empire a Constantinople, cc fut bien pis; i1 u’y eut plus du tout de sécu- rité en liurope, et les populations cesserent toute culture. On perdit alors l’habi- tude de boire du vin, et jusque vers Ia fin du moyen age 1a biere resta la boisson dominante. lilais sitOt que les nations se furent constituz’ves en un petit nombre d’Etats par le genie de quelques chefs ou par des raisons d’intérét commun, on revint a la vigne. A partir du (lix—septieme siecle on ne se lasse pas de la propager. C’est Paris qui a eu 1e privilege enviable de remetlre le vin en honneur. A l‘époque des guerres de la Ligue des caharets s’étalilissent dans la Gité; de grands sei- gneurs les fréquentent, des peetes s’y donnent rendez—vous et, la coupe ala main, chantent les louanges des (lieux du vin et de la gaicté; de braves bour- geois y boivent mélancoliquement bouteille. A l'étranger on se modele sur nous; en tout lieu civilisé 1e vin ruisselle dans les gninguettes; l’ébriété est passée dans les usages, et c’est un sigue do belle compagnie que de savoir s’eni— vrer. Sons 16 regne dc Louis XIV les cabarets se mnlliplient en France a l’in- fini; l’on y voit attablés des liloliere, des Racine, des Boileau, qui, an milieu du bruit et des éclats de rire, écrivent (les mmres dent 1e souvenir sera impé— rissable. La délicieuse plnisanterie (les Plaidcurs est ébauchée par Racine dans un cabaret a la mode; liloliere a ,ris an cabaret les meilleurs types de ses comedies; i1 n’est pas jusqu’au severe Boileau qui n’y ait puisé des in- spirations, et n’ait temoigné de son gout pour le vieux vin dans des vers energi- quemont semis. .‘La Régence développe encore le eulte du vin; an Palms-Royal, Philippe d’Orléansle verse :1 flots, et défie ses courtisans dc uiieux hoire que lui. Le peuple imite l’exemple (In prince qni le gouverne. Avec la Révolution de 1789 et les guerres interminables qui en sont la suite 1e vin perd dc son créilit; la vigne est laissée en friche : l’Europc entiere, attentive aux événements, ne s’intéresse plus qu’a l‘issue des combats. l‘our constater de nouveau une reprise d’activité dans la culture de la vigne, i1 l‘aut arriver a la Restauration. Vers1818,les populations, délivrl‘es de tout souci de guerre, s’empressent de revenir a leurs vignes; la production du vin augmente rapide- ment; des hommes considérables par leur situation scientifique on par leur for- tune s’attachent a faire prospérer la vigne: la ehimie observe les phénonienes de la fermentation ; Chaptal réédite un traité sur la vinification qu’il a publié (les 1801; Julien donne une topograpliie remarquable de tous les vignoliles c0nnus;enfin1a viticulture et l’oenologie raxionnelles se créent une place an grand jour. Entre 1818 et 1867, le progres accompli est immense; on peut en suivre 1a marche en pa ‘courant les rapports desjurys d’Exposition.a dater de1819. TY-T‘T'm BOISSONS FERMENTEES. 5 Si je n’étais pas ici limité par l’espace, je voudrais classex‘ les divers peuplesdu monde, d'apres le vin qu’ils boivent; je traiterais‘ avec quelques details de leur esprit, de leurs muzurs, deleurs instincts; j’étudierais la relation qui existe entre le développement de leur civilisation et la quantité de.vin qu’ils consomment; j’examinerais aussi les propz'iétés physiologiques du vin et je rappellerais les ser- vices qu’il rend en thérapeutique. Mais comme, si je me risquais dans une sem- blable voie, je m’écarterais du but de ce travail, qui est, avant tout, relatit‘ a l’Exposition, je renonce, non sans déplaisir, 51 égarer ma pensée, hors du cadre dans lequel elle est murée. Je dirai donc seulement : 1° Que le vin imprime un cachet particulier d’inteiligence et d’esprit aux po‘ pulations qui en ont un usage habituel ; 2° Que l’apogée de la civilisation, chez n’importe quel peuple, semble avoir coincide avec l’usage journaliex- du vin. 0n trouve des preuves de ce fait dans l’ouvrage du regrettable docteur Artaud ; 3° Que les propriétés physiologiques du. vin sont numb-muses, complexes et vagues, malgré les travaux de plusieurs médecins distingués, en tete desquels se place Paul Gaubcrt; qu’hygiéniquement le vin est le complément naturel de l’alimentation, lorsqu’il n’est ni aigre, ni amer, nisucré, ni pateux, ni trop alcoo- lique, ni riche en ether agissant sur le systcme nervcux; 4° Que ce vin a des propriétés stimulantesjudicieusement utilisées par la thérapeutique pour relever les forces afi‘aiblies des convalescents, et meme pour servir de remede aux malades; 5° Que cependant, si l’on en abuse, il provoque des accidents inflammatoires et nerveux ties-graves, dont 1a terminaison est quelquel‘ois fatale a l’cenophile le plus endurci. Dans les climats froids le vin est plus utile que dans les climats chauds : en cela, 1e gout de l’homme est parfaitement d’accord avee les exigences de la na- ture; car, pour combattre l’influence du froid, il a besoin de produire un excé- dant de calorique, et cet excédant ll le tire de l’alcool du vin. Qu’on ne se hate pas d’en conclure que, dans les climats chauds, 1e vin n’a pas d’utilité; ce serait une erreur; il a toujours son utilité, seulement elle est moindre, parce qu’au lieu d’etre pris comme aliment calorifique, il n'est plus pris que comme excitant. L'intérét de sa santé invite done l'homme a cultiver la vigne; plus lard nous reconnailrons que son intéret pécuniaire l’y invite aussi. 1 A} CULTUR ii LA VEGNE. La vigne (rims rim‘fem) est, selou touze apparence, originaire de la Georgie ct de la Itiingrélie. lille s'cst, (lit-en, :ivancée tentement de l’Orient vers l’Occi- dent, et n’a atteiut qu’au bout dc quelques siécles la limite extreme 01‘1 elle a la faculté de cx'oitre, le nerd-Quest de la France. lille croit normalement an nord jusqu’au 519 degré de latitude et an sud jusqu’au 30. D’apres Lenoir, les pays les plus propices a la culture de la vigne sent compris entre le 25° et 1e 358 degré de latitude Nord, et non point, ainsi que le repeent a satiété les traités de viticulture, entre le 40° et le 50‘3 degré. Ces pays sont l’ltalie, l’Espagne, la Turquie, 1a Perse, le Mexique, etc., etc. Au-dessus d'une altitude qui varic, en Europe, de 300 a 900 metres, 1a Vigne se refuse a croitre. Les ventshuuiides lui sont nuisibles et arrétent le développement du raisin ou le pouxrissent ; les vents secsne parais- sentlui causer aucun prejudice, s’ils n’ont pas ”op de durée. La pluie, les ge- lécs, les insectes, l’affaiblissent, la privent de tout fruit on meme 1a tuent. La chaleur ellc-méme, dont elle s’apprnprie si avidement les rayons, lui est fu- 4 ANNALES DU GENlE CIVIL. neste a la longue. Enfin 1e sol dans lequel elle végéte modifie extraordinaire- ment ses conditions d’existence, la qualité et la quantité du raisin. Néan- moins on rencontre des vignobles dans toutes sortes de terres : u Les vignobles de Bourgogne reposent sur une terre, tantot calcaire, tantOt « légérement melee d’argile ; ceux de la Champagne, sur une terre crayeuse ; les « vignobles de la Provence et du Languedoc, sur des terres séches et pierreuses ; « ceux du Midi et des environs de Bordeaux, sur des terrains graveleux, d’allu- « vion, etc., etc. Les meilleurs vignobles de l’ltalie, de la Grece et des Canaries « reposent sur des déjections volcaniques. » Les sols qu’afiectionne la vigne sont par consequent loin d’etre de composition identique. lci il est hon de remarquer que, dans les terres argileuses et abondamment pourvues de debris d’animaux et de végétaux, cette plante donne beaucoup de raisins, mais souvent de qualité inférieure, tandis que dans les terres légéres, siliceuses, calcaires, graveleuses, et souvent d’apparence sterile, elle donne peu de raisins, mais de qualité telle que l’on regagne, et an dela, sur la qualité, ce que l'on perd sur la quantité. En France nos grands vignobles situés, pourlaplupart, sur des terrains médiocres, fournissent au minimum 12 hectolitres par hectare. En éraluant le prix de l’hectolitre, toujours au minimun a “200 francs, l’hectare de vignes rapporte 2400 francs. A c0lé de ccs grands vignobles nous en avons d’autres, qui, pui- sant leur nourriture dans un sol exceptionnellement fertile, produisent 40 a 50 hectolitres par hectaregrnais leur Vin n’est plus ni fin ni savoureux; frequem- ment il a un gout repugnant de terroir, et se vend au plus 30 francs l’hecto- litre, soitl,500 francs les 50 hectolitres. De l,.5‘00 a 2,400 il 3 a une difference de 900 francs au profit du mauvais terrain. La culture de la vigne est un art, dans le sens le plus large du mot; je n'en- tends pas cette culture routiniere qui ne procede que de l’ignorance et du pré— juge’, mais cette culture intelligente et sensée qui se base sur la raison et l’expé— rience. Je résume en deux mots les préceptes de culture, que l’ou trouvera développés dans les livres des meilleurs viticulteurs de notre époque: Benouvellement de la vigne par trentiemes an moyen de provignage, de recou- chage, d’ensouchement, etc. Sous nos climats une vigne de trente ans est vieille, ses fruits sont rares, et le Vin qu’elle procure est de qualité mediocre. Taille en hiver on an printemps, afin de détacher du cep le plus grand nombre de ses branches ligneuses, qui, absorbent trop de nourriture, priveraient la' vignefde fruits, ou occuperaient trop d’espace. Sai‘cla’ges et binages répétés, en rue de nettoyer la vigne, d’aérer le sol dans lequel'elle végete et de permettre a ses racines d’y puiser sans efforts des aliments. Egouttement des terres sur lesquelles la vigne repose, l’humidité étant un de ses plus terribles ennemis. Fumure tous les trois ans avec des engrais a decomposition lente. Les terres fertiles out besoin d’étre entretenues fertiles. Les terres pauvres ne pourraient ofl'rir aucun produit rémunérateur sans engrais. Echalassemeut, pour soutenir les rameaux de la vigne dont les grappes se gateraient, si on laissait ces rameaux courir sur terre. Epamprage, operation par laquelle on coupe a la vigne des sarments trop gourmands. Pingage, pour empécher la séve de porter dos sues nourriciers a des bour- geons inutiles. Wendanges. Efi‘euillage, pour exposer les raisins aux douces caresses du soleil. Lorsque le raisin échappé aux- atteintes de la gelée, de la grele et des insectes Borssoas FERMENTEES. 5 revét une teinte jaune doré, s’il est blanc, et bleu noir, s’il est rouge, on le vendange. C’est du 15 septembre an is octobre qu’on cueille le raisin on Europe.‘ Le mieux est de le cueillir le plus lard possible, parce que, dans la derniere période de sa maturité, ses proportions de sucre augmentent sensiblement. 0r le sucre c’est de l’alcool pour le vin, et l’alcool est le principe conservateur et tonique du vin : les propriétaires agiraient donc sagement en se montrant sou- cieux d’en accroitre la quantité. Mais ils craignent les gelées et les pluies d’au- tomne; ils craignent de compromettre leurs récoltes en vendangeant tardive- ment; ils espérent sauvegarder leurs intéréts par des vendanges natives; et ils les lésent, puisqu’au lieu d'avoir 20 hectolitres de vin, qu’ils vendraient 1,200 francs, ils en préparent 30 qu’ils ne vendent que 1,000. — 0n choisit tou- jours un temps sec pour cueillir 1e raisin : cueilli par un temps humide, il est plus aqueux, fermente moins hien, et fournit un vin moins spiritueux et moins agréahle. Les raisins récoltés sonttransportés dans des vaisseaux de bois aux celliers, ox‘i sont installées les cuves a fermentation . La, on les trie, on les égrappe, on les foule. Egrappage. —— On n’est pas précisément d’accord sur l‘ulilité de l’égrappage ; iciil est regardé comme indispensable a la qualité du vin; plus loin, aaucunprir 1e vigneron ne voudrail le pratiquer. En principe l’égrappage n’a sa raison d’étre que si la pellicule et les pepins du raisin sont assez riches en tanin ct en acides, pour se passer des éléments astringents et acides de la grappe. Epepinage.— L’épepinage serait certainement plus utile que l’égrappage, quand la cuvaison se prolonge, attendu que l’huile des pepins, étant tres—altérable, pent rancir et communiquer au vin un mauvais gofit.Le docteur Jules Guyot est par- tisan de l’épepinage et son autorité en pareille matiere n’est pas contestable. Triage. — Dans les années malheureuses, les propriétaires soigneux ne jettent pas péle-méle a la cuve les raisins attaqués par l’oidium ou pourris et les bons raisins. Ils savent que la dépense du triage sera largement compensée par le prix plus élevé de leurs vins, et ils n’hésitent pas a surveiller de pres la separa- tion des grains malades. C’est faute d’avoir pris cette precaution si simple, gue la plupart des vignerons confectionnent un vin qui, au bout de quelques}mfl‘i§;flk se trouble, s’aigrit, ou éprouve un commencement de decomposition putrigézv Foulage.—- L’opération du foulage a pour objet de déchirer lapellicule du raisin et d’en aérer 1e mofit. Les raisins écrasés dans tout autre gaz ou dans le vide ne fermentent point. Pourquoi? Est-ce donc seulement l’oxygéne de l'air qui agit Bur le mofit de raisin en se combinant avec lui ‘2 On l’avait cru autret’ois, mais des travaux récents démentent cette supposition. Sont-ce les germes plus ou moins fermentescibles de cet air qui modifient le mom, et le disposent a fer- menter? Ou sont~ce des ferments, s l’état embryonnaire, qui préexistent dans le raisin, mais sont incapables d’accomplir la premiere evolution de leur vie, tant que l’air et la chaleur leuront manque? Ou encore des generations de végétaux microscopiques sortent-elles du néant, sous l’influence de l’air et de causes in- connues, que la science aura la gloire de découvrir un jour ‘2 Il serait bien hardi de se prononcer 311 point or) en sont les choses : il y a des systcmes, mais i1 n’y a pas de théorics nettement formulées et justifiées par des cxpériencesirrécu- sables. En attendant que la science ait éclairé de ses lumieres cette admirable ques- tion de la fermentation, (163$ 31 présent, on a l’assurance que, plus l’aération des 6 ANNALES DU GENIE ClVlL. mofits est complete, plus la fermentation est ceurte, plus sa terminaison est fa- vorable. La predominance des fermentations secondaires, acétique, lactique et butyrique, est entravée par l’aération du mofit, qui précipite la fermentation "v1: alcoolique. Excitez dans les prairies 1a multiplication de la honne herbe par une - culture habile, et vous étoufl‘erez l’herbe malfaisante: excitez dans le mont la fermentation alcoolique, et vous arreterez les fermentations secondaires. Le raisin est foulé par les pieds nus on par son passage entre deux cylindres en bois recouverts d’un tissu de cuir on de caoutchouc, dont l’élasticité évite l’écrasement des pepins. Le pressoir, sur lequel s'efl'ectue 1e foulage, est cons- tamment débarrassé de la partie liquide du raisin, qui s’écoule dans un baquet et de la partie solide, que l’on enleve dans des bennes ou dans des seaux. Le tout est encuvé. Fermentation. La fermentation, que le mout de raisin Ya subir dans la cuve, et qui est appelée fermentation alcooiiqne, transforme son glucose en alcool et en acide carbonique, ainsi qu’en glycérine, en acide succinique, etc. En t‘oulant 1e raisin on a pu y entrevoir d’iniperceptibles dépOts floconneux: c’est du ferment rudi- mentaire. Le bouillonnement du mont, accompagné de l‘émission de bulles ga- zeuses, est l’oeuvre de ce ferment. C’est un petit végétal cryptogamique, ala structure idéalement simple, compose essentiellement d’une cellule a minces parois, rentermant un liquide jaunatre. Celte cellnle placée dans un milieu qui lui convient, dans une solution sucrée et faiblement albumino‘ide, donne par bourgeonnement, et en quelques lteures, naissance it d’autres cellnles, qui :31 leur tour en engendrent d’antres, et comme cela indéfiniment, jusqu’z‘l ce que la matiin'e sucrée ait totalement disparu. Le ferment, privé alors de l’aliment qui enlretenait sa vie, cesse d’agir et se précipite an fond du liquide, qu’il sur- nageait tout a l’heure. Etudions maintenant les phenomcnes caractéristiques de la fermentation dans la cuve. La cure E‘L fermentation est établie dans un cellier, 21 l’intérieur duquel regne une temperature moyenne de l5° C. on qui atteint et conserve cette temperature par un mode quclconque de chaull‘age; elle est en bois et a laforme d’un cylin- dre. On ne la remplit de vendange t'outée qu’aux quatre cinquientes; car, a peine le dégagement de bulles d’acide carbonique, annongant le depart de la fermentation, s’cst-il manifesté, que les matiéres solides, en suspension dans le mofit, s’accumulent a la surface du liquide, et élet'ent le niveau de la vendange, en formant 1e chapcau. Si la cure avail requ trop de raisins, et que le chapeau débordftt, une portion de la vendange en salirait les parois et se corrom- pant en peu de temps infectcrait le~cellier de miasmes putrides. 0n est bien dans la coutume (le niuuir les cures de convercles, et de s’opposer ainsi a l’é— mersion du chapeau, mais telle est la force de tension de l‘acide carbonique, que les couvercles ne peuvent étre solidement et hermétiquement fixes sur la cure, it moins pourtant qu’a leur centre on n’ait ménagé une ouverture, pour donner issue 51 l’acide carbonique.Les cures a bonde hydraulique,danslesquelles cet acide avant de s’ecliapper de sa prison,cst force de barboter dans l’eau, ont l’avan- tage, outre qn’elles s’0pposeut an débordement de la x'endange, de la préserver du contact tie l’air. Que (1e fois nne belle récolte ne fail qu’nn mech‘mt petit Vin acide, part-e que des fermentations secondaires ont altéré 1e cliapeau, qui impregne 1e \in ii’odeurs délestables, lorsqn’on l’y bnigne, tout suture d’acidcs acétiqne, lactique, butyrique, etc. BOISSONS FERM ENTEES. 7 Cette immersion du chapeau est-elle donc si nécessaire? Oui, vu que ses prin— cipes colorants, acides et astringents colorent 1e vin, lui prétent du piquant et des propriétés toniques spéciales. Aussi s’est-on préoccupé, quand les euves n’ont pas de couvercles a bonde hydraulique, de faire plcnger le chapeau dans le vin, et a-t-on imagine de l’y retenir, an moyen d’un plateau circulaire percé de trons, qui s’adapte a la cuve. Ce systeme est facilement réalisahle et tres- économique. Mais 1a routine lui préfére la cure sans couverele, ou mal couverte par quel- ques planches disjointes et l’immersion du chapeau. Encore si, lorsque 1a par- tie supérieure de ce chapeau était gatée, on l’enlevait adroitement, en n’immer— geant que la partie saine, 1e dommage ne serait pas grand ; mais on ne prend meme pas cette peine; et puis on se plaint de son sort, on crie misere ! Au- tant vaudrait se plaindre de ne pouroir rien récolter sans travail! La fermentation du mofit de raisin dure de trois a six jours. Plus 1a durée en est courte, meilleure elle est. Au nerd—est, a l’est de la France et ailleurs, on prolonge 1a cuvaison au dela d’un mois, at on se loue des résultats que l’on ob- tient. C’est bien peu sensé. En etfet, apt-es la cessation de la fermentation alcoo- lique, qui a simplifié les produils immédiats du raisin, In nature rfa garde de demeurer inactive: la fermentation alcoolique n’a été que le prelude de sa marche; elle vent simplifier encore, et si l’on ne s’en méfie pas, change le vin en rinaigre. En outre, a la faveur d’une tongue maceration, des principes astringents et acides se dissolvent dans le Vin, qui contracte des défauts de dureté, d’apreté, etc. Dans un grand nomhre de pays, quand 1e vin ne bouillonne plus, on 1e sou- tire immédiatement, et le marc est porté an pressoir. Le vin de soutirage, dit vin de goutte, est jugé supérieur au vin de presse, qui, par l'expression énergique du marc, se sature des nxatieres astringentes et acides, a gouts et a odeurs carac- téristiques, que renfermaient les pellicules, les pepins et la grappe du raisin. Les pressoirs a vis en fer, entourés d’une garniture a claire—voie, sont les plus généralement employés, pour presser le mare. 11 n’est pas indifferent que la masse des raisins en fermentation accuse une temperature de '25, 30 ou 35 degrés centigrades: a men avis, l’élévation de la temperature est une condition quasi capitale pour obtenir des vins de prix. 0n sait que la chaleur est une puissante source de combinaisons. 0r, pendant que le raisin fermenle, des corps nouveaux :1 Nut naissant se trourent en préspi' ‘e, et se marient d’autant plus volontiers, que cette chaleur est plus grande, ut- elle ne pas se maintenir longtemps. De plus les fins 51 fermentation rapide, rete- nant en dissolution moins de matieres solides sapides et mains de mati‘errs colo- rantes, sont plus légers et plus sains, et présentent a l’oail une couleur rouge doré plus riante. Enfln, si le mom fermente Vite, méme dans une cuve mal fer- mée, 1e chapeau n’a pas le temps de s’altérer et de vicier le gout du vin. On a constaté que les raisins riches en acides fermentent plus promptement et mieux que les raisins qui en sont pauvres, et, chose remarquahle, les vins acides se gardent plus facilement que les vins plats, ces derniers n’ayant jamais achevé a la cuve lenr fermentation alcoolique, et tendant toujours, une fois cnbarriques, a tourner a la graisse, a l’amer on an vinaigre. On rencontre des vins légérement acides qui se gardent plusienrs années, quoique leur teneur en alcool ne de- passe pas 7 p. 100 ;et aupr‘es d’eux plusieurs vins plats, ayant 40 et 12p. 100 d’al- cool n’ont aucune résistance, et ne viveut qu’un a deux ans. Ces vins plats retien- nent, il est vrai, en dissolution on on suspension 60 et '70 grammes par litre de matieres solides de natures \‘ariées ; les Vins acides au coulraire n’en rctiennent qu’une trés—minime proportion. Je ne serais pas surpris, qu’en acidifiant arec ’ ‘ " «.‘ '_'ifi-glras 'r' - , v 3 ANNALES DU GENIE ClViL. prudence les mofits de raisins irop plats, on no réussit a compléter a la cuve la fermentation. Je n’appuie pas mon opinion sur des faits, de peur de me lancer dams des dissertations puremcnt scientifiques. Voici un tableau indiquant la composition comparative du mom de raisin ct du vin, et les substances qui leur sont communes (I) : DIFFERENCE DE COMPOSITION DU MOUT DE RAISIN ET DU VIN. Mom. Vin. Sucre. Acide carbonique. Matiere azotée fermentescibie. Tres-faible proportion do sucre de raisin. Ferment. A icooi. Matiere colorante renfermée dans la pellicule Alcool amylique ........... C10H11’02 du raisin i1 l’état latent Aicool bntylique ........... (18 111002 Oxygéne et azote. Alcooi propylique. . . . . . .. . C6 HS 02 Alcool cnmpholique ...... . . C2°H1303 iluiies essentialies de natures variées et inde- terminées. Ether oenenthique. Aldehyde. Acide vaiérique. Acide acétique. Acide butyrique. Giycérine. Matiére colorante de la pellicule qui a .été dissoute par l’aicool. MATIERES COMMUNES AU moor DE RAISIN ET AU VIN. Eau.‘ Mannite. Matieres organiques incristallisables. Matieres azotées. Matieres gommeuses (pectine, dextrine). Acides organiques cristullisables. Acide tartrique. Acide maiique. —- racémique. — pectique. - tannique. -- citrique. PAS D'ACiDES MXNERAUX LIBRES. Sela d acides organiques et (‘2 bases mine’rales. Bitartrate de potassc. Malate do chaux. Tartrate de chaux. Pectate de potasse. Tartrate d’aiumine. Pectute do chaux. Malate de potasso. Acétates divers. Sets (‘1 acides et ti bases mind/ales. Azotates, Phosphates, Sulfates, Silicatcs, des memes bases qua Ies acides organiques qui précécent (liilizrure, iodure, Bromurc, Finoruro, toujours des memes bases. (1) Ce tableau est omprunte partiollement A l‘ouvrage de BL Maumene’, sur [5: Vin: ' £720218581lé’.‘ . BOlSSONS FEnnsNTEEs. 9 Enfin on Home dans le mofit et dans le vin en quantité infiniment petite Soude, Oxyde de manganese, Oxyde de fer, Magnesia, Alumine, Ammoniaqu e. Les proportions respectives d’alcool, d’éther, d’aeides et d’hniles essentielles, ‘ que contient lc vin, en font varier a l’infini les qualités. D‘un vin suave a un Vin grossier, il n’y a chimiquement parlant qu’une diltérence inappréciable.Les méthodes analytiques ne sont pas encore sultisamment pcrfectionnées pour dis- tinguer tout ce qui constitue le bon vin, tout ce qui constitue le mauvais vin. Néanmoins elles sont en voie de progrés, et il est présumable que, sous peu, clles nous enseigneront, que telle huile essentielle, fonrnie par tel élément du moot, est nuisible an vin; que telle autre, dérivant d’un autre élément, lui est ulile; que tel ether est innocent, tel autre detestable, tel autre excellent; que l’alcool propylique ou l’alcool campholique, etc., ne produisent pas des éthers identiques, en se combinant avec les acides tartrique, racémique, tannique, etc. On déduira de ces appreciations, qu’il est convenable d’augmenter la proportion de tel élément, de diminuer la proportion de tel antre; et on arrivera, non pas a fabriquer de tontes pieces du vin délicieux, mais a restituer an vin les deux ou trois elements, qui par leur absence en amoindrissaient 1a valeur. Le vin, sorti de la cuve, n’est pas, tant s’en faut, un étre parfait; il fermente encore dans les foudres ou dans les barriques qui 1e recoivent. C’est pourquoi ces recipients ne sont pas bouchés. Des écumes et de l’acide carbonique s’en e’chap- pent, durant deux ou trois mois; 1e niveau du vin baisse et on doit, a deux ou trois reprises, combler le vide du tonneau par (lu meme vin mis en reserve: les vignerons appellant cette operation le houillage. Au printemps le vin ne travaille plus, mais il est trouble et nécessite une seconde operation, le collage. 0n colle avec du blanc d’muf, de la gélatine, de la colle de poisson, du sang frais défi- briné, que l’on bat ou que l’on dissent dans du vin, qui est versé dans la barrique et y est réparti uniformément par l’agitalion. La gélatine ou l’albumine s’nnis— sant nu tannin du vin crée un composé insoluble, dont 1e réseau ténu, semblable a la toile d’araignée, emprisonne et précipite au fond de la barrique tous les principes en suspension dans le vin. Le collage claircit ce liquide et l’épure do substances fermentescibles capables de le gator : des collages réitérés ont cepen- dant l’inconvénient de lui enlever la majeure partie du tannin, qui aide a sa conservation. Les \‘ins collés sont soutirés, des que leur dépOt s’est bien amassé : ce dépOt constitue la Zz'e. Aprés 1e soutirage,1es recipients dans lesquels on in- troduit 1e vin, sont hermétiquement l'ermés, et seulement ouverts a l’instant on ’11 est mis en bouteiiles. Vins blancs.— Les vins blancs peuvent étre prépnrés,ft part le teinturier, avec des raisins de conlcur, qui, presses avnnt toute fermentation, ne cedent pas nu Vin doux lenr principe colorant, cc principe n’étant soluble que dans l’alcool. Ils Ont des propriétés bien distinctes de cellos dos tins rouges : comme ils séjonr- nent peu sur la peliicule, les pepins et la grappe du raisin, ils ne dissolvent presque x'ien dos acides, des sols et du tannin qui y sontcontenus. 11 en résulte qu’lls i'ermenlent plus diflicilement ct plus longtemps; il en re'suite nnssi, que la plupart sont IllOillS moelleux que les vins muses, tout en étant plus sucrés. La durée de leur fermentation tunlultueuse est de quinze a vingt jours, les soins qu’ils réclament, les memes que ceux accordés aux vins rouges. " 7.7215 rosés. —- Dmin rouge au Vin blanclatransition est brusque; on \‘in inter- 10 ANNALES DU GENIE CthL. médiaire. que je qualifierais de um métz’s, les rapproche l’un de l’autre; c’est la m'n rosé. 0n le laisse fermenter, en presence du gemme, 20, 24, 36 heures, selon l’intensité de la fermentation; on le presse alors, et i1 demeure rosé par la raison qu’il n’a pu enlever a la pellicule du raisin que des traces de matiere colo- rante. Vins de liqueur.— Les vins deliqueur sont des vins extraits de raisins si charges en sucre, que la fermentation ne parvient jamais a transformer la totalité de ce sucre en alcool. [ls sont sucrés, et tantOt modérément spiritueux, tanmt tres- alcooliques; its different des autres vins par l’odeur,l’arome et 10 goat de raisin particulier au cépage qui les a produits. [l y a trois especes (1e vins de liqueur: 4" Les vins de liqueur naturels obtenus avec des raisins qui 3c passerz'llent on se dessechent d’eux-mémes sur le cep. Les deux types des vins de liqueur naturels sont 1e Xéres et le fameux Tokay. J’aurai, en passant en revue les vins d’Espagne et de Hongrie, l’occasion de dire comment ils se font. 2° Les vins de liqueur artificiels obtenus avec des raisins que You a desséchés par divers precedes. L’un d'eux consiste a tordre sur le ceple pédoncule de la grappe qui se flétrit, se contracte et passeriile ses grains; un autre,a couper le raisin et al’abandonner a la dessiccation au pied du cep (cette pratique n’est usitée que dans les climats chauds); un autre enfin a etaler le raisin sur des claies, on a le ranger surdes fils a l‘air libre, sous des hangars ou dans des locaux aérés et meme chauifés. Les vins de ce genre approchent souvent de la perfection et rivalisent avec les vins de liqueur naturels. 3° Les vins cuits obtenus au moyen de raisin, dont on a concentré le jus en ayant recours a la chaleur du feu. lls valent rarement grand’chose. Vins mousseux. —- Qui ne connait les vins mousseux, ces vins tout pétillants de gaieté, qui plaisent tant aux dames, et qui, par leur presence sur nos tables, signalent joyeusement la fin dos repas; ils torment une quatrieme classe de vins ayant son originalité bien tranchée. Un gaz, l’acide carbonique, dont ils retien- nent quatre a cinq fois leur volume, est la cause de la mousse et du bruit, qui fait surtout leur succes. Ce gaz a pris naissance dans les bouteilles, que l'on avait remplies d’un vin incomplétement fermente; maintenu captif malgré lui,il s’échappe violemment, dés que les fils qui liaient 1e bouchon au goulot de la bouteille sont rompus. La fabrication des vins mousseux est une industrie curieuse et compliquée. Le succes de cette fabrication réside principalement dans la bonne conduite de la fermentation, dans les formules de sucrage, dansl’aménagement des caves, et dans la force de résistance des bouteilles a vin. Je ne 1a décris pas pour abréger ces considerations. La teneur du vin en alcool est essentiefle pour sa conservation. Dans les mau- vaises années on s’cfl‘oroe de la relever outfitter dos additions de sucre au mom de raisins, ou par des additions d’alcool au vin 1ui~méme. Qmmt-"tc’ d’alcoul lnm‘ contenuc dms les principaux vins de I’Europe. Les chifl‘res ei-dessous ne sont pas toujours iris—exacts, la proportion d‘alcool de tel Vin ayant été caleulée sur des moyenues, tandis que la prOportion d’alcool de telautre a étée’tabliesur l’exameu d’un seul échantillou. Nous garantissons seule- ment l’exactitude dos chiti'res ropréseutant la teneur en alcool ties Bourgogue et des Bordeaux, cliiti‘res extraits dos ouvrsges de MM. Vergnette—Lamothe et Fauré. BOISSONS FERM ENTE ES. ALCOOL mun 100 mamas DE VIN. Bordeaux, d’aprés M. Fauré. (vms nevus.) Rant-Brion (1861-1812)... ...... 9,00 ChAteau-Laffitte (1840) ........ . ...... . .. ....... . ..... 8,70 Gruau-Larose (1840). ......... . ....... . ...... . . . . . . .. . 9,85 ChAteau-Margaux (1840). ..... ......................... 8,75 Cadillac (cates) (1841)............ ..... 10,85 Ludon (1842)...................... . 8,10 VINS BLANCS . Sauterne(1841)...................... ..... ..... .. 15,00 Bat-sac, 1%l cm (1841) ................................ 14,75 Barsac, 2° cm (1841)...." ........ ... ....... 11,25 Lussac(1841)......................................... 9,25 Bomme(1841)........................................ 12,15 Bonrgogne, d’aprés EH. Vergnette-Lamothe. VINS ROUGES. Volney, 18' cm (1840) ....... . ...... ..... 11,00 Meursault (passe-tous-grains) (1840). . . . . . . . .......... . 10,10 Pommard (18111) ...... ........ ..... ............ 11.50 Beaune(sucré)(1847).......... ......... 13,09 V1 N S BLANCS. Montrachet (1825) ...... . ...... . . . .. ................. .. 14,90 Meursault (1841)”... ......... . ........ . ............ . 12,48 Pommnrd (1847) ................ . ............. . ...... . 12,22 VINS DIVERS. Vin d’Aniou blanc .................. . . .. . . . . . . .. ..... . 10,00 Vin d’Angers................. ....... .. ..... . ....... ... 12,90 Champagne mousseux ....... . ..... 11,20 Champagne non mousseux. .. .. ................. . ..... . 11,80 Cahors rouge ............... . ...... . . .. . . .. .... ....... 10,50 COte-ROlie............................................ 11,45 Collioure............................................. 16,10 Frontignan ...... ............... .......... 12,00 Hermitage blanc..................... ........... 16,00 Juranqon blanc..... ..... . ..... . .......... . ........ 15,40 Juranqon rouge..... . .. .. ............ . ........ 13,80 LuneL... ........ . .......... . ....... 15,00 Narbonne..... ...... . 13,00 Vindufihin ...... .. ......... . ...... ..... ........ .... 11,11 Roussillon.... ..... .......... ...... 16,20 Saint-Georges........................................ 15,00 ms firmxcans. Alicante.............................................. 13,30 Alba-Flora ....... 17,26 Bucellas.............................. ...... 18,49 Calcavclla ........... . .......... ................. 19,?” H E w -n‘ 1.1-.» 1,. ”an” «1:. f»: v ”-....- -..“..nfim‘ ' h- [\9 ANNALES nu GENIE amt“ Cap Muscat 18,25 Cap Madere....,.......................... 22,94 Colares.. ..... 19,75 Lacryma Christi 19,70 Lisbonnc............................... ............. 18,94 Lissa................. ....... 25,11 Liban 17,24 Madere... ........ 24,12 Madere(serc1al) 21,40 Mndére rouge 20,35 Mahga ..... . 17,26 Malaga (1666).. 18,96 Malvoisie do Madore................. ..... 115.40 Marsala............................. ........... ..... 25,09 Porto (moyenne)......................_............... 22,85 Schiras...... ..... 15,52 Syracuseuun...................... .............. . 15,28 Tenerifl‘e. 19,79 'lnlto 13,30 Tokty 9,88 Vin de raisins sccs 26,10 Vidonia.........-............... ..... ....... 19,25 Xéres. ..... 19,17 Z'mte 17,05 Tous les pays, qui, parlour situation géographique, se prétent a la culture de la vigne, ont fourni lcur contingent (le \ins a l’lix'posilion (lu Champ~de-Mars. Cela dénote que tous attachent a cette culture nne importance, qui est pnrfaite- ment justifiée par les qualités bienfaisuntes du vin et l’accroissementjourna- lier de sa consummation. De nos jonrs, le vin tend fl devenir aussi nécessaire aux populations que lo pain meme, et de plus il est une source de'bénétices faci- lement exploitable. L’Exposition,je le répcte, otl‘rait des specimens des vins les plus délicals et los plus rares; malheureusement ce no soul pas que des pro- priétaires de vignobles qui out expose; ce sont aussi des négcciants en vins, qui, pour avoir gardé daus lcurs caves des échautillons remarquables, que l’ctge avail; encore perfectionnés, n’avaient aucun droit a les soumettre a la dégustation dcs jurés. Par suite, le vrai producteur n’a pas toujours été récompensé a l’égal de son mérite, et l’on a vn do simples détenteurs do vins gratifiés de récompenses, qu’ils ne songeaieut ccrtcs pas a revemliquer. Le jury aurait du se montrer plus sévere et repousser du concours tout autre que le propriétaire; en agissant ainsi, il eut évité bien dss attaques et contriliué plus et’ficacement aux progres de l’muologie. ll n’est excusable que parce qu’on a précipité outre mcsure ses opérations,qui, faites a la little: out eu deux résultats fachcrir, le premier, (13 1e discréditer; le second, do détourner des expositions a venir des concurrents sé~ rieux et tout a fail digncs d’encouragements. L’exposition ties vius n’a pas seulement péché par 151; elle a encore pcché par des \‘lCBS inconcevnblss d’installation. Des locaux frais et spacicux étaieut indispensables ant pugs qni teuuient le premier rung dans la production Vini- cole; bien peu out en lo bunhenr de les avoir. La liongrie ct l’ltalic, cutro autres, avaient an uiveau du sol des emplacemeuts trcp étroits, at an ~dessous dos eaves mal construitcs et tout a fail impropres a conserver le vin. La cave ita— lienne était en communication axes to restaurant dn meme pays; il y re- gnait une temperature presque tropicale, et l’odenr de cuisine e’tait si intense qu’on no pouvait y séjournor skins souiirauce. D’autros pays u’avaiant point do BOlSSONS FEitMEN'l‘c-lm. 15 ares, 8t. une partie des vins de Grace a été gatée avant d’etre dégustée par it: try, pour avoir supporté une temperature trop élevée. De semblablesinconvé— ..ients étaient-ils impossibles a éviter? Pourquoi ne les a-t-on pas prévus dies 10 principe? L’Adminislration qui, en toutes choses, s’était arrogé l’omnipotence, ne saurait décliner la responsabilité de cette malencontreuse installation. Elle avait charge, on de mieux prendre ses dispositions et de mieux choisir ses agents, on de laisser plus d’initiative aux commissions etrangeres. On me dira qu’il est hors de propos de blamer des faits accomplis. Comment alors assurer l’avenir contre de pareiis retours? Le blame d’hier scrvira demain; ii n’est donc pas inutiie, et je 1e maintiens. 11 est regrettable qu'en France on soit accoulumé a ne rien oser, si l’Admi- nistration ne s’en méle et n’aide a la realisation de l’ail‘aire. 'l‘ous les jours on rencontre des hommes qui se réjouissent de substituer a leur propre action l’action administrative et qui préférent cn espérer merveille, plutot que d’agir en c'ommun, et de réaliser en quelques mois ce que l’Administration emploiera plusieurs années a parfaire. J’émets cette opinion a propos de la creation du palais du Champ—de-Mars, que peut-étre les exposants auraient pu édifier a leurs risques et périls. Souliaitons que l’expérience leur profite. Quoi qu’il en soit de ces critiques, qui ne sont ni absolues ni inventées a plaisir, l’Exposition des vins nous a apporté des enseignements, que nous allons essayer de résumer en jetant successivement un coup d’mil sur chaque pays. Nous étu— dierons surtout le progrés conquis pour l’amélioration de la qualité et l’abaisse— ment du prix, envisageant ce progres, non pas a no point de vue individuel, mais a un point de vue general. Les regions qui ont t'abriqué et qui fahriquent encore de bons vins nous occuperont aussi ; car elles ne sont pas assez connues. EUROPE France. La France est considérée par erreur comme le pays le plus favorable a la cul- ture de la \igne. Ce n’est qu’a force d'inteltigence, d’obsvrvations et de labeurs que ses habitants parviennent a tirer do cet arbuste les fruits savoureux que la fermentation transforme en vins jnsqu’ici sans rivaux. La portion de son terri— toire comprise entre le 4'2“ et le 450 degré de latitude nord est a pen pres située dans des limites de culture facile; mais du 45° an 50e les obstacles s’accumulent sous les pas du vigncron. Le repos lui est interdit; chaque saison amene une nouvelle fatigue, de nozivelles préoccupaticns. .‘sléme a la veille de recueillir le prix de ses sucurs, des pluies peuvent pourrir sun raisin, (les gelées en entr’ou- vrir 1a graine et en arrCter la maturitt’r. S’il \cndange de bonne heure, il s’ex- pose a avoir un Vin aigro et acide; s‘il vendange turd, il court la chance de récolter des raisins pourris qui déprécieront le reste (la la cuvée. Le vigncrou francais n’est donc pas aussi heureux qu’on to suppose, et il ne doit ses succés qu’au courage et a la pcrsétérance de ses etl’orts. En France 1a \‘igne couvre one surface de (i‘cur millims cent millc hectzres, et la production annualle du vin s’élcve en moyenne a quaranze—sept millions d’llcctolz'tres; le rendement par icctare est en consequence de vi/l,7t«110ttxhec- tolitres un titre". L’extension dounée a cettc culture depuis quarante-cinq ans n’est pas énorme; on 182; ie royaume de France possédait un million sept cent Heme-six mil/.e hectares; cultivés en vigne, rapportant trcnlc-sopl millions d’llec- tolitres de Vin. A premiere vuo, nae augmentation de dix millions d’hectolitres, dans l’espace dc quarantc-cinq ans, sezn‘alo un beau résuliat. l’ourtant ce cliifi're expriznerait tout au plus 1a moitié (1e l’augmentation réelle, si le funeste fléau '1-x";'x'w"r' x" 14 ANNALES DU GENIE CIVIL. de l’oi‘dium ne s’était abattu sur nos vignobles, décourageant parses ravagesles plus ardents partisans des plantations de vignes, et désespérant si. bien nos vignerons du Midi, par l’expectative d’une ruine prochaine, qu’ils arrachaient des cépages en pleine vigueur pour mettre a leur place des céréales. En 1854, l’année la plus funeste aux vignobles francais, la moyenne du vin a été par hec— tare de 5 hectolitres, soit 10,789,369 hectolitres pour la France entiere. Maintenant les apprehensions del’oidium ont diminué; mais l’extension de la vigne en a cruellement soufl‘ert. Si nous n’avions pas été affligés de l’o'idium, auquel succ‘ede en ce moment une maladie d’une autre espece, nous aurions certainement 57 millions d‘hectolitres de vin au lieu de 47. Dans la derniere période décennale que nous avons traversée, les procédés de culture de la vigne out participé des progres généraux de la grande culture. Diverses méthodes de taille, parmi lesquelles quelques-unes tres-ingénieuses, ont été introduites dans les vignobles du Midi et du Nord-Ouest ‘. D’habiles viti- culteurs, el a leur tete MM. Vergnette-Lamothe, Guyot, T hénard, Mares, Caialis Allut, et d’autres, dont les noms échappent, mais dont les travaux restent, ont élucidé une foule de questions qui intéressent la viticulture. Le detail en serait trop long. Contentons-nous de dire qu’ils out imprimé une direction rationnelle aux pratiques empiriques des vignerons ignorants. Leurs plaintes n'ont pas été étrangéres en Bourgogue, en Alsace et dans le Bordelais s l’insti- tution de cours libres de viticulture. Lz‘i, 1e vigneron soucieux de s’instruire pulse les connaissances qui lui manquaient; 0n lui démontre l’avantage de telle méthode comparée a telle autre; on s’adresse a son jugement ct a ses yeux; on feint de partager un instant ses erreurs pour les lui arracher s jamais; a la longue, on lui persuade qu’il y va de son intére‘t d’abandonner les errements de ses péres, et on 1e pousse invinciblemeut dans la voie du progrés par l’appat de récompenses honorifiques et pécuniaires. La viticulture, elle aussi, a, de meme que la liberté, des disciples fanatiques, qui crient ‘a la réforme ct précheut que dans le Midi, par exemple, il serait bon de tout détruire pour tout replauter, les plants a cépages fins, s'ils remplacent des plants 2‘1 cépages grossiers, devant compenser, ct an dela, la dépense d’achat, et amortir l’intérét des six années de culture improductive. (les idées sont magnifiques en théorie et irréalisables en pratique. La moindre réflexion indique _ a l’esprit le caté faux d’un pareil systeme. Le cOté vrai, c’est que daus heaucoup "' de vignobles 1a substitution graduelle de cépages fins a des cépages communs - pourrait étre une occasion de profits. g L’oeuologie, 10in d’étre devancée par la viticulture, la precede et lui découvre les moyens de remédier aux défauts des cépagcs int‘érieurs. Cette science a tent particulierement contribué en France a améliorcr les vins de second choix. Elle est appelée a rendre d’immenses services. Tous les vius de France se rattachent a deux types principaux, les Bourgogne et les Bordeaux; ceux-ci ont d’crdinaire un bouquet spécial et développé, que l’on qualifie souvent et :1 tort de gout de terroir; ceux-la, un bouquet d’une délicatesse infinie, plus modeste, moins aromatique, mais peut-étre plus suave. Entre le Bourgogne type et le Bordeaux type, les intermédiaires sent innombrables. Les vins mousseux et les vins de liqueur constituent deux classes a part. En general les vius du lllidi, j’cntends ceux des viguobles situés au sud de la Loire, rentrent dans le type Bordeaux. Du type Bordeaux peuvent partir deux grandes divisions. L’une embrasse les vignobles orientés au nord el au sud-est de 1 Voir s ce sujet les notions tries-completes que rent‘erme le travail de M. Ch. Baltet, iu- titulé Arboriculture ("matters at viticulture, tome Vi dcs Etudes sur Z’Erposz‘z‘z'on. noissoxs FERMENTEES. 15 Bordeaux; leur vin est vif, agréable et d’un beau rouge; i1 contient au sud-est un peu plus, an nord un peu moius d’alcool que 18 Bordeaux ordinaire ; il est sain, leger 8 l‘estomac et plusieurs de ses eSpeces ont une reputation qui n’est pas usurpée. L’autre division embrasse le sud et l’est; dans ces régions les vins dégé- nerent par la raison que les cépages sont communs, et que la preparation du vin n’est pas soignée. A peu d’exceptions pres, les vins de la seconde zone sont plats et de couleur foncée; leur bouquet est insensible, et, quoique passablemeut riches en alcool, si on iiéglige de les viner, ils ne se conservent pas. 0n ne les consomme que mélzingés avec des vins acides du Centre et du Nord. Les vins de la COte-d’Or et de SaOne-et—Loire nous oil'ient le vin type de Bour- gogne; trois classes en derivent. La premiere 1‘1 l’est et un peu au nord-est de ces deux départements comprend des vins légers, dont plusieurs out 1111 arome flatteur; tous sont des vins toniques etqui, bien conduits, vivent longtemps; malheureusement 1e cuvage prolongé qu'ils subissent les dispose 1‘1 tourner an vinaigre : ces vins ont de l’avenir. La seconde classe, tout $1 fait an nord de SaOne—et-Loire et de la COIe-d’Or, embrasse les vins connus sous le nom de vins du Rhin ; ce sont des vins capiteux,7§1bouquet particulier et énergique, pleins de séve, mais qui irritant le systeme nerveux. Cependunt, lorsqu’on en boit avec ménagement, ils sont inotTensifs et excitent l’appétit. La troisieme classe, qui se rapproche de moins en mains du type Bourgogne primitif, comprend les départements orientés an nord—ouest, a l’ouest et méme au sud-ouest de la Cote-d’Or et de SaOne—et—Loire. Dans cette région, les vins sont médiocres, et pour me servir d’un terme populaire, gratlent le gosier. Néanmoins, aux envi- rons d’Orléans, i1 se trouve des especes de vins qui ne manquent pas de cachet, et n’aflectent pas désagréablement le palais délicat des oenologues de profession. L’idéal de nos vins mousseux est le Champagne, dont les variétés les plus estimées émigrent en Angleterre, en Belgique, en Russie et aux Etats-Unis. Dans le Jura, le Languedoc et la Savoie,on fabrique encore des mousseux tres—passables. Le type (188 vins de liqueur frangais est le muscat Frontigndn. A sa suite se rangent le Lunel, 1e Bivesaltes, etc., etc. Le prix moyen de l’heclolitre de vin était en 1788 de 1511‘. 441 c. pris chez le propriétaire, et en 1860 de 114 francs. Voici le tableau de l’exporteiion et de l’importation des vins en France de 1827 it 1858. 11 est extrait de l’ouvragc de M. Maurice Block. VINS ORDINAIREF . IMPORTATION. EXPORTATIUN. - , /--‘_/m WW\ ANXEES. NOMBBE VALEL'R NOMBRE VALEUB D3 LITBBS. EN FBANCS. D’HECI‘OLITBIS. EN FRANCS. 1827—1836 54,253 22,209 1,181,941 42,518,471 1837-1846 53,076 23,067 1,348,367 50,159,904 1847 78,045 33,960 1,468,243 43,472,957 1848 27,346 10,516 1,554,219 41,840,567 1949 42,786 84,414 1,852,546 52,007,637 1850 59,328 80,205 1,884,450 59,274,025 1851 68,202 91 ,937 2,262,159 79,939,750 1852 62,714 90,283 2,219,604 95,403,464 1853 86,839 151,810 1,756,184 140,642,836 1854 14,651,669 10,837,619 1,315,161 186.581,:310 1855 39,592,564 25,851 ,588 1,174,901 162,971,589 1856 32,547,646 24,659,661 1,279,845 198,483,936 11157 61,137,714 48,154,402 956,857 94,292,972 1858 10,071,096 5,814,318 1,471,460 131,191,180 1U .nmALES DU GENIE CIVIL. L’importation considerable des années 1854, 1855, 1856, 1857 et 1858 est due it l’oi'dium. La valeur de nos exportations a triple, quoique les quantités expor- tées n’aient pas depuis trente ans sensiblement varié. Notre exportation de vins de liqueur a diminué de moitié depuis 1827, et notre importation s’est accrue des trois quarts. En 1827, nousimportions 161,181 hec- tolitres etnousexportions 28,477 hectolitres. En 1856, nous importons 657,722 hec- tolitres et nous exportons 19,313 hectolitres. Les récompenses n’ont pas toujeurs cté décernées aux exposants frangais avec une sagesse de nature a préservcr 1e jury de toute reclamation. D’abord, i1 les 3 dispensées trop largemcnt; ensuite, les accordant en partie 2‘1 des propriétaires de grands crus, il a mécontenté des propriétaires de crus modestes, qui, par des modifications intelligentes dans le mode de culture et de fabrication, avaient amélioré leurs vins. On devine que si les membres du jury ont récompensé plus volcntiers les grands crus, et les deuxieme ainsi que les troisieme crus, cela a été dans la pensée d'en augmenter 1e prix aux yeux des étrangers, et de soutenir ainsi la vieille reputation (les vins francais. Mais cet exc'es de patriotisme n’a—t-il pas été nuisible? Nous n’exportons point sur une assez vaste échelle nos vins ordinaires ; il était donc utile d’attirer sur eux l’attention des étrangers. 0n con- viendra qu’il est triste que 1e jury les ait négligés sciemment. Les vins de l’Exposition de 1867 auront grave dans le souvenir des oenologues du monde entier une haute idée de notre viticulture. lls étaient la represen- tation fideie de ce que nous produisons de meilleur. Les Chateau-Laffitte, les Margaux, les Santerne, les Clos-Vougeot, les Pommard, les Vclney, les Montra- Chet, les Frontignan, etc., etc, rivalisaient cntre eux de délicatessc, d’arome et de bouquet. Les buns \ins, d’un usage courant, étaient dignement représentés par les Bordeaux et les Bourgogne. ' Les vins communs ameliorés etaient rarcs, et c’cst pour cela qu’ii était sage de les distingner d’entre tous les antres. Dans cette clesse l'on entrevoyait quel- ques vins du Centre et du Midi. Malgré ces luenrs de progres, cc qu‘écrivait en 1855 la Dr Paul Ganbert est encore vrai en 1867 : « Dans plus tie \‘ingtdépartements de la France, i1 se fabriqne cheque nnée a 15 21 18 millions d‘hcctolitres de vins connnuns, manvais, detestables, avec (les « raisins au moins aussi mflrs, aussi richement pourvus de maiiere sucrée et de « ferment que le sont cenx de 121 Beurgegne et du Bordelais.» ll est temps que la culture de ces départements change tie face. Le progrés qui n’est qu’isolé a bescin d’etre généralisé. L’Expcsition do 1867 anra-t—elle réveillé les propriétaircs etles vignerons cnc‘ormis? Rongiront-ils d’ignorer dcs préceptes que (luton et i'ngri— culteur Colnmelle \tnlgarisaient, il y a plus de dix-huit cents ans? Espérons-le; espérous unssi que des auteurs bien inl’ormés ne pourront plus s’écrier que la moitié des vins de France est imbuvable. Mais les resistances d‘inertie et demaumis vonloir sont terribles dans nespx'o- vinces. Comment surmoutera-t-on les difficultc’s inhérenlcs :1 la rét‘orme de la routine ? Par l’eta‘niissement d’écoles de viticulture ct d‘ocnologie, dens lesquelles 1a jeunesse s’initicra :1 ce que la science ade plus pratique etde pic-s stir. Desjeunes gens instruits, de retour au viiiage, auront certainement 1e talent de persuader par la pratique a lenrs peres, que la. Vérité n’est pas exclusivexnent le partage de la vieillesse. BotssoNs FEBMENTEES. t7 Espagne. L’Espagne, sillonnée do clxatnes de montagnes séparées par des valléos pro- ondes, est admirablemont située pour la culture de la Vigne. Du jour 061 sa ci- ilisation sera en harmonic avec son climat, elle doublera on production et xendra des vins de toutes especes aux prix les plus rémunératours. Les révolu- lions qui l‘ont agitée et l’agitent encore, entravent seules 1e developpement do la. culture et du commerce. La Vigne est l‘arhre de la paix; si on no la cultive pas en ploine sécurité, elle végote, dépérit on no porte que des fruits ingrats.. Dans l’autiquité, l’Espagne a eu des vins célobres et recherchés dos Bomains. Qui alfirmerait qu'aujourd’hui elle en a une aussi belle collection que du temps dos empereurs? L’exposition espagnole nous a bien témoigné de l’état do torpeur dans lequel 1e pays est comme enseveli. L’Espagno, qui a uno surface moyenne d’en- viron 910,000 hectares cultivés en signos, dont il est permis d’évaluer 1e rende- ment moyen a 25 millions d'hectolilres, n’a pas expose une seule bouteille de vin rouge sec, digne d’étre classé dans la premiere catégorie des vins. Les vins rouges soul, on majeure partie, lourds, pateux, tantOt incomplétement, tantot trop fermentés. Des changements dans la culture de la vigne, le choix des cépages, la conduite de la fermentation et l’usage des vaisseaux vinaires pourraient rele- ver ces vins et enrichir leurs propriétairos. C’est ce qui arrivera fox-cement, sous un gouvernement plus liberal, dos que les moyens de transport seront plus commodes, et que les lignes de chemins de fer relieront avec les ports tous les centres de production. En vins blancs, l’Espagne a été mieux partagée et a réuni une collection de boissons supérieures. Au nombre des vins blancs secs apparaissont le fameux Xérés et le Paxaréte; au nombre (les vius do liqueur, le Xérés et le Malaya, tous deux blancs; le Tinto d'Alicanto,d’un beau rouge. D’autros vins estimablos mar- chent a la suite, mais n’égalent ni 1a finesse, ni l’arome do ceux-la. Lejury a prodigué les récompenses aux grands crus do Vin blanc et de vin de liqueur de l’lispagne. Les wins rouges d’Olivonza, de Valdeponas et des environs de Barcelono ont été médaillés fort a propos, mais les vins ordinaires de la Navarre et du Centre ont été delaissés; pourtant, quolquos propriétaires avaient quitté l’orniere de la routine, et it out été juste de récompenser leurs ossais. Les lles Baléares ont (les Vins rouges ordinaires moilleurs, pour la plupart, que ceux d'lispagno. Lcur Aiba Flor, qui est un Vltl do prix, ressemblo au tin de Grave. Les principaux vignoblos dos Canaries so trorncnt clans l’ilo do Ténérifl'e. Cette file at Madoro no diii'i-rent pas sonsibloinent do longitude; aussi y a-t—il du rap- port entre les vins do Madére et les \ins do ’l‘énérifl‘e, bien que cos derniors n’aient pas des qualités d’aromo ct de moelleux aussl tranchées. Canarie, Saints-Croix et Palme produisont encore des vins assez bons, mais la premiere seule exporte en Amérique; Téncritfe et elle livrent au commerce 13,000 pipes. Le mode do fabrication dos grands \‘ins d’liSpague me parait assez intéressant pour étro briovomout décrit 1. «Pour fairo les \‘ins blancs secs de Xérés, on prond inditl'éremment dos raisins rouges ot des blancs, que l’on ézend sur des nuttes, pendant doux ou troisjours, pour les sécher un peu, apres quoi on les égrappe et on Ote les grains qui sont verts ou pourris. La vendange est ensuite mise dans les cuves, et l’on répand sur 1 Jullien, T opograpltie de tous les vignobles cormus. Gianna CIVIL. - 8° Amie. f Mix: 36 fmr1snga’x ."M' .~ .14». .‘hL 18 ANNALES DU GENiE CIVIL. 13. surface du plalre calciné. Le tout est foulé par des hommes chaussés de sa- bots; 1e jus qui coule est mis dans des tonneaux, que l’on remplit et que l'on range ensuite dans le cellier, oil 1e vin subit sa fermentation, qui dure ordinai- rement depuis le mois d’octobre jusqu’au commencement on au milieu de de- cembre. Lorsque la fermentation a cessé, 1e vin est séparé de sa lie ; celui qui est destiné a l’exportation reqoit l’addition d’eau-de-vie que l’on juge convenable et qui excede rarement 12 on 15 litres par botte ou tonneau de 450 litres. Le vin ainsi préparé est vert et apre pendant assez longtemps ; il s’adoucit apres quatre ou cinq ans de séjour dans les tonneaux; mais ce n’est qu’apres quinze ou vingt ans de garde qu’il a acquis tout son parfum et son plus haut degré de qualité. On fait quelquefois infuser des amandes ameres dans ce vin, pour lui donner le gout qu’on aime a y rencontrer. « Xérés ou Je’rés, dans l’Andalousie, est entouré de vignobles qui produisent plusieurs especes de vins blancs. L’un, dit Paxarc‘te, est liquoreux, agréable et parfumé; 1e second, dit Vino Seco, est sec et amer; son gout est néanmoins fort bon et son bouquet tres-suave; le troisieme, nommé Abocado, tient le milieu entre les deux premiers, quant a sa consistence; il est moins doux que le Para- réte et n’a pas l’amertume du Vino Seco; c’est an excellent vin d’entremels. On fait aussi dans ce vignoble, mais en tres-petite quantilé, un vin de liqueur nommé Moscatel~»de-Paja; il provient des raisins muscats, qu’on fait séclier en partie sur de la paille avant de les presser; ce vin, d’une couleur peu ambréo, a du parfum, une couleur et un gout fort agréables; il est surtout tresfin, trés— délicat et n’a que le spiritueux qui lui est naturel, attendu qu’on n’y met pas d’eau-de-vie. » 0n distingue encore parmi les vins de liqueur 1e Malvasia, tiré du Pedro— Jimenes, et le vin nommé Tintilla. « La premiere année, on soutire deux fois de dessus leur lie les vins de Xéres; mais les lies qui se forment les années suivantes restent dans les tonneaux, qui, lorsque le vin a acquis un haut degré de qualité, torment ce que l’on appelle des meres, dont on retire, chaque année, le vingtieme ou le trentieme de leur con— tenu, que l’on remplace par du vin moins vieux. » L‘exportalion de Xérés était faible au commencement de ce siécle, la produc- tion n’élant que de 52,000 hectolilres. Aujourd’hui elle alleint 210,000 et (it-passe de pres d’un tiers la production. Que de gens qui n’ontjamais bu que des imi- tations de Xéres l « Les vins de Malaga proviennent des montagnes de Grenade; 1e climat de ce pays est si favorable a la végétation de la vigne, que ses fruits murissent sur les montagnes, a plusieurs milliers de pieds au-dessus du niveau de la mer. 0n y vendange ordinairement a trois reprises ditl‘érentes :la premiére l‘ois en juin, pour faire les raisins secs ; la seconde fois en septembre, pour l'aire le vin sec; la troisieme fois en octobre et en novembre, pour faire les vins de liqueur. La ré- colte annuelle des vins, non compris le raisin que l’on fait sécher, est évaluée a 35,000 pipes ou bottes, contenant chacune 472 litres, dont 1e tiers est ordinaire- ment exporté a l’étranger. « Le vin de Malaga le plus estimé se nomme Pedro—Jz‘mcnes, du nom du raisin qui 1e produit; il est liquoreux, tin, délicat et tres-parfumé. Les vins doux dits de couleur se rangent a la suite du Pedro-Jimenes. Jeunes, ils sont ambrés et tres- liquoreux; mais, en vieillissant, ils perdent de leur liqueur et acquierent de la finesse, du'corps, du spiritueux et un parfum aromatique tres~prononcé qui est tres-agréabie. La botte de 472 litres ne vaut part‘ois, dans l’enfance de ces vins, que 150 francs, et dans leur age mfir, elle se paye jusqu’a 5,000 francs.» Les autres vins de Malaga, a part 10 Muscat ct le Lacryma~Chrisn', ue sent plus , q! ”(7. . KTT'T" “1—: .V—V g .7 ‘7 V, a}; BOISSONS FERMENTEES. 19 a la hauteur des precedents. Le Lacryma-Christi est fabriqué avec du jus de rai- sins qui s‘est écoulé de lui-meme lorsqu'on a entassé les grappes dans la cuve. L'Espagne a exporté en France (le notables quantités de gros vins, au moment on l’oid‘rum désolait le plus nos campagnes. Depuis que le fléau s’est calmé, ses provinces du Nord out cessé leurs exportations. Portugal. Le Portugal, sous 1e rapport de la Iiherté commerciale, a marché en event an fur et a mesure que l’Espagne reculait. Son gouvernement ne s’est pas invinci- blement cabré devant les idées nouvelles; ses propriétaires, s’ils n’ont pas tou- jours accueilli 1e progr‘es sans restriction, ne l‘ont pas du moins a jamais banni de leurs domaines. De plus, les relations intimes et continuelles du Portugal avec l’Angleterre n’ont pas peu contribué, d’une part, a y faire naitre des idées dc progrés ;d’autre part, a les développer, voire meme a les enraciner, en ouvrantt‘t son commerce de vastes horizons de prospérité. ll y a, dans to Portugal, du mouvement, de la vie; l’exposition 1e prouve hien. Les échantillons de vins exposés étaient mieux classes que partout ailleurs.On sentait que l’industrie des vins est pour le Portugal une source précieuse de ri- chesses; mais pourquoi ce pays s’est-ildispensé d’envoyer des documents complets sur sa viticulture et sa statistique ? Il ne fait preuve de sollicitude qu’a l’égard de ses vins de Porto; et il leur sacrifie maludroitement les autres vins. ll atort, par la raison que le Porto n’a plus rien a gagner, tandis que les autres vms out l’avenir tout a eux. Le royaume de Portugal est situé entre les 8° et 12° degrés de longitude 2‘1 l’est de l’ile de Fer et les 37° et 429 degrés de latitude septentrionale. ll récolte annuellement 5,000,000 d’hectolitres de Vin (j’indique ce chitl're sous toutes reserves). Les meilleurs sont tirés des provinces de Tra-los—Montes et de Beira; quelques-uns seraient parl'aits si, en we de l’exportation, on n'y ajoutait une trop forte proportion d’alcool. fly a. pen de temps, on connaissait sous le nom de vins do Porto seulement les vins produits a quinze lieues de la ville, dans une demarcation privilégiée de la province de Tra-los-Montes. C’étaicnt ces vins sculs qui étaient admis a l’exportation par la barre du Douro, et 51 cause des restric- tions, les vins de tout pres de Porto, de l’un et de l’autre COté de la rivicrc, ne pouvaient pas sortir, niéme pour Lisbonne. « La quantité de vins destinée pour [exportation cheque année ne pouvait pas, suivant M. Forrester, excéder la quantité exportée l’année antérieure. La qualité pour l’exportation de cheque récolte était choisie par une Com- mission, qui exercait ainsi une influence sur la fortune des propriétaires-né- gociants. « Enfin la. récolte pouvait étre alJondante ou petite, mais comme la loi déter- minait 1a quantité et la qualité du vin jouissant du privilége de l’exportation, le commerce de Porto ne faisait pas de progres. En 1804, la production totale était de 76,055 pipes (de 636 litres en moyenne), et en 1854(11 cause de la ma- ladie et par suite des restrictions), elle était a peine arrivée a 50,487 pipes. En 1804,1’exportation était de 47,045 pipes, et en 1854,seulement de 39,252 pipes.‘» Ces rigoureuses prohibitions, pour la sortie des vins autres que ceux du haut Douro, ont été adoucies. Des vins récoltés en dehors de cette circonscription privilégiée sont exportés maintenant comme vins d’Oporto : iis proviennent, en majeure partic, des districts de Villa-Real et de Bragance, qniimitent si artiste< ment les vrais Porto, que le consommateur n’est pas lésé. L'abolition de ces vieilles coutumes, qui existc plutct de fait que légalement, a eu 1’hcurcuse consé- 20 ANNALES DU GENIE ClVlL. queuce d’augmenter le commerce d’exportation. Dans ces derniers temps, il s'est exporté approximativement 36,000 pipes fabriquées dans le haut Douro et 40,000 hors du Douro, quoique dans le district do Villa-Real; c’cst le chilfre de l’ancienne exportation, mais en outre 1e district do Bragance a fourni a l’ex~ portation 31,700 pipes. Le commerce extérieur des vins s‘est done accru de quatre cinquiemcs. Les vius de Porto sont tres-chauds, d’un arome agréalile et d’une belle cou- leur rouge. Les vins vieux, tout en étant plus fondus, n’ont pas la finesse des ncuveaux; ce qui s’expliqne par la dill’érence des soins apportés dans la confec- tion des anciens et (les nouveaux. ll est douteux que ces vius s’acclimatent en France, malgré leurs qualités: ils sont ti'op alcooliques et trop cliers. Les pays du Nord s’accommoderont par contre, et de plus en plus, de ces vins généreux qui contribuent tellement 2‘1 exciter la circulation du sang et sont si no- cessaires dans les climats froids, que nous autres Francois qui, chez nous, les dédaignons, nous les acceptons avec bonheur en Angletcrre, en ltussie et aux Etats-Unis. Parmi les autres provinces du Portugal qui mériteraient d’alimenter le commerce extérieur, est celle de Mmho: elle a plusieurs especes de vins se rapprochant (lu bordeaux. L’Estramadure a expose de bons ordinaires, entre autres ceux dos environs de Colares et de Cadal‘aes. Mentionnons aussi les vins blancs de Sétuval et de Bucellas. Madere est, on Io sait, une ile portugaise de la c0te d’Al'rique. Les vins de cette colonic sont en honneur cliez tous les peuples civilisés ; mais cette renom- mée universelle est une cause incessante de fraudes. En ell'et, on prepare des maderes batards dans une intinité de vignobles, et il circule dans le commerce plus de faux que de vrais vins de cette espéce. Nous ne consommons le plus souvent, en France, que du madére blanc sec ; les vins de liqueur et les vins rouges de l’ile nous sont en quelque sorte inconnus, et c’est vraiinent donxmage, parce que (to me sont pas les‘moins delicats. Madere, située sous 1e 320degré 37 minutes delatitude seplentrionale, et sous lie 19° degré 16 minutes dc longitude a l’ouest du méridien de Paris, a on, dit- on, ses premiers plants do vignes apportés (lo l’ile de Chypre vers ll‘ll . Le climat de l’ile est admirablement propice a la culture de la vigne ; le sol est compose de pierre ponce melee avec de l'urgile, du sable et de la meme. « Pour l'aire l’excellent vin de Malvoisie, on choisit les raisins les plus units a clu cépage de ce norn , et on les porte sur le pressoir pour on exprimer le jus. « Apres la premiere pression, on enleve toutes les grappes, et l’on met les gru— « mes etles pellicules en monceaux, pour les presser de nouveau a plusieurs « reprises. Onméle ordinnirement ensemble les produits de toutes cos pressions ; a pourtant,quelques propriétaires les séparent ct obtiennent (les vins do (inferen— « tes qualités. Le produit de la premiere pression se nonime Pingo, ou vin de « premiere goutte; il est parfaitement limpille, tree—tin et trés‘tlélicatllelui que a Port obtient ensuite, et qui se nomzne Moszo, est plus corsé. Le Vin (les der- unieres pressions a du corps, du spirilueux et une apreté qui le rend peu « agréable pendant plusieurs années. Le vin de Malvoisie vaut, au moment (le « la récolte, environ 1,000 francs 13 pipe do 415 litres : maisil faut toujours l‘at- « tendre longtemps, pour le boire avec toutes ses qualités. « Le vin blanc sec est fait avec les raisins du cépage nommé sercz’al, sans «mélange d’autre espece. Il est riehe on spiritueux, en part-um et en séve an a bout de 15 a '20 ans, etjoint 51 um léger gout tle noisette, et a nu peu d‘amer- u tume, toutes les qualités qui caractérisent 1e vin sec patfait. La réeeltc (to co W‘wfvzmwuug-fing,‘ -.; _. 5—17. 5 (:1, l ‘_ R .. "1' v-rgq-wvzrpfiw T)": “7""? "I"? : t" We r, 7 erqufmfi I; ~ BOlSSONS FERMENTEES. 2 1 «win de premiere qualité n’excede pas 40 ou'50 pipes chaque année. On fait « beaucoup d'autres vins secs, qui sont le produit dc diliérents et‘pages réunis, « mais plus particulierement de celui nommé m'dogne, qui, apres le sercial, pro- « duit les meilleurs vins. Leur couleur est amhrée ; its ont un fort bon gout, du «corps, du spiritueux et un parfum agréable. Les vins secs 'se préparent « comme celui dc Malvoisie, excepté qu’on n’égrappe pas le raisin pour le « presser. « Le vin rouge, que l’on lire du plant nommé tinta on ne'gramol, est trés-géné- « reux, parfumé et agréable; mais son usage, it hnute dose, est dangercux; c’est a un astringent tres-fort que l’on emploie comme remede centre la dyssenterie. « Les petits proprietaires ne font pas ce Vin s:’-purément, et meleut le raisin de « tinta avec ceux do tous les autres cépages. » Madere produit de 50,000 21 5t,000 pipes dovin,dont les trois quarts sent ex- portés en Angleterre, aux Etats-Unis, aux lndes, en France, etc. Le prix moyen de la pipe est de t,0tt0 francs. Les vins sont additiounés d’eau-de-vie, avant d’etre exportés. Les Aqores, groupe de neufiles, toujours sur la c0te d’Afrique, sont de forma- tion volcanique et couvertes de montagnes de lave. lilies sontassises entre le 36° degré 56 minutes et le 39° degre 43 minutes de latitude septentrionale, et entre 1e 279 degré 42 minutes et 1e 333 dcgré ‘27 minutes de longitude, a l’ouest du méridien de Paris. Le sol y est fertile et 1-1 temperature douce, de sorte que la vigne y pousse :1 merveille. Le vin des Aqores est excellent ; c’est do madere lé« ger, mais spiritueux. ll s’exporte en masse dans les regions froides et humides. L’état des vignobles du Portugal 1e met en position de lutter avec la France en Angleterre et dans le nord de l’Europe et de l’Amérique. Snilse. On serait dispose it penser que de hautes montagnes perpétuellement couvertes de neige et un climat sujet El des froids rigoureux excluent toute culture de la vigne. ll n’en est pas ainsi,pourvu que les hivers soient compensés par les chalenrs de l’été, et que la vigne soit abritée contre les vents humides, pires pour elle que des l’roids trés-vifs. Voile pourquoi la Suisse, le pays le plus accidenté de l’Europe, est une contrée vitieole qui fabrique des vins agréables. Cette république est placée entre le Bedegré 44’ etle 8e degré 5' (lelongitude est, et les 45° 50' et 76 degré 50’ de latitude nord. Son sol est fertile dans les vallées et sur les coteaux; il est géne’ralement formé d‘argile et de granit eu d’urgile et de porphyre. Ce sout les coteaux qui fournissent les vins les plus estimés. La Suisse exporte peu ou point ; elle consomme tout le viu qu’elle pro- duit, et qui depasse moyennement 900,000 hectolitres tires de 45,000 hectares de vignes. lincore est-elle tributaire de la France et de l’ltulie; ees deux ne- tions y importent environ 240,000 hectolitres. La consomntation par habitant est done de 47 litres et demi. L’aflluence des voyageurs qui, dans la saison chaude, visitent la Suisse, l’instruction répandue £1 profusion au sein (les campagues, l’esprit liberal (les institutions, ct, par-dessus tout, les concours dens lesquels les hommes (le toutes professions se melent et discutent, ont permis tl cette contrée d’anriver au rang des peoples les plus civilisés. Elle a manifesté ouvettement son amour du progres en envoyant a Paris des déle’gue’s de ses cantons. De simples vignerons n’ont pas dédalgné de quitter leurs montagues, pour s’enquérir des procédés nouveaux de cultiver la vigne et de faire 1e vin; si la pays déploie la N'f Thrf-r» ""‘rw-" My)” ‘ \ ~22 ANNALES DU GENIE CIVIL: meme activité a s’assimiler lc progres qu'el le connaitre, ses cultivateurs no tarderont pas s devancer nos paysans immobilisés dans leurs préjugés ridicules. Les vins de Suisse ont cela de particulier, qu’ils tienncnt des vins francais, italiens ou allemands, suivant que les conlrées qui s'adonnent a la culture de la. vigne sont voisines de France, d’llalie ou d’Allcmagne. Aucun de ses vins n’est classé en premiere ligne ; cependant quelques-uns ne manquent ni de vivacité ni d’arome, mais leurs éléments hétérogénes ne sont pas suffisamment fondus les uns avec les autres. Les vins suisses sont sains ct toniques; on ne les upprécie pas bien, quand on en goute pour la premiere fois, a cause de l’as- tringence et meme de l’apreté qui dominent toujours chez eux. Ces mauvaises impressions proviennent de leur richesse en tartre et en tannin; elles se percoivent moins lorsqu’on en boit avec suite. Les vins blancs exposes étaient supérieurs aux vins rouges. Les plus fins avaient été récoltés aux environs d’ Yvorne, dans le canton dc Vaud; l'un deux, 1e Clos du Bocher, avait du corps ct beaucoup de parfum. Sur 1e territoire de Neu/‘chdtel, on recueille d’assez bons vins rouges, mais devenus lrop astringenls par le séjour du Vin sous la grappe. La fabrication dcs vins mousseux a été essayée en Suisse; elle donne des vins légers et spiritueux. Un petit nombre d’échantillons soignés ont figure honorablcment a l‘Exposition. Enfin la Suisse pretend avoir des vins de liqueur, et c’est :71 juste titre,si elle réussit it on obtenir de qualité égale au vin du Mont-d’Or fait avee de la Mulvoisie flétric. Le jury u’a pas comblé de faveurs les exposants de cette petite république. [ls se vengerout en dégustant en freres ceux de lcurs vins qui n’auraient pas été déplacés sur nos tables. Dans un prochain article nous nous occuperons dos vins des autres pays de l‘Europe, et nous jeterons un. coup d’oeil rapide sur les productions des autl'es parties du monde. BOISSONS FEBMENTEES Chapitrc ll Dans notre premier article nous avons esquissé l’histoire des vins, et nous sommes entré dans quelques considerations sur la culture de la vigne, sur la fermentation, la difl‘érence de composition du mofit de raisin et du vin, et nous avons fait connaitre la quantité d’alcool pur dans les principaux vins de l’Europe. Nous avons ensuite commencé la revue des vins par ceux de France, d’Es- pagne, de Portugal et de Suisse. Nous allons continuer notre revue en exami» nant les produits de la péninsule italique. Italic. Au premier siécle de l‘ere chrétienne, la nomenclature des vins celebres do ’ltalie était longue; au dix—neuviéme siecle, on découvre bien moins de vinsréu— nissnnt la somme dc qualite’s que les poétes attribuaient aux anciens vins de Rome. Les bouleversements incessants dont 1e pays a été le theatre, et l’indo- lence naturelle, la propension au far—niente des indigenes, sont les causes qui ont provoqué la disparition d’un certain nombre de grands crus. Chose bizarre! l’homme est pétri de telle facon que, moins i] rencontre d”empéchements dans l’exécution de ses projets, moins son intelligence se forme et s‘éleve! Lorsque la terre est iugrute pour lui, lorsqu’elle rend tout au plus sa nourriture, il ne se rebute pas 21m travailler, il supplée a son manque de force par les artifices de l’esprit, il combat la nature a outrance, et, ainsi que le font voir chaque jour les habitants des montagnes, il lutte vicloricusement. Ce n’est pas le fait de l’ltalie. Elle a (les ressources inépuisables, le climat y est doux, 1a terre fertile, les fruits savoureux; de superbes récoltes rémunérent le moindre travail, mais le cultivateur aime mieux vivre dans la géne que de se détourner du sentier qu’ont rebattu ses peres, afin de vivre dans le bien- étre. La vigne est par suite mal cultivée en Italic. « La trop graude diversité des vigncs et leur mélange donnent, dans ce pays, des produits peu homogenes. Dans beaucoup de localilés, on cultive encore la vigne en la mariant a des arbres et a des pieux, d’ou clle pend on lesions, ou en la disposant, en forms dc guirlande, £1 une certaine hauteur, et d'un mm a l‘autre du champ. Le paysan se figure qu’il gagne ainsi du terrain et double sa récolte, tandis qu’il détériore en meme temps les deux produits. n Ce passage de l’Apercu des industries italiennes a l’Exposition de 4867 est exact en tous points. Les ceps hautains, (“pulses par la massede raisins qui s’y my 4 24. ANNALES uu GEME eiVIL. s’opposant au dévelcppemeut démesuré de la vigne, et en adoptaut des prop de taille empruntés aux vignobles les plus intelligents du midi de la France:vh' l’ltalie réalisera d’utiles améliorations, surtout si elle se préoccupe dnvantage du choix des cépages. Eile doit aussi modifier ses méthodes de vinification, q ine sont pas satisl‘uisantes; car tantOt elle ne laisse point assez, tantOt elle laisse trop cuver le vin. ll s’ensuit que cette boisson aigrit ou fermente, et cela d‘autant mieux que les tonneaux dans lesquels on l’ent'erme ne sont pas toujours ti'es-bien lavés. L’ltalie est comprise entre les 35°20’ et 47°l0’ de latitude boreale et les 24°l0' ct 35°l5' de longitude orientale (niéridien de l’ile de Fer). Sons 1e rapportdes \‘ins, elle se divise en deux regions la region du nord et la region du midi. La region du nord, compi‘enant le Piémont, la Lonibzn‘ilie, la Vénétieet la Toscane, es: en voie deprogrés. On trouve (les vignes basses echalassees, laconl'ectiondn vin est passa— blement soignée, et des popriétairessagaces, qui n’ontpas home d’endosser i’liabit dc vigneron préparent des vins qni ne sont dépourvus ni de corps ni de finesse. Tel n’est pas l’état de la région du midi. La 01‘] 1e climat est liien plus favorable a la maturité du raisin, on est daus la meme situation qu’en 1855.' Ainsi que je l’ai déja dit, les vins ilaliens out notablement scull‘ert au Champ-de-Mars de la temperature élevée que mainlenait (luns les caves le voisinage (lu restaurant national. Beaucoup out fernienté et perdn leurs qualités primitives; les uns étaient changes on vins moussem, les autres en vins aigres, d’autres n’avaient plus de bouquet; ceux ci (-taient bourbeux, ceux-la recouverts d’une écuuie blanchatre, indice de profonde alteration. Ces vins n’ont donc pas été dégustés dans des conditions normales, et il serait injuste d’at- tribuer uniquement a des vices de fabrication les fermentatious secondaires qu’ils out subies : des vins, meme d’une solidité a tonic épreuve, auraient résislé avec peine aux influences pernicieuses de la cave italienne. Tontet’ois nous sommes oblige d’avouer qu’en dépit de I'inflnence (le la chaleur, i1 y avait une autre cause d’altération : les dix—neuf vinglienie des bouteilles étaient pitoya- blement houchées; 1e bouclion n‘etait pas comprimé dans le geulot des bouteilles, et, indépendamment de cela, le liege était rempli de pores. Puisque nous si- gnalons les c0tés foibles de l'expositiou italienne, disons enfin que les bouteilles all‘ectaient les foriues les plus bizarres et les plus disgracieuses. Les vins du Piémont retiennent des proportions notables de tannin et de tartre, ou pai'ce que les cépages d’ou on les tire sont trop rustiques, on parce qu’ils séjournent trop longtemps sur ie more; plus d’un a de l‘t‘ipreté et meme une pointe d’amertume. Le Barbera est dans cette categorie; mais, en \ieillissant, il se dépouille et cesse d’avoir antaut de dureté. Ce vin et celni tle San-Martino sont des types de vins piémontais. Les vins doux (in Piernont sont incontestable— merit au-dessus des vins ronges; ils s’obtienneut avec (les raisins (lesséchés snr des claies; plusieurs out de la delicatesse. du p'irl'um et de la force. Le Calm-o, qui precede du Madere et du Frontignan, le Ncbi'olo si delimit, 1e Gl‘i'J'Il/J‘ lino, etc., etc., sont de bons vins d’un prix relutivement medique. Les Vllls‘ rou— ges de la Sardaigne sont plus grossiers qua ceux du l’iL'Imont; les vins Lle liqueur dits Nasco et Giro sou! trumprisés. En Lomlu‘irilie ex on. zen-size les bons vins sont cantonués (lans le Bresciau. Les vins de ce pays sont curses et tres-agréaliles. u A Castiglione on prepare un Vin de liqueur célébre en liaiie sous le nom tie I’inovSanw; il a la couleur de ‘3“? ..:»_v—»wv1—~.:W f“ H vYTr. v, WV. \ . BOISSONS FERMENTEES. 25 1- ., la douceur sans etre fade, beaucoup de finesse et un parfum trés-suave. Mun vin parfait, apres trois ou quatre ans de garde; on l’expédie ordinaire— merit en bouteilles. ll est fait avec des raisins choisis, que 1’ on étend sur desplan- ches, et qu ‘on laisse se dessécher en partie jusqu’a la fin de décembre. Ce vin, quel’on compare an Tokay et que l’on dit étre supérieur au vin de Chypre, fait la richesse des vignobles qui le fabriquent ‘. n La Valteline produit aussi quelques vins de valeur. La Toseane, grfiee a la protection que l’ancien grand-due accordait a la vigne, est lancée dans une voie pleine de promesses. Son vin d’Aleatico est rival des crus de premier ordre; il a du fen, du corps, de la finesse et de la douceur. D’autres brillent par leurs qualités solides et leur arome a demi—voilé, c’est dans le Flnrentin que se recueillent ces vins-la. Le Siennois n’est pas aussi richement doté; cependant plusieurs de ses vins de liqueur sont estimés. On franchit les provinces qui séparent la Toseane du Napolitain, sans rencon- trer de vins en renom. Mais dans cette contrée, malgré 1a mollesse et les super- stitions des habitants, la terre et le ciel sont tellement d’accord pour se passer du travail de l’homme que l’on trouve des vins excellents. « Au pied du Vésuve, la vigne occupe tous les terrains o1‘1 il est possible de la cultiver ; la partie de cette montagne voisine de la mer en est couverte; on y ré- colte trois especes de vins: celui nommé Lacryma-Christi est le meilleur, mais i1 s'en fait tres-peu. Ce vin liquoreux et fin réunit a one belle couleur rouge un gout exquis et un par-rum des plus suaves. La seconde sorte est le vz‘n muscat, dont la couleur est ambrée, le gout fin, délicat et trés-parfumé ; i1 occupe l’une (les premieres places parmi ceux de cette espece. La troisiéme sorte estle Vino- Graaco, ainsi nommé, parce que le plant qui le produit a été tiré de la ‘Grece; il est de l'espéce du Malvoisie et en a toutes les qualités. 11 Dans la Calabre les vins varient d'un lien 11 l’autre; les vins ordinaires toni- ques et francs de gofitn’y sont pas rares; il y existe de plus (les vins de liqueur d’un houquet part‘umé. La Campanie a égaré la recette de ces fameux vins de Massique et de Falerne; puisse—t~elle 1a retrouver un jour ! » La Sicile, qui s’étend entrele 36° 40' et le 38°18' de latitude nord et les 10° 8' et 13° 20' de longitude est, jouit d’un climat admirable et d’une grande salubrité, bien que la chalcur y soit souvent extreme. Le snl est d’une fécondilé sans pa— reille, et l’iie était appelée autrel'ois le grenier du peuple romain; mais aujour- d’hui elle est tres-mal cvltivée, et plus de la moifié des terres demeure en friches. La culture de la vigne est aux mains deg Anglais; elle s'est relevée par l’impulsion qu’ils lui ont communiquée, et il s'esporte actuellemeut dans la Grande-Bretagne des milliers de tonnes ux de vins d 1 Sicile. Le Marsala, Vin sec qui a du rapport avec le Marlere, ct le vin de' 1ir'11e 121' 1113 Syracuse, qui dérive des Malvoisies son! les plus distingués de l’.ile Le .. e111 gmnd win rouge est le Mas- c0113. Les vins ortlinaires sont doux, meme lt’géiement fades; its out de la cha- leur et un parfum qui plait beaueoup. Les iles Lipari, situées au nord de la Sicile, abendent en vignobles; leur Vin de Malvoisie, extrait de raisins ayant séché [wit ‘a dix jours au soleil, est si aimé en Angleterre et en Russie qu’on exporte dans ces pays ce qui se fait chaque automne. Quant aux vins onlinaires, « les vignerons sont dans l’usage de presse 1e raisin dans l’intérieur de la vigne, 1‘1 mesure qu’ils le cveillent, et d’en enter- ! Jullien. fifr‘fi \1' I l L J 1 ‘\ 1E «_ ' u -" Q 26 ANNALES nu GENIE CIVIL. mer 1e jus dans des outres goudronnées, pour le porter chez le propriétaire. Les outres donnent aux vins un gout de goudrOn, mais il se dissipe promptement, quand on a soin de le verser de suite dans les tonneaux. Les vins communs out du spiritueux, un gofit agréable, et ils se conservent. » L’importation des vins étrangers en ltalie a été, on 1865, de 218,101 hectoli- tres, et de 345,627 bouteilles ; l’exportation de 264,512 hectolitres et de 1,091,582 boutcilles. Le principal débouché des vins en tonneaux est la Suisse; les vins en bouteilles s'expédient en Autriche, en Angleterre et en Amérique. Si la tranquillité a laquelle l’ltalie aspire se consolide et se maintient, et si, de plus, des cauaux et des voies ferrées s'établissent partout, ce royaume aura bientOt sa place marquée sur les marches du monde. Allemague. L’Allemagne viticole comprend la Baviére, 1e grand-duché de Bade, le Wur- temberg et la Prusse. Elle recueille 2,394,000 hectotitres de vin. Cette produc— tion, qui parait si minime eu égard a l’étendue du territoire, est encore tres- raisonnable, si l'on considcre que la culture de la vigne a lieu entre le 50 et 1e 528 degré de latitude nord. En France nous ne dépascons pas le 509. Par leur perseverance et la bonne direction imprimée a la culture, les Allemands out on le privilege de faire pousser la xigne dans une zone or) tout autre peuple n’au— rait pas méme voulu la planter dans les jardins. Et, de plus, ce ne sont pas de me’chants vins, aigres, surs, sans arome et prompts ‘3. tourner en piquette, qu’ils récolteut sous une pareille latitude; ce sont des vins solides, riches en sére et en bouquet et d’une conservation, pour ainsi dire, indéfinie. Du reste, des dégustateurs aussi sérieux que les Allemands, qui savent payer les premiers crus des prix exorbitants, ne deraient pas, en s’adonnant a la viticulture, obtenir moins que des vins excellents. Les vins d’AIlcmagne, d‘apres Jullien, peuvent étre considérés comme for— mant un genre particulier de vins secs, qui diil'erent presque autant par leur gout et leur consistauce de nos vins moelleux de France, que ceux-ci des vins de li- queur cle l’lispagne, del’ltalie et de la Grece. La plupart des vins rouges sont in férieurs aux blancs; cependant plusieurs crus bien expcsés en fouruissentqui soutiennent la comparaison avec nos bons vins de cette espéce, et parmi les vins blames, dont la réculte est beaucoup plus considerable, ceux d’un grand nombre de crus égalent en qualité ceux de nos uieilleurs vignobles. Les vins du Rhin sont, en général, susceptibles de se conserver tres-longtemps sans se décompo~ ser ; on assure mOme que les wins de Madere et quelques vins d’Espagne sont les seuls qui posse-dent cette qualité a nu aussi haut degré. Cependaut les nieil- leurs vins blancs du Bhin et de la Moselle, qui, trois ou quatre ans aprés leur récolte, ont un parfum délicienx et un gout fort agréable, perdent une partie de ces qualités, quand on les garde plus dc dix ans : its acquitrent du spiritueux et de in force, mais its som beaucoup plus secs et moins agréables. Bavz'ére 1. — C'ost dans le grand-duché dc Wurzbourg, que se groupent en purtie les vignobles importants de la Buviére. On cultive sur son territoire les cc- pages b1aucs,€t l’exclusion presque complete des cépages rouges, parce que les vins rouges surpassent de beaucoup en qualité les vins blancs. [‘ne jolie col— ‘ Bfwiél‘e. S‘étend du t7° au 51' dcgré dc latitude nerd. Production, 1,128,000 hecto~ litres. Bonssons FEBMENTEES. - 27 leclion de ces derniers figurait a l’Exposition ; les Stein, les Leistein, les Hers- tez‘n, ont une réputation qui nous dispense d’en parler. L’industrie des vins mousseux agrandit journellement 1a place qu’elle s’est créée en Baviere: les Allemands nous ont démontré qu’avec n’importe quelle espece .de vins de crus distingués, il est possible de fabriquer des mousseux délicats. Les vins ordinaires de la Baviére ont de la ressemblance avec les vins d’Alsace. Bade‘. — Ce grand-duché n‘a pas de vins aussi renommés que la Bavicre, mais il est plus favorisé que sa voisine pour les vins rouges. La vinification est soi- gneuscment faite, le vin excitant et spiritueux. Parmi les crus de clioix le Berg— strasse est digne de mention. L’exporlation en Amérique était l'objet d’un com- merce actil‘ avant que les Etats-Unis eussent augmenté les droits d’entrée; depuis, elle est tres-réduite. Wurtemberg ’. — Les cépages rouges et blancs de Bourgogne, que les viti— culteurs se hdtent d’adopter, ameneront inévitablement une gran de amelioration dans les vins de ce royaume. Malgré des conditions climatériques défavorables, les vignerons ne ralentissent pas leurs efi‘orts pour obtenir une qualité meilleure et un prix de revient plus has. Déja les vins de Wurtemherg s’exportent bien, et le commerce extérieur continuera a s’accroitre rapide'nent si les cultivateurs montrent toujours le méme zéle. Le conseil central d’agriculture a fourni par son exposition une idée de ce que he pays peut produire. Remercions—le, au nom des institutions agricoles qui désormais seront dans l’obligation d’imiter son example. 0n prise justement les vins rouges des vignobles de Bessigheim. D'antres devraient etre cités : mais nous nous en abstenons par la nécessité d’abréger ce travail. Prusse 3. —--La Prusse proprement dite ne possede que des vignobles insignifiants, excepté dans le voisinage de Gruneberg, en Silésie, on You transforme en vins mousseux, par la méthode franqaise, les vins aigrelets du pays. Ellea par contre des vignobles fameux dans les provinces rhénanes, et c’est pour cela que son expo- sition n’a pas été une des moins curieusesn Le Julidnnisberg, 1e roi des vins alle- mands; le Rudesheim, qui 1e suit de si pres que des profosseurs les confondent par mégarde; le Steinberg si suavegle Grafenberg,1evin de Kidrich; dans 1e duché de Nassau, sent des vins hlancs secs rivaux de nos grands crus. Leur prix est éle- vé; depuis peu do temps on parvienta en acheter en France. Entre ’l‘reves et tloblentz, sur le Rhinet sur la Moselle, la Prusse possede d’autres vignobles dont le vin difl'ered peine des crus precedents. «Buc/tarac/z, an dessous de Bingen, sur la rive gauche du Bhin, est environnée de beaux vignobles, dans lesquels 0n récolte des vins dits du R/tin, qui ont un fort hon gofit particulier et un parfum agréable : mais ils ont moins de force et se couservent moins longtemps que ceux des vignobles situés sur le meme fleuve. Pisyort, Zeltingen, Olisberg, etc., produisent les meilleurs vins dits de Moselle ; its out one séve aroniatique qui approche de celle des Grave de Bordeaux. » u L'ancien chateau de Johannisberg, situé snrla niontagne du mt‘me nom, un peu au-dessns de Mayence, dams la partie du duché de Nassau nommée le Rhin- gau, est entouré de vignobles considérables, dont la partie exposée an midi pro- duit le meilleur vin du ma. Les premieres Vignes y fm'ent plantées, \‘ei‘s la tin du onzieme siécle, parlcs religieux d’une abbaye 5 ce cru celebre appar- ‘ Bade s'ctend cntre 47° 32’ et 49° 45’ de latitude nord. Production, 406,000 liectolitres. '3 Le Wurlombcrg est compris entrc 47° 32' et 40° 45' de latitude. Production, 530,000 hec- to‘itres. 3 La Prusse est situéc cntrc 5'.“ (J. 5? dog“? do latitude. 330500 licctoiitres. , ‘ . c , ‘ V . ‘ I, . ‘1'; \ . , . - l » V r ,M . 28 ' ANNALES DU (:11:an cwa. tenait autrefois a ’évéque deFulde, mais lors de la sécularisation des Etats ecclé- siastiques, 1e prince d’Orange acquit ce domaine, qui, plustard, fut cédé au prince de Metternich, dont le descendant lepcssede aujourd’hui. Les meilleurs vignes plantées sur les souterrains du chflteaufaillirent étrc détruites, pendant les guer- res de la revolution. On assure que le general Hoche voulut les faire sauter, et que ce ne tut qu’a la sollicitation des habitants et al’intervention dumaréchal Le— fehvre, que l’on dnt la conservation de ce précieux vignobie, qui produit, chaque année, 25 tonneaux contenant chacun 1,300 bouteilles. Le cépage quipeuple cette vigne est le Nesting; l‘on vendange quinze jours plus tard que dans les au— tres vignobles, at You ne soutire 1e vin (le dessus sa grosse lie qu’au bout d’un an, tandis que les vins des autres crus sont soutirés, unc premiere l'ois, trois mois apres la récollc, et une seconde fois aprés six mois. Le vin du chateau de Johannisberg est surtout estimé pour son bouquet prononcé et agréable, pour sa séve et aussi pour l’absence presque totale du piquant qui caractérise les autres vins du Rhin. On se procure tres—difficilement 1e vin de ce cru ; mais ce- lui que l’on tire des vignes qui sont au pied de la montagne est encore supé- rieur a la plupart des autres vins du Rhin et se vend assez cher, de cinq a six francs la houteille ‘. Outre les grands crus précités, il y 3, en Prusse, des vins tres-estimables. Les procédés dc culture et de vinification appliqués d’une maniere intelligente donnent naissance a des vins ordinaires, qui, parce qu’ils ont unc nuance d’aci- dité et agissent parfois douloureusement sur notre systeme nerveux, n’en sont pas pour cela méprisables. Pen s’en est fallu que l’Allemagne n’égalat la France a l'Expositiun de 1867. Ants-fiche et fittings-ice. L’Autriche est dans de meilleures conditions que I’Aliemagne pour produire (In vin; située entrc 44° 5’ el 51° de latitude nord, et 7 et 2&0 dc longitude orientate, elle a deviné l‘avenirqui ctnit reserve a la culture de la vigne. Ses vignobles s’etcudcnt chaque annéc de plus en plus, et des modifications heureuscs ont été apporlées aux procédés de vinification. L’honneur en revient tout entier aux grands proprietaires foncicrs, qui se sont astreints a instituer cur—memes des experiences pour s’édifier sur la valeur (les méthodes les plus vantées. L’organisation de l’instruction populaire et des sociét‘és agricoles a aussi grandement aide a battre en brcche (le \ieilles traditions profondément incul- quées dans l’esprit des campagnes. Si is progres n'est pas encore complet, c’est que la rél'orme est trop récente. Au roste, tels qu’ils sont actuellement, certains vins de la basse Aulriche ct de la Hongrie sont fort prises {les dégustateurs im- partiaux :on aimera bien certainexncnt en France le Klosternenhurg, le Budai, 1e V‘illanyi, 1e Szamorodnyi, elc., des qu’on aura appris a les connaitre. Quant an Tokay i1 se maintiendra tonjours un dcs plus nobics vins des grands crus. Autre‘che. —- Sur le territoire dc l’Autriche proprcment dite, on cultive la vigne avec succc‘s 2. Les terrains les plus convenahlesa cette planle sont ceux 01‘1 domi- nant lesdébiis volcaniques décmnposés; on m’a affirmé que les sols contenant de l’oxyde do for magnétique produisaient, en general, de tres~bons vins. Les col- lincs et les plus basses ramifications des montugnes du pays 56 pretent merveil- 1 Jullien. ’3 L’Auuiche est comprise entre 42" 7' et 51“ 2' dc latitude nerd, et cone 7" 10 et 24° 1': de longitude est. , t, i V V V—W 7. my . I ,7, 7—.“7 , ,— Wc W...“ ,,_‘., www.mwf. m, "av... WFV»; W «a , mid-WV“ ‘ (“FT u rt .w-a‘us‘g'f‘flc- 7’"- y’V‘W 3" w “t '-' ’55" ‘ i ' ~,~ ~ W" H V ; ‘1 “ 5 {V_ '. ’L f‘ ‘ ‘v " "-a‘ r 2 A "1‘ 2; ¢ ’ " I ,, ‘ , . .,_ , . , , I I ‘ .r’ 4 BOISSONS FEHMEVTEES. 5‘29 leusement a la creation des vignobles. L’art de faire 1e vin est assez avancé, et le paysan y est moins routinier qu’ailleurs ; le sens dn gout est trés-évcillé, enfin les populations jonissent, particuliérement dans la basse Autriche, d’une aisance relative. Les meilleurs vins du Champ-deltas avaient été récoltés dans la basse Autriche, la Slyrie et le Tyrol. On ne retire pas de vins rouges fins dos vignobles de la basse Autriche; c'est que les habitants, accoutumés depuis longtemps aux vins blancs, ne se soucient pas d’en preparer. Les vins blancs sont perfumes, bien fondus et spiritueux; ceux du mont Calemherg, aux environs de Vienne, ont une juste reputation. Notons ici que les vins dc montagnes sont les seuls qui soient estimés en Anti-i- che ; les vins de plaines, étant d’ordinaire faibles en alcool et fabriqués avec des raisins a demi mars, ne se conservent pas. Un des vins les plus remarquables, sinon le plus remarquable de la basse Autriche, est le vin de l’abbaye de Kios- terneuburg; il est tres-stomacliique, a la fois doux et chaud, d’un arome suave, et i1 communique a la bouche un délicieux gofit de noisette. fly 3 en lui du caractere de notre incomparable Sauterne. D’autres vins, tels que le Gumpen- dorf, 1e Gumpoldslgirchen, 1e Nussberg, etc., etc., ont la qualité essentielle d’étre agréables. Le Tyrol a des vins analogues s ceux de l’ltalie; Jullien y remarque du fen, un bon gout et de l’agrément. 0n commence 51 en exporter, mais seulement du blanc, parce que le rouge, tout en ayant de bonnes qualités, ne se garde pas. Les vins blancs les meilleurs se font aux environs de Trente. ”2n ~1 as En Styrie on obtient des vins dont les uns se rapprochent des vins allemands, et les autres des vins de l’ltalie. Plusieurs se partagent la faveur des mnologues : ce sont les Johannisberg, les Schnitzberg, les Luttenberg, etc. Les vins ordinaires ‘ ont de la séve et meme du bouquet. 1' Le marasquin de Dalmatie a jusqu’a present valu plus d’éloges a cette province ‘ que ses vignobles. Elle est pourtant en mesure de produire des vins agréables. Dans la Carinthie et le Carniole on arrive at une production de 900,000 hecto- litres; mais ce n’est que le vin de Carniole qui a de la valeur et s’exporte. "F332? A}! Je ne passe pas en revue toutes les provinces de l’Autriche, celles queje né- glige event one importance tout a fait secondaire. Cependant parmi ces der- nieres quelques-unes se livreront tOt ou tard avec fruit 51 la culture de la vigne, et il ne serait pas étonnant qu’avant peu l’Autriche ne récoltat 40,000,000 d’hec— tolitres. Hongrz‘e. -— La Hongrie est comprise entre 45° 32’ et 49° 37’ de latitude nerd; elle est couverte de niontagnes an nord et a l’est, et en sud-ouest se ramifie aux Alpes Juliennes. De vastes foréts existent dans ce royaume; la temperature est douce au printemps et en été, quoique les hivers soient trés-rigoureux. La vigne est plantée au milieu de belles piaines arrosées de riviéres, ou sur des coteaux peu élevés; l’exposition qui lui est le plus pro-pica est celle de l’ouest, car l’orienta- tion au midi est dangereuse pour ses vents brfilants. Les vins fins sont tous récol- tés sur les coteaux; les vins de plaine se conservent mal et sont bus par les paysans. Les alterations des vins de plaine proviennent de ce que le vigneron ne laisse pas suifisamment mfirir 1e raisin, qu’il abandonne ensuite trop longtemps dans la cuve. Les vins prepares avec des raisins bien mars et vinés avec atten- tion se conserveraient certainement et ne seraient pas aussi indigestes. Mais il n’est guere probable que la Ilongrie se décide prochainement a modifier sa boisson favorite, le paysan trouve le méchant via a son gout et le déclare sérieu- GENiE CIVIL. -— 8c Ann-‘5. -— JUILLET. 31 50 ANNALES DU GENIE CIVIL. sement supéri‘eur a celui des plus grands propriétaires, qui fabriquent tout au- trement leurs vins. La production de la Hongrie s’éleve en moyenne :31 42,000,000 d’hectolitres. Elle exporte seulement environ 700,000 hectolitres, parce que les moyens de transport lui font’défaut. Il n’est pas douteux que, lorsque des canaux et des che- mins de fer auront été construits, l’exportation n’atteigne deux ou trois millions d’hectolitres. Ce qui servirait a l’introduction des vins hongrois sur les marchés du globe, c’est leur ressemblance avec les vins francais en meme temps que leur has prix. Les propriétaires avancés suivent a pen pres, en Hongrie, la méthode fran- caise pour preparer le vin ; un petit nombre séparent les grains de raisins d’avec la rafle an moyen do crible. Dans les expioitations considérables les cuves en bois contiennent de 300 a 400 eimers de 56 litres chacun, et la fermentation dure de quinze a vingt jours au maximum. Chez le paysan le vin cuve de quatre a six semaines; il n’est pas surprenant qu’apres un séjour si prolongé en pre- sence de la grappe, 1e vin du pauvre soit acerbe et ait déja subi les atteintes de la fermentation acétique. Les vins rouges se boivent a l’age d’un an, les vins blancs a l’age de deux, et les vins de Tokay a l’age de six et liuit. Le royaume de Hongrie avait exposé une tres—intéressante collection de vins, et avait eu l’habileté de grouper harmonieusement dos pyramides de bouteilles revétues d’étiquettes variées. On ne pouvait s’empécher d’avoir, au premier abord, une bonne opinion de ces vins enfermés dans des verres de formes gra- cieuses ; le sens du gout confirmait bientbt cette impression bienveillante. Les vins de Bude (Budai), sont les vins rouges les plus estimés de la Hongrie. lls sont d’une couleur vermeille, tres-secs, capileux, d’un gout qui rappelle la rose. Le Budai expose par MM. Jiilics freres, était de qualité supérieure, et moins apre que la plupart des autres vins rouges. Egri était jadis le principal vignoble de Hongrie, Budai l’a supplanté. Nean- moins on remarque dans cet ex-grand cru un arome et une finesse, qui n’appa’r- tiennent pas aux vins de second ordre. Moins d’apreté et d’astringence aurait permis a I’Egri d’etre classé sur la meme ligne que le Budai. On jurerait que l’on boit du Bordeaux quand on déguste du Villanyi. Ce vin est léger, pari‘ume doucement 1a bouche et ne contracte pas les papilles ner- veuses de la gorge. Les campagnes de Villanyi importeront peut—etre leurs Bor- deaux en France, si notre exportation continue a s’accroitre. Pour clore la liste des vins secs rouges de qualité, nous avons 1e Visontai. Plus moelleux que le Budai et I’Egri, il est au-dcssous d’eux comme arome; on est frappé on its dégustant de son imperceptible odeur de pomme de reinette. Les vins blancs secs et doux surpassent intiniment les vins rouges. Le vin hors ligne des llongrois est le vin de liqueur nommé. Tokay. ll est a la fois moel- leux, chaud, et il embaume 1a bonche par son pari'um. Nouvellement fabriqué, il retient un exces de sucre qui le rend pateux, mais pen a pen ce sucre se con- vertit en alcool, et aprés quinze a vingt ans 1e Tokay est devenu limpide et Clair. A ce moment il est a l’apogée de la perfection et mérite sans conteste le surnom de Mézes~Malé (rayon de miel). Voici des détails sur le lien qui s’enorgueillit de le produire et sur le mode de preparation qui y est usité. La Hegyalja de Tokay est comprise dans la partie nerd-est de la Hongrie entre 48° 5' et 48° 7' de latitude septentrionale, et 18° 50' et 19° 22' de longitude orientate; elle occupe 1a ramification la plus méridionale de ces montagnes volcaniques, formées de ryolite et de trachite, qui se détaclient des Carpa- thes. La superficie de la Hegyalja est de 5 milles géographiques carrés, dont un BOISSONS FERMENTEES. '51 cinquiéme est planté de vignes. La limite inférieure de culture sur la mon- tagne de Tokay est de 100 pieds au-dessus du niveau de la mer, et la limite supé- rieure de 1,200 pieds. Au mois de septembre les raisins de Tokay sont mfirs; alors, s’il survient une pluie ou une gelée, les grains éclatent, en sorte qu’au retour du soleil leur eau s’évaporant, iis dimiuuent de volume et passent a l’état de raisins passen‘lle’s. On vendange on a la fin d’octobre, ou en novembre. L’essence de Tokay se fabrique en choisissant les plus beaux grains des grap— pes, et en les jetant dans une cuve, dont 1e fond est percé de trons, pour que le jus exprimé, par le propre poids du raisin, s’écoule dans (les vaisseaux élabiis au- dessous de la cuve. L’essence de Tokay est trés—sirupeuse el ne se change réelle- ment en vin qu’au bout de longues anuées, mais alors c’est une boisson de dieux. -— Le vin de la «:Ote appelée Mézes—Ma/é, sur le territoire de Tarczal, n’entre pas daus le commerce, il est destiné en totalété pour les caves de l’Empereur, et tie quelques magnats qui y possedent des vignes. Le Mézes-Malé est le nec plus ultra du Tokay. L’Ausbruch se prepare en versant du mout do raisins ordinaires sur du jus de raisins secs: les quantités proportionnelles de mofit et de jus varient selon les qualités que l’on veut avoir; c’est pourquoi it y a de l’Ausbruch a '2, a 3, a 4, a 5 ct d 6 liottes. On laisse 1e mout en contact avec le jus de raisins flétris de 12 a 48 heures, suivant la temperature; apres cela on fiitre daus des sacs et on embarille. Le Szamorodnyi est le produit de grappes qu’on n’a pas dépouiliées de leurs grains secs. Le raisin mis en sacs est sucCessiiement foulé et pressé; le mout est eusuite verse sur le gemme et laissé la plus ou moins longtemps, enfin il est repressé. Le Maslas est simplement fabrique’ arec du Vin ordinaire qui séjourne sur la lie de l'Ausbruch et du Szamorodnyi. La toneur en alcool des vins de Tokay osdtle entre 6,85 et 14,75 p. 100. Le vin de Szamorodnyi fait rever a l’ambroisie des poétes paiens. II a un petit gout de sucre brulé et non moins de delicatesse que notre Sauterne. Quand on y a gouté, on ne veut plus hoire d’autre vin. 11 a l’avantage de ne pas porter a la tete et de se digérer tres-vite. Ce Vin n’a pas été médaillé. ” Le Menezy—Azru est un vin de liqueur rouge, qui tient 1e milieu entre le Ma— laga et le Uhypre ; il a un arriere-gofit de vinaigre framboisé, mais manque com- pletement de vivacité. Les vins secs de Kobanyai, de Badacsonyz', de Magyaradi sont aussi éloignés du Tokay que le Bordeaux du Porto. Chez eux point de moelleux, un arome voilé, de la rudesse meme et une absence nianifeste de principe sucré; ce sont des vins excessivement austeres. En Hongrie on leur a voué un culte, et on est unaninle a les proclamer excellents. Les Etats-Unis les patronnent aussi tres- chaudement, mais en France on n’en est pas partisan a cause de leur exagération de sécheresse. Le Nesmelyz‘, et surtout le Sam/gal", conviennent mieux a notre temperament. 11s sont toujours secs, mais plus 10ndus et plus aromatiques; 1e dernier se si- gnale par une odeur fugace d’aubépiue. La Hongrie, on le voit, est une des plus riches contrées viticoles de l’Europe. Je n’ai pas eu 1a prétention de citer tous les vins distingués qu’elie produit,j’en ai omis et des meilieurs. Cependant, ce qaej’ai dit sui’fit pour montrer que ce pays a été dignement représenté a i’Exposition de 1867, et qu’ii a devant lui de magnifiques perspectives de prospe’rité. 1: u: n awag?‘ 32 ANNALES DU GENIE CIVIL. Avant de me séparer de la Hongrie, je dois remercier cordialement MM Jiilics freres, propriétaires et négociants en vins a Pesth, ainsi que leur représentant, de l’obligcance qu’ils ont raise a me fournir toutes sortes de renseignemenls. Gréce. La Grece ‘, qui nous enseigna l'art de cultiver 1a vigne, en meme temps que les principes les plus élevés de la philosophic, n’est pas aussi dégénérée qu’on le pense, en tant que nation viticole. Elle fait, bon an, mal 311,4- 51 5,000,000 d’hec- tolitres de vin. Certes, ceux-ci ne sont pas a l’abri de reproches, un grand nom- bre ressemblent plus a does vins fabriqués qu’a des vins naturels ; la plupart, n’ayant fermenté qu’a demi, se détériorent promptement ou ne gagnent pas en perfection par la vieillesse. Cependant les wins de Grece conservent des carac~ téres originaires de leur excellence d’autrefois. Quiconque les juge sans parti pris y découvre des qualités aimables, et une vivacité qui n'est pas étrangere a cet esprit attique si justement vanté. La Gréce est l’un des pays d’Europe qui oil're le plus de facilités au develop- pement du commerce et de la marine, par les nombreuses découpures de ses Cotes. La terre et le ciel sont en paifait accord pour favoriser toutes les entre- prises de l’homme; les plantes les plus diverses poussent presque d’elles-mémes. La nature volcanique et accidentée du sol en explique la fertilité prodigieuseu Pourquoi les habitants de cette presqu’ile, plulOt que de s’entr’égorger, ne s’unissent-ils pas tous dans on but d’utilité publique et privée? Pourquoi ne con- sacrent-ils pas a la terre leur surabondance d’activité? Les résultats de son exposition n’auront pas, a coup sfir, expité la Grece a pro- mener ses vins par le monde, pour en faire apprécier les vertus. L’emplacement qui lui avait été assigné était mesquin et situé en plein soleil; 1e jury ne s’est arreté devant ses vitrines qu’afin de reprendre haleine. De quaranle exposants grecs, un seul a été recompense. Les expositions ne sont donc pas toujours (les speculations rémunératrices. LaGrece produit des vins secs secondaires, mais il n’en est pas de meme de ses vinsfide liqueur, qui sont moelleux, fins et tres—spiritueux. Pour les faire, on laisse sécher au soleil, pendant huit jours, les raisins coupes au mois d’aout. Aprés nne fermentation incomplete on embarille les vins, qui, malgré une forte addition de résine, se gardent difficilement jusqu‘au printemps. Sur 1e continent, la Morée est le centre de la culture de la vigne, et obtient des vins agréables. Les vins de Palms, de Calawyta, des environs de Pyrgos, d’Argas, de Tripolitza et de Me'sitra s’exporteraient en grands quantilé, si on les rendait durables. On pratique, il est vrai,1e vinage, mais cette operation s’efiectue trop tardivement. Les iles de l’Archipel fabriquent des vins plus solides que le continent. Com— . prise entre 36° et 39° de latitude nord, elles se coniposent des iles Scopolo, ‘ Sciati, Skyro, Santorin, etc. Santorz‘n alimente presque s elle seule 1e commerce d’exporlation. Elle a des vins qui,jeunes, sont trop sucres, nnais qui, en V‘ieillis- sant, acquierent des qualilés réelles. Son vino santo rivaiise exec les meilleurs vins de liqueur, et témoigne de ce que les insulaires pourront, dans l’avenir, tirer de leurs vignoblcs. Les iles loniennes no le cedent en rien aux iles de l‘Archipel; ellcs out un 1 La Grace est située entro 35’20’ ct 39° 20' de latitude nord at 13° 20’ et 23° 48 do ion: gitudc est. 3-: v. ‘ , . T k. , s 77. W , ,.,,, "‘jqr“"W-Ir-~ "VT—T" ng< —--.»--x 13 .33 nmssous FERMENTEES. 55 3 plus grand nombre de variétés de vins parmi lesquels plusieurs especes tres- ii mosques ct riches en arome. Les noms de Cor/cu, de Paxos, d’Ithaque, de Cé- i; phalonie et de Zantc, résonnent i‘réquemment aux oreilles des wnologues. Le vin : de Corfou a un petit gout dc miel, qui plait au palais; i1 révéle, par sa finesse _;;‘f"V et son parfum, qu’il y a en lui de is. race et qu’il serait facile de l’élever au ‘ ‘t ‘ :33 rang de premier cru. J’estime qu’On n’anrait pas de peine a fabriquer de bons ' ‘ , 4‘ 5‘: mousseux a Corfou. Zanle possede des vins moellcux et dont la légereté donne ; ; * une reminiscence des vins de Bordeaux. Les vins d’lthaque et de Céphalonie, . 4‘ an dire de Jullien, sont comparables a nos vins de la cOte du Ethane. {f -‘ Nous souhaitons sincerement qu’a la prochaine Exposition universelle, la Grece venge son échec du Champ-dc-Mars. *’..:-Q.‘ i ’- Bussie. Notre education est si habiiement conduite, en France, qu’on nous enseigne l’histoire légendaire et fantastique de rois et de peoples Vieux de quatre a cinq mille ans, et qu’on nous tient dans l’ignorance des productions agricolcs et in- dustrielles dcs peuples, nos contemporains. Beaucoup d’entre nous ignorant que les provinces méridionales de la Russie cultivent la vigne, I’Exposition aura eu l'avantage de nous apprendre qu’clle y existe. L’empire du czar nous a oti‘crt, en eifet, des specimens de vins de Crimée et du Caucase, mais il a oublié les renseignements statistiques, et a commis la \ faute de coller sur ses bouteilles des étiquettes en langue russe. Le panslavisme *3 voudrait-il, par hasard, faire de nous des adeptes? Ce serait, a coup sflr, beau- : coup d’audace. Les vins de Crimée out de la chaleur et du corps, certaines espéces ressemblent aux vins frangais. Mallieureusement la culture et, plus encore, les procédés de 3. vinification, sont extremement négligés et contribuent a diminuer la qualité du ‘ , ,3 ”i vin. Les vignes de la Crimée, enroulées autour des arhres et portant des raisins ‘~a sucrés et pcurvus dc principes aromatiques, pourraient dunner une boisson ’--' vraiment bonne. V 4 Le soi-disant amour des Cosaques du Don pour la chandelle ne les détourne ' 3 pas de cultiver la Vigne. Leurs vins sont tres-prisés des boyards 5 on en trouie de " diii'érentes sortes. Jullien les qualifle dc vins pleins de fcux. Astrakan l‘éColle du raisin dans des conditions clinmtériques toutes spéciales. '2' Nulle part, (lit M. de Humboldt, je n’ai vu mfirir do plus belles grappes de raisin i qu’a Astrakan, pres des bords de la mer Caspienne, quoique dans cc meme lieu, é et plus an sud, a Kisla, dans la latitude de Bimini et d’Avignon, on voit sou vent 1e ? thermometre centigrade descendre en hiver a 20 et meme 51 30 degrés au-dessous ' } de zéro; aussi est-on forcé a Astrakan, on pendant des étés pIUs ardents qu’en ‘5 Provence et en Lombardie, la force de la vegetation est excitée par l’irrigution ‘ artificielle d’un sol iniprégné de muriate do soude, d’enterrer en hiver les cepszi une grande pi‘ofondcur. (fest cetle meme distribution inégaie (to la ciialeur an~ nuelie entre les ditférentes saisons, qui a rendu jusqu’ici la culture de la vigne, y ou, pour mieux dire, la production d’un Vin potable, si diiiicile aux Etats-Unis 'f d’Amérique, au nord du 40° degré de latitude. Dans le systenze ties climats eu- ropéens, il taut, pour produire du Vin potable, non-seuiement une temperature moyenne de l’année qui s’éleve a 8 on 9 degrés, mais un hiver qui ne suit pas au-dessous de + 1 degré, un été qui atteigne pour le moins 18 degrés 5. 54 ANNALES DU GENIE ClVlL. Turquie . La loi de Mahomet defendant le vin aux sujets du sultan, la vigne aurait pro- bablement disparu de la Turquie, si les chrétiens et les juifs ne s’étaient occu- pés de la cultiver. ll est hon d’ajouter que, quoiqu'ils observent en public les prohibitions du grand Prophete, les riches musulmans ne s’abstiennent pas de violer en secret ses saints commandements. Des voyageurs honnétes assurent meme qu’ils les violent jusqu’au point d’en perdre 1a raison : le vin serait—il done plus puissant que la religion? Je pose 1e probleme aux théologiens. La Turquie n’a pas a envier les autres nations pour le climat et la fertilité du sol, elle serait en état de produire des vins distingnés et de les exporter au loin; si cela n’a pas lieu, la responsabilité en remonte an gouveruement. J'emprunte a M. Collas, qui a publié un savant ouvrage sur la Turquie, les passages ci-apres écrits en 1861 : «La culture de la vigne, déja assez répandue, est en voie de progres sensible. Elle est faite sans soin, nous pourrions ajouter, sans intelligence; on ne tient compte ni de la nature des terrains, ni des qualités des ceps. Les vendanges sont opérées avec la meme incurie. « Les meilleurs vins de la Turquie d’Europe sont ceux de la Macédoine. L‘Asie Mineure, les iles dc i‘l‘lrciiipel, donnent des vins capiteux ou liquoreux pour la plupart, parmi lesquels cclui de L'hypre jouit d’une haute reputation depuis l’antiquité. a Si les agriculteurs soignaieut mieux les vigues, s’ils foulaientles raisins avec precaution et discernement, s’ils surveillaient 1a conservation des recoltes, les vins, dont le gout est généralement niauvais par suite (les procédés employés, seraient agréables. Alors les agriculteurs trouveraient sur les marches d’Europe des prix avantageux. « Les ravages de l’o'idium etles mauvaises récoltes successives, surtouten France, ont donné a la Turquie un nouveau genre de commerce extérieur: celui des vins et des raisins secs, avec lesquels on fabrique une boisson fermentée. L’élé— vation du prix des vins communs lui a permis d’acquérir dc suite une certaiue importance. « Le port de Sniyrne a exporté en l858 26,680 hectolitres de vin. «ll nous a été impossible de couipléter, d‘uue faqon satisi‘aisante, les renseigne- ments particuliers aux autres localltés Viticoles ; ceux qui precedent nloutrent que la culture de la vigne acquiert une extension notable. » Le meme auteur dit plus loin : a Les écrivains qui se sont occupés de la Turquie, principalement depuis dix ans, out tous répété invariablement que l’abanuon de l’agriculture tenait aux quatre causes suivantes : « Le manque de voies de communication; « Le manque de bras ; «Le manque de capital circulatit'; « Le dét‘aut de connaissances praliques. «Ce sont bien plus des efl‘ets que des causes. Cette situation est la consequence naturelle de l’absence de sécurité dans la possession, et des charges que le lisc fait peser sur les produits de la terre. On chercherait vaineuleut ailleurs la source du mat, elle est tout entiere dans l’organisation du mécanisnic gouver- nemental. » Ces appreciations ne sont que l’expression de la vérité. La Turquie s’etface, a tous égards, derant les autres nations. A l’Exposition ses vins n’étaient pas di- BOISSONS Fem-lemmas. 55 gnement représentés. Nous resterons avec la regret de no connaitre qu’impar- faitement les vins d’Albanie, de Samos, de Candie, de Scio, etc., et surtout 1e vin renommé du Liban, dent on vante 1a chaleur et le parfum. La Russie est le pays on les vins sont le plus exportés. J’acheve le chapitre de la Turquie en copiant quelques détails de Jullien sur le vin de Chypre: « Les collines sur lesquelles on a établi les vignobles sont généralement pier- reuses, d’une terre noiratre dans laquelle on reucontre quelques veines couleur de rouille, et, dans certains endroils, des particules brillantes qui sont du talc. Les ceps ont rarement plus d’une coudée (0,46 centimetres) d’élévation. Les Cypriotes pensent que le raisin mfirit mieux incliné vers la terre qu’exposé an soleil, et ils n‘y mettent pas d’échalas. Chaque cep ne donne qu’un petit nombre de grappes, qui ont de longues queues et dont les grains, tres-écartés, out une peau de couleur purpnrine, leur chair participe du vert et du rouge. Ceux de la contrée nommée Commanderie out une peau mince et une chair compacte qui résiste un pen a la dent, tandis que, dans les autres vignobles, ils ont une peau épaisse, et leur chair fond naturellement dans la bouche, sans 1a presser. La vendange des raisins destinés a faire les vins ordinaires commence dans les pre- miers jours d‘aout et dure six semaines ; mais ceux qu’on réserve pour faire les excellents vins de liqueur ne sont récoltés qu’a la fin d’octobre. ()n les dépose snr des terrasses couvertes on les grappes, légérement placées les unes sur les autres, restent dans cette position jusqu’a ce que les grains s’en soient détachés d’eux-mémes par suite de leur excessive maturité. 0n les ramasse alors avec des pelles pour les porter dans le lz'nos (cellier), 01‘1 ils sont écrasés et mis ensuite sur le pressoir. Le mofit, qui en sort, est doux et visqueux, on 1e met aussitOt dans de grands vases de gres, dont la forme est celle d’un cane renversé, et qui contiennent depuis t2 jusqu’a 20 barils de 25 litres; ils sont enl'oncés en terre jusqu’a moitié de leur hauteur. Le vin y subit sa fermentation pendant environ quarante jours; lorsqu’elle est terminée, on ferme les vases avec des couvercles de terre cuite, et l'on conserve 1e vin dans cet état, sans 1e soutirer de dessus sa lie, jusqu’au moment on on 1e met dans des outres pour le transporter dans les villes on You en fait le commerce. «Le vin, d’abord d’une couleur rougefoncée, se clarifie en vieillissant, et dépose une lie grasse et visqueuse que les Cypriotes nomment manna et qui, loin de le détériorer quand on l’y laisse séjourner, contribue a sa perfection. [I n’est point altéré par le contact de l’air, et l’on est dans l’usage de ne pas remplir tout a fait les tonneaux; on pourrait meme, sans inconvenient, les laisser a moitié vides pendant fort longtemps. Ce vin ne dépose point de tartre contre les parois des tonneaux, la lie qu’il forme a une couleur janne-brun; en séchant elle ac- quiert 1a consistence d’une pate qui a la couleur du tabac d’Espagne. )1 Le plus célébre d’entre les vins de Chypre est celui du canton de la Comman- den‘e, qui appartenait autrefois aux Templiers et aux Chevaliers de Malte. Vieux, ils sont doux, sans etre pateux, ont beauconp de spiritueux et un parl‘um des plus agréables. L’achat s’en fait an temps de la récolte sous la clause obligatoire, pour le vendeur, de les garder, soigner et entretenir pendant un an. Si an bout de ce temps ils n’ont pas la qualité qu’ils doivent avoir, ils restent pour son compte. Le vin de Chypre se conserve bien partout, mais 1e froid lui fait perdre de sa délicatesse et de son parfum; il est hon de le tenir dans un endroit chaud. Quand il est trés-vieux, il leisse attachées au verre des parties huileuses. « * if“? a 3A.; A2: 56 ANNALES DU GENIE CIVIL. ASIE Perse. — La Perse, médiocrement représentée au Champ-de-Mars 1 par un petit nombre d’objets curieux, n’a pas cru devoir y envoyer des échantillons de vins. 11 est facheux que son gouvernement, qui depuis peu manifestait la volonté de nouer des relations commerciales avec les peuples occidentaux, n’ait pas profité de l’Exposition pour secouer son apatliie séculaire et montrer ce dont le pays est capable. Ce retour au progrés aurait autrement servi les intéréts de la Perse que les promenades de ses anibassadeurs. Le vin de Schiraz, que les voyageurs exaltent tons a l’envi, n’aurait—il pas con— venablement figure aupres de nos vins ? N’y avait-il pas aussi, dans la liaute Ar- me’m‘e et dans l’Iralc-Adgény, sur le territoire de Kurbz'n, (les vins qu’il nous aurait importé de connaitre ? La Perse est la nation asiatique qui cultive le plus la vigne, elle a deslmodes de culture et des procédés de vinification particuliers; elle a des vins d’une nature spéciale, elle les garde dans des recipients differ-ants des nOtres, a tous égards son exposition aurait séduit les oenophiles. ll est donc infininient regrettable qu’elle se soit abstenue d’exliiber ses produits. Chine. - La partie on est de l’Asie est la seule de ce continent 011 la vigne soit cultivée en vue d’en tirer du vin. Dans le centre les vignobles ne sont pas rares, mais on ne s’attache pas 2‘1 faire fermenter lejus de raisin. Cependant la Chine, ce vaste empire de 650,000 lieues carrées, et qui possede, dans une grande étendue de son territoire, des terrains et une temperature favorables a cette plante, semble revenir 2‘1 l’usage du vin. « La vigne y a été cultivée longtemps avant l’ere chretienne, dans les provinces de Chan-Si, de Pé—Tche—Ly, de Chan-Tong, de No—Hang, et de Hou—Quang. On y récoltait une grande quantité de Vin, qui vieillissait dans des urnes ent'ouies dans le sable. Les poétes chinois out céléhré les merveilles de cette divine liqueur dans des chants dignes de Béranger, d’llo- race et d’Anacréon. Sous toutes les dynasties, depuis Yven jusqu'zl Ilia/2., les do— cuments historiques les plus authentiques ténioignent que le peuple et les man- darins en faisaient grand 035. Les provinces otfraient le Vin d’lionneur aux gouverneurs, aux vice-rois et meme a l’empei'eur. . . Au quatorzienie siecle les philosophes persuaderent malencontreusement au tils du Celeste empire d’ar— racher 1a vigne pour la remplacer par le ble; il ne parait pas que cet édit ait sensibleinent soulagé la misere publique. Aussi en ”:57 l’empereur Kim-Long s’eiforga-t-il de multiplier de nouveau la vio‘ne, en introduisunt en Chine ties cépages de divers pays. En ce moment les provinces de Ho—Nwzg, Chan-Tong et Chan-Si, produisent du Vin, mais il est impossible d’en tixcr la quantité et la qualité. n Japan. -— Au Japon la vigne croit a l’état sauvage, et elle y est meme trés-cul— tivée pour son fruit, dont les Japonais sont i'riands. ll est probable qu‘on y fa- briquer’ait de buns vins, si l’iiabitude de cette boisson entrant dans les niueurs. Ce pays, qui, par son cliniat et la disposition do ses iles, oil're de la I‘eSa‘elllbliillCC avec la Grece, est adniirablement partagé sous le rapport de la fertilite du sol. AFRIQUE L’Afrique, dans l’antiquité, était an nonibre des contrées qui alirnentaient les tables (les plus riches personnages. Ses vins d’Alexandrie étaient renoninies pour 1 Voir l’article intitulé la Perse par M. Michel Rous, ex-directeur general des arsenaux de Perse, daus les Etudes sur [’Expasz'tzon, tome 1V, page 303. . . ~ t. v.7 \,. gr; n,» 'Myv‘v:‘_""""“ wwwz" , , up Acmyva scissoxs' FERMENTEES. 57 leur légereté et leur délicatesse : le vin dit taem'otz'que, le vin du lac Maréotis (Birka-Marimit), se distinguaient entre les meilleurs. ll n’en est plus de meme 2; present. Si l’on cultive la vigne en Egypte, dans le Maroc et meme en Abyssinie, c’est uniquement pour en manger le raisin ou le sécher au soleil. La production du vin est localisée, a l’extreme nord de l’Al'rique, en Algérie, a l'extréme sud, au cap dc Bonne-Espérance. Eu traitant des colonies anglaises, nous étudierons les vins du Cap. L’exposition des vins de l’Algérie avait les apparences d’unc exposition con- sciencieusement organisée ; je dis les apparences. parce que, n’ayant [in me pro— curer sur elle que quelques vagues renseignements, il ne m’a pas e'té permis de juger avec connaissance de cause. Les vins de notre colonie sont loin d’etre désagréables, quelques-uns auraient meme un parfum qui leur présage un bril— lant avenir; mais la plupart sont lourds et tiennent dcs qualités et des défauts des vins (in midi de la France. La culture de la vigne est assez soignée, ainsi que l’art de faire 1e vin. Les récoltes sont aboudantcs et rémunératriccs, et si 1e re- gime militaire de l’Algérie ne voulait pas sulistituer sa volonté colonisatrice a celle des véritables colons, on serait en droit d’altendre de beaux profits de la Vigne. AMERIQUE MERIDIONALE liialgré les clialeurs excessives qui bien souvent désolent les campagnes, la culture de la vigne est possible 1e long de la chaine des Andes et (les Cordill‘eres. Pendant que le pied des montagncs est bri‘ilé par un soleil ardent, leurs sommets sont converts de neiges éternelles, et entre ces deux extremes se tronvent, aux diii‘érentes altitudes, toutes les temperatures clu globe. C’est dans cette situation que sont placées la Colomhie, le Pérou et le (3 iili, qui produisent It peine assez de vin pour la consommation locale. Les viguoblcs cultivés sur les rampns des Andes et des Cordilléres sont, relativement aux latitudes occupées par les zones viticoles septentrionale et anstrale, de véritablcs exceptions. Encore la ville de Mendoza, située sur le versant oriental des Cordilleres, et qui envoie s travers 30:) lienes de pampas d’éuormes quantités de vins a Buénos-Ayres, est-cite située sous le 33‘3 degré de latitude sud. Le Brt‘sil lui-meme n’est pas impropre a la culture (la la vigne, ct peut-étre y ferait-on de lions vins, si le gout des habitants ne s’était émoussé an contact (le boissons artificielles ohtenues avec le manioc, l’ananas, le cacao, l’anis, etc. Dans cet empire on cueille 1e raisin trois fois par an, en mars, en mai et en septembre. L’Amérique méridionale était représentée au Champ-de-Mars par la Confedera- tion Argentine, le Pérou et le Chili. Les vins exposes par les (leur dernieres ré- publiques n’étaicnt pas assez nomhreux eu égard a l’importance de leurs vigno- bles. Quelques-uns étaient pourtant dignes d’intéret, quoique d'un tout autre genre que les vins d’Europe. Leur qualité donnait a présumer que, parmi les especes qui ne sont pas entrees en France, il en est évidemment d’agréables et de spiritueux. Quels qu’aient été les progres de la viticulture clans la Confederation Argentine, an Pérou et au Chili, les vins frangais ne sont pas encore détrOnés et; ne le seront probablement jamais. AMERIQUE SEPTENTRIONALE Eitats-Hjnis. La vigne n’étant cultirée que dans la valléc del’Ohio et la Californie, les Etats- Unis produisent peu do vins. Cependant co vaste continent, entre le 3Oe et le 38 ANNALES DU GENIE CIVIL. 40° degré de latitude nord, est couvert de vignes sauvages, mais 1e fruit qn’elles portent a la peau dure et épaisse, les pepins sont trés-gros, et il a un gout assez prononcé de musc ; il t'ournit une mauvaise boisson. Par exception, dans la vallée de l’Ohio, on fait fermenter 1e raisin du pays et on en tire, dit-on, une boisson presque égale au vin du Rhin. Il ya évidemment la de l’exagération ; les Yankees jugent leurs vins avec un sentiment patriotique outré, et ce qui, venant de chez eux est réputé excellent, ne serait plus que mediocre s’il venait de l’e’tranger. Quoi qu’il en soit, les Américains montrent un zele extraordinaire pour la cul- ture de la vigne, et il est possible que les provinces du sud de l’Union soient promptement classées parmi les plus riches contrécs viticoles du nouveau con- tinent. ' A l’Exposition, les vins de Californie, qui sont sans contredit les meilleurs des Etats-Unis, n’ont point trop soufi‘ert de la comparaison avec leurs glorieux rivaux. Ils sont certainement encore tres-loin d’etre des vins de prix, mais on remarque en enx de la finesse et du bouquet. D’ailleurs la culture rationnelle de la vigne dans la Californie est de date si récente, que le progres réalisé est tout a fail. sa- tisfaisant. Le bon vin de Californie est fait avec des plants empruntés s l’Espagne, a la France, a la Hongrie et a l’Allemagne; le vin fait avec les cépages primilifs du pays est inférieur an vin produit par les especes étrangeres. Les comtés de Los Angeles et de Sonora sont les centres les plus importants de production. La ré- colle du vin s’élevait en 1864 a 56,700 hectolitres, et plus du tiers était (lirigé vers les Etats de l’Est, on ils lnttaient avantagensement contre les vins d'Europe, par suite des droits exorbitanls dont cenx-ci étaient l'rappés. Le vin de Californie est sec, suffisamment alcoolique et d’un gout qui 1e rapproche du Madere et du Xéres. Les vins mousseux, quoique soigneusement fabriqués, n’ont pas un aronie assez marque. 0n vantc, dans les Etats-Unis, une boisson dont la fabrication est le privilege cxclusil’ de Cincinnati. C’est le vin dit de Catavvba, du nom du raisin dont il est extrait, fruit d’uu jus pen savoureux eta pelure acre, dure et épaisse, arrivant rarement a une complete maturité. La vigne qui 1e donne, originaire de la Virginie, est cultirée dans l’Ohio, mais snr une petite échelle, comparativement a la masse (les produits qui sont jelés, sous la meme dénomination, sur les marchés de l’Union. Ce vin légcrement coloré, peu capiteux, lorsqu’il est pur, ne posséde presque pas de saveur et n’a aucun bouquet. [1 n’y a pas un seul des bons crus de France qui ne lui soit infiniment preferable. Le plus souvcnt on le coupe, dit-on, avec des vins de France on dn Bhin, et i1 devient ainsi plus on moins potable, selon in proportion du mélange. En tout cas il est trés—probablc qu’on y mclc du wiskey, ingredient qui, dans ce pays, se combine a pen pres avec toutcs les autres substances dont se composent les liquides servant de boisson. Au demeuraut, avec le raisin de Catawba, dont la production revient a quatre ou cinq dollars par gallon, soit a environ quatre francs 1e litre, on obtient par divers amalgames, dont les fabricants ont 1e secret, dcs vins roses, dos vins mous- seux, des vins paille, etc., etc., qui conserveut le nom générique de Catawba, auquel on ajoute ordinairement un adjectif de fantaisie 1. Les Etats-Unis, sous prétexte d’éteindre leur dctte publique, grcvcnt tons les vins d’ls‘urope de droits cnormes. N’est—il pas curieux de voir 1e peuple qui fait le plus parade de son amour de la liberté otfrir un exemple du pi'olcctionisnze commercial le plus absolu t 1 Annales du commerce extéricnr. BOISSONS FEBMENTEES. 59 Colonies anglailes Les Angtais, partout 01‘1 ils s’établissent, transportent avec eux les idées de pro- gr‘es, et n’ont pas de reposqu‘ils n’aient organisé leur patrie d’ad option sur le méme pied que la mere patrie en profitant des ressources naturelles du climat et de la terre pour cultiver des plantes qui ne peuvent etre cultivées dans la Grande- Bretagne a cause de son climat froid et humide. C’est grace a leur initiative que les colonies de Victoria et de l’Australie du Sud out acquis, dans un quart de sie- cle, une extension inouie. Sur ce sol fertile on me nourrit pas seulement de grands troupeaux de betes 5 comes et de moutons, on cultive encore la. vigne avec un succes qui grandit de jour en jour. Cap de Bonne—Espérance. — Néanmoins le joyau des vignobles anglais est le cap de Bonne-Espérance. La vigne du Cap, originaire de France, y fut implantée en 1652 parle gouverneur hollandais Van Risbcck. En 1685, l’arrivée des protes- tants frangais, expulsés par la revocation de l’édit de Nantes, douna une grande impulsion a la culture, et presque tous les vignobles actuellement existants dans la colonie datent de cette époque. Lors du blocus continental, l’Angleterre, qui avait succédé a la Hollande dans la possession du Cap, s’appliqua, dams l’intérét de sa consommation propre, a y encourager la production. Une proclamation adressée dans ce but aux colons par le gouverneur Grader}; eut pour ell‘et de doubler, dans I’espace de trois ans, les quantités exportées; en meme temps un acte du Parlemeut réduisait des deux tiers environ les droits d’entrée sur ces vins en Angleterre. A partir de ce moment la production se développa rapidement, mais la qualité ne s’améliora pas. La période la plus florissante du commerce an Cap a été comprise entre les années 1811 et 1834. Si les procédés de culture et de vinification avaient été per- fectionnés, la production et l’exportation se seraient toujours augmentées, mais comme il u’en a pas été ainsi, le mouvement ascensionnel s’est arrété. Les vins de Bordeaux ont remplacé en Angleterre les vins du Cap. La fabrication des vins, qui s’éleve a peu pres a 16,000 hectolitres, s‘opere d’une fagon toute primitive ; l’emploi (les pressoirs aurait besoin de se généra- liser, et le triage des grappes d’apres leur aspect, leur qualité, leur degré de maturitt‘, gagnerait a C-tre. attentivement surveillé. Le mélange des vins avec des eaux-de-vie de choix est indispensable : les vins du Cap ont beaucoup perdu de leur supériorité, parce qu’on les 3. vinés avec des eaux-de-vie de la colonie. On distingue treize esperes dilférentes de vins du Cap, le Madére du Cap, 1e Sherry du Cap, le Hanepoot, 1e Constance, 1e Muscadel, etc. On prétend que certains crus nommés le Bosnmn’s le‘ne, 1e Prince‘s Wine, 1e Hoe/t de Constance et quel- ques autres, ne seraient pas a de’daigner par les meilleures caves du continent, si on les soignait convenablement. L’exposition des vins du Cap n‘a ni augmenté ni diminué leur vieille repu- tation. Australie. — Tant que l’exploitation des gites auriferes a sum aux exigenccs de la population, l'agriculture a été délaissée en Australie. Mais, (les qu’on a eu compris que la culture du sol était une source de richesses plus précieuse que la recherche incertaine de l'or, on s’est applique 2‘1 défricller de vastes surfaces de terre et a y acdimater les plantes d’Europe. La vigne fut introduite dans cette colonie en 1814 par M. Gregory; jus- qu’en 1850 elle ne s’étendit pas, mais alors elle prit une importance excep- tionnelle, parce que les colons acheterent (les cépages des principaux vignobles 1,0 , ANNALES DU Grime CIVIL. ‘ du monde. Parmi les plents essayés,_ceux de Xéres et du Cap comiennent mieux que ceux du Rhin, qui 6m été trop répandus. (lependant les essais ont été heu- reux, et l’Australie du Sud est appelée 51 devenir un des pourvoyeurs les plus sérieux de la Grande-Bretagne. Cette prevince est couverte d’environ 4,800 acres de vignes, d’un rendement en vins de 483,000 gallons 1. Les vins soigneusement préparés et d‘un age raison- nable ressemblent aux Bourgogne, aux Sauterne et aux vins du Rhin. On fabri- que encore quelques vins mousseux qui ont tendance «’1 étre agréablcs. Le peuple de la colonie se refuse, dit-on, a admettre comme onvriers les Chinois et les In- diens ; et comment sans leurs secours cultivera-t—il ses vignes? Les bras manquent en Australie,1a cherté de la main-d'oeuvre est excessive, et si cet état de choscs se maintient, les vignobles seront abandonnés ou du moins ne prendront plus d’accroissemeut. Malta. —— Malte est une ile dans laquelle on récolte assez de vins, mais ils n’out pas de notoriété. Les pays qui ne font pas de vins consomment de la biere, ducidre et des vins artificiels fabriqués avec tous les fruits sucrés. Dans le nord de l’Europe et de l’Amérique, l’eau-de-vie est fort en usage. Au midi de I‘Amérique, de l’Afrique etde l’Asie, elle est remplacée par des boissons toniques, dont plusleurs ont des liens de parenté avec le vin dc raisin, les vins de palmier et d’ananas entre autres. Les populations qui ne boivent que de l’eau pure sont moins nom‘oreuscs qu’on ne 1e croit. Les méthodes proposées en vue d’améliorer les mauvais moms et les mauvais vins doivent maintenant étre effleurées par nous. On améliore les mouts peu sucrés en y ajoutant du glucose ou du sucre de canne. Cette pratique conseillée par Chaptal, et appliquée particulierement en Bourgogne, permet de conserver des vins qui, sans elle, auraient une existence épbémere. Exaltce par les uns, repoussée par les autres, elle n’a point subi de- puis douze ans de modifications dignes d’étre notées. Le vinage, nu contraire, a été étudié tres-consciencieusement, dans le Nerd par MM. Thénard et Vergnette-Lamotte, dans le Midi par MM. Mares et anulis- Allut. Cette operation, qui consiste ‘21 augmenter artificiellement la proportion d’alcool que contienl nuturellement le vin, a enrichi un grand nombre de Viti— culteurs. Le detail des precautions a suivre pour l’etl’ecluer serait déplacé ici; plusieurs onvrages d'oenologie pure la décrivent avec une competence que nous n’avons pas. lls sont connus de tous les vignerons, et au-dessus de toute recom- mendation. L'abolition en France du vinage franc de droits a entrainé de graves réclamations; puissent-elles étre entendues! La congélatz‘on est employee dans la Bourgogne, quand les hivers s n: r oz;— reux. Elle éleve le titre alcoolique (lu Vin en éliminant a l’état de _-.. ce u ‘Ie partie (IS 5011 eau. L51 encore nous n’avons rien de parliculier a signrl r. Quant 51 l’amélieratiorx du Vin par le clum/fizge, (-e n’est pas un procéué mu— veau. Les anciens exposaient dans cc but lcurs amphores an soleil. Au com- mencement du sieclc, Gcrrais a construit un appareil destiné a chauller 1e Vin. L’inventeur a été abreuvé de dégofits, et cependant son appareil était bon, puis- qu’un propriétaire du département de l’llérault :1, st je ne me trompe, amassé une belle fortune en y chaull‘ant scs vins. M. Pasteur n‘est done pas un novateur, ‘ Un gallon anglais =4m5't3. " «neissoivs FEBMENTEES. - ‘1 _ '4: M de plus, comme l’observe judidieusenient M. Vexffielle-Lamotte, le (thank fage des vins a 70 degre's en denature l’arome ef la saveur. Les alterations des ’vins ont été l’objet de rechercheskmarquables. MM. Ver- guette-Lamolte, Berlhelot et Pasteur peuvent en revendiquer l’honneur; mais , ces savants ne scnl pas encore parfaitement d’accord sur‘les moyens de remédier aces alterations. La découverle des fraudes et des falsifications des vim,‘qui, ' dans les villes, compromettent la santé du consommateur, no soul pas non plus en grand progres ‘. Les chimistes auraient bien besoiu de se consacrer a la ré~ pression de ces abus. Je ne dis rien des coupages, qui, a coté d’avanlages conteslables, on! taut d’in- convénienls; Jamais on no les empécliera. Nous voila parvenu au lerme de ce travail. ll ne reste plus qu’a embrasser brievement par un coup d’oeil d’ensemble les résultats de l’ls‘xposition de 1867. L'Exposilion du Champ-de-Mars aura rendu de vrais services, mais en servant plulfil les intéréts des négociauts en vins que ceux des propi-ielaires. [.e jury a (rep souvent oonfondu dans ses récompenses les uns aver. les autres. Je ne nie pas le mérite des negociants qui soignent des vins avec intelligence, seulement il ne me semble pas comparable a celui des propriélaires qui le preduisent. linlre les premiers et les seconds H y a la meme distinction a faire qu'euire les constructeurs et les invenleurs de machines. Ensuite pourquoi n’a-t—on pas recompense les vins a lion marché aussi magni- fiquement que les vins de luxe? Ceux-ci n’intéressenl~ils pas une masse d’indi- ‘idUS plus considerable que ceux-la? Un jour vieudra peul-élre on le commeree d’exportalion des vins grossiers ne 1e eédera en rien {i celui des vins de luxe, el ce ne sera pas un des moindres bienfails de la civilisation. L’exposition des vins a élé critiquée et louée sans mesure. Assure'menl elle n’était pas a l’épreuve du blfime, mais elle auxa eu deux résullals qu’il est im- possible de méconuaitre. Hie aura mis en vive lumiére des pays tout nouveaux dans la‘culture de la \igne, elle aura démontré que des regimes douaniers pro- hibitifs ne sont compsilibles ni avec nos moeurs ni avee la liberlét Elle em élé sans rivale, si un comb-res universel de vignerons y efit librement disculé 105 questions COIUIUCI‘Clalt‘S e1 économiques qui concernent la vigne et le vin. ______.__‘-___ k x :9 1 Nous indiquerous cependant comme pouvant etre consulté avec fruit le Guide pratl'que pour reconmrilre e/ corm’gcr [es fruudes ct maladies du vi/z, suivi d’un trifle d’unalyse chimique de tous les vins par M. Jacques Brun, vicnjbprésident de la société suisse des pharmaciens. Ccc ouvragc a été publié dans la Biblz'otlzéque des pro/essz'om irzdustz'z'clfes et agricoles. Im— ,Mv.~. ...<...-._____~__.-— Inmrimeric (It Librairit- (lo 12. LACRUIX‘ rue des Suhits-I’fires, 5h, :1 Paris. Melon Oomptotr ’ ‘ Andean. Mallo- st IMPRIMEUBS—UNIS. PA BIS L. MW!!!“ (Autumn). Librairie Scientifique-lmluslrielle el Agricola dc LACBOIX LA SCIENCE DES FONTAINES OU MOYEN SUR ET FACILE DE CHEER PARTOUT DES SOURCES D’EAU POTABLE PAR M. J. DUMAS lemme du Corps enseignaut, auteur d’un ouvrage sur les inondations. commas par I'Académie des Sciences de Bordeaux. neuxléme edition, revue e3 con-lgée 1 fort vol. in-8° avec 12 planches gravées sur acier. Prix : 10 fr. Par la poste : 11 fr. “w— Cet ouvrage est d’utilité générale 2 son utilité est incontestable, car les applications du systeme dc fontaines qu’il renferme doivent donner de l'cau potable; son utilité est générale, cart les applications du sys- .eme ne sont pas restreintes £1 quelques localités particuliéres, mais elles peuvent s’étendre dans tout le monde entier et en particulier dans les localilés oil il pleut dc temps en temps. Dans les localite’s en petite ou dominées par des collines on (105 montagnes, on aura des fontaines jaillissantes et a jet permanent; dans les pays plats, des fontaines per- manentes dont la fidélité no se démentira jamais. ll faut économique- ment ct sfirement employer on France les 9,000 cours d’eau qui s’y trouvent et conduire de l’eau dans les villes et villages qui on sent pri- vés; c'est‘créor de vérilables fontaines naturelles perinancnles. Tel est le but de cet ouvrage que nous soumetlons aux hommes éclairés, Nolr’e systéme dilléro du drainage, notre procédé n’a été indiqué nulle part. Enfin la lecture des principaux chapilres de la table dos matiéres démontrera que notre but est d’c’claircr toutes les intelligouces sur le fail. capital dos fontaincs naturelles. EXTRAIT DE LA TABLE DES MATIERES. We“ Dela vapour d’eau. -- Globe terrestre. —— De l’atmOSphére. Hygromélrie e3 météorologie.—Qualité des eaux. Eaux artificielles, naturelles ; fontaines natu— relles. — Eau potable, choix des eaux potables. -— Eau de pluie, —- do ravin, —de source, — de riviere, — de lac, — de puits, ——- de citerne, —- d’étang, — do marais. -— Classification des eaux. —-Des fontaines: sources, — fontaines, —— fonlaines froides, — chaudes,-—constantes, -— inconstantes, -— intermittentes, ——pétrifiantes, a flux at reflux.—Volume des fontaines.-—Reclierclies dos cours souterrains dans les difi‘érents terrains. — Des puits artésiens. — Baguette divi- natoire. — Opinions anciennes et nouvelles sur les fontaines. -— Creation do fonlaines naturelles, —- systeme general de fontaines naturelles, — application. —- Théorémes sur le systéme. — Description des travaux. —Objections contra lo systems général des fontaines naturelles. — Consequence et conclusion. PARIS " ' Ir ‘ " LIBRAIRIE‘SCIENTIFIQUE, INDUSTRIELLE ET AGRICULE' . m: E. LACROIX DICTIONNAIRE ENCYCLOPEDIQUE USUEL 00 RESUMS Ill?- TOUS th DICTIOKNAIHES IIIS'I‘OIIIQIIES, BIOGRAPHIQI‘ES, GEOGRAI'HIQL’IS, MYTHOLOGIQUES, SCIENTIFIQCEI ARTISTIQUES, TECHNOLOBIQIIES , ETC. DE TOUTES LES CONNAISSANCES HUMAI‘NES La matiere do 50 volumes in-S ordinaiws présemant la délinition exacte et pre’cise de 40,000 mots [Willi 5017! LA DIRECTION De CHARLES SAINT-LAURENT QUATRIEME EDITION fin trés-fort volume in-s, en den: tomes, imprimé é trots colonneo. PRIX : 25 FRANCS W»— Ce Dictionnaire, rédigé par les savants les plus disiingués dans les diverses branches des lettres et des sciences, est le plus complet des dictionnaires encyclopediques, en ce qu‘il embrasse toutes les connaissances liumaines et qu’il reunit. tous les dic- tionnaires spéciaux EN UN SEUL. Le succes qu‘il a ohtenu est la meilleui‘e preuve de son utilite; 'l‘hommage le plus complet rendu 1‘: son lmbile directeur. En en donnant aujourd’hui la QUATRIEME EDITION, malgré la publication recente de dictionnaires plus considerables, mais n’embrassant qu’une partie des connaissances que celui—li‘i ren- l'erme, nous avons la croyance de repondi'e mieux au but que se propose la généralit’e du public dans la recherche de ce genre de livres. En ei'l'et, les auteur-s du Dictimmaire eficyclope’diquc usual n‘om pns eu la pretention d‘y donner un traité special sur cllaque a mot. Rien n’est plus propi'e a remplir l’esprit d’idées fausses que ces demi—ti'aités qui composent la plupart des encyclopedies. Pour bien savoiv, il faut savoir a fond on no savoir qu'en gros Tout terme moyen est inadmissible. Ce qu’on demande a un dictionnaire, c‘est une definition Claire, courte, facilement saisissahle, qui determine en un moment le sens d’un mot qu’on rencontre pour la premiere fois ou dont on a oublie la signification; c’est une notion succincte et exacte sur le fait ou sur le personnage historique rencontre, sur l’objet seient‘ifique cherche. Douze ou quinze lignes suffisent en general pour presenter eette idée nette et rapide. Tout dictionnaire qui pretend donner plus d’etendue a ehaque article, ou qui prend' plus de quelques moments pour repondre a la question qui lui est faite, ne remplit pas sa destination et manque d’utilite pratique. Tels sont les principes sur lesquels est fonde 1e Dictionnaire encyclopédique de M. Ch. Saint—Laurent. ll I'enferme environ 40,000 articles, et contient la valeur de cinquante volumes in—S ordinaires; chacun de ces quarante mille mots occupe donc en moyenne l’espace d’une deini—page in~8 ordinaire, et cet espacc est suffisant. Ce dictionnaire est pour les gens instruits une momoire sup— plémentaire qui leur rappelle au hesoin ce qui s’etait effaee de leur souvenir. 11 est pour ceux qui n’ont pas pu se livrer a (les études generales une memoire toute faite qui leui' presente, aussi promptement que la memoii'e elle—meme, l’idee que doit réveiller le nom d’un personnage historique, un terme du langage scien- tifique, etc. 11 est pour tous un Vadc—mvcumportatif, d‘un format commode. facile a consultei' a toute heure, en tout lieu, sur tout sujet, et rcpondant a toutes les questions avec assez de details pour satisfaii‘e la cui‘iosite et DOUI'l‘ll‘ l’intelligence. Cet ouvrage sera mpe’die’ franco contre la rc’ception .d’un mandat sur la paste adresse’ d M. E. LACROIX, e’diteur, 45, quai Malaquaz's. AVIS M. Lacroix a tonjours , outre les livres de son fonds, un assortiment aussl complet que possible dc toutes les publications qui intéressent MM. les chefs d’usines inilustrielles et (l’exploitations agi‘iooles, MM. les lngénieurs et Archi- teetes, MM. les Eliwes (les Ecoles professionnelles. ll envoie son Catalogue complet contre la reception de 1 f1‘.entimbres-poste. ll cvpédie, suit en France, suit £1 l’Etranger, toutes les demumles ill'CUIHpil- gnées d’un mundut sur la poslc ou d’un diet :‘1 vue sur Paris. li:‘j"7':1<":ie vi lfiltuxh'lc U.“ ii. ltxvrmx. me 11‘.“ ~41li12:»»l““i“ ‘ .".. ‘1 Paris. Librairie Scientifique. lndustrielle et‘Agricole E. LACROIX, EDITEUR LIBRAIRE DE LA soc1firh’: DES INGfiNmuns CIVILS at: TRAITE PRATIQUE DE BOULANGEBIE PAR A. BOLAND Ancien éléve de l’école dcs Beaux-Arts Ancien boulanger 51 Paris , e! membre de la Sociélé d’encouragement invenleur de l’alcurométre e! d'un pétrin mécanique Ouvrage dédié A la Boulangerie de Paris 1 vol. in-8. Prix : 5 francs. Le pain est un aliment trop utilc ctl’usage en est trop géném— lemont répandu pour que tout ce qui contribuc a sa perfection, .curtout alimentaire, ne soit pas apprécié avec Ie plus grand inlérér. Les puissances 105 plus élevées dc l’intelligence, les philoso- phes,1es savanls, les économistes et les législateurs, ontreconnu que l’agriculture était non seulement la source la plus féconde des riohesses d’une nation, mais encore que c’était une science dans touto l’acception du mot. L’agronomie, la meunerie et la boulangerie se lient par dos Sanctions difl'érentes {1 l’agriculture; mais la houlangcrie pent étre (-nnsidérée comme 1e résumé, 1e complémeut et 19 terme aux-'}uels ahoutissent les deux autres. rnAvmmm , 9m) , wt“... m... 1;“. L'ou‘vrage qnfimous publions est le traité le plus complet que You all éorit jusqu’z't cé. joursurl’art do la houlam gorie. M. Roland. son anteig, était seul capable do nous donner un traité qui ren- t'erme dos considérations aussi élevées sur le principal objet do l’alimnntation. LE TRAITE EST DlVlSE EN SEPT CHAPITRES DON‘T WIS! LES TITRES : CHAPITRE I Du Pain. —— Origine du blé. — Origine des moulins. — Origine du pain. CHAPITRE II p Approvisionnementst —— Greniers publicsf CHAPITRE III Conservation des farines. — Approvisionnement en farine. CHAPITRE IV Du Blé. — Composition matérielle du blé. CHAPITRE V Farines. — Falsification des farines. - Falsification du pain. CHAPITRE VI Considérations générales sur la fermentation. CHAPITRE VII Du Pétrissage. Cel ouvrage scra cxpédié franco contre la réception d’un mandat de 5 frames ndr essé a l'éditcur, M. Eugene Lacroix. l5, quai Malaquais, 31. Paris. AVIS M. E. Lacroix a toujours, outre les livres de son fonds, un assortement aussi .somplet que possible do toutes les publications qui intéressent MM. les Ingénieurs st Architectes, MM. les Chefs d’usines industrielles ct. d'exploitations agricoles, 51M. les El‘eves des Ecoles polytechnique et professionnelles. ll envoie son Catalogue complet contre la réception de 1 fr. en timbres—postes. ll expédic, soit en France , soit a l’étranger, toutes les demandes accompa- gnées d’un nmndat sur la poste ou d’un effet a vue sur Paris. ll publie tous les trois mois la Bibliograp hie de tous les ouvrages de sciences industrielles et d'agriculture imprimés pendant le trimestre écoulé, en France, et en Belgique. -- Prix du numéro, 25 c. lmprimorio vt l‘ibrnin‘v do l'I. llAcnmx. 1‘11(‘ (105 Suints—l’fires, 5’4. 3'. l‘iris. _ PARIS , Imprimerie‘polytechnique SPECIALE {Soul les travaux des ingénieurs Eugéne LACRGIX lmprimoIr-Editeur 54, me des Saints—Péres, 54. A" 1 66 E731 MAMw-umu L.” , .u x LE VIN DANS LA SOLOGNE CONSIDERE COMME PROPHYLAGTIQUE PUISSAM’ DES FIEVRES TELLURIQUES LETTRES MEDICALES PAR Le Docteur Edouard BURDEL (de Vierzon) MEMBBE CORRESPONDANT DE L’ACADEMIE DE MEDECINE cnavnmn DE LA LEGION D’HoxNI-zuu, DE L‘OBDRE ROYAL DE Léorow, arc. a Le vin est chosé merveilleusement appropriée é l’homme, si en santé comme en maladie, on l’administre 51 propos et juste mesure, suivant 1a constitution individuelle. » HIPPOCRATE. (Trad. Littré.) PARIS CHEZ G. MASSON, LIBRAIRE-EDITEUR nus BAUTEFEUILLE, 10 1877 LE VIN ‘ DANS LA SOLOGNE CONSIDE'nfi GOMME PROPHYLAGTIQUE PUISSAN’I‘ DES FIEVRES TELLURIQUES LETTRES MEDICALES PAR Le Docteur Edouard BURDEL (de Wierzon) MEMBRE connnspoxnnr 1m L’ACADEMIE m: MEDECISE CHEVALIEB DE LA LEGION D’HONNELR, DE L‘onDnE ROYAL DE LEOPOLD, ETC. n Ln Vin est chnsr‘ mPL\'v‘-illeusen10nt appropriée 2‘1 l’homme, si en mnté vommw en muladie, m; l‘mhninistre :1 propos et . junte manure, suivant 1:1 constitution individuclle. n IIIPPOLnATE. (Trad. Littré.) PARIS CHEZ Gr. MASSON , LIBRAIRE - EDITEUR RUE HAUTEFEUILLE , 10 11877 ..,i , , .. u A MONSIEUR E. BOINVILLIERS Ancien Sénateur President du Comité central de la Sologne Grand oficier de la Legion d’honneur, etc., etc. Monsieur et trés-lzonoré President, L’inte’rét, le déuouenzent que nous porteg a'epuis longtemps a la {Sologne me font un deuoir de uous demander la permission de mettre ces quelques pages sous uotre patronage : car, bien que les 'faits que j’expose ici aient, je le pense, quelque ualeur, uotre nom zn’en sera pas moins pour eux, j’en suis conuaincu, un sauf—conduit aheureux, qui lesfera pénétrer la ou je les aa’resse. Auec l’air plus pur qu’on respire aujourd’hui dans la Sologne, sauec le pain de froment plus nourrissant dont use l’ouurier des 'clzanzps, ilfaut une boisson tonique et alimentaire ; en un mot, pour 'remplacer l’eau dont il s’abreuue, — ilfaut du 11in. Déja la uigne a péne’tré dans beaucoup de points de la Sologne, mais, mieux encore, la ne’eessité impérieuse du uin alimentaire commence a se faz’re sentir. Les proprz’étaires, les fermz’ers, les ouuriers eux-mémes, sentent qu’auec cette boz’sson tonzque, leurs forces se décuplent, leur intelligence engoura’ie s’agrana’it. Au Comité central, dont uous étes l’cime actiue, a nos collégues, 'Q aux propriétaires z'ntellzlgents et [aborieux de la Sologne, reuient une grande part dans les progre‘s acquis depuis plus de uingt ans;—-— encore quelques années de cette intelligente impulsion, et la Sologne aura complete so transformation. Aussi, en nous priant d’agréer ce faible témozlgnage de mon res- pect, laissez—moi uous dire, Monsieur et tre‘s-lzonoré President, que tous, nous faisons des uceux pour que Dieu uous permette de diriger longternps nos trauaux et que nous puissieg uoir s’acheuer l’ceuure d laquelle uotre cceur s’est si intimement attache. Votre tre‘s-respectueux et déuoué colle‘gue, D4 Edouard BURDEL. Vz'ergon, ce 20 Septembre 1877. AVANT-PROPOS Depuis longtemps déja, j’avais reconnu l’importance et l’utilité du ‘.'VlIl chez les populations des pays. palustres, a titre de prophylactique, :c’est—a—dire oomme Inoyen de donner a l’homme de ces contrées7 la {force de résister aux influences climatologiques spéeiales du so]. Mais ne trouvant alors dans ma voix, ni dans mon experience, Jassez d’autorite pour appeler7 ainsi qu’il l’efit fallu, l’attention du (public sur ce point important, je erus devoir attendre; et plus tard, ldans quelques lettres adressées, d’abord au doeteur A. Latour, redac— ateur en chef de FUNION MEDICALE et seerétaire du Comite d’hygiene, (puis a mon ami le docteur J. Guyot, homme savant et competent s’il gen ffitsur eette matiere, j’osai, dans des lettres a leur adresse, leur :eommuniquer mes observations, mes impressions et ma maniere de avoir; afin d’arriver7 s’il était possible, an but que j’envisageais déja ,nzomme moyen destiné a fortifier et regénérer les populations ouvm’éres de ces pays. Depuis lors, avee les annees et les observations de ohaque jour, je nus eonstater la Verité de ce que j'avais avaneé; C’est que le Vin était ijien, apres l’assainissement opére par les progrés agricoles, le nomplement et en quelque sorte lo remede hérol'que propre a com— ;Jattre et a éteindre l’aetion tellurique de ces contrées. Les fails, les Dreuves abondaient; mais, hélas! tout restait sterile, si l’on ne four— iiissait l’éle’ment indispensable a l’homm‘e eta la famille, c’est—a—dire fie ruin, et mieux encore si 1’01] 110 eréait la Viticulture auprbs de la famille elle—méme. 6 L’impulsion Viticole donnée dans toute la France par Jules Guyot, impulsion qui s’est fait sentir tres-heureusement jusque dans quelques points de la Sologne, a fait plus pour obtenir ce resultat, que n’au— raient pu faire et les meilleurs discours et les faits les plus probants. Aussi, en publiant ma derniere lettre adressée a M. 1e docteur Amédée Latour, lettre dans laquelle des faits nouveaux et de grande valeur sont attestes sur l’importance du Vin comme boisson alimen— taire, ai—je voulu m’appuyer du nom et de l’autorité de notre bien regrette’ J. Guyot, et publier aussi la premiere lettre qu’il m’a adressée a ce sujet, en re’ponse a deux autres lettres publiées égale— ment dans l’UNION MEDICALE. Par la, on pourra voir que si cette question de la viticulture en Sologne, objet de nos Vives pre’occupations, a été lente a faire son chemin et a devenir un fait accompli; on pourra voir, dis—je, que cette question se re’sout chaque jour, parce que chaque jour aussi la Vigne s’introcluit dans beaucoup de communes ou elle n’existait qu’a l”état de treille; et que la Viticulture, qui tout‘ d’abord, il y a une Vingtaine d’annc’es, se tenait stationnaire dans le pei‘inietre ole la Sologne, s’est avancée peu a peu, a pris plus d‘extension, s’e’talant vers le centre, la ou elle e'tait presque un mythe. Nous l’avons vu planter, nous l’avons vue réussir, donnant de bons produits; voila certainement la seule et veritable raison qui fait qu’aujourd’hui nous nous permet— tons ole faire revenir cette cause en appel devant le public, nous bor- nant, comme base de notre plaidoirie, a exposer les faits si importants qui militent en sa faveur. Le moment de plaider cette cause est d’autant plus opportun, que l’elan est donne et que si la pe’riode des gelees desastreuses, qu’une partie de la France a eu a subir, s’éloigne enfiu dc nous, nous verrons cette extension viticole prendre de grandes proportions, et nous nc doutons pas, dans quelques anne’es, voir les plus sceptiques y etre entraines. Ce résultat arrivera infailliblement, nous no craignons pas de l’avouer, et cela grace a deux auxiliaires puissants : l101a facilité des 7 routes multipliées partout; 2° l’habitude que prend doucement l’ouvrier de boire du vin et d’en demander pendant son travail. Nous n’aurons pas grand mérite a prophétiser ce résultat plus ou moins prochain, car beaucoup d’habitants n’attendent pas l’exten— ision de la viticulture en Sologne pour boire du vin, attendu que beaucoup de petits cultivateurs et de petits propriétaires depuis guelque temps boivent un peu de vin, pas tous les jours encore, mais plus souvent qu’autrefois, c’est—a—dire non plus seulement aux jours file fete ou aux reunions de famille ou d’amis, mais a l’epoque des grands travaux de l’année. Ce qui est vrai, c’est qu’aujourd’hui, dans beaucoup de domaines, au temps des moissons, alors qu’autrefois on ne distribuait aux ouvriers que de l'eau vinaigrée, du caillet ou du petit lait pour les iésaltérer pendant les travaux, aujourd’hui on leur donne, soit du Vin, soit des boissons vineuses préparées avec des grappes ou du, oressuré. L’ouvrier, avant de se louer, ne manque pas, en beaucoup le lieux déja, en dehors du prix convenu, de poser cette question an maitre : Donncrez—vous du vin? Si la réponse est negative, beaucoup x'efusent et vont ailleurs. Quelqucs maitres et proprie’taires ont pu mouver exagérée cette condition imposéc par l’ouvrier, mais d’autres, oleins de bon sens, out compris qu’ils avaient tout avantage a dis— ;rilmer du vin dans une juste mesure, ct qu’ils étaient amplement compensés par le travail des hommcs auxqucls ils en avaient donné. Il est certain que, grace a l’extension de la viticulture autour et en .lchors de la Sologne, grace aussi a la creation (les routes qui sillon— qent le pays, on peut facilement so procurer du Vin; c’est cette r'acilite d’aujourd’hui qui n’existait pas autrefois, alors que les che— ‘nins étaient perdus et defonces, qui tout doucement va introduire daus les habitudes et l’usage alimentairc, le besoin de boire du Vin uux rcpas. Et, s'il faut le dire, c’cst sur cette habitude que nous .comptons pour voir la viticulture s’étendre et se propager dans le gays. Car si un certain nombre d’habitants peut se procurer du vin a I 8 sprii d’argent, i1 en est un bien plus grand nomlore encore, tels qu; POWI‘IOI‘ et les petits fermiers, qui trouveront plus facile et moim y-onereux de faire leur Vin euX—mémes en plantant et cultivant la mvigne. 11 y a la une question d’e'conomie.... rurale, qui certes n’est pal: aussi futile qu’on pourrait le croire au premier abord, et qu’il ne fault pas dédaigner. Inevitablement, grace aux routes, avec de l’argent e du credit on peut, ainsi que nous l’avons dit, se procurer du Vin... Mais bientot les petits proprietaires s’apercevront qu’autre chose es d’acheter du Vin, et qu’autre chose aussi est de le produire. Dironss inous, par exemple, que de nos jours lc vin est la denrée la plu frelatée par le commerce; et qu’alors les cultivateurs, fatigues d payer cher une boisson qui n’a souvcnt du Vin que le 110m7 voudronl avec raison, produire leurs boissons euX—mémes? La Vigne donnan non—sculement le vin7 mais toutes les boissons qui en sont issues c’est—a—dire des boissons hygieniques a bon marche; la Vigne, disons nous, deviendra indispensable autour des fermes ct des hameaux. 'C’est donc lorsque cet impéricux besoin dc boire du vin, qui déj: se fait sentir, sera entre dans les habitudcs des ouvriers, c’est aloni que les proprietaires verront combicn il est utile do planter de l vigne, et c’cst alors qu’en la voyant s’etcndre ct se propager, nou‘ verrons s’eteindre l‘endemie palustre; que les fievres ne seront plu qu’accidentelles, et que la population de la Sologne7 qui deja se relev et se régém‘are7 deviendra l’e’gale des pays d’alentour. Depuis vingt—sept ans qu’en notre qualite do consciller d‘arrondis sement, nous assistons, chaquo année, aux consoils de revision d plusieurs communes de la Sologne, nous avons pu constatcr l’améf lioration rogressivc cuis est faitc dans la 0 1ulation7 sous lo ra or I du developpement physique de la constitution dos jeunes gens qu font partie do la conscription. C’est qu’en clfet. depuis cctte époque l’alimontation est tout autre u’elle 11’ctait alors et. s’ils no boiven 7 . pas encore du vin autant que le climat 1e comporte, du moin leurs aliments sont plus alibiles, c’est—a-dire plus reparateurs. 9 a , Cette année, 1‘1 notre session du Comité central de la Sologne, notre tins—honorable président, M. Boinvilliors, nous a entretenu de. ce méme fait nous disant qu a3 ant assisté au conseil do révision, il avait; été flappé de l’amélioration des classes, at que des chirurgiens " militaires qui avaient pu on faire; oux aussi, la comparaison, n’avaient pu taire leur étonnement. Dr EDWARD BURDEL. Vierzon, septembre 1877. Premiere Lettre DU VIN ET DE LA VITICULTURE EN SOLOGNE « La complexité des matériaux organiques qui entrent d: la composition du vin,et qui, 2‘1 certains égards, se rapprochc; de ccux de l’organisme humain, rend bien compte de l’acti restaurante du vin chez les individus épuisés par suite d’anén- et d'uue alimentation insuffisante. n (Boucmnnn , Conférences.) A Monsieur le docteur Amédéc Latour Vierzon, 18 juillet 1860. Monsieur el cher rédacteur, L’ouvrage du docteur Jules Guyot, dent vous avez fail un compte rendu an lecteurs de l’UNION MEDICALE, eL dent le titre de collaboraleur vous a impose in reserve trop delicate sans doute, cet ouvrage, dis-je, quoique destine aux homm: qui se livrent a la culture de la vigne, m’a paru devoir un jour exereer une influen; sérieuse et hien importante, non plus au point de we de la speculation et des gel; mels‘ mais au point de vue de l’hygiene publique et des regions ou la culture de vigne est possible. Puissent, Monsieur et cher re'daeteur, ces quelques pages olfrir assez d‘intér {pour mériter votre attention et celle de vos lecteurs. ' Agréez, etc. Dr Edouard BURDEL. Monsieur et cher rédacteur, « Cc que nous uppelons de tous nos veeux (disais—je, i1 y a quelques années deg en publiaut mes Recherche; sur les fiévrcs paludécnncs et mes Etudes sur la Sologr 1858), c’est la culture de la vigne auteur dc cheque pelit village et de cheque ferr possédant quelques pentes inclinées au soleil. Prepager la \‘igne parlout ou reuco‘nlrent les conditions necessaires a so culture, ee que nous savons exister (1&5 uu nombre infini de lieux; lu'créer surtout dans cette we de fournir aux class 11 touvrieres une hoisson tonique a la portée de leurs moyens, hoisson qui remplacerait id’une maniere si avantageuse non-seulement l’eau de mauvaise qualité, inais l’eau :miellee ou acidulée, dont l’usage est general, nous semble, avec la production dn froment, un des moyens les plus puissants a employer pour vaincre l’inclémence flu climat. » Et voici qu’au point do vue d’économie agricole, M. Jules Guyot, ee savant ‘viticulteur, traite cette question importante de maniere a enlever tout doute possible, ear-elle est traite'e de main de maitre. x Dans les terrains pauvres et délaissés, dit—il, la production du pain et de la viande n’engendrera jamais la richesse, tandis que la richesse y produira toujours :le pain et la viande. Jamais la culture des céréales et des prairies artificielles, seules ion appuyées de la production et de l’entretien du bétail correspondent, n’arriveront, suns commandite permanente, a peupler les deserts de la Champagne, de la Sologne et des Landes. ¢ En affirmant que la vigne convient parfaitement aux terrains délaissés des Landes, de la Sologne et de la Champagne, je n’entends pas dire qu'ils peuvent et doivent etre entierement plantés de vigne ; je dis qu’une faible partie de ces terrains (de 1125 a 1/12) eultivés en vignes, suffirait pour y commanditer perpétuellement l’agriculture proprement dite. 1) Mais laissons de cété cette question, toute d’économie agrieole, et voyons l’intéret qu’elle présente au point de vue de l’hygi‘ene. Pour cela encore, permettez-moi d’abord de rappeler une des citations que vous avez faites vous-méme du livre de l. Jules Guyot : I Tout vin nature], fort on faible en esprit, est un hon vin, s’il conserve sa vie organique et s’il la manifeste par une franehe odeur, par un concert de tous ses elements dans une saveur harmonieuse au gout, par une digestion facile, une augmentation sensible des forces musculaires, at par une activite' plus grande du corps et de l’esprit. Que la saveur du vin soit fraiche, piquante et légere; qu’elle soit deuce, onctueuse et riehe; qu’elle soit apre, chaude et austere, le vin est hon s’il sentient les forces corporelles et intellectuelles sans fatiguer les oraanes digestifs. » J’aime a citer de semblables paroles, et dites par uu auteur aussi distingué que notre savant confrere; moi qui, dans un but tout philanthropique et tout hygiénique, ai demandé que l’Etat accorde, dans la Sologne, une prime d’eneouragement aux preprie'taires, et dégreve d’impOt, pendant un certain nombre d’anuées, tous les terrains qui seraient plantés en vignes. Qu’On Veuille bien ne pas se méprendre sur ma pense’e, car ce n’est plus ici a titre de speculation qtieje demande la culture de la vigne; je ne compte pas non plus voir fie vin senti, gouté et apprécié par les palais des gourmets. Ce ne sera j'amais de lui, sans doule, qu’on poarra dire qu’il fait une queue de paon dans la boucke, ni que as 12 c ’est' une aune de velours dans le gosier. Non, car tout est relatif; at n ’est—ce pate que le tot homines, tot senszZs recoit son application dans son acception la 1 grande? Celui dent le palais est habitué a déguster le bouquet des vies fins11 Bordeaux, et qui sent les houppes nerveuses du glossopharyngien s’épanouini. contact des huiles essentielles qu’ils renferment, celui-la, dans la dégustation 1i= vin de Sologne, sentira peut-étre ees mémes houppes nerveuses se hérissen: se révolter centre l’a apreté et la verdeur de son bouquet. Mais, ainsi que lee] judicieusement notre savant confrere, le vin est ban relativement, et non absw ment; le bon vin ordinaire, le 22in alimentaire (car le vin est un aliment positit? excellent), n’est point an vin fort en esprit. Nous aussi, nous dirons : Le bon vin est celuiqui nourrit, fortifie et désaltére. C1 que, autre chose est de boire pour se désaltérer et s’alimenter, ou de boire p donner aux sens une jouissance et une satisfaction. .l’ai \‘u de braves paysans, dom palais était loin d‘avoir eté blasé par la degustation des vins fins, préférers beaucoup les vins du cru des bords du Cher au vin \ieux de Bourgogne 01111 Bordeaux, qu’ils avalatent en faisant une pileuse mine. Et ceci me remet en mémoire ce que de Vieux soldats m’ont raconté avoir éprei en Espagne, a l’epoque des guerres du premier Empire, alors qu'ils n’avaient a 1 disposition, quoique i1 profusion, pour boire et se désalterer, que les \ins chaué1 sucrés d’Espagne, et leur préférant de beaucoup l’eau pure et fraiche, quaue'1 pouvaient s’en procurer; racontant en meme temps l’cxtreme bonheur qu’ils avan ressenti, en rentrant en France, lorsqu’ils purent boire les vins les plus legers e11 plus mediocres. Vis- awis 1a Sologne, 1a Brenne et tous les paVs qui 111i ressemblent,tout11 1.1% question se 1eduit a co dilemme: Vaut- il mieux, pour louvrier des champs,1 egallmentatmn est déja tiop peu fortifiante, boire un Vin leger,pe11 spirituci 1| 1%ed1oere enfin, 011 boire de lean argileuse, bleuat1e et dune fade111 exhéi ,1? (10 'slerait presque insulter le bon sens que do laisser supposel la 11101111110 indéci o .111 dans la solution de eette question, dig 11c du premier age. Les elfets physiologiques du vin surl homme sont trop connus, ct souvent 11121111 reusement trop eonnus, pour devoir en parler; mais ces memes effels sur l‘hone des champs, et surtout sur l’habitant (les pays paluslres, no le sent pas autant, V1 ce que je puis assurcr. Le vin est, pour tout etre all‘aibli ou dams mm condisb physiologiqwe oiziserable, 1111 tonique reconstituant, Voila ee que chaeun sail; mast que l‘on ne sait pas, c’est que parfois, chez les palm-es gens des pays pal11slre'1'1 pent devenir un febrifuge, et que toujours il est 1111 preservatif do l’imp'iludatn J’acquis eette conviction de la mani‘ere suivaute : A l’épeque o1‘1 s’executau les travaux du souterrain qui, sur le ehemin de fer du Centre, iait passer brusce- meat 13 voyageur des plaines arides de la Sologne aux prairies verdoyautes‘o 13 m, j’avais remarqué, non sans étonnement, que les ouvriers qui, le lendemain _1sjou11s de paye7 s’ouhliaient dans les cantines, huvant ct s’enivrant jusqu’a perdre .2;raison et meme le chemin de leurs gites, j’avais remarqué, dis-je, que ces ouvricrs, 1], par leur état d’ivresse, se trouvaient dans les conditions les plus facheuses et 15 plus propres pour les exposer a l’impaludation (puisqu’ils passaient une partie ,1jour et la nuit tout enliere couches, sans abri dans les champs, les bois et meme 1 fossés, soumis, en un mot> 1‘1 tous les éléments ftbriferes), que ces ouvriers iuent plus soment épargnés du fléau que ceuX qui étaient plus sobres. wepuis longtemps, il est vrai, on a dit, et chacun la répété, qu 11 y aiun Dieu m1 les ivrognes. Mais un médecin physiologiste, a1'ant d’admettre ce principe bien n orthodoxe,1oud1a chercher une explication plus rationnelle et la trouvera 11s la stupéfaction du systeme céreb11o-spinal,qui est certes, quoi qu on en dise, .neule partie impressionnable et le seul point de l’organisme sensible a l’agent .tétere des pays paludéens. A cette époque déja éloignée, depuis lors aussi, j’ai vu ces faits renouvelés tant de ,5, qu’il m’a fallu me rendre a l’évidence, et j’ai pu en tirer cette conclusion : que gimme plongé dans l’ivresse, ct mieux encore, jeté'dans une excitation alcoolique, 1.: moins impressionnahle et résiste mieux a l’agent de’létere des pays paludéens. tDieu ne plaise que, par cette conclusion, je veuille proclamer et préconiser lyresse comme moyen préservatif infaillible contre la fievre; non, mais de 111 * more il 11’y avait qu’un pas pour s’assurer ~que le vin ingéré par de pauvres nmacs, a dose seulement excitante, possédait une action tonique et stimulante myable, et que, donné ainsi pendant plusieurs jours, il devenait non pas anti- fiodique, mais preservatif. Quandparfoisje manquais de quinine, et que le dénue— 1 mt empéchait ces malheureux de sen procurer, j’ai suspendu bien des fois“1 hdant plusieurs yours, les acces de fievre, en leur faisant prendre, quelques heureg: mt l’acces, deux bols do Vin chaud donnés a u11e demi—heure dintervalle rtendus plus stimulants par l’addition d’un peu de cannelle et d’eau-de-vie.. ‘ ‘ ‘ Le vin, dans ces pays et chez ces habitants, devient un agent the’rapeutique d’une insance t1 es-Urande et (1’ une ressou1ce précieuse, qu ’on peut se procurer tres- ilement et qui trouve a chaquc pas son application. zians ferrugiueux, on peut, rien qu a1 ec le Vin, guérir promptement la chloro- emie,sif11équente chez les jeunes filles de ces coutrécs; avec le vin, on abrége me manieie surprenante la c0111 alesccnce (1 un grand nomhre de maladies; dans lizafl‘ections chiru101cales, dans le pansement dcs plaies, presquc toujours pales, fieuses et lentes a guéiir, le vin,1‘nlus ct 6111 a, devient pour ainsi dire un baume éverain” 1'0ur ne pas dépasser les limites de cette note 81; abuser de l’attention qu ’on peut accorder, je termine e11 disant encom 11ne fois avec le spirituel auteur de la 1h Vinificatz‘on : « Les boissons n’agissent pas seulement sur l’individu, e‘ réagissent encore sur les familles, sur les populations. » Et si donc les habitants d’un pays a biere n’ont pas 1a vivacité d’esprit et la gas des habitants d‘un pays a vin; si les habitants d’un pays a cidre n’ont pair: franchise des gens d’un pays vignoble, que doivent donc étrc les conditions psy-r, logiques des pauvres gens qui ne boivent que de la mauvaise eau, et que ne doi: pas faire pour leur donner (puisque un peu dc vin, meme mediocre, sufiiti franchise, la gaieté, 1a générosité, enfin la valeur du caractere frangais? Mais,-ainsi que vous l’avez si judicieusement observé, si 1e Vin ou l’alcoo]: une importance majeure, l’heure, l’instant pendant lequel on doit administre‘r difi‘usibles n’a pas une importance moindre si l’on veut rendre ce moyen actiii peut meme dire que c’est la que git tout le succcs de cette medication. Aujourd’hui, je suis a l’oeuvre, et aprés cette campagne, je veux dire a la fir l’automne, je scrai en mesure, je l’eSpere, de communiquer a l’excellcnt rédaa en chef de l’UNION MEDICALE le résumé des observations que j’amasse, touu: l’action thérapeutique du vin et des spiritueux dans la fievre palustre. Sans préjuger encore tout ce que cette medication pout apporter de résra heureux comme méthode abortive des acccs de fievre, j’ai tenu a vous dire. a ‘ si apte a juger cette question, et qui avcz bicn voulu ni’adresser quclqucs enccr- gements, que, dans ce grand probleme de la prophylaxie dc l’impaludation, our: se lie at tout s’enchaine, j’ai la conviction que les recherches etiologiqucs deial ctre certainement d’un puissant secours pour ai-river i1 cette solution : F070 l’homme contre les causes fébrz‘féres, c‘est en prévene‘r at an neutraliscr les e/feh Veuillez, cher ct tres-honoré confrcre, agrécr l’expression des meillcurs sentiri: d’estime et de confraternité de votre tout dévoué. Dr Ed. BURDEL. "57".“ " Deuxiéme Lettre Extrait d’une Lettre du docteur Jules Guyot Paris-Batignolles, 5 septembre 1860. A Monsieur Ie docteur Amédée latour Mon cher ami, Vous avez derniérement, dans l’UNION MEDICALE, parlé de moi et de ma viticulture :1 termes dont je vous remercie et dont je suis trés-reconnaissant; mais voila que vtre article on a suscité un autre de notre confrere. 1e docteur Edouard Burdel, et, ‘lte fois, je n’ai pas a remercier pour mon compte seulement, c’est plus encore an )m du progres de notre art et au nom de l’humanité que j’exprime toute mu grati- Jle a l’auteur de l’article intitulé : Du Vin et de la Viticulture en Sologne, 'oLe docteur Edouard Burdel a fait preuve d‘un grand esprit d’observation en cons— mnt les effets hygiéniques et presque thérapeutiques de l’usage du Vin dans la doro—anémie et l’intoxication palustre : il a fait prcuve d’une philanthropic et d’une .ilosophie médicale hippocratique, en demandant qu’on encourage la culture des trues en Sologne, autour de chaque ferme, aulour de chaquepetz’t village; si son in se realise, la mz'sére, l’e’tz’olement et les flévres disparaz‘tront de cette contre’e, mme elles disparaitraient des Landes, par l’usage du vin récolté dans le pays. . a - . . o . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ‘Le vin est hon, comme 1e dit fort bien notre confrore, intus et extra, pour les anphatiques, les chloro-anémiques, pour les gens épuisés par les fatigues on les "ladies, autant que par Page : on a trop oublié les vertus du vin, en lavagcs, en (siques, en injections, en potions médicamenteuses; la trempée au vin sucré, offerte ii accoucliées, n’est point un usage barbare (i1 préviendrait peut-étre bien des “res puerpérales), le bol dc vin chaud contrc 1e refroidiss‘ement et les enrouements nits est souvent fort efficace, 1a limonade vineuse me lo code a aucune autre :Lonade; les injections au vin chaud dans la tunique vaginale ont été longtemps vSeul moyen connu de guérir l’hydroccle, les injections an gros vin rouge de russillon sont les meilleures dans les flueurs blanches et certaines affections de 16 l’utérus; enfin, a mes yeux, un grand nombre de vins médicamenteux et de mix, tures oiticinales ne tirent leur vertu que du véhicule spiritueux. . . . . . .. I n . n a a o I s I o o a n I a u u o c a . o o 0 Out En engageant mes confreres a poursuivre les applications thérapeutiques c: boissons vineuses et spiritueuses, fondées sur leurs effets physiologiques bien coma ct ’sur de nombreuses observations publiées dans le courant des vingt derniei années, j’appellerai Ieur attention sur des faits précis qui me sont personnels,.: qui, s’ils étaient confirmés, nc seraient pas sans importance dans la thérapeutitii des fievres: ces faits rentrent, d’ailleurs, dans les efTets prophylactiques du viii l’iigard des fievres signalées par le docteur Edouard Burdel. Les fiévres intermittentes quotidiennes, tierces ou quartes, qu’elles soient simpr ou compliquées, be'nignes ou pernicieuses, chroniques, aigués ou foudroyan‘; résultent toutes d’une intoxication atmospherique, soit palustre, soit pestilentieu jetant le trouble et le désordre dans les fonctions du systeme nerveux de la s organique plus encore que dans celui de la vie dc relation, mais agissant certain ment sur l’ensemhle du systeme nerveux. . . . . . . . . . . . . La connaissance parfaite ou du moins tres-rapprochée du moment de la déclal tion d’un acces est une des conditions les plus essentielles du succes des antipérl diques, car e’est a la coincidence de la modification que ces médicaments imprimi a l’action du systeme nerveux, avec la modification difi‘érente ou opposée que V31 faire subir la maladie, qu’est due 1a suppression de l’aeees. Ainsi 1e sulfate dc quingi pris en pilules, fait sentir son action six a huit heures aprés son ingestion d l’estomac; c’est donc six a huit heures avant l’acces qu’il faut l’administrer. Le -s pris en potion produit sa stimulation maximum deux ou trois heures apres 5 absorption; c’est donc deux ou trois heures avant l’acees qu’il faut 1e prescrire, 5‘ peine de voir manquer l’eifet qu’on en attend. Tout antipériodique donne tropqi ou trop tard, relativement a l’invasion de l’aeces, est a pen pres inutile quam n’est pas nuisible. 0n peut gorger un febricilant de sulfate de quinine ou de 5 sans pouvoir triompher de la fievre. Il n’en est plus de meme du vin spiritueux et de l’aleool potable, qui sont absoa avec une rapidité électrique et produisent un eifct presque instantané. C’est ce 9 j’ohservai en 1849 et 1854, a l’époque des invasions cholériques, car je compare cholera a un Violent acees de fievre pernicieuse. A cette époque, l’alcool potabltr le vin alcoolisé, \‘éritable réactif de la premiere periode de l’acces cholerique déch ne nous fit jamais défaut au debut de la période algide, et reussit 3 tons ceuu nos confrercs qui l’employerent couragcusement, et firent suivre son emploi ti regime tonique et analeptique. L’eau-de-vie et 10 Vin ehaud sont les meilleuril tous les réactifs dans ces conditions, ils suflisent non-settlement a faire disparal les frissons, les vomissements, la dysenterie et les crampes cholériques an debuttt 17 eleur explosion, mais, en faisant disparaitre le premier acte de l’acces, ils suppriment 'souvent encore l’accés tout entier, comme si la deuxi‘eme et la troisieme période ‘n’étaient qu’une consequence de la premiere. . Aucune théorie, aucun systeme, aucun rationalisme ne peuvent prévaloir contre ice fait, et aucun discours ni aucun écrit n’en détruira la réalité et n’en détruira Vil'importance. ‘ En voyant ainsi disparaitre 1e frisson e11 quelques minutes, sous l’influence de ,lloissons alcooliques, je songeai naturellement au frisson des fievres intermittentes atau frisson quimarque 1e debut des fiévres graves, et je me demandai si 16 meme dmoyen ne ferait pas disparaitrc et ne préviendrait pas ainsi Ie développement de la maladie tout entiere. . Au printemps de 1855, mon chef d’attelage, homme intelligent, actif et robuste, fat repris d’une fievre intelmittente tieice qu ’il avait déja eue au printemps et a fautomne précédents; je laissai régler la fievre par deux acces, malgré les prieres du malade pour lequel la période de frisson était un état convulsif redouté, et on debut In troisieme acces, an moment 01‘1 le tremblement algide était le plus prononcé, je lui administrai deux petits verres de rhum a 55°. Comme cela arrivait souvent dans echoléra, 1e malade fut surpris, relourné, suivant son expression, et i1 s’enfouit, en ,E’agitant, sous sa couverture : j’aurais été fort inquiet si je n’avais vu déja cette itite crise se produire; mais, au bout de cinq minutes, il sortit la téte, pour me dire m’il se réchaul‘fait et qu il se trouvait hien ,je lui donnai un tioisi‘eme petit verre de illum, et, une demi— heure apres, 1e malade était habillé et se p10mena1t au soleil: 1:;cces de fiev1e ne revint pas cette fois et ne rexint plus. J agis de meme sur un Qmmé Guenelon, aubergiste a Sillery, puis sur une (1110 de basse- -c0ur, ct enfin sur 31 Beige, nommé Chapelot, chef de mes teriassiers: daus ces tiois cas, le succes fut issi net et aussi fawiablc quc dans le p1emiei, excepte poui Chapclot qui fut pris, aux jours apres, d’un nouvel acces, qu’il me dit avoir guéri lui-meme, en prcnant tux petits verres d’eau—de-Vie a la cantinc, lorsqu’il sentit venir le frisson. . O n o n o a a u u g o o . . o o a - :(Suivent plusieurs autres cas, dont les résultats furcnt analogues.) . . . 0 0 o o. o ‘ - a . . o - . . . n o a o . . ‘EJe livre ces faits a'l’attention de mes confrercs, et je les livre sans prétention et “8 toule leur simplicité, tels qucje les ai \‘us, tels que jc les connais : s’ils sont ’mfirmés, ils étendront, j’espere, les limites dc l’action me’dicale, et lui ouvriront as voles nouvelles dans toutes les maladies qui debutent par un violent frisson et ains toutes celles qui pourraient étre considérécs comme l’extension indéfinie d’un aces dc fievre d’intoxication. fiVous voyez, mon cher ami, qu’a mes yeux, 1e docteur Edouard Burdel a eu cent 1is raison de reconnaitre dans l’usage du Vin un moyen prophylactique de l’infection 2 18 ! palustre, et presque un moyen curatif des fiévres qu’elle engendre; aussi, je le .3 instamment de continuer et d’étendre l’étude de ces excellents points de vueu joignant a l’emploi du vin celui des spiritueux dans le traitement des fievres. Docteur Jules GUYOT. Vierzon, 2 aofit 1877. Malgré toute la sympathique affection que nous portions a Jules Guyot, a son tat et a son caractere, nous devons a la vérité de dire que notre bien cher confrereu peu enthousiasmé de sa nature pour tout cc qui lui semblait beau ct hon, uvait 3t présumé des faits qu’il avait observes. Il était d’autant plus encusable de s‘étre 1:: entrainer, que les faits semhluient donncr raison 51 so séduisante lhéorie. Si .'- Guyot, qui ne faisait plus it cette époque que de la médecine humanitaire, exercé en praticien, c’est—o-dirc en observant des cas nombreux, i1 n’eut pus tan; s‘apercevoir qu’il se faisait illusion, et qu’il ne faut dcmander au Vin et aux alt; liques que ce qu’ils peuvent et doivent donner. Nous qui avons observe dans un vaste champ, nous avons vu que le vin It. alcooliques peuVent, en ellet, supprimer et refouler un accos au déhut ct surtou moment 01) i1 Va appuraitre; que sous ce rapport ils pouvaieut rendre de granit immenses services. Ainsi que nous l’avons dit, avoir supprimé ou suspendm accés n’est pas sulfisant, du moins dans les fiovrcs telluriques simples ou psq cieuses; c’est du temps de gagné ct c’cst déjz‘i beaucoup, mais a des affections qui‘ un cachet spécifique comme les fiévres telluriques, il faut, si l’on veut s’en m maitre, plus que de l’ulcool et du Vin, il faut le remedc héroique et spécifique, » . a-dire la quinine, sans laquclle, on peut, il est vmi, lutter plus ou moins longteJ‘ mais sans laquclle on succomberu. C’est un fuit iri‘écusuble, que trcute-cinq 318 de pratiquc médicale m’ont appris ct que jc no suurais tairc. Je pouri‘ais m’apql sur l‘observution ct l'expéricnce si autoriséc dc mou cxccllcnt ct savant confré‘.‘ doctcur llérard, qui, duns son schicc £1 l‘HOtcl-Dicu dc Paris, :1 cu des sucuo moius éguux a ceux que rapporte Jules Guyot, mais qui bientOt se conminquitii si les alcools suspendent ou modifient le rhythms do In vruio lievre tellurique, ilslj font pus disparaitre complétement. Ainsi, avec les vins spiritueux et les alcools, on peut assurément avec eux a lorsqu’on se trouve it l'improviste en face d’un accés dc fievrc, simple ou gravew l'on 11’11 a su disposition aucun autre agent thérapeutique, on peut, discus-=2: souvent réussir £1 réprimer uu accés, £1 18 gue’rir méme quelquefois, mais, leis 19 award, on ne réussit qu’a le supprz‘mer ou l’éloigner pour un temps indéterminé, prés quoi, il faut recourir au spécifique; mais ce temps gagné est d’autant plus récieux que, dans les acces graves et pernicieux, ils sont courts, trés—courts. . Le vin et les spiritueux ne sont pas seulement utiles, ainsi que nous venous de le ire, pour suspendre et refouler un acces; ces hoissons, disons—lo, sont encore tiles pour administrer la quinine; grace (‘1 ces facz‘curs rapides, on peut souvent, ESque le temps presse, conjurer un danger imminent, en faisant dissoudre le sel mloide. dans un de ces véhicules; c’est ainsi que nous administrons la quinine insles acces pernicieux, et que nous la faisons absorber d’une maniere encore ms rapide, lorsque nous l’injectons sous la peau, mélangée a une liqueur alcoolique. he de fiéVI‘ES pernicieuses, foudroyantes et mortelles nous avons pu conjurer par ce pyen ! Ajoutons encore que l’alcool et les vins sont surtout indispensables, apres idministration du spécifique, alors meme qu’on semble avoir neutralise complete— mtle poison. C’est la que le vin devient une ressource des plus précieuses, car, ms une intoxication tellurique, que les acces aient été simples ou graves, courts ou figs, rares ou multiplies, ils laissent souvent, et longtemps apres eux, une anémie .3 plus profondes, que vingt—quatre et meme douze lieures seulement out suffi 2‘1 Muire, anémie qui va parfois jusqu’a produire l’état exsangue, la leucocythémz'c. .Si donc les alcools ne peuvent suppléer a la quinine, disons qu’avec les vins, ils at, dans tous les pays, entre les mains des praticiens observateurs et sérieux, un lliliaire des plus puissants. Dr Edouard BURDEL. Troisiéme Lettre Lettre au docteur Jules Guyot « Le vin n’est surpassé par aucun produit nature] out comme moyeu de réconfortation. Quand les forces de la n épuisées, i1 corrige et compense les efl‘ets des perturba'u l’économie, 5i laquclle i1 sert meme de préservatif cc: troubles passagers causes par la nature inorganique. : a LIEBIG. (Lettres sur la chimie.) Vierzon. 27 septembre 186% A Monsieur le docteur Jules Guyot Tres-honoré confrere, Votre lettre sur l’emploi de l’aleool, comme méthode abortive des fievrcs d'ui stimule mon courage, non pas tent pour la bienveillancc avec laquelle vous e mes efl‘orts dans cette grande etude cliniquc des fi‘cvres qui désolent In 5010;) dons d'autres pays, que parcc que je me trouve sur le meme terrain que: heureux dc chercher 1:1 meme solution thérapeutique. En vous trouvant £1 mes Cotes, je sens, je l‘avouc, mon esprit perdrc de sa tiii et mes forces s'accroitre. C’est puree que j’ai la conviction intime que ] introduit purla Viticulture dans la clusse ouvriere des pays paludeens doit augnr chcz eux les forces vitales, £1 cheque instant en désurroi, etrégenérer cette popun malodivc ct souffrante, que j’ai etc heureux de m'appuyer do votrc experience al‘i‘irmer qu’avec 1a \‘igne et ses produits, on trunsformera les habitants de cos a contrécs, et que cette conquete, toute dc paix, sera une des pages les plus glow pour le chef de l’Etat qui voudra bien encourager cette culture. ‘ Permcttez-moi done de VOUS dire, tres-honoré confrere, eombien j’ai pris p13} voir sortir de votre plume si autorisée certaines \‘érites, qui deviennent plus‘i pantes encore lorsqu’elles sont reievées par une logiquc aussi vigoureuse que lint quoique quelques-unes so fassent jour déje. Si vous voulez bien m’y autoriser, quelques mots, je vous prie, sur ce sujet': 2'1 .Illne des vérités cliniques que vous émettez est celle-ci : La fiévre palustre n’est en ve’ritablement qu’une perturbation (in systéme nerveux de la vie organique. zen est peu aujourd’hui qui ne reconnaissent cette vérilé, mais on se demande le mrquoi de cette perturbation intermittente? 211 me semble qu’il est facile de se rendre compte do cette intermittence, si l’on ht considérer le systeme organique, qui sc trouve lésc; l’influx nerveux qui preside afonctions de la vie organique ou d’assimilation poss‘cde véritablement, dans son urant, un mouvement dc flux at de reflux qu‘il communique aux organcs s—mémes; sorte de marée fonctionnelle montante et descendante indispensable a lorganes et a leurs fonctions, on, apres quelques heures de travail, regne un repos ité, auquel succedent alternativement et continuellemcnt l'activite et 10 repos. {Intonation d’assimilation étant intermittente dans sa vie normale, devrait l’etre fun, a un bien plus haut degre, dans sa vie troubléc, alors que les propriétés Iles tendent sans cesse a réparer le de’sordre qui a été produit et a conserver la vie. fella, selon moi, tout le secret qui caractérise cette ne’vrose palustre, mais encore i‘tquuoi toute lesion superficielle ou profondc, de quelque nature qa’elle soit, frap—- at un on plusieurs de ces organes, preud aussitot lc caractcre de l’intermittencc. bet ce que nous voyons dans 1c cathétérisme prolongé dc la vessie; c’cst ce que l’on all encore dans certaines Operations pratiqne’es dans l'ute’rus, et ce qui se produit glquefois aussi par la presence d’nn gravier on d’un calcul daus la. vessie, les reins xales uretéres. .1l’lus cette perturbation est grave et profonde, moins l’intermittence, c’est-a—dlre typos dc l’organisme, est marquee; et, par contre,moius1a perturbation est grave, is l'intermittence est prolougée. an cholera, ainsi que vous le dites si bien, est une fievre pernicieuse dcs plus :Ientes dont la période algide a atteint 1c summum d’intensité, et dans laquelle .itermitteilce est rare. ms la fievre pernicieuse, les acces sont extrémemcnt rapprochés, c’est-a-dire él’intermittence a une durée excessivement courte; trcs—courte au premier acccs, {figu’il n’emporte pas lc malade, encore plus courtc au second et insaisissablc an " 'eme. L’intermittence, daus cette perturbation du fluidc vital, semblc étrc comme fihythme dont les mesnres sont plus précipitées en plus lentes, en raison directe @tte perturbation. ’ :‘iinsi, dans la flevre quotidienne, l’apyrcxie on l’iutermittence, au debut surtout, flit que d’une ou deux heures; aussi est—elle plus grave que la fievre tiercc, dont lryrexie est de douze a vingt—quatre heures; ct celle—ci plus que la fievrc quartc, ' m Pintermittence a une duréc de qzzarante-lmit heures ct plus. Ce n’est que tres- 'l'sment que la fievre intermitteutc alfecte lc type quarte d’emblée, et doit-on la risidérer avec raison comme une fi‘ex re palustre passée a l’état chronique, car, en 3 22 meme temps que l’intermittence est longue, la période pyrétique est-elle calmri presque indolente. Une autre vérité que vous avez émise, quoique d’une maniere moins affirman m’a fait dresser l’oreille ct preter toutc mon attention, a moi, qui fais de cette vév que d’autres appellent peut-étre une chimere, l’objet d’une etude sérieuse; je '5 parler de la sidératz‘on paludc’ennc, mot que vous avez employé pour exprimen cause fe’hrigene qui frappe l’organisme. Est—il aussi indifferent quc quelques-uns le pensent de savoir si cette cause 5 siste en dcs miasmes ou detritus invisibles infectant l’organisme, on Si c’est, que jc l’ai annoncé, un fluide telluro-atmosphe'rique accompagné de trow‘ hygrome’triques dc l’air frappant le systeme cérébro—spinal par sidération? L’étiologie, a dit M. Cl. Bernard (pent—étre en de meilleurs termes), c’est—a-dit connaissance de la cause morbif‘ere, est un des guides les plus sfirs pour com: 1e praticien et le mettre a meme de trouver lc meilleur agent thérapeutique. On a jamais, en effet, si pres dc vaincre un ennemi que lorsqu’on est arrive :31 connailii force, sa nature et ses habitudes. Nos armes contre la fievre ne seront done jai si puissantes quc le jour 01‘1 nous serons arrives a connaitre d’abord la veritable ( 5 fébrigcne, sa nature, son essence, et enfin 1e point de l’organisme qui est free ainsi que le mode de lesion et les troubles qui en sont les consequences. On s’épuise vainement a chercher des succédanés an quinquina et a ses prim: immediats, ct on cherchera longtemps encore; pourquoi cela? Parce que l’on s’obstine a voir, dans la cause fébrig‘ene, un poison, ct quen cherche 51 cc poison un antidote. Le quinqnina n’est pas un contre~poison, ce 3! qu’un tonique nevrosthénique par excellence, et sa supériorité sur tous les 6 ' tient a ce que le stimulus qu’il communique a l’arhre nerveux a une duréevé longue ct plus soutenue que ceux qu'on lui a opposes jusqu’a aujourd’hui. Vous l’avez compris, vous, ingénieux et savant confrere, 1e jour on vous avezxs crit a votrc malade les deux petits YCI‘I'BS de rhum qui ont agi comme spécifiqi‘ la ficvre, et on vous lui avez donne a choisir entrc le quinquina, 1e cafe et l’a‘: lui indiqnant d’avance la duree (le temps qui lui rcstait encore pour quc chacuxi ces substances put impressionner lc systeme nervenx, juste an moment préciio en lo bonheur de le comprcndre aussi en voyant mes ivrognes roster indemneso fievrc, lorsqu’ils se trouvaicnt en dc’bauche au jour et a l'hcure dc l’acces, et auu voyant mes panvrcs Solognots, dénue’s dc tout, guerir rapidcment sous l'influeni bols do Vin chaud, pris an moment on la périodc algide s’annoncait. Le Vin c‘ avec addition de cannellc, n‘a-t-il pas en la meme puissanco, sur ces pauvrcs estee délabrés, quc les deux pctits verrcs de rhum snr vos citadins? Enfin, l’aleool p"; et le Vin chaud sont—ils donc des contre~p0isons, on bien n’agissent-ils a 23 .Jgaltant les forces vitales, en vertu des propriétés toniques et diffusibles qu’ils «appssedent. . Si nous jetons un coup d’oeil sur lfaction de l’eau froide, employee par la méthode "llydrothérapique, nous x'errons encore la un agent névrostheniquc tr‘es—puissant, ifimulant d”une autre fagon, il est vrai, le systeme ncrveux, exaltaut les propriétés 'litales, mais guérissant admirablement les fieVres les plus rebelles. Je ne fais qu’un 'leproche a ce mode de traitement, c’est d’etre impossible dans la pratique rurale. l Dans 16 service queje dirige a l'hospice de Vierzon, j’ai fait avorter plusieurs acces de ‘ re e11 employant les inhalations d’éther et de ehloroforme; mais 1e moyen encore plus impraticable que l’hydrothérapie. J’cn ai fait avorter et en ai ' uspendu quelques autres pa1 lélectricité. Enfin, tous ces moyens et cent autres [111 sont prunes, préconisés, vantés, depuis le plus 1ationnel jusqu ’au plus empi— .apgue et au plus absurde, que fout— ils, si co 11 ’est agir tons plus ou moins directement m 1e systeme cérébro—spinal, 1e surprendre le réveiller, 1e secouer, lexalter, et 1111111 en sorte qu i1 communique cette exaltaiion momentanée aux fonctions orga— illques troublées secondaiiement par la sideration paludéenneh N est— ce pas la 10 :lax'alier relexant xigoureusement de la main et do le’peron, 1e cheval qui 1a iatl‘aisser et s écrouler sous lui? Mais paidon J’e m ’apercois que moi-meme J' ’aurais main non pas de l’éperon, mais d’un frein peut— —et1e, car je me laisse aller lune digression qui pent fatiguer xotie attention, lmsque je ne voulais que parle1 Jle laction des spiritueux dans la fiexre paludéenue. Depuis le Jour 011 11 m a été ilonné d’observer l’action des alcooliques comme moycn prophylactique et.curatif de 1_I fievre palustre, j’ai eu, des centaines defois,1'oecasion d’en faire l’application; fiais j’avoue que ce n’a été que ra1emcnt, lors que jc me trouvais, par exemple, an présence de pauxres paysans indigents, dénues do tout et 11 ’axaut a employer, lemme moyen abortif, qu’un peu de Vin que J'envoyais cheicher dans la plus :mchaine auherge du village. Comma moycn pre’venlif, jc l'emploie tom lcsjours. J Vous le savez mieux q11epersonne,vous, cher et honoré confrere, quoi quevousfassiez pm décliner votre titre de pratieien, on ne pout Jamais so permettre d’avance d’opposer ' Bl traitement a telle maladie. L’imprévu qui surgit a l’examen du malade, 1e carac— are de la maladie et du malade lui—méme, sou état social, moral, intellectual, son eur, ses gouts, ses iépugnances et mille aut1es choses encore viendront modi— gnla thérapeutique que vous vous étiez promis d oppose1 . lgilDans tous les paxs palustres couper la fi‘ex re, c est—a-dire en suspendre les acces a’est pas la chose la plus diflicile; rien 11 ’est plus facile, au contraire: le malade et 'irorganisme, chacun s y préte voloutie1s. Mais ce qui fait lo désespoir du malade, et 151115 encore du praticien, ce sout les re’cidives, c’est la réapparition, apr'es huit, iluinze jours, trois semaines, de ces acces que vous aviez fait disparaitre. Et tel ' imalade qui e11 a suhi les acces au mois d’aofit, se trouve encore, apres quatre, six, 211 huit et meme dix récidives, atteint de fiévre quarte au mois de février de l’anna suivante. Voila ce qui décourage le malade et le médecin; le malade, parce qt sent sa confiance s’affaiblir dans les médicaments et dans le médecin; le médeci: parce qu’en méme temps que la maladie devient rebelle, il voit 1e malade douter son savoir, douter des médieaments, et plus encore, parce qu’il s’apereoit que (da: les classes ouvrieres) la bourse s’all‘aiblit en meme temps que la confiance. Eh bien! c’est contre ces récidives, si rebelles, si fécheuses, que j’emplo aujourd’hui avec succes les stimulants diffusibles, et que j’ai su trouver en eux, bi. souvent, des auxiliaires puissants pour prévenir le retour des acces et économis la bourse des pauvres artisans. Un grand nombre de vins médicamenteux et de teinturos ofiicinales, avez—vous c'» avec raison, ne tirent leur vertu que du Vehicule spiritueux. Rien n’est plus vrai, j’ajoute que plus 10 Vehicule est'spiritueux, plus grande est sa vertu. C’est ce do j’ai pu m’assurer maintes fois, en comparant l’action stimulante des vins « quinquina qui se trouvent chcz les pharmaciens avec ceux que l’ouvrier compose lu meme avec les pauvres vins qu’il peut se proourer et la liqueur éminemment toniql, que je lui fais preparer, en faisant maeérer tout simplement soit du quinquin - de la gentiane ou de la centaurée dans du tree's-six ou de l’eau—de-vie, et E faisant prendre, suivant les cas, cette infusion tanmt pure, tantét mélangée avl“ moitié de vin. Voila la liqueur tonique que je donne a mes pauvres. Dr Edouard BURDEL. Quatriéme Lettre DU DEGRE D’ACTION DU VIN ET DE L’ALCOOL DANS LE TRAITEMENT DES FIEVRES INTERMITTENTES u Quand on cherche A $0 rendre compte du rifle du vin dans la nutrition, on reconnait d’abord l’iniportance de l’assoeiation de l’aleool avee le tannin et les matibres colorantes, qui raniment l’énergie des fonctions digestives. n Bouannnm. (Conférences.) Vierzon, 7 février 1862. A Monsieur le docteur Amédée Latour Monsieur et bien cher confrere, Vous aviez raison d’appeler la sérieuse attention de vos lecteurs sur la lettre de '. 1e docteur Bertet touchant 1e traitement des fi‘evres palustres par le sulfate acide de "linine. Cette lettre intéressante n’a certainement échappé a aucun de vos lecteurs, .r déja elle nous a valu la savante communication de M. Isnard qui a trouvé, non as raison peut-étre, que notre confrere relegue l’arsenic sur un plan bien éloigné. vous voulez bien 1e permettre, je profiterai de l’actualité de cette question pour vous Inner le résultat de mes observations sur l'aetion de l’alcool potable dans le trai- ment des fievres intermittentes. Loin de moi l’intention de critiquer en quoi que ce soit l’excellent jugement et la ge pratique exprimés dans la lettre de notre savant confrere de Libourne, je suis 1p de son avis pour cela, et la preuve, c’est qu’a la date du 28 décembre dernier, nsi que vous pourrez 1e voir bientbt dans le Bulletin de l’Acade’mie de me’decz’ne de L’lgique, je présentais a cette savante compagnie 1a troisieme partie d’un mémoire titulé : Hygiene, prophylaxie et traitement des fiévres palustres, travail dans lequel :m’exprimais ainsi : ¢ Chaque fois que je l‘ai pu (avec toute la de’licatesse possible et sans prejudice [or mes malades), je me suis fait une obligation d’expérimenter un grand nombre ‘ ces médicaments dits succédanés du quinquina;ets’i1m’étaitpermis de formuler weepinion personnelle, opinion, du reste, que je me me déterminerais a donner 26 qu’apres une experience longtemps murie, je dirais : . . . . . . Que tout praticien cc, sciencieux devant abréger autant qu’il est en son pouvoir la durée de la maladie : son client, doit, avant tout, recourir aux médicaments reconnus héroiques, et n’eie ployer les autres qu’autant qu’il serait dépourvu des premiers ou que ceux-ci auraiei déja échoué. Et ce devoir sera plus grand encore si le malade appartient a la c133 ouvriere, pour laquelle chaque jour dc maladie est un jour de chemage, un jet d’attente cruelle pour la famille. « On peut, il est vrai, couper la fievre avec une foule de médicaments et ages thérapeutiques inscrits dans les formulaires et meme avec ceux que l’empiri52 indique chaqne jour; mais quelle certitude a-t-on avec ces moyens? et combiena fois sur cent manquent—ils leur effet?..... » Voila ce que je disais, cher rédacteur, en parlant de la valeur des succédanés 2 quinquina, et voila ce que je me plais a répéter aujourd’hui avec mon honorable cc: frere M. Bertet. Avec lui et avec tout le monde, je dis : Le sulfate dc quinine esta roi des fébrifuges, et longtemps encore il régnera en suzcrain. Ce qui n’empéche 15 tout le monde aussi de lui chercher, je ne dirai pas un succédané, car ceci me paw presque impossible, mais au moius un auxiliaire et un suppléant pour l‘imprévu , En vantant l’action du Vin comme moyen prophylactique de l’influence météorOv gique palustre pour les pauvres ouvriers de nos campagnes, je n‘avais certes pass ridicule prétcntion de me faire unc place parmi ces chercheurset encore moinsa vouloir détrOner 1e principe immédiat de l’écorce du Pérou, dont je reconnais t:' 1a souveraine puissance. J’avais en ccla d’autres vues. C’est, si vous voulez bien vous 1e rappeler, 51 moms de l’ouvrage sur la viticultt; publié par notre sai‘ant confrere, M. 1e docleur J. Guyot, que j’indiquai combic dcpuis longtemps, j’avuis reconnu que le vin etait precieux chez les classes pauw de la Solognc, quelle ressource immense il offrait an praticien de ces contrées, et ‘3 s’il n’était ’dans plusieurs cas un moyen curatif certain dcs fievres palustres‘ il dc“) étrc regardé a coup sur comme un moyen propliylactique des plus pnissants pq amener la guérison des fievres et en prévenir les récidives. Ayant appelé déjii, rm avec une voix trop faible sans doute pour étre cntendne, l‘attention du gonVernemn sur la propagation et l‘encouragcment de la viticulture en Sologne, je me sen-r. heureux de me voir soutenu par une parole aussi autorisée ct aussi compétente «e celle de notre excellent confrere. En djsant que le Vin m’avait rendu parfois de veritables services, comme f c’brifui dans cette classe de pauvres gens, dont la plupart ne boivcnt gu‘ere d‘u Vin que qua ou cinq fois l‘an, je ne voulais envisager cette question qu’au point do vue dc l’l giene et de la prophylaxie générale, comme moyen destine a régénérer une populah languissante, miserable, et propre aussi a enrichir un pays situé pour ainsi dire 5. 27 l’portes de Paris, a deux heures seulement de la capitale, et qui occupe sur la carte } de France une surface qui n’est pas moindre de 450,000 hectares. " C’est alors que M. J. Guyot vint rappeler aux lecteurs de I’UNION MEDICALE, qu’il iavait depuis longtemps indiqué et préconisé la propriété dc l’alcool potable comme lmoyen prophylactique du cholera et de toute action météorologique pernicieuse, et iméme qu’il l’avait administré avec quelque succes contre des fievres intermittentes ,lrebelles. Fort de ces observations venant d’un praticien aussi distingué,je me promis lde me remettre a l’oeuvre aussitét que jc 1e pourrais, afin de m’assurer jusqu’a que] a point You devait compter sur cet agent thérapeutique, si innocent et si facilement a '3’ la portée de la bourse la plus mince. Je dus bien des iois surseoir :31 mon désir d’expérimenter ce fébrifuge, car les deux iannées qui viennent de s’écouler furent, par leur constitution météorologique, des .iplus heureuses pour les pauvres habitants des pays palustres. L’été et l’automne de :1860 furent, on se le rappelle, excessivement humides et froids, les fruits ne par— ;vinrent pas a leur maturité; on se couvrit d’habits d’hiver toute l’année, et le soleil ifs’obstina a se cacher d’une maniere permanente derriere les nuages charges de pluie. L’année 1861 fut au contraire d’une sécheresse, d’une aridité remarquables; dans .ztoute 1a surface, le sol et le sous—sol étaient dessécliés, les étangs, les lacs et les lflaques d’eau étaient presque tous atterris, leurs lits n’e’taient plus composes que de .‘jases a demi-desséchées; et cependant 1e miasme paludéen ne se Inontrait pas. Dans ales deux cas, l’influence tellurique palustre fut nullc, et je pense en avoir expliqué :la cause dans les trois parties de mon mémoire. Je n’ai donc trouvé depuis lors que de rares occasions d’expérimenter ce moyen ‘thérapeutique, etje n’ai pu m’assurer comme je l’aurais voulu et d’une maniére assez {précise de sa valeur fébrifuge. Cependant, si rares qu’aient été les occasions, j’ai pu, pendant ces deux dernieres années, administrer tantét 1e vin, tantOt l’alcool potable a 63 fiévreux. Et \‘oici, quant a present, les résultats auxquels je suis parvenu, et squelles conclusions je crois pouvoir en tirer : 10 Evidemment avec l’alcool potable on 1e vin chaud alcoolisé, on peut arréter et ,Suspcndrc les acces dc fievres palustrcs, légitimes, atissi rapidement quclquefois quu’avec 1e sulfate acide de quinine, mais les récidives sont plus fréquentes et surtout aplus promptes qu'avec cet alcalo‘ide. Ainsi sur 63 observations : 9 fois la fievre ne fut que suspendue; 10 fois la récidive eut lieu apres 1e cinquieme jour; 11 fois aprés le neuvieme; 17 fois apres 1e quatorzieme; Et 16 fois la guérison a été definitive et d‘emblée. 28 Ce résultat n’est certainement pas assez satisfaisant pour que des maintenant or place cet agent thérapeutique sur le meme rang que la quinine et l’arsenie. Cepen dant je dois faire observer que la fréquence et la rapidité des réeidives ont souven été dues a la maniere inexacte et inintelligente avec laquelle ce traitement a (at suivi, car un des points les plus essentiels pour en assurer le sucees est de donner 1 liqueur a dose et a temps convenables. Les acces ayant presque toujours tendance, sous l’influence des premieres doses di ee traitement, a subir du retard ou de l‘avancement, il est important de suivre attem tivement les changements qui s’operent dans l’apparition des acces, afin d’avance ou de retarder l’administration de la liqueur. 20 Les récidives survenant apres l’administration du sulfate aeide de quinine, son moins fréquentes et moins rapides. J’ai voulu établir 1a comparaison, et voiei ce qu j’ai trouvé sur un nombre égal de eas : 11 fois 1a récidive eut lieu apres sept jours; 8 fois apr‘es le quinzieme jour; 15 fois apres la troisieme semaine; 7 fois apres la quatriéme semaine; Et 22 fois 1a guérison fut definitive et d’emblée. La encore je crois devoir attribuer un grand nombre de récidives a l’inintelligenc des malades, a leur répugnance a prendre le sulfate de quinine, malgré tous le soins que j’apporte souvent a le déguiser, car rien ii’est plus commun que de retrouVE chez eux la moitic ou le tiers du medicament encore intact; parce que, la fi‘evre etai: coupée, ils se croient dispenses de continuer la medication. La difference des résultats obtenus par l’action febrifuge des alcooliques comparé aux résultats obtenus par les preparations de quinquina sent notables, on 1e com: prend. D’une part, on sait que les prepriétés excitantes de l’alcool se de’veloiwpent ave une grande rapidité, mais que le stimulus produit n’a qu’une durée lrbs-limitée‘ variant suivant les individus entre une heure et cinq heures. Le \‘in et l‘alcool, semblable dans leur action au feu de paille qui flamboie Vivement d'abord, ct s‘eteint rapids- mont ensuite, 11’ont comme lui qu’une tres-eourte durée dont il faut saVoir tirer part: Tandis qu'en outre des propriétés spécifiques des preparations quiniques, que j suis loin de nier, leur action tonique et névrosthénique, si elle est moins rapide, s maintient bien plus longtemps et pendant une duree égalant au moins quatre foi celle ou agit l’alcool seul. De meme que le quinquina développe une veritable fibx‘re quiniquc qui \‘ient susx citer dans l’organisme une force de resistance factice, do mi‘me aussi Ie \‘lll e l’alcool développent une veritable fiewe alcooliquc dont les efl‘ets et le but sont let ’ memes. Toute la difference, je le répéte, est que la fievre quinique a une durée plu; 51' 29 t longue que la fievre alcoolique, et que l’action de la quinine a une precision et une ' certitude d’efi'et plus grandes que celles de I’alcool. J’ai cru devoir tirer un parti de eette action rapide de l’alcool dans l‘organisme, en i mélangeant tantOt dans du Vin blane, tantot dans du rhum ou de l’eau-de-vie, le '5 sulfate de quinine préalablement dissous dans unc quantité suffisante d’acide sulfu- l rique. Ce mode de preparation est d’une ressource immense lorsqu’il s’agit de com— 1 battre une fievre pernicicuse et qu’il ne reste qu’un temps tres-limité pour agir. i Parce que le Vin et l’alcool, ai-je dit encore (loc. cit), peuventarréteret suspendre des acces de fievre, il ne faut pas eroire qu’ils doivent étreindifféremment'employés 2 comme succédanés du sulfate de quinine, non; et qui voudrait agir d’apres un tel 3 principe se ferait de grandes illusions et se préparerait bien des mccomptes. Dans une fievre palustre récente qui surgit et se développe aveo une certaine aeuité, ': alors que le type qu’elle doit affecter n’est pas encore marque, je dis qu’il y aurait E témérité a vouloir, de prime-abord, employer 1e Vin et l’alcool , i1 faut, avant tout, se prémunir contre la tendance pernieieuse et administrer sans hésiter le sulfate de qui- ; nine de preference a tout autre medicament : je dis plus, je dis que le temps devant zétre considéré comme le capital le plus précieux de l’ouvrier, on serait coupable de . ne pas commeneer toute medication fébrifuge par le remede reconnu comme le plus théroique ct le plus certain. Mais n’arrive—t-il pas souvent, ainsi que chacun a pu leconstater, que le sulfate de Iquinine lui-meme, par une cause on par une autre, reste impuissant; que la fievre, coupée d’abord une ou plusieurs fois, reparait encore; que la patience du malade spoussée a bout, et sa bourse épuisée surtout, ne lui permettent plus de faire usage de 913 quinine ni de s’en procurer? 0n dit que, pour trois ou quatre francs dc sulfate de -jquinine, on va couper la fievre, oui, cela est vrai, mais la synergie vitalc, détruite sous l’influence des premiers acces, ne sera pas établie par cette premiere medication. Et par la moindre des causes occasionnellcs que j’ai signalees, la fievre reparaitra iapres quclques jours; alors nécessité de recourir de nouvcau au medicament, qui tsuspend encore les acces, mais ne prévient pas les recidives; enfin, apres trois ou *quatre tentatives semblables, et surtout apr‘cs avoir de’pensé une quinzainc de francs, Isomme énorme pour lc pauvre journalicr dc nos campagnes, Ie malade décourage, "Eaffaibli et atteint quelquefois de cachexic paludéenne, rejette tout le blame sur le mé- iidicament, l’accuse d’impuissance et Ie regardc eomme auteur des troubles fonction— [inels dont il est atteint; c’est a lui qu’il doit sa bouffissurc, c’cst a lui qu'il attribue eon anémie, le ballonnement de son ventrc, les douleurs d’estomac qu’il ressentf'etm _ :‘Et, apres cela, faut-il s’étonner qu'il sejette dans les rem‘edes cmpiriques les plus ' lextravagants dont fourmillcnt les pharmacope’es populaires? . En attendant que de nouvelles études, que je crois utiles et indispensables, soirentz (entrepriscs pour éclairer cette question, je veux, afin que You no se méprenne ni sur' [Ines intentions, ni sur mes conclusions, me résumer ainsi : 30 Le sulfate acide de quinine, soit pur, soit mieux encore, lorsqu’il est possible, di sous dans du vin blanc ou une liqueur alcoolique, est le premier medicament :31 en, ployer dans une fievre intermittente au debut, et chaque fois qu’on voudra arriver une guérison prompte et sure; si la fievre est rehelle a co moyen, il faut recourir at preparations arsenicales, alors on est sur de triompher. Mais pour les fievres passé pour ainsi dire a l’état chronique, pour celles qui affectent les types tierces et quarte dans les pays 01‘1 l’endémicité regne dans toute sa force, 1a enfin 01‘1 la populatie chétive, débilitée, traine une existence miserable, jc crois que les preparations oineus et alcoolz'ques rendront d’1mmenses services, non pas seulementa titre de moye1 curatifs, mais a titre de traitement prophylactique. Soit donc que vous ayez recours, pour couper la fievre, aux preparations quiniqm ou arsenicales, soit que vous ayez a traitor des malades riches ou pauvres, vous av 51 votre disposition un moyen sur pour prévenir les récidives, c’est de leur recon mander l’usage d’mz 22m pur aussz‘ gc'ne'reux que possible, aux repas d’abord, pl; deux ou trois fois par jour dans l’intervalle de ces repas. Aux uns donnez (lu Port on du Madere sec, aux autres donnez simplement du rlium, du cognac ou de liqueur dc gcnlcx re Ce iégime tenu pendant plusieurs semaines, sans ne'gliger, bi- entendu, les regles hygiéniques sur lesquelles j ’ai insisté dans men mémoire, se une ressource des plus efficaces entre les mains de tout praticien qui saura 1e co. seiller avec prudence et reserve. Cela se coneoit si facilement et si naturellement, qu’il est presque inutile d’ajout, ici aucun commentaile; et comment en douter, lors sque l’on consid‘ele quelle est puissance de ces liquides sur ces existences appauvries, ct av ec quelle energie ils fo. sentir leur action sur ce systeme nervcux qui ne poss‘ede plus, pour ainsi dire, qu’u1 demi-vitalité! M. J. Guyot avait done raison de croire a la puissance de ce m0)“ the’rapeutique, et son encouragement, je l’espere, deviendra précieux. Avec notre honorable confr‘ere, M. Bertet, j’applaudirai de tout coaur aux effor que le gouvernement voudra hien tenter pour nous assurer des quinquinas s. lesqucls nous puissions compter, en les acclimatant dans nos possessions coloniale‘ c’est une sage ct utile pensée a laquelle tout le monde s’associe depuis longtemps. Pour moi, mon cher rédacteur, qui vis pres de cette grande contree palustre ayai nom Sologne, contrée si désliéritée et néanmoins dc tant d’avenir, je me demande Qui donc nous aidera a propager la viticulture dans l’intérieur de ce pays? Quar. donc lc pauvre ouvrier de ces vastes plaines aura~t-il, pour apaiser sa soif et cellet sa famille7 une autre boisson que l’eau crue ou vinaigre’e dent i1 fait usage? on e 1e vent favorable, 01‘1 est la hrise bienfaisante qui se chargera d’emporter l’écho (2 nos paroles vers les regions e’levées du pouvoir? Car c'est une conviction profonde _- qui commence a se faire jour dc toutes parts ' Qu" avec [6 222% on pout ro’ge’ne’ret' enrichir et augmenter certaines populations. Dr Edouard BURDEL. Cinquiéme Lettre [Avec l’intéressant travail qu’on va lire, mon honoré confrere, M. Burdel (de ._Wierzon), m’a adressé, avec priere d’en exprimer mon opinion, quelques bouteilles éde divers crus et de différentes années, dc vin récolté en Sologne, dans des terrains autrefois ingrats, infertiles, ou poussait £1 peine une herbe insullisante :31 1a nourriture ides moutons, et 01) certes il a fallu étre guide par une vive conviction, pour oser y planter 1e sarment de la vigne. Quant 31 la culture, l’expériencc parait avoir réussi Relativement au produit, quoique jc ne puisse passer pour un oenophile autorisé, je dais déclarer que les échantillons que j’ai regus de M. Burdel sont vraiment tres— temarquables. Ce Vin de Sologne n’est ni 1e Vin épais et foncé du Midi, ni le vin presque limpide et aigrelet d’Argenteuil, mais un vin suffisamment coloré, ayant un ngout particulier de terroir ne présentant rien de désagréable, au contraire, suppor— tant l'eau et constituant, mélé ou non avec elle, une boisson désaltérante et dont :l’hahituel usage peut heureusement modifier les conditions pathologiques des habi- ,.tants de ces contrées. . J’estime donc que notre distingué confrere Burdel (de Vierzon) a bien mérité de l’hygiene et de l’humanité en consacrant ses efforts a la propagation de la culture de la vigne en Sologne. — Am. LATOUR.] LE VIN GONSIDERE COMME PROPHYLACTIQUE PUISSANT DES PIEVRES TELLURIQUES DANS LES PAYS PALUSTRES. a Le vin est chose mervcilleusement appropriée 2‘1 l’homme si, on santé comma on niziladie, on l’udiniuistrc é. propos etjuste mesure, suivant la. constitution individuclle. » (HIPPOCRATE, trad. de LITTRE.) A Monsieur le docteur Amédée Latour Bien cher et distingué confr‘ere, Vous n’avez pas ouhlié, jen suis convaincu, l’aimable et savant confrere que la mort nous a enlevé et que ceux qui l’ont connu regrettent toujours; je veux parler 32 de cet apbtre si convaincu et si expert en oenologie, qui n’a pas craint dc sacrifiemp fortune et son existence at précher et propager 1a viticulture en France. Vous 1'3." déja nommé, c’est de Jules Guyot que je veux parler; c’est de ce confrere si chi- mant, si alfable, si entrainant, que nous avions tous tant de plaisir a voir eta entenCi chaque année, dans nos agapes si fraternelles, nos grandes fétes de l’Associati, Et si, comme j’en suis persuade, vous ne l’avez pas oublié, vous dont la mémoireri cceur est si grande, vous devez vous rappeler les charmants articles qu’il a adree-e a l’UNION MEDICALE, en réponse a une modeste lettre que je vous avais envoyée is l’In/luencepm‘ssante du vin dans les flévres palustres et de la Sologne enpartz‘culu. Eh bien, cher confrere, apres dix—huit ans d’observations attentives continuées sun sujet, j e viens, aujourd’hui encore, vous en entretenir et vous exposer les faits nombra qui, depuis ce temps, se sont passes sous mes yeux. Et d’abord, qu’il disait vraifi qu’il disait bien, ce savant et spirituel confrere, lorsque, dans son langage aphoriefi; et plein d’humour, pour démontrercombien 1e vin est une boisson alimentaire inc pensable aux classes ouvrieres, il racontait : que les vignerons estiment qu’une pix:r de vin leur vaut un sac de farine; et, en effet, ajoutait—il, deux livres de pain et d0 bouteilles de vin par jourles nourrissent mieux, leur donnent plus de force a dept; ser, plus de courage au travail, que quatre livres de pain et deux litres d’eau. — . suis 10in do prétendre, disait-il encore, que le vin et ses principes immédiats pt. sent jamais etre considérés comme une panacée; mais que le vin et son esprit soin alimentaires, hygiéniques, et qu’ils eoneourent a la guérison et déterminent me: la guérison d'un grand nombre de maladies, c’est ce que je rappelle avec d'aulw plus d’assurance, que personne ne l’ignorc, et que je ne crains pas d’alfirmer quc; vin et ses principes immédiats olfrent (les ressources thérapeutiques plus nombreurs ct plus heroiques que l’opium et ses principes immediats, que les quinquinas etleu principes immédiats, que toutes les especes olficinalcs et leurs derives (1). » Evidemment, il est des pays, —et (3013. est d’une vérité incontestahle, —01‘1 li est si pur, l’eau si bonne, si savoureuse, 1e sol si sain, qu’on peut pour ainsi dire: passer de vin, ou du moius ne le considérer que comme une boisson de luxe; In il en est d‘autres, les pays de plaines, les vallées et plateaux palustres en particuli‘. oil cette boisson alimentaire est indispensable et aussi importante qu’un hon pq de pur froment. Dans ces pays, i1 faut le dire, l’eau est loin d'avoir toutes les qua; tés potables hygieniques, et l’atmosphere dans laquelle l‘homme vit est tellenrn saturée dcs émanations du sol, qu’avec les elements telluriques spéciaux qu'r‘r contient, il se produit des contrastes si grands de sécheresse et d’humidite, de 0' leur et de refroidissement, que le Vlll y devient alors un tonique névrosthénique 3 plus précieux. C’est la, certainement, que le vin doit non-senlement étre considn. (1) UNION MEDICALE. Lettre a M. Amédée Latour, page [167, année 1860, n° 108. 33 "lemme une boisson alimentaire des plus utiles, mais encore comme un agent théra— 'beutique de la plus haute valeur. Pour en juger, i1 faut avoir eté, ainsi que je l’ai été “ant-dc fois, témoin de son action médicatrice puissante dans les families 011 la fichexie et l’anémie dominent, et chez lesquelles 1e vin alimentaire n’apparait Jamaissur la table qu’a des époques pour ainsi dire solennelles et indéterminées. 'ii'est dans ces conditions, enfin, qu’on voit 1e Vin opérer a lui seul de véritables 'ésurrections. Ainsi que le dit J. Guyot : Seul, avec ses principes immédiats, il oft‘re 5,1118 de ressources thérapeutiques, plus nombreuses et plus héroi'ques que l’opium, Inquinquina, etc., et tous leurs principes immédiats. "‘l Cela est si vrai que, souvent, tres—souvcnt, il m’est arrive de donner tout simple- ‘icnt un bon vin généreux, auquel j’ajoutais, pour la forme, quelques grammes de 'éinture d’écorces d’oranges ameres et de gentiane; et, avec ce liquide donne a de inuvres gens, a la dose de 1:2 cuillerées par jour en trois fois, j’ohtenais, dans les 'Ilémies et les cachexies palustres, des résultats vraiment miraculcux, et cela sans ",1 secours d’aucun autre medicament. '1 Mon but, dans ce moment, n’est pas de vous entretenir des propriétés therapeu- iques spéciales au Vin dans nos pays a fievre,—bien que j’aie un article addition- lel hien important a ajoutera ce que je vous e’crivais a cette époque, 1860 (1);— leourd’hui, je ne veux vous parler que de son action prophylactique et de son hportance dans l’alimentation des classes ouvrieres de ces contrées. Vous verrez ussi quel chemin out fait, depuis lors, les idées que J. Guyot et moi avions émises ipronées sur ce sujet; vous verrez,—ce que vous savez autant et mieux que moi,— ie, lorsqu’on croit devoir proclamer une vérité, et que cette vérité doit étre profi- ' flea l’humanité, i1 ne fautjamais craindre de la dire et de la répéter quand me‘me, - chaque instant et sous toutes les formes, persuades que nous devons étrc qu’un ur elle fera sa voie, et que tot ou tard, semblable a la goutte d’eau qui tombe sur wroche, si elle ne 1a transperce, elle marquera du moins sa place. 5!. Guyot, qui a tant contribué, ainsi que vous le savez, pendant la derniere année "ma vie, a augmenter la richesse nationale de son pays, en vulgarisant la viticul— teen France, J. Guyot envisageait cette question au point do vue surtout de 'tconomie agricole et industrielle; c’était avec un grand sens logique et pratique ’l’il disait que tout terrain pauvrc qui ne pout produire do céréales qu’a grands fi, pourvu qu’il soit situé dans une région oh la viticulture est possible, devait ‘2 planté en vigne. —M’associant, :31 mon tour, a l’idée de J. Guyot, mais la res- Qnant pour l’enfermer dans un cadre d’hygiene regional, j’ai dit alors (2) z « Je tsuis pas assez competent pour afiirmer que la vigne réussira toujours dans les :1) Du vz'n et de la viticulture en Sologne. UNION MEDICALE, juillet 1860, n° 89. '52) Letlre au maréchal Vaillant, Sur la viticulture en Sologne ; 1863. 3h sols pauvres, et que, dans la Sologne par exemple, elle pourra donner, ainsi qua: pense notre ami J. Guyot, un produit rémunérateur aussi certain et aussi importm que la sylviculture; mais je sais, par experience et par l’observation de ce qu‘n passe chaquc jour sous mes yeux, que la vigne sera assez productive et rémunératrt pour donner un hon Vin alimentaire et d’excellentes boissons a l’homme dont l’em tence se passe dans cette atmosphere atonique; et que, de plus, cette culture, dab ces conditions, l’indemnisera de ses frais et de ses labeurs. » Dopuis que J. Guyot a parcouru toutes les regions viticoles de la France, ObSEK vant, recuelllant, indiquant les meilleures méthodes; préchant, excitant, encouu. geant a planter de la Vigne, chacun s’est mis a l’envi a cultiver cet arbrisscez colonisateur, ainsi qu’il 1e disait si bien; et Dieu sait les centaines de millions que .3 homme do bien, mort dans un état voisin de la détresse, a su donner a son paysaa Celui-la seul qui a pu visiter les vignobles de la France, dans cet intervalle de 0;: huit ans, peut comparer et juger du progres de la viticulture et de l’entrainement h s’est produit sous l’influence de la parole de notre ami. Malheureusement, depjs quelqucs années, un insecte immonde et dévorant, quoique microscopique, com: lequel la science pratiquc nous laisse jusqu’a ce jour sans defense, menace 9: détruire et d’anéantir ces richesses. Groycz bien, mon chcr rédacteur, que la Sologne, ou du moins une partie deia Solognc, n’est restéc ni sourde ni indifférente a la voix de Jules Guyot, et qu’elle suivi, elle aussi, —-quoiquc avec plus de lenteur et de reserve, ——- l’impulsion qu’ln donnée; car vous savez qu’il a explore lc pays a cc point de vue, et qu’il y a fait n conferences. Aussi a—t-on planté beaucoup de vigne, surtout dans le perimetrm cctte contree, ct on en cut planté davantage si un autre fléau, moins devastate sans doute que lc phylloxera, mais quelque peu ruineux aussi, ne fut \‘enu arm un peu et relroidir l’enthousiasme do nos populations. C’cst d'cs gele’es dont je V..' parlor, des gclécs tardivcs printanieres, qui out tant fait dc ma], non pas seulcrm: dans la SOIOgne, mais dans les trois quarts dc la France; car, quant au phylloxa. laissez—moi vous dire en passant, — et qui sait meme si un jour, par la devastate; qu’il produit dans les autres pays, i1 ne contribuera pas a réaliser 1e réve de Gun“ c’est-a-dire a faire de la Sologne un grand centre viticole,—jai dc bonnes raises dis-jc, pour croire qu’il ne vicndra pas détruire les vignes de ce pays, ou du mm que, s’il y venait, i1 n’y vivrait pas longtemps, mal regu qu’il serait par les imnm sions prolongees qu’il aurait a y subir pendant l‘hiver et le printemps; car, as cpoqucs de l’année, les pluies entrctiennent, grace a l’impermeabilité du sol,,:l nappes d’cau, presque a fleur de terre, qui haignent complétement les racinesal les radicelles de la vigne, pour disparailre rapidement par les chaleurs estivaless qui constitue, vous 1e savez, l'action tellurique de ce pays; mais conditions a: seraicnt mortelles, jc crois, au phylloxera. Vous trouverez peut—étre étrange, siren 35 5316placé, bien cher confrere, que, apropos du vin considéré comme prophylactique de la fievre tellurique, je vienne vous entretenir de la vigne, de sa culture et des ,punemis qui l’assaillent de toutes parts; mais ne dois—je pas vous faire comprendre @616 vin, si utile a l’ouvrier de ces contrées, ne fera jamais partie de son hygiene Mmentaire, s’il ne le récolte lui-méme, c’est-a-dire s’il ne cultive 1a vigne de ses fiuopres mains? C’est la la condition la plus indispensable et la plus rigoureuse sour arriver :21 cc résultat humanitaire. i Lorsque J. Guyot, au point de vue de l’extension de la viticulture, et moi au point invue de l’hygiene climatologique, avons proné tous deux la vigne et le vin en éblOgne, savez—vous quelle est l’objection qui nous fut faite alors en 12am! lieu, at 60116 que quelques propriétaires riches, — qui peuvent se procurer facilement, a prix :i'argent, le vin dont ils ont besoin,—nous opposerent et nous opposent aujourd’hui? ilf‘Mais, avec l’extension de la viticulture en France, disent-ils, avec les routes ch as chemins qui sillonnent le pays en tous sens, a quoi hon planter de la vigne, [prsque l’on peut si facilement s’en procurer au dehors par l’échange des produits? » {ous comprendrez que, si nous ne parlions de la viticulture en Sologne qu’au point Revue des classes riches et aisées, lesquelles préferent, non sans raison peut—étre, '3 vin de Bordeaux ou de Bourgogne au vin du cru, nous n’aurions qu’a nous taire invant cette objection; mais si nous voulons, au contraire, envisager cette question, finsi qu’elle le mérite, dans tout ce qu’elle a de plus sérieuX, de plus humanitaire gtméme de plus pratique, nous dirons, nous hasant sur l’observation de chaque gm, que l’ouvrier et sa famille ne peuvent boire at me boiront du vin alimentaire lie lorsqu’ils en produiront. 11 est difficile, pour ne pas dirc impossible, qu’un ilvrier qui a une nombreuse famille, et dont 1e salaire quotidien, —— a la cam— ,figne, — ne dépasse pas 1 fr. 50 et 2 fr. dans l’été, puisse tirer de sa bourse 1a somme @340 on 50 francs pour acheter, —méme a sa proximité, —une piece de vin. Tandis afil n’hésitera pas a donncr, de ci de la, quelques journées, a ses moments perdus, tour cultiver quelques ares de vigne; ainsi qu‘il le fait pour son jardin, dont il tire as lérrumes, ou de son ouc/ze (1), dans laquelle i1 cultive du Zahanvre pour faire de *étoile, ses Chemises et ses draps. Ajoutons encore que l’ouvrier ne tire pas seule- gent du vin de sa vigne; il a aussi, pour boire dans la semaine et a son travail, {fixeellentes boissons toniques, quoique moins nutritives et rnoins alcooliques que r'vgvin; j’entends parler de ces boissons qui sont le produit de la grappe, laquelle a mi 21 fabriquer le vin. On ne saurait croire de quelle importance sont ces boissons "Illr l’ouvrier; et cette importance sera surtout appreciable dans plusieurs années, limesure que les plantations de vignes augmenteront; c’est alors qu’ils pourront 5(1) 0n appelle ainsi un petit coin dc jardin, cultivé en clieneviere. 36 juger qu’une demi—bouteille de vin ajoutée a leur maigre pitance leur donnera fog.- et santé, et, le plus souvent, les préservera de la fievre. Au point 01‘1 la science physiologique en est arrivée aujourd'hui, it me semc inutile de vouloir démontrer que le vin ordinaire, ainsi que le dit si bien J. Guyi « pris re’guliérement avee le pain et les autres substances solides des repas, estu aliment pre’cz‘eux; » —car 1e vin n’agit pas seulement par l’alcool qu’il contiem mais par tous les principes immédiats qu’il tient en dissolution, tannin, tartran et autres sels, etc.; et vous savez qu’un bon vin ordinaire, — celui provenant dei vigne, et non celui qui sort de l’ofiicine des marchends de vins, dont la quan‘a d’alcool surajouté est en raison directe de l’étiquette qu’il porte, — qu’un ll vin ordinaire, dis—je, ne contient que de 8 a 9 p. 100 d’alcool; aussi, les boissoa. vineuses naturelles sont-elles les plus rapides et les plus puissants modificateta du systeme nerveux que nous connaissions parmi les substances alimentairesya leur action est évidemment dans le sens de l‘augmentation, de l’exaltation des fOEC vitales; puisqu’elles sont alimentaires, elles sont assimilables, par consequent é» fusibles, c’est-a-dire que leurs effets se répandent dans l’organisme sans y laisai d’éléments étrangers plus ou moins désorganisateurs. C’est par celte double quais de medicament et d’aliment que les boissons vineuses et spiritueuses oil‘rent a médecine un auxiliaire plus puissant et plus inoli‘ensif a la fois que les préparatid; pharmaceutiques. 11 y a cette difference, entre le vin naturel et l’alcool, que le p} mier est un liquide alimentaire, favorisant 1a digestion et l’assimilation; tandis ( . 1e second, ainsi qu’il ressort des recherches de M. Maurice Perrin, se comporte dab l’organisme en veritable agent dynamique excitateur du systeme nerveux : « L'J cool, dit-ii, séjourne dans le sang, et par lui exerce one action directe et primilh sur les centres nerveux, dont, suivant les doses, il modifie, pervertit, et abolitu‘ fonctions; i1 s’accumule dans les centres nerveux et dans le foie, et i1 sort en natie de l’économie par les diverses voies d’élimination. » Il n’en est plus de meme :3 vin, — pris a dose modérée,— dont les divers principes, mélangés a la mas alimentaire, exercent une action bienfaisante sur le mouvement de la nutrition. Ci: qui, dans le cours de leur vie, ont fait plusieurs repas dont les uns n‘ont été arm sés qu’avec de l’eau seule, et dont les autres ont été pris avec du hon Vin, ceuxz. peuvent dire quelle difference existe, quel hien-étre, quelle stimulation ils out I sentis, et quelle comparaison ils peuvent faire entre les premiers et les seconds.a Cela se ressent et ne se mesure pas; et si la chimie elle-méme est impuissanm démontrer l’action bienfaisante et sensuelle du Vin pris aux repas, la physiolud le constate et le démontre. « Je ne puis, dit encore J. Guyot, aller £1 l‘encontre 9 recherches de MM. Duroy, Ludger Lallemant et Maurice Perrin, qui établissent U3 l’alcool n’cst pas alimentaire, c‘est—a-dire qu’il échappe a I’assimilation; ils peuwt avoir d’autant plus raison, que l’eau non plus n‘est pas assimilée, que le chlorurea 37 a] sodium n’est pas entierement decompose; mais 1e vin et les spiritueux favorisent 1a digestion au meme degré que l’eau et le sel. Voila ce qu’on peut atfirmer (1). » Si donc il est admis que le vin est un puissant tonique, un stimulant imprimant :1 line action spéciale sur l’alimentation et la reparation, il en découle nécessairement let logiquement qu’il doit étre un puissant agent prophylactique des accidents tellu- iriques dans les pays palustres en general. Ce que nous avaneons est complétcment Jconfirmé par l’observation des faits; il ne fautqu’ouvrir les yeux pour le voir et en létre convaincu. Aussi, on peut aflirmer que ce n’est qu’exceptionnellement et acci- klcntellement que la malaria s’appesantit sur les classes indigenes dont 13. position (sociale permet l’usage quotidien du vin aux repas; tandis que, dans les classes muvrieres, je ne dis pas pauvres, mais qui vivent plus ou moins péniblement du tra- mil de leurs bras, cellos-Ia, enfin, dont l’eau est la hoisson habituelle, cette classe en soufl're d’une maniere permanente; je dirai mieux, d’une fagon chronique. Depuis longtemps déja, pas un pays‘an, pas un ouvrier de la Sologne et du Berry, n’a passé devant mes yeux, sans qu’il ait eu a répondre a cette question z—Ouc buvcz- was at 2205 7‘6paS?-— Et, par cette simple question, j’ai pu étahlir, dans le cours de mes consultations aux populations rurales , unc enquétc qui m’a complétement .démontré l’influeuce relative du vin dans la population, et la difference qui existe entre ceux dont l’eau est la seule et unique hoisson et ceuX qui font usage du vin :31 mars repas. Dans le Berry, pres d’un cinquieme seulement des paysans boit de l’eau a ses was; le reste boit du vin, des boissons vineuses ou des cidres de difl‘érents fruits; Vielte petite fraction d’habitants dont l’eau est la principale hoisson alimentaire, mis qui vit sur un sol plus riche ct relativement plus sain, n’est que tres-rarement tisitée par les fievres d’automne; et leur constitution, plus riche, offi'e une notable Ixifl‘érence avec celle des habitants de la Sologne, dont les conditions d’existence rant cependaut les memes. ‘ Lorsque, au contraire, la question : Que buvez—vous? est poséc a ces dernicrs, resque tous, pour ne pas dire tous, répondent invariablement : Nous ne buvons que vel’eau. Quelques-uns boivent des cidres de différents fruits; mais le plus grand Iombre ne boit que de l’eau, quelquefois aiguisée de vinaigre, mais lc plus souvent ‘el’eau seule. Aussi est-cc dans cette classe que le vin, soit comme agent hygiénique 'Il thérapeutique, produit des merveilles. Les faits que j’ai recueillis rendent incon- tstables pour moi cette vérité : que, dans les pays a sol palustre, lcs habitants qui la boivent que de l’eau sont faibles, souvent anémiés et frappés d'accidents tellu- v’ques; tandis que ceux qui font un usage journalier de vin alimentaire n’en sont tappés qu’exceptionnellement et accidentellement, et qu’en outre leur sang, plus ; (1) UNION MfichLE, meme numéro. 38 riche, augmentant 1a force de leur constitution, les rend plus résistants aux pertu; bations climatologiques incessantes au milieu desquelles ils vivent. Je vous prie de faire attention, mon bien cher confrere, qu’ici, je n’entends paw ler que des habitants des pays palustres, des indigenes, en un mot, et non de cea qui y vivent passagerement; car ceux-ci, eussent-ils a boire les vins les plus gen: roux, si par malheur ils viennent a s’écarter des regles prescrites par l’hygieue de a- pays, on Si accidentellement ils out a subir des conditions morbides, presque inéV—Q tablement ils auront a rossentir les accidents telluriques. . E‘nfin, pour vous e’difier d’une facon plus complete encore sur l’influence propt- lactique du Vin, permettez-moi dc vous exposer un fait dont l’importance, je n’: doute pas, ne vous échappera point. Ce fait vient de se passer pres de moi, et pow ainsi dire sous mes yeux, a Romorantin, chef-lieu d’arrondissement, possédat 7,000 et quelques cents habitants, ville batie au milieu des plaines de la Sologne ‘ Dans cctte coutrée, comme dans toute 1a Sologne du reste, les populations rurar sont plus ou moins maltraitées par les fievres; et cette année, notons-le partieuh rement, la séchcresse extreme, alternant av'ec dos pluies d‘orage, a donne lieu a r- grandes evaporations humiques, lesquelles ont deveIOppé une quantité considérai: de fi‘evres telluriqucs : pas de ferme, pas de hameau qui n’eut un plus ou moo grand nombre de fiévreux. Eh bicn, malgré cette mauvaise condition climateriqp la petite garnison de Romorantin, composée d’un bataillon de chasseurs a pied, a“: mentée encore, aux mois de septembre et d’ootobrc, des réservistes qui, pends. vingt-huit jours, ont fait les manoeuvres d’automne, a pu éehapper complétemens l’ende'mic, et cela, grace au Vin qui a été distribué et bu par les soldats pends: toute cette période. Dans l’espaee de vingt-huit jours, époque pendant laquelle s manoeuvres, marches et centre-marches ont été exéeutées, il a été bu, —— le batz“ Ion étant compose de 835 hommes, —30,000 et quelques cents litres de Vlll (, ce qui donne, comme moyenne, a pen pres un litre et quart par homme, pour l. pace de \‘ingt-huit jours. Veuillez bien ne pas perdre de rue, bien eher confrere, ainsi que je l‘ai dit déjagr car c’ost la un point capital, ——que ces manoeuvres ont été faites pendant les mi do septembre ct d’octobro, e’esL-a—dire dans le moment on l’cndémie était dans tcz‘ son intensite, et que c’est en pleine campagne aussi qu’elles out été executéesaé alors que les populations rurales etaient le plus atteiutes. Sur 835 liommes, et pa, daut cos vingt-huit jours, trois seulement sont entrés a l‘hopital pour y étre tram de la fievre, et encore l’un de ces trois malades était—il soupgonne d‘étre tubere leux. Bien plus, m’a raconté l’houorable chef de bataillon, do qui jc tiens ces detazt (1) Une grande partie de ce via a été distribuée aux soldats, et une autre a cut payéeti: les réservistes et les soldats du bataillon. 39 '9 quelques réservistes qui étaient arrivés malingres, chétifs et fiévreux, ont pu supporter ;la fatigue des manoeuvres et, apres ces vingt-huit jours, quitter 1e bataillon sans étre ‘l'entrés un jour a l’infirmerie, et out pu rentrer chez eux fortifiés par le regime et ill’hygit‘ane du soldat. Je pense que le fait peut se passer de tout commentaire, et, si je ne me fais illu— sion, il me semble que, pour tout le monde, il ressort naturellement que le Vin, iassocié quotidiennement aux repas et pris a dose modérée, constitue un des plus ipuissants prophylactiques des accidents telluriques : d’ou il est permis de conclure que, encourager la viticulture en Sologne et dans les ‘dans 16 but d’abord de faciliter l’usage, d peu de fraz‘s, d’une boisson tonique qui a la fois fortifie l’ouvrier, régénere la population et devient un prophylactique puis— sant des maladies du sol, c’est faire non-seulement de la philanthropic, ainsi que ledisait si excellemment notre ami J. Guyot, mais c’est faire aussi de l’économie sociale an plus haut degré; c’est, enfin, parer aux troubles géologiques que les cata- {flysmes ont apportés dans ces regions, et rendre presque invulnérable l’homme qui .floit les suhir. i l pays palustres de méme nature, V O a Ainsi que je l’ai dit en commencant, s’il est sur le globe des climats, des contrées 91‘1 l’homme puisse se passer de Vin et de boissons spiritueuses, il en est d’autres, les pays palustres, la Sologne, et la Brenne en particulier, 01‘1 cette boisson est indis- tensable; et, comme le dit l’éminent chimiste Liebig : « Le Vin n’est surpassé par 5.. aucun produit nature] on factice eomme moyen de réconfortation, quand les forces 7': de la vie sont épuisées; i1 anime et ravive les esprits aux jours de tristesse; i1 * corrige et compense les effets des perturbations de l’économie, a laquelle i! sert % de préservatif conlre les troubles passagers causes par la nalurc inorganique. » i Les anachoretes et les saints pouvaient, dit-on, vivre dans le desert, ne mangeant fie des racines et ne buvant que de l’eau. En aucune fagon, je ne veux contredire ‘i l’histoire ni les saintes légendes; mais qu’il me soit permis de dire que la diffe— =nce est grande entre l’anachorete retire dans le désert, vivant loin du monde et de es bruits, et le pere de famille condamné a faire vivre de son travail, lui et les Jens : le premier, complétement distrait des choses d’ici—bas, n’a yant souei que de tn ame et n’ay ant que peu de hesoins; 10 second, devant, au contraire, lutter 'itessamment pour nourrir et élever sa famille, ct par consequent compter avec filtes les conditions sociales, ses besoins, ses maladies, ses passions, et souvent la lisére. A ce dernier, enfin, i1 faut une alimentation tonique, réparatrice, s’il veut ”Sister 21 toutes ces causes qui, en résumé, constituent la bataille de la vie. ~0n nous a dit aussi, -et c’est par la que je termine cette trop longue lettre, — l8, depuis la creation des routes, i1 n’était pas d’ouvrier, pas de paysan qui ne 1 du Vin, et que, au hesoin, il savait s’en procurer. Cela est vrai pour cc qui :garde 1e vin consommé au cabaret; et nous savons mieux que personne que, (10 aujourd’hui, les dimanches etjours de fete, lesjours de marché et de foire, un cc»: tain nombrede paysans et d’ouvriers quittent facilement leur demeure sous 1e moindu prétexte, attirés qu’ils sont par la cabaret, et que la ils consomment plus que 9 nécessaire. Mais, d’abord, c’cst le plus petit nombre, et observons qu’ici 1e vin et 1 alcools qui sont pris dans ces conditions ne sont plus les liquides alimentaires do» nous parlons, mais bien des liqueurs exercant une action énervante sur un system des plus faciles a ébranler; c’est, en un mot, de la débauche, mais de la débaucu entretenue le plus souvent par des liqueurs alcooliques de mauvaise qualité; enfiu ajoutons que cette débauche n’est que passagere, et que, pendant que ces libatiou’ se font dans le cabaret, la famille, la femme, les enfants et l’ouvrier lui—méms lorsqu’il rentre a la maison, ne hoivent que de l’eau. Vous 1e voyez, bien cher et excellent confrere, la question que je traite est bid complexe; car, on l’envisageant du cbté medical et hygiénique, on est forcéma entrainé a la considerer par un cbté non moins sérieux, j’entends parler du c: économique et philanthmpique : l’homme ici ne peut étre étudié isolément; c lui c’est la famille, c’est la population, c’est la société; on ne peut régénérer 1'2 sans l’autre, et c’est cet autre qui compose 1e pays... . .. . . . Mais je m’arréte ici; ,- ce sujet m’entrainerait trop loin, et peut—étre en ai-je trop dit déja pour abusera‘ votre bienveillance et fatiguer la patience de vos lecteurs. En vous adressant cette lettre, j’ai voulu d’abord la mettre sous votre patrona'a parce que, d’une part, je sais toute l’alfectueuse estime et l’admiration que Vr . ressentez pour le talent et le caractere deJ. Guyot, et que, de l’autre, il m’a 88ml qu’en poursuivant, — sous un cbté tres-restrcint, ——1‘idée et l’oeuvre de J. Guyoto pouvais mettre cc travail sous l’égidc de votre journal, ct qu’alors mes para; seraient mieux entendues, et peut-étre aussi mieux appreciécs. Aussi veuillez, avec tous les remerciements que je vous adresse a l’avance, agig. la nouvelle assurance de mes sentiments les plus affectueux et les plus dévoués‘: Dr Edouard BURDEL (de Vicrzon), r Mcmbre correspondant de l‘Académie de médecal Vierzon, 10 mai 1877. Puus.— Typographic Fl’mx MAL‘I‘ESTB et Ce, rue des Deux-PortesSaint-Sauveur, 22. 1w MEME AUTEUR DE L’IVBOGNEBIE, de ses efTets désaslreux sur l’hommo, la famille, la sociélé; moyen d’e modérer les ravages. —— 18511. BECHEBCHES SUB LES FIEVHES PALUDEENNES, suivies d’éludes physiologiques et médicale sur la Bologne. Un volume de 216 pages. —— 1858. NOUVELLES RECHERCHES SUB LE MIASME PALUBEEN ET L’IMPALUDATION. Mémoire en “‘0‘ parties, publié dans le Bulletin de l‘Académie royale de médecine de Belgique, année 1861—18652. STATISTIQUE sm' l’ame’lioration de la population en Sologne. Brochure; Bourges, 1860. LA VIGNE EN SOLOGNE, son influence sur le pays et sur la population. Brochure; Bourges 1862. LE CANCER considéré comme souche luberculeuse. Uu volume in-8° de 120 pages; 1872. DES ETANGS, de lour mainlien ou de leur suppression on point do we de l‘hygiéne, d l’agriculture el la légistalion. Brochure avec planche; 1873. DE L’AéTION DE LA QUINENE SUB L’UTERUS sain, malade ou gravide. Mémoire publié dat: Ies Ammlrs do gym’cologie. DE LA NEVBOSE CARDIAQUE TELLUBIQUE. deux mémoires publiés dans les Annales a gym‘cologie, 18811—1876. DE LA DEGENERESGENCE PALUSTRE, mémoire In a l’Académie de médecine, avec huil photo graphies, chez Massou, 51 Paris, 1875. Paris. — Imp. FELIX Mums-n; ct cic, rue des Deux-Portes-Saint-Sauvcur, 22. .22 SOINS A BONNER: Ale ‘ Vl-NSFINS DE LA com-0’01: DEl’LlS LL VENDANGE JLSQL'A LEUl-L MISE EN UUNSOMMA'I‘ION; PAH sséngtjlhurtougLuarer) Tonnelier. Commissionnaire en vins, a Beaune (EXTHMT DL‘ JOHN/Ml! d’Agre'cu/twcpralz'quc) l'rix : l franc PARIS LIBRAIIHE .XGRIUULL} DE LA MAISUN RUSTIQUE 26, KL'E mama, ‘26 AM fix» 1* )‘MJM' SOINS A BONNER AC X VENS ms DE LA ENE-9’01} ¥ DEPUS LA VENDANGE JYSQE’A LEL‘R MISE EN CONSOMMATION SEGUIN-ROLLAND Tonnelier, Commissionnaire en vins, a Beaune (EXTRAIT DL’ Jozmml (Z’Agrz'czdlurcpralz'que) Prix : l franc PARIS LIBRAIRIE AGRICULE DE LA MAISON IiL’STIQL‘E 2'6, RUE JACOB, ‘26 . SOINS A DONNER Al'X ? VINS ms DE LA COTE-D’OR ( gm .V-o-t. .wivmmnww AVANT~PROPOS . Depuis longtemps le haut commerce de la Bourgogne est a la recherche des moyens les plus eflicaces pour assurer la conservation de nos grands Vins et les empéclter de contractor l’amertume a la- quelle ils sont sujets. 0n s’est demandé pourquoi, clans un pays si riche en \‘ins tins, on n’ouvrait pas des cours pour instruire et les tonneliers qui sont char— gés de les soigner, et les négociants ou propriétaires qui en sont les détenteurs. Je répondrai tout d’abord que cela est bien diflicile,attendu que chaque prati- cien gardc pourlui les connaissanees qu’il a acquises dans les travaux de sa profes- sion, et qu‘aucun d’eux ne se soueie de livrerau public dans liuit ou dix lecons ce qu’il a mis vingt, trente et meme qua- rante ans a apprendre. ll vaut mieux le dire que de le'cacher. Au point de we de l‘intéret general, c’est un tort, je le veux ' bien; cependant remarquez que nous ne sommes pas plus blamables que no l’est le taillandier qui, a force de recherches, d’expérience et de patience, est arrive 51 découvrir une bonne trempc pour ses oulils. ll gardo sa déeouverte et ne la livre pas a ses confreres dc peur que ceux-ci no s’en servent pour lui l'aire concurrence. Encore une fois, ceux qui soignent les vins et passent leur Vic 51 faire des remarques dans les eaves, sont absolument dans le cas du taillandier. Quoi qu’il en soit,je \‘iens, moi, simple tonnelier, dire 51 tons eeux qui prendront la peine de me lire, ce quc j’ai appris dans ma longue pratique de plus de qua- rante années, et, en le disant, je n’ai pas la prétention de croire qu’il ne restera plus rien a dire apres moi. ' Tres-certainement je rencontrerai dans mes confrercs et dans les négociants eux— mémes boa nombre de personnes qui me, contrediront et me critiqueront. La plu- part des tonneliers, pour ne pas dire tous, feront observerqu‘ils en savent tout aussi long que moi sur les procédés que je leur indique pour la bonne tenue des caves dc propriétaires et de negociants; mais jc leur répondrai, a quelques exceptions pres, qu’il m’est permis d’en douter. J’en ai vu beaueoup a l‘oeuvre et crois pouvoir les juger. A les entendre, tous precedent d’une faeon irréprocliable, mais, a mom avis, nul ne fait encore assez bien puisque l’on peut, avec des soins ct dela propreté dans le travail, empeeher nos grands vins de s’alterer,tous en en partie.Les alterations dont nous sommes trop souvent témoins he font pas, on on conviendra, l’éloge destonneliers. I’uisqu’ils pretendentsavoir les raisons de ces désordres, pourquoi done. aueun d’eux ne réussit a les empécher de se produire‘? ll 5 a par consequent nécessité de les 'appeler a leurs devoirs dans l’inté- rét general en Inémo temps qu’utilité a ins— truire les jeunes gens et a les engager a bicn faire. Si mes conseils paraissaient trop minu- tieux ou impratieables, ce que je ne crois pas, on pourrait en prendre et en laisser et les modifier en bien. Je crains plutét qu’ils paraissentinsut’tisants. ll me‘manque $ 4 SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D'OR la science nécessaire pour parler comme il faudrait de tous les cas de maladie do nos grands vins. Ce que j’en sais, c’est a mon experience que je le dois. Je n’ai aucunement 1a prétention d’étre plus habile que mes confreres dans le traito- ment de ces maladies; je me contente d’indiquer les soins qui me paraissent les meilleurs pour les empécher do so pro- duire. Ma- seule ambition d’ailleurs est d’amener los gens a surveiller on a faire surveiller les travaux des caves, persuadé que, dans un temps assez rapproché, on éviterait les maladies qui sont le fléau de la Bourgogne. J’ouvre la marche et souhaite que chacun, a l”imitation de ce que je fais, apporte au public 53 part d’observations et de connaissances pra- tiques. , l FABRICATION DES GRANDS VINS norons DE LA COTE-D’OR. 0n commence par tenir ses cuves trel- propres, par les rincer par consequent avec de l’eau. Au moment d’y mettre la a .‘9 1.. . , . '\L _' .: c9"-. ‘-.. ._ 5:7 3 ~_= ..;'_w\:;a‘§¢pl,.a: 5?,” 3 (Au/e dag/zipper li/zutc ass grams d6 rats“: CM: days/9pm Fig. 1. — Egruppoir Lil. Loyoro. vendange, on aura soin de bassinor les 1 cuves avec de l‘eau-de-vie. lnutiie d‘njou- tor que dans les cures vides, ii no faut jamais mottre de fourrage, toujours sujet a fermentcr et a donner dos odours qui nuiraiont aux Vins délicats a l‘époque dos vendangos. Pour faire du bon Vin, relativeinent aux années bion entendu, on no devrait ven- dangor qu’apres la rosée. 0n obtiendrai Fig. 2. — Fouloir it oylindres, do M. Guillot. ainsi une fermentation plus prompto, plus complete, puisque l'on éviterait d’introduire de l‘eau dans la cure avoc les raisins mouillés. 0n y gagnerait cor- tainement en qualité et cette qualité payo— rait largemcnt les doux ou trois lleures que l‘on perdrait a attendre que les rai- sins fussent secs avant do les cuoillir. Autant que possible, i1 i‘aut que la VOD- dange soit faite rapidonient ct que los cuves soient remplios rapidoinent anssi, de faoon qu’il n’y ait pas do raisins en fermentation quand on on apporte d’au- trcs. Dopuis plus do soixanto ans, plusieurs propriétaires prorodont i1 l‘égrappz go dos raisins, c‘est-a—dire qu’ilsr soparont les grappes dos grams dans dos proportions V, plus ou moins considérables solon que les ; (J a raisins sont plus ou moins inurs. Si les grappes étaiont tout a fait inures, c‘est-a- diro sarmmimscs, l‘ograppugo demen— drait une operation inutilw; inais quand’ elles sont encore vertes, ollos no pouvent'i que nuiro 51 la qualité et ‘21 la \‘inosité du, Vin. Dans ce cas, ollos so romportents ~i j x J i comme les fruits dans l‘oau-de-Vie, elles; absorbent dans la cuve unecertaine (man-- i. .- 5,wy.v a tité d'alcool et cédent au mout un jus acide, vert et aqueux. Contrairement a une croyance vulgaire, les grappes des raisins ne contiennent pas de tanin; elles ne renferment que de l‘eau, des acides et quelques traces do tartrate de potasse- Le tanin ne se trouve que dans la pellicule des grains de raisins etdans l'épiderme des pépins. L’égrap- page doit done étre proportionné au degré de maturité des grappes. Il devient alors une bonne et peu couteuse operation. L’égrappoir systeme La Loyere dont nous donnons le dessin (lig. l) est cons- truitdanslesateliersdeM.Gaillot,aBeaune. SOI‘SS'A BONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D‘OR . . 5 Deux hommes le manoeuvrentetils débi— tent par heure 40 hectolitres de raisins. Quand il n’y a pas nécessité d’égrap- per, on se contente d’écraser les raisins avec la grappe au moyen d’un fouloir a cylindres. C’est un travail rapide, peu couteux et qui donne de bons résultats. Les raisins passés au fouloir a cylindres ont une fermentation plus active, le cha- peau de la cuve est plus facilement im- mergé dans le vin et le décuvage se fait moins attendre, attendu que les parties sucrées se transforment promptement en alcool. Ajoutons que la fermentation la plus complete favorise la coloration du Fig. 3. — Prossuir a double enclirluetage et a pw'ssion grailuée, de M. Gaillot. Vin. Tous les fouloirs a cylindres sont a recommander, mais j’indique spéciale- Inent ceux qui ont été perfectionnés par M. Gaillot, constructeur a Beaune (fig. 2). Dans les années chaudes surtout, on aura soin de ne pas trop remplir les cures, on laissera au moins 30 centimetres de vide; sans cela le mout déborderait pendant la fermentation. Si, dans une année mediocre ou mau— vaise, vous voulez employer du sucre et de l’alcool, mettez le sucre le premier, apres que la fermentation tumultueuse est passée; il la ranimera. linsuite vous ajouteroz l’alcool qui la modérera. Yous aurez soin de faire plonger de temps en temps dans la cuve les raisins qui remontent a la surface pendant la fer- mentation et qu’on nomme le chapeau dc [a rmdangc. Sans cela, le chapeau en question expose a l’air aigrirait. Dans le eas cependant ou une multitude de petits insectes voltigeraient a la surface du clla- peau, il faudrait éviter de les plonger dans le 1110th et l’on devrait les enlever avant de fouler la cuve, sous peine de ne pas avoir un \‘in franc. Dans les années ou l’on vendange tar- divement et alors que la temperature est peu élevée, la fermentation a de la peine a s’établir dans les cuves. Pour la pro- voquer, on fera bien de faire chauffer an on deux hectolitres de moat que l‘on ver- sera au milieu de la cure. C’est le moyen 6 ' SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D‘OR do la faire partir. .Ensuito on y mettra du sucre qui l’activera encore. Quanta 1’a1- cool, on no le versora dans la cuve qu’au moment do donnor 1e dernior foulago que nous appelons, nous autres, 1e dernier coup do pied. ' Douze heuros apres, vous pouvez tirer’ 1e Vin do la cuve. Ceci est le Vin do goutte. Vous en vorsorez dix sapines par piece. Nous appolons sapino un Vase en bois do sapin a deux anses qui contient quatorzo litres. Apres 1e vin do goutto qui s‘obtiont sans prossion, viondra lo \‘in provenant du marc et que l’on prossera ‘a trois re- prises difl'érontos. 0n devra‘ so sorvir autant que possible pour co pressurago d’un pressoir a vis on fer centralo, a pres- sion perpendiculaire, muni d’unc cage rondo d dilatation. M. Gaillot, construc- teur a Boaune, est l‘invonteur do pressoirs tout on for qui jouissontd’une grande ré— putation. La partio supérieuro do la vis est munio d’un écrou a encliquetago a double oil'et ot apression gradueo (fig. 3). Les vins fins dos hospices do Beaune,ainsi que d’autros dos grands crus do la Cete— d’Or, ont été dopuis plusieurs annoos obte'nus par cos pressoirs qui occupent peu do place ot n‘oxigent que la force do deux llomines. A cllacune dos prossécs ot dos que la ballongo contiendra uno quan- tité do Vin suffisanto, vous y puiserez et versorez deux sapines sur cliaquo piece, et ainsi jusqu’a co que les trois prossées ou serrées réglemontaires soient faites.. I’est 1e inoyen d’avoir uno cuvoo réguliere. ll no faut pas fairo 1e bon Vin trop tondro, c‘ost-a-diro trop pou cuvé, parco que dos qu‘il est onvaissolé, autrement dit en l'uts, i1 dovient fade, surtout lors- qu’il a été procédé (sueré). ll 3 alors do 1a tendance a graisser et a flier eonnne do l‘liuile. 0n voit par la que la vinilieation no so fait pas aussi bion on l'uts que dans la cure; S‘il no faut pas fairo 1o bon Vin trop tondre, i1 no faut pas non plus lo faire trop cuvé, c’est-a-dire trop dur. La fer- mentation trop prolongée lui onlovo co qu’on appolle son moolleux et sa finesse qui sont scs vortus principales. (lopendant je proforo lo vin‘quia un .peu trop do cuvo :‘1 celui qui n‘en a pas assez. La cuvaison lui donne do la cou— leur, tandis que lo défaut do cuvaison lui on Ote sans lui onlover sa finesse que la fermentation altoro dans 1o an. Pour fairo lo hon vin a propos,i1ne suftit pas qu’il vienno a zéro do l’oenomo- tro qu‘on emploio pour so guider; i1 faut encore que lo praticien connaissour con- sulte son palais; autrement, on risquerait do so tromper. ' J’ai connu boaucoup do vignerons in- téressés a la récolte et no manquant pas do connaissances dans l’art do bion fairo le Vin. Eh bion, je pourrais prouvor qu’il y a cinquante ans, i1 s’on trouvait douzo ' ou quinze tres-capablos sur vingt, tandis qu’aujourd’hui sur vingt tonneliers, vigne— rons, propriétaires et mémo négociants, i1 no s’on trouve pas 1a moitié qui ait les con- naissances vouluos. En voici la raison: c’ost que toutes les vignes ou presque toutos sont faitos a la tacho et le Vin fait a la journée. C’ost co qui paralyso leur désir do s’en occuper sériousemont et do cliercher i1 bien faire. Jo soutiens que 101‘squo l’ouvrior est intéresso au produit do son travail, on pout otro assure qu’il ne négligora rien pour arriver a un hon résultat, a sa pro- pre satisfaction ot a collo do son patron. Mon aVis est que les bons patrons font les bons ouvriers, et réciproquement les bons ouvriers, les bons patrons. Mais rovenons {‘1 nos observations (l’uno autre nature : Dans les vingt-quatrehouresquisuivent ' la fabrication du Vin, on derra gouter toutes les pieces, alin do savoir s’il n‘y a pas do gout do fut. Si co gout existait, il l'audrait dépoter do suite. Nous autros tonneliers, nous no pouvons répondro do rien. Pour ma part,j‘aifait plusieurs ossais sur dos bois qui puaiont et sur d’autres qui sentaient la fourlni; beaucoup de mos . confreres on out fait autant et aucun n‘en a découvert la cause. 0n pout laisser les l'uts pleins dans. les pressoirs, liiagasins ou celliers pen-p dant un mois ou six somaines, si l’on veut , avant do les mettro on care. Seulement, on usera plus do \‘lll parco' que l‘évaporation sera plus grande. . On devra, par consequent, avoir soin do ' rcinplir tous les jours avec lo \‘lIl do la meme ouvee. ()n laissora d‘abord la bondo ou\'e1‘to,alinque la fermentation s‘acln‘wo. _ lluit jours apres, on mettra lo sceau sur la bonde sans lo frapper. On continuera de- romplir, puis on surveillera do prE-s. Aussitdt que lo \‘lll no oriera plus, on scellera solideinont. A parlir do co mo. Ir ment, on secontentera de remplir exac- tement tous les liuit jours en un peu plus ' souvent si le Vin était procédé ou sucré. Par ce moyen, on l‘empéchera de fer— menter, parce que plus il y a de ride, plus il y a de fermentation. Ce que je Viens de dire s’applique au \‘in suffisam— ‘ment cuvé. S‘il ne l’était pas assez, i1 fau- drait, au contraire, remplir les fills a [leur du bois en dehors, sans les sceller, atin que la fermentation puisse s’achever. Ceux—la sont les plus dil'ticiles a soigner, parce que la vinilication n’est pas com- plete. On devra, en consequence, les mettre dans une cave bien cliaude, si e‘est possible, et éviter les courants d’air. Pour conserver nos grands \‘ins dans toute leur pureté native, on devra tou- jours les remplir avec le méme Vin. Cette recommandation s’adresse aux proprie- taires qui s’aflranchissent de cette obliga- tion. [1 s’en trouve qui font les remplis— sages d‘un Vin de premiére cuvée avec du \‘in de deuxiéme cuvée et quelquefois moindre. [1 en résulte que rien que pour la premiere année, ils introduisent un dixieme de Vin inférieur dans le \‘in de premiére cuvée, c’est—a-dire 8 litres au Wpremier soutirage/B litres au deuxieme, 4 litres au troisieme et entin (3 litres pour les entretenir pendant l’année. Total: ‘21 litres au minimum. Yous comprenez que ce n’est plus une téte de premiere cuvée comme vous l’annoncez lorsque \‘OUS entrez en marché avec un négociant qui y va de bonne foi et en est la dupe. Yous allez me répondre que ce nego- ciant goute et regoute 1a cuvée et qu’il n’achete pas chat en poche. C’est tres- vrai, mais la n‘est pas la question; tout le monde se trompe, surtout dansrles achats de \‘ins fins. D'aliord, l’acheteur se tie a la reputation des hens climats qui les ont produits; il tient compte de la contenance du domaine plus ou moins morcelé ou en grandes pieces, et entin, .des precedes de culture. Toutes ces obser- vations sont autant d’indications pour l‘acheteur qui tient a savoir encore si You a vendangé par le beau temps ou par la pluie, trOp tét ou trop tard. La reputation d’un grand \‘fll pent etre compromise par un mauvais precede de remplissage. Hatez—Vous done d‘abandon- ner ce systéme qui est préjudiciable a tout ‘ le monde, qui fait grand tort au com- merce en particulier, qui ne rapporte SOINS A DONNER AUX VINS 'FINS DE LA COTE-D‘OR 7 guere que des reproches mérite’s et qui rend les acheteurs tracassiers et méfiants a juste titre. Vendez vos vins au commerce dans leur état de nature sans jamais les additiouner de Vin de deuxieme et de troisieme cuvée; vous maintiendrez ainsi leur reputation depuis longtemps acquise. Toutes les fois qu’un négociant- acllete une premiére cuvée au vigneron, sans aucune convention, 1e vigneron devra au soutirage remplir avec le méme Vin. Et puis, dans quelque circonstance que ce soit, 1e vendeur devra déclarer franche- ment a l’acheteur si son vin a été procédé ct viné, c’est-a—dire s’il a reeu du suere ou de I’eau-de-vie. Ceci, d’abord, est pour la gouverne de l’acheteur- et constitue d’ailleurs une falsification que l’on ne doit pas cacher. L’acheteur devra, dans son intérét, faire soutirer son vin par son tonnelier, non par le tonnelier du vendeur, attendu que chacun soutient les inte’réts de son patron. Apres tout, c’est justice, car entin i1 ne paye pas les services qu’il recoit avec des pieces de Vingt francs n’en valant que dix—huit. Pour l‘entiere securité des affaires, soyons francs de part et d‘autre, car, dans le cas contraire, les bonnes rela- tions deviendraient impossibles. Je recommande aux propriétaires, aux vignerons, aux négociants de n’employer pour loger leurs bons vins que des futailles neuves et en hois du pays, et de no point échauder ces futailles a cause du tanin qui s’y trouve en abondance et qui est salutairea nos grands vins. Les bois étran- gers qui nous Viennent de la Bosnie ou de l’Amérique, sauf quelques exceptions, sont poreux et n’ofl'rent pas de sécurité. En voici les raisons : ces bois sont géné- raleinent de Vieux chénes dent 1e nerf est use par l‘age; les pores en sont tellement grossiers et ouverts que nos vins, ct sur— tout ccux qui ont été procédés (sucrés), fuient a travers le tonneau. La premiere annee, les vins nouveaux out toujours .de la tendanee a fermenter. Au premier sou- tirage, vous trouvercz vos tonneaux pres— que tout rouges extérieurement. 11 est donc evident que le Vin a suinté a travers le bois. La pcrte de (:0 Vin est bien quel- que chose; mais ce qui est plus regretta- ble encore, c’est la grande quantité d’air qui s’introduit dans les futailles au fur ct a mesure de l‘évaporation du Vin. En somme, nos grands \‘ins, pour les 8 SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D'OR hien conserver, ne demandent qu’a étre enfermés dans des futs en hon hois, qu’a etre tenus tres—proprement et qu’a étre l’ohjet d’une surveillance active. On a done tout avantage, en premier lien, 51 se servir de futailles fabrique'es en hois du pays et qui sont les seules nous ofl'rant (les garanties sérieuses par leur essence et leur durelé. ll m’est arrivé de critiquer et de con- tester le mérite des tonneaux fabriqués a la mécanique. Je n’ai pas change d’avis. Ce mode de fabrication des futailles amene la perte d’un sixieine de hois, comparati- vement a celles fahriquées a la main par de hons ouvriers de la localité et qui lais— sent les témoz’ns du vieux hois a toutes les douves. En second lieu, les fabricants a la méeanique ne peuvent employer que des hois étrangers et desciés qui ne con- viennent nullement a nos Vins fins. Je pourrais ajouter que le travail n’est pas fait avec tous les soins désirahles. ll ne faut jamais employer de \‘ieux tonneaux pour loger les \‘lIlS tins, alors meme que ces vieux tonneaux en au ‘aient déja contenus de meme qualité. Le ta— nin leur a été enlevé clans leur premier emploi et le gout de rhaeun d’eux est difiérent. Et puis, la chaleur du Vin nou- wan dissout les tartres qui sont attaches aux parois (les douves et il n’en faut pas davantage pour contrarier la réussite du \‘in, On no doit pas non plus mettre du \‘lll dans des futailles qui auraient servi an cuvage de la Vendange, a moins de les hien larer au halal et de les hien rincer a l‘eau Claire. Sans ces precautions, le vin pourrait aigrir. Une autre precaution encore a prendre aver les futailles \‘ides, o‘estde ne pas les laisser dans «les caves trop humides, attendu que le tartre s‘y ramollit, se de— taclie dos parois, se gate clans l‘interieur (les fntailles en question et y laisse un gout infeete on de inoisi que l‘on ne peut enlever qn‘au moyen de l’aeide sulfurique ou liuile de vitriol. Lorsqu’on est force d‘en venir 151, on dél'once le fut par un hout, on le lave an halai, on le hrosse le mieux possible, apres q uoi, on so sert d’nn quart (10 litre de \‘itriol étendu de trois quarts (l0 litre d’eau. C’est avec ee mélange qu’on frotte le hit a l‘interieur, par petites qnantités a la fois jusqn’a ce que le mauvais gout ail; disparu. Ensuite on refonce 1a futaille , on y passe une sa- pine d‘eau claire et on laisse égoutter. Apres cette operation, on peut se servir de la futaille sans aueun inconvenient pour du Vin commun, mais il faut hien se garder d’y mettre du hon vin. Beaucoup de proprie’taires et de \‘i- gnerons laissent quelquefois leurs fills des années entieres dans les caves. ll vaudrait réellement mieux les mettre au grenier. La, au moins, ils ne s’altéreraient pas, ils se dessécheraient tout simpleinent et quand 1e moment serait venu de s'en serrir, il suftirait de les ahreuver. 0n va me répondre qu'on serait hien en peine de mettre au grenier les foudres et les grosses tonnes. Cela est vrai; mais voici, pour ce qui les regarde, ce qu‘il y aurait a faire : apres les avoir lavés entierement a l‘intérieur, on doit les laisser égoutter, si cela est possible, deux ou trois jours et les mécher assez fortement pour la premiere fois; puis, tous les mois regu- lierement, on fera hruler a pen pres une demi-hande de meelie dans cliacun (l‘eux, en ayant soin chaque fois d‘indiquer sur le fond la date du méchage alin do ne pas l‘oublier. Dans le cas on l‘on serait ohligé de laisser dans les caves des tonneaux et des feuillettes, on ferait hien de les mecher de la meme faeon. S‘il vous restaitdes tonneaux neufs sans emploi, ne les méellez pas; contentez- rous de houeher solidement les hondes alin que l‘air n‘y péni-tre pas. Vous pouvez a la rigueur laisser ces tonneaux neufs dans les caves, mais it la condition que celles-ci ne soient pas trop lnnnides. Voila tout ce que j‘avais a dire pour ce qui concerne la couservation des futs rides; revenons aux futailles pleines. Lorsqn‘on a mis 10 \‘in en cave. sur (les inarres de la llauteur de 2’; centimetres, il faut tenir les fins haisses sur le devant. La lie se ramasse en cet enilroit et le \‘in passe (lessus quand on soutire sans la remner. Si, an eontraire, les t't‘its bais— saient en arriere, le poids precipite ‘ait la lie '21 l‘ouverture (l0 devant par on il eoulc et le troublerait. ll arrire souvent qu‘on met des pieces ou des feuillettes de \‘in les unes sur les antres eonnne on range lL's gerbes; aussi appelle-t-on eela gerher. Quand on a all'aire a des pit-ces ordinaires qui sont tle ‘ 228 litres approchant, elles laissent assez SOINS A BONNER AUX ViNS FINS DE LA CUTE-D‘OR 9 de vide entre elles pourqu’il soit possible de les remplir et de les sceller; mais il n‘en est pas de meme avec les feuillettes que l‘on veut gerber sur trois ou quatre étages. En consequence, on laissera dans le rang inférieur entre les feuillettes un espace de 8 centimetres qui se repro- duira a tous les étages. De cette faeon, on , pourra remplir et sceller. Mettcz 1e moins possible le Vlll nouveau dans une care on il }‘ a du \‘in Vieux; les gaz qui s’échappent du premier ont beau- coup d‘inlluence sur le second et lui sont tres-nuisibles. Ne laissez aucune immondice ni-der- riere ni sous les marres, comme par exemple de la paille gatée, des debris de pommes de terre et mC-me les \‘ieilles toiles plus ou moins pourries dent on enveloppe les sceaux des futailles et que l’on jette au moment du remplissage. Ne mettez jamais de legumes dans une cave, ni quoi que ce soit d’humide et de sujet a ' lermenter. Autre recommandatiou : il arrive souvent qu’en travaillant dans une cave, on y satisfait de petits besoins; eh bien, vous saurez que l’odeur d’urine fermentée et les gaz qui s’en dégagent 'sont dangereux pour le Vin. Ils don- nent ce que nous appelons des 0024118 de few; autrement dit ils provoquent dans le vin des mouvements de fermentation . dont on se passerait bien. En general, ne nous lassons pas de le répéter, les eaves exigent une grande propreté. On fera bien d’y bruler de temps en temps une ou deux bandes des meclie soufrée, selon que la cave est petite ou grande. Cela, croyons-nous, en "assainit l’air et contribue a éloigner ou a détruire les insectes ou petits animaux ~ qui peuvent s‘y trouver. Vous aurezv soin de fermer convenable- ; ment les caves atin d’y éviter lescourants d’air prolongés. Ces courants d‘air sont nuisibles; les propriétaires et les nego- ‘ ciants peuvent aisément s’en convaincrc. Ils n’ont qu’a laisser une piece de Vll’l pendant un certain temps en face d’un : larmier ouvert, et ils Verront que le Vin ' s’usera d‘abord et qu‘ensuite il s’altérera au point de devenir méconnaissable entre lespieces de la meme cuvée. Les courants d‘air en auront 616 la cause principale. Fréquemment on goute ou l’on fait gamer au moyen de la cllantepleure ou du foret le Vin de plusieurs pieces, quel- quefois d'e huit ou dix et a plusieurs re- prises. Apres cela, on doit avoir soin de les remplir promptement ou de les mar- quer pour ne pas en-oublier. Ce remplis- sage est de rigueur, attendu que l’évapo- ration qui a eu lieu en débondant les futailles est nuisible au Vin, surtout quand on a employé la chantepleure. Ce sont la de petites precautions, mais je les tiens pour indispensables quand 0n veut em- péeller nos grands vins de tomber. ll DES SOUTIRAGES. La premiere condition pour exéeuter un bon soutirage, c’est d‘avoir des vases d‘une propreté parfaite. Il est nécessail que les sapines et les entonnoirs soient bien lavés, que la fontaine et le boyau soient rigoureusement nettoyés dans leur mtérieur, attendu qu’il s’y trouve tou- jours soit du vert-de-gris , soit des depots qui deviennent aigres, soit enfin des in- sectes invisibles a l’oeil qui pourraient passer dans 1e Vii] et y développer des maladies que l’on redoute et dont les causes le plus souvent nous échappent. Si les fats dont vous allez vous servir sont frais et ont été méehés depuis quatre jours seulement, vous ne manquerez pas d’y passer de l’eau afin de leur enlever le gout de Vieille meche qui d’ailleurs ne sort a rien. Pour ce qui est des hits a preparer juste au moment du soutirage, vous me’cllerez un peu fort ceux qui doi- Vent recevoir du Vin nouveau a cause de la fermentation qui a toujours de la ten-’ dance a s’y produire pour achever la vi- nification. S’il s’agissait de futs destinés a recevoir du Vin Vieux, vous me’cheriez l'uiblement, car s’ils étaient trop Inécliés, 1a couleur du Vin s’y altérerait et celui-ci conserverait un gout (lésagréable qui se perdrait dil'licilement. ' Avant do mettre la fontaine dans les fats que l'on va soutirer, i1 convient de s’assurer s’ils sont ou ne sont pas pleins. S’il manquait un litre ou deux, on devrait les reinplirafiu d’Oter l‘air qui, sans eette precaution, chasserait 1e .vin au moment on l’on Oteraitle brocquercau, c’est~a-dire le petit bouehon en bois qui ferme l’ou- verture par oil l’on introduit la fontaine. Ce nom de brocquereau vient probable- ment de ce que le soutirage se fait ou peut se faire avec un broc. ,5 it) SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D'OR Avant de mettre .la fontaine, on net- toiera avec soin 1e jable de 121 piece, atin qu‘aucune malpropreté n’y reste ; et une fois la fontaine mise, en recevra dans un petit vase en bois 1e Vin qui peut égoutter et qui n’est hon qu‘z‘i mettre au dépét, comme pouvant étre vicié et malpropre. On aura soin aussi7 avant de commen- cer 1e soutirage, de gm‘iter 1e Vin :21 souti— rer, afin de s’assurer de sa régularité et de marquer par un signe quelconque celui qui ne serait pas conforme :5 la cuvée. Ceci fait, 0n prendun fut vide tout frais rincé, méché et égoutté; on ajuste 1e boyau ou robinet, 0n donne un coup de foret au tonneau Vide pour y faire une petite Ouverture et en ouvre le robinet Fig. i. —— (‘ric liourguigunn «1e _\1. Muniu)‘. {nin'i-lue par M. Giliiiul. atin d‘envoyer 1e \‘ill du tonneau piein dans le tonneau \‘ide. Quand 1e tiers au moins du Vill sera soutiré, 0n pourra se servir du soufflet champenois pour ache- \'er l’opération, qui doit étre arrétée aussitOt que la fontaine cliante. Si 0n persistait do souffler, 1e \‘ill se troubierait, ear on y ferait passer de izi lie et le moindre depot de lie dams la \‘in soutiré pourrait y devenir 1e, germe d’une mala- die. 11 est inutile uussi d‘ajouter qu‘il ne l'aut pas laisser de \‘ill dans Ie dépi‘it, puisque ce serait une perte pour le patron. Le soutirage aelieve, il s‘agitd‘eguutter lestonneaux. Pour cela on se sort d‘un cric imagine par M. Montoy, négociant £1 Beaune, et qui donne un résultat pari‘ait. Get appareil (tig. 4 et 5) est compose: 1° d’un cintre support en fer A; 2° d‘une fourehe B que l’on pose sur le eintre en attachant l’autre extrémité sur le devant du fut; d’une vis en fer C avee un écrou en cuivre apres lequel est ajusté un cro- chet D qui agrafe 1e fut par derriere. En tournant la manivelle de la vis, l‘écrou remonte et le fut se souleve sans secousse , ct sans fatigue. Cet appareil, n‘ayant be- soin que de son cintre pour appui, peut servir dans toutes les parties de la cave ou du magasin. En le faisantfonctionner, l’ouvrier reste constamment surle devant pour s‘assurer si 1e liquide s’écoule tou- jours Clair. 0n ne doit jamais Oter la fontaine pour ~ _\li[i‘.1\'diiwil iiu i'iic nu\ pim'vs 5:ri‘:«’ ‘>. égoutter 1e tonneau, paree, que le \‘in laverait 1e bois du juble sur quuel il pas- serait, et nialgre que ce juble uit eté net- toyé, il en resulternit tuujours un mau- Vais gout. Le depot est reeu duns unei supine plaeee daus un baquet. On laisse égoutter Cliaque tunneau sdutiré pendant! le temps necessuire pour en rineer uni autre et ainsi de suite tout le temps du soutiruge. (in gagne par ee. inoyen au moins truis litres par jnur de soutiruge. .l‘attaehe une gramle importance an: rinqage des i'i‘its, bien que ee so'it la besogne du premier \‘enu. Le soutu‘eur dnit toujours exereer lfi-dessus une. sur- veillanre active, puree que si les fl‘us n’étaient pus bien lures, on uuruit beet: bien soutirer, l‘operation serait inal i'aite et préjudiciable an \‘in. ll est essentie pour le. rincug‘e d‘avoir une forte chain: SOINS A BONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D‘OR 11 et de lui faire faire deux bons tours et de rouler \‘igoureusement sur chaque fond. Si le Vin a soutirer est nouveau, on se servira deux fois de la chaine, puis on passera de l’eau claire. (in ne laissera jamais égoutter trop longtemps dans la cave les tonneaux qui \‘iendront d’étre rincés ; Vingt-quatre heu— res, c’est déja heaucoup. 0n aura soin égalementde ne pas laisser plus long- temps avec leur dépOt dedans, les ton- neaux qui ne seront pas rincés. Les tonneaux fraichement vidés, pas plus que ceux qui \‘iennent d’étre lavés, ne doivent rester au soleil, car une heure suftirait pour qu’ils aigrisscnt, surtout ceux dans lesquels i1 3' a eu du hon Vin. Les dépéts qui ont été recueillis deman- dent également des soins; il faut les me- cher chaque soir en quittant le travail, car dvs dépéts laissés trop longtemps en \‘idangeprcnnent un gout d‘évent. 0n doit tirer le Vll] sur les premiers depots faits, ' remplir ensuite et apres quinze jours de repos tirer de nouveau le \"in au moyen d‘un petit cor ayant ‘2 centimetres de diametre. Le tirage au clair se fait mieux que si 16 diametre était plus fort. Les gros depots debon Vin sur lesquels il n’y a plus de Vlll a prendre peuvent étre utilises de la maniére suivante : si l’on a des vins gamays ou communs, on mettra un tiers de ces dépOts par fut dans les \‘ins en question et 011 les roulera souvent alin que le mélange ou lavage se fasse bien. Ensuite on mettra les fills sur marre et au bout d’une quinzaine de jours de repos, on tirera les \‘ins au Clair. C’est une bonne operation que je recommande et dent on sera satisfait. Revenons a nos soutirages. ll est essen- tiel de remplir les tonneaux a mesure do l‘opération dans la journée et (10 ne pas laisser de Vin passer la nuit en \‘idange. .Quant au Vlll qui sert au rcmplissage, on peut cependant le laisser en vidange,mais a la condition de le mécller legerement et de le sceller au mieux. Si l‘on était force de suspendre les soutirages durant quelques heures, on ne devrait pas laisser dans la cave les vases dent on se sert, et encore moins les y laisser passer la unit. [1 faut les laver chaque fois qu'on rcprend son travail. Et si j‘insiste sur cette recommandation , c’est qu‘elle est d’une importance considera- ble. 0n ne saurait trop répéter que les sapines, entonnoirs, hoyaux, brocs, enfin tout ce qu’on emploie, tout ce qui est imprégné de Vin, exige une grande pro- preté. Ce Vin peut s’altércr en séchant lentement a l‘air dans les caves; la moi- sissure ou la fermentation peuvent se produire suivant la temperature et former une crasse contre les parois ou dans les rainures, crasse dans laquelle naitraient probablement des insectes microscopi- ques nuisibles au Vin. C’est avec peine que l’on voit chaque jour des négociants et des propriétaires peu soigneux laisser a l’abandon des mois entiers dans leurs caves tous ces ustensiles en disant qu‘ilsne s‘y lui/emu! pas, ou mieux ne s’y gerceront pas. 0n évitera avec soin le contact plus ou moins prolongé du Vin avec l’air et c‘est a cause de cela que le soutirage au moyen du boyau est preferable au soutirage a la sapine et a l‘entonnoir. Beaucoup d‘al- térations legeres et meme de maladies graves proviennent de soutirages negli- gés et souvent de futs peu soignés. 0n doit généralement soutirer les vins nouveaux trois fois pendant la premiere année, a partir du 15 février ou du cou- rant de mars. Ensuite on les colle avec cinq on six blancs d’oeufs par piece ou avec la colle gélatine Lainé, ou bien enlin avec celle de MM. Coignet pére et fils qui ne coute que 2 francs le kilo ct donne d’aussi bons résultats. J’indiquerai plus loin la maniere de la preparer et de l’em- ployer. Le deuxieme soutirage aura lieu au mois d’avril. Pour soutn'er des vins sur colle, on ne doit pas attendre le premier Inouvcment de la séve de la vigne, parce qu’a ce moment une véritable fermenta— tion s’établit dans le Vin. Parfois elle est tres-Vive. .le presume que c‘est l‘effet de la temperature élevée du printemps ou une sorte de sympathie entre le Vin et la séVe de la vigne. Je laisse aux savants 1e soin d‘expliquer cela. Je dirai encore qu’une fermentation non moins vive se déclare au mois d’aout, surtout quand le via a été sucré ou proce’de’, comme nous disons ici. Un doit toujours, lorsquele vin fermente, ouvrir un trou d’un coup de foret, pres de la bonde, et y mettre une cheville qu’on enleve de temps en temps atin de faire partir 1e gaz qui sans cela rongerait 1e Vin et l’amoindrirait. Le troisieme soutirage enlin s’eflectuera 12' some A DONNER AUX VINs FINS DE LA COTED’OR dans les derniers jours de septembre ou en octobre. Apres la premiere année, on se conten- tera de soutirer deux fois en mars et en septembre. Cependant il peut arriver que d’autres soutirages soient nécessaires a des époques que je ne puis determiner. Cela depend des années et de l’état du vin. Si, par exemple, la fermentation per- sistait au mois d‘aofit, on ferait bien de soutirer en méchalit un peu fort et meme :1 la sapine, ce qui n’empecherait pas de soutirer de nouveau au Inois d’octobre. D’autre part, si 1e vin devenait malade par suite du manque de soins, il y aurait nécessité de le soutirer et de le coller légerement. Les soutirages répétés au boyau ne fatiguent pas le vin; ils ont pour but de le séparer du dépOt et de le rafraichir. La négligence d‘un soutirage pourrait au contraire communiquer au vin un gout désagréable et amener une maladie. J‘en- gage done les propriétaires et les nego— ciants a ne pas regarder a un soutirag‘e de plus pour leurs grands vins; ils n’au- ront pas a le regretter. J’ai promis tout a l’heure de parler de l’emploi et de la preparation de la colle Coignet pore ct fils. Promesse faite, pro- nlesse tenue : — 0n brise par 'morccaux les tablettes dc colle qui ont de 15 a 20 centimetres carre’s; on pese la quantité (lu’on veut employer, c‘est-a-dire de 25 £130 grammes par piece pour les vins nouveaux et un quart en moins pour les vins Vieux. 0n met tremper la colle pen- dant cinq heures au moins ct meme pendant toute une nuit si l’on n’est pas trop presse. 0n la fait fondre ensuite au bain-marie avec un bon feu sous le vase et l’on remue de temps en tempsAussitOt la colle fondue, elle est faite. N‘y ajoutez jamais d‘aleool. 11 a l’inconvénient de faire former dans le vin des petitsllocons ([0 lie folle quiremontentau-dessus et finis- sent par le troubler. Le meme résultat se produit quand la colle est trop cuite. lCinployez-la cliaude a un degré qui per- Inette d’y tenir le doigt. Lorsque l’on a trente ou quarante pieces a coller, on prend un vase qui contiont trente ou quarante fois la quantite de colle liquide nécessaire pour une piece; etpour qu‘elle soit repartie bien egale- nient, on verse la dose indiquée pour chaque piece, on agite avee un baton fendu, on remplit les pieces a mesure ct on scelle fortement. Si l’on avait prépare’ de la colle en pré- vision de s’en servir quelques jours plus tard, il faudrait la verser soit dans un vase de terre, soit dans un vase de verre K oil elle se conservera au moins quinze jours sans s’altérer, a la condition toute- fois de ne pas la mettre dans un endroit trop chaud. Autrement, elle entrerait en putréfaction et ne serait bonne qu’a jetcr. Le Inieux, en somme, est encore de 110 la preparer qu’au moment de s’en servir. III was MELANGES DES vINs. Pour bien faire le mélange de nos grands vins, c’est-a—dire ce que nous ap- pelons, en terme du métier, des can-ees, il faut d’abord soutirer les vins destinés a ces mélanges, quand meme ils auraient été soutires deja depuis quinze jours scu- lement. On est stir, malgré ce court délai, d’y trouver un dépOt considerable. \‘ous soutirerez toujours au boyau, atin d‘ev'iter le contact de l‘air. » Pour que le me’lange ait lieu dans de bonnes conditions, il convient de l'execu- ter dans un foudre. On se sert d‘un grand entonnoir ovale, a la douille duquel on ajoute un boyau en toile bicn propre qui traine de 50 centimetres au fond du fou- dre. De chaque cOté du foudre, on place an petit marre,c’est-a-di1'e une piecede bois, destinée a recevoir deux ou trois futs con- tenant les vins qu’on se propose de me- langer dans le foudre. On tire le vin de chacun d’eux all moyen d’un cor en fer- blanc ou siphon que l’on a eu soin de bien laver d’abord avec dc l’eau.Ce mode de transvasetnent fatigue moinsle vin que tout autre. Les personnes qui, en pareil. cas, se servent d’une pmnpe, ont tort; c‘est un mauvais precede pour nos grands vins. ll ne faut pas non plus se servir dc sapines pouropérer lesmelanges, attendu qu‘on arrive rarement par cc moyen a fail-e uno juste repartition. lit puis lo brassage qui en resulte fatigue beaucoup le vin ct favorise l’evaporation. Supposons que vous ayez fait 1111 me- lange ou cuvée de 20 pieces dans un foudre pouvant centenirdeE’r a 30pieces, vous aurez soin de vous arranger de fagon a no paslaisser vos 20 pieces en inelange l D l l I l ' l l l SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTlC-D‘OR 13 passer la nuit dans le feudre, a cause du . vide qui s’y trouve et qui produirait un mauvais elfet. Il importe que le tennelier prennc ses precautions, atin' de treuver le temps d’opérer le mélange dans le foudre et de l’en tirer dans la méme journée. ll devra le tirer avec un boyau et ne pas laisser de vide dans les futalllcs qui rece- vrent ce Vii): sous prétexte qu'il faut re- server une place pour epérer le collage. .l‘ai vu faire cela dans plusieurs maisons ct j’aftirme que c’est un mauvais euvrag‘e. Lorsqu'on prepare une cuvée, dans dcs maisens (le premier et de second ordre, ct atin d’avoir toujours des futs frais, on deit savoir nécessairement ou a peu pres le nombre de piecesou de feuillettes dent on a besoin et l’on met dans chacune d’elles la quantité de vin nécessaire pour le mélange. Lorsque les mélanges sent finis, on soutire les vins en nature qui restent et c'est vite fait. Apres quoi, en s‘occupe des expeditions. Gardez-vous bien de tirer du vin sur des futs destinés a partir. Scel— lez-les et le plus que vous peurrez sans mettre de linge auteur du sceau. ll est essentiel de ne point relier les futailles 2‘1 vide, parce que reliées ainsi, elles arrivent rarement pleines a destina- tion. Le reliage (leit se faire quand les l'i‘its sent pleins. Par cette operation, le vin se trouve pressé et s’ilexiste un défaut dans le fut, il est mis a découvert ct on peut y remédier. Quand au centraire on relie a vide, les defauts peuvent ne 50 de— couvrir qu’en route on a l’arrivée chez le client, et non-settlement il en résulte une perte dc quelques litres pour lesquels on veus fait (les retenues impertantes, mais le vin qui s’est fatigue par leballettement ne vaut jamais ce qu’il aurait valu sans cela. ll 3’ a done teute sécurité a relier les fiits bien remplis sans jamais tirer dessus. Veus relierez teujeurs en pantalon avec des cercles en bois, un cercle de fer do cllaque bout et sans double semmier. C'est la 10 type et le cachet de la (Jete-I (l‘Or. Yeyez lesBordelais, ils nes’amusent pas a cenditionner leurs fi‘its avec (les cercles en fer, comme essaient de le faire plusieurs dc nos negociants. Notez bien qu’en general les futs vides ou pleins, cerclés en fer, sent toujeurs d’un manic— , 'nient diflicile, surteut pour les cmmar- Pages, les rincages ct entin pour toutcs manoeuvres dans les magasins. Pour ce qui est du temps a choisir au moment des expeditions, nous vousferons observer qu‘il vaut mieux expédier par la clialeur que par le froid, ear le froid ternit le vin et lui cause en meme temps un grand demmage. Je ne snis pas parti- san do l’expédition de nos grands vins sur celle, autrement (lit apres qu’ils ont été cellés. lls sent remués tropsouvent et les agitations renouvelées les énerventl; ils font beaucoup de dépet et perdent de leur hen gout. . Je ne suis pas partisan non plus de viner les vins, surtoutles vins vieux. lfalcool seclie le Vin et l’amaigrit; i1 lui etc sen moelleux et sa finesse; il denne presque a tous les vins le meme gout, et la sa‘veur de fruit si agréable leur est en- levée par ce precede. En observanttous les soins que je viens de recommander, vos futailles arriveront bien pleines a destination, et aueun re- preclie ne veus sera fait. En general, vos clients seront contents cl‘avoir du vin bien clair, exempt de toute falsification et prét a ctre mis en beuteilles. Cependant, lersque dans les années lroides on vendange tardivement, il est rare que les raisins seient tout a fait mi‘irs. Alors, ben gré mal gre’, 0n est oblige de suppléer a ce que la nature leur a refuse et de mettre dans la cuve du sucre et de l‘alceol, dent il faut bien se garder dans les années cliaudes oil la na- ture a peurvu suflisaniment le raisin de ces elements essentiels. On l’exposerait a fermenter trop lengtemps. ['11 met 21 present sur le remplissage (les vins. Quand on les remplit tous les meis, il ne faut pas descellcr trop de pieces a la leis. Si l’on pouvait faire ce travail piece a piéce, il n’en vaudrait que mieux, attemlu que l‘évaporatien serait moins considérable. Vous scellerez fortement vos futailles rcinplies, et avec le moins dc linge possible auteur du sceau U11 merceau suflirait. \‘ous supprimerez le vieux liuge qui est le plus souvcnt aigre ou peurri et qui peut denner un mauvais gout. N’employez jamais que du linge neuf, et encore est-i1 prudent de le les:iver d’aberd, a cause de la celle que renlerme son tissu et qui peut étre préjudiciable au vin. Veils reinarquerez que dans bcaucoup de bendes (sceaux), il 50 trouve de petits crans appelés mises qu‘il est nécessaire Ll de combler avec du linge neuf. Ne vous servez jamais du lingo qui a trainé dans la cave et ne vous servez pas davantagc des sceaux et brocquereaux qui y out so— journé; tres-souvent ils sont la cause du mauvais gout que contracte une piece de Vin. Ne négligez en un mot aucun de ces petits details, car les plus insignifiants en apparenco sont nécessaires et meme in- dispensables pour l’entrction de nos grands vins. S’il vous restait du Vin de remplissago en vidange, vous lo mécheriez pour lui faire passer la nuit; ensuite vous le met- triez en fut ou mieux en l)outeillesau plus tot. N’oublioz pas que le Vin se comporte mal dans les futs trop potits. IV DES VINS BLANCS. Pour avoir de bons vins blancs, il im porte que la vendange soit exécutée le plus rapidement possible. On aura soin do ne pas laisser Sojourner les raisins dans des vases ou paniers quelconques; la fermentation pourrait s‘onsuivre et 10 Vin jaunirait. On vendangera les raisins lilanos dix on quinze jours au moins apros los raisins rouges, si, bien entendu, le temps le per- mot; ils gagneront on qualitéJJn écra- sera de suite les raisins sur le pressoir avecun cylindre on bois, si c’est possible, et on entonnera le Vin tout aussitdt dans dos futs noufs, alin que l’air no le fasso pas jaunir. Le V'll] exprinio sera reparti tros—réguliorcment dans cliaquo an et on pourra le mettrc iminodiatomont dans la cave oft la temperature plus élox'oo qu‘an pressoir rendra la fermentation plus ac- tive. (iénéralement cotto fermentation marcho moins Vite que colle du \‘in rouge dans les cuves. Tant. qne dure la fermentation tumul- tucuse du Vin blanc, il rejetto par la bonde uno ocumo do couleur jaunatre et terrouso qu’il ne faut pas laissor dans le Yll]. C’ost parce qu’ollo y retombe dos quo la fermentation s‘arroto et descend au fond du ffit,(1ue 10 \‘in blanc jaunit ot contracte un gout moins franc ct moins alcooliquo. Alin donc d’évitor cos diffe- rontes alterations, on devra roinplir tous les jours, malgré la perto do Vlll qui ré- sulto de la fermentation tumultuonso. Apros oetto fermentation, en arrive uno SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D’OR autre plus calme, plus lento, qui se pro- longe souvent pendant plus d’un mois. Aussi longtemps qu’elle dure, il faut avoir soin do romplir. Apres cola, il est tres-utile aussi do rouler les tonneaux pour que la lie so méle au vin, puis on remet les futailles on place et on couvre 1a bonde de cliacune d’elles avec une feuille do vigne et unepierre sur la feuillo en question pour la maintonir. 0n no scelle détinitivement les fiits que six se- maines on deux mois apros que lo Vin blanc y a été mis. V SOL'TlRAGE DES VINS BLANCS. Pour soutiror les vins blancs, on attend d’ordinaire lo courant du mois d’avril. Il est inutile de répéter que les vases dont on so servira doivent toujours otre d’une propreté irréproclialile. 0n les soutirera au [Joyau, a l’exception toutofois do cenx qui auraient une tendance a graisser ct qui continueraient do fermentor. Dans ee dernier cas, il faudrait les soutirer a la sapine et méclier un pou fort. Lorsque le Vin est gras et tilant, qu‘il soit nouveau 'ou Vieux, peu importe, on prend un grand entonnoir dans‘loquel \ on entasse fortement du gluis ou paille . do seigle sur laquollo on jette uno bonne poignée do sel de cuisine. On verse lo \‘lll la-dossus d’un pou hant. Inutile de dire que l‘ontonnoir dont on se sort aura l’ox- trémité supérieure de sa douille recou- Verte d'un cliapeau en toile nn’rtallique [res-line et galvanise’e qui ne permottra pas aux débris do paille de s‘introduirc dans le fut. Apros co filtrage, on collera le Vin blanc avec la collo Coignet pore ot fils, ou plutdt avoc la colle do poisson, et en memo temps on ajoutera deux cuillerées a bouche do noi‘ animal. 0n pour‘aitt aussi employer un autre procédé, qui consiste a pulVoriser 50 or. do pépins do : raisin pourcliaque piece, eta coller ensuite. i 011 aura soin do romplirtous les quinze jours alin d‘évitor lojaunissemontdu \'l[]. i Voici nne sorio d‘autres recettes pour les Vins blancs qui iilont on prend 3 dos sorlios avant leur maturité, re que , nous nonnnons iciv’prem; on les concasse et on on inet 500 grammes par piece. 011 pent aussi employer 50 grammes . do noix de galle réduite en poudro; ou I SOINS A BONNER AUX VINS FINS DE LA COTE—D’OR 1 bien eneorel kil. de creme de tartre qu’on délaie dans 5 a 6 litres de vin. On intro- duit ensuite ce mélange dans la piece, on agite et on colle. Je terminerai en indiquant 1e pro- cédé de M. Parent pour fairedu tanin 2 On prend 200 grammes de pépins do raisins eoncassés que l’on met dans une bouteille avec 500 grammes d’ean- de-vie; on agite chaque jour et, au bout d"une quinzaine, on jette 1e tout dans un liltre a café. On ajoute de temps en temps et lentement de l'eau-de-vie jusqn’a ce que le poids total du liquide tiltré s‘é- leve a 500 grammes. 0n tiltre ce liquide au papier Joseph et l’on estime qn’apres filtration il contient 20 grammes dc tanin. Cela suflit pour opérer sur une feuillette (11"; litres). \'1 DE LA MISE EN BOL’TEILLES. ()n doit commencer par préparerlcvin. On 10 soutire d’abord an boyau pour le collcr légerement, car il ne faut jamais coller sur le depot, puisque la nature on a séparé le vin. Dix a douze jours apres, on sou'tire dc nouveau, puis on laisse reposer une semalne au moms, apres quoi l‘on pent mettre en bouteilles, pres- qne avec l’assurance que le vin ne dé- poscra pas. La preparation des bouteilles s’elfectue de la maniere suivante: — ()n'lcs lave au ploml), on les sccoue fortement at on y passe dc l’ean claire par deux fois. ll - ne convient pas de tenir les bouteilles plongées dans une sapine ou dans un baquct et de se servir ainsi d‘cau mal- propre. C’est dans une feuilletteque l’cau destinée an rincagedoit étre verséc et l’on operc an moyen d‘un petit robinet,‘ do l'agon que l’eau qui arrive dans la bou- teille soit toujours proprc. Quand on in- terrompt le lavage, on doit renouveler l‘eau qui aurait passé la nuit a l’air, car elle ne serait plus bonne. 0n laisse égoutter les bouteilles pen-' dant quatre jours an moins avant dc s’m servir : puis on les descend a la cave atin qu’elles y prennent-la températnrc do I, l’endroit. Si l’on veut y passerde l’eau-de- vie, on attendra le lendemain pour la 1 mise en bouteilles. A mesurc qu’on lcs l prendra pour les remplir, on les renver- sera d’abord pour ach'ever l‘égouttage de ce qui pourraity rester, puis on remplira. Si l’on tient a ce que le vin se fasse Vite, on bouchera a la main et a la tapette et on laissera 3 centimetres dc vide entre le bouchon et le Vin. Si, au con- traire, on n’est pas pressé et si on veut conservcr le vin longtemps, on 1e bou- ehera plein au moyen de la machine a bou- cher de M. Gaillot (lig.6). 0n procédera de Fig. 6. — Machine a bonchcr lcs bouticilles de M. Gaillot, constructeur a Deanne. méme avec les vins dcstinés a l’ex porta- tion, atin d’eviter la fatigue du ballottag‘e pendant la route. De cette fag-on le vin se tiendra longtemps jeune et sans s‘al- térer. C’cst dans une bonne cave qu‘il faut einpiler le vin en bouteilles, bien hori- zontalement. ll y a dc l‘incom‘énient a tenir 1e bouchon trop élcvé. Si vous avez (lu vin en bouteilles qui demande a étre dépoté, je vous conseille de vous servir du depotoir inventé par M. Grillet, tonnolier a Beaune, rue Po— terne. ‘ , Son prix est de 36 francs ; il est parl'ait pour cot usage ; on s’en sert avec une grande l'acilité ; vous serez émerveillé d0 son résnltat économique. Ce dépotoir (fig. 7) cst compose de deux plans inclines faisant hascule ct arretés par un petit tourniquet en bois. ll donne aux bouteilles placees cliacune dans un cadre un point d‘appui solide, invariable ; apres avoir tourné le petit tourniquet, la main (1e l’opérateur pent élever la bou- teille pleine a son gré, sans mouvemcnt brusque, ct arréter le dépotage'aussitOt qu’apparait la premiére trace ale depot. l6 SOINS A BONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D'OR- Les bouteilles communiquent au moyen I seule goutte de vin pendant l’opérationaiz d’une canelle, et pour éviter 1e trouble causé par les glous-elous, cette canelle est muniede deux tubes aériferes: l’un pour la bouteille qui se vide, l‘autre pour la bouteille qui se remplit. De cette ma- niere, le vin n’est pas en contact direct avec l’air, et ne perd pas son bouquet. Enfin la position presque horizontale qu’occupent les bouteilles pendant l’opé- ration permet au vin de glisser sans choc le long de la paroi de la bouteille qui se remplit, et lui évite le batter. Un reservoir place sous l‘apparei empeclle , en outre , de perdre une un cadre mobile et un petit encliquel: tage donnent la “facilité de dépoter dot! bouteilles de toutes dimensions, et'mémi des demi-bouteilles. Au moyen d'unc échelle graduée placée par cété de 1: bouteille a dépoter, cet appareil pew servir pour le dépotage des bouteille masquées, c‘est-a-dire incrustées a l’inté rieur par un dépét épais qui empéclle di x'oir £1 travers la bouteille. 7 La mise 'en bouteilles s’exécute es toute saison, excepté par le [roid qt: saisirait le vin, 1e ternirait, provoquerai le de’pét et pourrait le rendre malade. e .|_ 1 Li “tllilill Fig. 7. — Machine de M. Grillet pour (lvpott‘r 1e vin en bouteilles. ' v . . n: . \ 0 r r \ ll bien interieurs a ccux qui ont ete expos: DES VINS UELlilS ET DES VINS CIIAUFFIES. Je suistri:s-p:1rtis:1ndes vins gelés en fut. Pour laire geler le vin, il faut que la temperature descende au moins 2‘1 8 on 10 degrés centigrades au-dessous de zéro. Les vins gelés sont d‘une grande ressource pour le commerce ; la eongélation leur donne du corps, de la Vinosité, ne leur Ole rien de leur moelleux, (le leur finesse et conserve leur agréable gout de fruit. Les \‘ins gelés (lans dos appareils, an moyen de la neige et du sel marin, sont en hits a la rigueur de l‘air. lls conse- Ventun gout de fer-blame qui est désa~ gréable et qui se mainticnt, ensuitel‘év: i poration qui en résulte leur est nuisibh Au contraire, les \‘ins gelés clans des fili n‘ont rien £1 craindre dc tout cola. C’ei donc la meilleure operation que l’o. puisse l'aire quand la rigueur du froid i permet, ce qui n‘arr-ive pas souvent. Ne faites geler que du \‘in nouveal paree ([u‘il a du nerfet qu‘il peut souten cette épreuve; le vin Vieux ne vous dos-ti nerait pas un aussi bon résultat. La geld 2 SOINS A BONNER AUX VINS FIN-S DE LA COTE-D‘OR ' 17 :afl‘aiblit celui-ci et il lui faut pres d‘un an {pour se remettre de la secousse. Le Vin inouveau la supporte au contraire tres- .bien et un mois aprés qu‘ou l’a descendu dans la cave, on peut juger de l’atne'liora- lion que la gelée a produite sur lui. Le chauffage des vins a été pratiqué depuis longtemps , et je ne crois pas qu’ilaitrendules services qu‘on on at- tendait. D’abord le vin chauffé perd de sa cou- leur et devient pelure d‘oignon ; ensuite :e cllauffage le vieillit. Voila ce que j‘ai constaté. Cela lui donne 1e inérite de faire de longs voyages. Je n’ai pu me Pendre compte des résultats, n’ayant pas été dans les contrées 01‘: il a été expédié. an‘a plus le cachet de Vin de la COte— I'Or; on assure qu’il se conserve bien, snais c’est au prejudice de sa finesse. Je préfére le \‘in gelé au Vin cliaufl'é ; la plus de ressource et conserve son :achet de \‘in de la COte-d’Or. VIII LES ALTERATIONS DES Vixs. Généralement, on ne tient pas assrz ompte des observations qui ont pour Iut l’entretien, 1‘amélioration et la con- ervation de nos grands vins. lls sont :Dmpromis le plus souvent par linsou- iance avec laquelle on les traite; ct Bpendant on a plus de contentement a acevoir des éloges que des reproelies de as clients. Pourquoi ne faisons-nous pas »us les efforts imaginables pour les satis- ire? Les commercants et les proprie- ires y gagneraient. certaineinent. Ce est pas toujours dans la cure, comme aaucoup de personnes le supposent, que 5 vins prennent le germe des maladies, moins cependant que les raisins aient é grélés, pourris ou brulés. Alors sans Jute le \‘lll qui en provient peut s‘en rssentir et n’étre plus franc de gout. ais quand la vendange est saine, on ne But s‘en prendre au raisin. Ce n’est pas 3n plus cliez le client que le Vin a con- acté le mal, c’est chez nous seulement ale plus souvent, faute de soins, a la ilte de soutirageS’mal faits ct liors de 1801] et peut—étreaussi par suite d'acliats ats cliez des gens peu soigneux. . 'Vous ne verrez jainais tomber les Vins ,ns des années médiocres ; les seuls pposés 51 mal tinir sont ceux des grandes années; on He saurait trop ré- péter que plus 1e Vin est tin et de bonne qualité, plus il a de tendance a devenir . malade. J‘insiste done pour qu’il soit en tout temps l’objet de soins assidus. Vous n’ar- riverez a le conserver qu’autant que les soutirages auront eu lieu a propos et que \‘ous aurez bien consulté le depot. Si ce dépét est noir et en grumeaux ou en ca- t022s, comme nous disons nous autres, c‘est signe de maladie;s’i1jette une écume blanehe au—dessus, c'est signe de fermen- tation. Nous devons protiter de toutes ces indications. Les gouts les plus désagréables dans les vins sont les gouts de moisi, de pourri, d’aigre, de tourné, d’évent et d’amer. Le gout de moisi provient de la ne’gli- gence avec laquclle on soigne les futs rides, soit qu’on les laisse dans des endroits trop humides, la bonde ouverte, sans les me’eher de temps en temps; soit qu’on mette en cave des futs secs dont les cer- cles ne tiennent pas. Alors les douves se disjoignent, s’entrebaillent, l’humidité y pénetre et les fait moisir. Le goutde moisi peut étre enlevé par le procede’ suivant: on prend 500 grammes d’huile d’olives bien pure et bien fraiclie que l‘on verse dans une piece de 228 litres. On agite for- tement et on soutire au bout de quinze- jours, apres avoir eu soin (le percerle fut bien has et. d’y mettre une petite chévre. AussitOt que l'liuile se montre, on ferme la chevre et on tiltre 1e reste au papier. Le VII] soutiré doit étre colle. ‘ Le gout de pourri est encore plus rebu- tant que le precedent. ll provient de co qu’on a laisse dans les futs de la lie ou (lu dépOt, ct qu’on ne les a ni rincés, ni inéchés. Ces matieres séjournant dans un air concentré pourrissent et iinpregnent le bois du gout (1e pourriture. On a beau lavcr; lc gout persiste et se communique au VIII. J'ai donne précédemtnentle moyen d‘enlever aux futs ce’ inauvais gout, je n’y revicndrai pas. Quant a l’cnlever au VII], ,c‘est ti'es~ ’y 'y). n. SOINS A DONNER AUX VINS FINS DE LA COTE-D‘OR 19 n’intéresse que tres—indirectement nos clients de la Belgique. Ce qui les intéresse davantage, c‘est une indication exaote dcs meilleurs crus et je la leur donne en finis- sant. Les grands vins de lacote-d’Or que l’on classe au premier rang sont ceux de la cote de Nuits, qu’il faut citer dans l’or- dre suivant: Romanée-Conti, La Tache, Musigny, Clos de Vougeot, Chambertin, Bonnes-Mares; Richebourg, Romanée- Saint-Vivant, 0105 de Tart, Clos de la Ro- che et Clos Saint-Georges. Les vins de la cdte de Beaune, quoique places on seconde ligne, sont générale- inent plus tins, plus agréables au palais et plus délicats que ceux de la cote de Nuits. Ces derniers sont particulierement Vineux, cersés et riches en couleur, mais i1 leur manque (2e moelleux, ce velouté qui distingue les \‘ins de la cote de Beaune, \‘ins dont voici les noms : Volnay- Santenot, Pommard, Greves, Marconnet, Les Féves, 10 (3105 de la Mousse, les Bres- saudes, les Cras, 1e Clos du Roi et les Per- rieres. Le Corton7 qui est plus ferine et plus corsé que les precedents, ressemble beaueoup aux vins de Nuits et peut rem- plir le meme eznploi. Viennent ensuite les \‘lllS blancs et, en premiere ligne, 1e Montrachet, qui est le meilleurde France, 1e Batard Montrachet, la Perriere de Mour- sault, les Charmes, la Goutte 'd’or et les Genevrieres. Tels sont les premiers \‘ins blancs de la COte—d’Or. Ce qu‘on recherche dans nos 'vins fins, c’est le gout do fruit, 1e moelleux, la finesse, le bouquet et la vinosité. ‘T" ‘W‘ LETTBES D’APPROBATION ADBESSEES A M. SEGUIN-ROLLANF M. lercomte de la Loyere, proprie- taire et president du Gomité d‘agriculv ture de l’arrondissement de Beat111e,:‘1 M. Séguin-Rolland, 2‘1 Beaune. Monsieur, J‘ai lu avcc grand interét les notes que vous avez bien voulu me confier et qui sont le fruit d'une longue experience. On y re— connait 1e praticien éclairé dont l’esprit cherchait a se rendre compte des operations que sa main exécutait. Si vous les imprimez, vcus ferez 1a une oeuvre utile a toute la. Bourgogne. Ce petit lixre pourruit etre intitulé Guide (In tun- nclz'cr ct dupruprz‘étaire bozcrguzlr/iunz. Je x'ous en prendrai certainement plusienrs exemplaires pour le répundre autour de moi. . Recevez, etc. CoMTE DE LA LoxEnic. M. L. Latour, propriétaire et négociant en \‘ins lins, president du Tribunal de commerce de Beaune , z‘i M. Séguin- Holland, 51 Beaune. Monsieur, Chacun (1e nous doit, dans la mesure de ses forces, e’lever 1e niveau de ses connais- sances dans sa profession. Vous avez cher- clié a atteindre ce but et devez en étre feli- cite’. Yous songez aujourd’liui a vulgariser 1e fruit de vos reclierches et de votre ex- périence en portant it la connaissance de ceux qu‘ils inte’ressent xos conseils de pra- ticien dans les soins 2‘1 donner aux vins fins. Je ne puis qu‘approuver une telle determi- nation. Si tous les liommes que leur intelligence et leur situation out mis a lnerne de faire des reinaiques utiles pour la. falcon d‘e’lever nos vins tins, apportaient dans le domaine public leur contingent de connaissuncos, le résultat n’en pourrait qu‘étre profitable ceux qui s’occupent de cette industrie et la prospérité de notre région vinicole. Agréez, etc. ' L. LATOL’R. Beuunc 10 t} {(-vrier 1.99. 7 M. Antonin Bouchard, négociant e) \‘ins fins, president de la Cllambre dll commerce dc Beaune , £1 M. Séguiri Holland, {‘1 Beaune. Monsieur, Je VOUS remcrcie de la coinmunicatio que vous m'avez f’aite de votre travail s11; les soins a donner aux VlIlS fins d‘ou qu‘i. viennent. Ce que vous dites des travau des caves est excellent. Certainement, parn les vins qui peuvent s‘altérer, beaucoui feraient tres-bonne ti'n si tout ce que You recomnmndez était exactement observe. Recevez, etc. ANTOXIN BOUCHARD. lleuunc, lo ‘20 [Oxrier 1379. M. J. Poidevin pere, négociant en \‘lll tins, inaire de la ville de Beaune, (10118613 ler d'arrondissement , £1 M. Ségui.. Rolland, 2‘1 Beaune. Mon clier Séghin, J’ai examine sérieusement votre tra'z. sur les soins a donner a nos VlllS. \‘os 00) seils sont tres-pratiques etje ne puis mier; t'aire que de m‘associer aux éloges que v0) Llonncnt MEI. de la. Loyere. Antonin Bo chard et L. Latour, tous trois véritablv experts. \‘ous rendrez un reel service : pays et je YOUS en I‘elieite tres-sincereiner; Agréez, etc. J. POIDEVlN pei‘e. lleuune. IN ’33 mars 1579. l‘zu-is. «« Imprimcrie Tolnicr et (‘3‘, rue (lo Mmlumc. ll. DANS LE DEPARTEMENT DE LA CHARENTE-INFE‘RIEURE. SUB LA VITICULTUBE DANS LE DEPARTEMENT ' DE LA CHABENTE-INFERIEURE. RAPPORT A SON EXCELLENCE M. ROUHER, MINISTER DE L’AGBICD’LTURE , DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS, PAH LE D“ JULES GUYOT. PARIS. IMPRIMEBIE IMPERIALE. M DCCC LXI. RAPPORT A S. EXC. M. ROUHER, MINISTRE DE L‘AGRICI‘IJ‘URE, DI' COMMERCE [ET DES TRAVAUX P’UBIJCS, SUB LA VITICULTURE DU DEPARTEMENT DE LA CHARENTE-INFERIEURE. MONSIEUB LE MINISTBE , La mission viticole que Votre Excellence m’a fait l’llon- neur do me conlier, pour le département de la Cllarente~ lnférieure, comportait deux indications bien distinctes : 1° Etudier les modes acluels de culture de la vigne appliqués dans le département; 2° Y faire connaitre les procédés nouveaux dont l’expé- rience et la pratique ont constaté le mérite et l’efficacité. Je viens (le satisfairc, autant qu’il est possible dans nn espace de temps tres-court, 51 la premiere indication. J’ai parcouru, comme Votre Excellence pout le voir en jetant les yeux sur le Précis itinéraire annexé 1‘1 ce rap port (1), tous les points de la Charente-Inférieure qui pou— vaient dill'érer entre eux par le sol, par la plantation, par (‘l J'ai remis 51 Son Excellence un précis itinéraire on sonl relalécs toules les circonslances (le mon Pat'COIH‘S. avec les appreciations de l'importance et de la valeur (les lmvaux vilicoles quc j'ai on l'occasion d’examiner en (lélail : ('e travail tout onlier, consacrc 51 dos z'uni‘licularili's, no, ponvaii (“'lrc livréft la publicilé. _.._[1__ la culture et la conduite de la vigne, par les cépages et par leur destination soit a la consommation directe, soit a la distillation; j’ai meme cru devoir m’enquérir (les pro— cédés de vinilication et de confection des eaux—de-vie, principale destination (les produits de la vigne en ce riche et intéressant pays. Mais , tout en discutant les procédés nouveaux , ou plutot étrangers aux habitudes du département, avec les proprié— taires et les vionerons, a mesurc que l’occasion s‘en presen— a tait, il m’a semblé que je devais garder une prudente ré- serve sur des réformes a proposer, sur (les conseils £1 donner a des hommes intelligents et laborieux, qui out, on faveur de leur mode de viticulture, le succés d’une pratique séculaire et la reputation d'un produit que, se disputent a Juste titre les cinq parties du monde, les eaux-de-vie dc l’Aunis, de la Saintonge et de l’Angoumois. J’ai donc été, sur ma route, plus questionneur que donneur de préceptcs, plus obscrvateur ([ue professeur, et j’avais, en echt, plus a apprendre qu’a enseigner. Comment n’aurais-je pas été saisi d’admiration pour (les Pratiques qui ont su fixer des nappes de vignes immenses sur les plateaux presque nus dos roches lamellaires (le l’oolithe Inoyenne de l’arrondisscment de La Rochelle, sur les pierres de taille do l’oolithc supérieure, presque dénudées de sol végétal, (lans les arrondissements do Saint-Jean-d’Angely, a Jonzac, sur les coteaux do Miram- beau; sur les terrains forts et humides do l’étagc inférieur crétacé de Bochefort,’ Tonnay-Charente, Marennes, ct sur les tcrres grises et poreuscs superposées {‘1 la craie tufau de Saintes? ——— Comment aurais—jc pu voir, sans 'étre pris d’une sage retenue, les vignes de We do Bé, assises avcc _5_ succes tantol sur le jurassique pur, tantot sur le jurassique recouvert de sable, tantot enlin dans les sables crus des- cendus des dunes et sur les dunes elles—mémes? —C01n- ment, en presence de telles merveilles, qui ont fondé, par le temps et la tradition, l’existence et la prospérité (les populations, aurais—je osé dire d’abord : Je vais ap— prendre aux hommes qui ont su cre'er, entretenir et faire fructifier la vigne pendant des siecles, dans les terrains les plus impossibles en appalence, 2‘1 mieux la cultiver, et je vais renverser leur méthode au lisque de détruire lantique et solide base de leu1 fortune! Si 3 avais pu portel a ce point la présomptiomje me serais cru, Monsieur 1e Ministre, indigne (le la conliance dent vous m’avez honoré. ‘ .l’ai done compris qu’il fallait, avant tout, reeueillir les nombreux enseignements qui pourraient servir ailleurs, observer, entendre et réfléchir; puis chercher avec soin, parini les bonnes pratiques (les autres vignobles, s’il ne s’en trouverait pas quelques-unes qui pussent améliorer un élat de clloses deja trés-remarquable sans compro- mettre en rien le présent ni l’avenir (les vignobles de la Charente-Inférieure. A mcsure que mes rapports se sont multiplies, je me suis affermi dans cette pensée; car j’ai trouvé partout, dans toutes les populations de ce pays, l’intelligence et le bon sens les plus parfaits réunis a la bonhomie la plus cour- toise. Chacun y produit clairement sa pensée, chacun y est disposé 2‘1 entendre cellc des autres avec attention et a discuter, au besoin, avec une ferme simplicité. Quand on a pu appréeier de telles qualités comparées aux diliiculte’s vaincues, on ne peut douter de la valeur des _ (3 _ habitants de la Cllarente-Inférieure, et leur-prolbnd atta— chement au gouvernement de l’Empereur‘conlirme‘pleine- ment leur sagacité et leurraison en tou-tes choses. C’est sous ces impressions, Monsieur le Ministrc, quc je vais essayer de rendre compte £1 V otre Excellence (les modes actuels de culture de- la vignc appliqués dans le département de la Charente-Inlérieure, et que j’en dé- duirai, sous toutes reserves, les ame’liorations (lont ils me paraissent susceptible‘s. SOL ET PLANTATION. Dans les six arrondissements de la Charente—lnl‘érieure, sur les terrains oolithiques, crétacés, argileux, sableux, argilo—calcaires ou calcaires purs; dans les terres dites de .Varennes ou de Groix, de bris de la mer ou cl’alluvion des vallées, la vigne est plantée et réussit fort bien. Gene— ralement elle‘végete plus fortement en bois dans les terres de Varennes (argilo—calcaire sur tuf jaune ou blanc infer— tile), et elle donne des fruits meilleurs et plus riches en sucre et en esprit dans les Groix (terres calcaircs mélau— gees d’une forte proportion de pierres oolithiques ou de fragments de craie tulhu sur baucs oolithiques ou crayeux, £1 lits at £1 failles généralement pénétrés par les racines de la vignc). . La bouture plante’e {‘1 la barre ou au pic de fer est le mode de plantation le plus généralement employé. -—- Un trou est pratiqué au moyen du pic dans la terre végétale, et souvent jusqu’i‘i plusieurs centimetres dans le roc sous- jaeent; on y descend jusqu’au fond un simple sarment fraichement (létaché du cep, ou mieux encore un sarment enterré ct slratilié depuis la derniere taillc; on glisse auteur _7__ tin sarment une ou deux jointées de terreau, de cendres, de charrée ou d’une terre riche; on scelle fortemcnt cette terre autour du sarment, et tout est fait. Les uns laissent sortir le sarment, enfoui de 30 a [10 centimetres, de 25 a 30 centimetres au dehors; d’autres rognent a deux yeux; d’autres enfin ravalent la bouture sur un seul oeil, et re- couvrent meme cet oeil d’une poignée de sable ou de terre légére : cette derniére pratique réussit mieux et constitue un cop plus Vivace; ellc garantit la bouture contre la sécheresse, la gclée et la brfilure; et la pousse qui part de terre est toujours la meilleure pour établir une bonne vigne. Beaucoup de propriétaires et de vignerons ont délaissé l’ancienne méthode de plantation hative, c’est—a—dire de novembre en mai, pour adopter la nouvelle méthode de plantation tardive, du 15 mai an 15 juin, c'poque 01'1 la séve se met de suite en mouvement et nc laisse au sarment aucune chance de pourriture dans la terre et aucune chance de geléc ou dc dessiccation a l’extérieur. La méthode de plantation tardive, la meilleure sans contredit, serait encore plus avantageuse si, suivant l’ex~ périence et les conseils de M. Leroy-d’Angers, l’épidcrme de la partie du sarment enfouie dans la lerre était enlevé préalablement a la plantation. Cette operation est facile aprés la macération dans l’eau 011 la stratification des sar— mcnts dans terrc. On pratique aussi la plantation avec du plant de un ou deux ans cnraciné en pépinicre. Cette plantation s’opére en trous faits a la plOClle et approfondis clans le roc, appelé banclie dans le pays. (La banche est constituée par les lits (le picrrc on de craie qui sont innnédialemcnt sous lc sol ——8— végétal;-—— cette banche est a lames horizontales et a failles verticales (failles, joints). ~— Débancher s’entend du dé— fonoage des lits de banche.) Les trons sont remplis avec de bonne terre amendée. On plante aus51, mais trés—rarement, en branches en- racinées par couchis de sarment tenant a une souche et séparées aprés deux ans. C’est un mauvais mode de plan— tation, ct pour la vigne qui produit les plants, et pour la vigne plantée do ceps mal constitués. Quoi qu’il en soit, on plante et l’on réussit parfaitement 1a vigne dans la Charente-Inférieure, dans les terrains méme qui n’offi'ent pas 10 centimetres de terre végétale sur la roche. Je ne crois pas exagérer en disant que je viens de voir au moins 10,000 hectares de plantes de vignes de un, de deux et de trois ans, toutes parfaitement réussies. Je n’ai done rien a conseiller ni a apprendre aux vignerons. de la Charente sur la plantation des vignes. ESPACEMENT DES CEPS. Je ne crois pas qu’il cxiste en France un département qui présente autant de diversité que celui de la Charente— Inférieure dans l’espacement des ccps de vignes dans les rangs et dans leur division par nombre de rangs et. par allées. Toutes les vignes y sont plantées en ligne; tous les ceps y sont en rangs; mais clans chaque rang 1a distance des ceps est de om,80 a 2 metres, et la distance des rangs entre eux varie de om,80 jusqu’a 10 metres. Je dois dire immédiatement que cettc distance extreme est trés—rare; je l’aiobservée au deia de Saint—Hilaire—du—Bois, arrondis- sement dc Jonzac, en allant 2‘1 Saint—Sorlin. On voit a __9_ droite de la route plus de quarante lignes rle vieilles souches, it 2 métres dans le rang, dont lesvrangs sont £1 10 metres de distance.Les souches de quatre-vingts ans et plus sont couvertes de belles et nombreuses grappes; mais c’est lit une exception et peut—étre une relique. Dans tout l’arrondissement de la Rochelle, dans l’ile de Bé, é Ma- rennes,‘ :31 Oléron, 2‘1 Surgéres, dans la plus grande partie dc l.’arrondissement (1e Saint—Jean—d’Angely, dans celui d e Rochefort, les ceps sont généralement plantés de 1 metre 2'1 1m,3o dans les rangs, et les rangs sont tous de o‘“,8o 51 1m,2o au plus les uns (les autres. Dans un grand nombre de vignes les ceps sont en quinconce, (lans d’autres ils sont au carré. Dans les lieux que je viens de citer, les vignes sontz‘i plein champ et ne sont divisées ni par des allées ni par (les inteirvalles (lilférant de la distance normale des lignes de ceps. Les dispositions différentes empruntées aux pays voisins y sont une rare exception. C’est (lone principalemcnt dans les arrondissements de Sainles et de Jonzac que se font remarquer les distances (les ceps et des lignes, leurs groupements et leurs inter— valles les plus variés. Dans l’arrondissement (le Saintes, l’ordre ad0pté le plus généralement depuis quelques années est celui—Ci: les ceps sont plantés 2‘1 1m,5o dans les rangs; les rangs sont groupés par deux rangs £1 i“‘,06, séparés par un inter— valle de 2‘“,i 2 do deux autres rangs ii N206, ce qui n’em- péche pas d’y rencontrer beaueoup de vignes pleines A 1 metre de distance et les ceps £1 i“‘,2o dans les rangs. On dit qu’autrefois toutes les vignes étaient é trois et a quatre pieds en Saintonge et en Aunis, et, en elTet, l’on en voit encore, qui ont plus (le cent ans, ainsi (liSpOSéeS et _.._l()__. trés-bien portantes, méme' sur terrain Inaigre avec bancllc sous-jacenle. On renconlre égalemcnt trois ou quatre rangs de vignes 2‘1 1 metre, sépzirées par (les intervalles de 2, 3 et meme [1 metres: c’est ce qu’on appelle vignes en allées. Cette disposition de vignes‘en allées s’observe plus encore dans l’arrondissement de Jonzac, surtOut en so dirigeant sur Cognac, pour traverser la contrée (lite Fine-Champagne, qui est garnie en grande partie de vignes en allées. Pres (1e Jonzac, j’ai visité des vignes en allées 2'1 deux rungs d'un metre, séparés par‘trois metres d’intervalle; tout 2‘1 coté sont des vignes pleines £1 rangs distances (l’un metre, et plus loin des vignes £1 couples de deux rangs :‘1 1m,06, sé- parés par des intervalles de 2‘”,12. A Saint—Bonnet, £1 Saint-Thomas, £1 Saint—Romain et dans une grande partie du Blayais (on appellc ainsi la re’gion des arrondisscmenls de Sainles et de Jonzac qui longcnt la. Gi— ronde), les cépages ranges, portés sur échalas et palissés sur balises ou traverses, sont plantés a rangs distants d’un metre, les ceps a 2 metres dans les rangs. En résumé, l’espacement des ceps et (les lignes varie a ohaque pas dans les arrondissements (le Salutes et deJonzac. Cette 'variété d’applications indique l’esprit chercheur et l’indépendance des viticulteurs; Inais il révele aussi l’in- certitude et l’absence d’enseignement.~ De trés-bons esprits et de bons pra'liciens'pensent que les ceps se porteut mieux, vivent plus longtemps et donnent plus de fruits lorsqu’ils sont trés—éloignés, snrtout dans les terrains maigres; mais les statistiques du département semblent prouver que le rapprochement des ceps donne (les recolles plus abou— alzmtes par hectare. _11_ » Ainsi les arrondissements de la Rochelle, de Saint— Jean-d’Angely, dc Hochefort et de Marennes, qui con- tiennent en moyenne 8,500 ceps environ par hectare, ont donné, en 1839, une moyenne de récoltes de 33 hecto— litres par hectare, et en 1852, 11110 moyenne de 20 hec- tolitres moins une fraction, tandis que les deux arrondis— sements de Saintes et de Jonzac, qui ne comptent qu’en- viron 5,500 ceps par hectare , n’ont donné qu’une moyenne de récoltes de 20 hectolitres d’aprés les statis- tiques de 1839, et un peu plus de 8 hectolitres, (l’apres celles de 1852, a l’hectare. Si les chiffi‘es fournis par les statistiques méritent la moindre foi, la question de l’espacement (les ceps est ra— dicalement trancliée en favcur du rapprochement. La (liflerence des terrains ne saurait étre invoquée dans cette circonstance, car si Rochefort et Marennes ont des terrains supérieurs, ces arrondissements ont peu de vignes, et Saint-Jean-d’Angely, et surtout la Rochelle, qui en ont le plus, sont inférieurs pour la vigne a Saintes et a Jonzac. Je conseillerais done a tous les viticulteurs de la Cha- rente-Inférieure de planter toutes leurs lignes a 1 metre au moins, pour ceux qui cultivent (‘1 la main, et a 1m,20 au plus, pour ceux qui veulent cultiver a la charrue, les ceps a 1 metre ou lm,20 dans le rang, en quinconce. Quant aux routes de service pour transports d’amende— inents, d’engrais, dc’blais des récoltes ou des pierres, elles doivent étre perpendiculaires aux lignes autant que pos- sible, distantes les unes des autrcs de [10 a 50 metres et largcs (le Am,5o, c’est-a-dire PI‘OIH‘ES au croisement de deux voitures et surtout pour servir de lien de depot aux "terres, l'umiers, raisins, etc. ._12__'_ Get espace de 1 metre 2‘1 lm,20 au carré on on quin— conce parait trés-laible en Saintonge, et il parait énorme en Bourgogne, en Champagne et aux environs de Paris, qui comptent £1 l’hectare (le vingt a quarante millc ceps, c’est-a-dire trois a six fois plus qu’en Saintonge; et pour- tant ces vignes ont une longue durée et produisent de 30 a 60 hectolitres a l’hectare. Mais, sans aller chercher (les exemples dans d’autres provinces et dans d’autres climats pour appuyer la solidité de mon conseil,je n’ai (111% in- voquer les precedents et ’état actuel de la plus grande partie du pays lui-méme, qui. dans ses terrains les plus maigres, olfre cles vignes anciennes bien portantes ct fer— tiles contenant de liuit a dix mille ceps a l’hectare. HAUTEUR ET TAILLE DES CEPS. Ce que j’ai (lit de la diversité (les espacements pourrait se répéter ici pour la hauteur et la taille des ceps. Dans tout l’Aunis on forme la base du cep aussi pres que pos— sible de la terre, on pourrait dire sous terre, car l’espéce de téte aplatie, qui surmonte les racines et qu’on pourrait comparer au chapeau d’un champignon , serait enfouie dans le sol si elle n’en était dégagéc par la formation de deux billons, a droite et a gauche, dont les sommets sont de 15 a 20 centimetres plus élevés qu’elle. Le vigneron obtient ce résultat en formant les bras ou nombres du cep sur les. sarments qui sortent successivement et d’année en année du collet méme de la souche que souvent il coupe, aprés deux ou trois ans de plantation, 2‘1 rase term pour avoir des bras. Trois, quatre, cinq et six bras, taillés £1 un oua deux yeux, deviennent bientot dc gros et Vieux bras qui __13__ finissent par se touc‘her et par représenter assez bien un plateau oval, rond ou irrégulier, de la circonférence ou des cornes duquel sortent les sarments fructiféres qui seront raccourcis a un ou a deux yeux, suivant la force de la vé- gétation du ce'p. Je dois dire tout de suite que les sar—l ments del’année, taillés de janvier :21 mars a un ou a deux yeux, constituent les crochets, qu’on appelle poussis ou pousis dans le pays parce qu’ils poussent les pampres verts de la saison; mais ces crochets ou poussis ne sont pas toujours les seuls qui donnent la végétation; souvent des bourgeons sortent de dessous la souche ou plateau, venant du vieux bois; cesbourgeons donnent des sarments infer- tiles ou gourmands la premiére année, et, lorsque le vigneron a besoin de remplacer un bras ou nombre, il taille a un ou deux yeux ce gourmand, qui, aprés deux ans de taille , devient un bon bras donnant des sarm‘ents a fruits: c’est ainsi que le vigneron entretient sa téte de souche toujours bassc. Un ou deux cépages (le cépage s'appelle visant dans la Charente-Inférieure), la folle et le colombar se prétent a peu prés seuls, sans trop de rébellion, 2‘1 cette laillc (Strange. Les autres visants, les rouges surtout, font de grands eH‘orls pour y échapper, et, s’ils y sont maintenus, ils y sont peu fertiles; mais la {Olle blanche et ses variétés y gardent imperturbablement leur fécondité, fécondité opiniatre qu’elles manifestent d’ailleurs sous toutes les lbrmes, sous toutes les tailles; car, dans la Saintonge , on leur laisse des tiges ou plutét un tronc qui's’éléve a 10, 30 et 60 centimétres et plus, suivant les pays. On leur laisse aussi quelque part deux longs bras en‘ éventail, ou cinq on six bras ou nombres en gobelet, ou bien on ne ._...]l;__ leur laissequ’une téte; elles produisent toujours et partout du raisin et le meilleur raisin a eau-de-vie. Quoi qu’il en soit, le vigneron de l’arrondissement de la Rochelle cullive la vigne sur souche a terre; celui de l’ile d’Oléron et de l’lle de Bé de méme, celui de Surgeres egalement. A Rochefort, a Tonnay-Charente , a Marennes, a Saint—Juste, dans l’arrondissement de Saint-Jean-d’An- gely, quoique la vigne soit peu élevée, la souche se montre a 20 ou 30 centimetres, surtout pour les visants on 06':- pages rouges. Le balzac, qu’on appelle aussi balzar, s'éléve au—dessus de tous les cépages et semble échapper a toute discipline. Je ne crois pas que la taille a terre, presque sous terre, soit la meilleure pour une bonne et grande fructification. Je ne sais pas si l’Aunis a des motifs sérieux et particuliers pour la maintenir ainsi, car 105 raisins y coulent, ‘y bru- lent et y pourrissent beaucoup; mais ce qu’il y a de cer— tain, c’est qu’elle engendre des vignes trés—belles et tres- propres, et qu’on est péniblement alTecté quand on quitte les vignes ainsi tenues pour visiter celles 01'1 les tiges, plus 011 moins élevées, semblent accuser une negligence qui n’existe point; car daus tout lo départemeut les vigues sont l’objet dc travaux et de soins trés-intelligents et trés—as— sidus. Que les vignes soicnt tenues a terre ou élevées sur souche, la taille a un on a deux yeux a chaque poussis ou crochet n’est pas la seule qu’on applique. On joint souvent aux poussis laissés pour produire les fruits nu, deux ct méme jusqu‘a u‘ois sarments, d’une longueur variable de 50 a 90 centimetres, dont on pique l’extrémité en terre, ou bien qu’on I‘attache a la souche aprés Ieur avoir fail _15__ décrire uu arc soit au—dessus, soit é cote. Chacun de ces sarments s’appelle un argon ou une late. C’est ce que ‘j’ai appelé et ce que j’appelle une branche :‘1fruit. En ell‘et, l’areon ou la late est destiné ici, comme dans tous les V vignobles on on l’emploie, a produire des fruits clans toute sa longueur. Dans le département de la Charente—lnférieure ,, la moitié du (lépartement proscrit l’emploi de la branche £1 fruit, et l’autre moitié l’applique de temps immémorial avec un succés complet ct avec un profit constant. Je dois m'arréter sur cette question qui touche £1 la fois aux produits et 2‘1 la vie de la vigne. Il est démontré dans la culture des arbres é fruits que lorsqu’un arbre s’emporte a produire beaucoup de bois, i1 donne peu de fruits, et . que lorsqu’il donne beaucoup de fruits sa végétation li- gneuse est diminuée. Il est également acquis, en arbori- culture, que la taillc courte de la charpente (les arbres provoque la sortie dc branches 51 bois d’abord vigoureuses, et que si l’on persiste dans la taille courte avant que l’ar— borescence ait acquis des proportions sulfisantes, l’arbre s’éliole dans ses,racines, diminue ses pousses, languit et meurt. La branche 2‘1 fruit (argon on late), a pour effet, sur les vignes £1 forte vegetation, de transformer e11 fruits la séve ascendante qui, sans elle, produirait un exces de ligneux en pure perte pour le sol et en pure perte pour la vigne, dont les sarments produits seront relranchés comme inu— tiles i1 la taillc seche do l’année suivante. Sur les vignes amaigries ou épuisées par l’z‘lge, la branche a fruit produit un aulre efl‘et également salutaire, elle augmente la sur- Face de la vegetation et provoque un plus grand mouvement _16_ de sevc. Elle satisfait a la nature expansive et coureuse de ia vigne, et entretient ainsi la santé du cep étiolé par une repression trop constante et trop rigoureuse. Ce que je dis la n’est point de la tliéorie. Les vignerons de la Charente-Inférieure l’ont démontré par une pratique séculaire. Dans ies environs de la Rochelle, chaque cep est Inuni d’un argon; dans l’ile d’Oléron , dans l’ile de Plé, chaquc cep en a au moins deux, souvent trois; a Marennes, on donne des iates ou argons au colombar, au grifforin, an saint—pierre; trois quarts de late au picardan; une demi— late au quercy; point a la folle blanche et a la folle noire. A Saintes, a Pons, a Jonzac, les uns laissent une branche a fruit, les autres n°en laissent pas; a Mirambeau, a Saint— Bonnet, a Saint-Sorlin et dans tout ie Blayais, tous les ceps rouges out leur branche a fruit, la folle blanche n’en a pas. J’ai vu dans l’ile do He deux ou trois lates ou branches a fruit aux folles blanches vigoureuses; deux toujours aux ceps les plus faibles. J’cn exprimai mon étonnement a un propriétaire d’une grande experience ct £1 plusieurs vigne- 1‘ons; ils [li’assurérent que ces lates Portaient toujours a pen pres, sauf les accidents, autant de raisins que j’en voyais (environ 5oo grammes sur chaque late), et que cettc fécondité, loin de nuire aux vieilles et faibies souches sur lesquelles elles étaicut laissées, semblait entretenir au con- traire leur vitalité. Quoi qu’il en soit , [experience prouve quo la branche £1 fruit, menagée avec intelligence, est utilc au cep et a sa production. J’ai reconnu ce liait depuis longtemps par 111a proprc experience, et j’ai moutré que la plupart des fins __ 17 _._ cépages ne pouvaient rester longtemps fertiles sans l’em- 'ploi permanent de la branche a fruit, mais je ne faisais que reproduire cc qui est pratiqué ici depuis plus de cent ans dans la moitié du département. La branche a fruit ou le sarment laissé au cep de tout ou partie de sa longueur (0m,5o, om,8o et jusqu’a 1 metre et plus, suivant la vigueur des pousses ligneuses) est le seul régulateur possible entre la production du fruit et du bois dans les vignes en plein champ. Dans les jeunes vignes de 5 a 15 ans de la Charente— lnlérieure, la taille courte determine une végétation li— gneuse considerable. Les pampres qui sortent de l’oeil ou des deux yeux laissés a chaqu'e poussis ou crochet attei— gnent jusqu’a [I et 6 metres de long a chaque saison, tan- dis que chaque oeil ne peut produirc que deux grappes, si elles ne sont pas emportées par la coulure que determine souvent la puissance d’absorption des branches. H y aurait donc lieu de faire tourner cette vigueur perdue et nuisible au profit de la fructification, en laissant a la base du cep beaucoup d’yeux fructiferes; la production du bois en serait modérée et transformée en une production utile. Cette grande production d'un bois toujours nouveau cbaque année fatigue d’ailleurs et la plante et le terrain autant et plus que la production du raisin. Ce qui le prouve , c’est que vers 15 on 20 ans d’existence de la vigne, cette fougue ligneuse se modére d’elle-méme et le fruit dcvient plus abondant; puis vcrs 3o ou [10 ans, le ligneux se produit a peine, et j’ai vu, dans des vignes de cet age, toutes les souches présentant autour d’elles une petite cou- ronne de végétation composée d’autant de raisins que de feuilles s’élevant a peine de :5 a 20 centimetres. ‘1 .._]8.___ Si la taille de chaque poussis a quatre, six on huit yeux, au lieu de un ou deux , elle pent, jusqu’a un certain point, suppléer la branche a fruit en transtbrmant 1e bois en grappes dans la {bile blanche et dans la {bile noire; elle ne 1e pourrait pas dans les autres eépages et surtout dans les fins cépages dont' les yeux ini'érieurs sent le plus sonvent infertiles. Je recommande done l’usage de la branche a fruit et au besoin des branches 2‘1 fruit dans toute la Charente-In- férieure. Mais ici se prorluit un grief sérieux contre la branche a fruit, grief dent je dois parler. Les raisins de la branche a fruit, disent les opposants, sent moins bons et produisent des vins moins alcooliques que les raisins et les vins (les poussis. — Le commerce a bien soin de s’informer, avant d’aeheter les vins, s’ils pro- viennent de vignes a areons on a lates. Ce grief et cette distinction sent fondés, en effet, si les branches a fruit sont charge’es de raisins que 1e cep ne peut nourrir et mfirirsuiiisamment; ils sont sans fondement si 1e vigneron a bien choisi sa branehe a fruit et s’il l’a proportionnée a la vicrueur de son ee .‘En admettant méme, 'en tent cas 7 b qu’il y efit une difference, cette difference est mesurable, et il est facile de comprendre qu’un litre de jus a 9 degrés ne vaut pas, en eau—de-vie, deux litres de jus a 8 degrés, i1 7 degrés, a 6 degre’s méme, surtout si l’on sait, ce qui est vrai, que la force dn Vin ne fait pas la qualité de l’eau— (le-vie; mais s’il s’agit de Vin de table, 1111 on deux degrés dc (inference sont plus importants; toutefois, la plupart des vignerons a vin ordinaire prétendent qu’il vaut mieux vendre deux pieces de vin a 6-0 francs qu’nne seuie a 8 0 francs. —l.0— EPAMPBAGE. Aprés la taille , les opérations les plus importantes pour régler la végétation de la vigne et lui faire produire le plus de raisins possible et les meilleurs, consistent dans le pingage, l’ébourgeonnage, le rognage ct l’effeuillage de chaque cep pendant le cours de sa végétation, c’est-a-dire du mois de mai au mois de septcmbre. Ces diverses opé— rations sont comprises sous le nom d’épamprage. Dans tout le département de la Charente—Inférieure, les diverses opérations de l’épamprage sont absolument négli— gées, et cet abandon de toute direction, de toute modéra- tion a dormer a la végétation herbacée de la vigne et au mouvement de sa seve, est d’autant plus regrettable qu’il est la principale cause de la coulure, de la brulure ou brulis et de la pourriture des raisins, et qu’il contribue a propager et a entretenir l’oi'dium, quatre fléaux qui se disputent, dans le pays, la destruction (les raisins ecliappés a la gelée. Les operations ‘de l’épamprage étant peu connues et pour la plupart non pratiquées dans la Cbarente-Inférieure, je vais les indiquer et les décrire le plus briévement possible. Le pingage doit étre pratiqué du 15 au 30 mai; il consiste a supprimer le sommet de chaque tige fructifere a quatre on a six feuilles au-dessus de la deuxiéme grappe. Tous les bourgeons de l’arcon ou brancbe a fruit doivent étre pincés sans exception. — Tous les bourgeons sortant des poussis ou crocbets et portant (les grappes doivent étre pincés de méme; mais a chaque poussis il faut laisser 2 . Pillqflgk‘. Ebmn'gcon- nagc. Boguagc. __20_.. un bourgeon sans le pincer. Le bourgeon ainsi ménagé doit étre celui sur lequel le poussis de l’année suivante sera taillé; celui-lél seul doit attirer £1 lui la seve et pous- ser a grand bois. Le pincage évite en grande partie la cou— lure, et cofite deux journées de femme par hectare. L’ebourgeonnage doit étre fail du 1"” au 10 juin; il pent étre pratiqué en méme temps que le pincage. H consiste 2'1 détacher, du cep ou de l’argon (branche 2'1 fruit), tout bourgeon qui ne porte pas de fruit et qui n’est pas jugé nécessaire, soit £1 la charpente, soit au renouvellement de la souche. Cette operation donne de 5 £1 600 kilogrammes d’excellent fourrage vert par hectare de vigne, et exige quatre journées de femme. Le rognage doit étre pratiqué du 29 juin au 10 juillet, lorsque 1e raisin est noué, quelquesjours aprés la fleur. Il consiste dans la taille des pampres laissés jusque—le‘l sans pincage. Ces pampres, qui ont poussé librement, ont at‘teint 2‘1 cette époque un metre 0u deux de longueur; ils doivent étre réduits £1 1 metre ou méme a 75 centimetres. Le rognage doit s’étendre £1 tous les contre-bourgeons re- poussés, lesquels doivent étre taillés £1 deux feuilles. Le rognage donne de 1,000 £1 1,500 kilogrammes dc fonrrage vcrt que le bétail mange avec avidité et avec profit; on pent en faire faner et sécher une partie , comme on fane la luzerne. Les moutons, les fines, les chevres et les vaches le consomment parfaitement l’hiver $1 l’état sec. Cetle Operation exige de cinq £1 .sept journées de femme, et donne en fourrages plus du double du prix de cesjour- nées. _.21___ La quatriéme et derniere operation de l’épamprage, l’effeuillage et l’abatage des contrevbourgcons de deuxieme pousse pour donner de l’air et de la lumiere aux raisins, ne doit étre pratiquée que (In 5 au 15 septembre, quand l’action directe et ardente des rayons du soleil n’est plus a craindre. 0n peut alors, surtout quand le temps est humide et frais, enlever une partie dcs feuilles et des contre-bourgeons qui couvrent les raisins (Tune trop grande épaisseur. Il ne faut jamais. toutefois, cniever toutes les feuilles primitives; il doit rester au cep au moins cinq feuilles par cent grammes presumes de raisin. De ces quatre operations, la premiere prévient la coulure; la seconde fait grossir la charpente du cep; la troisieme fait grossir 1e raisin, fortifie les bois de char- pente et les rend fructiféres pour l’année suivante en )7 ajoutant les vaisseaux des bourgeons adventifs; elle empéche les extrémités de multiplier l’oi’dium et de lc transporter aux autres ceps; elle protege les raisins contre la brfilure de juillet et d’aofit en empéchant les feuilles du centre de tomber, et en faisant pousser les bourgeons adventifs qui ajoutent a l’épaisseur (1e i’abri. Enfin, ia quatriéme em— péche la pourriture déterminée par l’humidité de septembrc et favorise la maturité du raisin. Aucune vigne basse bien épamprée nc propage i’oi'dium et ne ie garde longtemps. Quand l’oi'dium régne dans unc localité, on peut dire, a 500 metres de distance, quelle est la partie des vigncs la plus affectée. La oil les pampres sont abondants et enchevétrés en buissons, tout est perdu; 1a 011 les ceps sont bien isolés, sans pointes de pampres, on peut affirmer que la maladie est a son minimum on n’existc pas du tout. L’épamprage est donc la premiere E [Twill-age. ___22__ condition de la salubrité et de la prospérité des vignes. J’engage les vignerons de la Charente—Inférieure a le pra— tiquer avec soin : ’ils sont trop intelligents pour ne pas me comprendre.‘ CEPAGE'S. La folle blanche et ses variétés, jaune, verte ou grosse lolle, est le veritable cépage é eau-de-vie de la Charente- Inférieure. Ce cépage (yisant) est tres-fertilc £1 taille courte 011 longue, basse ou haute, avec ou sans late, argon ou branche a fruit: il coule di'lficilement ou ne coulerait Pas du tout s’il était évpampré avec soin; il se comporte tres- bien sans palissage ni échalas; il prend tres-dilficilement l’oi'dium et ne le prendrait jamais s’il était pincé, ébour— geonné et rogné avec soin; il prospere dans tous les terrains du département, maigres ou gras, il végéte avec une vigueur inouIe, donne des récoltes incomparablement plus abondantes et plus sures qu’aucun autl‘e visant; il produit la plus fine eau-de-vie du monde. Il n’existe donc aucune raison plausible pour lui adjoindre aucun autre cépage dans les vignes dont les produits sont destinés in la distil- lation, pas meme le colombar, qui se comporte le mieux aprés lui, et encore moins la chalosse, la balustre‘, le saint— pierre, le blanc ramé, l’aubier, la franche, le pouillot, le muscadet, le clairet, dont les allures sont bien dilférentes, parmi les cépages blancs. Si les cépages blancs ne doivent point étre mélangés £1 la folle dans les vignes :‘1 eau—de-vie, a plus forte raison les cépages rouges doivent-ils en étre écartés avec soin; car leurs besoins et leurs allures sont encore plus opposes. Ainsi le balzar ou balzac, le plus répanrlu (les raisins __23_. rouges dans la Charente—lnférieure, échappe a toute con- trainte qui voudrait le maintenir en souclie basse 011 dans une allure réguliere. Le dégofitant, espece de pineau, rampe a terre de facon a justifier son 'nom. Le querC)r (cot rouge, noir doux, pied dc perdrix) demande a s’élever et a étre soutenu dans ses branches a fruit pour étre tres—productif; il en est de meme du grifarin, qui n’est qu’une variété de cot; 1e saint-émilion aurait aussi besoin d’étre palissé; enlin la folle noire, qui n’est autre chose que le gamet des environs de Paris et de la bassc Bour— gogne, qui peut presque a l’égal dc la folle blanche rester fertile sous toutes les tailles, courtes ou longues, hautes ou basses, ne donne qu’un vin plat et coloré qui n’a aucune valeur pour les bonnes eaux—de—Vie dans les années me- diocres. Le chauché noir, sorte de pineau, a été cultivé jadis en grande quantité dans la Cliarente-lnférieure; c’est un cépage trésvfin qui produisait peu et qu’on a fait dispa— raitre. Ce que je dis la de la culture unique et franche de la folle et de ses variétés dans les vignes a cau-dc—vie est pratiqué généralelnent aujourd’hui dans le de'partement de la Charente—Inférieurc. Les observations que j’ai faites en quelques jours seulement ont frappé depuis long- temps les esprits de cet intelligent pays, et la plupart de ses viticulteurs habiles n’ont pas attendu mes conseils pour concentrer la follc seule dans leurs plantations pour eau- de-vie. Les vignes mélangées comptent déja de nombreuses années, et ce mélange, malheureux en fait, était fondé en raison, car la production et la vente (les eaux—de—vie ont eu des phases diverses parmi lesquelles il s’en est trouvé ._ “ji‘nuun... _.24__ de tres-peu avantageuses. C’est ainsi qu’en 1839 l’hecto- litre de Vin converti en eau-de-vie ne rendait pas plus de 5 £1 6 francs dans la Charente—Inférieure , tandis que les vins livrés a la consommation directe )7 atteignaient encore de 15 a 20 francs i’hectolitre. II n’est donc pas étonnant qu’on se soit efforcé de transformer le vin de folle en vin de table en y mélangeant divers cépages rouges ou blancs, mais rouges surtout; car In Vin provenant de la folle, méme de la folle a grains jaunes, la variété la plus fine, n’est point recherche comme Vin d’ordinaire, s’il est pur et non coloré; il peut devenir un Vin fort et bon dans les grandes années, mais ce n’est jamais un vin frais , de consomma- tion courante. Ces conditions défavorables aux eaux—de-vie peuvent se reproduire sous l’empire de deux causes imminentes, sa— voir : les troubles prolongés des pays étrangers consom- mateurs tels que I’Amérique, et surtout les falsifications des eaux—de-vie si excellentes et si justement renommées du pays, par le mélange ou la substitution des 3/6 du vin ou des alcools dc betteraves. Cette double fraudc s’exerce en grand et presque ouvertement aujourd’hui dans la Charente et dans la Charente-Inférieure; elle est aussi coupable que i’industrie des faux—monnayeurs, car elle substitue une fausse matiere et une fausse valeur a une valeur réelle légitimement établie par des popula- tions honnétes et laborieuses, dont quelques industriels \‘icnnent audacieusement voler le labeur, de meme que quelques individus ont tenté naguere de remplacer les produits de tous les vignobles de France par la lixiviation des marcs de raisin. Heureusement, Monsieur le Ministre, il suflit de si- —25— gnaler de tels délits a Votre Excellence pour étre assuré de leur prompte repression: mieux que personne vous savez qu’ils vont droit a la destruction de Tagriculture et de la p0pulation agricole. I Ces réflexions conduisent naturellement a la question suivante : la Charente-Inférieure peut-elle, doit—elle cul— tiver des cépages a vins de consommation directe.D Ma réponse n’est pas douteuse. La Charente peut produire de bons vins d’ordinaire; son 501 et son climat sont des plus favorables a cet égard. La plupart des ceps de la Champagne et de la Bourgogne peuvent y prospérer sur des terrains jurassiques et crétacés; beaucoup de ceux de la Gironde y sont déja acclimatés; rien ne s’oppose done 3 cc qu'eile ajoute a ses bonnes eaux-de—vie la ressource de la production de bons vins de table; mais ce ne peut étre que dans les plantations nouvelles et a part , et en res- pectant et en soignant de mieux en mieux les beaux vi- gnobles qu’elle posséde déjz‘i. ECHALASSAGE ET PALISSAGE. Je n’ai parlé jusqu’ici ni de l’échalassage ni du palissage des vignes, parce que l’usage des échalas et des palis n’existe nulle part dans la Charente-Inférieure, si ce n’est dans le Blayais, c’est—a—dire dans les parties de l’arrondis— sement de Jonzac et de Saintes qui longent la Gironde a une distance de 5 a 6 kiiometres. La, les vignes a raisin rouge seulement (les vignes de folle ne sont, avec raison, nulle part échalassées) sont garnies de grands échalas de 1 m. 80 cent. a 2 metres de hauteur, plantés en rangs distants d’un metre et a 2 metres dans 1e rang, correspondant ainsi a autant de ceps rouges ~26— parmi lesquels 1e quercy, noir doux ou cot rouge, m’a paru dominer; 1e saint-émilion, 1e balzac, 1e pineau s’y font aussi remarquer. Dans les rangs, les échalas sont unis entre eux par un palis ou une balise transversale courant parallelement au sol, a 70 centimetres de terre. Cette traverse est ainsi surmontée d’un metre au moins par la téte des échalas. Les ceps montent 1e long de l’échalas et leurs bras sont attachés- a droite et a gauche de la traverse, tandis que leurs pampres s’élévent jusqu’au haut de l’échalas et de la retombent les uns sur les autres et se melent les uns aux autres dans un fourré de plus d’un metre d’épaisseur qui ne iaisse arriver l’air et le soleil qu’aux raisins 'de la cir— conférence de ia vigne. Dans le Blayais, comme dans les autres parties du département, il est facheux que les di- verses operations de l’épamprage ne soient pas pratiquées, car elles diminueraient 1a coulure, qui m’a paru avoir atteint une grande quantité de grappes presque sans grains, et l’infection de l’oi’dium, qui écrase entierement les vignes sur lesquelles i1 s’est abattu, tandis qu’il épargne complé- tement les vignes voisines, séparées toutefois des vignes malades soit par une route, soit par un champ, de fagon que leurs pampres ne puissent aller se méler aux pampres afiectés. J’ai vu, contre Saint—Sorlin meme, une vigne dont les pampres semblaient avoir été enlevés, car elle n’ofl‘rait aucune pointe et l’air circulait libremeut autour de ses ceps. Elle était en pleine santé et sa récolte , presque mfire , était magnifique. J e ne crois pas exagérer en estimant cette récolte a 3 kilogrammes par cep. Si les vignerons du Blayais voulaient se livrer avec soin _ 27 __ aux pratiques de l’épamprage, ils auraient bientot raison du double fléau qui les frappe. Sauf ce point essentiel, leur culture est fort bien entendue et tries-productive; elle comporte d’aillenrs l’emploi de l’arcon : j’ai compté quinze grappes tres—belles de pineau sur un argon pris au hasard. Dans les autres parties du département,je conseillerais un e'chalassage et un palissage moins élevés pour les cé- pages a vins de table seulement; l’échalas d’un metre et la traverse a om,[Lo de terre. Les produits qui résulteraient de cette pratique et la qualité qu’ils pourraient acquérir dépasseraient de beaucoup en valeur le prix de la de— pense et de l’entretien de la fourniture, et les vignes se conduiraient beaucoup mieux pour la culture 2‘1 la main, mais surtout pour la culture avec les animaux de trait. BEMPLACEMENT DES CEPS. Pour remplacer les cépages qu’on veut changer, et sur— tout ceux qui sont morts de vieillesse par lc cottis ou tout autre accident, dans l’Aunis et dans quelques parties de la Saintonge, on a recours au provignage, c’est-a-dire qu’on couche sous terre, dans la direction du cep a rem- placer, un fort et long sarment d’une souche voisine; et, au bout de deux ans, ce sarment, qui a pris de fortes ra- cines, est séparé de la vigne m‘ere. Ce mode de remplace- ment est tres-pratiqué parce que le provin ne cesse pas de dormer des fruits; mais ces fruits, outre qu’ils sont bien inférieurs a tous les autres, meme :3 ceux de l’argon, parce qu’ils sont entretenus par des chevelus nouveaux, brfilent ou pourrissent pour la plupart sur la terre 01'1 le poids (les pampres les tient aplatis et gisants sans protection sous la pluic et le soleil. J’ai vu plus de mille provins dont les _ 2'3 ._ fruits étaient ainsi détruits par le brfilis et par la pourri— ture. Le provin compromet la mere souche; il donne un mauvais plant, mal 'constitué et pen durable. Le remplace- ment par bouture ou par plant de pépiniére enraciné de un ou de deux ans est infiniment preferable pour la con- duite et la durée des vignes. Ce jeune plant, mis dans un trou largement défoncé et amendé par des terres nouvelles ou par du terreau, viendra d’autant mieux que, l’épam— prage devant étre pratiqué désormais de fagon aisoler chaque cep, il aura toujours la part d’air et de soleil qui sont nécessaires a une bonne vegetation. ASSOLEMENT DES VIGNES. Dans le département de la Charente-Inférieure, on voit encore des vignes auxquelles on attribue plusieurs cen- taines d’années et qui sont trés-vigoureuses et trés—féeondes, aussi bien dans les souches élevées et éloignées que dans les souches basses et tres~rapprochées, meme 5 moins d’un metre carré; mais ces vignes sont rares aujourd’hui, et les vignerons s’accordent a attribuer a la culture actuelle une période d’existence rémunératrice de trente a quarante ans au plus. Aprés cette durée, beaucoup de vignes sont arra- chées et ne sont replantées au meme lieu qu’apres que la terre en a été livrée a d’autres cultures Pendant au moins cinq ans. RESTAUBATION DES VIGNES. Toutefois, des propriétaires rajeunissent leurs vignes devenues infertiles en rasant toutes les souches contre le sol, le mieux serait un peu au—dessous du sol; la séve, n’ayant plus a traverser un vieux bois devenu presque imv. _29_ permeable, lance de nouveaux jets vigoureux et semble reprendre sa vigueur et sa fécondité de jeunesse. Est-cc pour hien iongtemps? Personne n’a pu me le dire. D’autres propriétaires ont rendu la fertilité a des vignes devenues stériles par vétusté et par amaigrissement des racines, en pratiquant, tous les deux rangs, un fossé de défongage d’une largeur proportionnée et moitié moindre de Pintervalle. Ils jettent d’un cété 1a terre, ils brisent et soulevent la banche calcaire ou crayeuse et en jettent les plus gros fragments de l’autre coté, puis ils mettent au fond du fossé les engrais, les amendements ou les terres rapportées d’ailleurs dont ils peuvent disposer. Ce procédé réussit a merveille et prolonge son influence pendant huit ou dix années. Lorsque la fe'condité diminue ils renou- vellent l’opération dans les intervalles qui n’ont pas été tra- vaillés. Les roseaux, les bruyéres, fougéres, foins de marais on menus branchages quelconques mis au fond des fossés sont d’excellents amendements pour ia vigne. Souvent la stérilité des vignes tient a la taille trop courte répétée et maintenue opiniétrément pendant un grand nombre d’années. Quelques expérimentateurs leur ont rendu une grande fertilité en les taillant en branches a fruit et méme en les Enchant en treilles. Quoi qu’il en soit, les vignes jeunes ou vieilles, actuelle- ment formées , constituent une valeur, une richesse qu’on ne doit anéantir qu’apres avoir employé toutes lcs res- sources (10 la théorie et de la pratique pour les maintenir ou les remettre a production. ' -30— CULTURE DE LA VIGNE. Les cultures de la vigne sont faites, en Aunis et en Saintonge, £1 la main et a la charrue, plus encore a la main qu’a la charrue aujourd’hui; elles seront faitcs plus a la charrue qu’a la main probablement dans un tres—pro- chain avenir, car toutes les dispositions de plantations nouvelles sont prises pour l’emploi (les animaux de trait dans les cultures. Cette transformation sera—t-elle profitable in la popula— tion, sera-t-elle profitable a la vigne? La Vigne cultivée a la charrue nourrira—t-elle autant de serviteurs, enrichira-t-elle autant les maitres? Oui, si les maltres, en enlevant les gros travaux a leurs serviteurs, se font un devoir d’appli— quer les services de ces derniers aux soins minutieux et intelligents que la vigne réclame et paye au centuple; non, si les maitres se contentent d’ajouter a leurs imperfections de cultures actuelles les cultures sommaires et imparfaites de la cliarrue. Ils diminueront ainsi la population et dimi— nueront leurs profits par la diminution de leurs produits et par la diminution de la consommation. L’Empereur Napoléon III a écrit et prouvé dans ses oeuvres qu’une augmentation de population par la coloni- sation vaudrait mieux pour la France, pour les produc— teurs et pour les consommateurs, que la suppression de tous les tarifs et de tous les droits imposés a nos produits par l’étranger; ct Napoleon III tire la demonstration (le sa pensée de la consommation et de l’échange des vins memes. L’Empereur a proclamé Iii une de ces vérités profondes et absolues familieres a son genie. Malhcureusement les choses marchent en sens inverse, et je crains bien que la vigne, le _.._31__ plus puissant et le dernier foyer de colonisation agricole de la France, ne cherche et ne rencontre, dans l’emploi des instruments aratoires, que la culture écossaise, c’est- a-dire la 'dépopulation. Quant aux produits et a leur valeur, si les vignerons retouchent a la houe ce que la charrue aura laissé sans culture, s’ils échalassent, s’ils palisseut, s’ils pincent, s’ils ébourgeonnent, s’ils rognent ct s’ils elTeuillent, les produits de la vigne seront aussi abondants et aussi bons dans les vignes labourées a la charrue que dans celles cultivées a la main. Quoi qu’il en soit, que les vignes soient cultivées a la main ou par des animaux de trait, le premier labour de printemps consiste a déchausser en mars toutes les lignes de ceps et a former, de la terre retirée du pied (les ceps, un billon moyen entre les lignes, haut de 25 a 30 centi- metres. La seconde culture, en juin, rabat le billon pres- que a plat ou bien rechausse les ceps qui semblent, dans ce dernier cas, étre placés sur le sommet des billons au lieu d’étre dans le fond, comme an béchage de mars, et enfin, la troisiéme culture, en aout, redéchausse les ceps et reforme le billon intermédiaire a leurs lignes. En Aunis, on toute la culture se fait 21 la main, les billons intermédiaires et paralléles aux lignes de ceps sont en outre croisés par d’autres billons perpendiculaires, un peu moins élevés que les premiers. en sorte que chaque cep occupe 1e fond d’un carré de billons formant une cel- lule rectangulaire. La plus grande partie de l’arrondisse- ment de la Rochelle, Surgéres, Marennes, Oléron et l’ile de Ré cultivent ainsi. Au premier coup (l’oeil il semble que cette situation _._30__. CULTURE DE LA VIGNE. Les cultures de la vigne sont faites, en Aunis et en Saintonge, a la main et a la charrue, plus encore a la main qu’a la charrue aujourd’hui; elles seront faites plus a la charrue qu’a la main probablement dans un tres—pro— chain avenir, car toutes les dispositions de plantations nouvelles sont prises pour l’emploi (les animaux de trait dans les cultures. Cette transformation sera—t-elle profitable a la popula- one cultivée a la b charrue nourrira~t-elle autant de serviteurs, enrichira-t-elle tion, sera-t-elle profitable 2‘1 la vigne? La vi autant les maitres.D Oui, si les maltres, en enlevant les gros travaux a leurs serviteurs, se font 1m devoir d’appli- quer les services de ces derniers aux soins minutieux et intelligents que la vigne réclame et paye au centuple; non, si les maitres se contentent d’ajouter a leurs imperfections de cultures actuelles les cultures sommaires et imparfaites de la charrue. Ils diminueront ainsi la population et dimi- nueront leurs profits par la diminution de leurs produits et par la diminution de la consommation. L’Empereur Napoleon III a écrit et prouvé dans ses oeuvres qu’une augmentation de population par la coloni- sation vaudrait mieux pour la France, pour les produc- teurs et pour les consommateurs, que la suppression de tous les tarifs et de tous les droits imposés a nos produits par l’étranger; ct Napoleon III tire la demonstration de sa pensée de la consommation et (le l’échange des vins memes. L’Empereur a proclame’ la une de ces vérités profondes et absolues familieres a son genie. Malhcureusement les choses marchent en sens inverse, et je crains bien que la vigne, le _31_._ plus puissant et le dernier foyer de colonisation agricole de la France, ne cherche et ne rencontre, dans l’emploi des instruments aratoires, que la culture écossaise, c’est- a-dire la ’dépopulation. Quant aux produits et a leur valeur, si les vignerons retouchent a la houe ce que la charrue aura laissé sans culture, s’ils échalassent, s’ils palissent, s’ils pincent, s’ils ébourgeonnent, s’ils rognent et s’ils effeuillent, les produits de la vigne seront aussi abondants et aussi bons dans les vignes labourées a la charrue que dans celles cultivées a la main. Quoi qu’il en soit, que les vignes soient cultivées a la main ou par des animaux de trait, le premier labour de printemps consiste a déchausser en mars toutes les lignes de ceps et a former, de la terre retirée du pied des ceps, un billon moyen entre les lignes, haut de 25 a 30 centi- metres. La seconde culture, en juin, rabat le billon pres- que a plat ou bien rechausse les ceps qui semblent, dans ce dernier cas, étre placés sur le sommet (les billons au lieu d’étre dans le fond, comme au béchage de mars, et enfin, la troisieme culture, en aout, redéchausse les ceps et reforme le billon intermédiaire a leurs lignes. En Aunis, ou toute la culture se fait a la main, les billons intermédiaires et paralleles aux lignes de ceps sont en outre croisés par d’autres billons perpendiculaires, un peu moins élevés que les premiers. en sorte que chaque cep occupe 1e fond d’un carré de billons formant une cel- lule rectangulaire. La plus grande partie de l’arrondisse— ment de la Rochelle, Surgéres, Marennes, Oléron et l’ile (le Bé cultivent ainsi. Au premier coup (l’oeil il semble qne cette situation _32__ donnée au cep, mis ainsi au fond d’un entonnoir aumois de septembre , au moment 01'1, pour ne pas pourrir et mfi- rir ses raisins, il a le plus besoin d’air et de soleil, cette situation, dis-je, parait contraire a toute raison. Pourtant il faut qu’elle soit fondée sur des motifs graves, car les vignerons de l’Aunjs y tiennent beaucoup. Dans l’ile d’Olé- ron on tient les billons plus haut qu’a l’ile de Ré, et a l’ile de Bé plus haut que sur le continent. Les vignerons don- nent a leurs biilons ia qualification de nourriciers, bien qu’aucune racine ne puisse s’y entretenir puisqu’ils les dé- piacent entiérement au moins 'trois fois dans le courant de la saison. Je n’ai pu comprendre Ies raisons qui justifient la mise en cellule des ceps; mais j’ai trés—bien compris l’impor— tance du déchaussement au printemps pour échauffer et assécher le pied des ceps, opération d’ou résulte la forma- tion d’un billon moyen, paralléle aux lignes de ceps. Je comprends l’importance de la méme operation répétée {in aofit, commencement de septembre, pour dégager les rai- sins au moment ouleur maturité approche, assainir le sol et aérer 1e cep; mais de juin a septembreje ne puis ad— mettre, surtout dans les terrains maigres et perméables, que la mise a plat des terres et leurs binages tries-super— ficiels toutes ies fois qu’il s’agit de détruire les mauvaises herbes. A cette époque la terre a besoin d’étre plutot affermie et serrée par compression, pour garder sa frai- cheur et préserver ses radicuies, que d’étre remuée pro- fondément de facon a étre promptement desséchée par le soleil. Le soul‘evement et la pulvérisation de la terre an mois de juiilet et d’aofit sont condamnés par i’expérience de nombreux vignobles. __33_. DEFONCAGE. Jo dirai ici un mot du défoncage qui précéde la plan— tation des vignes. Cette opération est la plus importantc pour assurer la vigueur et la riche production des vignes; la portion de capital qu’on y applique est sans contredit la mieux placée de toutes les autres dépenses. Dans une grande partie du département on peut obtenir ce défon— cage 51 om,50 de profondeur avec la charrue Dombasle suivie de la fouilleuse Bodin, double labour qui doit étre fait en long et répéié en travers; mais partout oh la banche oolithique n’est recouverte que par quelques cen- timetres de terre végétale, il faut procéder au défongage a om,Ao au moins, par fossés successifs, avec débanchage au pic et a la pioche : quelq'ue cofiteuse que soit cette opé— ration, elle est la base essentielle de toute bonne plan— tation. ENGBAIS ET AMENDEMENTS. Tant qu’une vigne donne a ses poussis ou crochets des pampres de 1 metre de long et plus, elle n’a besoin ni d’engrais ni d’amendement. Aussitét que la végétation de la vigne tombe au—dessous de 1 metre dc pousses, il faut la soutcnir par (les amendements, des terrages Cu des en- grais. Les engrais employés dans le département sont les fumiers d’étable, ceux de marais, les mares de raisin, les herbages enfouis, les goémons tirés de la mer, mis en tas et fermentés; les vases (les ports et des marais salants, des cendres crues ou lessivées. On emploie aussi le guano et la colombine. On pratique peu l’usage des amendcments, on commence quelques transports de terres. ~31;— En général, dans le département dc la Charente-lnfé- rieure, les fumiers sont rarement détournés au profit de la vigne non plus que les terrages. Les habitants de l’ile de Be, qu’on accuse a tort de pro- diguer les goémons et le varech ou sart directement a leurs vigncs, ne s’en servent que pour engraisser leurs champs, et c’est quandleurs champs sont bien engraissés qu’ils y plantent la vigne. Pourtant, quand une vigne de— vient sterile, ils la chargent parfois de sart; ils enfouissent cet engrais et sement une orge a plein sans s’embarrasser de la‘vigne, qui , aprés la récolte de l’orge et la méme année, leur donne encore quelques raisins; mais les années sui- vantes la vigne redevient tres-fertile. J’ai vu plusieurs vignes, avec leur chaume d’orge, offi‘ant passablement de raisins pour la récolte actuelle. [Il est certain que les vignes fumées, lorsqu’elles ont perdu leur premiere vigueur, donnent des produits doubles de celles qui ne le sont pas. Pour fumer les vignes on emploie deux méthodes: ou bien on ouvre un sillon in- termédiaire aux ceps et l’on y enfouit le fumier aussi pro— fondément que possible, ou bien on déchausse les alen— tours du cep quc l’on veut fumer, on place le fumier au fond et l’on rabat (lessus, dans l’un et dans i’autre cas, la terre retiree. Dans la culture a la charrue, la premiere méthode est scule praticable; la seconde est. préférable dans les cul- tures ala main parce qu’ellc permet de secourir immedia- tement les ceps les plus affaiblis. Trois litres (le fumier par cep tous les trois ans sulfisent £1 entretenir une bonne production dans les terrains les moins favorables. Le guano, la colombine et les autres __.35__ engrais forts et pulvérulents peuvent étre semés autour des ceps a la dose de 30 a 60 grammes, et recouverts de terre on places dans de petits trous a 25 ou 30 centimetres du cep. Les fumiers comme les terrages doivent étre faits l'hiver, de décembre a la pousse. TERBAGE& Les terrages, trop peu employés dans le département, sont pourtant, dans un grand nombre de pays, le mail- leur moyen, le plus économiquc et le plus favorable pour entretenir la vigueur et la fertilité de la vigne. Cent metres cubes de terres végétales quelconques, distribués l’hiver, en billons, sur un hectare de vigne tous les cinq ans, suf— fisent a maintenir son excellent état. Si ces terres sont des terres de marais, de varennes, d’alluvion , elles n’en sont que meilleures : elles seraient encore préférables si elles provenaient des vases des fossés, des canaux, des étangs , des riviéres, des ports. 30 a [10 metres cubes de craie hlanche pure, répandus tous les dix ans dans 1 hectare de vigne de varennes, constituent un amendement excellent: la craie s’effrite a Fair et finit par se transformer en une terre grise trés-vé- gétale. Tous les arrondissements de la Charente—Inférieure possédent des 'ressources infinies pour mouvements de terrain et terrages favorables a la vigne. L’arrondissement de la Rochelle m’a paru le moins bien partagé a cet égard, surtout dans sa partie est et sud. VENDANGES Les vendanges, soit pour faire les vins a eau-de-vie, a J. __ 36 __ soit pour faire les vins de consommation directe, se font t0uj011rs,jen suis convaincu, beaucoup trop tét dans le département de la Charente—Inférieure. Toutes les (le'penses et tous les efforts de la viticulture, en tous pays, out pour objet unique d’obtenir le plus de sucre de raisin possible. Si cette vérité était sujette a re- serve pour le vin de table, au moins serait—elle absolue en ce qui concerne 1a fabrication de l’eau-de-vie, puisque la quantité d’eau—de-vie est exactement proportionnelle a ia quantité de sucre contenue dans le raisin. Or, 1e raisin de folle blanche ou jaune peut contenir jusqu’a 17 1/2 p. 0/0 de sucre en poids et 1 1 p. 0/0 d’es~ prit absolu dans un état de parfaite maturité, et quand ie raisin est vert il n’en contient pas du tout. Il est évident que pour faire l’eau-de-vie i1 vaudrait mieux laisser la grappe au cep que de la cueillir dans ce dernier cas; mais a un certain degré de maturité, elle ,contient 2 p. 0/0, [1 p. 0/0 de sucre; en contint-elle 6 p. 0/0, est-ce 1e mo- ment de la cueillir, si elle peut atteindre 8 et 10 p. 0/0? N011 certainement, et ce que je dis de la blanche, je le dis pour tous les raisins du monde. L’année derniere, par exemple, la plupart out ven- dangé de bonne heure et ont recueilli des Jus qui ont re— fuse de fermenter: ils ne contenaient pas de sucre. D autres ont vendangé un peu plus tard et ont obtenu 2 on 3 p. 0/0 de sucre. Eniin, les derniers ont recueilli jusqu’a 5 et 6 p. 0/0. 11 impmte donc, avant tout, de savoir quel est le degle' du sucre formé dans le 1aisin avant de se decider a ven- danger. ll faut, pour fixer rationnellement lépoque de 'loute vendange, connaitre ce qui est acquls en sucre, ce .« Nu .L-ieuraa :4 ~.‘ _.37_ qu’on peut acquérir encore et quels risques on peut ou l’on doit courir our en ac uérir tout ou artie. P CI P GLUCOMETRE; SON IMPORTANCE. Or, il existe un instrument vulgaire, cofitant 2 on 3 francs, aussi simple et aussi maniable ({u’un pése-esprit, lequel peut dire chaque jour, a tout propriétaire, quelle est la quantité de sucre actuellement formée dans ses rai— sins et dans chaque espece de raisin : c’est le glacométrc ou pése—mofit (aréométre de Beaumé). Si donc, dans une bonne année, dans une année comme celle-ci par exemple, on a interrogé au glucometre le jus de chaque espece de raisin arrive a sa maturité la plus parfaite, c’est-a—dire attendu jusqu’a ce que son sucre n’augmente plus, chaque année ensuite on saura a quel point chaque variété de raisin en est arrivée de la produc- tion sucrée qu’on a droit d’attendre d’elle; on décidera si You a des raisons pour se contenter de 2 , de 5, de 7 de— grés, ou bien si le temps permet d’en attendre clavantage et si le raisin peut en produire davantage. On fixera alors la vendange sur des données rationnelles et précises. Mais ce n’est pas tout. Les degrés du glucometre sont établis de lacon a représenter une quantité de sucre qui répond exactement a la formation d’un degré correspon- dant en esprit; il en re'sulte donc que le Vin fait devra rendre en degrés alcoométriques les degrés glucométriques observés et inscrits avant la fermentation des mouts. Sous ce rapport et dans un pays dont la fortune repose. sur l'extraction (les eaux—de-vie, l’usage constant du gluco— metre est plus important meme quc celui dc l’alcoometre, var il étalilit 10 plus puissant contréle sur la fermentation __38.._ complete on incomplete des vins au moment Oil on les dis- tille; et faute de ce controle, faute d’avoir constaté la ri- chesse saccharine des mofits jusqu’a ce jour, je suis con— vaincu, je suis meme certain que chaque année, de temps immémorial, on a distillé des vins qui n’avaient pas subi toute leur fermentation, et qui ne contenaient pas tout l’esprit qu’ils devaient produire. J’ai de puissantes raisons de croire, par les études que j’ai dfi faire sur la fermentation apparente et sur la fermen— tation latente des vins blancs de Champagne, que la plu- part des vins de la Charente—Inférieure, distillés dans le courant de novembre et de décembre , contiennent encore une forte proportion de leur sucre non converti en esprit, et qu’ils en contiennent au moins encore le huitiéme au mois de mai suivant. ll en est de méme dans la Charente, dans l’Armagnac et probablement clans l’Hérault. Toute- fois, il semble démontré que les vins de ces pays font plus Vite et plus complétement leur esprit que ceux de la Cham- pagne. Néanmoins , faute de mesures gluco‘métriques et des rapports constatés entre le sucre récolté et l’esprit fait, les vignobles a eaux—de-vie et a esprit ont dfi faire des pertes notables (lepuis nombre d’années. L’appréciation du sucre des mofits relativement aux vins de consommation directe n’a point, il est vrai, une telle importance, puisque, si l’esprit n’y est pas fait, le sucre y reste comme alimeut; mais cette appreciation conserve toute sa valeur pour la fixation des richesses reispectives des dili‘érents cc’pages, et pour avoir des réglcs sures a l’é- gard de l’époque on :l’on doit vendanger, et a regard de la valeur générale des vins de Cbaque lieu et de cliaque aunée. m. ~:‘-' Em- ,. " __ 39 —— J’engage donc tous les viticulteurs, et spécialement ceux de 1a Charente-Inférieure, 2‘1 se servir du glucometre, 1° pour classer leurs divers cépages par richesse de sucre; 2° pour fixer l’époque de leur vendange; 3° pour constater et inscrire 1e degré de leurs mofits destinés £1 faire les vins de distillation, afin d’attendre que leur fermentation soit complete, 011 de prendre les mesures nécessaires pour qu’elle se complete rapidement. PBATIQUE DE LA VENDANGE. Sauf son époque, toujours prématurée selon moi, la vendange s’accomplit fort hien dans la Charente—Inférieure , au moyen de paniers en bois ou en osier, au moyen de cuves ou balonges ou de tombereaux étanches qui rappor— tent les produits de la vigne au cellier. Le foulage s’y fait, soit au moyen des pieds, soit au moyen de la fouloire L0- méni ou cylindres cannelés. Enfin, 1e pressurage y est opéré immédiatement pour les vins blancs et £1 chaudiere, par quelques anciens pressoirs 2'1 tesson on a levier, par un plus grand nombre de pressoirs 2‘1 rouet et :‘a calandre, enfin, par d’excellents pressoirs nouveaux, £1 vis centrale en fer. (L’écrou, ou mouton, ou blin de la vis, s’appelle une truic dans le pays; le treuil é cable s’appelle une demoi— selle.) FERMENTATION. Les jus sont recueillis du pressoir dans un timbre ou baquet en bois, en pierre ou en ciment, et mis immedia— tement en demi-tonneaux de [1 hectolitres et demi, en ton- neaux de 9 hectolitres, en cuves fermées ou en foudres, disposes dans des ceiliers it temperature 2‘1 peu pres am- _40___ biante, pour y subir leur fermentation a loisir, c’est-a—dire une fermentation d’abord apparente et tumultueuse, bien— tét sourde, latente ou nulle s’il fait froid. (La barrique est le quart du tonneau on 230 litres environ.) ' Pour activer cette fermentation et réduire promptement 1e sucre en esprit, je propose, soit de chautfer les celliers pendant un mois ou six semaines, a 18 on 20 degrés, soit de remettre dans les ffits les rapes et les pellicules des rai- sins blancs. Ce sont deux expériences a faire; ce dernier moyen, je crois, rendrait les eaux-de-vie plus aromatiques sans nuire a leur finesse, car c’est la pellicule qui renferme ies utricules aromatiques. Toutefois, il parait démontré que {es rapes et pellicules absorbent et retiennent a leur profit une quantité notable d’esprit, qu’on ne peut en tirer que par leur distillation directe; il y a done une certaine réserve a apporter dans l’emploi du second moyen. On prétend aussi que le chaufl‘age des celliers a 20 de- grés pourrait entrainer l’acétification des vins de folle blanche, qui passent facilement a l'acide. Je ne 1e crois pas, parce que 20 degrés sont la temperature ambiante des bonnes années de fermentation ; mais i1 suffit que l’ob- jection soit faite pour la résoudre par une experience préalable et prudemment limitée. Les vins blancs de la Charente—Inférieure sont sujets a la graisse, parce que les jus, séparés immédiatement de la rape, sont privés du tanin qu’ils tirent de cette partie de la grappe lorsque, comme dans les vins I‘ouges, ils fer- mentent avec elle : pour les guérir de cette maladie, il suffit de leur donner le tanin qui ieur manque. Ii sufiit, pour atteindre ce but, de dissoudre 15 a 20 grammes de tanin (qui cofite 8 a 9 francs le kilo— x'...;.-mw_ww:;;xz .Aa-L.” A __(‘]__._ gramme) dans chaque hectolitre de vin qui tourne a la graisse. Au lieu de mettre directement 1e tanin dans les pieces, on 1e délaye préalablement dans un ou deux litres de vin par 'nectolitre , puis on verse 1a dissolution clans la piece par portions et en agitant la masse du liquide avec un bfiton fendu en quatre comme pour le collage. VINS ROUGES. Les raisins destinés £1 faire ie vin rouge de consommation directe sont versés dans des cuves, et 151 ils subissent leur fermentation et une maceration de 10 2‘1 15 jours. Cette cuvaison est infiniment trop prolongée; selon moi, elle doit élre terminée du A“ an 58 jour, sous peine de pro— duire un vin dur, trop coloré et seulement propre aux cou— pages; c’est toujours le commerce et les industries para-a sites de la vigne qui poussent les propriétaires é mal faire, pour faciliter leurs operations dépiorables. C’est ainsi qu’él Saint-Bonnet et dans tout le Blayais, on You ferait d’excel- lent vin de table, s’il était cuvé de 4 2'1 5 jours, 1e com— merce n’offre de prix qu'au vin charge de 2 , 3 011 [1 con— leurs, qui est absolument impotable parce qu’il a cuvé 15 jours pour accumuler la couleur, le tartre et le tanin. Ce vin ainsi charge serait bon aprés 30 ans, c’est—é—dire lorsqu’il serait débarrassé des matiéres étrangéres qu’il a prises de trop. Cette maniere de fairc 1e vin n’est bonne qu’aux industriels fabriquant des vins rouges composes de blancs et de bleus, qu’ils vendent comme vins vieux dé- pouillés et pelure d’oignon , c’est—z‘i-dire qu’elle n’est bonne que pour la tromperie sur la marchandise. Pen 21 pen, sous ces pernicieux conseils, la coutume d’ainsi faire s’étabiit, en sorte qu’eile est pratiquée par les propriétaires pour __42_ leur propre usage, croyant qu’elle est la meilleure ma- niére de faire le bon vin. Les bons vins sont: 1° le blanc sans-cuvaison avec des matieres étrangéres; 2° le rosé cuvé 24 on [18 heures; 3° 1e vin rouge cuvé A a 5jours. Le reste est de la maceration, de la couleur, du tanin et du tartre, toutes marchandises étrangéres au vin; voila la vérité. Ces marchandises diminuent la valeur réelle du vin du pro- ducteur, mais elles sont un moyen de tripler le vin entre les mains du marchand, ce qui cause un quadruple preju- dice au propriétaire. ll appartient donc aux propriétaires de faire leurs vins bons et de rejeter bien loin les conseils des fabricants. Les vins de la plus grande partie de la Charente-Infé- rieure passent facilement a l’acide; cela ne tient point an fond du vin qui, le plus souvent, serait solide et bon s’il ll’était pas cuvé trop longtemps, s'il était mis en vaisseaux neufs ou francs de gout, et surtout s’il était descendu en caves souterraines a temperature fraiche et fixe, ou bien en cllaix aussi frais et aussi bons que ceux du Bordelais. CAVES ET CHAIX. La Charente-lnférieure n’a point de caves souterraines ni de chaix a vin de table; elle ne possede, en general, que (les chaix a eaux-de—vie, c’est—a—dire £1 temperature variable. Dans ces conditions, les vins de Bourgogne, de Champagne ou du Bordelais passeraient aussi facilement a l’acide. Si donc le département veut faire des vins (le consom- mation directe, il faut que les propriétaires établissent des caves ou des chaix 2‘1 temperature l‘raiche et lixe, et que ces chaix ou caves puissent conscrver la récolte de 3 _..z;3_ ou [I années, car c’est la perte du producteur de vins de consommation directe que d’étre obligé de vendre son vin a la vendange, faute de locaux: la fortune du Médoc et d’autres crus a bons vins consiste dans la garde des vins autant que dans leur grande qualité. VAISSE AUX VINAIRES. Les mémes inconvénients d’altération des vins résul- tent de l’emploi de vieux vaisseaux vinaires aigris, moisis et infectés, ou dans l’insuffisance d’approvisionnement de vaisseaux convenables a l’époque de la vendange. Dans une période de 3 a 5 ans, le vin acquiert parfois une valeur de deux a trois fois plus igrande qu’a la vendange; les produits sont alors doubles et triplés par la conservation des vins des bonnes années; il n’en est pas de meme, il est vrai , des vins médiocres ou mauvais. C’est a la sagacité du pro- priétaire de décider l’opportunité de la vente ouvde la con- servation; mais quand il n’a ni vaisseaux ni locaux propres a la conservation , il n’a jamais 1e choix. DISTI LLATION. J’ai dit qu’on devait s’assurer de la complete transfor- mation des sucres de vin en esprit avant de procéder a sa distillation. A cet effet, si l’on a noté le degre’ glucomé— trique des mofits, il suHit de distiller 1e vin dans un alam- bio d’essai, et s’il ne rend pas en esprit la quantité corres- pondante aux degrés marques par le glucométre (je fais construire en ce moment des glucometres a triple échelle de Beaumé, de centiémes de sucre en poids et de cen— tiémes d’esprit en volume), c’est que la fermentation n’est pas complete. J’ai (lit qu’il fallait alors achever cette fer- __4/4__ mentation yen élevant la temperature des celliers et au besoin en ajoutant une portion de marcs de raisins blancs comme ferments. La distillation des vins pour faire les eaux-de-vie, dans la Charente—Inférieure, s’opere de deux facons, soil, é l’an- cienne méthode, dans une grande chaudiére oil on met les vins et qu’on couvre ensuite d’un chapeau communi— quant avec un serpentin plongé dans une cuve d’eau refri— gérante, soit dans deux chaudieres superposées ou étagées en escalier, avec chauHe-vin £1 serpentin et retour des eaux secondes, plus le serpentin et la cuve de refrigeration. Dans le premier cas, la distillation est intermittente el s’opere en deux fois. La premiere fois les eaux distillées, appelées eaux secondes ou brouillis, ne marquent que 20 a 30 degrés; elles subissent donc une seconde distillation pour acquérir le degré voulu par les coutumes, c‘est—a-dire 60 degrés et au-dessus jusqu’é 70°. Avec le second appareil, les eaux—de—vie sont produites du premier jet au degré commercial. Je n’entrerai dans aucun detail a cet egard, c’est li‘i un sujet parfailement connu; je me contenterai de dire que, bien qu’on regarde comme meilleures les eaux-de-vie produites par l’appareil primitil‘, je ne vois aucun motil‘pour partager cette opinion, ni par la théorie ni par le gofit. Je m’arréterai sur un seul point, le degré élevé fixé par le commerce au taux vénal de l’eau-de—vie. Il n’est point indifferent, pour ses qualités alimentaires, que l’eau-de-vie soit distillée 2‘1 un degré tres-éleve’ pour etre descendue ensuite 2‘1 un degré plus bas acceptable par le gofit et par l’estomac. La science a recomm par l’expérience que plus les pro— _zl5.__ duits végétaux et animaux s’approchaient de la pureté chi— mique, c’est-a-dire que plus ils tendaient a constituer ce qu’on appelle un principe immédiat, moins ils se prétaient a l’alimentation, c’est-a-dire a l’assimilation par nos organes. Le Vin, l’eau—de-vie, le trois-six et l’alcool absolu offrent une des applications les mieux démontrées de cette loi. Le Vin est un des aliments les plus solides et les plus vrais dont l’homme puisse se nourrir. Il est démontré par une longue habitude qu‘un ouvrier est plus fort, travaille plus et avec plus d’intelligence avec un kilogramme de vin et un kilogramme de pain par jour, qu’avec deux kilo- grammes de pain et de l’eau. Ainsi la vigne, qui produit [to hectolitres de vin par hectare , fait presque autant pour l’alimentation et le travail de l’homme que l’hectaije qui produirait [to hectolitres de froment. Il est démontré que l’eau-de—vie a 50 degrés est beaucoup moins assimilable que le vin; qu’elle est un stimulant agréable et utile sou— vent, mais non un aliment. Il est démontre’ que l’alcool est un poison qui n’est ni utile ni agréable dans l’alimen- tation; il ne s’assimile en aucune facon. Hé bien, cet alcool ne fait pas plus de l’eau-de-vie quand il est étendu d’eau que l’eau—de-vie ne ferait elle-Inéme du vin; et plus l’al‘cool a été élevé plus il devient destructeur de l’organisation. Il ne peut donc étre permis, sous aucun prétexte, de faire de l’eau-de-vie avec de l’alcool pur, ou a 86, on a 75, on a 70 degrés. Par la méme raison, c’est une deterioration imposée a l’eau—de-vie que de lui infliger un degré commercial qui n’est pas potable, c’est-a-dire 60 degrés et plus, tandis qu’elle n’est acceptée, sans nuire a l’organisation, qu’a 50 degrés. —116—’ On pretend qu’on lui donne ce degré parce qu’elle 1e perdra en vieillissant. C’est une erreur, ou plutét c’est une fraude du mauvais commerce et exigée par lui pour augmenter 1e produit acheté au propriétaire par addition d’eau, et pour le vendre ainsi additionné, comme affaibli par vétusté , au consommateur. L’eau—de—vie ne perd point de degrés en vieillissant si elle est enfermée dans un vase impermeable et herméti— quement clos, comme serait une bouteille de verre fermée par un bouchon a l’émeri; elle ne perd de degrés que dans les vases perméables, et alors elle s’évapore pure- ment et simplement. Dans une futaille en bois, par exem- ple, et dans un lieu sec et chaud, elle perdra A a 5 degrés en vingt ans, c’est—a-dire qu’elle aura évaporé son esprit et pent—étre pris en échange un peu de vapeur d’eau atmos- phérique. Mats vingt ans, trente ans et plus ne sont pas des délais commerciaux. Aucun commergant ne voudrait faire 1e commerce d’eau—de-vie au prix exorbitant d’une pareiile attente; aussi le commerce n’attend-il pas ces délais pour consommer ses Operations. Voici, d’ailleurs, comment ies bons négociants consti— tuent Page de leurs eaux-de-vie et croient leur conscience a l’abri de tout reproche. Ces négocian‘ts achetent conscien- cieusement de vieilles eaux-de—vie, conservées dans les caves de vieux propriétaires, a des prix vraiment fabuleux. Ces eaux—de-vie auraient, je suppose, cent ans; un riche consommateur leur demande des eaux-de-vie de vingt ans; naturellement ces maisons n’ont pas des eaux—de-vie de tout age, ce serait impossible; alors on mélange 5 hecto» A-n hm..3§;~ohJ-"“m‘ M v: a" ' __-_.,,,-....-,-_‘m .A . l .., __l‘7__ litres de quatre ans et 1 hectolitre de cent ans. Total 6 hectolitres de vingt ans cliacun. 11 en est de meme pour la couleur. Le séjour prolongé des eaux—de-vie dans des futailles de chéne, primitivement neuves, les rend a la longue d’une couleur paille ou buis, puisqu’elles dissolvent une partie de la matiere colorante du bois; et, comme il serait trop long d’attendre un pa- reil résultat, on devance le temps en ajoutant du caramel a l’eau—de-vie et en disant, avec raison, que le caramel vaut bien la matiere colorante du chéne. Je tire simplement de ces faits la consequence que les propriétaires ont tort, hygiéniquement parlant, de dis— tiller leurs eaux—de-Vie a 70, a 66 et meme a 55 degrés parce qu’ils en attaquent ainsi la finesse et la salubrité au profit seul du commerce, qui se garde bien de les laisser a ce taux, et de compter sur cent ans pour les abaisser a 50 et méme a [15 degrés; lorsqu’un peu d’eau suffit a faire gagner un siecle, on serait bien simple de s’en passer. Je ne regarde pas cela comme un crime; car j’aime mieux boire un peu d’eau-de—vie jeune a [15 degrés que cette meme quantité d’eau—de-vie vieille a 60 degrés; mais j’aimerais mieux aussi qu’elle ne flit pas distillée a plus de 1 on 2 degrés au-dessus de celui 01‘1 elle doit étre bue. Ce n’est pas que je nie 10 13011 elTet de l’age sur l’eau-— de-vie; j'admets tres-bien que l7eau-de-vie de l’année ou nouvelle ne vaut pas l’eau—de—vie rassise ou de deux ven— danges, et que celle-ci ne vaut pas l’eau—de-vie vieille ou de trois vendanges, pourvu qu’elles ne dépassent ni les unes ni les autres 5o degrés; mais au dela de quatre ou cinq ans, la vieillesse de l’eau-de-vie n’est plus qu’une relique, pre- cieuse sans doute, mais qui n’a rien de commercial. ~48— L’eau-de—vie , sous le rapport de l’fige , ne peut étre com— parée au Vin, qui est un produit végétal et complexe, qui travaille sans cesse sur lui—méme avec ses divers elements, l’eau—de-vie est un produit chimique 2‘1 éléments deter- minés et £1 peu de chose pres fixes, surtout si elle provient de trois—six. Je signalerai encore une singuliere anomalie dans le commerce des eaux—de—vie: c’est l’emploi de l’alcoometre de Tessa, qui n’a aucun étaion ni aucun controle légal pos— sible. Aussi les fabricants en font-ils de différents pour vendre et pour acheter. [l degrés de Tessa constituent 1e taux commercial; ils représentent environ 59 2‘1 60 degrés de l’alcoométre centésimal de Gay—Lussac; puis , au-dessus, 1 degré représente, dit—on, 3 degrés centésimaux. Qu’est—ce qu’un pareil alcoometre? Quelque imparfait que soit l’al- coométre centésimal, il a au moins un étalon permanent entre les mains des employés de la régie et il rentre, :11 peu de chose pres, (lans 1e syst‘eme Inétrique et legal. Les propriétaires de la Charente—Inférieure devraient se pour- Voir chacun de cet instrument, 1e faire controler par la régie et ne pas accepter d’autres termes de transaction que ceux que cet alcoometre peut verifier. EMPLOI DES MARCS DE BAISlN. Les marcs de raisin rouge ou blanc servent générale— ment, du moins en partie, £1 faire une boisson pour les ouvriers et les gens de la maison. Si ce sont des mares de vins de consommation, souvent on les iaisse dans les cuves sans les pressurer, et l’on ajoute au jus qu’ils contiennent, encore une certaine quantité d’eau, qui est tirée, comme 1e Vin, aprés quelques jours de maceration. Cette boisson Q _[;9._. on piquette est fort appréciée par ceux qui doivent la con- sommer. Quant aux marcs de vin blanc ou de vin de chaudiéres, s’ils ne recevaient pas la meme destination dans leur tota- lité, ils étaient naguere, et la plupart encore aujourd’hui, destinés a retourner dans les vignes on a l’engrais (les jar— dins, sous forme de compost. Quelques bons nourrisseurs les emploient en mélange dans l’engraissement (les pour— ceaux ou pour la nourriture des boeuls; ils valent a pen pres, sous ce rapport, la pulpe de betterave, lorsqu’ils ont passé quelques mois dans un silo ou dans des cuves pour y fermenter. Mais s’ils ne receivent pas cette derniere destination, qui est un des meilleurs moyens d’en tirer parti, on peut leur faire produire encore une quantité assez importante d’eau—de-vie. Déja une industrie commencée sur une tres- grande échelle s’est établie a Saintes pour la distillation (les mares, et je l’ai visitée avec beaucoup d’intérét; mais les mares étant une matiére volumineuse et pesante, il est probable que les propriétaires de la Charente-Inférieure ne tarderont pas a les traiter directement chez eux pour en obtenir l’alcool et le tartre, comme cela se pratique en Beaujolais et en beaucoup d’autres vignobles. / EAU-DE-VIE DE MARCS. Si les propriétaires veulent extraire des eaux-de-vie des marcs, ils doivent, au sortir du pressoir, les entasser dans des cuves, dans (les silos ou méme dans des citernes dis- posées et rendues imperméables a cet elfet, puis convertes en madriers jointoyés avec de la terre glaise aussitot qu’elles sont remplies. __5()_. Lorsque les operations les plus importantes de la ven- dange, (les vins et des eaux-de—vie sont terminées, on ouvre les vases ou citernes contenant les mares, on les remplit d’eau tiéde et on laisse le tout fermenter pen- dant trois ou quatre jours; puis on extrait l’eau de macé— ration, soit au moyen d’une pompe s’il s’agit d’une citerne , soit au moyen d’un robinet s’il s’agit d’une cuve, et c’est cette can qu’on passe a l’alambic en procédant comme on fait p0ur le vin. On retire ainsi de 2 a 5 litres d’eau—de— vie par 60 kilogrammes de mares, quantité dc marc cor- respondante a celle que laisse 11ne barrique de Vin (60 ki- logrammes de mare ont fourni environ 230 litres de mofit). Dans le Beaujolais, le mare est distillé directement : on le place dans (les paniers en treillage de fer par quantité de trois hectolitres et demi; on place le panier dans la chaudiére de l’alambic; on y ajoute 50 a 60 litres d’eau, et l’on distille; quand le mare a donné tout son esprit, on ouvre l’alambic, on enléve le panier, 0n en met un autre ct l’on continue ainsi jusqu'a la fin. EXTRACTION DU TARTRE. Lorsque les mares ont été ainsi épuisés, ils contiennent encore une quantité notable de tartre qu’on peut extraire en remplissant de nouveau les vases d’eau et en mettant le liquide en ébullition compléte pendant cinq a dix heures, suivant la masse, au moyen d’un tube a vapeur partant d’un alambic ou d’un générateur, comme on procéde d’ailleurs pom‘ cuire les légumes a nourrir le bétail. Puis. en pleine ebullition, on soutire le liquide dans (les banquets, on on le laisse déposer par refroidissement. ‘ " 1,: mkmml‘knhflm » A _.._.5[_ Quand le depot est fail. on décante le liquide et on fait sécher le résidu an soleil ou in l’étuve. Ce résidu est du bitartrate de potasse et de chaux, qui vaut environ 1 fr. 90 cent. le kilogramme, et la quantité obtenue suflit £1 couvrir les frais de l’extraction et de la distillation des eaux—de-vie des mares. ‘ Lorsque les mares ont subi ce dernier traitement, ils donnent encore, par leur résidu cuit, 1m engrais tres-pré— cieux pour les vignes et surtout pour leur plantation; en Beaujolais, on estime le résidu cuit des mares plus que le fumier d’étable, qui s’y vend pourtant l2 ou 15 francs le metre cube. Lorsqu’on distille directement les mares et qu’on veui, en extraire le tartre, au lieu de retirer lee panier de la chaudiére lorsque le mare a donné tout son esprit, on ajoute au contraire 50 2‘1 60 autres litres d’eau, et aprés une ébullition directe de deux ou trois heures, on le‘iche les eaux bouillantes dans un baquet, au moyen d’un ro~ binet adapté a un gros tube partant du fond de la chau- diére. C'est alors seulement que l’on remplace le panier de mare par un autre, qu’on ajoute de l’eau et les eaux secondes obtenues, et qu’on distille de nouveau jusqu’ii épuisement d’esprit, pour extraire ensuite le tartre. NIALADIES DE LA VIGNE. Pour compléter ee rapide expose, il me reste 2'1 parler des maladies de la vigne. Outre les fléaux ordinaires, la gelée, la coulure, la bru- lure, la pourriture, qui tous quatre, le premier surtout, out frappé cruellement cetto année .le département de la /l- Oi'rlium. Cllarente—Inférieure, (leux autres maladies atteignent en— core lc département. La premiere est l’oi’dium, qui, sans s’étendre 2‘1 toutes les vignes du département, ni 2‘1 toutes celles d’un arron- dissement, ni £1 toutes celles d’un canton, ni meme 2‘1 toutes les vignes d’une commune, se montre néanmoins 2‘1 peu pres partout. Les arrondissements de Saint—Jean— d’Angely et de la Rochelle m'ont paru les plus épargnés. Le premier a pourtant certains cépages atteints, notam— ment les balustres dont la pousse est vigoureuse; et le second est surtout attaqué, sur le continent, clans ses cé- pages rouges. Le dégofitant et le balzac, uu peu la folle blanche, vers les extrémités de ses pampres et dans les vignes les plus toufl‘ues. Mais dans l’ile de Ré, et prin— cipalement é Ars, des vignes entieres sont perdues , pampres et raisins blancs et rouges. C’est le plus grand désastre que j’aie vu dans le de'partement. Aprés le vignoble d’Ars, ce sont les bords de la Gironde qui sont le plus maltraités. La moitié des Vivnes du Blayais b sont fortemen't atteintes. J’en ai vu bon nombre, parmi les vignes £1 vins rouges surtout, dans lesquelles les grappes, en quantité considerable, n’olfraient plus un seul grain qui ne fut pourri. L’oi'dium devient moins intense en re— montant vers Marennes et Rochefort; on y voit cependant 921 et 151 des vignes atteintes. Vers Laclisse, £1 Lejard et £1 Pons, dans l’arrondissement de Saintes, l’oi'dium est peu grave et i1 atteint surtout les cépages noirs. Autour de Jonzac, on voit peu de Vignes malades. En général, l’o'idium attaque peu la folle, cépage le plus abondant et, le plus précieux du pays; il semble ne ;m<.¢_.m_«.:.A .u .A '1? *i g l __ 53 __ l'atteiudre qlle par infection de voisinage avec d’autres ceps, et dabord par les extrémités et les sommets de ses pampres et de ses contle- Hboux‘geons Pourtant, lorsque les ceps de folle blanche sélevent et senchevétrent les uns dans les autres, par une vegetation luxuriante et a tous crins, l’oi'dium s’y fixe directement et écrase la folle blanche comme les autres’ cépages: j’en ai vu plusieurs exemples. En général, je me crois fondé a étalJlir, par une obser- vation de plusieurs années et l’étude d’un grand nombre de vignes, de cépages, d’expositions, de terrains et de cli- mats fort differents, que plus les vignes sont cultivées pres de terre moins elles sont sujettos a l’oi'dium; que moins elles poussent (le pampres moins elles sont atteintes; que plus elles sont épamprées avec soin moins elles sont ra- vagées. En présence d’unc méme vigne atteinte d’o'idium, on peut affirmer, avant d’y entrer, que ses parties les plus abondantes et les plus couvertes en pousses sont les plus malades, et que ses parties les plus claires et sans pointes sont les moins touchécs, si méme elles sont atteintes. Je tire de ces observations la double consequence que, pour préscrver autant que possible les vignes de l’oi'dium, il faut 1° les cultiver et les maintenir pres de terre, 2° les épamprer avec soin pendant toute la saison. Ainsi les vignerons (lu Blayais pourraient abaisser de om,5o leurs traverses de palissages et se borner a l’em— ploi de l’échalas de 3m,30; leur vigne serait aussi prospére qu’a un metre plus haut, les fagons en seraient plus laciles ct les fournitures plus économiques. S’ils joignent a cette O U uéribon dc l'oidlum. 50uliuge:. __ 54 __ rél‘orme la pratique de l’épamprage, dé‘s l’annéc prochaine ils seront facilement débarrassés de l’oi'dium. Jusqu’é Present on a pen fait, pour ne pas dire rien hit, dans le département de 1a Charente-InI‘érieure, contre l’oidium. Quelques personnes ont employé la fleur de soufre sans direction et sans perseverance, et ieur con- clusion parait avoir été que le soufre ne faisait rien :31 la maladie. Aujourd‘hui l’eHicacité du soufre centre l’oi’dium est plus qu’un fait démontre', c’est un fait passé :‘1 l’élal d’in— dustrie trés—lucrative. Un homme intelli ent et vraiment g u’ule entreprend, dans l’extréme mid), dans les Basses- Pvrénées, la nérison de la vi ne :1 forfait et :31 ses frais J g g pour la momé de la récolte. M. Landes, c’est le nom de f ' I I l’entre reneur, a reuSSI les annees récedentes, et M. Blan- P P din, avocat £1 Pau, ancien bfitonmer de l’ordre, conselller ‘municipal, m’a assuré que cette année M. Landes s’était acquis une immense récolte. Ses succés complets ne pen- vent étre mis en doute par personne; or, les procédés employés par M. Landes ne sont autres que ceux conéeillés depuis nombre d’années par M. Mares, par M. de la Vergne ct par une foule d'autres propriétaires et praticiens distin- gués. M. Landes n’en fait pas mystere, il emploie 2‘1 ses entreprises cinquante hommes en uniforme, portant dc grosses lunetles pour préserver les yeux de l’action irri- tanle de la fleur de soufre, et ses hommes appliquent simplement 1e reméde recommandé 2'1 tout le monde. Pour altaquer efficacement l’o'idium, trois soufrages (Ioivcnt élre pratique’s par un beau temps, calme, sec el _55_ chaud. Le premier et le plus important de tous doit s’acv complir an moment on les bourgeons n’ont encore acquis que 10 a 1 2 centimetres de longueur. Les vignerons des Basses-Pyrenees ont constaté qu’il était le plus efficace en ce qu’il atteint l’oidium dans son origine, qu’il était le plus facile parce que tous les bourgeons pouvaient rece— voir sfirement l’action de la fleur (1e soufre, et qu’il était le plus e'conomique parce que la vigne exigeait moins de soufre, la vegetation étant de beaucoup moindre éten— due. Quand ce Premier soufrage a élé bien fait et qu’il a réussi, la dépense des deux autres soufi‘ages est de beau— coup diminuée. Le second soufrage se fait a la fleur, et le troisiéme lorsque le raisin verrit ou verraye (s’éclaircit pour mfirir). Plus tard, les soufrages sont inutiles. Le soufrage s’opere trés-bien au moyen de la boite a houppe, qui se vend chez tous les quincaillers. Si l’on considere que toutes les feuilles, en dessus et en dessous, doivent recevoir la projection et le coniact du soufre, on concevra facilement combien une vigne épam- prée est plus rapidement, plus économiquement et plus ellicacement soufrée qu’une vigne abandonnée a toutes ses pousses. ll faut employer pour environ 3A francs de [leur de soufre par hectare, et la main—d’oeuvre, pour les trois sou- frages, peut revenir 2‘1 16 francs. C’est la d’ailleurs ce que M. Blandin m’a dit avoir dépensé cette année , et il a obtenu un plein succes. Parlout on M. Landes a pratiqué les années précédentes . les propriétaires ne traitent plus avec lui et se guérissent ll‘éS-blell eux-mcmes; ils conservent ainsi les deux moitiés ——-56——— de leurs récoltes. J’engage fortement les habitants de la Charente-lnférieure £1 en faire autant. Un reméde plus économique et, dit-on, plus efficace que la fleur de soufre employee seule, parait s’accréditer aujourd’hui : c’est un mélange d’un tiers ou de moitié de fleur (1e soufre avec deux tiers ou moitié (1e pléltre en poudre employé de la méme fagon que la poudre seule. J’ai vu réussir ce mélange sur une treille de chasselas, cette année, alors que cette méme treille avait résisté, les années pre’cédentes, é plusieurs soufrages. Le foie de 5011fre, dissous clans l’eau in dose (le 1 kilo- gramme de mineral pour 100 kilogrammes d’eau, a pré- senté aussi quelques succés, étant projeté sur les feuilles et sur le raisin; il pourrait étre essayé en arrosement sur le cep et sur ses racines dans la proportion d’un litre par cep. Enfin la solution de la poudre de M. Lannabras, dans laquelle il sulfit, dit-on, de faire baigner les grappes pour les préserver et les guérir de l’oi'dium, me paralt digne d’étre essayée, parce que j’ai vu de mes propres yeux, dans le jardin rlu college de Marennes, des treilles et des ceps nombreux et divers dont toutes les grappes baignées é‘taient parfaitement saines, tandis que celles non baignées £1 dessein et laissées é coté des grappes saines étaient dé— truites par la maladie. Cette poudre, que l’inventeur dit composéc (19 substances vulgaires et peu cofiteuses, me parait, en efTet, pouvoir étre composée par tout le monde et a) des prix insignifiants; mais si elle est vraiment elli- cace, son auteur méritc d’étre récompensé, et il ne 111’ap— partient pas plus (lu’a‘l d’autres de divulguer son secret. _ 57 _ En attendant, je recommande avant tout aux vignerons de la Charente—Inférieure le remede le plus éprouvé et le plus efficace jusqu’a ce jour: la fleur de soufre seule ou 1 I \ ' I > A ~ V \ melangee a la poussmre de plan e. Je les engage a ne pas hésxter a commencer les soufrages au prmtemps procham et a les continuer ainsi que cela doit se faire et comme je l’ai (lit plus haut. La seconde maladie qui sévit aussi dans tout le departe— ment, mais surtout dans l’arrondissement de Saint—Jean- d’Angely, est le cottis ou pousse en ortille. Cette derniere denomination est tirée de l’altération de la pousse des feuilles, qui se rétrécissent, prés‘entent des dentelures plus profondes, ofl'rent une coloration foncée, vcrt-bouteille, puis se recoquevillent ct [inissent par passer a l’étiole- ment blanchatre, signe de mort prochaine de tout le cep. Un cep malade du cottis est bientot entourc d’autres ceps qui semblent prendre la maladie a leur tour, et des espaces assez grands se dépeuplent de ceps. C’est surtout au balzac que le cottis s’attaque; mais les autres cépages n'en sont pas exempts, bien qu’ils résistent mieux a ses atteintes. Le cottis met une ou deux années a tuer le cep, mais il le tue infailliblement. Cette maladie parait résider dans le sol; elle se mani— feste davantage dans les terres blanches que dans les terres rouges. Elle s’attaque aux racines et au corps méme du cep. Lorsqu’un cep est mort du cottis, on trouve des moi— sissures blanches le long de ses racines, et si l’on donne un coup de pied sur le tronc, il se casse net comme ferait une carotte. Cottis ou pousse cu ortille. —58—— J9 crois qu’on pourrait chercller cflicacement le reméde du cottis dans l’arrosement des racines et du cep, soit avec la solution de 1 kilogramme de foie de soufre clans 100 ki— logrammes d’eau, soit plutot et mieux avec la solution dans la méme quantité d’eau de 5 kilogrammes de sulfate de fer. Quatre a cinq litres de ces solutions verses au pied du cep, a la montée de-la séve du printemps, et la meme dose répandue avant la seve d’aofit me sembleraient devoir exercer une influence marquee contre cette mala— die. Sa predilection pour les terres blanches et pour les ceps rouges semble indiquer que l’absencc de l’élément ferrugineux n’est pas étrang‘ere a son (le'veloppement. Voila, Monsieur le Ministre, tout ce que j’avais a con— signer dans ce rapport, tant a l’égard des observations que j’ai pu faire sur la viticulture de la Cliarente—Inférieure que relativement aux idées d’amélioration qui m’ont été inspirées par ces observations. N’ayant pour base qu’une premiere et trop rapide infor- mation sur les lieux, je ne puis prétendre a donner aux faits indiqués par moi une valeur quelconque (1e precision, it plus forte raison ne puis-je attacher une telle valeur aux points de vue et aux conseils que je me suis permis d’en déduire. C’est a Votre Excellence seule qu‘il apparlient de juger si ce rapide expose peut étre de quelque ntilité pour les propriélaires et les vignerons de la Cliax‘exite-lnféi‘ieul‘e, 3‘ <1 ’4 _. 59 __ et de décider s’il convient de le porter £1 leur connais» sance. J’ai l’honneur d’étre avec respect, Monsieur le Ministre , De Votre Excellence Le tries-humble et trés-dévoué serviteur, Dr JULEs GUYOT. Paris-Batignolles, 18, rue de la Paix, 10 septembre 1861. I "1 ‘ mi if?" CIRCULATIO v a To- 202 Main Library ~ LOAN PERIOD] 2 3 HOME USE 4 5 6 ccsc C. 22a 1 ,4( ALL BOOKS MAY BE RECALLED AFTER 7 DAYS I-month loans may be renewed by calling 642-3405 ’E : 6—month loans may be recharged by bringing books To Circulation Desk ' Renewals and recharges may be made 4 days prior to due date DUE AS STAMPED BELOW A «pm ‘2’ < . a ‘1 ,. at UNIVERSITY OF CALIFORNIA, BERKELEY BERKELEY, CA 94720 _ . :«(( NVVVWVVWWV I I ' ,V ‘ l V‘ ’ IV ' Iv‘ I 1\ 'V I ' " ' v‘ V v v w; QVV.VV'\IV J VVM'V‘ ‘5‘], w uwwww‘c’vp . , ~“ -9 ”WWW!” ‘wgng “ I a; .. i; i MW? . . ,_. WVMWW “ >4 'VUVVVV BV‘VVV‘.‘ V“ . E . a I ,%%§% 555': v; V VVV Uc. BERKELEY LIBRARIES WW ~ WV IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ,,,,, ‘‘‘‘‘ Mummy“: VVVM‘VWVVWMWW VVLVV: §%¥ gry . egg v J9 '4 UV: \ :J «a: vi; _1, 3". , e 1‘r‘;a. ' x. , :k‘v“ (’IJ‘C\ 4 is WV 38 w «WW 2%??? ‘S’V’ v 4 \ "id 5’ I: ‘ ' V} 1:; 11 _ ‘2; :' Kink, ;.» f V‘”‘.V-”2 ‘~.\ .9 e g. t! :-~“-“‘ '1': VV- 5;, ‘Jv 4‘. L4”? 2'-Az...:I-.;‘,u;_-i‘ .V-U m, Jpnmymh , A '4‘: V . 115 a a " '-' ’ ' " gr“ 1;. .,-. . .. 1‘5 Lia-— "--,"-~\‘sr-~‘ ——-;- I f" s n—V I .3... A («A ,n,‘ . S .. n‘% u Ar- xx. .\ 4 . .nx . NEVA? (.43. «46¢? \Ouh r36 13¢“..- IAKNMW A. . $6 HUN—Vurufluwtfiu. . .. . » ., “140.611.: . .S‘A. : y s , K WY“... .1 ..\ m awn/z 6‘ xi A ~91 a) Q‘fymmwnhwflrr. LthKIWannJ: x .1 .TpivVYLVTW-urir ,1.